Spencer est loin d’être un bon babysitter parfait. Il n’avait pas signé pour ça en donnant sa vie au nouveau maire de la ville. C’est un homme de terrain, un homme qui pourrait donner sa vie pour son employeur. Au lieu de se servir de ces nombreuses qualités pour le protéger des criminels de la ville, il lui avait donné un rôle bien moins divertissant. Au milieu des rendez-vous administratif et politique se trouvaient Cassidy Sergeiovich Sverdlov, son fils adoptif. Du jour au lendemain, il s’était retrouvé coincé dans l’appartement du nouveau maire de Gotham, contraint de surveiller un adolescent au comportement énigmatique. Il ne comprenait pas vraiment ce qui avait pu traverser l’esprit d’Hugo Strange pour s’encombrer d’un enfant aussi capricieux. Contrairement à ce que les tabloïds pouvaient raconter au sujet de cet adoption, elle était murement réfléchie. L’été dernier, ce gamin était littéralement tombé du ciel pour tomber entre les mains de Strange. Ce dernier l’avait gardé jalousement à ses côtés, planqué dans l’un des couloirs abandonnés de l’asile d’Arkham. Personne ne savait réellement ce qu’il se passait entre ces murs mais il rendait régulièrement visite au jeune garçon, surtout pendant sa campagne. Après être devenu le maire de la ville, il avait attendri le public avec l’adoption d’un adolescent fragile qui demandait une attention particulière.

Avant de protéger l’adolescent des éventuelles menace que représentait les opposants de Strange, Spencer devait avant tout surveiller l’adolescent de lui-même. Cassidy avait montré à de nombreuses reprises qu’il avait l’esprit fugueur Il profitait de la moindre occasion pour tourner les talons ou défier l’autorité qui essayait de le dompter. Jusqu’à nouvel ordre, le petit russe était confiné dans les appartements de son père adoptif. Il était isolé, privé de contact avec le monde extérieur, aussi mal loti qu’à l’asile d’Arkham. Dans cet enfer, Spencer frappa brutalement à la porte de sa salle de bain. Cassidy s’y était enfermé depuis une dizaine de minutes après avoir obtenu l’accord de son geôlier du soir. Strange avait offert à son fils une salle de bain privée et une chambre meublée simplement. Des barreaux avaient été installés sur la fenêtre de sa chambre et sa salle de bain privatisée ne lui donnait aucune autre échappatoire possible. Cassidy avait passé la moitié de son temps appartie à essayer de se débarrasser du fond de teint qui cachait le tatouage sur son bras.

« On avait dit dix minutes. Sort de là où je défonce la porte. » La porte s’ouvre, un adolescent se retrouve face à son garde du corps. Ce dernier mesure deux ou trois tête de plus que lui mais ça n’empêche pas Cassidy de montrer tout son agacement. « Bouge ton cul, le dîner est servi. »

Les deux hommes se côtoie par dépit. L’adolescent est muré dans un silence glaciale mais son regard laisse entrevoir toutes les émotions négatives qu’il pouvait ressentir, coincé entre les mains de Strange depuis plusieurs mois sans possibilité d’échapper à sa tutelle. D’un pas nonchalant, il suivit son gardien jusqu’à la cuisine où il enfourna les restes d’un repas au micro-onde avec un certain désintérêt. Cassidy observa ce dernier avant que son attention ne soit perturbée par des miaulements. Le chat de Strange le regardait avec un regard affamé et une gamelle complètement vide. Il leva les yeux vers Spencer.

« Et le chat ? » l’accent de Cassidy est très prononcé. Il ne fait pas réellement d’effort pour le cacher. Son anglais est approximatif.

« Quoi le chat ? »

« Tu ne le nourrit pas. »

« C’est sur toi que j’dois veiller. Nourris le ton putain de chat. » Cassidy le fusillait du regard. « Ne me regarde pas comme ça, j’suis pas ta putain de mère. »

Le micro-onde rompu ce moment de tension en déclenchant son alarme. Le jeune russe prit quelques minutes pour nourrir l’animal de compagnie qui était probablement la seule présence non-toxique dans cette maison. Spencer déposa le plat à moitié froid sur la table à manger. Il s’attendait à ce que l’adolescent se jette sur son plat mais ce dernier devenait un peu trop curieux et commençait à fouiller les placards de la cuisine. Craignant une tentative de rébellion, le gardien s’interpose et saisit brutalement le bras de Cassidy qui sursauta.

« Qu’est-ce que tu fous ?! Tu crois que je t’ai pas vu. Tu ne m’auras pas comme la dernière fois. »

« Mes médicaments ! » grogna l’adolescent. « Сука Блять, как можно быть таким тупым ? » Spencer le force tout de même à reculer, à s’asseoir avant de trouver la pharmacie et de fouiller la pharmacie qui lui était réservé. Cassidy avait une santé très fragile et demandait beaucoup d’attention, une alimentation saine et un traitement régulier. « Non, pas ceux-là. » Spencer finit par perdre patience et lui donner une série de plusieurs gélules aux couleurs variées.

« Tu prends ça et tu fermes bien ta gueule. »

Cassidy observa les médicaments. Ils n’arrivaient pas encore à lire l’alphabet latin mais il connaissait les effets de chaque gélule. Spencer avait rajouté deux comprimés d’anxiolytiques. Avec cette dose de cheval, il espérait que l’adolescent tombe dans un profond sommeil dans les trente prochaines minutes et lui foute la paix pour la soirée. Malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’on essaye de le droguer à son insu, l’orphelin sait duper ses adversaires. Une fois le repas avalé, son geôlier n’allait pas le laisser errer dans les quartiers. Sous ordre de son père adoptif, Cassidy passait le plus clair de son temps enfermé dans sa chambre avec des cahiers d’études et des dictionnaires anglais comme seul compagnie. Il devait se comporter en adolescent exemplaire pour avoir le droit de rester au salon. La maison était équipée d’un bureau et d’une salle de sport réservé uniquement aux désirs de Strange.

Spencer était assez confiant pour laisser Cassidy trainer encore quelques minutes sur le canapé du salon, le temps que les anxiolytiques fassent effet. Il devait toujours garder un coup d’œil sur l’adolescent en cas de crise épileptique. Doucement, le jeune russe m’était en avant ses talents d’acteur et s’endormait doucement sur le canapé jusqu’à ce que son gardien soit convaincu et tourne les talons quelques instants pour passer un coup de téléphone.

« …Ouais, il dort. Il a tout avalé sans se poser de question ce crétin. » Cassidy se rapprocha discrètement dans la cuisine. Il lui faut une arme, un couteau, quelque chose qui pourrait l’aider à s’enfuir de cet endroit et à faire face au danger. « …mais nan je ne l’ai pas tué ! C’est que des sédatifs. » Le tiroir du haut ? Non, celui du bas ? Rien de concluant. Il avait confisqué toutes les armes blanches depuis sa dernière évasion. « Hmmm… j’sais pas. Il faudra surement en chercher à la pharmacie. » Cassidy perdait patience, il remuait ciel et terre. Il veut partir de cet endroit, il veut quitter cet enfer. « J’vais v… Hey. Qu’est-ce que tu fous ?! »

Cassidy est prit en flagrant délit. Lui qui était obnubiler à l’idée de trouver un indice, quelque chose pour s’évader se retrouvait prit au piège. Spencer est en colère, il s’est encore fait duper par un gamin. Il abandonna son téléphone pour se jeter sur l’adolescent, lui saisir le bras et le tordre. Un seul mouvement pouvait lui briser les os.

« Tu m’as pris pour un con ?! Tu seras le dernier, crois-moi. Strange ne m’en voudra pas si je te brise un os. Je vais faire ça proprement. »

« Отпусти меня ! Ты причиняешь мне боль !! »

Cassidy est paralysé par la douleur, il n’a pas osé se débattre. Le moindre faux mouvement pouvait entraîner une fracture handicapante pour l’adolescent. Le petit russe avait un genou à terre, il était à la merci de sa baby-sitter qui n’attendait plus qu’une nouvelle provocation pour briser les os de ce pauvre enfant. Ce n’est pas la première fois que l’adolescent le provoquait et le faisait passer pour le dernier des crétins, incapable de surveiller un gosse. Sa réputation était en jeu. Malgré son immobilisation, Cassidy faisait face à son agresseur et son regard radioactif le mettait au défi de passer à l’acte, de prendre le risque de se faire engueuler par son supérieur hiérarchique après avoir endommagé sa marchandise. L’adolescent semblait prêt à prendre ce risque pour voir le karma rattraper cet idiot. Entre quelques jurons d’une autre langue, l’adolescent essayait de bouger légèrement son bras pour se srtir de cette situation inconfortable, en vain.

Ces prières ont été entendues. Le bruit d’un morceau de verre éclatée en mille morceaux détourna l’attention du garde du corps. Cassidy tordait sa nuque pour observer un premier intrus dans la maison qui hurlait sur sa babysitter. Ce dernier tenta lâchement de se servir de l’orphelin comme bouclier humain. Il n’était pas aussi rapide que le premier intrus qui s’interposa entre lui et Cassidy. L’adolescent se redressa sur ses jambes et massa son bras pour soulager la douleur. Tout s’était enchainé tellement vite qu’il n’avait même pas eu le temps de comprendre ce qu’il se passait autour de lui. Le premier lui demandait avec un russe quasi impeccable de se réfugier dans le salon avec le téléphone toujours allumé. Sans réfléchir davantage, Cassidy laissa son instinct le guider et glissa vers le téléphone. Il l’attrapa et s’enfuit de la pièce pour se réfugier dans le salon comme l’avait supposé l’étranger.  

Une deuxième personne masquée était entrée dans la maison. Cassidy s’est arrêté dans son élan pour le regarder s’approcher et s’attarder sur Spencer et le deuxième inconnu. Ils semblaient se connaître et leur accoutrement était plus qu’étrange. A l’autre bout du fil, le collègue commençait à s’inquiéter du manque de réponse au bout du fil. Cassidy a tenté de calmer le jeu en faisant l’effort sur la prononciation et en cachant son accent.  

« Ce n’est rien. Il s’est réveillé. Il fait le con. Je te rappelle. » rétorqua Cassidy au téléphone avant de raccrocher. Il espérait que l’homme au bout du fil ne reconnaissait pas sa voix.  

Une fois avoir abandonné le téléphone, son instinct de survie se tourna vers les deux étrangers. Spencer ne parlait plus. Cassidy ne voyait plus ce qu’il se passait dans la cuisine mais il avait déjà deviné l’issue du combat. Craignait d’être le prochain sur la liste, l’adolescent devait se préparer à d’éventuelle hostilité à son égard. L’adolescent avait fouillé les tiroirs qui n’étaient pas verrouillés par précaution. L’adolescent avait les mains baladeuses, Strange avait condamné la plupart des tiroirs et placards qui contenait des objets susceptibles de servir d’arme blanche. Heureusement pour le petit russe, il avait oublié un tiroir dans lequel se trouvait une paire de ciseaux. Machinalement, Cassidy s’est réfugié contre l’un des coins du canapé pour éviter de se faire prendre par surprise par un éventuel troisième intrus. Cassidy ne pouvait pas se fier à ce genre de personne, même si elles ne semblaient pas menaçantes. Les apparences sont souvent trompeuses.  

Lorsque le plus petit des deux s’étaient rapprochés pour lui demander si tout allait bien et s’il n’était pas blessé dans un russe quasi parfait, Cassidy ne répondait pas. Son dos se colla davantage contre le dossier du canapé et il tendit son bras armé en direction de l’inconnu pour le dissuader de s’approcher. Son bras tendu tremblait légèrement à cause de la douleur qui ne s’était pas encore dissipé. Le fils du maire se place directement en position défensif, il se tenait prêt à une éventuelle attaque de la part de ces étranges individus. Même si le plus petit des deux essayent de s’intéresser à lui, Cassidy ne se laisse pas emporter berner si facilement.  

« Reste où tu es où je te plante ça dans les yeux ! * » grogna Cassidy. Les deux semblaient comprendre le russe, l’adolescent ne prend même pas la peine de traduire. « Qu’est-ce que vous êtes ? Putain mais vous êtes qui ? Qu’est-ce que vous voulez ?! Si vous voulez vous en prendre à Strange, portez vos couilles et allez directement vous en prendre à lui ! * »

Les émotions fortes se sont enchaînés et Cassidy devient de plus en plus nerveux. Malgré son traitement, le risque d’une crise épileptique était toujours présente. Son bras commence à trembler de plus en plus, ainsi que sa cuisse. Dans ce véritable capharnaüm, un petit être à quatre pattes est passé entre les jambes des deux intrus pour se rapprocher de l’adolescent et se poser près de lui. Il posa sa patte sur la jambe tremblante, l’avertissant d’un début de crise. Cassidy reprend son souffle, comprend et essaye de gérer ses émotions pour éviter d’être complètement à la merci de ces deux hommes. Il soupira pour extérioriser son stress mais ne baissa pas la garde pour autant.  

« Vous êtes quoi ? Une bande de clown ? Vous... Vous m’espionnez ? * »

Spencer était inconscient, Cassidy pouvait observer son corps en pivotant légèrement la tête. Un silence s’était installé dans la demeure. Aux premiers coups d’œil, il n’y avait rien d’anormal dans cette maison moderne, caricature de la haute bourgeoisie de Gotham. Lorsqu’on analysait certains éléments de plus près, on pouvait discerner des détails inquiétants témoignant d’une éventuelle maltraitance. De nombreux tiroirs de la cuisine étaient verrouillés, notamment celles qui renfermaient toutes les couteaux. Le placard qui servait de pharmacie était encore grand ouvert. A l’intérieur se trouvait de nombreux médicaments, de simples antidouleurs jusqu’au traitement antiépileptique de Cassidy en passant par des produits un peu plus agressifs. Le placard disposait d’une dizaine seringues stériles avec de nombreuses avec deux ou trois fioles contenant un liquide incolore avec une étiquette artisanale, écrite à la main, “T-34” était inscrit sur les petites fioles. La chambre de Cassidy se trouvait à l’étage de la maison. L’intérieur était impersonnel mais équipé pour abriter un adolescent concentré dans ces études. Cassidy était déscolarisé depuis qu’il avait été enlevé, il y a de cela plus de cinq ans. Il avait cumulé beaucoup de retard et Strange exigeait que son enfant soit éduqué. Le plus troublant dans cette pièce n’était pas l’intérieur mais sa porte qui possédait un verrou extérieur, comme si on cherchait à enfermer quelqu’un dans cette pièce.  

A première vue, Cassidy ne montrait pas des signes de violence. Sa peau était aussi pâle que ses cheveux et ses iris prenaient une couleur irréelle. Le bras que Spencer avait menacé de détruire commençait à prendre des teintes violasses sur certains endroits. Les manches de sa veste sont légèrement retroussés et laisse apercevoir un vieux tatouage qui n’était pas présent lorsqu’il avait fait son entré au gala. Cette maison et la présence du fils adoptif du maire dégageait une aura de mystère. Il y avait bien quelque chose de louche chez l’adolescent qui avait réussi à reprendre son calme avec la présence du chat, mais sa méfiance envers les intrus n’avait pas disparu.  

La paire de ciseaux est toujours braqués en direction du plus âgé des intrus. Le moindre faux pas de sa part entrainerait le système de défense que Cassidy s’était forgé au fil des années. L’orphelin n’est pas un expert dans l’art du combat, mais il est téméraire et débrouillard. Il pouvait facilement transformer un objet du quotidien en véritable arme de destruction. Lorsque la conscience du télépathe estime une menace, il ne lésine pas sur les moyens pour neutraliser cette dernière. Ses pulsions prennent le dessus et la situation se transformait rapidement en bain de sang. L’adolescent était resté paralysé par une incertitude et une peur intérieur qui lui broyait l’estomac. Son visage ne laissait échapper aucune émotion mais son langage corporelle le trahissait. Cassidy était effrayé, il savait qu’il ne pourrait pas faire le poids contre eux. Quelques secondes ont suffi pour mettre sa baby-sitter hors d’état de nuire, qu’en était-il pour lui ?

Cassidy essayait de se montrer menaçant et de les pousser à garder une distance de sécurité avec lui. Le premier intrus qui était le plus proche de lui essayait de calmer le jeu avec des gestes lent et calme pour inviter l’adolescent à faire de même. En plus de ces mouvements, l’intrus a commencé à se présenter pour lever le voile du mystère, en partie. Son russe était clair, il n’avait presque pas d’accent. Ce détail semblait rassurer l’adolescent, en partie. Il pencha légèrement sa tête sur le côté en essayant d’assimiler les informations qu’il recevait. Malgré qu’ils essayassent de se montrer rassurant, ces deux hommes continuaient à se cacher derrière leur masque et leur nom de code. Cassidy n’était pas certain de vouloir leur accorder le bénéfice du doute jusqu’à ce que Nightwing lui explique comment ils en sont arrivés à entrer par effraction chez lui. Il semblait connaître Hugo Strange, pas seulement sa face publique, du maire exemplaire proche du peuple. Il connaissait également sa face cachée, celle que Cassidy connaissait trop bien maintenant.

« Inquiet pour moi ?  * » répéta l’adolescent. « Au gala ? Je… je ne crois pas vous avoir vu là-bas. * »

L’adolescent était légèrement confus. C’était la première fois depuis des mois qu’il entendant ses paroles. En arrivant dans un pays étranger où il était inconnu de tous, il ne pensait pas une seule seconde que quelqu’un pouvait se soucier de son sort. Il semblait que les habitants de cette ville étaient assez stupides pour croire que le maire possédait un sens exemplaire de la paternité. Puis le justicier qui était resté à ses côtés a commencé à lui poser des questions, à se demander si tout allait bien pour lui et si l’homme qui le surveillait se montrait toujours aussi violent.

« Il n’a pas le droit de me faire du mal. C’est ce que Strange lui a dit. C’est moi qui lui suis fait du mal et il me déteste pour ça. Il est très susceptible et je l’ai énervé. * »

Cassidy ne montrait pas réellement de remords lorsqu’il l’avait poignardé la première fois. Il aurait presque aimé que sa blessure lui soit fatale. Mais doucement, le dialogue a invité Cassidy a baissé son arme et abandonné l’idée de s’en prendre à Nightwing. Ce dernier semblait réellement se soucier de lui, jusqu’à craindre qu’il se blesse avec les débris de verre. Le télépathe relâcha la pression sur son bras et pivota légèrement la tête pour désigner l’entrée, l’endroit où se trouvait ses chaussures. Malgré le manque cruel d’affaire personnel, Strange avait fait en sorte que son fils ne manque de rien vestimentairement parlant. Il avait des tenues pour les évènements, mais aussi des tenues plus décontractés. Là-bas, le justicier pourra trouver une paire de baskets quasi neuve à la pointure de l’adolescent qui avait légèrement baissé sa garde, mais pas son arme.

« Vous le connaissez ? Vous connaissez le vrai Ougo Strange ? Vous savez qui il est ? * »

Nightwing s’était légèrement approché pour demander à Cassidy s’il pouvait jeter un coup d’œil à son bras. Le jeune homme a un mouvement de recul, sur le moment, il hésita. Quelques secondes de silence sont nécessaires avant que l’orphelin retire doucement la manche de son sweat zippé pour laisser voir la peau nue de son bras. Son épiderme est aussi pâle que son visage, des bleus ont commencé à apparaître près de son épaule, par suite de la violence de Spencer. Cette peau pâle permet au justicier de récupérer quelques informations supplémentaires. Il peut remarquer des traces d’injection proche de ses veines et observer de plus près le tatouage bicolore qui se dessinait sur son avant-bras. Bizarrement, ce dessin ne lui était pas étranger. Il l’avait probablement déjà vu dans un des dossiers du GCPD, une enquête où la police avait retrouvé le corps sans vie d’un adolescent qui possédait le même tatouage, au même endroit. Il était légèrement plus jeune que Cassidy, avec une couleur de cheveux identiques. La seule différence entre les deux dessins était le numéro gravé juste en dessous. Cassidy portait le numéro dix-huit, la victime portait le numéro trois.

« Non. Je ne veux pas que ce connard parte. * » Dans le ton de sa voix, Cassidy semblait craindre les représailles lorsque Strange franchira le pas de la porte et verrait tout ce bordel. Il avait besoin de quelqu’un pour porter la responsabilité et Spencer était la victime idéale.

Cassidy avait failli oublier le deuxième justicier qui errait dans la maison. Il ne comprenait pas ce que Red Robin cherchait précisément mais il avait terminé son enquête. Il s’adressa à son allié dans une langue que l’adolescent ne pouvait pas comprendre. Il fronça légèrement les sourcils en pensant qu’il s’agissait d’un dérivé de la langue de l’Amérique profonde. Après quelques analyses, le Détective découvrira que le flacon « T-34 » qu’il avait analysé renfermait un puissant neuroleptique artisanale qui pouvait servir à inhaler des pouvoirs télépathiques. Le justicier se rapprocha de Cassidy en lui informant qu’il s’était occupé du chat. Il l’avait presque oublié, l’animal avait quitté le canapé pour venir réclamer un peu de nourriture.

« Ce n’est pas mon chat. * » affirma l’adolescent avec une légère froideur. Il était là quand Strange l’avait emmené à la maison. Mécaniquement, il se rend compte qu’il a été un peu trop dure avec cette adorable bestiole. « …il m’aide quand je n’arrive plus à me contrôler. * »

Au fil de la discussion, l’esprit paranoïaque du télépathe a commencé à se poser mille questions. Est-ce que ces deux intrus étaient réellement venu pour lui ou cherchait-il simplement à soutirer les infos auprès de la personne la plus vulnérable ? Celle qui était constamment en contact avec leur cible principale ? Cassidy avait remis en question leur bonne volonté et commençait à montrer de nouveaux des signes de méfiance. La paire de ciseaux étaient restés à proximité, il effectua un mouvement de recul. Le télépathe se décida à utiliser ses talents pour aller chercher ses réponses par lui-même.

Il s’acharne sur sa première victime Nightwing. Le regard radioactif de l’adolescent croisa le sien et un canal télépathique a commencé à se former entre les deux hommes. Le justicier peut soudainement ressentir des picotements à l’arrière de son crâne de plus en plus désagréable. Cassidy fronça les sourcils, il s’était heurté à un mur, il n’arrivera pas à trouver ce qu’il cherche. Avant que sa victime ne prenne conscience de ce qu’il lui arrivait, il changea de cible et s’attarda sur le plus jeune. Le lien était, en apparence, beaucoup plus facile à faire. Au bout de quelques secondes, le pauvre Red Robin ressentit une légère migraine devenir de plus en plus intense avec la sensation que sa cervelle était en train d’être broyer dans un mixeur. De l’autre côté, Cassidy était habitué à la douleur et continuait de creuser en ignorant les migraines que cela pouvait lui provoquer et le sang qui commençait à s’échapper de ses narines pour venir tâcher ses vêtements et le canapé. Le télépathe cherche, fouille dans les pensées de l’intrus en espérant pouvoir comprendre leurs réelles intentions et ce que Red Robin avait bien pu découvrir en faisant le tour du propriétaire. Qu’importe la douleur, pour sa propre sécurité, il devait chercher cette vérité.

Face à l’inconnu, Cassidy s’est laissé noyer dans le doute et la paranoïa. La vie mouvementée de l’adolescent lui avait rappelé que les alliés d’aujourd’hui sont les traitres de demain. Il devait se montrer un peu plus méfiant, surtout face à deux hommes qui prenaient beaucoup de précaution pour cacher son identité. Malgré le doute qui semait dans son esprit, il avait laissé l’aîné l’examiner et lui toucher le bras. Il avait retiré sa manche pour laisser apercevoir sa peau. Au premier contact physique entre les deux hommes, Nightwing peut sentir les muscles du petit russe se contracter avec un léger sursaut. Le fils du maire n’a pas l’air d’apprécier le contact physique, bien au contraire. Il essaye de prendre le dessus sur ses émotions pour ne pas montrer ses failles. Son regard s’était suivait mécaniquement les gestes du justicier, une surveillance passive jusqu’au moment où son inconscient réclamait plus.

Le télépathe avait bravé l’interdit. Pour obtenir des réponses, il s’était d’abord tourné vers le justicier qui était resté à ses côtés pour lui soutirer des informations. Malheureusement, il s’est heurté à un mur, il devait changer de stratégie. Sans réfléchir davantage, il s’est tourné vers le second justicier et s’est acharné sur son esprit. Cassidy devait être certain qu’il ne donnait pas sa confiance à des personnes mal intentionné, des personnes qui cherchaient à l’exploiter, à lui faire du mal. Ce pouvoir lui demande beaucoup d’énergie et d’effets secondaires. En plus des saignements, il pouvait ressentir quelques migraines qu’il avait apprit à supporter, contrairement à ses victimes. Les douleurs étaient beaucoup plus intenses du côté de Red Robin. Un filet de sang s’échappait à son tour de ses narines, mais le flux n’était pas aussi abondant que du côté de Cassidy.

Parmi tout ces flots de souvenirs, de pensées, d’émotions, l’adolescent essayait de faire le tri et de saisir ce qui l’intéressait vraiment, les véritables intensions de ces justiciers. L’opération était délicate et périlleuse d’autant plus que ces pouvoirs étaient connus pour être très instable. Si l’orphelin venait à creuser trop loin, il pouvait provoquer de lourd dégâts aussi bien physique que psychologique. Cassidy sentait une résistance mais essayait sans cesse de la contourner. De toutes les informations qu’il avait pu récolter, il n’avait rien détecté d’intentions malveillante. Son instinct s’était-il trompé ? Est-ce qu’ils étaient vraiment venus jusqu’ici pour l’aider ? Plus il essayait de penser et plus ces recherches sont vagues et maladroite, les douleurs s’intensifiaient et la récolte était de plus en plus mauvaise. Un nouvel élément perturbateur est venu ébranler la concentration de l’adolescent sur l’esprit de Red Robin. La voix de Nightwing sonne comme un écho dérangeant qui prenait de plus en plus de place dans la conscience de Cassidy. Le lien se retrouva rompu d’un coup sec lorsque sa main attrapa sa mâchoire.

Le geste est brut, aussi bienveillant soit-il, c’est un choc pour l’adolescent. Son regard croisa celui de Nightwing et mille émotions négative ont commencé à prendre le dessus. A travers ses doigts, l’américain pouvait ressentir tous les muscles du corps de l’adolescent se contracter, l’enfant est effrayé mais aussi très en colère. Sa nuque pivotait de gauche à droite pour essayer de se libérer de cette emprise qui le tétanisait. Il veut frapper, cette présence qui devenait de plus en plus oppressante. C’est un véritable traumatisme que l’adolescent essayait de chasser. Son instinct demandait du sang, mais Nightwing avait bloqué son bras armé.

« LACHE MOI. LACHE MOI FILS DE PUTE. * » hurla Cassidy, agressant avec ces mots plus qu’avec ces poings.

Perséphone, l’animal de compagnie de la famille a rapidement senti les émotions fortes de son protégé. Elle n’a pas traîné pour grimper sur le lit et donner le bon coup de griffe sur le bras de Nightwing pour l’inviter à lâcher prise. Elle n’oublia pas de feuler et de montrer les crocs pour lui demander de reculer. Libéré, Cassidy laissa échapper une forte quinte de toux pour recracher le sang qui s’était accumulé dans sa gorge et ses narines. Perséphone avait probablement empêché le petit russe de faire une crise d’épilepsie en éloignant la menace. Son visage était noyé par des larmes de terreur qu’il n’assumait pas. Son visage se détourna des deux justiciers pendant que son compagnon l’accompagnait par des doux miaulements, comme pour lui demander si tout allait bien. Cassidy avait besoin d’un peu de temps pour se remettre de ses émotions. Il restait encore un peu perturbé.

« …Désolé. * » dit-il doucement, conscient qu’il avait fait du mal. Il avait beaucoup de mal à donner plus de mots pour s’excuser. « C’est pas ce que je voulais… * »

Son corps tremblait légèrement lorsqu’il repensait à ce qu’il venait de faire. Il ne faisait même pas attention à son état qui s’était légèrement dégradé. Il avait perdu un peu de sang, sa peau était devenue légèrement plus pâle. Il avait développé un peu de fièvre et il avait la sensation d’avoir couru un marathon. Le sang continuait de tâcher son visage, ses yeux étaient écarquillés de peur. Cassidy venait de prendre conscience qu’il avait dévoilé des informations cruciales. Nightwing avait compris que l’adolescent avait des dons de télépathie, il venait de se tirer une balle dans le pied. Au fil des secondes, le visage du fils du maire se décompose.

« Meta… Non. Je suis pas un méta, je ne suis pas un méta. C’est pas vrai… C’est pas ce que je suis. C’est eux, c’est eux qui m’ont détruit. Je les déteste… je déteste ce qu’ils m’ont fait. * » marmonna Cassidy en se renfermant physiquement sur lui-même, le corps tétanisé. Perséphone se heurte à un mur, elle se frotte contre lui pour espérer l’apaiser, mais ses souvenirs le hantent et il craint le pire maintenant.

L’espace d’un instant, Cassidy fait le vide dans son esprit. Lentement, son rythme cardiaque était redescendu pour retrouver un état stable. Sans le savoir, les deux justiciers avaient éviter une crise d’épilepsie spectaculaire qui aurait réveillé ses pouvoirs télépathiques et provoquer de lourdes conséquences pour chaque personne présente dans la pièce. Le regard de l’orphelin est resté vide d’émotion pendant quelques secondes, il revisualisait la scène, analysait les données qu’il avait pu récolter en farfouillant dans leurs esprits. Le télépathe n’avait pas osé aller trop loin dans l’esprit des deux intrus, il savait son pouvoir instable. Lorsqu’il a détecté de la résistance en essayant de fouiller dans l’esprit, il n’a pas osé forcer pour détruire ces barrières. Il savait ces pouvoirs très instables, en s’enfonçant davantage dans l’inconscient du sujet. Il avait seulement touché la surface, les ressentis, les émotions. Il n’avait rien détecté qui pourrait l’inviter à prendre ses distances.  

Nightwing avait machinalement prit du recul pour laisser l’adolescent respirer. Il lui avait donné de quoi rafraichir son visage et essuyait le sang qui colorait son menton et ses lèvres. Cassidy accepta l’aide du justicier avec une certaine méfiance dans le regard. Même s’il n’avait rien discerner de suspect dans l’esprit de son partenaire, il n’était pas à l’abris d’une attaque surprise. Le fils du maire était clairement sur la défensive et restait collé au fond du canapé comme un chiot égaré qui découvrait un nouvel environnement. Nightwing avait rapidement compris que l’adolescent était un télépathe. Ces pouvoirs sont un don très convoité par le genre humain, c’est bien ce qui l’a conduit à finir entre les mains de Strange. Les opportunistes ne manquaient pas dans ce monde et ces deux justiciers pouvaient en faire partie.

Red Robin a pris un peu de recul, il avait besoin de se remettre de ses émotions. Cassidy pouvait sentir une certaine inquiétude, il n’arrêtait pas de le fixer avec insistance. L’adolescent connaissait ce regard, les yeux d’un homme dont l’intimité avait été balayé d’un simple revers de la main. L’adolescent avait un peu honte de provoquer une telle réaction mais avalait ces émotions avec assez de facilité pour ne rien laisser paraître Nightwing a fini par réengager la discussion avec le fils du maire et de s’excuser pour sa brutalité. Avec Strange, Cassidy a l’habitude qu’on ne respecte pas cette espace vitale qui était si sensible. La seule qui pouvait l’approcher, effleurer sa peau sans avoir peur, c’est Perséphone qui a commencé à s’étaler sur le canapé en poussant quelques doux miaulements pour apaiser l’adolescent. Le justicier s’attarde sur ce qui avait pu déclencher ses pouvoirs et le tatouage plaqué sur son bras. Cassidy avait fini par oublier son existence, autant que sa cicatrice au niveau de son bas ventre. Nightwing essayait de comprendre ce qui avait bien pu arriver à l’adolescent pour qu’il en arrive à de telles réactions et pourquoi il disposait de tels pouvoirs.

« M'aider... vraiment ? * » Il n’est jamais à l’abris d’un traitre dans ces rangs mais il était conscient qu’il ne pourrait pas échapper à cette situation sans assistance. « Vous pouvez toujours enquêter, mais vous ne pourrez pas les atteindre. Je ne viens pas d’ici, je viens de Russie, la Sibérie pour être plus précis. * » Cassidy hocha la tête à la suite des questions de Nightwing. « Oui, ils m’ont enlevé quand j’étais enfant, c’était censé être une simple visite médicale. Ils m'ont enlevé, ils m'ont prit des organes, ils ont tatoué cette chose sur ma peau, je n'avais que douze ans, j'étais leur chose. Ils m’ont enfermé dans un institut où j’ai subi plein d’examen et d’expérience bizarre. Je n’étais pas seul, il y avait d’autres enfants avec moi, des orphelins, ils n’ont pas tous survécu. * »

Cassidy a les poils de ces bras qui se dressent lorsqu’ils se remémorent ces souvenirs douloureux. Dans cet établissement, il avait connu d’autres enfants, son meilleur ami faisait également partie du lot de cobaye. Rares sont ceux qui ont survécu aux traitements imposés par les médecins. Il se souvient encore du corps frêle et sans vie de ce dernier lorsqu’il a jeté un coup d’œil à la morgue. L’adolescent s’était senti perdu sans lui, il était comme un grand frère ou peut-être plus que ça. Il était plus âgé de deux ans, il n’avait peur de rien, il lui avait apprit tellement de chose. Cassidy chassa ces souvenirs douloureux en pivotant sa nuque.

« Ils ont dit que j’étais spécial, que j’étais… le prototype le plus abouti. Leurs produits m’ont détruit mais ils ne cessaient de me dire que j’étais le début d’un grand avenir. * » L’adolescent détourna le regard. « Ils sont protégés par la mafia, vous n’en pourrez pas les atteindre mais Strange… peut-être que… * » Cassidy devait s’allier pour faire payer cet homme tout ce qu’il avait pu lui faire subir durant ces derniers mois. Les scientifiques qui l’avaient transformé étaient hors de porter mais avec le maire de Gotham, il y avait encore une issue. « Je ne suis pas son fils adoptif. Il m’a acheté, c’est pour cela que j’ai atterrit ici. Il m’a enfermé dans un bâtiment étrange… Arkham ? * »

En libérant la parole, le fils du maire avait commencé à se détendre et à s’apaiser. Depuis qu’il avait été adopté par Strange, il avait déjà essayé d’alerter les forces de l’ordre sur sa situation. Il leur avait parlé de son arrivée sur le sol américain, de son parcours avec des hommes de la mafia qui avait été retrouvé mort dans un motel. Les officiers qui s’étaient occupés de lui n’en croyaient pas un mot. Pour enfoncer le trait, les hommes de Strange qui était venu récupérer le fugueur avait déclaré que l’adolescent était atteint de schizophrénie et qu’il ne fallait pas toujours le prendre au sérieux. Cassidy était littéralement prit au piège, réduit au silence. Mécaniquement, le regard de Cassidy se tourna vers Red Robin qui n’était pas très rancunier face à l’intrusion. Heureusement pour le petit russe, cette invasion psychique avait causé plus de peur que de mal.

« Je… je ne peux pas faire ça. Ce n’est pas possible. * » dit-il sérieusement lorsque le justicier lui conseillait d’avertir avant d’envahir l’esprit des autres. « Si ça peut te rassurer, je n’ai lu aucune pensée, j’ai simplement effleuré ton esprit. Je voulais être certains que je pouvais vous faire confiance. Je ne suis pas… un télépathe normal. Mes pouvoirs sont capricieux, douloureux et parfois destructeurs. * » Cassidy commençait à le juger du regard. « Tu t’es absenté pour fouiller la maison. Qu’est-ce que tu cherchais ? Tu es allé dans ma chambre et dans la cuisine, tu as trouvé mes médicaments ? J’aimerais… tu peux aller me chercher mon antiépileptique ? J’ai besoin de le prendre * »

Cassidy avait commencé à se détendre au fil des minutes qui défilaient. Il y avait toujours cette légère tension entre lui et les deux intrus mais l’adolescent se livrait doucement. Quand il racontait son histoire, le télépathe craignait d’être prit pour un fou. Les policiers qui l’avaient récupéré lors d’une fugue n’avaient jamais voulu croise le point de vue du fils du maire. En plus de ses problèmes de santé, ils étaient persuadés que l’esprit était également touché. Il s’était retrouvé seul contre tous avec des inconnus qui étaient prêt à se jeter sur lui pour avoir leur petit moment de gloire. Pour la première fois ou presque, Cassidy se sentait écouté et compris. Ce Nightwing semblait déterminé à lui venir en aide et intervenir pour aider les prochaines victimes. L’adolescent avait fini par relâché la pression. Il relâcha la garde de déposa le couteau à proximité. Il leur offrait le bénéfice du doute mais gardait toujours cette part de méfiance, elle faisait partie de son instinct de survie. La corruption est partout et les traitres sont souvent les plus intentionnés.  

Nightwing semblait choqué, Cassidy ne lui avait pourtant pas raconter toute l’histoire. L’adolescent n’avait fait qu’explorer la surface. Il n’avait pas raconté ses origines, ni la réputation qu’il pouvait avoir en Russie en portant son nom de famille, ils n’avaient pas besoin de savoir. L’adolescent s’était recroquevillé sur le canapé, rempliant ses jambes contre lui. L’intrus vêtu d’un costume bleu s’emportait et était prêt à remuer ciel et terre pour sauver les autres enfants. Cassidy le regardait d’un air hébété, lui qui avait toujours été habitué à la passivité des gens pensait que Nightwing en faisait un peu trop. Il mentionnait des noms qui n’avaient pas réellement de sens.  

« C’est qui Batman ? Superman? Flash. T’es peut-être un peu trop utopiste à mon goût. Ils ne sont peut-être même plus au même endroit. Vous les Américains, vous pensez pouvoir résoudre tous les problèmes de ce monde en un claquement de doigt. C’est pas aussi simple. J’aurais aimé que ça soit aussi simple. * » Cassidy marqua un silence en constatant qu’il avait été un peu trop passif agressif à l’égard de cette personne qui se voulait compatissant et ouverte, il n’avait pas l’habitude. « Désolé… je ne voulais pas être méchant. * »

Le télépathe baissa légèrement la tête, ses boucles cachaient ses yeux radioactifs. Il semblait s’en vouloir intérieurement d’avoir hausser la voix. Le fils du maire était noyé de frustration, d’émotions négatives qu’il gardait au plus profond de son être. Il ne pouvait pas les exprimer sous peine d’être puni par son père adoptif. Alors, il les crachait à la première personne qui entrait dans son espace de vie, comme un serpent qui crache son venin pour se défendre. L’adolescent a conscience que son comportement peut être toxique et essayait tant bien que mal de ne pas se laisser entraîner dans un cercle vicieux.

Malgré les mauvaises paroles de Cassidy, l’intrus était prêt à l’aider et fini par lui confier un petit gadget. La curiosité rattrapa l’adolescent qui l’attrapa entre deux de ses doigts avec un geste assez timide et méfiant. Il n’avait qu’à se servir de ce minuscule appareil pour appeler à l’aide. Le fils du maire était habitué aux mauvais traitements et à la pression psychologique quotidienne du maire de Gotham. Sa présence était devenue constante depuis plus de six mois. Avec le temps, le petit russe avait pensé qu’il était condamné. Il hocha légèrement la tête et remercia silencieusement dans un premier temps.  

Le deuxième intrus était revenu avec le verre et le traitement de Cassidy. Ce dernier le remercia également avant d’avaler doucement le contenu du verre en gardant l’oreillette dans le creux de sa main. Red Robin s’excusa à son tour de se montrer si intrusif, ils semblaient tous les deux inquiets pour sa situation. Pour cacher sa douleur, le télépathe se contenta d’hausser les épaules lorsque le plus jeune parlait de ce qu’il pouvait subir.  

« Ougo a sa manière à lui de se faire comprendre et de se faire obéir… Si vous voulez l’arrêter, je vous conseille de prendre contact avec une certaine Lizbeth. C’était une cobaye de Strange, elle a peut-être des informations précieuses à vous fournir. * »  

Il reposa le verre vide sur la petite table basse et observa avec une certaine fascination l’oreillette qu’on lui avait confié. Il n’avait jamais vu un appareil aussi technologiquement évolué d’aussi près. Il prenait son temps pour l’observer, comme s’il allait le perdre de vue. En repensant à tout ce qui venait de se passer une idée était en train de germer dans l’esprit stratège du petit russe. Malgré son aspect brisé, la flamme de la liberté ne s’était pas encore éteinte malgré les sévices. Cassidy repensait aux âmes qui avaient croisés sa route, notamment une qui avait croisé sa route et qui n’avait pas hésité à se salir les mains.  

« Naitvin, Red Robeen, vous êtes des genre d’agent secret, non ? Des agents secrets avec des tenues bizarres ? J’ai... besoin de vous. L’homme qui a frappé le maire pendant le gala de ce milliardaire-là, il s’appelle Ileeo. Il m’a trouvé lorsque les mafieux m’ont emmené sur le sol américain, il n’a pas hésité pour me venir en aide. Est-ce que vous pourriez veiller sur lui ? * »

Ce pays regorgeait de surprise, Cassidy essayait d’en comprendre les règles. Il avait l’impression de s’être réveiller pour se retrouver au milieu d’un cauchemar. Il devait tout réapprendre et observer. C’est en analysant son environnement qu’il parviendrait à se libérer de ses chaines. L’adolescent avait passé une partie de son existence à chercher des solutions pour sortir de ce merdier. Il ne s’attendait pas à ce que des individus viennent s’opposer à l’autorité publique. En devenant maire de la ville, Strange était devenu presque inatteignable et les pouvoirs de Cassidy lui avait permis de démarrer avec une bonne réputation. Son passé douteux avait presque été effacé par l’opinion public. Tous étaient prêt à écouter la rédemption du psychiatre, ou presque. Habitué à la corruption, Cassidy ne s’attendait pas à ce qu’il voyait sous ces yeux mais en profitait. Les deux hommes qui se trouvaient en face de lui était la preuve que le peuple américain de cette ville n’était pas complètement dupe. Ils étaient prêts à aider mais défier le maire de la ville n’est pas sans conséquence.

Cassidy n’avait pas besoin de comprendre leur langue pour sentir la tension. Ces deux justiciers étaient capables de défier l’autorité, mais pas de se transformer en criminel. Retirer l’adolescent de cette demeure serait vu comme un kidnapping. Le jeune russe se sait piégé par des liens invisibles qu’on ne peut pas retirer sans conséquence. C’est un véritable champ de mine qui le sépare des justiciers. L’adolescent n’avait pas bougé du canapé, baissant les yeux et observant la seule source de réconfort dans l’appartement, Perséphone, le chat de Strange. Elle était revenue après avoir pris son repas pour réclamer quelques caresses. Il continuait d’écouter le plus vieux, Nightwing qui essayait de lui expliquer le principe de justicier. Il y avait tout un groupe derrière ces deux hommes qui combattait l’injustice.

« Chauve-souris. Homme chauve-souris. Vous êtes vraiment bizarre, les américains mais… amusant. * » Même si l’adolescent trouvait cette histoire amusante, son visage ne laissait pas échapper la moindre émotion. « C’est qui l’homme chauve-souris ? Votre patron ? Votre père ? Vous êtes une espèce de société qui bosse à côté de la police ? Ils sont tous un peu corrompu, non ? J’ai essayé de fuir cette maison, une fois. J’ai réussi mais ils m’ont rattrapé. Personne n’a voulu m’écouter. Ils me prenaient tous… pour un taré. * »

L’adolescent avait l’habitude de se retrouver seul contre tous. Il se souvenait de ce jour où il était parvenu à s’enfuir de l’institut. Le cobaye avait marché pendant plusieurs kilomètres jusqu’à trouver une voiture qui avait accepté de l’emmener dans le village le plus proche. Il s’était retrouvé dans le commissariat du coin et avait finit par tout avouer. Il avait tout expliqué aux autorités, les expériences qu’il avait subi avec d’autres enfants. Malheureusement, il avait suffi de quelques billets pour que les policiers raccompagnent l’adolescent au point de départ. A Gotham, les policiers qui étaient tombé sur le fils du maire fugueur n’avaient pas eu besoin de billets verts pour le ramener à la maison. En repensant à cet endroit, ce pseudo foyer, il repensait à ces moments où il était seul avec Strange. Ces connaissances en langue était encore assez flou mais il était certains d’avoir entendu quelques ces noms quelques parts.

« Ça fait un peu trop de nom à retenir… Chauve-souris… justiciers. C’est des mots que j’ai déjà entendu, que ça soit de la bouche de Strange ou des policiers de cette ville. Vous avez votre popularité, non ? Je présume qu’Ougo vous connait. S’il apprend que vous êtes venu ici… Qu’est ce qui va se passer ? Je veux dire… comment va réagir Hugo ? Qu’est-ce qui va m’arriver ? * »

Cassidy pensait à voix haute, des questions légitimes pour un adolescent perdu au milieu d’une guerre entre justiciers et criminels qui ont soif de pouvoirs et d’influences. La fatigue avait fini par le faire taire, ou plutôt, son attention était ailleurs. Il posa les yeux sur l’objet que lui avait confié Nightwing. Son partenaire avait suggéré une autre possibilité pour appeler à l’aide si Strange devenait trop violent. L’ancien cobaye avait passé plusieurs mois avec le psychiatre comme seul compagnie. Il avait déjà été spectateur de la folie de cette personne et de son dévouement pour la science et le contrôle. Bien évidemment, malgré le contrôle de son père adoptif, l’adolescent avait son petit jardin secret. Lors de leur visite au Gala, Katheleen lui avait confié un objet très précieux, le collier de sa mère biologique. C’était le seul souvenir de ses parents et son seul effet personnel. Ce petit accessoire avait une valeur sentimentale indescriptible. Pour que Strange ne mette pas la main dessus, il avait une petite cachette dans le matelas de son lit. Il hocha doucement la tête.

« Oui, j’ai ce qu’il faut pour le cacher… Et même si ce n’était pas le cas. Je ne veux plus rester seul… avec lui. Il est parfois… imprévisible. Il ne me tuera pas, il a besoin de moi mais parfois… je sens qu’il peut aller au-dessus de sa rationalité et écouter ces pulsions. J’ai vu ce qu’il se passait quand je l’énervais… pas dans le sens où je fuis la maison car il sait qu’il pourra toujours me retrouver. Non je parle de… hmm… * » L’adolescent avait l’impression de trop en dire, il devait aussi garantir sa sécurité. « …de quand il est vraiment énervé…. bref. * »

Red Robin garantissait qu’il veillerait sur son ange gardien, Cassidy avait besoin d’entendre ça. Il ne savait pas ce qui était arrivé à Elio depuis qu’il avait fait sensation au gala. Il avait besoin de savoir mais se contentera de la parole de ce justicier pour se soulager. Malgré sa condition de captivité, le jeune russe préparait aussi ses pions pour saborder Strange de l’extérieur tout en restant proche de lui pour analyser ses réactions et trouver ses points faibles sans en être directement impacter. Il devait jouer subtilement.

« Lizbeth… je ne connais pas la ville, je n’arrivais pas à lire les panneaux quand Ileeo m’a emmené chez elle, mais elle vivait dans un quartier malfamé, très pauvre. Il y a l’air d’avoir… beaucoup de trafic et de criminels. Désolé, je ne peux pas vous aider plus. * » Il hocha légèrement la tête. « Je peux cacher la balise sous la semelle de ma basket. Techniquement, je suis déjà en danger. Vous êtes entré dans ses appartements et lui… * » Il se tourna vers le corps inconscient sur le sol de la cuisine. « …il vous a vu. Ougo comprendra et j’aurais le droit à un interrogatoire. J’ignore comment il réagira mais je suppose qu’il ne vous porte pas dans son cœur, vu que vous êtes prêt à lui mettre des bâtons dans les roues. * » Cassidy avait une idée derrière la tête, mais préférait rester vague. « Je suis déjà en danger, chaque tentative l’énerve un peu plus chaque jour et personne ne me croit, je ne suis pas battu. Il a ses méthodes pour… me dissuader. * »

Une méthode que Red Robin n’avait pas remarqué en examinant la chambre de l’adolescent. Elle était invisible, mais Cassidy la connaissait bien. Il se mura dans un silence glaçant en se rappelant de ces longues heures plongés dans le noir, l’étouffement, la solitude. L’orphelin ne voulait pas en raconter plus sur son quotidien, craignant que cela les dissuade de partir sans lui. Pour le bien de la déchéance du maire de la ville, ils devaient l’abandonner. Le télépathe en était bien conscient et c'est à contrecœur qu'il demeurait muet, son regard fixant un point fixe en direction du vide.

Le destin de Cassidy était assez incertain depuis le gala. Avec les mois passés avec Strange comme seul lien social, l’adolescent avait commencé à cerner le personnage. Il parvenait plus ou moins à anticiper les réactions et à se préparer au pire lorsqu’il tentait de fuir son autorité. Avec les récents évènements, l’adolescent n’était plus sûr de rien. Il avait passé une bonne partie des derniers jours à fuir son père adoptif et limiter les interactions. Il mentionnait la fatigue pour aller se réfugier dans sa chambre et se faire oublier. La destruction de l’asile d’Arkham avait occupé son esprit, suffisamment pour que le jeune homme, toujours sous son emprise, ne soit plus la priorité. La visite de justicier dans l’une de ses demeures pouvait probablement titiller les nerfs de Strange.

Nightwing tentait d'expliquer le concept de justicier à un adolescent qui n'avait connu que la corruption et l'absence d'autorité. Pour lui, la mafia n'avait qu'à tendre un billet ou murmurer quelques menaces pour obtenir tout ce qu'elle voulait. Cassidy était un peu trop fataliste pour croire qu’ils avaient la moindre chance de faire bouger les choses. Tout ce petit monde était dirigé par un espèce de leadeur qui se déguisait en chauve-souris. A côté de ce que pouvait imaginer Cassidy quand on lui parlait d’homme costumé avec des oreilles pointues, le bleu criard de la combinaison de Nightwing lui semblait moins ridicule tout d’un coup. L'adolescent tentait d'intégrer les us et coutumes de ce nouveau monde qu'il ignorait tant et qui l'avait déstabilisé. Il allait essayer de se rappeler de chaque pseudo, bien qu’il n’aurait aucun mal à se souvenir de celui de Catwoman. Qui peut bien se faire passer pour un chat, l’animal de plus paresseux de cet univers.

Cassidy s’était muré dans un silence pendant que l’acolyte de Nightwing était en train d’énumérer les différents plans pour faire croire à Strange qu’aucun justicier n’est rentré chez lui. L’adolescent gardait une oreille attentive pendant qu’il cachait cette oreille sous la semelle de sa chaussure, dans le creux de son pied pour éviter d’abimer le petit objet si précieux. Lorsqu’il arrivait dans l’hypothèse d’attacher le gamin pour faire croire à un cambriolage, le sang de l’adolescent ne fit qu’un tour. Il leva doucement les yeux en direction de Red Robin. Le justicier n’avait pas besoin de plus pour comprendre que l’idée était loin de lui plaire et libérait des souvenirs qu’il aurait préféré oublier. Des yeux de chien battus, un hochement de tête négatif, Cassidy déglutit pour ravaler ses souvenirs et les larmes qui étaient en train de surgir et de montrer ses faiblesses.  

« Je… je vais gérer Ougo. J’ai l’habitude…* » rétorqua simplement l’adolescent avec un regard légèrement vide. « Le gaz, juste le gaz suffira. * »

Lors de ce moment d’absence, les mains de l’adolescent tremblaient, emporté par de léger spasmes musculaires qui aurait pu être expliquer par la nervosité, mais ce n’était pas le cas. Cela ressemblait plus aux symptômes du manque. En regardant de plus près, le blanc de ses yeux étaient légèrement irrités, devenu rouge. Cassidy ressentait les symptômes, il avait envie de se frotter les yeux mais préférait l’ignorer. Il se redressa sur le canapé et enfila sa paire de basket pour éviter de se blesser. Il orienta doucement ses pupilles en direction du corps inconscient qui avait commencé à bouger, des tics musculaires, alertant d’un réveil proche.

« Le garde, il vous a vu. Il vous connaît surement. Je vais arranger ça. * »

Sans attendre la réaction des justiciers, Cassidy s’est levé en direction de la salle de bain, escorter par Perséphone qui marchait avec sa queue touffue levée, comme pour faire la belle. Mécaniquement, le jeune télépathe s’est agenouillé à proximité de sa victime, rapprocha sa main du visage de ce dernier. Il ouvrit légèrement sa mâchoire, sans geste brusque et enfonça deux doigts dans sa gorge avec un certain manque de délicatesse, à croire qu’il cherchait à l’étouffer. Ses gestes sont devenus un peu moins délicat au fur et à mesure que les secondes défilaient. Le garde commençait à gargariser pour tenter de recracher chasser l’intrus dans sa gorge. Cassidy redressa sa main avant d’être mordu. Entre ses doigts se trouvait un petit carré blanc, semblable à un chewing-gum encore intacte. Il s’agissait d’un cérébraux-isolant, une technologie qui empêchait Cassidy d’utiliser ses pouvoirs télépathiques contre le porteur. Une fois débarrassé de ce petit gadget, le pauvre Spencer était à la merci des dons de son prisonnier. Lorsqu’il ouvrit doucement les paupières, il ne pouvait plus fuir.

« Tu n’as croisé aucun justicier. Des voleurs venir et ont assommé toi. Tu n’as rien pu faire et tu ne peux rien faire pour les arrêter. » retorqua Cassidy avec un anglais approximatif, son regard fixé sur celui de son garde du corps.

Une goutte de sang s’était échappée de la narine de Cassidy après avoir lobotomisé l’homme. Il avait réussi son méfait et semblait fier de ne sentir que le sang qui s’échappe de l’une de ses narines. Maintenant qu’il avait réussi à effacer une partie des traces des justiciers, c’était à eux de terminer le travail. L’orphelin devait également passer à la casserole. Il se redresse pour observer les deux justiciers pour se réinstaller sur le canapé.

« Faites vite avant qu’il revienne et… faites attention au chat, s’il vous plaît. * »