La fatalité avait ramené l’adolescent à son point initiale. Pendant quelques jours, Cassidy avait senti les premières sensations de liberté, même en sachant qu’il était chassé comme une proie en plein milieu d’une chasse à courre. Face à une immense épée de Damoclès au-dessus de sa tête, il n’avait eu aucune chance, même avec son ange gardien. Le hasard avait conduit Elio Philips dans la vie de Cassidy et malgré les enjeux, il avait accepté de prendre soin de lui sans rien attendre en retour. Il avait fait de son mieux pour le protéger du pire. Malheureusement, la mafia était trop grande et elle gardait une influence suffisamment grande à Gotham City pour récupérer leur propriété. Le petit fugueur faisait face à l’impossible et l’inévitable et tôt ou tard, le destin l’a rattrapé.

L’endroit n’était pas différent de l’hôpital, en Russie. Malgré les calmants qui parcouraient ses veines, Cassidy avait essayé de fuir ce cauchemar une première fois. L’asile d’Arkham était un véritable labyrinthe et les calmants qui parcouraient encore son organisme le rendait très facile à rattraper, il ne pouvait pas s’éloigner de quelques mètres sans être rattrapé. Même si ces chances étaient quasi nulles, l’adolescent continuait à se battre pour sortir de ce sinistre destin. Il n’hésitait pas à donner quelques coups traitres lorsque ces geôliers avaient la mauvaise idée de lui tourner le dos. Ils avaient beau le menacer, lui donner des ordres, la barrière de la langue étaient un frein pour se faire comprendre. Même si Cassidy avait plus de compétences dans le domaine, il ne plierait pas aux règles. Lorsqu’on essayait de lui faire revêtir la tenue des patients de l’asile, l’adolescent montrait les dents.

« Отпусти меня, сукин сын !! »

« Qu’est-ce qu’il a dit ? »

« Je crois qu’il a insulté ta mère. »

« LAISSE MOI PARTIR FILS DE PUTE. »

Même enfermé entre quatre murs, l’instinct de Cassidy restait en alerte. Lorsqu’il s’est retrouvé isolé dans sa cellule, il a commencé à faire les cents pas, à observer les rares meubles qui se trouvait dans cette dernière. Dans un premier temps, il avait levé ses yeux radioactif en direction de la caméra qui l’observait dans un coin de la chambre. Elle était placée bien trop haut pour que l’adolescent puisse l’effleurer du bout de ses doigts. Il avait tenté une première fois, une seconde fois avant d’abandonner et de s’attaquer à la plomberie des toilettes. Il s’était acharné une quinzaine de minutes avant de s’entailler les phalanges. Après quelques jurons marmonnés, Cassidy s’était tourné vers le dernier meuble qu’il n’avait pas touché, son lit. Fatigué par autant d’effort, il s’est installé à côté de son lit, le dos contre le mur, assis sur le sol. Il essayait de retirer un morceau du squelette du meuble. Avec tout ce remue-ménage, Cassidy cherchait surtout un moyen de se défendre contre un nouvel ennemi qu’il ne connaissait pas. Jusqu’ici, il n’avait rencontré que les sous-fifres. Ils s’étaient parfois montrés tout aussi menaçant que la mafia russe.

Après de nombreuses minutes d’effort, Cassidy était parvenu à arracher un petit morceau de plastique. Il avait besoin d’un peu plus de travail pour en faire une arme plus efficace et planter la première personne qui s’approcherait de trop près. Après toute cette lutte, l’adolescent avait commencé à fatiguer. Isolé pendant des heures dans sa cellule, il avait boudé son uniforme de patient, gardant ses vêtements poussiéreux et un peu trop large pour son corps maigrichon. C’étaient ses habits d’homme libre et c’était sa façon de rejeter sa situation, il la fuyait d’une autre manière. Il avait également refusé de manger le plateau repas qui était resté à proximité de la porte de sa cellule. Un repas fade accompagné de quelques gélules qu’il n’arrivait pas à identifier d’aussi loin.

L’ancien fugitif était resté immobile, les jambes repliées et recroquevillées contre sa poitrine, son menton collé à ses rotules. Il avait glissé le morceau de plastique sous la manche de sa veste pour être plus discret. Il est resté dans cet état de nombreuses heures après avoir fourni tant d’efforts pour sortir de cet endroit, des efforts vains. L’adolescent ne renonçait pas à l’envie de liberté, il avait profité de ce moment de répit pour planifier d’autres tentatives d’évasion. Derrière cette porte de prison, il y avait une présence, l’un des gardes qui l’avait envoyé ici. Il ne le voyait pas dans son champ de vision, mais il le sentait. C’était l’une des capacités qu’il avait acquis suite aux nombreuses expériences qu’on lui avait infligé. Les médecins ont dit que c’était une bénédiction, mais ils n’en écartaient les nombreuses malédictions qu’elle emmenait avec elle.

Cassidy, c’était son nom. Il l’avait oublié, il avait tout oublié, ces vieux souvenirs, sa famille, ses amis. Pendant son séjour à Gotham, il s’était accroché au nom du passeport qui l’avait conduit jusqu’en Amérique, Liv Yassenski, Elio avait adopté ce nom. L’adolescent ne se souvenait que des couloirs de l’hôpital et de son réveil d’un sommeil profond et incertain, il y a plus de six mois. L’amnésie aurait pu être surmontable si elle n’avait pas détruit son système immunitaire et déclenché de nombreuses crises d’épilepsie. Ce don était une malédiction et Cassidy préférait rester loin de ses pouvoirs télépathiques. Malheureusement, il ne les contrôlait pas assez pour décider à sa place.

En se perdant dans ces pensées, son système nerveux s’est projeté dans celui de quelqu’un d’autre, le garde derrière sa porte. Il entendait quelques mots, des paroles d’une langue qu’il ne comprenait pas toujours et qu’il était incapable de passer sous silence. Nerveusement, Cassidy avait commencé à se donner de petites tapes sur la tempe pour espérer retrouver ce calme. Cette fois, c’est au tour du garde d’entendre sa petite voix lui parler en russe et lui bourdonner l’intérieur des oreilles, une sensation très désagréable. Il met quelques secondes avant de comprendre ce qu’il lui arrivait.

« Putain, il est dans ma tête. J’entends ce gamin dans ma tête !! »

« Убирайся к черту из моей головы, уходи, уходи. ЗАКРЫВАЙТЕ СВОЙ РОТ. FERME TA GUEULE. » Le nez de Cassidy est en sang mais le garde a soudainement arrêté de gesticuler pour entrer dans un mutisme.

Les bourdonnements se sont estompés au bout de quelques minutes. Cassidy a cessé de se frapper la tempe. Le calme est revenu, aussi bien pour lui que pour le dommage collatéral qui se massait l’arrière du crâne. Il n’avait pas prononcé un mot depuis que l’ancien fugitif était rentré dans son esprit pour le forcer à se taire. L’adolescent a redressé sa tête cachée derrière ses jambes recroquevillées contre lui. Ces yeux radioactifs observaient la silhouette à travers la porte de la cellule. Son attention était restée focalisé sur cet homme qui s’adressait directement à lui. Le docteur avait fait quelques efforts pour communiquer avec la langue maternelle de son prisonnier. Cassidy avait quelques connaissances en anglais, les souvenirs qu’il avait gardé de ces derniers jours d’école. Sa scolarité s’était arrêtée brutalement à l’âge de quatorze ans, lorsqu’il a été vendu à la mafia russe. L’adolescent connaissait les mots les plus basiques, savait former des phrases simples.

« Je comprends, un peu, ta langue. » marmonna-t-il froidement pour essayer de rentrer en contact avec son geôlier.

Cassidy est intelligent. Dans un coin de sa tête, il assemble les mots qu’il connaît pour comprendre son interlocuteur. Ces déductions n’étaient pas toujours parfaites, mais il avait au moins le mérite d’essayer. L’adolescent aurait pu se contenter d’insulter la personne qui se trouvait derrière cette porte, probablement responsable de son enlèvement à Gotham, il avait de bonnes connaissances en matière d’insultes américaines, mais il n’en fait rien. Le petit russe avait l’air d’avoir perdu une partie de son énergie et de sa rage de vaincre en s’acharnant sur le mobilier de sa cellule. Le docteur s’est ensuite égaré vers un homme qui éloigné du champ de vision de Cassidy, l’infirmier qui avait été victime de l’attaque télépathique.

« Я не особенный... »

Sa voix était à peine audible, un écho d’une rage intérieure qu’il essayait de contenir au plus profond de son être. Il n’avait pas choisi tout ce qu’on lui avait fait subir pour arriver à ce résultat. Aux yeux de Cassidy, le résultat ne valait pas toutes les vies que les scientifiques russes avaient volé avant de tomber sur lui, ni tout ce que ce don lui avait pris et lui coutait au quotidien. L’adolescent se mura dans un nouveau silence, essuyant le sang qui s’était échappé de ses narines lorsqu’il fut certain que son système nerveux psychique avait cessé de dysfonctionner. Tout comme le pauvre infirmier, il était atteint par une petite migraine qu’il avait l’habitude d’encaisser.

Cassidy n’a pas réussi à interpréter les derniers ordres de Victor mais l’agitation de deux infirmiers derrière la porte de la cellule suffit à lui faire comprendre qu’il s’agissait de ces derniers instants d’isolement. La porte blindée s’ouvre et le jeune homme a recommencé à redevenir nerveux. Le morceau de plastique qui lui servait d’arme s’est enfoncé au fond de la manche de sa veste sombre, poussiéreuse et désormais tâché de sang. L’adolescent s’est adossé au mur pour se redresser sur ces deux jambes et faire face aux deux hommes qui l’encerclaient d’une manière peu rassurante. Leur allure est lente mais les apparences ne trompent pas l’adolescent habitué à ce type de traitement. Ces muscles se sont contractés, son corps s’est machinalement tourné sur une position défensive.

« Allez. Viens. » ordonna le premier infirmier en agrippant l’avant-bras de Cassidy qui repoussa le garde en agitant son bras vers l’arrière, quitte à le cogner contre le mur qui le piégeait derrière lui. « Tu as envie qu’on devienne violent ? »

L’infirmier déguisé n’est pas certain qu’il comprenait toute la phrase mais l’intonation de sa voix lui faisait comprendre qu’il devait se laisser faire, pour le bien de tous. Malheureusement, la menace n’avait pas fait effet et Cassidy continuait de se débattre, il commençait à devenir violent. Il criait, insultait mais face à deux hommes qui faisait deux têtes de plus que lui, c’était vain. L’un des deux infirmiers attrapa son bras pour le tordre derrière sa colonne vertébrale. Cassidy retient un cri de douleur et s’immobilise pour stopper la douleur.

« C’est un langage que tu comprends ? » Il resserra davantage sa prise, Cassidy serra les dents et cria de douleur.

« Иди ты, мудак !! »

« Je prends ça pour un oui. Tu aurais peut-être dû prendre ton repas, tu n'es qu'un petit insecte qu'on écrase. »

L’infirmier avait le contrôle sur le détenu. Il traina l’adolescent à l’extérieur de sa cellule pour le guider jusqu’à la salle de test. Cassidy n’avait d’autre choix que de marcher droit, au risque d’y perdre les os de son bras. Il profita néanmoins de cette sortie improvisé pour observer les alentours, et comprendre où est-ce qu’il se trouvait. Le couloir était d’un calme olympien, seul les échos de ces gémissements de douleur et le bruit des chaussures brisait ce silence. Dans cette allée, il n’y avait pas la moindre fenêtre, renforçant un sentiment de malaise chez l’adolescent. Le garde guida Cassidy jusqu’à une salle où il le força à s’assoir sur une chaise métallique avec un dossier beaucoup trop penché. Immédiatement, l’adolescent essaya de se relever mais il se plaça devant lui, le poing menaçant.

« Reste tranquille ou je t’attache à cette putain de chaise. » L’adolescent semblait avoir comprit la menace. Il resta assis sur la chaise, les bras libres. L’une de ces mains tenaient fermement l’arme dissimulé sous sa manche. Il crevait d’envie de lui planter dans l’œil mais il devait attendre le bon moment

Le deuxième infirmier se tenait également devant lui, il n’avait toujours pas retrouvé la parole. La frustration l’avait envahi et sa main s’enroula autour de la gorge du prisonnier pour lui faire comprendre qu’il devait inverser le processus. Le cérébro-isolant n’était pas rétroactif, pour le moment. Cassidy était partagé entre un sentiment de culpabilité et une envie agressive de remuer sadiquement le couteau dans la plaie et de se moquer de la situation de cet homme. Son regard froid s’est contenté de le fusiller du regard avant de secouer négativement la tête. L’infirmier ne le lâchait pas, l’adolescent recommence à se débattre sur son siège

« Peut rien faire, lâche moi !! » Cassidy griffe la peau de son adversaire.

« Doit-on l’attacher ? C’est pas prudent de vous laisser seul avec lui. »

L’adolescent enfonçait ses ongles fins et cassés sur la peau du garde qui avait perdu sa patience, ainsi que sa voix. Cassidy ne les maîtrisait pas assez pour rendre ce qu’il avait pris. Son don était capricieux et agissait comme un esprit indépendant, c’est ce que pensait son hôte. Les pouvoirs du petit russe avaient l’air aléatoire mais ils étaient surement guidés par des ordres inconscient de son porteur. Il n’en avait juste pas conscience, il sentait seulement la paume de cette main qui se refermait dangereusement sur sa gorge. Un seul mouvement brusque et il lui brisait la nuque, le garde ne demandait que ça. Ce gamin insolent allait le regretter.

Dans cette lutte silencieuse et immobile, le docteur décida d’intervenir pour que son homme de main ne l’abîme davantage. L’infirmier finit par se laisser convaincre et l’adolescent enchaîna par un geste brusque pour repousser le gardien et s’enfoncer dans la chaise de consultation. Cassidy lui adressa un ultime regard noir avant que les deux hommes ne se décident à tourner les talons, abandonnant le médecin avec son sujet. L’ancien fugitif se redressa pour espérer s’enfuir de cette pièce vide et glauque mais la porte se referma derrière eux et le professeur Viktor masqua son champ de vision en le menaçant. Il n’avait pas besoin de parler la langue maternelle de son patient pour se faire comprendre. Cassidy avait côtoyé assez de médecin et scientifique dans sa vie pour comprendre où est-ce qu’il était prêt à aller pour le garder calme. La menace avait en quelques sorte fonctionner, il a cessé de s’agiter pour rester sur la chaise. Son visage ne dégageait aucune émotion particulière, même pas une once de stress alors que ce qui le retenait au fond de son siège était la peur et l’incertitude de ce qui l’attendait.

Cassidy avait passé toute son adolescence dans un hôpital, entouré de scientifique, d’infirmières et de médecin qui veillait à sa bonne santé, après l’avoir détruite en leur âme et conscience. Ils n’étaient ni amicaux, ni mauvais, juste aveuglés par leur soif de connaissance. Ils ne prenaient pas de plaisir à torturer des enfants, ils fermaient juste les yeux en espérant que la douleur passerait. Il n’y avait pas de compassion, pas d’attachement, des questions rhétoriques au patient lorsque c’était vraiment nécessaire. Lorsque Cassidy luttait, ils se montraient un peu plus menaçant et violent, rappelant sans cesse au garçon qu’ils seront toujours plus fort et plus malin que lui. Aux yeux des médecins, il était une bénédiction, un petit miracle, mais c’était aussi l’un des plus hargneux et un petit fugueur qui avait plus de cinq tentatives d’évasion à son actif. En croisant le regard du professeur Absonus, il se posait mille questions en se demandant si celui-ci sortait du lot ou s’il cherchait juste à assouvir ses caprices scientifiques. Cassidy n’est pas stupide, il le sent, il est aussi arrogant et stupide que les autres. Il est simplement entré dans un autre cauchemar.

Même si ces expressions faciales étaient aussi froid qu’un bloc de marbre, la gestuelle et le comportement de Cassidy témoignait toute la nervosité qu’il essayait de cacher au plus profond de son être. Son regard irradié observait chaque mouvement du docteur qui était incroyablement calme à côté de son patient qui se tortillait de peur sur la chaise de consultation. L’adolescent essayait de comprendre les paroles du docteur qui préférait se faire un court monologue que de s’adresser à lui. Dans ce charabia inaudible à l’accent américain légèrement poussé, il pouvait discerner quelques mots, son nom, son prénom, peut-être même la date du jour, mais rien de concluant. L’adolescent ne s’attardait pas sur les mots, plutôt sur les gestes et les instruments sur la petite table haute, certains plus effrayant que d’autres. Le docteur peut sentir un léger mouvement de recul lorsqu’un instrument toucha sa peau à travers les tissu fin de ses vêtements vieux et abîmé. Jusqu’ici, l’adolescent était contrôlé par une paralysie de peur qui le poussait à rester sage. Le docteur est proche de lui, trop proche et ses mouvements sont limités par son imposante carrure.

Son comportement changea lorsqu’il sortit une petite lampe pour envoyer le faisceau lumineux directement dans ces pupilles. Cassidy bougeait sa tête de gauche à droite et commença à s’agiter. Il n’aimait pas la sensation sur ses yeux déjà fragilisés par cette pigmentation d’une beauté hypnotisant. Il rendait la consultation un peu plus fastidieuse en s’agitant sur la chaise de consultation. Le petit russe était en bien meilleur état après avoir été récupéré par Elio Philips. Il avait été affamé et assoiffé par la mafia et le stress de ce voyage forcé lui avait déclenché une forte fièvre. Son état de santé plutôt rassurante pour un adolescent victime d’expérience douteuse, était la preuve qu’il n’avait pas fuit seul et que quelqu’un, plusieurs personnes avaient pris soin de lui lors de sa cavale à Gotham. Dans la tourmente, Cassidy continuait de perdre patience et s’agita lorsque le docteur Absonus reprit son monologue.

« Lumière… pas la lumière. Arrête ça. Arrête… » Il n’a pas l’impression qu’il l’entend, il est peut-être focalisé sur ses recherches et non sur les caprices de l’enfant qui arrive encore à se faire comprendre avec quelques mots d’anglais.

La lumière s’est éteinte, Cassidy est redevenu calme, ou presque. Il s’est légèrement détaché de son siège. Un échange de regard s’est effectué entre le prisonnier et son geôlier sans que le plus déminue cherche à utiliser son pouvoir contre lui. Il n’en a pas la force, du moins c’est ce qu’il croyait. Le docteur rompu à nouveau le silence en posant une question simple à son patient. Son sang ne fit qu’un tour, Cassidy baissa les yeux vers ses manches retroussés, sa veste trop grande. Les muscles de ses doigts se sont contractés sur son arme, le morceau de plastique qu’il cachait dans l’une de ses manches. C’était tôt, beaucoup trop tôt, il n’avait pas eu le temps de se préparer psychologiquement à un assaut. Il n’avait pas prévu de plan structuré pour sortir de cet endroit.

« Non… » Un simple mot qui témoignait toute la suspicion de ce refus soudain.

Son rythme cardiaque s’accélère, la lumière de cet endroit beaucoup trop propre, d’un blanc éclatant lui frappait le crâne. Il se remettait à peine des faisceaux lumineux sur chacune de ses pupilles et il devait déjà prendre une décision cruciale. Son agissement avait probablement rendu le docteur méfiant, ce qui ne lui rendait pas la tâche facile. Le poignarder ? S’enfuir ? pour aller où ? Où suis-je ? Où vais-je aller ? Qu’est-ce qu’il se passera ? Echouer ? je ne peux pas échouer. J’ai peur, j’ai si peur. Des pensées qui tourmentaient le garçon jusqu’à l’inévitable Dans un élan de désespoir, Cassidy sortit sa main armée de sa manche pour poignarder le docteur dans l’avant-bras avec, il espérait, toute la force nécessaire pour qu’elle transperce la chair.

Mais dans cet élan, ses muscles se contractèrent, son rythme cardiaque s’emballait, sa respiration était saccadée, voir difficile quelques secondes avant l’acte. Ce sont les signes avant-coureur de l’imminence d’une crise d’épilepsie. Ces membres étaient pris de spasmes, ses doigts se sont collés à son arme, sa bouche s’est ouverte en grand pour tenter d’avaler un bol d’air. Le stress soudain et ses facteurs avaient déclenché la crise. Ces yeux se sont révulsés, et son corps ne répondait plus aux commandes de Cassidy. Le stimulus nerveux de son cerveau était en alerte mais quelque chose de fascinant se déclencha. L’esprit de Strange se retrouva soudainement envahit de paroles qui n’était pas les siennes mais les pensées des autres.

« больно... больно... приходится дышать... так больно » les suppliques de Cassidy, des paroles qu’il discernait avec facilité dans son esprit. « Ma voix, putain pourquoi… ma voix. » Les pensées de l’infirmier, première victime de l’adolescent, elles sont un peu plus lointaines. « …pourquoi se donner… mal pour capturer… russe ? Le boss… courant de… histoire ? … le dire ? » Le dernier garde est aussi audible que le précédent. Les voix s’emmêlent dans l’esprit de Victor pendant que le responsable de cet acte essaye de se libérer de sa crise.

HRP:

L’absence de traitement dans un délai de vingt-quatre heures réveillaient les pires effets secondaires de son pouvoir si convoité. Sa respiration est bloquée, tout son corps est contracté. Le haut de son corps et ses membres sont pris de spasmes violent et incontrôlés. L’adolescent avait perdu connaissance et laissait la maladie le ronger de l’intérieur. Il avait déjà essayé de lutter contre ces spasmes lors de ces premières crises, mais cela n’engendrait qu’une douleur supplémentaire à supporter. Sa conscience était partie mais son cerveau continuait de fonctionner. La surcharge nerveuse réveilla sa télépathie et emportait avec elle les personnes qui avaient le malheur d’être dans son champ de portée. Les migraines viennent, les paroles se mélangeaient dans un brouhaha incompréhensible. Cassidy n’était plus qu’une passerelle entres plusieurs consciences, un simple spectateur.

Cette désagréable sensation envahissait aussi bien l’esprit du petit russe que celle du docteur, témoin de son potentiel. Difficile de savoir si l’enfant était conscient, les quelques mots que pouvait percevoir Strange était les cris d’agonie de son subconscients. Les pensées se mélangeaient, et les souvenirs aussi. Dans un moment de lucidité, le vieil homme s’est concentré pour prendre le contrôle de ce chaos, car son créateur est absent. Pendant quelques instants, Cassidy est témoin de souvenirs qui ne sont pas les siens, les souvenirs d’un hommes sadique, charcutant de pauvres âmes par amour pour la science. Très vite, la mémoire du docteur se mélangeait à ceux de l’adolescent. Quelques souvenirs refaisaient surface, celles des médecins qui essayaient tant bien que mal de réduire les effets secondaires de son pouvoirs avec quelques séances d’électrochoc douloureux. Lorsqu’ils n’obtenaient pas le résultat attendus, les médecins russes devaient violent avec l’adolescent. Leur mépris s’arrêtait dès que la vie de leur cobaye préféré était en danger. Cassidy se souvenait de cette ombre qui s’approchait en panique, un homme qui hurlait son nom en pensant l’avoir perdu. Dans cette illusion du passé, sa vision n’était pas nette, mais il se souvenait de la force du médecin russe qui l’aidait à se relever, de la sensation du sang qui s’écoulait sur son visage et d’un corps sans vie, celui d’un autre. Il avait fait ça, ils l’avaient poussé à faire ça. Ils le complimentaient, le félicitaient pour un exploit qui n’était pas le sien. Il ne se souvenait pas de ce qu’il s’était passé, il voulait se jeter sur l’enfant pour tenter de le réanimer, il était plus jeune, le visage en sang, comme détruit de l’intérieur. Il voulait crier, mais le monde réel a décidé de le ramener à la raison.

Il a fallu une ou deux minutes supplémentaires pour que le lien télépathique se dissipe, Victor s’était libéré de ces chaînes psychiques, ou presque. La bouche de Cassidy est toujours grande ouverte, le sang s’en échappait. Lorsque les contractions musculaires ont commencé à s’espacer, le médecin a penché la tête de son patient vers l’avant pour l’aider à sortir de cette apnée beaucoup trop longue. Quelques secondes supplémentaires ont été nécessaire pour faire stopper la crise. Les muscles de Cassidy se sont détendus et son corps s’est affalé sur la chaise de consultation. L’adolescent est resté immobile un moment, un filet de sang s’échappant de ses lèvres teintés de rouges. Un mélange de salive, de bile et d’hémoglobine s’accumulait dans sa bouche, il se pencha pour en cracher le contenu sur le sol immaculé. D’un coup, son corps était vidé de toute énergie, une sensation d’avoir été drogué. Ces paupières sont lourdes et ses pupilles radioactives se baladaient lentement, comme s’il redécouvrait son environnement.

Cassidy était entré dans une phase post-ictale. Son esprit était confus et cherchait encore à comprendre cette réalité. Le corps de l’adolescent avait l’air complètement vide, il laissa échapper quelques gémissements de confusion, ses épaules se sont déplacées de gauche à droite, à la recherche d’un semblant de confort sur cette chaise. Pendant ces longues minutes d’égarement, l’enfant ne semblait pas prendre conscience de la présence du docteur à quelques centimètres de son visage. Ses pupilles radioactives n’arrivaient pas à croiser son regard, mais le docteur Absonus pouvait observer que le blanc de ses yeux était tâché de sang.

« Где я ? Алексей... это не смешно…. » marmonna Cassidy dans une confusion totale entre ses souvenirs et la réalité.

Quelques minutes supplémentaires sont nécessaires avant qu’il ne se souvienne de tout ce qu’il s’était passé, de ce moment où son esprit a dérivé et de cet homme en face de lui. Son regard a finalement croisé le sien à travers ses lunettes. Son visage avait été amoché par l’attaque télépathique, mais pas autant que Cassidy qui en était le principal investigateur. Du sang sur ses narines, le blanc de ses yeux rougit. Il n’avait pas quitté ce visage des yeux, un élément qui avait permit à son cerveau de se remettre les idées en place. Il se souvenait de tout, de ces empreinte du passé qui ont traversé son esprit pendant la crise, mais aussi les souvenirs de Strange, des souvenirs agréables. Lorsque son patient essayait de se rappeler de ces souvenirs, il ne voyait que la monstruosité de ces visions qui n’étaient pas les siennes. Peu à peu, la carapace de Cassidy se brisa pour dévoiler un visage terrifié.

« Tu… tu es un putain de monstre. » grogna l’adolescent « Tu as fait tout ce mal… »

L’adolescent se souvenait de son arme. Lorsque ces doigts se sont détendus après la crise, le morceau de plastique est tombé au sol, le rendant entièrement vulnérable face à la menace incertaine qui lui faisait face. Il avait beau lui avoir sauver la vie en l’empêchant de se noyer dans son sang ou d’avaler sa langue, Cassidy était conscient que ce n’était pas pour jouer les bon samaritains. Il avait une idée derrière la tête, probablement quelque chose de malsain. Il se redressa légèrement sur sa chaise, ses muscles le faisait encore souffrir et il manqua de perdre l’équilibre en voulant détacher de celle-ci.

« Qu’est ce que… tu veux de moi ? буду ли я страдать от того же, что и эти бедные люди ? Pourquoi ? »

Strange pouvait encore entendre ce bruit, ce martèlement de porte qui résonnait jusqu’à son crâne. Lorsque le docteur était encore sous l’influence télépathique de l’adolescent, son cerveau a pensé que ces coups de porte n’étaient que le simple fruit de son imagination, de sa psyché. Les minutes ont passé jusqu’à ce que le docteur et son patient prennent conscience que c’était simplement l’un des infirmiers de Strange qui frappait brutalement la porte en espérant avoir une réponse. Les deux gardes, protéger par le cérébro-isolant sous leur langue, n’avait pas été complètement impacté par la crise d’épilepsie de Cassidy. L’adolescent avait seulement été capable de récupérer leurs pensées.

« Est-ce que tout va bien docteur Absonus ? Nous avons entendu des bruits inquiétants comme des bruits de verres ? Vous n’avez pas besoin d’aide ? »

Cassidy observa le comportement de son tortionnaire. Il avait été plus atteint qu’il ne voulait le faire croire. Sa crise avait été soudaine et plutôt forte pour la personne qui avait le malheur de se trouver trop proche de lui. Même sa nervosité ne l’empêchait pas de remarquer ce détail. Si l’enfant avait eu assez d’énergie dans les jambes, il aurait profité de la nausée du docteur pour s’enfuir. Il est malheureusement collé à cette chaise, ses muscles avaient puisé trop d’énergie, il avait besoin de se reposer. Malgré la fatigue, son regard infusé de sang n’avait pas lâché le visage de son geôlier du regard. Son cerveau, encore fonctionnel, analysait les traits de son visage, quelque chose avait changer. Un sourire illuminait son visage, une grimace qui glaça le sang de Cassidy en une fraction de seconde. Cela ne présageait rien de bon. La réponse aux craintes de l’adolescent s’avérait encore plus effrayante en adoptant sa langue maternelle. Il disait vouloir prendre soin de lui, que son intérêt pour lui avait changé. L’adolescent n’est pas certain de la façon dont il devait interpréter ces paroles.

« Что ты имеешь в виду, старый извращенец ? »

Pendant un instant, Victor s’est désintéressé de Cassidy pour se tourner vers le garde légèrement paniqué. Sans le savoir, il avait lui aussi été victime de la crise du petit russe. Le cérébro-isolant avait fait son effet en limitant les dégâts. Il n’avait même pas eu conscience que l’adolescent avait volé ses pensées et que pendant un instant, il avait eu accès à toutes ses idées les plus sordides. Elles s’étaient mélangées parmi celles de ses autres victimes mais si l’adolescent prenait le temps de creuser un peu, il les retrouverait. Malheureusement, il n’en avait pas la force physique, ni l’utilité pour sortir de ce merdier. Il s’était concentré sur la conversation entres les deux hommes, même s’il en était assez éloigné. La langue était difficile à déchiffrer pour Cassidy mais en se concentrant un peu, il pouvait discerner quelques mots ou plutôt, un nom.

Lisbeth, il connaît cette femme. C’est la première personne vers qui Elio s’est tourné lorsqu’il s’est retrouvé avec un petit russe dans les pattes. Son apparence atypique n’avait pas aidé Cassidy à lui accorder sa confiance. Elle avait pourtant fourni de gros efforts pour lui en l’emmenant chez un médecin digne de confiance. Au fil du temps, l’adolescent avait apprit à la connaître et il pensait même qu’elle n’était pas si différente de lui, juste un peu plus âgé. La mention de son nom envahit Cassidy de questions. Était-ce une alliée ou une victime de ce docteur Absonus, l’adolescent avait sa petite idée de la question.

« Ne lui fait pas de mal. »

Ce sont des mots qui sont sortis instinctivement de sa bouche avec un anglais approximatif et un accent russe très prononcé. Cassidy se refusait l’idée d’entrainer d’autres personnes dans sa chute. Ces implorations sont inutiles et il n’est pas assez stupide pour croire que cela ralentira l’ambition du docteur. Il profita de ce moment où l’américain avait le dos tourné pour s’attarder sur la table où était disposé diverses ustensiles. Il prit le plus tranchant de tous et le cacha en plaquant sa poigne contre la chaise de consultation, le long de son corps.

Victor s’est retourné vers lui dès que le garde a tourné les talons pour disparaître dans le couloir. Il s’adressait à Cassidy avec son accent américain prononcé, mais l’adolescent avait encore un peu de mal avec la compréhension. Il se forçait pour essayer d’assimiler quelques mots. Violence, crise, dossiers, faibles d’esprit, ces mots lui permettaient d’interpréter les paroles du docteur avant qu’il ne daigne parler la langue de son patient pour se montrer menaçant. Si les médecins russes avaient vendu Cassidy, ils avaient fourni aussi les dossiers médicales et les années de recherches sur lui et son don si peu commun. Dans ces dossiers figuraient les nombreuses expériences qu’il avait subi. En cherchant rapidement dans les quelques souvenirs qui traversaient son esprit, le visage de l’enfant meurtri refaisait surface et frapper violemment son crâne d’une migraine soudaine. Il n’avait pas voulu lui faire de mal, les médecins étaient persuadés qu’il pouvait le guérir, qu’il pouvait refaçonner son esprit avec un peu de maîtrise et de précision. Les dégâts furent colossaux et l’enfant n’avait pas survécu, pourtant, le résultat avait clairement satisfait les scientifiques. Ils avaient trompé leur victime, Cassidy s’est senti plus que trahit, il s’était retrouvé avec une mort innocente sur la consciente. Il ne pouvait pas tolérer que cette situation se répète.

« Va te faire foutre, toi et tes projets à la con. »

Un mélange de salive et de sang se retrouva sur le visage de Victor, Cassidy venait de lui cracher dessus après avoir pousser d’autres jurons dans sa langue maternelle. Une pulsion agressive prit le contrôle de son corps et de son esprit. Une idée lui traversa l’esprit et celle du médecin. Il pouvait ressentir de nouveau picotement dans son crâne, quelqu’un essayait de sonder de nouveau son esprit. Cette fois, ce n’est pas une crise qui a déclenché cette tentative, mais bien l’hôte. Le petit russe tenta de jouer avec l’esprit d’un autre. D’après les rapports, il détestait se servir de son don mais lorsqu’il se sentait réellement en danger, lorsqu’il ne souhaitait pas réaliser une expérience, il tentait de manipuler l’esprit des médecins pour qu’ils suivent sa voix. C’est exactement ce qu’il essayait de faire avec Strange. Il multiplia ses chances en plaçant l’arme qu’il avait volé proche de la jugulaire.

« Sors-moi de là. » La voix de Cassidy résonne dans son crâne, lui soumettant ses ordres. Un filet de sang s’échappe de ses narines à cause de l’effort physique et mental que cela lui procure. « Oublie Lisbeth. Elle a quitté la ville. » Il a senti les vertiges l’envahir. Il en demandait trop à son corps. Ces muscles sont faibles et la pression sur la jugulaire de Victor montrait quelques faiblesses.

C’était une réaction dictée par la détresse et non la raison, Cassidy utilisait ses dernières forces pour tenter de sortir de ce cauchemar. Il tenta de rentrer dans l’esprit de son tortionnaire. Il pouvait en observer la surface, tâter sa psyché du bout de ses doigts sans pouvoir explorer davantage. Il sentait le goût du sang sur ses lèvres, une cascade d’hémoglobine se dessiner sous ses narines. Son poignet tremblait, le bout de son arme se rapprochait dangereusement de la gorge du docteur Absonus qui défiait l’adolescent de porter le coup fatal. Le jeune russe percevait une voix intérieure qui l’invitait à poignarder l'homme jusqu'à la mort, à le lacérer avec la profonde haine qui commençait à le consumer de l'intérieur. Il concentrait ses efforts pour corrompre l'esprit du docteur plutôt que d'employer ses mains. Ses muscles étaient tendus, la sagesse prévalait, bloquant toute possibilité de devenir meurtrier, le docteur s’en amusait. Il prononçait des paroles que Cassidy ne comprenait pas, mais en réfléchissant quelques minutes, il pouvait les interpréter.

Il est faible, ces forces l’abandonnaient à chaque seconde où il essayait d’entrer dans l’esprit du docteur. C’était comme vouloir passer à travers un mur de béton armé à la seule force de ses épaules. Tout ce que pouvait gagner Cassidy, c’étaient des os fracturés. Victor prit le temps de rappeler la vulnérabilité de son patient en adoptant sa langue maternelle. Ce dernier laissa échapper un grognement de frustration en guise de réponse. Il voulait renforcer son attaque, lui montrer qu’il pouvait le détruire de l’intérieur, mais il n’avait plus rien à donner. Il se faisait autant de mal qu’il n’e procurait en martelant le crâne de son geôlier. L’adolescent serra les dents, poussant quelques grognements de frustration avant que le scientifique n’estime que Cassidy eût assez jouer avec ces nerfs.

La pression de sa main sur sa poigne était suffisamment forte pour que ses doigts s’engourdissent et qu’il se retrouve désarmé en quelques secondes. Sa bouche s’entrouvrait pour exprimer une douleur silencieuse avant qu’il ne soit jeter sur la chaise de consultation. Ces yeux s’écarquillèrent, surpris par la force colossale de son tortionnaire. Il avait la sensation qu’un bloc de marbre l’avait collé contre cette chaise. Face à cette puissance, il n’avait pas la moindre chance. Ces mains essayaient de griffer la peau de son adversaire, mais il ne parvenait même pas à escarper l’épiderme.

« Va te faire foutre…. VA TE FAIRE FOUTRE CONNARD ! » cracha l’adolescent avec un accent oriental prononcé qui connaissait bien les insultes anglophones.

Cassidy n’arrivait même pas à se débattre. En quelques secondes, le docteur mit ses menaces à exécution et il se retrouva attaché à cette chaise. L’adolescent continuait à se battre les sangles de la chaise et agita son bras pour empêcher le docteur de procéder à une injection. Il n’avait pas besoin de connaître le contenu de la seringue pour comprendre ce qu’il contenait. L’adolescent avait réussi à le ralentir mais pas à échapper à l’inévitable. Il continua de grogner de frustration, laissant échapper quelques jurons dans sa langue maternelle. Les premiers effets sont arrivés au bout d’une ou deux minutes. Cassidy s’est sentit tout engourdi, vider de ses dernières forces vitales. Il avait arrêté de se débattre lorsqu’il a ressenti un étau se resserrer autour de son crâne. Les nausées de Victor s’était progressivement assoupi, la visage de son prisonnier se décomposa sous la douleur et la gêne intérieur qu’il pouvait ressentir, un mélange de douleur et de terreur.  Pour tenter de faire cesser cette souffrance, il avait tenter à quelques reprises de se frapper l’arrière de son crâne contre la chaise.

L’adolescent était devenu livide, son regard observait Victor réaliser un prélèvement sanguin sans pouvoir riposter. Il n’avait jamais détaché ses pupilles radioactive lui, puis le sang qu’on lui a pris. Plus tard, cette échantillon de sang révèlera une légère carence en fer et une diminution notable de globule blanc. Son système immunitaire était détruit par les nombreuses expériences qu’il avait subi. Le changement d’environnement l’avait même rendu malade lorsqu’il a croisé la route d’Elio. Le traitement expérimental que lui avait injecté le docteur avait commencé à créer quelques effets secondaires. Des frissons parcoururent sa peau, ses bras était en train de gelé lorsque Victor décida de s’improviser une pause pour boire un coup.

Cassidy avait soif. Malgré les frissons, l’étau autour de son crâne, les sangles qui le maintenaient prisonnier, son regard avait encore la force de se balader et de s’attarder sur la bouteille d’eau. Il n’avait pas bu depuis qu’il avait été enlevé, il avait refusé de prendre son plateau repas. Le docteur Absonus prenait un malin plaisir pour narguer le pauvre enfant qui était au plus mal. Le sang avait commencé à sécher sur le bas de son visage, sa peau avait pris une teinte encore plus pâle qu’il y a quelques minutes. Son visage était resté froid en observant la bouteille vide. Il ne voulait pas donner ce plaisir à cet homme.

« Fr…Froid. »

Victor se rapprocha de l’adolescent pour lui poser une question avec un anglais assez simple pour que Cassidy la comprenne. Il détestait déjà cet homme, il était comme ces scientifiques à l’institut, il le prenait pour un jouet, une petite souris albinos que l’on pouvait utiliser comme bon lui semblait. Il rêvait de lui cracher à nouveau au visage, d’écraser son poing dans ses côtes mais face à la force brute, Cassidy n’avait aucune chance et il en était conscient. Devenir hostile à l’égard d’Absonus ne ferait qu’envenimer les choses, rajouter de l’huile sur le feu et le faire souffrir inutilement. Il n’empêchera jamais le médecin de faire ce qu’il veut, il devait réfléchir intelligemment. Pour comprendre où il avait mis les pieds et les attentes du scientifique, il devait faire profil bras, analyser son comportement, attendre le moment opportun. L’idée lui traverse l’esprit et l’écœure mais il n’avait pas beaucoup d’option, il devait se soumettre.

L’adolescent observa Victor d’un regard mélangeant la peur et la haine. Il n’avait pas la force de répondre verbalement à cette interrogation. Il hocha la tête, un geste de la nuque assez large pour se faire comprendre, tel un gosse qui se fait réprimander après une énorme bêtise. Après avoir vécu une grosse partie de son adolescence entouré de scientifique, Cassidy savait comment se comporter avec eux. Tout était une question d’équilibre, se soumettre quand sa survie en dépend et se révolter de temps en temps pour ne pas avoir l’air suspect. L’adolescent devait reprendre son rôle, analyser Victor et son nouvel environnement pour trouver le moment opportun pour mordre sa proie.

Face à une force supérieure, Cassidy avait finalement baissé les bras et avait accepté une forme de soumission. Le calmant qu’on lui avait injecté, ainsi que ses effets secondaires indésirable, avait accéléré les choses. L’adolescent s’était contenté d’hocher la tête en guise de réponse mais le message était passé. L’ancien fugitif leva les yeux en direction de son bourreau, il aurait juré voir une satisfaction se dessiner sur son visage, il avait gagné cette bataille. Le corps du petit russe avait commencé à montrer ces faiblesses. En subissant de nombreuses expériences, isolé pendant de nombreuses années près de la forêt sibérienne, son corps s’était fragilisé. Un environnement nouveau et des substances inconnus pouvaient endommager son corps et créer des effets secondaires indésirable.

La fièvre avait commencé à apparaître et son corps s’était gelé sur place. Le visage de Cassidy avait commencé à se décomposer pour ne laisser voir qu’une silhouette presque morte qui ne répondait même plus aux questions du docteur. L’adolescent connaissait ce moment de faiblesse, il s’accrochait comme il le pouvait pour garder ses paupières ouvertes. Il observait faiblement le docteur Absonus touché son front et laissa échapper un léger sursaut. Le contact physique ne semblait pas être sa spécialité. Le docteur l’abandonna quelques secondes pour frapper à la porte à la recherche de renfort. Il semblait s’accrocher à la vie de son patient autant que ce dernier, pour des raisons bien plus obscurs. Deux infirmiers étaient entrés dans la pièce pour prendre le relai et s’occuper du pauvre Cassidy qui avait fini par perdre connaissance.

Les deux infirmiers avaient pris en charge le jeu homme en urgence. Sa vie n’était pas en danger mais sa fièvre devait être maîtriser. De nombreux injections ont été effectué jusqu’à ce que le teint de la peau de Cassidy demeure un peu plus rosé. La fièvre avait légèrement baissé pour devenir un peu plus supportable. Après une vingtaine de minute de soin, tout semblait désormais sous contrôle, l’adolescent profondément endormi. Le premier infirmier détacha l’adolescent, le second ne rencontra aucune difficulté à porter le corps inerte du patient à bout de bras jusqu’à sa cellule. Le petit russe avait une corpulence globalement maigrichonne et il aurait pu le garder dans ces bras pendant un ou deux kilomètres de plus sans difficulté. Cassidy était resté endormi pendant une trentaine de minutes supplémentaires avant de montrer des signes de présence.

Lorsqu’il a doucement redressé ses pupilles, il s’était de nouveau retrouvé dans sa chambre. Sa tête était prise de quelques vertiges, Cassidy observait mécaniquement les alentours pour comprendre où il se trouvait. Les infirmiers étaient toujours autour de lui, il avait encore un peu de mal à comprendre qu’il était revenu dans sa chambre. Il ne s’était pas encore adapté à cet endroit. L’adolescent a laissé échapper quelques gémissements de douleur avant de lever ses paupières. Il pouvait observer une autre silhouette à légèrement à l’écart, celle de Victor. Il posait des questions à ses assistants, des questions que Cassidy ne pouvait pas comprendre. Son esprit était encore embrumé, même pour comprendre des mots aussi simple. Un seul mot était parvenu à braver le brouillard de son esprit, le couteau. Il aurait rêvé en avoir un entre les mains pour sortir de ce nouvel enfer.

« Я воткну этот нож тебе в шею, придурок. » rétorqua-t-il avec un visage perdu, il n’avait pas encore toute sa tête.

Le docteur Absonus avait décidé de quitter la cellule lorsque son téléphone sonna. Cassidy se retrouva seule avec les deux infirmiers qui l’aidaient à se redresser dans son lit. Lorsqu’ils ont commencé à être trop tactile avec lui, l’adolescent a commencé à montrer un visage agressif et à se débattre contre eux. L’adolescent avait fini par convaincre les deux hommes qu’il avait assez de force pour se laver et se changer tout seul. Ils l’avaient emmené jusqu’aux douches communes où il se retrouva seul face à deux infirmiers qui le regardaient. Cassidy était mal à l’aise à l’idée de se mettre à nu devant deux inconnus. Il avait adopté un comportement nerveux. L’un des infirmiers avait sa petite idée sur la raison de ce comportement soudain mais préférait se taire plutôt que d’imaginer ce qu’il s’était passé en Russie juste avant que ce garçon entre dans cet asile.

Ces anciens vêtements ont été récupéré. Il n’avait plus d’autres choix que de porter l’uniforme de l’asile, un t-shirt à manche longue blanc avec par-dessus, un t-shirt gris fade un peu plus large avec le logo de l’asile floqué sur sa poitrine droite. L’infirmier a rajouté un petit plus en attachant un bracelet en plastique autour de son poignet gauche. Sur cet accessoire se trouvait son nom et prénom ainsi qu’un code barre qui permettait au personnel de connaître le traitement médical de son patient. Ces vêtements ont probablement été brûlé dans l’incinérateur le plus proche, pour détruire les dernières preuves de sa captivité dans cet établissement. Ils venaient de détruire les dernières affaires personnelles de l’enfant.

Lorsqu’il fut reconduit dans sa cellule, l’adolescent sentit ses jambes se dérober devant les deux infirmiers. Ils l’ont rattrapé pour lui éviter une chute. Cassidy avait simulé un malaise pour avoir l’occasion de balader sa main à l’intérieur d’une des poches de sa blouse. Sa main récupéra le badge du salarié et le cacha sous sa manche jusqu’à son retour en cellule. Ils abandonnèrent le garçon dans sa cellule, verrouillage électrique. L’adolescent prit le temps pour observer sa chambre capitonné. Il avait eu le droit à une cellule un peu plus moderne et propre pour protéger son système immunitaire si fragile. Son lit n’était pas grand mais le garçon avait remarqué les sangles de contention prêt à être utilisé si le patient s’agite un peu trop. La porte de sa chambre n’avait pas de poignet à l’intérieur, seulement une petite fenêtre qui donnait sur un couloir vide. Cassidy était laissé seul avec un plateau repas, quelques gélules et un badge fraichement volé qu’il cacha à l’intérieur de son matelas pour une utilisation ultérieure.

Après son appel, le docteur Absonus eu un retour sur la situation. Cassidy mangeait son repas, avait prit son médicament et sa fièvre était descendu. Il avait fini par s’endormir dans sa cellule Les infirmiers avaient aussi reporté le comportement étrange de l’adolescent après le départ de son responsable. L’un des hommes du pingouin était également revenu avec des nouvelles. Il était parvenu à rentrer sur le téléphone qu’il avait confisqué à leur prisonnier après son enlèvement. Ils étaient parvenu à établir une liste de ses complices, des noms qui n’étaient probablement étranger : Azzura Falcone, Elio Philips, John Constantine et bien évidemment, Lisbeth Zalachenko.