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 Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]

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MessageSujet: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptyJeu 12 Jan 2023 - 14:43

"Si tu t'assoies près de la rivière ..."

Par cette soirée noire, sans lumières, ne restait qu'un homme sur un banc. Un homme qui avait tout obtenu et qui maintenant, n'avait plus rien du tout. Gloire, argent, femmes, monopoles, il avait toute la richesse du monde, et pourtant, ce soir, il venait à nouveau de connaitre les bas-fonds de la société. Assis sur ce banc, il fixait cette ville noire, cette ville qui venait de se fermer à tout. Cette ville qui venait de mettre un terme à tout ce qu'elle connaissait en terme d'ordre. L'homme renifla, avant de cracher un molard sanglant sur le sol. Son monocle faillit en tomber. On l'avait roué de coups ce soir, et on l'avait trainé en dehors de son Iceberg Lounge. Les hommes déguisés en gargouilles avaient détruit sa structure, et tout s'était cassé la gueule, de merveilleuse manière. Il repensait à cette rencontre, avec un certain "Le Bossu". La hargne envahissait le Pingouin, alors qu'il tenait dans ses mains, un des derniers parapluies qu'il lui restait. S'il était intelligent, il l'utilisait contre lui-même, car Gotham City ne pardonne pas. Elle ne pardonne jamais, et ça, c'était une réalité. Inspirant profondément, Cobblepot était dans un sale foutu état, et il n'était clairement pas en mesure d'arriver à reprendre la ville, sa vie et son organisation à lui tout seul. Non. C'était certain. Il se leva, et avançait péniblement dans les rues noires. Quelques passants le jugèrent, mais certains l'évitèrent. Il se regarda dans une glace, avant de regarder son propre reflet. Ils ne le reconnaissaient peut-être pas, ou bien si ? Qu'importe. Après tout, les gens ont actuellement autre chose à foutre que de se soucier de la politique et du changement de maire, de l'élection, et tout le bordel qui s'en suit. Cobblepot était maire de la ville, mais ça, tout était devenu d'un accessoire, cela en deviendrait même grotesque, risible. Mais qu'importe, la situation ne changera pas, elle va même empirer ... Il s'arrêta devant une maison abandonnée ...

"Les gens ne changent pas, ils deviennent pires que ce qu'ils sont déjà."

Il se parla à lui-même, alors qu'il continuait sa longue marche forcée, heureusement qu'il en avait le parapluie avec lui. Il inspira à nouveau, la blessure qu'on lui avait infligé dans le flanc lui faisait mal. Il frappa la vitre, jusqu'à s'en cogner la main qui devint coupure, puis couleur sang. Sa main luisait de sang alors qu'il continuait de frapper la vitre, il éructa, plus fort et plus distinctement.

"J'avais un empire. J'étais le maitre du crime de Gotham City. Et je faisais les choses proprement moi ! Je suis pas un minable du Gant Noir, MOI !"

Il avait traité avec eux, oui, pendant quelques mois. Mais jamais il n'avait accepté de faire partie de cette organisation. Jamais il n'avait accepté de suivre ces conneries, il n'était pas le Joker, le Sphinx ou même Harvey Dent, non. Il n'était pas comme eux, certainement pas. Cobblepot était un être fier, qui ne se laissait pas esclavagiser par une bande de richards qui se prenaient pour des maitres du crime de Gotham City. Mais malheureusement, sa fierté était aussi sa plus grande faiblesse, son orgueil démesuré, Cobblepot savait parfaitement qu'il avait signé son arrête de mort en traitant directement avec le Gant Noir. Il cracha à nouveau du sang, avant de continuer à marcher, dans les rues désolées de cette ville, en proie à la crasse, à la merde, aux pillages. Mais la voix de Cobblepot avait bien entendu, attiré les mauvais chalands. Trois types sortirent des ombres, trois loubards, que Cobblepot voyait maintenant parfaitement distinctement.

"Hey mon gros, tu parles tout seul ? J'suis sûr que tu as un peu de fric à dépanner."

"Attend mec, il me rappelle quelqu'un ce gars."

"Ouais, sûrement un gros friqué. Allez, aboule ton fric sinon j'te charcute la bidoche, et tailler dans le gras, ça me plairait bien."

Oswald eut un sourire, un sourire des plus mauvais. Il pointa son parapluie sur le premier qui parlait. Et d'un geste, il tira sur les trois gaillards, qu'il abattit d'un coup portant et direct.

"J'ai pas de fric, mais j'ai du plomb. Et je le distribue volontiers pour les plus gros gourmets. T'as faim ? Wak wak."

Il continua de tirer dans le crâne du loubard qui l'avait injurié, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de balles dans le pépin. Mais le fait est qu'Oswald était couvert du sang de ses ennemis du soir. Et que sa vengeance, il la voulait assurément. Il jeta son arme, avant de continuer à errer, de plus en plus, dans les Narrows. Foutus Narrows, ce quartier empestait la merde, il empestait depuis toujours. Lui, qui avait toujours été habitué au luxe, au confort, le voila dans le froid, à errer, à subir les quolibets, et surtout, à subir cette situation. Mais Oswald C. Cobblepot n'était pas un homme comme les autres, non. C'était un Pingouin. Un noble Pingouin capable de s'adapter aux situations les plus critiques, et il n'hésitera pas à s'adapter à nouveau. Cette flamme jaillissait à nouveau dans son esprit, alors qu'il rêvait de retrouver son empire. Il savait qu'il allait au devant de grands dangers, de situations difficiles, mais comme toujours, il triompherait. Et dans sa tête, commençait alors à germer, un tout nouveau plan pour récupérer ce qui lui appartenait. Après tout, Gordon venait de déclarer forfait, et donc, il était le maire de Gotham City. Maire oui, mais d'une ville qui venait de subir sa plus grosse attaque depuis l'attaque de la Cour des Hiboux il y'a quelques années. Nan, là, c'était fort pour cette fois. Inspirant, Oswald continua de errer, avant de tomber sur le sol, sur l'épais trottoir en béton qui puait la merde de chien, la boue et la pisse. Il venait de tomber par terre, et ce n'était pas la faute à Voltaire, non. Il chuta, et sombra dans les pommes, dans ce quartier en proie au pourrissement, qui se soucierait d'un Oswald Cobblepot ?
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MessageSujet: Re: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptySam 14 Jan 2023 - 1:23

Les courbes de l'électrocardiogramme tiraient la gueule. Et par voie de conséquence les médecins aussi.

Depuis deux jours que le Gant Noir avait fait exploser la centrale qui alimentait la ville en électricité, c’était le générateur de secours qui faisait tourner les appareils qui leur fournissaient le relevé des paramètres vitaux .Indispensables pour contrôler l’état des patients en opérations donc réaliser celles-ci, ces machines avaient échappées à l’extinction imposée de tous ce qui était consommateur d’énergie et dispensable.  Mais ils n’avaient pas été laissés en fonctionnement pour donner de bonnes nouvelles, mais pour dire la vérité. Et la vérité n’était pas une bonne nouvelle.

Dans la salle d’opération saturée d’un silence morbide entrecoupé de cliquetis métalliques et du lourd bourdonnement des machines, les balles qui traversaient le corps du patient le faisaient de plus en plus dériver vers la mort, comme une barque dont on aurait tranché l'amarre. Les médecins et les infirmiers penchés au-dessus du brancard métallique et du futur cadavre sentaient qu’ils ne la rattrapperaient pas, mais tant qu’il y avait encore un espoir ils se devaient d’essayer. Ils essayèrent. Ils ne réussirent pas.

- Des balles dans le poumon, ça ne pardonne pas…     constata avec un découragement épuisé le Docteur Stoppard.

Le chirurgien en avait beaucoup vu durant ses deux dernières journées, des balles un peu partout dans des corps. Et il avait beau être des plus compétent, des balles dans des organes vitaux, ça ne pardonne pas trop; ce n’est pas vraiment fait pour cela. Il en avait sauvé, depuis deux jours et même bien avant cela, des gens truffés de balles; mais il avait aussi échoué un nombre incalculable de fois à sauver des patients inguérissables, et chaque échec était un poids de plus à la lourdeur du sentiment de son incompétence. Gotham était chaque année de plus en plus impitoyable, cruelle et meurtrière. Et leur humanisme face à cette violence ne serait sans doute finalement jamais qu’une goutte d’eau dans l’océan.

- Le temps, ça ne pardonne pas…     renchérit le docteur Grandt, aussi sombre que la mort qui venait de frapper et d’un ton d’épuisement sans espoir.

S’ils avaient pu prendre en charge plus rapidement, auraient-ils pu le sauver ? Rien n’était moins sûr. Mais lorsque chaque seconde perdue diminuait leurs chances, le manque de moyen qui les submergeait et leur faisait perdre tant de temps pesait le poids de l’urgence, du surmenage et de la culpabilité d’être dépassé par ce qui aurait nécessité deux fois, trois fois plus de médecins pour correctement gérer. Le sablier et son inéluctable écoulement était assurément un ennemi bien pire que le Gant.Ils ne pourraient jamais gagner. Mais cela l’emplissait d’une colère délabrée que de voir à chaque instant les conséquences du mépris et de la lâcheté de ceux qui ne leur avaient jamais donné le moyen de lutter, sous formes des masses informes et sanguinolentes de ce qui avait été des Hommes vivants il n’y a que quelques instants.

- Vous en connaissez, vous,  des choses qui pardonnent ?     répondit d’un sarcasme désabusé Helen Tanakeno, qui était infirmière anesthésiste et ne se laissait jamais abattre, même lorsque la charge de travail l’abattait. Le constat aussi amer que rude était pourtant sans optimisme.

De toute façon, il n’y avait pas de temps, ni pour parler, ni pour respirer. Un homme était mort et les médecins n’oubliraient pas ni la mort dans ses yeux vitreux, ni le désir de vie qui l’avait conduit jusqu’ici. Mais d’autres attendaient, et il fallait recommencer. Affronter l’espoir de vie et la mort. Espérer que leurs efforts porteraient de meilleurs résultats. Ne pas s’effondrer lorsque ce ne serait pas le cas.

“Va dormir quelques heures, Kellie reprend son service et va venir te remplacer” prescrit Katheleen à son second. La gestion assistée par ordinateur des roulements et des  emplois de temps des médecins était  à oublier maintenant qu’il fallait économiser autant que possible l’électricité, mais la directrice de l’hôpital se passait fort bien d’un matériel qu’elle n’aurait pas eu le temps d’utiliser, visualisant  et mémorisant mentalement les créneaux où ils travaillaient, et les quelques heures passées à grappiller un peu de sommeil sur les lits de camp sommaires de la salle du personnel. Elle-même n’avait quasiment pas dormi et ses yeux étaient si cerclés de cernes que son visage ressemblait à un mandala.

Pendant qu’Helen envoyait le prochain patient en salle d’opération, la jeune médecin sortit dans le couloir encombré de tous ceux qu'ils n'avaient pas la place de mettre dans les chambres surpeuplées de l'hôpital.  Sous la lumière verdâtre des derniers néons échappés à la rigueur de l'économie d'électricité au nom de la nécessité dans laquelle les soignants se trouvaient de surveiller autant qu'ils en avaient le temps les malades et les blessés, s'étendait une longue file d'Hommes dans des états plus ou moins pitoyables, désespérés ou inquiétants.  De l’autre côté du silence de mort des salles équipées pour sauver des vies, la grande muette criait le grincement cacophonique des râles et des gémissements, de la souffrance et de la peur. L’hiver gothamite était trop froid entre ces murs coupés du chauffage pour alourdir l’espace de l’atmosphère de suffocation poisseuse et caniculaire de la mort. Elle suintait alors, le long des muscles, le long de os, le long des corps.

Marchant comme on avance contre le vent, le docteur Grandt vérifiait l’évolution de la dégradation de l’état de santé de ses patients, de ceux qu’elle défendrait quoiqu’il doive en coûter, et ce même s’ils lui étaient des étrangers, même si elle savait qui ils étaient. Sa tournée voyait s’entrecouper les sanglots étouffés et les récriminations de tous ceux qui étaient encore assez en possession de leurs moyens pour l’invectiver en lui demandant quand est-ce qu’ils allaient être soignés avec ses mots à ell,e les mots rapides d’apaisement et de réconfort qu’elle pouvait distribuer sans perdre de temps, sans perdre de temps, sans perdre de temps...

Elle était presque au bout du couloir lorsqu’un nouveau blessé, encore, franchit sur un brancard les portes de l’hôpital. La directrice de l’hôpital reconnut le nouveau maire, mais ne réagit pas. Des criminels et des gens dangereux, la médecin avait eu bien des occasions d’en soigner. Et si d’habitude, elle aimait mieux se charger personnellement de tels cas, préférant prendre sur elle le danger que d’y exposer ses collègues, il n’était plus le temps de telles considérations. Le Gant Noir avait mis en pièce les troupes d’au moins trois mafias en même temps, sans parler des autres malfrats, des citoyens et du GCPD… Des gens dangereux, en ce moment, l’hôpital en était plein à craquer.  Et les plus dangereux pour le moment, c’était dehors qu’ils étaient.Et cela n’était pas rassurant. Quant à ce qu’il y avait de surprenant à trouver le Pingouin hors de son milieu naturel, dans un hôpital de charité du fin fond des Narrows plutôt que dans les salons dorés des quartiers huppés, Katheleen eut à peine l’énergie de l'ironie qui lui permis de le constater. Elle en était arrivée à un stade de fatigue qui dépassait la capacité même à être surpris. A ce degré d’épuisement la reine d’Angleterre en personne se serait pointée à la clinique qu’elle n’aurait pas eu la force de lever un sourcil étonné.

C’était des soignants de l’hôpital qui avaient trouvé le bandit inconscient sur le trottoir d’une ruelle voisine, après l’avoir entendu s’effondrer.  Des volontaires prennaient en effet quelques minutes sur leurs maigres pauses pour, par petits groupes, surveiller les environs immédiats de l’hôpital. Car maintenant la crainte informulée mais présente dans tous les regards échangés entre les soignants de la clinique, c’était naturellement une attaque du Gant.

Sûre d’une solide expérience, il ne fallut à celle qui était cardiologue de formation que quelques minutes pour poser le diagnostic initial qui permettait de trier les blessés. Malaise vagal, occasionné par la fatigue, le choc physique des blessures, ou émotionnel de la perte de son empire, ou plus probablement un peu tout cela à la fois.  Les autres blessures qu’il présentait,  notamment sa main charcutée, étaient moches, certes, douloureuses, probablement, mais sans réelle gravité. L’hémorragie était loin d’être suffisante pour mettre ses jours en danger.

Elle le plaça, comme il se devait sur le côté, en position latérale de sécurité, et les jambes légèrement surélevées. Elle prit quelques instants supplémentaires pour vérifier que ses vêtements n’enserraient pas sa gorge, que les voies respiratoires étaient dégagées, qu’il pouvait respirer. Le brancard où il reposait fut placé là où il y avait de la place parmi les autres.  Il devrait certainement se réveiller tout seul dans peu de temps. Elle nota mentalement de passer jeter un rapide œil au fait que ce soit effectivement le cas, note qui s’ajouta dans sa liste de choses à faire dans l’heure, après une cinquantaine d’autres choses à réaliser. Et puis elle partit s’occuper d’un jeune homme qui avait pris deux balles dans le ventre.
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Cobblepot
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MessageSujet: Re: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptyLun 16 Jan 2023 - 12:02

"Mère ..."

Souffla-t'il dans son sommeil. Il repensait à sa tendre et chère mère, Esther Cobblepot. La seule femme qui n'avait jamais jugé Oswald sur son apparence chétive et monstrueuse. Elle le prenait dans ses bras, et tout allait pour le mieux, dans le meilleur des mondes. Alors que le Pingouin rêvait, oscillant entre réalité et rêve, il se surprit à tendre les mains, vers quelque chose qu'il cherchait : le contact avec sa mère. C'était la seule chaleur qu'il avait jamais ressenti, dans ce monde froid et vicieux, qui n'existe uniquement que par les faux-semblants et autres immondices qui trainaient dans le bas du caniveau. Longtemps il avait chéri ces moments, reclus dans une nostalgie souvent mortifère, il avait tout fait pour elle, et pour elle seule. Et le jour de son décès fut le plus dur pour Oswald. Il n'y avait plus rien eu après cela. Plus rien. Et le pire dans tout ça, fut après, lorsque Captain Boomerang avait profané la tombe de sa mère, cette fameuse nuit. Oswald s'en souvenait, et il n'oublierait jamais. Sa mère, c'était tout pour lui, et jamais il n'oublierait ce petit pingouin qu'il lui avait offert, avec son argent d'enfant, pour lui faire plaisir. Doux souvenirs, amers oui, mais délicieux souvenirs qui forgent un homme à se surpasser, et à devenir meilleur. Ou pire. Car Oswald a vraiment tout fait pour elle, et uniquement elle. Comme voler les diamants d'une vieille peau friquée qui ne méritait aucun de ses titres. Comme voler les boucles d'oreilles d'une star du rock parce qu'elle ne les méritaient pas, et que c'était une sale gamine impertinente. Et au lieu de ça, on le critiquait lui, pour ses méthodes, alors que les autres faisaient pareil. Et bien sûr, la silhouette du Batman apparut dans ses rêves, et ravissait sa mère, sous ses yeux ... Toujours le même rêve, toujours ce même rêve qui le hantait. Toujours ... Et toujours la petite suée du matin, avec les hurlements qui vont avec ...

"WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAK !"

Hurla-t'il en se réveillant. Foutu cauchemar, tout ça n'était qu'un stupide rêve, un rêve noir où ... Attend ... Où était-il, fut sa première pensée, mais d'abord ... Il s'inspecta, sa blessure ... Il inspecta tout le reste, avant de regarder autour de lui, il ne savait pas dans quoi il se trouvait. Cet endroit puait la mort, la pisse, et la merde. Ajoutez à cela une petite odeur forte qui rappelle les hôpitaux. Vous savez, cette odeur qui prend au nez, celle d'un médicament liquide qu'on aurait aspergé partout. Le genre à vous faire tourner la tête. Cette odeur pénible qui rappelle qu'on était dans un lieu de soins, cette odeur qui pouvait faire vomir les personnes les plus faibles, mais le nez du Pingouin, lui, le sentait bien cette odeur désagréable et il se doutait qu'il devait être tombé dans un dispensaire. Pwah, encore un de ces névrosés du serment d'Hippocrate, sûrement. Il se leva, et essaya de comprendre vraiment où il se trouvait. Encore un peu dans les vapes, il essayait de se chercher, et surtout, de comprendre. Pourquoi l'avoir sauvé ?

"Où ... Suis-je ?"

Demanda-t'il de sa voix rauque, il avait mal à la gorge, tout en fixant de ses yeux les différents malades présents. Il se rappelait des loubards, des rues dans le noir, du Gant Noir, et de ses blessures. Il se rappelait aussi qu'il était maire de cette ville. Et qu'il avait aussi et sûrement, des votants dans cet endroit. Il inspira, expira, et reprit alors sa marche, petit à petit, il avançait doucement, pour éviter de faire la moindre erreur qui le ferait chuter, et donc, provoquer une hilarité possible de crétins. Ce qui pourrait résulter dans un bain de sang violent si on venait encore à se moquer de lui. Il continuait à s'avancer, il essayait de trouver un responsable. Quelqu'un pour lui expliquer le pourquoi du comment à cette situation.

"Qui dois-je remercier pour le don de la vie dans ce trou ?"

Dit-il d'une voix un peu plus haute, histoire de se démarquer, et aussi pour montrer qu'il était toujours dans le coin, mais bien vivant. Nombreux étaient ceux qui avaient tenté de buter Oswald Cobblepot, et beaucoup avaient salement foiré. Le Pingouin Empereur par exemple, Ignatius Ogilvy, que le Pingouin avait fait dépecé vivant dans les catacombes de l'Iceberg. Ou bien encore "L'homme au Parapluie", qui avait reprit toute l'opération du Pingouin, avant que ce-dernier ne lui arrache la gorge avec les dents. Le Pingouin était comme ça, il pouvait tomber au plus bas, il trouverait toujours la hargne, cette rage animale au fond de lui, pour survivre. Un sacré instinct de survie, tu n'imagines pas. Il sentait encore la blessure qu'il avait, mais elle semblait moins violente que tout à l'heure. Il avait moins mal. Il cherchait, du bout des yeux, la personne responsable de ce trou pourri, coincé dans les Narrows. Il inspirait, expirait fortement, il était à la fois en colère contre le Gant Noir, mais redevable aussi, à celui ou celle qui l'avait sauvé. Après tout, il lui avait redonné une chance de se refaire, et un Cobblepot ne se laisse jamais abattre, pas comme un Kennedy en tout cas. Personne ne lui répondait, mais il marchait entre les différents blessés. Certains avaient pris salement cher. Le Gant Noir ? Peut-être que oui, peut-être que non. Quelle importance ? Là, pour le moment, il essayait de mettre un nom sur une tête, et de savoir comment il allait pouvoir reprendre ce qui lui appartenait de droit commun. Il parla, une dernière fois.

"Quelqu'un ... Peut me répondre ?"


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MessageSujet: Re: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptySam 11 Fév 2023 - 23:43

Vivre. Il allait vivre. Dans quel état ? Avec quelles cicatrices, quelles séquelles ? Elle l’ignorait. Pour combien de temps, dans ce milieu violent et mafieux ? Pour combien de temps dans cette ville rongée par le Gant, dont on découvrait à chaque heure de nouvelles victimes ? Elle ne pourrait pas le dire, et ce n’était pas d’elle que cela dépendait. Combien de temps y aurait-il encore de la vie dans les yeux de cet homme qu’elle savait un voyou, mais qui avait définitivement l’air bien trop jeune pour le monde dans lequel il naviguait ? Combien de temps avant qu’un ennemi ne lui tire une balle dans la gorge, ou qu’un allié ne lui plante un couteau dans le dos ? Combien d’heures à respirer avant de revenir ici mortellement blessé et qu’on ne puisse pas le sauver cette fois ? C’est toujours les mêmes questions, la même rengaine, et c’est toujours, aussi, simples habitants ou criminels endurcis, les mêmes cris. Mais ce n’est pas là la question. Il faut juste soigner pour que les Hommes vivent. Et lui vivra.

Lui vivra, et elle ne pourrait pas s’empêcher de s’en sentir soulagée. Chaque espoir de vie est un poids de moins, chaque décès un poids de plus pour la médecin. Lui vivra mais qu’en est-il des autres ?


De retour dans le couloir, encore, au milieu des cris et des râles des blessés. C’est la même musique qui recommence toujours, le même disque qui ne cesse de recommencer. Elle ne l’aime pas, naturellement ; les hurlements de douleurs arrachés par des entrailles perforés, on ne s’y habitue pas, quel que soit le nombre d’années à travailler dans les urgences d’un quartier mal famé. Mais c’est le seul qu’elle ait. C’est le seul qu’il y ait quand la Peste s’est répandue dans les murs de la ville et que l’on a fait le serment de sauver, d’aider et de soigner. Même si ce cercle infernal doit en être le prix. Après tout, c’est cela qu’est la lutte contre la Peste. C’est cela qu’est son métier. Recommencer. Toujours recommencer.

Si encore ce disque qui tourne en boucle tournait correctement… Si seulement… Ils n’auraient pas une boule quotidienne dans la gorge en allant travailler, ils n’auraient pas à courir dans les couloirs à chaque instant, ils n’auraient pas à se droguer au café pour tenir le coup, ils n’auraient pas eu le cœur gros à chaque fois qu’ils quittent l’hôpital, à l’époque où ils pouvaient encore rentrer chez eux. Mais ce temps est aujourd’hui révolu. Le stress, l’angoisse et le dégout demeurent, ils ont même atteint encore un autre stade dans l’épuisement, mais l’hôpital, maintenant, ils ne le quittent plus. Impossible d’imaginer le quitter quand les premiers blessés de la sinistre soirée sont encore en soins intensifs et que de nouveaux affluent à chaque minutes. Impossible de lâcher son poste et ses malades plus que le temps des trois ou quatre heures par jours de sommeil indispensable glanés sur un matelas de fortune dans leurs bureaux ou dans la salle des employés. Impossible de retourner chez soi même pour savoir seulement si sont encore vivants, leurs familles, leurs amis, leurs enfants, les serrer dans ses bras et espérer ne jamais avoir à les compter au nombre de ceux qu’on n’a pas su sauver. Impossible surtout de voir le bout du tunnel.

C’est peut-être il y a deux jours que le Gant Noir a fait exploser la ville, mais c’est depuis des années que la machine est cassée. L’hôpital fonctionne peut-être à l’abnégation des gardiens de la santé, mais il ne peut pas fonctionner sans moyens. Et sur ce point, c’est depuis des années que les services publics n’ont de cesse de les abandonner. Tous. Tous ceux qui font tenir la santé de la ville. Et cela se paye aujourd’hui en vies humaines que faute de moyens l’on ne pourra sauver.



C’est à cela que pensait la directrice de la clinique en remontant le couloir et en orientant deux des blessés dont l’état s’est aggravé entre temps, vers la salle d’opération plus prioritairement. Avant d’aller rejoindre et prêter main forte au chirurgien en train de les traiter, elle pris le temps de finir promptement sa tournée, incluant de vérifier, comme elle l’avait prévu, que monsieur le maire s’était bien réveillé.

Surprenamment, ce n’est pas en train de revenir à lui, mais bien en train de roupiller qu’elle le découvrit. La médecin demeura un court instant interloquée. Passer d’un malaise vagal à une sieste, ça n’est pas banal. D’autant qu’un brancard au milieu des couloirs des urgences d’un hôpital en pleine gestion d’une catastrophe de grande ampleur n’est peut-être pas le meilleur endroit du monde pour piquer un somme.
Mais, bon, dans le fond, un malaise vagal, c’est notamment causé par la fatigue. Donc dormir un peu n’est objectivement pas la pire chose à faire dans ce genre de situation. En plus, pendant qu’il dormait, il ne faisait pas chier, et ça, c’était bien.


Les signes vitaux rapidement vérifiés ne présentant rien d’inquiétant, elle s’en retourna s’occuper de ses autres patients. Pendant une bonne heure, entre une péritonite aigue qui tombait au pire des moments, une extraction de balle logée dans le thorax et l’arrivée de deux nouveaux individus à placer sous transfusion en urgence, elle oublia complètement le Pingouin, ayant des cas nettement plus urgents à traiter.

Alors qu’au détour d’un couloir le docteur Wilson l’avait tirée par la manche pour l’avertir qu’au vue de récents cas de psychoses étranges observés, l’hypothèse qu’il y avait eu empoisonnement d’un réseau d’eau n’était pas à négliger, la directrice de l’hôpital aperçu vaguement du coin de l’œil le nouveau maire. Celui qui s’était écroulé dans les ruelles adjacentes quelques instants auparavant marchait entre les brancards d’un pas hésitant.

Elle ne l’entendit pas ni s’enquérir de sa localisation, ni se demander qui l’avait sauvé, occupée qu’elle était à ausculter la blessure à la tête d’une jeune femme qui avait été passée à tabac par des gargouilles du Gant. Ce n’est qu’après avoir classé ce cas comme pouvant attendre un peu avant traitement mais à surveiller très précautionneusement, qu’en se retournant pour se diriger vers le patient suivant qu’elle le vit, légèrement perdu, s’étonner que médecin et infirmiers aient d’autres chats à fouetter que de répondre à ses questions, occupés qu’ils étaient à sauver des vies et à essayer de contenir les conséquences de l’apocalypse qui dévorait en ce moment même la cité.

Retenant, non sans peine, la ou plutôt toutes les remarques mordantes qui sous l’effet de la pression et de la fatigue lui venaient naturellement, elle se contenta de darder vers lui son regard bleu scanner en déclarant d’un ton qui demeurait marqué par une longue habitude d’empathie, mais si neutre qu’il frôlait l’indifférence :

« Je ne vous aurais pas recommandé dans votre état de vous lever dès maintenant, néanmoins je me réjouis de constater que vous semblez aller mieux. »
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Cobblepot
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MessageSujet: Re: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptyLun 13 Fév 2023 - 16:20

"Bien sûr que j'vais mieux ! Wak !"

Dit-il, d'une voix rauque et emplie d'une certaine haine dans la voix. Mais cette haine n'était pas destinée à cette jeune femme. Non. Elle était destinée à ceux qui l'avaient brisé. Ceux qui lui avaient pris son royaume, et Cobblepot n'était pas quelqu'un qui pardonnait. Non. Le pardon, c'était pour les faibles, pour les nazes, et pourtant, il en faisait à nouveau partie, lui, qui avait été rayé de son royaume, déchu de son pouvoir, de sa puissance, de son emprise. Il n'avait plus rien, et il ne valait pas mieux que les autres. Une véritable hécatombe pour un criminel de son prestige. Il était là, au beau milieu de la plèbe, parmi ceux qui avaient tout perdu. Enfin revenu à son rang de départ, voila qui était pour ainsi dire, presque offensant. Mais Cobblepot ne s'imaginait pas mourir ici, et encore moins, attendre qu'on vienne l'achever. Alors qu'il était en train de chercher quelqu'un qui puisse le renseigner, voila que quelqu'un vient directement à lui, pour lui répondre. Une jeune femme. Quelqu'un qui semblait travailler ici. Et visiblement, elle lui conseillait de rester alité. Rien que ça. Il avait répondu sèchement il y'a quelques instants, mais il n'était pas un Cobblepot à moitié, il n'était pas du genre à être aimable, surtout en public. Il était du genre à se faire craindre et à montrer qu'il était un homme puissant. Mais tout cela n'était plus que du vent, un rêve brisé.

"Je ne suis pas du genre à rester à attendre comme un canard sur l'eau. Pas du genre à attendre bêtement qu'on vienne me flinguer à l'hosto, pendant qu'on me vole mon argent et mon pouvoir."

Il était maire de Gotham City bordel ! C'était lui le roi, le King of the Hill. Le roi de la tribu, et il attendait qu'on le serve avec tout le prestige qui lui était dû. En temps normal, oui. Mais nous n'étions plus dans des temps normaux. Tout cela était fini. Maintenant, il ne restait plus qu'un Pingouin déplumé, et avec tout ça, il ne restait plus rien du tout de ce qui faisait de la prestance des Cobblepot. Mais ce n'était pas ça qui l'arrêterait. Quitte à briser le Pingouin, le déposséder de tout ce qu'il a, et vous en ferez quelqu'un de plus dangereux qu'il n'y parait. Enlevez donc à un homme ses raisons de vivre, et il deviendra votre pire ennemi, disait le jargon. Peut-être est-ce du Machiavel ? Qu'importe. Cobblepot n'en était plus à ça près. Il inspira longuement, ferma les yeux un instant, et se concentra. Il rouvrit alors les yeux, et pointa du doigt la jeune femme qui l'avait interpellé, tout en écoutant les cris plaintifs de tous ces patients qui hurlaient de douleur.

"Pourquoi m'avoir sauvé, femme ?"

Dit-il d'une voix calme, rauque, mais toujours bien puissante. C'était vrai, pourquoi ? Pourquoi aider une des pires ordures que cette ville n'ait jamais connue. Et pourtant ... L'altruisme existait encore, il faut bien croire. Il faisait partie de l'âme de Gotham City, comme tout à chacun. Comme tout à chacun des plus grands criminels que cette ville ait compté. Et ce n'étaient pas ces arnaqueurs du Gant Noir qui allaient faire respecter leurs règles. Oh que non. Ils venaient de se faire un des pires ennemis qu'ils allaient affronter. Cobblepot allait leur mener une putain de guerre, une guerre comme ils n'en auront jamais vu. Et il savait pertinemment ce qu'il allait devoir faire. Il inspira de nouveau, fermant les yeux, oubliant la douleur, pour mieux se reprendre à nouveau.

"Je ne valais pas la peine d'être sauvé, alors pourquoi ? Pourquoi cet élan de ... Générosité ? Que voulez-vous en échange ?"

Tout était une question de donnant-donnant dans cette ville, et aussi imbuvable que le Pingouin pouvait être, il aimait montrer qui il était vraiment à l'intérieur : Un être vil, froid, grossier et calculateur. Mais Cobblepot était aussi un des plus grands génies du crime organisé, et bien peu d'affaires ont réussit à le faire tomber. Comme par hasard, de nombreux témoins disparaissaient comme ça, pouf, comme par enchantement. Mais ce soir, sa vie avait été sauvé, et le Pingouin aimerait savoir pourquoi ? Pourquoi sauver quelqu'un d'aussi moche, d'aussi dangereux ? La compassion ? Cela n'existait clairement pas, et Cobblepot savait très bien qu'il allait devoir jouer avec de nouveaux éléments s'il veut pouvoir survivre dans cette nouvelle catastrophe. Il avait mal au crâne, un foutu mal de crâne, et les blessures qu'il avait ... Il faisait en sorte de faire le moindre mouvement rapide pour éviter que ça se rouvre. Mais la douleur, elle était là. Cicatrices, douleurs, ouvertures et fermetures, tout était là. Bien là. Et cela lui rappelait qu'à chaque fois, la mort le côtoyait, mais il arrivait à toujours trouver le chemin pour remonter la pente du succès. On ne tue pas un Cobblepot comme ça.

"Combien de temps s'est écoulé depuis que vous m'avez trouvé ? Je dois le savoir, et vite !"

Il n'avait plus son parapluie sur lui. Il n'avait plus rien, hormis ses fripes. Et il allait devoir rivaliser d'ingéniosité pour remonter la pente. Dans ce genre de boui-boui hospitalier, il n'y avait rien d'intéressant à braquer, mais peut-être quelques âmes perdues qui accepteraient de travailler pour lui, le temps d'un casse, histoire de se remettre en selle, et de se préparer à une nouvelle bataille. Il y'avait quelque chose d'important dans ce lieu : Des âmes, de la chaire à canon, et il en ferait son armée. Pour le moment, il devait composer avec le personnel de ce bouge, et il ferait en sorte de trouver les alliés adéquats pour reprendre sa Gotham City.
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MessageSujet: Re: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptyMar 14 Fév 2023 - 22:11

"Bien sûr que j'vais mieux ! Wak !"

Ton rogue et attitude suffisante, l’Alcidé avait un indéniable talent pour se rendre désagréable. Qu’il considère comme insoutenable pour son orgueil et sa dignité qu’il ait pu, lui, tomber dans les pommes, ça le regardait. Cela n’empêchait pas que c’était bien ce qui s’était passé. La médecin conserva une attitude parfaitement indifférente et neutre, se gardant juste par politesse de hausser les épaules, mais ne répondit rien. Il n’y avait rien à répondre à quelque chose d’aussi bête.  



"Je ne suis pas du genre à rester à attendre comme un canard sur l'eau. Pas du genre à attendre bêtement qu'on vienne me flinguer à l'hosto, pendant qu'on me vole mon argent et mon pouvoir."

« Et moi, je ne suis pas du genre à laisser des gens flinguer des patients dans mon hôpital, fussent ils d’odieux personnages dans votre genre, merci pour moi. » brûla – t-elle de lui répliquer.

Mais pour être juste, elle ne le pouvait pas dire cela, elle ne le pouvait plus. Si, Gotham étant ce qu’elle était, ils n’avaient jamais été en sécurité, jamais ils ne s’étaient autant sentis menacés. Elle était bien obligée de reconnaître qu’elle ne savait ni si ni quand le Gant allait les attaquer. Eux qui manifestaient une farouche et cruelle volonté de faire autant de victimes que possible, combien de temps avant qu’ils aillent directement les chercher là où ils étaient à leur merci ? Eux qui avaient fait exploser le commissariat, la centrale électrique, la mairie, maintenant étaient sans doute aussi ceux qui avaient empoisonnés l’eau combien de temps avant qu’ils ne s’en prennent à l’hôpital ? Eux qui semblaient décidés à réduire en cendres tout les services qui garantissaient, en théorie du moins, des conditions de vie dignes et un minimum de sécurité à leurs concitoyens, combien de temps avant qu’ils ne s’en prennent aux derniers remparts à tenir à peu près debout ? A peu près seulement, car le Gant n’aura peut-être pas à faire exploser l’hôpital avant qu’il n’implose de lui-même, submergé qu’il est de patients, et affaiblis depuis longtemps par des effectifs et un budget sinistrement insuffisant.



"Pourquoi m'avoir sauvé, femme ?"

Docteur. Merci. C’est le minimum strict de politesse que vous nous devez. C’est la réponse même à votre propre question, un engagement dont nous risquons de payer bientôt le prix de notre santé et de nos vies et un titre que nous avons mérité et gagné. Pensa le docteur Grand. Encore heureux qu’il ne soit pas tombé sur le docteur Helen Tanakeno. L’anesthésiste avait dans l’hôpital une réputation de grande gueule qui n’était pas surfaite, et celle de raciste du maire de Gotham n’était plus à faire. Cela ne se serait sans doute pas passé sans dégâts.

Le machisme exacerbé de l’homme qui lui faisait face lui fit lever les yeux au ciel.  Elle aussi, elle aurait bien dit ses quatre vérités à l’oiseau de mauvaise augure. Mais elle ne pouvait pas se permettre de passer sa colère sur lui, même s’il l’aurait amplement mérité. Elle contint donc, à grand peine, son exaspération et l’envie de lui offrir une petite leçon de culture générale, d’histoire médicale et de philosophie politique.

Elle brûlait de lui expliquer un peu où il était exactement et pourquoi cette clinique portait le nom d’Elisabeth Blackwell. De lui raconter un peu, qui était cette femme qui avait bataillé contre toute une organisation sexiste et patriarcale pour obtenir au même titre que les hommes le droit d’apprendre la médecine, de porter le titre de docteur. De lui démontrer à quel point elle valait mieux que lui, cette femme qui avait essuyé le refus de dix-neuf écoles persuadées que la femme sortait de la côte d’Adam et était par nature une cervelle d’oiseau incapable d’autre chose que de rester sagement dans le giron d’un mari, qui avait affronté le mépris condescendant de la société, de ses professeurs et de ses camarades de classe, et qui avait ridiculisé tous leurs préjugés en étant aux examens classée première. De lui expliquer qui était cette femme, qui avait fondé une clinique gratuite pour ne plus qu’on laisse crever faute de soins des êtres humains. Et ce même s’ils étaient indigents et qu’ils ne pouvaient pas les payer, ces soins. Et ce, même s’ils étaient de jeunes orphelins des classes défavorisées, que la société regardait comme des pouilleux qui ne méritaient pas le secours de la médecine. Et ce même s’il s’agissait de femmes, à qui la pudibonderie de l’époque interdisait de montrer quoique ce fusse de leur corps à tout autre homme que leur mari, et en mourraient, faute de soins qu’on savait pourtant leur donner. De lui dire que c’était la même philosophie qui l’avait fait, un siècle plus tard, fonder cette clinique où l’on refusait de laisser crever des Hommes que la médecine savait soigner. C’était cette même philosophie – une philosophie morale, certes ; médicale, surement mais aussi politique - qui la faisait soigner au même titre que les riches ces pauvres qu’il méprisait, au même titre les Américains que ces immigrés qu’il haïssait, au même titre les hommes que les femmes qu’il regardait avec tant de condescendance, au même titre les grands financiers, les grands politiciens et les petits criminels, et ce même s’il s’agissait souvent des mêmes.



"Je ne valais pas la peine d'être sauvé, alors pourquoi ? Pourquoi cet élan de ... Générosité ? Que voulez-vous en échange ?"  Renchérit-il

Elle le fixa un instant, interloquée. Tel accès de lucidité de sa part avait de quoi étonner. Non que Katheleen ne croie le criminel indigne d’être sauvé. Il fallait soigner les gens. La dignité n’avait rien à faire là-dedans. Mais elle ne l’aurait pas cru capable de tant d’introspection.

« Pourquoi ? Parce que c’est la vocation d’un hôpital que de sauver des vies. » répondit-elle simplement.

« Il faut sauver la vie des êtres humains lorsqu’on le peut. Alors, est-ce que vous, personnellement, en valez la peine ? Je ne dis pas que cette question ne présente aucun intérêt. Mais ce n’est pas à moi qu’elle se pose… » ajouta-t-elle comme si elle disait la chose la plus évidente qui soit. Et il faut bien dire que pour l’humaniste qu’elle était, c’était le cas.

Quant au petit reboot du « Qui se sent morveux, qu’il se mouche ! » (*), lui aussi était prononcé sans coquetterie ou ronronnades mais tout à fait conforme à sa pensée. Sartrienne qu’elle était, elle croyait en la liberté. Qui se jugeait mauvais, alors devait s’améliorer, le pouvait -même si comme pour le Pingouin, il fallait partir de loin - mais surtout ne pouvait s’en prendre qu’à soi de ne pas s’y essayer.

« Et non, je n’attends rien en échange. Si tel était le but des médecins, de manière générale, je doute que vous ayez été soigné, car il n’y a personne dans les hôpitaux de cette ville qui attende quoi que ce soit de vous, monsieur le maire. » Si le propos, sous l’effet de la fatigue et du stress s’autorisait à communiquer un peu de ce qu’elle pensait, le ton dépourvu d’agressivité était celui du simple constat. Il ne s’agissait que de cela, d’un simple constat logique devant l’état du monde de l’hôpital gothamite.



"Combien de temps s'est écoulé depuis que vous m'avez trouvé ? Je dois le savoir, et vite !"

La médecin jeta un œil à la pendule qui indiquait inéluctablement la position de son pire ennemi, à savoir non le Gant, mais le temps. Elle réfléchit un court instant, mais sa mémoire était assez bonne pour se souvenir globalement de l’heure d’arrivée de chacun des patients.

« Deux heures, trois tout au plus. » répondit-elle, pas très impressionnée, plutôt préoccupée, et par tout à fait autre chose que l’homme aux parapluies. Regarder sa montre lui rappelait surtout, enfin, à condition qu’elle ait pu l’oublier, à quel point elle n’avait pas de temps à lui consacrer.

Elle lui conseilla d’aller asseoir en attendant que ses blessures, notamment celle à la main qui saignait abondamment, puissent être prises en charge. D’un geste de la main, elle lui désigna un coin un peu moins surpeuplé où quelques chaises étaient libres. Elle ne mentionna pas explicitement qu’il risquait d’attendre assez longtemps vu qu’en comparaison de brûlures du troisième voire du quatrième degré, de balles dans la région du torse, d’artères majeures sectionnées ou de l’hémorragie interne causée par le choc cinétique des balles sur un gilet de protection, ses blessures étaient des plus bénignes, et qu’il n’était pas du tout la priorité du moment. C’était pour elle totalement évident.  

A la vérité, elle cherchait un peu un coin dans lequel le caser pour qu’il lui fiche la paix et la laisse travailler et qu’il ne traine pas dans les pattes des soignants, qu’il risquait immanquablement d’importuner. La directrice de la clinique cherchait aussi et peut être surtout à éviter qu’il importune les autres patients. Qu’il s’agisse de simples citoyens (donc potentiels futurs électeurs) ou de membres de sa propre équipe, ce n’était assurément ni le lieu ni le moment. Et encore, il ne s’agissait même pas d’envisager qu’il puisse tomber sur ceux qui hier encore étaient de ses ennemis. Elle avait véritablement suffisamment de problèmes avec les fous du dehors pour ne pas en supplément gérer entre les murs de l’hôpital des guignols mal en point à qui il prendrait l’envie de se crêper le chignon.  Entre les craintes d’un drame, la situation cauchemardesque, l’excès de travail et le manque de moyens, elle avait déjà suffisamment de choses à faire comme ça. Merci pour elle.  






(*) Molière, L'Avare
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MessageSujet: Re: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptyLun 27 Fév 2023 - 14:12

Une envie de faire du mal, de prendre le loup par la patte et de mordre fort, jusqu'à ce que le sang pisse. Jusqu'à ce que le sang coule le long de sa patte comme un flot. Oswald ricanait à cette pensée, son sourire s'étirait tandis que la jeune femme lui parlait. Un sentiment de mort l'envahissait, il n'avait qu'une seule envie : arracher avec les dents, la gorge de ces ordures du Gant Noir qui l'avaient dépossédé de ses biens, de ce qui lui revenait de droit : Sa ville, et ses biens. Le Pingouin prenait l'habitude de voir Gotham sombrer sous l'immondice perpétuelle de ses propres tenanciers et c'était risible ! En outre, Cobblepot savait qu'il fallait à tout prix se débarrasser des pires ordures qui peuplaient la ville dans le but de s'approprier la cité, tout bêtement et le monopole des trafics. Mais Cobblepot n'allait très clairement pas se laisser abattre, et encore moins déglinguer sans coup férir. Le Gant Noir. C'était mignon. C'était charmant hein. C'était fort charmant. Rien de bien inquiétant pour Oswald, qui en avait vu bien d'autres. Cependant, ces hommes étaient bien armés, et parés à tirer sur tout ce qui entrerait au Bowery, c'est ce qui ne rassurait pas Le Pingouin. Mais l'idée était possible, selon ce que supposait la jeune femme, que le temps perdu puisse permettre aux assassins du Gant Noir de se lancer à la poursuite de Cobblepot. Une habitude normale dans le monde de la pègre. En arborant un sourire sadique, Cobblepot imagina, dans un premier temps, comment ils allaient s'en sortir pour tuer l'une des âmes les plus glorieuses de la ville, comme ça, sans plus de difficultés. Puis, il revint à la jeune femme, son sourire s'effaçât net. Il râcla sa gorge avant de reprendre.

"Tu m'as sauvé la vie. Cette clinique, je ferai en sorte qu'elle ait ce qu'elle mérite. Un Cobblepot n'a qu'une seule parole, et sa parole est d'or."

Le Pingouin était une des pires ordures qu'on pouvait connaitre, ou soupçonner d'être. Et pourtant, ceux qui avaient honoré et servit les Cobblepot avaient toujours été remercié de la meilleure des façons, la dernière en date fut l'infirmière d'Esther Cobblepot, alias la mère du Pingouin. Cobblepot lui avait offert tout ce dont elle désirait, en remerciement pour ses services et pour l'attention portée à la mère du Pingouin. Les infirmières, la dernière fois que Cobblepot en avait eu besoin, il avait demandé à ce que la plupart des filles qui l'accompagnaient soient habillées dans ce genre. Un fantasme qui peut parfois être très intéressant quand on y songeait. Mais Cobblepot n'était pas un rustre, non. Il savait très bien traiter les femmes, surtout quand celles-ci lui donnaient beaucoup. Et puis, pour les réfractaires, il y'a toujours quelques petits films enregistrés dans l'Iceberg Lounge, qui permettaient de les faire chanter au bon moment. Oswald s'avançait, doucement, vers ce qui semblait être la réception de la clinique. Un homme s'y trouvait, et bouscula le Pingouin. L'air fiévreux, feignant tout mouvement quelqu'il soit, Le Pingouin alias Oswald Chesterfield Cobblepot marchait lentement vers la sortie, toujours prêt à dégainer ce qui risquera sûrement d'être son chant du cygne. Ou pas. Il n'était pas encore habitué à la lumière du jour, sûrement à cause des médicaments qu'il avait reçu. Et sans faire attention, quelqu'un lui rentra dedans.

"Fait gaffe, gros lard."

Oswald, dont le sang ne fit qu'un tour, percuta au bout de deux secondes avant de se ruer sur l'être qui venait de le bousculer. Il se rua sur l'homme et le fit tomber à terre avant de plonger ses dents dans la gorge de l'homme. Oswald, après toutes ces horreurs, après tout ce qu'il avait vécut à cause du Gant Noir, et maintenant, ce manque de respect, venait de lâcher la bride. Il planta ses dents dans la gorge et lui arracha un morceau de peau, avant de remarquer que ce dernier était en train de pisser le sang. Haletant, la bouche couverte de sang, Cobblepot recracha le morceau avant de hurler. La fureur se lisait dans les yeux du Pingouin, une fureur due aux bafouillements, aux calomnies, et surtout, à l'imbécilité de tous ces gens qui peuplaient Gotham. Dans une rage noire, très sombre, il hurla dans la clinique.

"JE SUIS LE MAIRE DE CETTE VILLE, ESPÈCE DE MERDE !"

L'homme crachait du sang, mais cela ne toucha pas la corde sensible du Pingouin qui l'observait se baigner dans son sang. Qu'importe ce que diraient tous ceux qui étaient là. Il était le seul bourreau de cette ville, et il comptait bien reprendre ce qu'on lui avait dérobé. Son honneur, et sa ville. Le début d'une fin, sans doute, et qui l'eut cru ? Serait-ce alors la déchéance, ou le renouvellement ? Fallait-il en tirer quelque enseignement ou continuer sur la longue route qu'était la vie ? Pendant un instant, les pensées du Pingouin se tournaient encore une fois vers sa mère. Il n'y avait bien qu'elle qui avait pu souffrir sa trogne de manchot. Ce nez monstrueux et ce corps disgracieux n'avait jamais plu à personne, sauf à elle. C'était sans doute le moment le plus délicat dans la vie d'une personne. Lorsque cette dernière perd ses repères, elle semble perdue et enclin au malheur, le pédagogue n'est pas éternel, et c'est là toute la complexité d'une éducation respectable mais trop souvent indicible. Comment s'assurer que l'enfant suivra les directives que vous lui aviez formuler, quelques années auparavant ? Serait-ce donc cette peur effrayante, celle qui glace le sang, qui retient, encore et encore, le souffle de celui ou celle qu'on a aimé toute une petite vie ? La Mort n'est-elle finalement pas un remède ? C'était la survie qui parlait. Les instincts les plus bas de Cobblepot qui refaisaient surface, et il priait en silence, en espérant que sa mère lui parle à nouveau, dans cette nouvelle étape mouvementée de sa vie. Tant de fois avait-il espéré que cette dernière ouvre les yeux et qu'elle lui réponde : "N'ai jamais crainte, mon garçon, tu es fort", mais même ceci, elle ne pouvait plus le dire. Alors que le calme envahissait le Pingouin, tous essayaient indubitablement de sauver l'être qui avait insulté le Pingouin. Oswald resta fort gentleman, en remettant son blouson. Soutenant à nouveau le regard de l'infirmière qui l'avait sauvé, Oswald émit un petit rire, avant de reprendre.

"Votre clientèle est désagréable. Vous devriez faire le tri dans vos patients. On ne sait jamais sur quel monstre on peut tomber, dans les rues de Gotham City."



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MessageSujet: Re: Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]   Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen] EmptyDim 30 Avr 2023 - 18:33

« Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît. », Michel Audiard, Les Tontons Flingueurs





"Tu m'as sauvé la vie. Cette clinique, je ferai en sorte qu'elle ait ce qu'elle mérite. Un Cobblepot n'a qu'une seule parole, et sa parole est d'or."

Un haussement d’épaules septique et un regard blasé accueillirent la pompeuse déclaration de l’oiseau de mauvais augure. Si elle ne prit pas la peine de lui expliquer qu’entre sa collection impressionnante de casseroles sordides, son appartenance de notoriété publique au grand banditisme et sa tendance toute politicienne à la mythomanie, sa parole et ses promesses de justice ne valaient pas un copeck. Et puis, pour ce qu’il en était du souci que portaient les maires de Gotham d’aider le secteur hospitalier de la ville… qu’on la laisse rire ! Elle savait ce qu’il en était, merci pour elle.  

D’autre part, elle ne croyait pas que la clinique ait un jour "ce qu'elle mérite", quoique cela puisse être par ailleurs. Déjà parce que si l’humanisme, l’honnêteté et l’intégrité étaient à Gotham récompensés, cela se saurait. Ils n’étaient de toute façon par là pour ça. Enfin et surtout parce que devoir le supporter, lui, son mépris crasse, son arrogance graisseuse, ses sautes d’humeur et son caractère de cochon, personne, non personne, ne méritait cela.

Elle soupira en pensant que vue l’importance de ses blessures par rapport à celle des autres patients, il allait devoir attendre longtemps, très longtemps, probablement des heures entières, beaucoup d’heures.  Non que cela soit vraiment problème. Il s’en remettrait. Le problème c’était surtout que pendant ces "beaucoup d’heures" il allait falloir le supporter. Et connaissant la légendaire patience de l’individu et son incroyable capacité à accepter de n’être pas considéré comme le centre du monde, la médecin, qui était une personne censée, aurait pu parier que ça n’allait pas être une sinécure.




La suite lui donna raison. Evidemment

Elle ne l’avait quitté des yeux qu’une poignée de minutes tout au plus, étant partie s’occuper de gens qui, eux, avaient réellement besoin en urgence de soins, qu’un cri plus furieux et plus féroce que les autres la fit se retourner. Son sang se glaça pendant un instant, craignant une attaque du Gant. Puis elle reconnut la voix et connaissant la réputation d’irritabilité de l’oiseau de mer qui servait de maire à la ville la plus pourrie de ce côté-ci de la côte Est des Etats-Unis.

Il n’y avait pas de mystère. Plusieurs clans, gangs et mafias de la ville avaient été attaqués par le Gant simultanément. Et pour être dans la même situation, victimes du même coup du sort et des mêmes assassins, ils n’en étaient pas moins ennemis. Dès leur installation, aux premiers jours de la clinique les affiches "Merci de ne pas s’entretuer dans les couloirs.", n’étaient même pas un vœu pieux, plutôt un trait d’humour blasé. Que les différents voyous et désaxés de la ville aient assez de bon sens pour se tenir à peu près tranquilles quand ils étaient à l’hôpital, malades à en crever ou mortellement blessés, pourrait sembler assez logique n’importe où ailleurs. Mais ici, c’était Gotham, et il était fort à craindre que la logique ne soit qu’un beau rêve. En particulier, quand il y avait un manchot déplumé et sur les nerfs en liberté dans la clinique, le pire était probable. De toute façon, avec ou sans lui, maintenant et ici, il semblait que le pire était toujours sûr.  

« Vous m’excusez cinq minutes ? » demanda-t-elle au patient dont elle s’occupait, et qui n’était de toute façon pas vraiment en état de lui répondre. « Je vais aller essayer de gérer une petite apocalypse et je reviens. »

En plein milieu du couloir, en plein devant la réception de l’hôpital, elle tomba sur une scène d’horreur et de chaos : le Pingouin, en train d’égorger à coup de crocs un quidam qui avait lui-même l’air de faire plus ou moins partie de la pègre, ou tout du moins de n’être pas un enfant un cœur, si tant est que cela existât dans cette foutue ville ; le type en question allongé par terre comme une marionnette désarticulée, crachant du sang ; Helen en train d’essayer d’empêcher le bandit de l’achever ; une autre infirmière en train d’essayer de ralentir l’hémorragie, un jeune brancardier en train d’essayer de l’évacuer vers une salle de soin. Une victime de plus à soigner en urgence, un possible nom de plus sur la liste des victimes des récents évènements, un patient de plus dans l’amoncellement de leur course éperdue et perdue contre la mort et le temps. L’agacement de Katheleen franchit un cran, en même temps surtout que son découragement. Trou noir de l’espoir, ou quelque chose du genre.

C’était dans ce genre de moments délicats, lorsque l’inéluctable écrasant se doublait de toutes les horreurs et tous les déboires du quotidien, lorsque son travail qu’elle aimait pourtant envers et contre tout devenait un enfer, lorsque devant le silence de l’humanité, les cris de souffrance et les rires des sadiques et des fous ses repères semblaient dérisoires, que Katheleen sentait le poids acide de sa solitude. Elle n’avait depuis longtemps plus de famille, et presque plus d’amis. Ses parents étaient incapables d’affection et ne s’étaient jamais sincèrement souciés d’autrui, à commencer tristement par leurs propres enfants. Sa mère et son père la haïssaient depuis qu’ils la savaient médecin. Ses frères et ses sœurs lui étaient des étrangers qui tentaient d’oublier son honteuse existence pour les uns, et pour les autres qu’elle les avait abandonnés. Quoiqu’il en soit, ils ne se comprenaient pas. La cadette, la seule avec laquelle elle avait eu une véritable connivence, était morte depuis longtemps.  Son suicide avait été un choc terrible et elle ne s’était jamais vraiment pardonnée de ne pas avoir été là pour la protéger. Mais la mort d’Alan, cela avait été autre chose. Lorsqu’il avait été fauché par un camion, à seulement vingt-trois ans, le monde s’était écroulé autour d’elle. Il ne s’était jamais relevé. Elle non plus. Alan n'était pas seulement l’homme qu’elle aimait, c’était son meilleur ami, son collègue, son confident... Il était sa famille, celui avec lequel elle avait construit le sens de sa vie et ses projets d’avenir. C’était sur son épaule qu’elle aurait aimé pleurer. Mais avant de pleurer sur l’épaule imaginaire d’un défunt cruellement regretté, elle devait sauver les blessés de la mort, le quidam du Pingouin, le Pingouin de sa connerie et l’hôpital du désastre. Ce qui laissait peu de temps pour se lamenter.

Avant qu’elle ait le temps de demander ce qu’il s’était passé, qu’est-ce que c’était que ce cirque ou qui est-ce qui était assez colossalement crétin pour penser que c’était une bonne idée d’attaquer quelqu’un pour un motif aussi futile dans un contexte où le plus banal des bons sens et des soucis de sa propre santé recommandait de laisser les soignants bosser, c’est le Pingouin lui-même qui se tourna vers elle.

"Votre clientèle est désagréable. Vous devriez faire le tri dans vos patients. On ne sait jamais sur quel monstre on peut tomber, dans les rues de Gotham City."

La médecin resta une courte seconde interloquée. Elle avait déjà rencontré des gens qui avaient un sans-gêne supérieur à leur masse pondérale, et pas que chez les gens sveltes, mais alors, lui c’était une synthèse. La jeune femme, qui avait par son défunt fiancé, inclination personnelle et la bibliothèque-cinémathèque de l’université à l’époque où elle était encore étudiante, une solide culture en ce qui concernait la littérature et le cinéma français, sentit bouillir en elle une citation qui quoiqu’on puisse par ailleurs penser d’Audiard et de ses idées politiques, était tant par les protagonistes que le propos, parfaitement adaptée. Elle eut fort heureusement la sagesse de la garder pour elle.

L’odieux piaf avait encore du sang entre les dents - depuis quand les grosses pintades de ce genre avaient-elles des dents ?  -  oui, la vie est pleine de surprise, mais Katheleen n’avait l’esprit à apprécier ce genre d’ironie. Elle en était plutôt à chercher un moyen de calmer le volcan d’énervement qui lui montait au nez. Et un moyen d’envoyer l’emplumé piscivore aller se faire voire chez les grecs. Sans causer d’autres dégâts, si possible, il en avait assez fait comme ça. Merci bien.

« Et la mort, elle fait le tri entre ceux qu’elle frappe ? »

Le ton n’était pas agressif. Seulement froid et perçant comme le vent dans un cimetière.

« Il n’y a pas de clientèle qui tienne. Et pas non plus de tri. C’est un hôpital, ici. Nous sommes médecins, pas des marchands de tapis. »






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Manchot Un ne répond plus [PV Katheleen]

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