Ce costume traînait dans son armoire depuis le gala. Il symbolisait le chaos qu’avait été cette folle soirée au milieu de la bourgeoisie de Gotham. Il avait été fabriqué sur-mesure, taillait la silhouette de l’adolescent à la perfectionner pour dessiner sa taille et ses épaules. Cassidy avait associé ce costume à une sortie spéciale où il devait jouer les enfants modèles. Le jeune russe devait couvrir son mal dans sa carapace, devenir le fils du maire, un exemple pour la ville. L’adolescent avait l’habitude de jouer sur les apparences pour cacher ses émotions, c’était instinctif, une manière de se protéger. Cette fois, c’est la contrainte qui pousse Cassidy à jouer un rôle. Il devait faire taire les rumeurs qui se répandaient après sa mésaventure au gala de Wayne. Son père adoptif savait se montrer convainquant avec l’adolescent, avec quelques menaces glissé au coin de l’oreille avant de grand départ.

Dans la limousine qui l’emmenait tout droit à l’échafaud, Cassidy s’agitait sur son siège. Il était accompagné de deux homme de Strange. En apparence, on pourrait croire qu’il s’agissait de deux garde du corps qui accompagnaient l’adolescent pour le protéger des menaces extérieurs. En réalité, ils étaient surtout là pour surveiller le télépathe, il avait un rôle à tenir. Au cours de ces derniers mois, il avait montré à son entourage, qu’il n’était pas digne de confiance et qu’il avait des tendances fugueurs. Les deux hommes mesuraient deux tête de plus que le russe et une masse musculaire beaucoup plus imposante. Leur simple présence suffisait à dissuader l’adolescent. Maintenant, ils devaient s’assurer qu’il se tiendrait à carreaux jusqu’à la fin de la visite.  

Durant le trajet, l’adolescent balançait son regard entre les deux gardes sans oser bouger un doigt par crainte des représailles. Ils ont déjà commencé à s’agiter un peu lorsque la voiture s’est rapprochée de son objectif. Lorsqu’il a pris conscience de ce qui allait se passer, il était déjà trop tard. Le premier qui s’était assis juste à côté de lui a saisi son bras. Le télépathe a essayé de se débattre mais sa force surpassait la sienne à tous les niveaux. Cassidy criait, pestait dans sa langue maternelle pour laisser échapper cette frustration lorsque l’aiguille se glissa dans sa peau. Strange avait ces petites astuces pour garder l’adolescent sous son contrôle. Il avait mis au point un traitement expérimentale pour contrôler les capacités de son fils adoptif. Ce liquide qui se promenait dans ses veines avaient des effets secondaires douloureux. En quelques secondes, il avait la sensation que sa boîte crânienne était prise dans un étau. L’homme le relâche brusquement après lui avoir injecté le contenu de la seringue, le chauffeur s’est arrêté, ils sont arrivés à destination.

« Tu n'as pas besoin que je te rappelle l'importance de cette visite. Si je détecte le moindre soupçon à ton égard, tu en subiras les conséquences. Ose seulement. » menaça l’un des sbires de Strange

« Va te faire foutre. » grogna Cassidy en se massant le crâne et en essayant de se montrer un peu plus présentable en remettant sa veste

« Tiens, met ça. »

Son agresseur lui avait tendu une paire de gant élégante en cuir. La santé de Cassidy était fragile et personne ne voulait prendre le risque de la mettre en danger. L’adolescent courba l’échine et enfila la part quelques secondes avant de se L’autre garde qui était resté silencieux a ouvert sa portière pour sortir le premier et s’armer d’un parapluie pour protéger le fils du maire. La portière de la limousine à proximité de ce dernier s’ouvrit, il en sortit d’un pas hésitant. En observant la bâtisse de plus près, il commençait à comprendre pourquoi ses geôliers étaient préoccupés pour sa santé. Il arracha le parapluie des mains du larbin et se rapprocha de son objectif. Le premier garde était resté à proximité de la limousine, le second emboitait le pas de l’adolescent pour veiller sur lui ou plutôt le surveiller.

Cassidy avançait d’un pas lent, il ne savait pas réellement où allez. Il s’avança dans la cour à la recherche d’une âme qui voudrait bien l’accueillir. Son regard croisa celle d’une femme qui attendait seul sous la pluie. Il s’approcha d’elle mais elle prit les devants. Elle se présenta à lui et en relevant sa tête, le sang de Cassidy ne fit qu’un tour, ce visage lui semblait si familier. Pendant un instant, il semblait certain que Nastya se trouvait juste en face de lui après avoir perdu sa trace pendant des années. Elle avait été laissée aux soins de la mafia qui avait prit grand soin de séparer le trio.

« Nastya ? » murmura l’adolescent avant de sentir une pression sur son bras pour lui rappeler qu’il avait une mission à remplir et qu’il était déjà en train de dériver. « Ravi de vous rencontrer. Mon père et moi sommes tous deux orphelins. Nous savons à quel point cette vie... n'est pas facile. » Son accent est très prononcé. Cassidy essaya de faire un effort mais ce mal de tête constant perturbait sa concentration. « Nous sommes prêt à vous aider. Mon père m’a envoyé pour… constater les dégâts et fournir l’argent. Je vous suis. » Enfin, il n’est plus très sûr de ce qu’il doit faire.

Il sent la pointe d’un poignard dans sa colonne vertébrale à chaque pas qui le rapprochait de cette femme. Son garde du corps prenait une petite distance mais son aura était assez pesante pour que Cassidy est la sensation d’avoir tout son poids sur ses épaules. Cet homme avait des fusils à la place des yeux, le moindre faux pas de son otage pourrait entraîner des conséquences catastrophiques pour ce dernier. Le fils du maire n’avait pas besoin de plus pour se tenir à carreaux. Les mois passés isolés sous la torture psychologique de Strange avaient suffi pour le dissuader de faire des bêtises, ou presque. L’adolescent n’avait pas entièrement renoncé à son libre arbitre, il faisait juste un peu plus d’effort pour être discret. Il avançait lentement en espérant pouvoir faire chuter son bourreau et ses larbins, tôt ou tard.

Nova se tenait devant lui et avait immédiatement discerné quelque chose de suspect chez l’adolescent aux cheveux blancs. Les migraines constantes le faisaient vaciller légèrement. Il tenait son parapluie à bout de bras mais le bout de ses doigts tremblait, ses muscles tétanisaient. Il pouvait sentir tout ce corps se refroidir sur place l’espace de quelques minutes, le temps que le produit s’installe dans tout son corps. Ne sachant pas comment justifier ce comportement presque suspect, le fils du maire préférait se murer dans un silence en espérant que cela se tassera. Son garde du corps derrière lui n’avait même pas prit la peine d’intervenir pour justifier l’attitude suspect de son soi-disant protégé. La main du soldat se glissa vers la crosse de son arme lorsque Nova posa sa main sur l’épaule de Cassidy. L’adolescent eu un mouvement de recul pour éviter le contact physique mais elle était trop rapide, il sursauta. Son visage s’était crispé, il s’est rapidement apaisé lorsque le contact est rompu. Voyant que le fils adoptif de Strange n’avait toujours pas les mots pour justifier son comportement, son garde du corps a fait un pas en avant pour intervenir.

« Il souffre de la maladie des os de verre alors maîtrisez vos pulsions, madame. » rétorqua-t-il calmement avec un brin de menace dans le ton de sa voix. Cassidy restait de marbre face à cette réaction, les menaces semblent faire partie de son quotidien.

L’adolescent resta impassible, lorsqu’elle reprit la discussion, ou plutôt le monologue. Son interlocutrice était un moulin à parole, elle ne prenait pas le temps d’attendre une réponse du fils du maire pour enchaîner. Cassidy se complaisait dans cette situation, il n’était pas d’humeur bavard, pas avec une migraine constante qui te frappe le crâne et cette fatigue qui s’installait progressivement. Son apparence est complimentée mais son visage n’estime pas la moindre reconnaissance, ni la moindre émotion. Nova avait devant elle un véritable bloc de glace qui s’était contenté de gémir pour apporter un semblant de réponse.

Au bout d’un moment, elle décida de lui tourner le dos pour ouvrir la lourde porte non loin d’eux. Cassidy s’approcha d’un pas avant de replier son parapluie. Il eu l’idée fourbe de confier cet accessoire encombrant à son soi-disant garde du corps. Ce dernier le regarda d’un mauvais œil, peu motivé à l’idée de jouer le rôle de larbin. Il finit par céder pour ne pas paraître suspect. En analysant le regard radioactif de l’adolescent, il est certain d’avoir vu un sourire malicieux déformé son visage pendant quelques secondes. L’adolescent avait suivit Nova à l’intérieur du bâtiment. Les hurlements des orphelins résonnaient comme des coups de marteau violents contre sa boîte crânienne. Il essayait d’oublier la douleur, s’arrêtait pour esquiver deux enfants qui se courraient après. Cet endroit était aussi lugubre et peu accueillant que l’orphelinat où il avait grandi. Les Etats-Unis n’avaient rien à envier dans ce domaine, la situation avait l’air tout aussi désastreuse et les enfants abandonnés à leur triste sort. Cassidy n’avait pas eu le droit à sa propre chambre, il dormait tous dans des dortoirs et triait grossièrement les enfants par leur âge. Ils devaient se contenter d’un lit grinçant et d’un matelas peu confortable.

Perdu dans ses souvenirs, Cassidy se réveilla et essayait de suivre la cadence de Nova qui avait accéléré sa visite pour se rendre dans la cuisine. Le fils du maire jeta un coup d’œil derrière lui pour voir que son garde du corps essayait tant bien que mal d’esquiver les enfants qui gravitaient autour de lui. Son instinct de survie l’avait instinctivement guidé vers les ustensiles de cuisine. Un couteau était présent sur un plan de travail, le télépathe profita de la distraction de Nova et de son garde du corps pour glisser le couteau dans sa manche de veste en faisant rentrer le bout de la lame en premier. Il bloqua l’arme en retroussant sa chemise et bloquant le pommeau du couteau entre le tissu.

Nova haussa la voix et semblait porter son attention ailleurs. Cassidy s’avança pour remarquer deux petits rongeurs dans ses bras. Même la présence de ces animaux, symbole de maladie ne le faisait pas réagir, il restait passif. Il les observa avec une certaine attention, habitué à les voir frigorifié après avoir passer le nez dehors en plein hiver sibérien. Nova avait adopté ces créatures comme l’adolescent avait adopté ce chat de gouttière que John voulait tuer pour des rites étranges. Il l’avait protégé, comme s’il avait toujours été son meilleur ami. Cassidy n’était pas réellement surpris par ce comportement, bien au contraire. Il se reconnaissait un peu en cette femme.

Cette dernière lui fit visiter la chambre froide. Habitué aux température extrême et survivant, Cassidy n’a aucun mal à rentrer dans cette dernière. Le jeune russe ne laissa même pas un poil se dresser, son garde du corps préférait garder ses distances avec ce frigo géant. L’adolescent pouvait observer le régime alimentaire douteux donné à des enfants bien plus jeune que lui. L’orphelinat dans lequel il avait vécu toute son enfance avait aussi mit un poing d’honneur à faire des économies sur la nourriture. Lorsqu’il avait été vendu à l’institut, c’était une tout autre histoire. Les médecins avaient imposé un régime strict et une alimentation saine pour chacun de leur cobaye. Cassidy avait eu les meilleurs aliments pour préserver sa santé fragile, pour avoir plus de chance de survivre aux prochains examens.

« J’augmenterai les financements pour vous donner des vrais repas. » Son accent est toujours aussi accentué mais l’adolescent se débrouillait plutôt bien dans la langue de Shakespeare.

Rapidement, l’adolescent se retrouva prit au piège par Nova. Elle avait profité de sa reprise de parole pour lui poser des questions indiscrètes. Cassidy retourna vivement sa tête vers elle, comme si elle avait touché un point sensible. Elle lui ressemblait beaucoup, aussi bien par son apparence physique que par l’énergie qu’elle dégageait. Malheureusement, ce n’était qu’une illusion, elle était bien trop jeune pour être son amie. Il l’avait perdu de vue au moment où il s’était retrouvé isolé dans l’institut. Les hommes et les femmes avaient été séparé. La mafia avait surement gardé une partie de la marchandise pour les exploiter dans un tout autre domaine. Il ne savait même pas si elle était encore en vie, aujourd’hui, il l’espérait. Lorsqu’elle finit par lui reposer la question de sa santé douteuse, Cassidy pouvait sentir les yeux revolvers de son garde du corps. La moindre parole de travers pouvait entraîner de lourdes conséquences.

« Personne, je t’ai pris pour quelqu’un d’autre. » se contenta de dire le télépathe en essayant de cacher un peu plus son mal être.  « J’ai le mal du pays, rien de plus. On continue ? »

Cassidy s’était laissé guider dans ce bâtiment qui aurait pu donner le vertige s’il n’était pas peuplé d’enfant turbulent. Leur cris et leur jaccassement destabilisaient le fils du maire en proie à des vertiges. Le traitement qu’on lui avait injecté le rendait vulnérable et sensible à son environnement. Il avait aussi un effet anxiolytique qu’il combattait à chaque pas supplémentaire qu’il effectuait dans cette bâtisse. Il emboitait le pas de Nova en baladant son regard de gauche à droite. Ses pupilles saturées en mouvement étaient à la recherche de souvenirs enfouis mais avant tout une issue de sortie. La visite se poursuivait mais cette tension entre les trois protagonistes étaient toujours présentes. De temps en temps, l’adolescent glissait des regards sur son garde du corps, comme s’il cherchait son approbation. Il n’était pas toujours certain du rôle qu’il devait jouer pour faire taire les rumeurs concernant son père et surtout de lui.

L’agent surveillait les deux adolescents en gardant une distance avec eux. Nova n’avait pas réellement apprécié ses remarques sur son attitude mais elle semblait croire à la maladie imaginaire du fils du maire. Ce dernier n’avait pas réellement réagi lorsque son interlocutrice faisait part de son expérience avec des personnes victimes d’une maladie similaire. Elle parlait très vite et le jeune télépathe n’était pas certains d’avoir compris tous les mots qui sont sorties de ses lèvres. Il se contenta d’hocher légèrement la tête, de faire une grimace légère pour offrir un semblant de réaction dénuée de sens. Heureusement, le sujet de conversation a rapidement changé lorsque la corps de Nova a commencé à tirer la sonnette d’alarme, il faisait beaucoup trop froid. Cassidy, après avoir subi le froid sibérien, avait développé une légère résistance, il ne prenait pas conscience qu’il était dans cette chambre froide depuis plusieurs minutes maintenant. En sortant de la cuisine, Nova partage son expérience avec le directeur de l’orphelinat qui profitait de l’argent des finances pour s’acheter de yachts et laisser les enfants dont il avait la charge seul. Une sensation de déjà-vu a parcouru son corps.

« Le directeur de mon orphelinat avait des dettes, beaucoup de dettes. Il empruntait de l’argent à de mauvaises personnes et… un jour, il a été rattrapé. »

Soudainement, il a senti le regard de son garde du corps le transpercer de part en part. Cassidy en avait beaucoup trop dit sur son histoire. Cette anecdote renforçait les rumeurs et au fond, l’homme était persuadé que son petit protégé l’avait fait exprès. Ce dernier baissa légèrement la tête et se mura dans un lourd silence. Il continuait de suivre Nova qui avait décidé d’enchainer par la chambre des garçons. Cassidy soupira de soulagement, le sujet du directeur était de nouveau mis sous le tapis pour se concentrer sur la mission principale, jouer les invités. Ils se retrouvèrent en face des escaliers. Sur le moment, le jeune télépathe ne comprit pas le problème et en avait presque oublier qu’il devait jouer les malades imaginaires. Pour limiter ses libertés et discréditer son discours s’il tentait de chercher de l’aide, on lui avait diagnostiqué de nombreux troubles psychologiques qui pouvaient le faire passer pour un adolescent vulnérable, incapable de vivre au milieu des autres.

Lorsque Nova suggéra une solution alternative à l’ascenseur, son regard s’écarquilla. L’idée d’avoir un contact physique avec l’un de ses geôliers l’effrayait et redressait ses poils. L’idée ne réjouissait pas son garde du corps également mais sur ce coup, il était un peu plus discret émotionnellement parlant que Cassidy. C’est une phobie qui parlait. L’homme se rapprocha des deux adolescent, le jeune russe pouvait sentir chaque pas lourd qui se rapprochait dangereusement de lui. Son cœur frappait violement sa poitrine, il était devenu très nerveux. Les punitions de Strange sont assez sévères pour dissuader l’adolescent de faire la moindre bêtise. Au fond, il était tétanisé.

« Il va marcher. » rétorqua froidement son garde du corps en s’adressant directement à Nova. « Il a besoin de faire un peu d’exercice. Il ira bien, je vous le garanti. »

Cassidy s’était mécaniquement refermé sur lui-même. Sa main s’est posée sur la rampe et il monta doucement les escaliers. Il ne prenait pas la peine de mimer le malade imaginaire, d’imaginer ce que pouvait ressentir un homme atteint de cette maladie. Trop en faire pouvait également réveiller les soupçons. Au moins, Nova était assez bavarde et curieuse à l’égard du fils du maire pour changer rapidement de sujet. Durant l’ascension, elle lui avait fait part de ses compétences linguistiques en russe, elle ne connaissait que des insultes. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle a pu apercevoir un rictus, un léger sourire se dessiner sur les lèvres de l’adolescent.

« Oui, je viens de Sibérie. Ton russe... ton russe est incroyable. Tu te débrouilles bien. Ce sont de sacrées paroles d’encouragement que tu as appris. » Le côté taquin de l’adolescent venait de se réveiller, elle venait de lui tendre une perche, il l’avait saisi en espérant pouvoir oublier les malheurs de sa vie et la tension ambiante qui le rendait aussi nerveux. « Je pourrais t’en apprendre d’autres si tu veux. »

L’ambiance de l’orphelinat réveillait de vieux souvenirs enfouit dans sa mémoire défaillante. Il avait la sensation de revenir dix ans en arrière, à une époque où tout était plus agréable dans la vie de Cassidy. Sa vie n’était pas simple là-bas et aucun visiteur n’avait posé le regard sur Cassidy en cherchant la perle rare. L’affaire Sverdlov était une malédiction qui l’avait empêché de vivre une vie normale et l’a entraîné dans un bain d’enfer. Ces enfants aussi, vive une existence similaire à celle du fils du maire. Ils ont faim, ils sont seuls contre tous et essayent de s’allier pour survivre. Comme lui avait conseillé Nova, l’adolescent a observé les alentours pour constater le nombre d’enfants entassés dans les chambres. Finalement, ils n’avaient rien à envier aux dortoirs russes. Les regards des enfants ont croisé ceux du jeune télépathe qui a immédiatement fuit leurs yeux remplis de pitié. La jeune femme lui suggéra de jeter un œil dans les toilettes, mais l’idée ne semblait pas être à son goût.

« Je crois que j’en ai déjà vu beaucoup, merci. »

Il jeta un rapide coup d’œil en arrière pour remarquer que son garde du corps avait prit un peu de distance pour répondre à un coup de téléphone. Il avait une opportunité rêver pour envoyer un message d’alerte. Malheureusement, l’idée d’impliquer les enfants dans cette histoire pouvait mettre leur vie en danger. La conscience de Cassidy se battait avec sa morale et finit par se murer dans un silence. Nova allait poursuivre la visite, elle se permit de lever la voix pour attirer l’attention du garde du corps qui venait tout juste de raccrocher.

« C’est une sage décision. » se contenta-t-il de répondre à la guide. « Poursuivez. »

Mais Cassidy n’irait pas plus loin. Lorsqu’il a voulu suivre Nova pour continuer la visite, il a senti une, puis plusieurs présences l’encercler. Les enfants de la précédentes chambre s’était rapproché pour observer de plus près cette mystérieuse personne aux cheveux de cristal et aux yeux beaucoup trop colorés pour être réaliste. Un sentiment de gêne a parcouru tout le corps du jeune russe. Il s’est paralysé pour masquer ces sentiments, il sentait des mains toucher sa veste. L’adolescent sursauta et voulu redresser ses bras pour éviter le contact physique.

« C’est toi le fils du maire ? » demanda l’un des enfants. « T’as une drôle de tronche. T’es malade ? »

« Heu… quoi ? » Cassidy n’était pas encore à l’aise avec le langage familier. Il ne savait pas comment il devait réagir et il n’aura pas le temps de fixer les limites, un autre enfant enchaîne.

« C’est vrai ce qu’on dit ? Que tu as été acheté sur le Dark net ? C’est trop stylé ! C’est comment ? Tu viens d’où ? Serbie ? Ukraine ? Russie ? »

« T’as été vendu combien ? »

« C’est vrai que la mafia russe jette les cadavres dans des bains d’acide pour faire disparaître les traces ? »

« C’était qui le mec qui a frappé monsieur le maire ? Il a des couilles en béton armé celui-là. C’est un autre gars qui a perdu aux enchères ? »

« Désolé… je ne comprends pas... » marmonna Cassidy.

Les paroles s’enchainent, les questions se mélangeaient entres elles et le cerveau du télépathe ne savait plus où donner de la tête. Il n’était pas certains de ce qu’il avait entendu, son anglais était encore à retravailler. Il restait silencieux dans un brouhaha qui devenait de plus en plus douloureux physiquement. Malgré l’incompréhension de leur invité, les enfants insistaient et continuaient à poser des questions toutes plus privé et glauque les unes que les autres. Cassidy ne peut pas en vouloir à leur curiosité, il avait fait irruption dans leur chambre, un divertissement dans leur vie maussade. Malheureusement, lorsqu’ils n’obtenaient pas ce qu’ils souhaitaient, les enfants devenaient un peu trop tactiles avec leur invité. L’un d’eux posa sa main sur le poignet qui retenait l’arme qu’il avait volé dans la cuisine. Brutalement, le fils du maire repoussa ce même bras, un reflex lourd suivit d’un cri de détresse.

« Стоп, достаточно! »

La violence du mouvement froissa sa chemise sous sa veste. Le pli qui retenait le couteau disparu et l’objet tomba lourdement au sol. Le bruit de la lame tombant sur le parquet usé était assez fort pour attirer l’attention et le regard de son garde du corps qui se trouvait à un ou deux mètres derrière lui. Seul Nova pouvait être témoin de la scène sous un angle criant de vérité. Elle pu observer le visage de Cassidy se décomposer en une fraction de seconde. Elle venait de voir la première émotion sincère de l’adolescent. Ses yeux étaient écarquillés, sa peau était encore plus pâle que d’habitude, ses sourcils était relevé, ses lèvres légèrement tremblante. Quelques gouttes de sueurs se dessinaient sur ses joues ou peut-être un début de larmes sous ces cils. Intérieurement, son visage exprimait autant la peur que la pitié, suppliant qu’on lui vienne en aide. Ses pupilles radioactives se sont doucement redressés vers elle pour en observer toute la terreur, la peur des conséquences.

« Qu'est ce qui se passe ici ? »

L’adolescent avait vu sa vie defile devant ces yeux. Jusqu’ici, le fils du maire avait tenu son rôle et redoubler de vigilance pour ne pas éveiller les soupçons. Il avait profité de cette sortie sans son père adoptif pour saisir une opportunité de se libérer de ces chaines. Il avait vu ce couteau, abandonné sur un plan de travail, une occasion rêvée. Il lui avait trouvé une cachette idéal, l’objet était suffisamment petit pour rentrer dans la manche de sa veste. Le jeune homme avait continué la visite comme si de rien n’était, jusqu’à ce moment fatidique. La troupe de gosse trop curieux avait posé sa série de question dérangeante. L’adolescent, s’était retrouvé perdu. Le jeune russe apprenait vite, mais il avait encore beaucoup de travail à faire pour comprendre la langue américaine et ses subtilité. Il était également à court de mensonge pour satisfaire son père adoptif. C’est à ce moment là que les choses se sont compliqués.

Dans un moment de détresse, le regard effrayé de Cassidy s’est levé en direction de sa guide. Il a entendu la voix de son garde du corps se rapprocher dangereusement. Ses muscles se sont crispés, ces poils se sont dressés, l’adolescent imaginait déjà le pire. Heureusement, Nova avait l’air d’avoir compris la situation et s’était immédiatement jeter sur l’arme du crime pour s’approprier ce bien. Cassidy se redressa légèrement et recula d’un pas pour laisser la jeune femme prendre le dessus. Elle avait l’habitude de gérer le troupeau de gosse. Rapidement, leur conversation s’est transformée en un brouhaha incompréhensible. En essayant de comprendre, le jeune télépathe ne faisait que réveiller sa migraine persistante et cet étau invisible qui resserrait son crâne à chaque concentration. Pendant que Nova captait l’attention des plus jeunes, Cassidy prit quelques minutes pour masser son crâne pour essayer de calmer son système cérébrale torturé par le produit expérimental de son père.

Les enfants ont préféré s’éloigner lorsque le garde du corps du fils du maire ne se trouvait plus qu’à deux pas de lui. Il leva les yeux en direction de l’orphelin qui n’avait pas osé se retourner. Il demanda une nouvelle fois si tout allait bien et essayait de croiser le regard de son protégé pour cerner son visage. Son rythme cardiaque était encore en état d’alerte, Cassidy avait beaucoup de mal à cacher sa peur. Pour essayer de distraire le garde, Nova avait prit les devants et s’était directement adressé à ce molosse. Ce dernier était resté silencieux, observant la petite demoiselle à travers ses lunettes de soleil. Son visage était aussi fermé que celui de Cassidy il y a quelques minutes. Face au jeu d’acteur de Nova, il était prêt à lui accorder le bénéfice du doute, mais pour son prisonnier, c’est autre chose. Ce n’est pas la première fois qu’il avait pour mission de veiller sur l’enfant et on lui avait dépeint un comportement fourbe. Cassidy courbait l’échine pour que ses ravisseurs baissent la garde pour pouvoir mordre le point le plus sensible.

« Ils ont essayé de me voler. » déclara l’adolescent pour renforcer la piste de son innocence.

« Vraiment ? »

« Vous voulez demander ? »

Sa voix avait gagné en assurance en une fraction de seconde. Cassidy avait repris partiellement le contrôle de ses émotions. Son regard finit par croiser celui de son garde du corps qui restait dubitatif. Il jeta un coup d’œil sur sa montre, la sortie ne devait pas dépasser une heure et le temps continuait de s’écouler. Il laissa échapper un grognement en renonçant à l’idée d’éclaircir cette affaire. Nova reprit en invitant ses visiteurs à regagner la sortie s’ils n’avaient pas d’autres questions. Cassidy leva la tête en direction de son garde du corps.

« Non. Je n’ai pas d’autres questions. Je suis désolé… je.. arrêter la visite. Mal de tête. » marmonna l’adolescent avec un anglais approximatif.

Depuis plus d’une heure, l’adolescent se battait contre des migraines constante. Le traitement expérimental avait quelques effets secondaires qui puisaient dans l’énergie vitale du télépathe et pesait sur son système nerveux. Les migraines, les vertiges et cette sensation d’étau invisible qui compresse son crâne s’enchaînaient aléatoirement depuis le début de la visite. Cassidy avait de plus en plus de mal à cacher ce mal être. Son garde du corps hocha la tête et tourna les talons le premier. Il invita Nova à prendre les devants pour leur indiquer la sortie. Il voulait garder un œil sur son protégé tout en lui imposant une distance de sécurité avec la jeune femme. Pour autant, l’adolescent ne pouvait pas quitter les lieux sans laisser quelques choses. Les sorties en dehors de la demeure de Strange sont rares. Il veut renforcer les rumeurs qu’Elio a fait naître en intervenant au Gala de Wayne. Lorsque l’adolescent redescend les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée, il repensa à leur précédentes conversations sur ses connaissances en russe.

« Je suis désolé, je n’ai pas le temps pour améliorer ton russe. Je peux te donner dernière phrase. Hmmm… слухи верны, твой русский паршивый. Ça veut dire : Ton accent russe est fantastique. Tu souviendras ? »

Le garde du corps, une fois à l’intérieur s’arma de son parapluie pour le placer au-dessus de la tête de Cassidy pour le protéger de la pluie qui n’avaient toujours pas cesser. L’adolescent profitait de ces derniers instants en extérieur pour inspirer un bon bol d’air et lever son regard vers Nova. Il n’aura malheureusement pas le temps de lui montrer à quel point il était reconnaissant pour l’avoir couvert. Il ne repartira pas avec l’arme tant convoité mais il aura évité une sévère remontrance. Pour autant, il s’accorda une dernière minute pour remplir son rôle.

« Je vais faire de mon mieux pour que l’orphelinat obtienne l’argent nécessaire pour nourrir tous les enfants. L’argent n’ira pas entre les mains du directeur, je ferais attention à cela. Bon courage Miss Hawtorn. »

L’adolescent lui adressa un léger sourire, il sonnait faux. Il tourna les talons pour atteindre la portière de la limousine garer juste devant l’orphelinat. Son garde du corps avait déjà ouvert cette dernière pour laisser apercevoir un espace confortable, bien plus spacieux que l’ensemble des pièces qu’il avait visité dans cet orphelinat. A contre-cœur, Cassidy rentra à l’intérieur du véhicule et fut rejoint par son ravisseur qui accorda un dernier salut à Novalynn. Une fois la porte refermée, le jeune russe aborda un visage encore plus fermé et fusilla du regard son garde du corps qui avait cessé de jouer les majordomes.

« Ta veste. Retire-la, maintenant. »

« Quoi ? »

« …Déboutonne ta chemise aussi. Tu préfères que je vienne le faire à ta place ? »

Les menaces sont assez claires pour que l’adolescent s’exécute. Il retira sa veste pendant que la voiture démarrait et déboutonne légèrement sa chemise. L’homme lui arracha la veste des mains et vérifia le contenu de ses poches, l’intérieur des manches, rien de suspects. Il jeta un œil sur les manches de la chemise pour ne rien apercevoir. Cassidy avait l’air d’avoir tenu son rôle jusqu’au bout mais son geôlier demeurait suspicieux. Pour le distraire, l’adolescent essayait de le caresser dans le sens du poil.

« Les enfants étaient au courant… pour les rumeurs. »

« Qu’ont-ils dit ? »

« Ils m’ont demandé combien j’avais été acheté. Je leur ai répondu que c’étaient des conneries. »

« Bien. » Il lui rendit sa veste. Cassidy reboutonna sa chemise avec un léger malaise dans ses mouvements.

« Et donc ? »

« Quoi ? »

« Combien ai-je été acheté ? »

« Ferme là. »