A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné]
Auteur
Message
Invité
Sujet: A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné] Mar 23 Fév 2021 - 17:43
A Strange mindPV Docteur Strange
Novembre - 2016
Bien qu'en Octobre Dick avait fait subrepticement disparaître la carte de rendez vous avec le Docteur Strange. Il était un tord de ne pas penser que la secrétaire était des plus zélée et que cette dernière avait tôt fait de contacter la détective pour s'enquérir de son absence à un rendez vous et lui faire comprendre la politique du docteur que les rendez vous ratés étaient malheureusement dues. Cette fois ci, la détective avait pris en main les choses reprenant un créneau, un mois plus tard, posant un jour de congés pour ne pas le rater, et patienter jusqu'à la date fatidique.
C'était à Diamond district qu'on l'attendait. Elle devait avouer qu'elle était quelque peu étonnée de ça. Normalement elle s'attendait à une obscure salle d'attente de la clinique d'Arkham, mais non. Son entretien avec le Docteur Hugo Strange allait donc se faire dans son cabinet personnel en plein centre de Gotham City. Un quartier huppé où les berlines de luxe côtoyaient une faune humaine vêtue aux dernières modes. Où chaque immeuble avait son fastueux hall d'entrée agrémenté d'un service de sécurité personnalisé. On y entrait uniquement en présentant patte blanche et en déclinant son identité et les raisons de sa venue. Evidemment, Esther évoquait son rendez vous avec le praticien et la demoiselle d'accueille, à ne pas confondre avec une vulgaire concierge, approuvait poliment que la présence d'Esther était désirée en ces lieux.
On la laissait ainsi passer tout un cordon de sécurité, et prendre un ascenseur. Rien qu'en ce hall, haut comme une cathédrale, tout était beau ; même le petit personnel. Esther prenait un ascenseur luxueux aux parements de marbre rose et de bois exotiques le tout couplé à une tendre musique au piano. La détective reconnaissait les timbres oniriques digne de Erik Satie. Des sonorités assez basse pour ne pas déranger mais suffisamment haute, en volume, pour conférer une douce toile de fond durant cette ascension.
L'arrivée à l'étage puis l'entrée dans le cabinet du psychiatre était comme un passage vers un tout autre monde. Tout n'était que luxe ostentatoire de l'aristocratie bourgeoise de Gotham. Des meubles en boiserie précieuse ciselés d'or, des tableaux de maître côtoyant une utilisation excessive de miroirs, le sol carrelé où d'interminables tapis sont autant de chemins à suivre. Il y régnait en ces lieux un silence complet, presque reposant. Ce n'était pas le silence de l'immeuble qu'Esther habitant. Ce n'était pas le bruit des appartements vides que le chaos de la rue finissait par étouffer. Ici au dessus des masses grouillantes des citadins l'on pouvait oublier se qu'était le bruit et se concentrer enfin sur ces propres pensées.
Elle prenait place dan la salle d'attente, vide. En ces lieux il était commun qu'aucun patient ne se croise. L'on entrait par une porte, on prenait un couloir. On sortait de son rendez vous par une autre. Les immenses fauteuil de cuir étaient disséminés dans un confortable petit salon où les hautes bibliothèques étaient remplis d'ouvrages de médecines et de psychologie. Aux murs, Esther était saisie de peintures abstraites représentant des figures difformes aux couleurs unies. Il y avait dans celles ci, une sur les ton bleutés où le bas du visage était reconnaissable et servait de support à un livre ouvert que des mains soutenaient.
Un second, sur des couleurs violacées, représentait un portrait où la tête n'était qu'une immense boule. L'intérieur de ce crâne circulaire n'était autre qu'une myriades de formes étranges et indistinct aux couleurs vives. Cela ressemblait à constellations disposées de manière chaotique ou bien à une sorte de maelstrom informe de formes comme pour y traduire visuellement l'entrechoquement de pensées diverses. Toutefois, dans son exploration des lieux, Esther était plus attirée par deux autres tableaux sur les tons de rougoyant.
Le premier représentait une sorte de d'écorché vif recevant des sortes de lames entre les côtes. Sa tête, légèrement relevée, où la peinture semblait fondre comme de la peau soumise à des températures infernales, traduisaient une douleur inimaginable. Toutefois, malgré l'aspect morbide et la souffrance infinie que ressentait ce cadavre ambulant une sorte de sourire semblait se dessiner comme une crispation de lames. Le doute habitait soudainement l'esprit de la détective. Est se que cette personne souffrait et ressentait du plaisir à la fois ? Une interrogation qui la faisait se perdre dans la contemplation de l'œuvre qui lui faisait face.
Le dernier tableau était tout autant sur les mêmes tons cramoisis. Cela représentait un portrait en gros plan. Si proche que l'on pouvait que l'imaginer essayer de sortir du cadre par tout les moyens. Les traits étaient si crispés qu'on ne pouvait avoir de doutes sur les sentiments qu'ils désirait traduire. Le sommet de la boîte crânienne était éventré et y éruptait une masse sanguinolente et rougeoyante donnant l'impression d'un volcan. La rage qui se traduisait de cette œuvre était déroutante. C'était une explosion de colère, l'abandon du corps et de l'esprit face aux instincts les plus bas. L'on ne pouvait sur les extérieurs invisibles que les dimensions du cadre ne parvenaient à saisir que des poings fermés ou des mains crispées pour se donner l'impulsion pour sortir de cette prison.
La détective était si absorbée dans sa contemplation qu'elle en oubliait totalement l'existence de la secrétaire qui pianotait sur son clavier. Le son de sa voix n'était plus audible à ses oreilles jusqu'à se qu'elle se fasse interpeler. Le Docteur était enfin disponible pour la recevoir. Il était enfin temps d'aller se retrouver en tête à tête avec un médecin capable de lui tripatouiller l'esprit.
Dernière édition par Esther Richardson le Ven 2 Avr 2021 - 23:16, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné] Jeu 25 Fév 2021 - 18:44
Gotham City est un laboratoire exceptionnel pour la pratique psychanalytique. Ce n'est pas pour rien que cette ville est considérée comme l'un des royaumes terrestres de la démence. Chaque année, nous y découvrons de nouvelles pathologies et nous avons la chance d'y analyser des névroses si rares que seuls certains ouvrages néoscientifiques osaient théoriser jusqu'alors. L'asile d'Arkham à lui seul est devenu mondialement réputé pour le musée des innombrables folies humaines qu'il est devenu depuis ton apparition, Batman. Aussi, les taux de suicide par habitant y sont si prodigieusement élevés qu'ils ridiculisent ceux enregistrés chaque année dans les pays totalitaires. C'est désireux de palier à ce drame humain sinon en connaissance des opportunités de recherche qu'offrent Gotham City que notre vocation s'y est si largement développée, et ce à tel point que nous comptons, à côté des divers charlatans de la profession, un nombre plus qu'impressionnant de praticiens. Or, toi même conscient de cette délicieuse ironie, tu sais que personne n'est plus susceptible de sombrer dans la folie que ceux qui la côtoient quotidiennement. C'est vrai pour nous, les pyschiatres, mais c'est aussi vrai pour les forces de l'ordre.
As-tu la moindre idée du nombre de policiers que j'ai vu souffrir de tes exploits, s'effondrant en pleurs sur mon divan lorsque ton nom s'imposait de lui-même au milieu d'une séance ? Sais-tu seulement combien ils t'en veulent de leur avoir dérobé leur identité, leur force et leur droit de se venger de ceux qui auraient descendu leur équipier ou humilié pendant trop longtemps leur insigne si sacré à leurs yeux ? Serais-tu prêt à entendre ce qu'ils sont prêts à t'infliger pour les avoir réduit au rang de marionnette ? Moi-même, je me suis délecté de la rage et de la désespérance que tu leur insufflais par ta simple mais si pénible existence. Je me gargarisais si bien de leurs peines et de leurs lamentations tant je partageais ce mépris qu'ils nourrissaient à ton égard. Et j'étais doué, Batman. Cela, personne ne saurait le contester puisque, malgré mes manigances, je suis resté l'un des praticiens parmi les plus respectés de cette ville ; un homme avec un carnet de rendez-vous si rempli qu'il rivaliserait sans nul doute avec celui de notre cher président. Certes, à mon âge et riche d'une pareille notoriété, n'importe quel autre psychiatre aurait arrêté de psychanalyser la flicaille et les aliénés pour se concentrer sur des artistes et autres personnalités publiques avec des séances d'une demi-heure facturées à des prix exorbitants mais - ça aussi, tu le sais - je ne suis pas comme les autres. Et mon véritable intérêt n'est jamais sorti du portefeuille d'un patient mais toujours et inéluctablement de son être. C'est pour cela que j'aime travailler à Arkham - même pour un salaire minable - et que j'ai offert mes services aux institutions policières. Nombreux sont les dysfonctionnements que je suis prêt à résoudre dans l'esprit perturbé de nos concitoyens pour le bénéfice de quelques secrets juteux. Et, en cela tu peux me croire, il n'est aucun secret qui puisse m'échapper, tous étant aussi terribles pour les uns comme pour les autres.
J'ai une excellente mémoire et je me souviens de chaque récit comme de chaque visage. Aussi vrai que je me souviens à merveille de ma première rencontre avec l'agent Richardson, Esther de son prénom. C'était un mercredi du mois de novembre 2016. Et, comme tous les mercredis, je travaillais à mon cabinet situé à Diamond District. C'était une policière et je savais par expérience qu'il était plus productif de rencontrer les hommes et les femmes du GCPD loin des cellules des criminels qu'ils avaient potentiellement coffrés lorsque tu regardais ailleurs, Batman. Je me rappelle aussi que cet Esther ne s'était pas présentée lors de son premier rendez-vous, prévu une semaine plus tôt. J'avais alors profité de l'heure que m'offrait son absence pour googler son nom et son prénom mais, surprise désopilante, le géant de la recherche n'avait pas grand chose à m'offrir, pas même une photo, sinon quelques vieilles notifications du canard local d'un village isolé vantant les différents mérites de ses concitoyens. Fort de cette déception, j'avais veillé à ce que ma secrétaire reprogramme le rendez-vous pour la semaine suivante. Et, cette fois-là, je ne fus guère déçu, Batman, de pouvoir mettre enfin un visage sur le nom de celle qui m'avait posé un lapin alors qu'elle pénétrait dans mon bureau.
- Madame Richardson, c'est un plaisir de vous rencontrer, disais-je en me levant de mon fauteuil. Je suis le professeur Hugo Strange. Mais vous pouvez m'appeler Hugo. Je vous en prie, prenez place.
Je ne lui indiquais ni l'un des sièges présents devant mon bureau ni le divan orienté à contre-jour pour qu'elle décide seule de sa destination. Après quoi, je me rasseyais à mon tour et joignais les mains au niveau de mon visage sur lequel s'esquissait un sourire à l'allure bienveillante. Le spectacle pouvait commencer.
- Alors... Dites-moi tout, lui intimais-je avant de m'enfermer dans un profond silence qu'elle-seule devrait remplir.
Invité
Sujet: Re: A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné] Ven 26 Fév 2021 - 16:24
A Strange mindPV Docteur Strange
Elle entrait dans le bureau en regardant toujours derrière elle lorsqu'elle quittait une pièce. Son regard était circulaire lorsqu'elle découvrait l'endroit pour la toute première fois et la tête suivait le mouvement. Les fenêtre, les coins, dans un lent balayage de gauche à droite et de bas en haut. Le cabinet était tout autant richement paré que la salle d'attente précédemment laissée. Strange était derrière son bureau et l'accueillait de sa vertigineuse stature qui se dressait dans cet immense fauteuil. Esther était assez haute mais lui était un véritable géant en comparaison avec une voix doucereuse de stentor.
Elle restait debout, une main sur une hanche, l'autre pendant dans le vide avec nonchalance. Il était tôt fait de remarquer bien des détails sur elle. De prime abord, les cernes sous ses yeux étaient creusés tandis que ses globes oculaires passaient tout au crible. Sur ses mains l'on pouvait voir la jointure supérieure des phalanges rougies et croûtées. Sans nul doute que cette policière avait eu de l'action ses derniers temps. Le trench coat laissait voir la plaque policière à sa ceinture et son étui orphelin de l'arme qui devait normalement l'accompagner. Très certainement que les gorilles en bas lui avaient récupéré le temps de sa visite. Elle observait enfin son titanesque et intellectuel interlocuteur. Elle avait souvenir qu'il était différent sur les portraits de lui placardés dans les publicités de son dernier ouvrage. Moins ridé, moins austère, moins beaucoup de choses. Il faisait moins Steve Jobs que sur la quatrième de couverture de son bouquin. "Je vais rester debout, Docteur." Disait-elle en marquant son tempo et en refusant d'appeler son psychiatre par son prénom.
La policière faisait les cents pas dans le bureau. Le claquement lent et régulier de ses talons sur le carrelage battait la mesure. Elle virait d'un bout à l'autre de la pièce, comme un lion en cage. Ô l'on pouvait qu'imaginer les explosions de rage et tout se qui pouvait bouillonner, pourrir, macérer, dans ce corps décharné dont les vêtements et surtout cet épais manteau en formait la cuirasse tant pour la protéger de l'extérieur que protéger le moment d'elle même. Néanmoins, elle ne répondait rien, ne disait rien. Qu'est se qui se passait dans sa tête pour dépenser autant de temps et d'argent pour une demie heure de silence absolu ? Pour Esther c'était simple et cela tenait en un mot : psychiatre. Ce seul mot suffisait à lui arrachait des tressaillements terrifiés. Psychiatre, hopital psychiatrique, camisole, folie. Tout ces mots étaient intimement liés. Et la jeune femme, comme le commun des mortels, faisaient aisément des raccourcis et des biais facile. Les psychologues c'était pour les gens normaux les psychiatre c'était pour les fous. Elle, Esther, n'était pas folle. C'était faux ! Et puis quoi encore ? Non, Esther n'était pas folle. Je suis saine d'esprit. Tu n'es pas folle, Esther.
En sommes tout cela étaient des excuses qu'elle s'offrait à elle même. Evidemment qu'elle était timbrée sinon l'avocat d'Andrew n'aurait pas forcé le juge à imposer ces rendez vous. C'était assuré, pour la détective, ces rendez vous étaient des pièges qu'on lui tendait pour lui arracher toujours plus sa fille. Sa perte de sanité mentale avérée ce serait la fin des haricots et elle allait devoir tirer une croix définitive de revoir Chloé.
Pour Hugo Strange, c'était sans doute un spectacle merveilleux qui se déroulait sous ses yeux. Cette femme qui tournait et virait. Qui se déplaçait pour se stopper devant la fenêtre, puis les tableaux, pour les admirer longuement ; le tout dans un silence insoutenable qu'elle entretenait avec brio. Il n'y avait plus qu'à la vêtir d'une camisole la mettre dans une cellule capitonnée et le tableau serait vraisemblablement le même. Toutefois c'était assuré, dans son esprit cela carburait. Sa mâchoire serrée, ses dents qui grinçaient, étaient autant de facteur qui montraient qu'elle détricotait ses problèmes pour mieux et honteusement les cacher.
Le temps passait, les minutes s'écoulaient toujours rien. Pas un mot. Pas un fessier posé sur une chaise ou un divan. Rien. Le silence et le claquement de ses talons sur le sol qui contre rythmé le tic-tac de l'horloge mécanique dans une bibliothèque. Et finalement la demie heure accordée était écoulée sans qu'une seul syllabe ne fut échangée ni arrache de ces lèvres hermétiquement closes.
Sujet: Re: A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné] Dim 28 Fév 2021 - 21:15
Bien que, au début, je ne pu m'empêcher de rectifier le « docteur » de ma patiente en insistant sur mon titre de « professeur », il n'y eut pas un seul instant au cours de cette première rencontre où nous eûmes le semblant d'un échange verbal. Il était criant que cette chère Esther Richardson ne voulait pas être ici, entre ces quatre murs où elle se débattait nerveusement comme si elle était prisonnière de son propre cercueil. Comme beaucoup d'autres patients amenés de gré ou de force jusqu'aux portes de mon cabinet de consultation, elle se refusait de suivre les règles, s'imaginant sans doute que ce jeu était beaucoup trop grotesque pour une femme comme elle. Or, ce jeu-là avait été confectionné par des hommes comme moi qui, désireux de comprendre les mécanismes aussi pervers que fascinants de l'esprit humain, avaient élaboré tout un tas de stratégies pour pousser nos ouailles à se confier.
Savais-tu, ô grand Batman, que le plus puissant réseau d'espionnage en ce monde n'appartenait ni à la CIA, ni au KGB, mais au Vatican ? C'est la vérité. Mais par quel miracle cela serait-il possible, te demandes-tu ? Je m'en vais te le dire : par le biais de la sacro-sainte confession, prétendument inviolable, qui permet aux prêtres d'arracher les secrets les plus ignominieux des plus influents personnages ayant la faiblesse d'adhérer à leur doctrine hypocrite. Or, moi, à la différence de ces curés, je ne me cache pas dans la pénombre d'un confessionnal pour absoudre les péchés que mes fidèles auraient la gentillesse de me partager dans un soupire coupable. Non, je n'avais guère besoin de l'accord de mes patients pour obtenir toutes les informations que je pourrais leur extraire, qu'ils le veuillent ou non. J'étais roi en mon cabinet dans lequel tout avait été soigneusement pensé pour pouvoir en apprendre le plus possible sur celles et ceux qui s'y engouffraient. En soi, mon travail n'était pas si différent de celui des inspecteurs de police pour peu que je cherchasse à obtenir la preuve de la culpabilité de mes patients. Ceci dit, la culpabilité des uns et des autres finissait toujours par ressortir face à la patience herculéenne dont j'étais pourvu.
Quand bien même cette chère Richardson s'imaginait me faire perdre mon temps à vagabonder d'un bon à l'autre de la pièce, chaque seconde de silence que je passais à l'observer était aussi éloquente que l'aurait été un long discours. L'éternité qu'elle passait là, à cogiter tout en s'égarant de temps à autres sur la contemplation de mon mobilier, était une phase préalable du long travail qu'on aurait à accomplir, elle et moi. Et, malgré l'absence de mots, je pouvais m'abreuver de chacun de ses gestes et de chacune de ses mimiques, percevant aussi bien son envie flagrante de s'allumer une cigarette comme son désir ardent de donner des coups de pieds dans les murs. Je demeurais immobile, cependant, les doigts entrelacés et le visage fermé. Seuls les verres de mes lunettes rondes s'animaient à l'aide du reflet de sa silhouette agitée. Le silence dans lequel nous étions tous deux enfermés pouvait presque s'apparenter à un duel duquel seul le plus persévérant sortirait vainqueur. Or, comme je te l'ai dit plus tôt, j'étais un champion à ce jeu. Si bien que, jusqu'à la dernière seconde de notre rendez-vous, je restais cachée derrière cet air aussi professionnel que méprisant qu'il m'était permis d'adopter du fait de mes qualifications. Enfin, lorsque la demi-heure fut écoulée, je regardais théâtralement ma montre avant de lui signifier la fin de notre entrevue.
- Bien. Nous en avons terminé aujourd'hui, je le crains, annonçais-je avant de m'emparer de mon stylo-plume pour prendre quelques notes dans mon agenda. Je vous dis rendez-vous la semaine prochaine ; même lieu, même heure. Et, madame Richardson : si vous avez un empêchement, je vous invite à voir cela avec ma secrétaire.
Ce serait bien mal me connaître que de penser que j'abandonnerais un combat face à un adversaire, quel qu'il soit. Malgré mes échecs, jamais je ne renoncerai à la lutte qui nous oppose, toi et moi. Esther Richardson, quant à elle, n'était guère plus impressionnante que le Joker, l'Epouvantail, le Chapelier ou encore Zsasz. Cependant, je ne la considérais guère pour inférieure à tous ces précédents dégénérés, sachant pertinement qu'avant de devenir des incarnations du chaos, ils étaient eux-aussi des hommes aux pensées aussi noires que les nôtres. C'est pour cela que, jusqu'à la semaine suivante, j'ai attendu avec impatience de retrouver cette Richardson, sachant pertinemment que ce rendez-vous-là marquerait une première rupture avec le rythme qui s'était imposé lors de notre première rencontre. Il était encore trop tôt pour que je change quoi que ce soit dans mes manœuvres, non. Je devais rester prévisible, quitte à devoir embrasser le silence pendant une demi-heure entière après avoir répété exactement les mêmes mots que la dernière fois :
- Ravi de vous retrouver, miss Richardson. Prenez place. Et dites moi-tout.
Invité
Sujet: Re: A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné] Lun 1 Mar 2021 - 14:48
A Strange mindPV Docteur Strange
Novembre - Début décembre
Esther partait sans mots dire et présentait son chéquier à la secrétaire qui lui annonçait, avec un petit sourire amusé, qu'un contrat tacite était passé entre le Professeur Strange et le G.C.P.D pour que les consultations soient gratuites. Esther devenait pâle et commençait vite à poser des questions. Si la teneur de telles rendez vous était connu de la hiérarchie ou non. Pudique, paranoïaque, elle ne désirait pas que ces rendez vous s'ébruite en dehors de la sphère restreinte de ce cabinet. Fort heureusement la secrétaire, compréhensive, lui affirmait que non. Peut être était elle habituée aux préoccupations des flics à ce sujet. Il était souvent honteux pour les personnes malades et en détresse d'avouer à leur entourage qu'ils côtoyaient un thérapeute.
Même jour même heure la semaine suivante et c'était la même rengaine. L'ascension dans l'ascenseur musical. L'attente à admirer les tableaux et de nouveau un mutisme complet durant toute la demie heure. Esther n'aimait pas cet exercice, elle n'aimait pas être ici. Pour elle les psychiatres soignaient les fous et la détective ne portait pas la démence dans son cœur, elle en avait même sacrément peur. Alors ces rendez vous, chaque semaine, ne faisait que lui renforcer l'idée qu'elle avait un sérieux problème et qu'elle ne pouvait guère plus faire l'autruche. Evidemment, elle comptait les espacer. Un par semaine c'était trop. Mais encore fallait il réussir à ouvrir la bouche et proférer d'autres mots que "Professeur" et "Au revoir" à Strange.
Le second rendez vous était dans cette mouture muette. Esther continuait à faire les cents pas et portait régulièrement la main dans une poche pour en caresser son paquet de cigarette. Tout était en dépits de son état d'anxiété actuel et du temps qui séparait une cigarette d'une autre. Elle regardait, de fait un des tableaux dans le bureau. Sur les tons de rouge comme ceux de la salle d'attente. Il n'était pas là, la dernière fois. Cela représentait être humain tourné de dos. La partie droite du crane était absente et une masse, qu'on pouvait assimiler au cerceau semblait dégouliner par ce trou béant. Le long du dos de cette personne l'on pouvait y voir entre les omoplates le symbole schématique d'une résistance électrique et un trait noir, comme un câble unir la nuque, la résistance et toute l'échine dorsale. Ce tableau lui inspirait pas beaucoup de sentiments. Ou alors peut être était ce une parabole au fait qu'elle faisait fondre son cerveau à l'époque où elle consommait du Joy en pagaille et que par cette action chimique cela faisait embrayer et mouvoir son corps ? Fort heureusement, Dick veillait au grain et réfrénait ses envies de se faire de véritables cocktails détonnant de mélanges médicamenteux. Bien qu'à l'instant T Esther avait une furieuse envie de ces petites pilules roses avec un sourire ravie en relief. Sa mâchoire se serrait, sa gorge se nouait en une déglutition difficile, le manque se faisait cruellement sentir. Fort heureusement le terme de ses trente minutes sonnait comme une délivrance. Et elle repartait pour une ritournelle.
Le troisième, puis le quatrième, le cinquième rendez vous étaient encore semblable. Rien de nouveau sous le soleil. Esther était butée, têtue comme une mule ! Rien ne sortait de sa bouche, elle marchait et ruminait dans ses pensées tout se qu'elle aimerait hurler à la face de ce professeur. Renverser les meubles briser des cadres et des fenêtres. Son état commençait à s'aggraver. Ses relations au sein du G.C.P.D allaient en déliquescence. La rancœur acerbe qu'elle portait pour ce Conner et son comportement puéril. L'approche inéluctable de Noël qui pesait atrocement sur son moral n'arrangeait en rien la situation. C'est au sixième rendez vous qu'elle décidait enfin d'ouvrir la bouche.
Pour ce rendez vous, Strange avait porté l'attaque subtilement, en silence. il avait disposé ici et là des petits cadres photos avec des enfants entourés de parents aimants et joyeux. C'était bas. Ca faisait mal, très mal. La détective ne pouvait guère tourner la tête sans que son champs de vision ne soit attaqué par ces niaiseries familiales qui lui fendaient se qui lui restait de cœur. Les seules zones où son regard était sûr de ne rien croisait étaient assis devant le bureau ou allongée sur le divan en regardant le plafond. Grognante elle venait s'installer face à lui, le visage dur et la colère sous pression qui menaçait d'exploser à tout moment. "Bon." Disait elle pour se forcer à l'ouvrir. "J'ai pas envie d'être ici. Vous n'avez pas l'envie de perdre votre temps avec moi. Signez le papier, envoyez le à l'avocat de mon mari et on arrête cette mascarade." C'était désespéré. Le soudoyer avec un chèque était tout bonnement impossible. Strange était richissime et Esther fauchée comme les blés par son maigre salaire sabré de moitié pour payer la pension alimentaire. Elle ne quittait le professeur du regard déterminée à obtenir gain de cause et arrêter de perdre son temps ici.
Sujet: Re: A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné] Mer 3 Mar 2021 - 20:13
Malgré mes attentes quelques peu prétentieuses, le point de rupture ne se présenta pas de sitôt. Ce deuxième rendez-vous était presque semblable au premier à ceci près que ma patiente se radicalisait de plus en plus dans sa posture. Je me doute qu'un autre praticien aurait d'ores et déjà tenté d'engager la discussion face à un pareil phénomène mais ç'aurait été contraire à ma philosophie que de contrevenir à la stratégie capricieuse de ma cliente. Elle semblait voguer au dessus d'un gouffre sinistre, chacun de ses pas égaré s'assimilant presque à un geste d'autoflagellation que je continuais d'observer dans le silence devenu compétition. Or, je dois bien l'admettre, je prenais un certain plaisir à contempler les tourments qui émanaient de sa figure taciturne, chacune de ses promenades au sein de mon cabinet racontant une histoire différente au fil de nos rencontres. Je n'avais guère besoin de lui poser les habituelles questions, « comment allez-vous aujourd'hui ? », « comment s'est passée votre semaine ? » ou « qu'est-ce que vous pensez de tout cela ? » pour qu'un semblant de réponse s'érige entre elle et moi. Certes, l'épais silence qui s'était instauré entre nous était loin de convenir règles tacites d'une thérapie convenable et constructive. Mais après avoir eu le délice d'apprendre que sa présence était le fruit d'une procédure judiciaire, je me plaisais d'avantage à adopter le rôle du chasseur qui attend patiemment que sa proie morde à l'hameçon. L'animal avait beau se montrer méfiant et obstiné, je savais que, tôt ou tard, il finirait par tomber dans mon piège.
Les rencontres se succédaient pourtant. Semaine après semaine, je frétillais à l'idée que, cette fois-ci, ce serait la bonne. Que, aujourd'hui, elle viendrait à réagir autrement que par l'habituelle cérémonie des trois-mille-deux-cents pas rompus par ses observations intempestives des tableaux ornant mon bureau. Ces derniers avaient déjà fait leur preuve pour ce qui était de délier les langues ou de susciter des émotions chez mes visiteurs. Je me plaisais souvent à les alterner, ces tableaux que l'un des anciens patients de l'asile d'Arkham, le peintre Richard Upton Pickman, avait réalisés dans sa période surréaliste avant de s'adonner au style innommable qui l'aura fait sombré dans la démence. Malheureusement, ces peintures n'eurent pas vraiment l'effet escompté sur Esther Richardson, ne lui inspirant que du dégoût, tout au mieux. Et si certaines toiles de la même collection avaient tendance à plus la marquer que d'autres, aucune ne parvenait à la pousser dans les retranchements que j'espérais découvrir. Si bien qu'après le cinquième rendez-vous, je me décidai à changer d'appât pour passer à la vitesse supérieure. Pour ce faire, je devais totalement réorganiser ma décoration intérieure de sorte à ce qu'elle épouse les angoisses de notre chère Richardson. Par chance, j'avais eu plus d'un mois pour étudier le sujet de près, et je savais donc parfaitement où frapper pour caresser la fissure qui menaçait de devenir une faille.
Aussi, lors de ce sixième rendez-vous qui commença par mon habituelle phrase d'accroche, j'avais entièrement redécoré le cabinet de consultation avec des illustrations représentant la joie de vivre familiale qui faisait sans nul doute défaut à notre chère Esther. Le décors avait changé de manière on ne peut plus drastique, certes, mais le spectacle, lui, devait rester le même pour que ma cliente m'offre le régal de la réaction tant attendue. Et, au moment où elle franchit la porte de mon bureau, je savais, en croisant son regard fatigué, que cette réaction ne tarderait pas à se fait connaître. Non, il ne fallut que douze minutes et huit secondes - pour être exact - avant que le supplice ne devienne trop insupportable pour Esther Richardson qui se décidait enfin à répliquer. Elle refusait de jouer le jeu mais, chose nouvelle, elle le disait clairement cette fois, le désespoir la poussant même à essayer de contourner les règles de mon métier en me faisant une offre des plus ridicules. En l'écoutant, je levais un sourcil circonspect, sortant finalement de mon posture impénétrable pour rehausser mes lunettes sur mon nez et lire le document qu'elle me tendait. Puis, affichant en préambule une grimace suffisamment éloquente pour exprimer le refus qui viendrait ensuite s'affirmer sur le bout de mes lèvres, je repoussais le document en sa direction en le faisant glisser sur ma table.
- Je regrette, miss Richardson, mais cela m'est impossible, disais-je tout en redirigeant mes mains vers ma stoïque bobine.
Je savais, pour avoir travaillé avec d'autres de ses collègues plus ou moins entêtés, que les forces de l'ordre ne supportaient pas de se faire rembarrer de la sorte. Le poids de leur insigne devenait tortueux lorsqu'il frisait l'insignifiance. Or, en ces murs, elle devrait apprendre à s'en passer et à se défendre autrement que par la menace d'une enquête ou d'une arrestation. Cela devait certainement la faire bouillir de l'intérieur et, même si je le savais et que je m'en amusais, je m'efforcais néanmoins de rester aussi professionnel que possible - c'est-à-dire de marbre. Et, pour cela, il était bon de lui faire un petit rappel des règles en vigueur.
- Je prends mon travail très au sérieux. Et, si le juge en charge de votre dossier a donné raison à l'avocat de votre mari en estimant raisonnable que vous suiviez une consultation, je ferais mon maximum pour vous aider car telle est ma vocation. En revanche, il m'est impossible de vous soutenir contre votre volonté. Vous comprenez : ce n'est qu'en travaillant ensemble que je serais en mesure de dresser un diagnostic et, possiblement, de constater une amélioration de votre état. Chose qui, par la suite, me permettra de signer ce papier.
Invité
Sujet: Re: A Strange mind - Pv Dr Strange - De novembre à février [abandonné] Ven 5 Mar 2021 - 2:05
A Strange mindPV Docteur Strange
Janvier 2017
Cette annonce était comme un coup de marteau sur la tête d'Esther. Elle sentait le sang lui monter entre les tempes et chauffer à gros bouillon. L'envie irrémédiable, comme bien des flics dans des situations désespérées, de pourrir la vie de ce foutu psychiatre. Chercher et fouiller la moindre crasse dans leur vie et la faire remonter pour obtenir se qu'elle désirait : sa fille. Néanmoins, elle devait se rendre à l'évidence elle n'obtiendrai rien de lui par la contrainte. Il fallait alors jouer le jeu ; un jeu qu'elle refusait de suivre. De rage elle quittait les lieux, pestant qu'ils en avaient terminé. Pour aujourd'hui. Il n'y allait pas avoir de prochaine fois. Ni la semaine prochaine. Ni jamais.
Elle gardait contenance et dignité jusqu'à l'ascenseur qui la ramenait dans la fosses aux humains, loin des hauteurs vertigineuses de la bourgeoisie gothamite. Dans l'intimité indiscrète de cette cabine exiguë Esther laissait aller à sa colère en poussant un cris du cœur et en frappant la paroi la plus proche de son poing. Tout se qu'elle faisait passer sous le crible d'une caméra de surveillance des plus discrète, mais tiendrait on compte de cet écart de conduite ? Sans doute que non, aucune trace ne subsistait sur le bois précieux.
Fière et amère, Esther se fichait de prendre de nouveaux rendez vous. Se concentrant pleinement dans un égoïsme palpable sur sa propre existence elle ignorait de manière ostentatoire les appels que l'avocat d'Andrew lui passait et les alertes de sa propre psyché. Son idylle avec Dick Grayson n'était qu'une bouée de sauvetage sur laquelle elle s'accrochait follement et vivait dans une sorte d'anesthésie mentale. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Cette romance prenait fin avec la fin de l'année. Le moral de la détective était déjà bien bas avec la Noël et le retour de Barbara Gordon terminait d'achever le tableau. Esther se sentait comme prises d'une soudaine pesanteur alors qu'elle avait enfin remis la tête hors de l'eau. Ce poids, titanesque, l'envoyait par le fond droit vers les abysses dans une chute vertigineuses à un état des plus lamentable. Une impression malsaine d'avoir tout perdu l'assaillait et une peine de tout les instants semblable à une rupture amoureuse lorsqu'on était adolescent.
De fait Esther ruminait une rancœur immense envers son binôme. Une impression de s'être fait avoir. Toutefois, elle savait et affirmait auprès de ce dernier n'être qu'une relation pansement. Elle s'était préparée au retour de l'être aimée de Richard. Mais non, c'était plus fort qu'elle et elle ramassait les fragments de son cœur à la petite cuillère.
Au fond du gouffre elle ravalait sa fierté, en même temps que son joy, et reprenait contact avec le cabinet du Professeur Strange. Nous étions début janvier et le rendez vous avait lieu la semaine suivante. De nouveau la même rengaine mais cette fois ci pas de tête haute ni de fierté. Esther était une ombre décharnée qui avançait la tête baissée et les épaules basses. Dans la salle d'attente, son regard fatigué aux pupilles légèrement dilatées observait un nouveau tableau abstrait, ou alors impressionniste. Sur les tons violets et noirs, l'on pouvait observait des tas d'êtres aux têtes longilignes et semblables observer Esther. La délicatesse du traits et les yeux légèrement désaxés donnaient l'impression qu'ils suivaient tous la détective du regard. Une sorte de meute, un esprit de groupe, se dégageait de ce tableau. Une drôle d'ironie pour cette flic qui bossait souvent seule et qui évitait au maximum le contact avec ses collègues.
On finissait par l'appeler. C'était son tour. Entrer dans le bureau était étrangement et incroyablement difficile. Néanmoins lorsqu'elle arrivait dans le bureau, cela semblait être une tout autre personne. Alors que sur les premiers rendez vous Esther semblait remplir la pièce d'une présence bouillonnante et agressive. Désormais elle semblait minuscule dans l'immensité de ce bureau, voir totalement invisible et absente. Un fantôme, c'était le mot le plus parlant pour la décrire. Elle s'installait sur le fauteuil, face au bureau dans un long soupir.
"Bon..." Disait-elle. "Je crois qu'il faut que je parle. C'est la merde. Ca l'a toujours été de toute manière. Tout se que je touche de toute manière part en vrille depuis que je suis dans cette ville de merde." Elle partait ainsi sur le manque que lui suscitait sa fille. Ce vide immense qu'il était impossible de combler. Des regrets qu'elle éprouvait par son travail en tant que flic qui passait bien au delà de toutes les priorités domestiques. Cet abandon tant familiale et privé qu'elle faisait au profit du G.C.P.D dans l'espoir d'apporter à sa progéniture un semblant de sécurité lorsqu'elle allait être en âge de sortir toute seule dans la rue. Mais au lieu de ça, elle avait juste réussi à tout gâcher. A ruiner sa vie familiale et à saborder sa propre santé tant physique que mentale. C'était désormais un moulin à paroles et à aigreur. Tout y passait, sauf sa relation amoureuse avec Grayson. Elle parlait de sa rancœur au G.C.P.D de toutes les personnes qu'elle abhorrait et qui lui rendait copieusement en retour. En tout cas si la théorie des humeurs était réelle, Esther serait typiquement le genre de personne à suer de la bile noire en continu.