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 Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]

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MessageSujet: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyVen 24 Mar 2023 - 13:46





  • Type de RP : event
  • Date du RP : 08/03/2019
  • Participants: Azzura et sa bande, Aliénor et ses anxiétés, Liz et ses manigances
  • Trigger warning: mort, pensées suicidaires, dépression
  • Résumé: Liz invite un petit groupe de justicier et une hackeuse pour relancer les communications téléphoniques dans le quartier d'Amusement Miles en prenant le contrôle d'une ancienne tour de communication au Gant Noir.




La petite silhouette cachée sur le toit de l'immeuble de trois étages avait son attention focalisée sur la tour qui lui faisait face. Le bâtiment, construit dans les années 70, était désormais dans un état de délabrement avancé. Sans aucune intervention des pouvoirs publics depuis plusieurs décennies pour le restaurer, il a fatalement subi les outrages du temps. La tour, avec ses 40 mètres de haut, en pierres sombres, autrefois glorieusement dressée au centre du quartier n'était plus que l'ombre d'elle-même. La mousse verdâtre avait fini de recouvrir des pans entiers de murs. Son style gothique était passé de mode. Les nombreuses arches de pierres et les gargouilles grimaçantes n'inspiraient plus la peur tant elles étaient usées par les saisons. Sa large porte à double battant en bois était maculées de graffitis bariolés.

Pourtant, la silhouette restait là à observer, comme si le bâtiment en fin de vie avait une quelconque valeur. Les heures passaient, mais la petite ombre du haut de son perchoir griffonnait les allées et venues des trop rares patrouilles de police, des gangs. Dessinant les antennes et autres paraboles qui se trouvaient au sommet de la tour. Elle avait récupéré, dans un magasin de bien-être, une paire jumelle destinée à l'ornithologie. Grâce à ces optiques, la voyeuse scruta les arches, les fenêtres et les étages qui composaient la tour. La fixant avec un tel intérêt qu'elle aurait pu s'imaginer déambuler à l'intérieur.

Mais un soir la petite silhouette ne vient pas, pas plus que le lendemain, ni même encore le jour d'après. Elle avait toutes les informations qu'elle désirait pour lancer son plan. Il était grand temps que Gotham se sorte les doigts du cul.

Le plus dur pour Liz avait été de trouver des personnes qui étaient motivées pour se salir les mains. Elle prit contact avec plusieurs connaissances, mais aucune ne voulait entendre parler de son plan. Soit on ne la croyait pas, soit les mots "affronter le Gant Noir" faisait fléchir même les plus farouches combattants. Il est vrai aussi qu'elle inspirait plus la pitié que la confiance charismatique d'un leader. Petite brune aux cheveux hirsutes, avec des piercings aux nez et aux lèvres et aux tatouages voyants. La punk aux yeux vairons passait plus pour une allumée que pour un stratège capable de rivaliser avec la pègre.

Liz avait dû se résoudre à convier ce qu'elle imaginait être son second choix, l'équipe B, les seconds couteaux. Avec un peu de réticence pour les premiers, car elle ne les connaissait que peut voir pour certains pas du tout. Et l'équipe qu'ils formaient n'avait pas fait assez parler d'elle pour connaître leurs limites ni même la façon d'opérer. Pour la seconde... C'était presque tout le contraire. La hackeuse avait entendu parler d'une jeune fille, on la décrivait comme ayant le même style qu'elle, traînant dans les mêmes endroits, militant pour les mêmes causes avec de solides connaissances en informatique. Lisbeth hésitait à lui faire part de son plan tant il était dangereux et que la jeune femme qu'elle avait à l'œil n'avait pas les épaules assez larges pour supporter cela.

Ils avaient tous rendez-vous chez elle, car depuis la "chute" qu'avait subie Gotham la hackeuse ne pouvait pas rejoindre son petit hangar et se faire pincer pour si peu avant que le plan ne débute aurait été dommageable. Aussi, elle attendait patiemment leurs venues, assise sur l'égouttoir de son évier, ses pieds nus dans l'évier lui-même, la clope au bec. Son regard perdu dans le ciel nocturne, à contempler les étoiles.

Son petit meublé était au troisième étage d'un immeuble crasseux dans les Narrows, proche du port. Salon, cuisine américaine, salle à manger et 2 chambres et une salle de bain était le petit monde de Lizzy. Son matériel informatique, inutilisable sans électricité, était accroché tapissait l'un des murs du salon et, en bonne hôtesse qu'elle était, avait dégoté des sodas pour la soirée et fait des sandwich au thon mayonnaise avec des morceaux de chips aux bacons dedans. Une batterie de voiture alimentait une unique ampoule qui éclairait chichement la table.

Autant, elle avait pu parler à la belle justicière de vive voix pour l'inviter elle et son équipe afin de développer son plan, autant pour Aliénor, c'était quitte ou double. Une personne de l'entourage de l'Irlandaise devait lui remettre une carte avec le dessin d'une petite souris et son adresse et la date du jour. Elle espérait à moitié qu'elle avait entendu parler d'elle sur le Dark Net avant la "chute", son autre moitié espérait qu'elle ne viendrait pas, pour sa propre sécurité.


liz regardant par la fenêtre de la cuisine:


Dernière édition par Lisbeth Zalachenko le Dim 26 Mar 2023 - 15:45, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyDim 26 Mar 2023 - 1:11






Aliénor s’effondra entre les cartons. Son cœur pulsait jusque dans ses oreilles à coups hâtifs et saccadés. Tête dans les mains, adossé à une boîte, ou plutôt jetée le dos contre les côtés de ses caisses comme si par se contact elle pouvait retenir close la porte du placard dans lequel elle essayait de d’enfermer tous ses squelettes, tous ses cauchemars. Si elle avait pu tâter son front, elle l’aurait senti brûlant. Si elle avait pu essuyer ses larmes, elle l’aurait fait. Mais cela n’aurait servi à rien. Elles auraient été immédiatement remplacées.

- Tout va bien camarade ?

La tigresse se força à sourire sous le masque, dans un cruel automatisme, avant de reprendre un peu pied avec la réalité, de réaliser où elle était et de comprendre que sous le masque, son sourire, faux ou pas, on ne le voyait pas. Elle leva au ciel un pouce affirmatif, en pensant à Nolan qui faisait toujours cela, et reteint un nouveau sanglot. Le pouvait-il encore, son meilleur ami, faire ce geste enthousiaste de la main quand il devait, là-bas dans ces terres qui lui manquaient chaque jour davantage, feindre un deuil qui était faux en craignant chaque jour qu’il devienne vrai ? Pouvaient-ils encore espérer, s’enthousiasmer,  les camarades de Dublin, la bande, ceux qu’elle aimait, quand elle leur causait tant de tourments ? Pourrait-elle leur donner de ses nouvelles un jour, leur prouver que contre l’envie qui l’habitait et l’aimantait toujours vers le danger, elle tenait sa promesse et demeurait vivante ? Echouerait-elle à tenir parole assez longtemps pour leur dire qu’elle l’avait tenu ? Réussirait-elle à garder sa raison assez longtemps pour pouvoir leur dire quoique ce soit ? Les larmes passaient sous le masque et coulaient sur son cou, la salissant d’une désagréable transpiration salée.

- Un peu fatiguée, mais ça va.

Ça n’allait pas. Comment pourrait-ce aller ? La vérité, c’est qu’elle avait envie de hurler. Comme un loup, comme fou, comme le monstre qu’elle était.  La vérité, c’est qu’elle avait envie de s’enfoncer les ongles et les doigts dans l’estomac pour en retirer cette masse gluante verdâtre et visqueuse que l’on appelle la peur. La vérité, c’est qu’elle était terrorisée.

Cela devenait récurrent. Une mission périlleuse pour laquelle elle s’était portée volontaire, une attaque, une agression… On était à Gotham cela arrivait souvent, et il arrivait toujours qu’elle intervienne. Cela c’était en quelque sorte normal, mais ce qui ne l’était pas, c’était ce qui arrivait maintenant. De plus en plus souvent. La première fois qu’elle avait entendu une détonation, qu’une balle c’était figée dans un jerrican d’essence, elle avait remercié l’inconnu qui selon toute vraisemblance, l’avait sauvée des sectaires qui voulaient tuer cette jeune punk qui lui ressemblait un peu. Elle avait voulu croire à un acte désintéressé, gratuitement gentil, ou qu’il s’agissait d’un ami de la jeune femme, d’un ennemi de ces fous dangereux. Et puis, et puis, cela c’était reproduit. Elle était en danger, attaquée, et soudain, alors qu’elle se trouvait au plus mal, une détonation, une explosion et les ennemis étaient blessés, écartés, ou voyaient leur attention détournée. Cela lui sauvait peut-être la vie, mais surtout cela lui faisait peur. Peur. Si peur…

Une seule question désormais hantait son esprit : par qui était-elle suivie ? Qui l’observait ? Qui la suivait ? Qui la stalkait ? Et pourquoi ? Pourquoi ce cauchemar recommençait ? Quel mal voulait-on encore lui faire ? Qui voulait encore a blesser, la briser, comme si elle ne l’avait pas assez été ?

Elle aurait tellement aimé en parler. Demander secours aux camarades, mais elle ne pouvait pas. Elle les aimait beaucoup, c’était sûr, les aidait tant qu’elle le pouvait, les défendrait toujours et se battrait avec eux pour les mêmes choses et les mêmes causes. Mais elle ne pouvait leur faire confiance au point de leur ouvrir son cœur. On est si vite trahi.

Et plus encore que la trahison, que le couteau planté dans le dos, elle craignait autre chose. Autre chose de pire. Qu’on ne la crut pas. Qu’on la crut folle. Et pire encore : qu’elle le soit. Qu’elle s’imagine des choses. Mais pourtant, les camarades l’avaient bien entendu exploser, non, le pneu de la voiture qui les avait pris en chasse ? Elles l’avaient bien vue, la bouteille exploser dans les airs ? Non ? Peut-être les avait-elle mal compris ? Peut-être avaient-ils mentis par lassitude, ou par complaisance ? C’était peut-être des coïncidences ? Mais ce n’était pas probable, pas si souvent ; C’est si peu crédible statistiquement ! Est-ce que c’était un phénomène tout à fait normal ? Enfin, non, cela ne pouvait pas l’être ! Les bouteilles de verre n’explosent pas dans les airs spontanément ! C’est à l’atterrissage qu’elles se brisent ! C’est établi scientifiquement ! Non ? Non … ? … non ?

Elle suffoquait, étouffée par la propre bille qu’elle se faisait, mourant d’envie que quelqu’un la prenne dans ses bras pour la protéger, la réconforter, la consoler, elle que le corps des autres terrifiait, elle qui ne pouvait ressentir leur toucher sans avoir envie de se débattre et de hurler. Elle voulait voir, ne serait-ce qu’à travers la 2D d’un écran, ne serait-ce que sous forme de mots affichés sur la messagerie d’un téléphone, les seuls êtres humains qu’elle pouvait vouloir serrer dans ses bras sans paniquer, les seuls qui pouvaient lui dire si elle voyait la vérité, les seuls qui la défendraient contre l’invisible futur agresseur, ceux qu’elle aimait, ceux lui manquaient…

Sous le masque, les larmes coulaient. Sur son cou, sur ses joues, le long de sa poitrine et de ses bras.





- Tiens, Tigre, une lettre pour toi.

La petite anarchiste blonde tendit une missive à sa camarade au masque de fauve, qui la pris d’un air absent. Lorsqu’elle fut suffisamment présente pour pouvoir parcourir la missive, ce fut pour manquer de la lâcher, figée par l’angoisse.

qui ?Qui ? QUI ? Qui savait qui elle était ? Qui savait qu’elle était là ? Qui pouvait remettre pour Tigre une lettre adressée à Aliénor ? Qui avait fait le lien entre l’étudiante effacée et la militante anarchiste ? Qui lui demandait, ou plutôt prétendait lui demander de l’aide en raison de ses capacités informatiques et de hackeuse ? Qui avait fait le lien entre Tigre et Cobra ? Qui prétendait qu’elle avait des compétences en combat et pour ce genre de missions ? Qui avait fait le lien entre Aliénor et Vipère ? Qui lui donnait rendez-vous, comme de par hasard, à quelques pas seulement de son appartement ? Qui l’avait à ce point démasquée ? Qui l’avait à ce point repérée ? Qui la suivait, qui la connaissait ? C’était à devenir fou, et c’est ce qu’elle faisait.

Pourtant, d’autres choses dans ce message l’interpelaient. Le motif, le motif officiel, du moins. Un motif auquel elle ne pouvait qu’adhérer. Elle haïssait le Gant, abhorrait leurs actions, leurs idées. Rien n’était plus urgent que de les contrecarrer. Et puis ce dessin. La petite souris… Ce nom était loin de lui être inconnu, à la petite génie des ordinateurs qui fréquentait ce milieu depuis longtemps. Qui aurait eu l’idée de l’utiliser pour la piéger ? C’était si étonnant, si étrange… Cela ne cadrait pas. Cela sentait le piège. Mais ça ne sentait pas le flic. Ils n’auraient pas pensé à cela. Enfin, rien ne permettait en toute rigueur logique d’en écarter la possibilité, mais cela ne leur ressemblait pas…




Elle voulait savoir. Il lui fallait savoir. Sinon, elle allait perdre à imaginer des hypothèses ce qu’elle avait de plus cher : sa raison. Et cela elle ne le voulait pas. C’était pour cela, pour la vérité et sa santé mentale, un peu, qu’en ce jour elle était là. Pour cela bien plus que pour l’espoir d’y croire. Pour cela au-delà de l’attrait de la mort qui se cachait toujours derrière le danger.

Capuche baissée et foulard sur le nez, planquée dans un coin, dissimulée dans l’ombre, là d’où elle pourrait voir venir tout le monde et en particulier les mauvais coup, l’irlandaise attendait immobile, à l’affut du moindre danger. Une heure encore, la nuit était déjà tombée.

Un sourire en larme de rasoir tranchait ses lèvres presque autant que la crainte ses nerfs, mais dans le même instant elle était droite et froide, patiente et concentrée ; elle attendait son heure dans la nuit glacée. Sur ses épaules était noué le sac qu’elle avait préparé en même temps que son plan et toutes les éventualités. Dans sa botte non pas un mais deux couteaux, prêt à voler rejoindre ses mains. Car si une partie de l’esprit désespéré de la toute jeune femme pouvait être séduit par la mort, par la promesse de ne plus souffrir qu’elle savait apporter et la précipiter toujours vers le danger, refusant la lâcheté jusque dans chaque atome de son cerveau, elle était déterminé à vendre chèrement sa peau.


Ceux qui croient assez en l'avenir pour se battre pour leurs valeurs sont fêlés.
Et tant qu'y aura d'la haine dans mes seringues, je ne chanterai que pour ces dingues !



Portrait d'Aliénor :


Quand fera-t-il jour camarades ? :
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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyDim 26 Mar 2023 - 15:20

Et tout en haut, l'espoir
La foire aux insectes

Jour de l'opération. L'équipe de la Taquiera s'était préparée à agir pour prendre le contrôle de cette tour. Il était difficile d'imaginer qu'ils y arriveraient, mais simplement reprendre le contrôle des communications un moment permettrait beaucoup de chose. Au pire, ils installeraient une backdoor et pourraient avoir. La Tégénaire était confiant vis-à-vis de cette opération, et bien qu'il fallut convaincre El Padre, celui-ci était au final toujours chaud de casser des gueules du Gant Noir.

Azzurra, comme toujours été plus mesurée. Ils arrivaient depuis leur van et débarquèrent dans l'ombre, une fois garés devant la vieille tour de métal. Deux autres voitures suivaient. Ils savaient que face au Gant Noir, il n'était pas question de neutralisation en attente des forces de l'ordre pour une prise en charge du problème. Il s'agissait de neutralisation pour avancer peu importe si un arrêt respiratoire était impliqué ou non. Maestra portait son masque d'or. El Padre son masque d'argent et on blouson de cuir. Sans oublier les gilets par balle, les armes pneumatiques et létales au cas où.

Des Mexicains très en colère travaillant pour El Padre étaient tous très équipés aussi et sortaient de leurs véhicules respectifs. Ils avaient tous reçus un plan de la tour obtenue des archives de la ville, avec un accès au caméra qui arriverait aussitôt que la Guêpe s'en serait occupée.

El Padre et ses quatre hommes étaient donc arrivés sur place et avaient sécurisé la zone et les environs. Il avait décidé de laisser à ses pupilles le soin de planifier l'attaque. Ils devaient être indépendants après tout et ils avaient besoin également qu'on s'assure que la zone soit sécurisée avant de commencer l'attaque.

C'en était tout pour le détachement EL PADRE. Le détachement POUPETS contenant la Tégénaire et Azzurra avaient rendez-vous avec la Guêpe dans son appartement. Ils étaient donc partis dans une autre direction.

La Tégénaire portait son costume noir, bottes noires. Ses cicatrices bien mises en évidence, il avait une tête de démon ; on aurait clairement dit le commandant du 7ème bataillon de Lucifer. Et il l'adorait. La poupette au masque d'or le suivit au train, avant d'entrer dans l'appartement de la Guêpe.

Ils attendaient d'avoir le feu vert de tout le monde pour commencer.

- Yo !

La jeune femme vit une autre gamine qu'elle ne connaissait pas à ses côtés. Elle comprenait maintenant pourquoi son plan pourrait ne pas être pris au sérieux, c'était pas une équipe de choc. Le Masque d'Or la salua de la tête pendant que la Tégénaire fit un salut un peu plus cérémoniel.

- On a réussi à convaincre le grand patron. Il est en train de sécuriser la zone et nous donnera un compte-rendu avant qu'on y aille nous-même. Si on a besoin d'infos pour notre plan, on pourrait lui demander si les infos sont... obtenables depuis l'extérieur de la tour. Y a quatre autres hommes avec lui, ça nous assurera le recul qu'il nous faut. Maintenant, on écoute ton plan.

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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyLun 27 Mar 2023 - 22:06

Le grand déballage


Liz avait laissé sa porte entrouverte comme une invitation implicite à entrer. Elle aurait pu mettre une lampe rouge pour s'amuser, mais cela aurait fait entrer beaucoup de personnes qu'elle ne voulait pas voir. Elle entendit arriver en premier la justicière au masque doré et son acolyte informaticien. Il avait dû faire forte impression dans les escaliers de son immeuble. Les ragots iraient bon train entre les habitants de la bâtisse. Mais ce que pouvait penser ou dire les autres Lisbeth s'en fichait. Elle écrasa sa cigarette dans l'évier et quitta sa place pour se mettre en bout de table, comme pour présider le débat.

Son regard vairon était résolu et déterminé à faire avancer les choses et donc lancer son plan. Elle hocha la tête quand Tégénaire, un peu flippant dans son habit noir et Azzurra, toujours très belle et égale à elle-même, s'installèrent autour de la petite table.

_ "Yeap yeap" répondit la hackeuse à l'entrée en matière d'Azzura.

La hackeuse n'avait pas vu Cobra, elle était peut-être cachée dans le vestibule à les espionner. C'était son droit. Où alors celle qui était présentée comme son double avait tout simplement décidé de ne pas venir, ou bien encore n'avait jamais reçu le carton d'invitation. La Petite Souris décida qu'il fallait avancer et dévoilà son plan.

La frèle jeune femme aux cheveux hirsutes disparut un instant sous la table pour finalement y déposer un carton usé en grimaçant sous son poids. Il avait tout un fatras d'électronique dedans. Ses mains agiles en extirpèrent finalement 3 talkies Walkie de mauvaise qualité et en posa un devant chaque personne présente.

_ "Les piles sont OK, tous branchés sur l'canal 4." Fit-elle d'un ton monocorde.

Puis déplia une carte papier qui avait connue des jours meilleurs. L'échelle était au 1 : 50000, la mutante avait eu beau chercher elle n'en n'avait pas trouvée de plus précise. Tout Amusement Miles s'étalait à présent sous leurs yeux. Lisbeth punaisa leur cible principale.

_ "Ch'suis nulle quand il faut parler, alors m'faites pas répéter. Notre cible : l'ancienne antenne d'télévision d'Amusement Miles... Et ici.. là... Et là... Nos voies d'sorties si on est r'pérés." Dit-elle avec son petit accent russe sans lâcher des yeux la carte.

_ "La tour fait 40 mètres de haut, bâtie dans les années 70, genre flèche d'église gothique, jamais entretenue. Y'a 4 étages et un sous-sol. Y'a jamais personne dedans. Mais l'gang du quartier n'est jamais loin. Faudra faire gaffe. Mais si on y arrive ... Tout l'quartier aura du réseau... Accès aux informations... Ils goberont plus leurs mensonges et les gens pourront parler avec leurs familles."

Elle sortit une feuille A4 pliée en quatre de sa poche et l'étala sur la table. Tenta de l'applatir à plusieurs reprises avec ses mains sans trop de succès. On pouvait y voir le dessin maladroit de la tour vue en coupe. Nerveuse, la jeune femme s'alluma une nouvelle cigarette.

_ "D'après c'que j'ai vu, ça r'ssemble à ça dedans." Son index appuya ses propos en indiquant les salles qui composaient la tour à mesure qu'elle les évoquait.

_ "Au rez-de-chaussée, l'interrupteur général, faudra le mettre sous tension une fois que tout le monde s'ra en place. Pour toi ?" Fit Liz en regardant Azzura droit dans le masque. "... Et faudra aussi qu'tu nous ouvre la porte aussi." Elle regarda le plafond et vida ses poumons plein de fumée pour ne pas intoxiquer les convives.

_ "Au premier, y'a un ordi, attend toi à un vieux truc, genre disquettes molles. Lui, il calibre l'signal" La Petite Souris fouilla dans le carton et déposa divers adaptateurs et broches devant l'homme aux cicatrices.

_ "Ca c'est ton rôle. J'serais au talkie en cas d'problème" lâcha-t-elle tout en tirant sur sa cigarette.

_ "J'te file différents adaptateurs, tu pourras t'connecter avec ton ordi perso comme ça, mais tu d'vrais pas en avoir b'soin. C'est juste si l'PC d'la tour déconne." Lâcha-t-elle

_ "Moi j'monte au 4ème... J'alignerais manuellement l'antenne avec le satellite" dit-elle en mordillant l'ongle de son pouce, signe de nervosité chez elle.

Lisbeth garda pour elle la fin de son plan. Si tant est qu'ils y arrivent, la petite russe utiliserait les premières secondes de connexion pour s'infiltrer dans un satellite géostationnaire d'observation pour l'utiliser afin de retrouve ce qu'elle avait perdu dans la chute d'Iron Height, ceux pourquoi elle s'était tant battue ces derniers mois. Puis, ensuite, les habitants de ce quartier de Gotham verraient leurs téléphones s'allumer comme des sapins de Noël. Tous les textos non reçus, les émails, tout aller débouler. De qui rompre l'étreinte du Gant sur cette partie de la ville.

_ "On s'ra sur l'terrain du Gant Noir. Si ça vous pose un problème, vous partez, personne vous ne voudra, ces types sont des salauds. Si c'est OK pour vous alors c'est OK pour moi. On y va."
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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyLun 3 Juil 2023 - 0:31

Depuis le coin de ruelle, où tapie dans l’ombre comme un léopard guettant un bouquetin ou un lapin se cachant d’un renard, elle attendait son heure, l’anarchiste observa le remue-ménage accompagnant l’arrivée de la justicière italienne et de ses alliés. Invisible qu’elle était, dissimulée par l’angle d’un panneau publicitaire, elle ne s’en plaqua pas moins contre le mur, souffle coupée, pétrifiée par la peur d’être repérée. Néanmoins, elle surveilla ce chahut visible et bruyant avec intérêt et méfiance. De toute évidence, il se passait quelque chose.

La curiosité se faisant plus forte que la crainte, elle se décida après quelques hésitations à se rapprocher. Elle n’emprunta toutefois bien évidemment pas le chemin de la porte d’entrée. Le traquenard était tout à fait possible. C’eut été être suicidaire. Bon, certes, elle l’était. Mais c’eut aussi été être stupide. Et cela, elle ne l’était pas.

Le long de l’immeuble courrait l’un de ses escaliers métalliques typiquement gothamites destiné à permettre de fuir les flammes ou le gaz en cas de danger. S’il était bien évidemment tiré sans accès depuis le rez-de-chaussée, sans quoi les locataires de cette sympathique habitation eussent tous pu dire adieu à toutes leurs possessions, ce n’était pas un obstacle insurmontable pour l’agile communiste. Des années de patin à glace et de basket lui avaient donné la détente d’un renard. Elle prit son élan, et sauta.

Ses doigts frôlèrent à peine le métal, mais ce maigre appui lui suffit. Arcboutant ses muscles, elle se hissa jusqu’à la première marche, puis grimpa silencieusement jusqu’à l’étage où une fenêtre ouverte laissait filer le contenu d’une discussion animée.

Depuis la cuisine d’un petit appartement s’échappait la fumée des cigarettes de la locataire mais aussi un plan à l’objectif aussi salvateur qu’ambitieux : redonner à la ville enfermée une porte de sortie sur le monde extérieur. Si cela s’avérait être plus qu’un moyen de la piéger, ce serait merveilleux. Redonner au peuple du lien social et humain, le droit à l’information et le moyen de rêver et de communiquer ! Lui redonner à elle aussi, l’espoir d’entendre la voix de ses amis…

La hackeuse écouta la petite voix de la mutante parler avec la plus grande des attentions. Le plan lui paraissait bon. Dangereux mais pertinent. Certes, à accompagner l’expédition, tous risquaient leur vie. Mais, assise qu’elle était en équilibre sur la rambarde d’une frêle armature d’aluminium, nonchalamment adossée au mur de vieilles briques, les jambes dans le vide à dix mètres au-dessus d’une chute qui pourrait lui rompre le cou, Aliénor ne voyait pas vraiment d’objections sérieuse à ce léger point de détail.

Toutefois, avant de prêter une infime parcelle de confiance, il lui fallait voir si l’on se jouait d’elle et à qui elle avait à faire. Enjambant la balustrade, elle s’agrippa à la gouttière, afin d’observer à loisir ceux qu’elle avait écouté sans les voir. Il s’agissait de vérifier définitivement que tout cela n’était pas qu’un piège. Et de ce que sa position d’un danger inconsidéré lui permettait d’observer, elle pouvait s’assurer que cela n’avait pas, du moins pas trop l’air d’être le cas.

Certes, la jeune punk aux cheveux noirs qui lui tournait le dos avait un air familier. Mais si le sentiment de déjà-vu qui l’avait pris en la voyant l’avait tendu et inquiétée, elle n’avait pas pour autant le souvenir ou le sentiment que c’était parmi ses ennemis qu’il fallait la chercher. Et si elle n’avait pas souvenir d’où elle avait pu la croiser, elle en savait en revanche assez pour décider que l’objectif valait le risque et pour prendre la décision de les rejoindre.


« En tout cas, moi ça me va. » répondit sa voix, amplifiée par le masque de tigre révolutionnaire qui lui était désormais une seconde peau autant qu’un étendard et qu’un bouclier.

Elle se tenait face à la fenêtre, en équilibre sur une haute branche d’un petit hêtre qu’elle avait atteint en s’agrippant aux branches et se coulant le long du mur.

Prenant un léger élan, celle qui avait grandit en grimpant les falaises des côtes irlandaises pris son élan et bondit. Clôturant son envol d’une prise ferme sur l’angle instable d’une canalisation externe, elle se glissa prestement le long des briques et posa les pieds sur le rebord de la fenêtre. Toujours un couteau caché par précaution dans sa manche car nul ne saurait être trop prudent dans ce monde hostile, elle poussa du bout de la chaussure la vitre de la fenêtre sur le rebord de laquelle elle était dressée sans sembler se soucier des trois étages de chute potentielle qui s’étendaient sous ses talons. Puis, enjambant le pot de géraniums, elle sauta dans la petite pièce exactement comme si elle ne venait pas du tout de faire de périlleuses acrobaties au-dessus du vide avec le naturel que des gens normaux auraient exprimés pour passer la porte d’un supermarché.



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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyLun 3 Juil 2023 - 13:15

Lisbeth sursauta et se retourna d'un bond pour faire face à la voix qui avait parlé. Une silhouette indistincte sauta depuis un arbre et arriva dans la cuisine en quelques bonds précis. Une vraie acrobate. La petite punk la reconnut et soupira d'aise un court instant, relâchant la pression accumulé dans ses épaules. La Petite Souris fixa la nouvelle venue avec un petit sourire qui s'effaça bien vite.

_ "Contente que t'es pu v'nir" fit-elle sur un ton neutre.

Elle se retourna sans plus de cérémonial vers les autres attablés et présenta la tigresse.

_ "Une connaissance, elle viendra avec moi au 4ème étage jouer avec les antennes d'la tour"

Liz regarda le masque du tigre pour voir si cela lui convenait puis reporta son attention sur les autres. Puis leva son index de façon impérieuse au-dessus de la table.

_ "On joue pas les héros, si ça chauffe vous vous barrez. J'ai pas la prétention d'vous donner d'ordre, mais ça c'est un ordre"

_ "Tégénaire et Azzurra, on s'retrouve au pied de l'a tour."

La petite punk se tourna à nouveau vers la jeune acrobate masquée.

_ "Toi et moi on prend ma moto"

Les justiciers partirent les premiers avec la voiture qui les avait amenés chez la planificatrice. Liz ferma son appartement à clef et descendit les 3 étages les mains dans les poches et la tête cachée dans la capuche de son hoodies suivi par la Tigresse. Elles entrèrent dans un garage vide à l'exception d'une moto qui trônait en son centre, une petite 125 cm3. La mutante tandit un casque à son invitée ainsi qu'un double des clefs de contact.

_ "Si y'a un soucis, tu prends la moto et tu files. J'veux pas qu'tu restes bloqué" expliqua Liz à l'autre jeune femme.

Tourner la clef du contact une seule fois suffit à faire démarrer le moteur. Le deux-roues roula à vive allure dans les rues solitaires de Gotham. L'absence de patrouilles de police ces derniers mois, ajoutés à cela que l'essence s'échangeait à prix d'or dans certains quartiers avait fluidifié, mais aussi tari le trafic routier.

La Russe gara sa moto à un bloc de la tour d'Amusement Miles. Cette dernière semblait plus sombre et plus silencieuse que pendant ces repérages. Liz s'ébouriffa les cheveux et ne pensa plus à ce genre de pressentiment, ne voulant pas leur porter la poisse.

Les deux femmes s'approchèrent sans bruit de leur cible. Au loin, elles aperçurent le reste de l'équipe, dissimulée dans les ombres. Pas une voiture et pas un bruit dans la rue, c'était le moment. Un appel de phares illumina brièvement une ruelle adjacente et l'opération débuta. Les 2 groupes se rejoignirent après avoir monté une volée de marches usées par le temps, devant la large porte à double battant en bois maculées de graffitis de la tour. La mutante auraient pu enfoncer cette dernière avec son don, mais cela aurait ameuté tout le quartier et surtout l'aurait privé de ses forces vives, qu'elle voulait garder intacte en cas de soucis. La balle était donc dans le camp des justiciers. Dos au mur, le cœur battant, Liz attendit que la porte s'ouvre.
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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptySam 8 Juil 2023 - 15:35

Et tout en haut, l'espoir
La foire aux insectes

Il y avait une autre poupette qui les avaient rejointes. Elle avait un masque de tigre aussi. Azzurra la trouvait trop chou mais devait rester professionnelle. Elle avait compris le plan, et espérait que en tout cas la Tégénaire l'avait compris au cas où elle aurait un blanc. Mais en gros, il devait aller au premier étage pour calibrer le signal, et elle devait rétablir le courant au rez-de-chaussée.

Tout simple. Azzurra fit un geste de tête et déclara :

- On part. Allons-y.

---

Ils avaient rejoint les lieux dans la fourgonnette parée pour le hacking de la Tégénaire. Azzurra avait conduit, et ils l'avaient garé à un endroit cachée. Il y avait de quoi amplifier tout signal depuis là, mais il fallait pour lui qu'il se rende sur place pour prendre contrôle du calibrer le signal. Azzurra avait mis son masque et s'était parée, gilet pare-balles et tout. La Tégénaire  avait un sac-à-dos avec son matériel. Ils s'approchaient de la tour, évitant de passer par l'entrée principale. Ca avait l'air abandonné. Peut-être étaient-ils attendus ? Difficile à dire. Après avoir observé la zone, ils passèrent à travers une fenêtre cassée pour entrer à l'intérieur. Beaucoup de fenêtres cassées, et plutôt personne. C'en était louche, très louche.

- Faut faire plus de sport, fit Maestra narquoisement en le voyant galérer à traverser la fenêtre.

Enfin, le moment n'était pas à la plaisanterie. Silencieux come une ombre, il l'étaient. Ne voyant pas de danger, ni quoique ce soit de louche, Azzurra s'approcha de l'escalier menant au premier.

Elle repéra la salle où se trouvait les générateurs et tout ce qui concernait l'alimentation, et l'aida ensuite à monter au premier étager pour prendre possession de la salle de contrôle. Il installa son matériel tranquillement au cas où, avant de lui dire :

- Je crois pas que je vais avoir besoin d'utiliser mon ordinateur. Non seulement tout est en ordre mais il semblerait que ça ait été utilisé récemment.

- Mierda. Donc, va y avoir des ennuis. Je vais à mon poste.

Azzurra descendit prudemment, le coeur battant plus rapidement en sachant que l'endroit n'était pas comme elle aurait espéré un petit peu abandonné. Elle revint à son poste, prit connaissance de l'installation électrique et dit au talkie :

- Tégénaire et Maestra prêts. Quand vous voulez.


Aussitôt qu'elle eut la confirmation que tout était bon, elle alluma l'alimentation générale. Un grand bruit, et plein de bruits de machine. Tout devait avoir été entretenu pour que ça fonctionne toujours malgré l'état de délabrement du bâtiment. Azzurra vérifia que personne n'intervenait et remonta au premier étage pour protéger Tégénaire. Un écran s'allumait dans la pièce et il commença à mettre en place le tout pour que tout fonctionne. Jusque là tout allait bien.

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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptySam 29 Juil 2023 - 21:39

«On joue pas les héros, si ça chauffe vous vous barrez. J'ai pas la prétention d'vous donner d'ordre, mais ça c'est un ordre. »

"Je te préviens, je vais sans doute te décevoir. " ironisa intérieurement l’insurgée anarchiste, bien incapable de ne pas risquer sa vie dès que se présentait l’occasion d’un peu de baston et bien déterminée à ne jamais se soumettre aux ordres de qui que ce soit.

Elle suivit néanmoins la punk aux cheveux noir jusqu’à la place à sa mob, la détaillant, d’un regard scrutateur sans honte ni discrétion. Elle n’était pas grande, plus petite qu’Aliénor en tout cas. Pour le reste, elle lui ressemblait tellement que s’en était presque perturbant. Chevelure noir corbeau, coiffure style "j’en ai rien à carrer", teint couleur linceul, maigre comme un oisillon tombé du nid avant l’âge de l’envol, style punk, autant de joie et de couleurs dans ses fringues que de souci de la biodiversité chez un exploiteur pétrolier.

Elle l’intrigue. Sa voix lui dit un truc et ce détail qui lui trotte dans la tête en grattant sur les rebords de son crâne comme un métronome résonne dans une pièce vide. Où l’a-t-elle entendue ? Bordel ! Où l’a-t-elle entendue ? Nan, sérieusement, cette fille c’est qui, avec ses yeux vairons et son allure menue d’oiseau de nuit ? Et d’où la connaît-elle ?



Elle l’observa, adossée contre la porte du garage, sortir la bécane. Mal à l’aise dans le sous-sol, qui lui rappelait de douloureux souvenirs, elle n’en empocha pas moins la clé, avec un mouvement de tête rapide et efficace en guise de confirmation et de remerciement.  Elle attrapa ensuite le casque. Le mettre sur sa tête sans retirer son masque ne fut pas une promenade de santé le long d’une onde pure et au son des chants d’oiseaux. Plus un genre de casse-tête débile qu’elle mit plusieurs minutes à résoudre, tout en déversant mentalement tout un flot de ses meilleurs échantillons d’insultes en gaélique.

Si elle avait assez bien réussi à dissimuler l’anxiété proche de la panique de se retrouver dans cette pièce souterraine aux murs gris de béton et aux allures de local poubelle, le soulagement qu’elle ressenti à voir de nouveau l’air libre, lui, ne se dissimula pas, ou plutôt n’eut que trop tard le réflexe de se cacher pour soustraire son reflet aux esprits trop aiguisés et aux regards trop scrutateurs.



Les rues étaient presque vides et la circulation fluide. Bien trop fluide. Aliénor aurait pu se croire en train de rouler avec ses potes en plein cœur de Glenveagh (*). Et hors saison. Malheureusement, ou heureusement en un sens, l’illusion qui aurait pu lui procurer quelques instants éphémères d’un bonheur artificiel avant de la plonger plus profondément encore dans l’abîme brûlant de sa souffrance ne fonctionna pas. Elle n’aurait pas pu fonctionner. Rien à trouver de comparable entre les immensités de verdures et de montagnes de ses falaises et les putains de buildings de la grosse pomme. Entre le bleu du béton et le gris des pavés déglingués, entre les feux tricolores éteints qui erraient au bord des routes comme des planches sur l’océan après le naufrage et les poubelles vides des restes de nourriture que plus personne n’avait à manger, on naviguait à vue dans le brouillard de la mauvaise augure. Le long du mobilier urbain carbonisé par les fêlés, l’espoir suspendu, comme délavé dans l’atmosphère de survie minable au jour le jour, semblait bel et bien décédé.

Anxieuse et mal à l’aise, toujours, lorsqu’elle se sentait emprisonnée dans la proximité claustrophobique d’un autre être humain, elle évitait autant qu’elle le pouvait le contact avec le hoodie de la hackeuse, et surtout, la personne qu’elle devinait dessous, se retenant comme elle le pouvait à la bécane pour éviter à tout prix de la toucher. Entre risquer de mourir projetée contre le goudron et réveiller ses vieux démons, choisir le moindre mal. Un coup de volant plus brusque que les autres lui donna pourtant le réflexe aberrant de vivre et elle se raccrocha à Lisbeth instinctivement. Elle s’en détacha aussitôt, nerveuse et gênée. Curieuse aussi un peu de sentir l’autre tout aussi soulagée d’éviter d’être touchée. Toi aussi, tu as peur, n’est-ce pas ? Quels genres de traumas se réveillent en toi quand ton épaule touche la mienne ? Qui est-tu, damoiselle aux petits airs de souris effrayée qui propose des plans capables de faire toucher un genou à terre à l’organisation qui a renversé la ville du Batman ?

Le silence des deux taiseuses fonçant à toute vitesse dans les rues abandonnées se fit lourd et pesant lorsqu’apparut la tour, masse lourde et sombre comme un cafard. L’air était froid et orageux, lourd de menaces inexprimées, comme si l’oxygène lui-même sentait venir l’orage. A qui à l’âme du fermier qui écoute l’âne braire et le cheval hennir, à qui à l’âme du marin qui regarde le vol des albatros et sait lire les étoiles, à qui à l’âme du trappeur qui repère les mouvements du terrier qui annonce l’hiver, les vieilles cicatrices pressentaient le mauvais rencard.



A la suite de Lisbeth, l’anarchiste, silencieuse, monta les marches pour se retrouvée devant une porte taguée de symboles vulgaires et de leurs prénoms par des générations de cons. Non qu’elle n’aime pas le street-art, les tags et les graffitis, elle n’était pas la dernier à laisser des souvenirs anarchistes aux murs des barrières qui emprisonnent le peuple. Mais là, ça n’était pas très militant et surtout  moche à la limite du hors-jeu. Si elle en avait eu l’occasion, et une bombe de peinture rouge ou noire sous la main, elle aurait bien rajouté un petit A par là-dessus, histoire de relever le niveau, un peu.

Mais l’heure était à entrer, et pas à refaire la déco, quoique nécessaire ce fusse. Tandis que la hackeuse, visiblement pas très inspirée, se collait contre le mur, l’air d’attendre qu’on leur ouvre, les autres ou le déluge, l’irlandaise ne s’embarrassa de telles politesses. Sortant de sa botte un couteau suisse, elle entreprit avec une indifférence proche de la désinvolture de crocheter la serrure. Elle avait déjà fait cela, il y a bien longtemps, pour s’échapper d’un couvent. De toute façon, il fallait bien ouvrir la porte et pour se faire, il n’y avait pas trente-six solutions. Et puis enfoncer la porte à coup d’épaules, ou de dynamite, ça fait trop de bruit.



A peine arrivée au quatrième étage, la hackeuse militante se tourna vers sa collègue et déclara de but en blanc :


« Ok. Maintenant trois questions. Un comment tu comptes faire pour aligner l’antenne et le satellite ? Deux, qui t’es et comment t’es remontée jusqu’à moi ? Et trois où est-ce que je t’ai vu ? Parce que je sais que je t’ai rencontrée au moins une fois. »

Regardant l’informaticienne au hoodie noir, Aliénor jeta un œil à la fenêtre qui s’étendait derrière celui-ci, repéra un truc et se tourna.

« Tu sais quoi, tu m’expliqueras tout ça plus tard, pour l’instant, on a de la visite »

Elle regarda la rue par le trou fait à la main et à la hâte dans la couche de poussière du carreau sale. Sur le trottoir, une petite troupe armée de flambeaux, de gourdins et de pieds de biches se dirigeait en rangs serrés vers la tour où ils étaient embusqués. De là où elle était, impossible de déterminer si c’étaient des illuminés du Gant, des caïds un gang local, des skinheads d’extrême droite ou des hommes de main de Satan, mais ils n’étaient clairement pas là pour beurrer les sandwichs.








(*) Parc naturel irlandais situé dans le Donegal, c'est à dire la région dans laquelle Aliénor a passé une partie conséquente de sa vie.


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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyMar 1 Aoû 2023 - 13:30

Lisbeth ne s'était pas trompée à propos de la jeune femme. C'était une pile avec une tête bien faite. Alors que Liz attendait patiemment que le premier groupe lui ouvre la porte, la Tigresse avait déjà dans les mains de quoi ouvrir la porte qui leur barrait le chemin. Et après quelques mouvements secs, le verrou sauta dans les mains agiles de la jeune femme masquée. Liz acquiesça à la prise d'initiative et lui grilla la politesse en s'introduisant la première dans la tour. Pas moyen qu'elle se prenne un coup à sa place. Elles grimpèrent 4 à 4 les escaliers menant au plus haut de la tour. Le talkie cracha que la première équipe était en place et pouvait alimenter la tour. La Petite Souris ne perdit pas une seconde et donna l'ordre. Le premier acte de ce qui pouvait devenir un drame, c'était bien passé... Il fallait maintenant voir qu'elle allait être la réaction du Gant Noir...

La tigresse lui barra le passage de façon autoritaire avant de lui lancer :

« Ok. Maintenant trois questions. Un comment tu comptes faire pour aligner l’antenne et le satellite ? Deux, qui t’es et comment t’es remontée jusqu’à moi ? Et trois où est-ce que je t’ai vu ? Parce que je sais que je t’ai rencontrée au moins une fois. »

La mutante se figea un instant devant le charisme que lui inspirait la petite voleuse et finie par sourire brièvement. Elle se retrouvait à plus d'un titre dans cette attitude fougueuse. Mais de toutes les façons, ces questions étaient légitimes. Elle-même aurait croisé les bras et râlé si aucune réponse ne lui avait été divulguée.

_ "J'vais monter par l'échelle de secours pour arriver sur l'toit. Brancher mon PC à la parabole et tenter d'mettre en place une liaison montante vers l'satellite. Et pour l'orienter, j'vais utilisé mes dons."

La petite punk perçut une lueur d'incompréhension sous le masque du tigre.

_ "T'sais même pas qui j'suis en faite..." Constata Lisbeth tout en pensant "Et pourtant tu me suis quand même, tu t'accroches à l'idée d'aider les gens."

« Tu sais quoi, tu m’expliqueras tout ça plus tard, pour l’instant, on a de la visite. »

Lis se pencha aux côtés de la jeune femme, jetant aussi un coup d'œil par la vitre pour évaluer la situation. Du quatrième étage, on voyait distinctement des torches et une trentaine de personnes agglutinées les unes aux autres se diriger vers la porte de la tour.

_ "Putain d'tarés" fit Lizzy avant de mettre le talkie à sa bouche : "On a d'la visite, ils ont plus fait vite qu'prévu. C'est des espèces d'extrémistes qui pensent que la technologie, c'est comme les femmes ça s'brûlent. Ils z'ont pas d'armes à feu, mais ils sont nombreux et très cons. Z'oni faillit m'cramer y'a pas longtemps. La porte du bas va les retenir, mais pas éternellement. Barricadez-vous le temps de finir le branchement !"

Voyant hésiter sa comparse, la mutante lui demanda de rester à ses côtés pour l'aider dans la suite des opérations. Elles s'engagèrent dans alors un couloir poussiéreux au pas de course. Tout l'étage était jonché de fauteuils, d'étagères renversées et de feuilles de papier éparses. Un chaos silencieux que les deux femmes traversaient pour trouver l'angle du bâtiment.

_ "C'est pas des mecs du Gant Noir..." Fit-elle tout haut, comme pour elle-même.

Elles arrivèrent devant une lucarne, Liz crachait ses poumons après cette course, mauvaise manie de fumer. Ses petits doigts arrivèrent néanmoins à ouvrir la fenêtre de style gothique. Et doucement, à tâtons, qu'elle put atteindre l'escalier de secours. Elle dut tendre le bras comme une forcenée pour finalement pouvoir s'y agripper comme une tique à un chien. La Petite Souris resta un instant à reprendre son souffle bruyamment sur l'échelle. Les jointures de ses doigts étaient blanches à force de serrer les barreaux de l'échelle et ses bras commençèrent à se tétaniser, l'escalade aussi n'était pas son truc.

Les deux jeunes femmes montèrent sur le toit et trouvèrent sans encombre la parabole et la forêt d'antennes qui l'accompagnait. La hackeuse demanda à ce qu'Aliénor lui ouvre une petite plaque métallique fermée par des visses au pied de la parabole, tout en lui jetant un tournevis, profitant de ce laps de temps pour ouvrir son ordinateur portable, le dernier né de chez Wayne tech qu'elle avait customisé, et lançer les programmes de communication. Aliénor eut vite fait de faire sauter la protection, Liz lui lança alors un câble fait de plusieurs fils attachés ensemble par des serre-joints en plastique et lui demanda de le brancher à la parabole.

La première équipe lui confirma par talkie que les Fous étaient arrivés et qu'ils tentaient de forcer l'entrer.

La hacheuse était en tailleur son PC entre les jambes, en train de mordiller l'ongle de son pouce en bougeant le haut de son corps d'avant en arrière, comme en transe, son regard braqué sur l'écran.

_"Allez... Allez... Allez... Plus vite... Connecte-toi" murmura-t-elle

Un pourcentage progressait doucement en direction des 100% alors qu'un bonhomme en code ASCII était en train de courir en bas de l'écran.
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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyLun 21 Aoû 2023 - 21:54

Et tout en haut, l'espoir
La foire aux insectes

Il allait y avoir du grabuge. Azzurra avait des fourmis aux mains tellement l'excitation de cogner l'avait envahie. Nombreux et très cons, mais pas d'armes à feu. Ca allait être parfait pour ce qu'elle comptait faire.

- On va faire de notre mieux, Maestra, et on décampe aussitôt qu'on aura repris le contrôle.

Maestra acquiesça de la bouche. Elle repéra quelques chariots et caisses sur le côté, puis croisa les bras, laissant Mark se concentrer à fond sur ce qu'il faisait, vu que ça allait l'air difficile. Elle hésita à le couper, et finalement dit :

- Barricadez-vous. Je vais essayer de faire diversion.

Elle quitta le poste d'alimentation générale. Ce n'était pas le Gant Noir. Qui ça pouvait bien être ? Surement la mafia des télécoms, c'en était presque sûr. S'approchant de l'entrée tranquillement, afin de bien baliser le terrain autour d'elle mentalement pour bien anticiper ce qui pourrait arriver ensuite, chercher les points de fuite, et s'assurer de ne pas se jeter dans une impasse au moment où elle combattrait, elle entendit Mark confirmer que son travail était fait et que tout était aligné.

Azzurra attendit derrière la porte blindée, sautillant sur elle-même pour s'échauffer. La porte blindée tomba plus rapidement que prévu et deux mecs armés d'un bélier se dégagèrent pour laisser entrer d'autres hommes qui ne manquèrent pas de voir la justicière plantée au milieu. Un homme très grand, très fin, avec un visage d'ange et un chapeau de cow-boy semblait être le leader. Il invectiva :

- C'est une propriété privée ici ! Vous êtes qui ?

Azzurra ne répondit pas. Un autre gars, un petit gros trapu et torse nu s'approcha en courant.

- Attendez ! Je la connais, c'est MAESTRA !

Là il la prit de court. Il semblait tout excité on aurait dit un petit porcelet qui venait de voir sa maman porcelette ou quelque chose du genre, Azzurra n'était pas très douée en biologie ses hobbies étant d'avoir de l'anxiété et de cogner. Il présenta un biceps épais et bien gras après avoir demandé quelque chose à un camarade.

- Je peux avoir un autographe ? Sur mon biceps. Vous êtes la plus BONNE des justicières, j'ai juré !

Azzurra ignorait comment elle devait le prendre. Sans trop y réfléchir. Elle signa sur son bras devant le chef du groupe qui avait l'air sur le cul et il reprit son stylo en courant partout et en montrant à tout le monde.

- REGARDEZ ELLE A MÊME FAIT UN COEUR

Elle n'avait pas fait exprès. Première fois qu'elle signait avec son identité secrète. Leur chef finit par soupirer et déclarer :

- Bon. On est là pour lui casser la gueule on est pas à une convention les gars. Ils sont en train de manigancer un truc avec les machines, on va pas les laisser faire, putain !

Le petit gros, tout content, dans l'euphorie, se jeta sur Azzurra. Elle l'esquiva d'un habile pas de côté et il vint se ramasser une marche d'escalier et se rouler en boule. Le grand type pointa Azzurra du doigt et tous les autres se jetèrent sur elle en même temps, et pas comme dans les jeux vidéos où ils iraient un par un. Heureusement ils n'étaient pas très bons et en montant un escalier et en esquivant du mieux qu'elle put, la plupart finissaient au sol avant de la toucher.

- Ils sont minimum 20. Je sais pas qui c'est. dit-elle aux autres, avant d'en hêler d'autres pour détourner leur attention des endroits où se trouvaient ses alliés. Pour le moment, une promenade de santé. Mais ils n'étaient pas si cons et très vite, plutôt que lui foncer dessus un par un, ils réfléchirent à plutôt tenter de l'encercler.

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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptyJeu 31 Aoû 2023 - 13:34






Monter par l'échelle de secours pour arriver sur le toit, c’était logique, disait le bon sens.

Brancher un PC à la parabole, c’était logique, disaient des compétences minimales en informatique.

Tenter de mettre en place une liaison montante vers le satellite, c’était logique, disaient des connaissances en télécommunications somme toutes basiques pour un ingénieur.

Et pour l'orienter, utiliser ses dons. Attends… Quoi ?



L’océan de perplexité dans lequel elle se noyait dans cette ville l’étouffait comme une prison. Elle n’avait jamais été de ceux qui n’aspirent qu’à vivre dans le confort des certitudes. Il fut un temps, même au sein de leur groupe de potes, où certains étaient des chiens fous à la limite de l’inconscience ou autres rêveurs d’aventures, elle était celle qui n’a pas froid aux yeux, que la boue des bas-fonds n’effraie pas, menant s’il le fallait ses idéaux bagarreurs jusqu’aux vestiaires du crépuscule, ne baissant pas les yeux même dans les futaies sombres et les coupe-gorges où tous les gardiens de la nuit vont jouer les funambules. Mais ici, elle était juste perdue, asphyxiée et seule. Pas de constellations visibles entre les immeubles de ce ciel pollués pour servir de boussole, et pas d’amis pour la guider.

Même en elle-même elle ne savait pas toujours si elle voyait clair. Des troubles psychologiques de la dimension d’un ouragan remuaient son esprit. Et dans ce monde heurté de toute part qui frôlait à chaque instant l’apocalypse, et où elle se sentait partout suivie et traquée, où trouver une corniche où s’accrocher pour calmer son vertige ? Elle ne voulait qu’une chose : rentrer. Retrouver sa terre et ses chèvres et ses brebis, fuir le doute et la poussière, revoir enfin son pays.

Ici, tout lui était hostile, inhospitalier. Elle voulait entendre de nouveau la voix de ses amis. Ici, il n’y avait que les traquenards. Quel désert que se pays. Dans sa vie, il n’y avait plus personne, que des brigands et des fous. Mais elle suivait Lisbeth, tant pis pour sa perplexité. C’était son seul espoir. Il n’y avait nulle part d’autre où aller. Elle voulait s’accrocher au dépit de tout ce bruit assourdissant sous son crâne et de se silence sinistre autour d’elle, à l’espoir tout là-haut perché dans le satellite, de réentendre le rire de ses amis. De miner le pouvoir oppresseur du Gant Noir et d’apporter un peu de lumière aux gothamites, aussi.


Les mots suivants de la petite punk, même si c’étaient moins à elle qu’à Maestra qu’ils étaient destinés, eurent pour mérite de ramener ses pensées vers des terrains plus concrets, moins anxiogènes. Ces mots résonnaient en elle, et elle réalisa bien vite que peut être elle tenait là la clef d’au moins l’une de ses interrogations.

Tandis qu’elles courraient vers le toit, elle réfléchissait. Pas tellement pour se demander si leurs invités étaient ennemis ou pas. Misogynes, sectaires, fanatiques, bourreaux. Et venus avec torches et gourdins les caillasser.  Ça tombait sous le sens, Gant Noir ou pas. Milices, petits gangs, tueurs fous, racistes, conservateurs, extrême droite, sectes de tout poil, fanatiques de toutes espèces… La venue du Gant Noir dans la ville et la débâcle de chaos et de désespoir que ses troupes avaient engendrés avait fait ressortir tout ce que la ville comportait de groupuscules extrémistes bêtes et violents comme la pluie fait ressortir limaces et escargots. En moins sympathique, naturellement. Une étrange onde de rêverie songeuse lui fit penser qu’aux yeux de beaucoup de citoyens bien rangés, ils étaient de ceux-là, eux les anarchistes.

Ce qui l’intriguait, c’était l’évènement auquel faisait référence la jeune femme. Ce n’était pas grand-chose, bien sûr, mais ça lui disait un truc. Tandis qu’elles parcouraient au pas de course le dédale de couloirs poussiéreux, suivant la petite punk qui avait l’air de très bien savoir où aller, Aliénor détaillait cette silhouette connue. Pas très grande, plutôt frêle, plutôt maigre…

Une masse broussailleuse et désordonnée cheveux noirs et la peau pâle. Pendant que la hackeuse s’agrippait à l’échelle, l’irlandaise en profita pour détailler son visage, mais les traits fins et irréguliers du petit minois renfermé de la russe ne lui apprirent rien de plus et elle la rejoignit sous la surface du ciel, grimpant sans mot dire et ni difficultés.

Mais c’est en arrivant sur le toit, face au bouquet d’antennes qui se dressaient filandreuses et nues sur les dalles grises comme une haie de pins après une pluie corrosive, que la jeune révoltée remarqua le détail qui confirmait ses intuitions. Bas résille, short noir grossièrement reprisé par endroits, pull noir informe en plastique polaire… Le style de sa comparse, à mi-chemin entre la dérision sarcastique de la société de consommation et les poubelles d’un Emmaüs, correspondait parfaitement au jean noir, au prefecto en polyester et au débardeur imprimé " Where is my mind ? " qui moisissaient depuis quelques mois dans un coin de sa piaule en attendant qu’un improbable hasard lui permette de les rendre à sa propriétaire.


Elle attrapa au vol le tournevis que lui lança la petite mutante, avant de brancher le câble que celle-ci avait visiblement préparé à l’avance. Rapide et efficace, elle travaillait vite et silencieusement, le regard penché sur sa tâche. Mais à la vérité, son esprit était ailleurs. Son cerveau tournait à plein régime. Pendant que ses mains répétaient des gestes maintes mois effectués, son esprit reconstituait les pièces du puzzle.

Ses réflexions étaient sporadiquement interrompues par le grésillement du talkie. Les dingues étaient arrivés ; ils essayaient de forcer l’entrée ; ça se castagnait…Visiblement, la justicière au masque doré avait pour l’instant l’air de se débrouiller. Il faut dire que ses adversaires, si nombreux soient-ils, n’avaient pas l’air d’être des flèches. Et puis, Lisbeth n’avait pas tort : pour l’instant elle était plus utile ici. Aussi restait elle calmement campée un peu en retrait, non loin de la petite punk, qui assise en tailleur à même le sol, attendait nerveusement la charge de sa machine.

Calme. En apparence seulement, car le canif qu’elle dissimulait habituellement dans sa botte avait quitté celle-ci pour rejoindre sa poche, et la main qui y était glissée jouait machinalement avec, passant et repassant les doigts le long de la lame, guettant l’instant de saisir l’arme, les muscles imperceptiblement tendus, prête à bondir vers le combat.

Pourtant, c’était une autre guerre qui se jouait ici, dans les rouages de cette machine -une bête de compétition avait remarqué Aliénor, qui avait retenu un sifflement appréciatif devant l’allure du matos de la petite hackeuse- qui lentement chargeait l’arme principale de leur guérilla. Et dans le cerveau de la petite fauve, c’était encore une autre escrime qui faisait la preuve de son art. Tandis qu’en bas de l’écran le petit bonhomme informatique continuait sa danse, l’œil fixé sur le décompte du chargement comme sur le minuteur d’une bombe, l’anarchiste récapitulait.

1% - Elle avait été victime d’une agression où elle avait manqué d’être brûlée vive.
10% - Les agresseurs étaient des illuminés nombreux mais idiots.
24% - Elle avait la même allure mince et frêle
31% - Les même cheveux noirs, la même peau très claire.
44% - Elle portait des vêtements sombres, punks et usés.
52% - Exactement la description de ceux qu’elle avait ramassés
63% - Ses agresseurs étaient des sectaires qui jugeaient hérétique les femmes et la technologie.
72% - La femme avait été attaquée dans un magasin d’électronique.
79% - Au rayon des téléphone satellites.
84% - Le genre de matériel qu’il fallait tout de même connaître.
86% -Ce qui était de toute évidence le cas de l'informaticienne.
87% - Un objet permettant de contourner par l’espace la coupure de réseau.
89% - Soit précisément ce qu’ils faisaient maintenant.

Tant pis pour les risques, tant pis pour le risque d’erreur et toutes les coïncidences. Elle devait savoir. Elle avait besoin de savoir.  Comprendre ce qu’il se passait. Comprendre tous les évènements étranges, incompréhensibles, qui s’étaient produits ce jour là. Comprendre la malédiction qui semblait la frapper depuis. Retrouver un peu de raison, un peu de logique dans ce monde.


« Quand ? »

Le chargement atteignait les 99% lorsque plantant son regard bleu dans les yeux de la petite mutante, elle avait brutalement son mutisme en posant sans sommation cette question aussi grave qu’a-circonstanciée. Un ange passa en silence sous le regard lourd de la tigresse avant qu’elle ne précise, comme s’il était question de vie ou de mort :  « Quand est-ce que ces types t’ont attaquée ? »


Ceux qui croient assez en l'avenir pour se battre pour leurs valeurs sont fêlés.
Et tant qu'y aura d'la haine dans mes seringues, je ne chanterai que pour ces dingues !



Portrait d'Aliénor :


Quand fera-t-il jour camarades ? :


Dernière édition par Aliénor Snake Greenblood le Sam 2 Sep 2023 - 14:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptySam 2 Sep 2023 - 12:20

Liz posa doucement son PC sur la toiture de la tour, comme si c'était le bien le plus précieux qu'elle n'eut jamais tenu entre ses mains. Le compte à rebours était bien avancé, elle allait devoir préparer la parabole. Elle se planta devant la plus grande des paraboles et se concentra. Défoncer cette fine couche de métal était maintenant simple pour elle, mais la faire bouger de quelques degrés sans l'abîmer, c'était une autre paire de manche. C'était comme abattre une mouche avec un bazooka.

_ "Tégénaire, tu vas m'guider... J'vais orienter la parabole et tu vas m'dire si ça renforce le signal ou pas."

La petite mutante commença à user de son pouvoir en douceur sur la coupole métallique. Trop rapidement à son goût, une saveur cuivrée s'infiltrait dans sa bouche. Elle devait user de son don sur la longueur et pas de façon brutale comme elle en avait l'habitude.

_ "Alors, ça vient Tégénaire ?!" S'impatienta la mutante

_ "On a prit 5% de réception... Il en faut au moins 15 de plus... Continue comme cela" lui grésilla son talkie.

Lisbeth serra les dents et orienta cette fois-ci la parabole vers le haut. Soudain, un grincement sinistre se fit entendre à la base de la structure. La mutante relâcha doucement son emprise mentale puis tenta de la pousser plus doucement encore, comme une caresse sur cet amas de tôles.

_ "J'vais plus pouvoir tenir, on est a combien ?" Demanda-t-elle avec une voix exténué tout en chassant, d'un revers de main, du sang lui coulant du nez.

_ "17% en plus, encore un petit effort..." Lui demanda Tégénaire

Liz n'arrivait plus à focaliser son regard sur la parabole, dont les contours commençaient à se flouter et tressauter. Sans s'en apercevoir la mutante avait poser un genou à terre, n'arrivant plus à mobiliser ses forces que pour changer l'orientation de la coupole.

_ "20% ! Contact puissant avec le satellite montant et descendant !" Lui confirma Tégénaire

Le PC de Liz, entre les mains d'Aliénor, s'alluma alors comme une guirlande de noël. Les communications des téléphones avaient repris dans tout le quartier. Les SMS se déversaient à nouveaux dans les boites de réceptions, les mises à jour de sécurité des différents logiciels aussi, ce fut une vraie ruée numérique pour tous les appareils du secteur. Les premières communications entre les familles séparées depuis des jours purent reprendre. Les articles de presses évoquant la cas Gotham vu de l'extérieur commençèrent à circuler. L'information était de nouveau libre dans le quartier.

En parallèle de cela, un petit programme se lança automatiquement. Aliénor put voir apparaitre sur l'écran d'ordinateur de la petite punk une carte de Gotham. Le satellite semblait user de ses ressources pour chercher un signal. Il ne fallut pas plus d'une dizaine de seconde pour qu'une paire de coordonnées s'affichent à l'écran. La "chose" que cherchait Lisbeth fut localisée. Était-ce pour cela qu'elle avait monté toute cette opération ? Ou pour le bien commun comme elle l'avait prétendue jusque-là ? La graine du doute était plantée et pouvait facilement germer dans ce terreau si fertile.

Pendant ce temps-là, Lisbeth s'était allongée de tout son long et respirait difficilement. Elle avait craché un peu de sang, le pire de sa crise semblait passer. Son visage n'avait toujours pas reprit de couleur et son regard semblait vide. Elle tourna la tête, dans un effort surhumain, vers Aliénor qui était en train de lui parler.

« Quand est-ce que ces types t’ont attaquée ? »

Il fallut un certain temps à la question pour traverser les brumes de son cerveau. La hackeuse ne perçut pas le ton avec lequel la question lui fût posée, ni le regard inquisiteur ni l'importance accordé à la réponse par Aliénor. Puis sa mémoire fit le reste.

_ "L'soir du 20 novembre" répondit-elle faiblement.

N'étant pas en mesure de faire le lien avec les événements passés, les neurones de Liz lui firent défaut et elle sauta vers d'autres considérations.

_ "Dit aux autres de se replier... Tant que le PC reste connecté à la parabole, la tour peut brûler, on s'en fout. Faut qu'je dorme, j'suis morte là".

Lisbeth alterna les pertes de conscience de quelques minutes et les phases d'éveil. Elle n'entendit pas le fracas des armes automatiques quand quatre membres du Gant Noir débarquèrent dans le bas de la tour et arrosèrent sans sommation les cultistes, les tuants jusqu'au dernier. Croyant fermement que plusieurs des leurs étaient piégés dans la vielle tour...
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura]   Et tout en haut, l'espoir [Feat Aliénor, Azzura] EmptySam 2 Sep 2023 - 14:14

Et tout en haut, l'espoir
La foire aux insectes

Tégénaire était occupé. Il répondait par de rapides "OK", et se penchait à essayer d'améliorer le signal. Les commandes étaient très anciennes, c'était comme jouer à Space Invader mais avec un lag de ouf sur les commandes. C'était subtil et demandait du sang froid, chose qu'il avait en masse compte tenu qu'il savait que Maestra gérait de son côté. Il finit par confirmer que tout allait bien et que le contact était correct. Il perdit le contact vocal avec elle peu de temps après, alors qu'elle parlait d'une agression un 20 novembre. C'était pas le moment de parler de ce genre de choses. Il valait mieux que Azzurra n'en sache rien sinon elle voudra l'adopter.

Azzurra, repliée dans un coin entendit des coups de feu. Ca mitraillait de partout. Elle comprit que des agents du Gant Noir étaient venus faire la peau à tous les occupants.

- On doit PARTIR. Y a des mecs armés qui viennent d'arriver, c'est le Gant Noir ! On va décéder si nous restons là.

Tégénaire reprit rapidement la main et prévint :

- Y a une issue de secours qu'ils ont bloquée, on peut y accéder par l'échelle de secours de là où sont les deux filles. J'envoie KILLBOY pour nous couvrir.

- Tu vas les tuer ?

- On doit sortir de là, t'auras qu'à fermer les yeux. Maestra, tu fais péter l'issue de secours. Les filles vous redescendez. Un véhicule arrivera dans la cour arrière. Embarquez tout ce qu'il faut. Je vous préviens quand faut descendre.

Tégénaire ouvrit une grosse malle qu'il avait et un petit drone en sortit et dévala rapidement les escaliers alors qu'il embarquait le matériel. Maestra alla à la position indiquée et trouva l'issue de secours, bloquée par des étagères métalliques. En fait, y avait pas besoin d'exploser ça, il fallait tirer. L'échange des tirs commença et on entendit des gens hurler. Ils se demandaient ce qui les assaillaient. Azzurra se guidait à l'arrière du bâtiment en passant au-dessus de corps de cultistes qui avaient été troués comme si la SWAT était passée avec permission de tirer. KILLBOY tirait plutôt bien. Elle ne voulait pas savoir plus. Sortant une mine portative de son barda, elle la colla à la porte à travers les armatures métalliques et se dégagea pour tout faire péter. Un souffle abominable, une chaleur intense qui se dissipa très vite, et la liberté. Un véhicule les attendait déjà dehors. Tégénaire avait prévu ça, aussi.

- Porte libérée, descendez MAINTENANT.

Tégénaire l'avait rejointe, lui aussi. KILLBOY revenait après avoir vidé ses munitions. Azzurra sortit dans la cage d'escalier et fit des grands signes aux poupettes qui arrivaient pour leur indiquer par où sortir. Elle attrapa Lisbeth sur le dos alors que Tégénaire aida à décharger la Tigresse.

Les bruits de course se dirigeaient vers eux, la diversion avait terminé de fonctionner. Courant dans la cour arrière, les protagonistes entendaient les balles fuser autour d'eux.

La Tigresse les aida rapidement à charger et sitôt que tout fut sécurisé, elle fit comprendre qu'elle allait fuir avec le véhicule de Lisbeth pour ne pas le laisser sur place. Elle s'enfuit dans l'obscurité, et bientôt on put entendre le vrombissement du véhicule qui s'éloignait.

Tégénaire balança le barda dans le coffre, Azzurra chercha à mettre Lisbeth sur le siège passager mais une rasade de balles vint la forcer à prendre couverture à l'arrière du véhicule.

Bon, tant pis.

Maestra lança Lisbeth dans le coffre encore ouvert, le referma, et se jeta sur le siège arrière alors que la voiture démarrait en trombe, tirant comme une dingue sur la portière pour la refermer. Un mouvement brusque du véhicule et la portière se referma violemment sur sa tête et elle fut projetée en arrière.

Le véhicule quitta la zone de guerre rapidement, et après quelques minutes de crash mental, on daigna briser le silence.

- Personne est blessé ? On a eu chaud.


- Je crois que ça va.

- Elle... elle est où la petite brune ? On l'a oubliée ? Maestra, c'était toi qui t'en occupais, putain !

- Oh, du calme. Elle est dans le coffre, elle va bien sauf si l'autre con continue de rouler comme un dingo.

- T'avais qu'une tâche à faire putain. Bon, dès qu'on peut s'arrêter on regarde pour elle.

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