Cassidy émerge d’un sommeil Presque réparateur, même s’il n’avait dormi que quelques heures à peine. Malgré ce repos, la fièvre n’était toujours pas descendue. Quelques perles glissaient sur le haut de son front. Elio lui avait donné son lit, lui n’avait pas fermé l’œil de la nuit. L’adolescent a redressé ses paupières encore lourde. Il s’est levé sans protestation, sans poser de questions. Les draps étaient si chauds et si doux, il pouvait les attendre l’appeler, le supplier de revenir parmi eux pour terminer sa nuit. Cassidy n’avait pas eu le temps de prendre une douche, on lui avait même déconseiller d’en prendre une. Le colocataire d’Elio, après une longue série de remontrance, avait utiliser ses compétences occultes pour brouiller le traceur loger sous la peau de son bras. Des runes étaient dessinées sur sa peau, légèrement effacé par la transpiration. Une odeur d’encens brûlait ses narines, il ne la supportait pas. Il avait fait de son mieux pour la masquer en changeant de vêtement. Il s’était servi dans ce qui se trouvait dans son sac en prenant ce qu’il pouvait porter sans que ça devienne trop ridicule.

Avant de partir, Cassidy s’était permit de jeter un petit coup d’œil en direction d’une porte fermée, la chambre de Constantine. Il dormait encore, il n’avait même pas voulu faire ses adieux. Le britannique voulait simplement se réveiller en pensant que le russe n’était qu’un cauchemar qu’il valait mieux oublier. Malgré la fièvre, l’adolescent s’était forcé à manger un bol de céréales avec un peu de lait en espérant que cela lui donnerait un peu plus de force pour supporter cette longue journée d’incertitude.

Une fois à l’extérieur de l’appartement, le fugitif avait eu le droit de monter devant, juste à côté du chauffeur. C’était un peu plus agréable que d’être jeter à l’arrière comme une vulgaire marchandise. Même si Cassidy avait mille questions en tête, la barrière de la langue ne lui permettait pas d’avoir les réponses qu’il attendait. Il s’enfonça dans un profond mutisme, empiré par cette fièvre qui le fatiguait déjà. Son organisme était devenu vulnérable par les expériences dont il avait été victime. Un changement d’environnement soudain fragilisait son organisme. Il souffrait souvent de migraine, de forte fièvre, une inflammation des bronches. Pour l’heure, il était brûlant et extrêmement fatigué. Son poing retenait sa lourde tête en s’accoudant à la vitre de la voiture. Il faisait de son mieux pour ne pas terminer sa nuit. Cassidy ressentait les regards incertains d'Elio, il était nerveux. Il cherchait probablement à le rassurer ou allait-il commettre un acte inévitable qui le répugnait au plus haut point ?

« Куда мы идем ? » l’adolescent laisse tomber une bouteille à la mer en espérant un miracle, mais le sergent ne le comprenait toujours pas.

Pour rester éveiller, Cassidy observa le paysage défilant à sa droite. Plus la voiture s’éloignait de l’appartement d’Elio et plus l’ambiance devenait sinistre. La ville se réveillait à peine, rendait l’endroit encore plus angoissante que d’habitude. Les dernières personnes ivres ou drogués titubèrent sur le trottoir pour espérer retrouver le chemin de leur doux foyer. L’inquiétude a commencé à monter lorsque son chauffeur décida de s’engouffrer dans ces quartiers malfamés. Il gara sa voiture dans un quartier résidentiel malfamé où les premières âmes errantes commençaient à sortir. L’adolescent sortit à son tour, préférant suivre son ange gardien plutôt que de rester seul dans la voiture. Il attrapa la hanse de son sac à dos pour le porter sur l’une de ses épaules avant de se rapprocher du policier.

« мне не нравится это место. »

Elio savait où aller, en quelques sorte. Cassidy lui emboita le pas en essayant de réduire la distance entre eux. Il ne pouvait pas cacher qu’il se sentait mal à l’aise dans ce quartier. Le sergent a échangé quelques mots avec un des hommes à l’allure hostile. En quelques secondes, son comportement avait changé et il avait invité les deux étrangers à se rendre dans l’une des résidences. Sans comprendre ce qui avait pu le mettre dans cet état, Cassidy continua d’emboiter le pas d’Elio jusqu’à gravir les trois étages qui le séparait d’un appartement.

Au début, Cassidy profita de ce moment de répit pour coller son flanc contre l’un des murs des couloirs. Il était essoufflé par l’effort qu’il avait dû fournir pour gravir ces étages et son corps était exténué. L’adolescent essayait de le cacher mais sa peau devenu écarlate et les gouttes de sueur qui se formait sur son crâne l’empêchait de mentir. Son esprit commençait à divaguer et sa paranoïa s’est réveillé. Il craignait qu’Elio lui tourne le dos, qu’il décide simplement de lui tourner le dos et de le livrer à quelqu’un d’autre. Cassidy avait attribué une partie de sa confiance envers le sergent de police, il ne voulait pas la donner à quelqu’un d’autre, même si son ami est un peu plus hostile. En prenant conscience de ça, le russe attrapa le poignet d’Elio, comme s’il essayait de le retenir face à l’inévitable.

« Не оставляй меня здесь, я прошу тебя ! S'il te plait ! »

Si Cassidy était parvenu à tenir debout jusqu’à maintenant, c’est simplement par habitude. Sa santé s’était fragilisée avec les nombreux expériences qui l’avait subi et ce changement d’environnement avait réveillé une partie de sa vulnérabilité. Tout son corps était chaud, sa main tactile pourrait réchauffer le corps d’Elio à elle toute seule. L’adolescent avait gardé un contact tactile avec son sauveur.  Avec les risques qu’il avait pris pour le sauver, Cassidy lui offrait une sorte de confiance aveugle et c’était probablement le seul qui pouvait en bénéficier. Lorsque la femme a ouvert la porte, il pu voir d’un peu plus près à qui il avait à faire. Sa silhouette et son allure punk assez cliché n’apportait rien de rassurant. Le policier s’était probablement référé à la seule personne de nationalité russe qu’il connaissait, quelqu’un aussi froid que l’adolescent lui-même. Leur regard se sont à peine croisé, les yeux de Cassidy avait l’air de deux canons de révolver qui cherchait leur cible. Sans entendre les demandes de l’adolescent qui n’avait aucune envie de plonger dans l’univers de la russe, Elio n’écoutait que lui et avait décidé de rentrer dans l’appartement. Le petit russe se contenta d’emboiter le pas, même si ce n’était pas son choix.

L’endroit était encore plus en désordre que l’appartement du policier et de son colocataire bizarre. Cassidy s’autorisa un regard baladeur et accusateur face aux conditions hygiénique un peu douteuse de cet appartement. L’adolescent avait vu pire et il allait se contenter de ça, il était trop fatigué pour se permettre d’être difficile. Il avait repéré un canapé non loin et s’était rapproché de ce dernier pour s’y asseoir un peu timidement. Sa main tenait toujours le poignet d’Elio, comme pour lui demander de ne pas trop s’éloigner. L’adolescent pouvait désormais reposer ses jambes, il en avait besoin. Pendant que le policier communiquait avec cette femme, Cassidy essayait de se faire oublier en peu oublier en gardant le silence. Son visage était froid et défiait presque Lisbeth du regard, mais le reste de son corps trahissait les apparences. Ses jambes étaient repliées et rapprochées entres elle. Il enroula ses bras autour de son bas-ventre.

« Pourquoi… ici ? » Le vocabulaire de Cassidy avait encore ses limites.

Sa silhouette ne pouvait pas le cacher, l’attention de la russe se tourna rapidement vers l’adolescent. Elle s’était installée dans la cuisine, dans une position discutable et peu confortable.  Elle s’adressa à lui en utilisant leur langue maternelle pour se faire comprendre. Peu confiant, Cassidy s’est muré dans un silence aussi glacial que l’ambiance. Ces doigts jouaient nerveusement avec le bout des manches de sa veste bien trop grand pour sa faible corpulence. Le policier avait d’abord pris les devants. Le petit russe ne comprenait pas vraiment ce qu’il était en train d’expliquer à cette femme mais il supposait qu’il essayait d’expliquer où est-ce qu’il avait trouvé l’adolescent. Cependant, Lisbeth voulait surtout avoir la version du principal concerné. Cassidy leva les yeux vers elle. Si Elio lui faisait confiance, il devait au moins faire un minimum d’effort pour avoir l’aide nécessaire pour se protéger de la mafia qui allait le traquer.

« Je ne me souviens pas vraiment. Je vivais dans un hôpital, je me souviens simplement des derniers mois que j’ai passé là-bas. Ils faisaient des expériences sur moi et d’autres enfants. La mafia est venue me chercher il y a quelques jours. Ils m’ont emmené jusqu’ici, ils veulent me vendre à quelqu’un. J’ai essayé de m’enfuir, mais ils m’ont rattrapé. * » Cassidy leva les yeux vers Elio. « Le sergent Philips est arrivé juste à temps. * »

L’adolescent ne rentrait pas vraiment dans les détails. Pour l’instant, il se contentait du superflu. Il avait beaucoup de mal à accorder la confiance à cette femme. Le sergent Philips avait des fréquentations un peu bizarre et le petit russe n’était pas encore prêt pour accorder sa confiance à n’importe qui. Elle pouvait très bien fréquenter d’un peu trop près la mafia russe. Lors de son court monologue, Cassidy avait retrouvé légèrement ses manches pour laisser apercevoir un tatouage bicolore représentant le corps d’un serpent dont la tête n’était pas visible sous cet angle. Il entourait un logo ainsi qu’un numéro de matricule. Lisbeth était un peu trop éloignée de l’adolescent pour le voir et Elio l’avait déjà assez vu, hier soir.

« Et toi ? Tu es qui ? Tu connais la mafia ou il essaye simplement de se débarrasser de moi comme l’a suggéré son colocataire ? * »

Ses membres sont restés collés contre son corps. Cassidy essayait de se faire le plus petit possible dans cet appartement, comme pour essayer de se faire oublier. Sa gestuelle et sa façon de balader ses yeux colorés sur tous les angles démontraient toute sa nervosité dans un endroit qui lui était inconnu. Jusqu’ici, l’adolescent était resté proche d’Elio, sans pour autant le coller. Il lui accordait une petite confiance assez fragile, espérant qu’il ne cherchera pas à le trahir. Dans ce monde, Cassidy a fini par apprendre à ses dépens qu’il valait mieux se fier à sa propre personne pour espérer se sortir de ce cauchemar. Pourtant il est là, en train de parler à une femme russe qui pourrait très bien être son pire ennemi, une amie de la mafia qui n’attend qu’à le cueillir. L’annonce de la disparition de leur livraison ne s’était pas encore répandue, ce n’était probablement qu’une question d’heure. Le rendez-vous devait avoir lieu aujourd’hui. L’un des hommes qui avaient guidé Cassidy jusqu’à Gotham avait pris les devants pour organiser la rencontre. Il n’allait pas tarder à comprendre le problème en l’absence de nouvelles de ses collègues. Le rythme cardiaque de l’enfant s’accéléra lorsqu’il repensait à ça. L’idée de se retrouver dans une situation aussi délicate ne faisait qu’accentuer ce sentiment d’angoisse qui le bouffait de l’intérieur.

La jeune femme ne semblait pas craindre la mafia, elle était prête à aider l’adolescent et son ange gardien qui avait encore un peu de mal à réaliser ce qu’il est en train de vivre. Elle était prête à le garder à la maison le temps que les choses se calme. Elle s’était déjà attardée sur le déjeuner pour nourrir ses invités. Cassidy observa la nourriture un long moment, son instinct l’invitait machinalement à la prudence. Il leva les yeux vers Elio, comme pour attendre son approbation avant de s’attaquer timidement sur son repas pendant qu’elle se présentait et résumait un peu la situation et son devenir. Cassidy haussa les épaules.

« Non. Je ne pense pas qu’ils me laisseront tranquille, pas comme ça. * » Les souvenirs étaient encore flous et difficilement perceptible mais il était certain de lui sur ce point. « Ils ont prit trop de précaution et ils n’ont pas cessé de dire que je suis une ressource précieuse. Ils ne vont pas m’abandonner comme ça. * »

Le ton de sa voix est glacial, presque agressive. Sa langue maternelle n’aidait pas à adoucir le trait. Il s’agissait plus d’un réflex défensif que d’une vrai colère. Cassidy avait beaucoup de mal à accorder sa confiance. Lisbeth lui accorda une courte description de sa personne et un détail attira son attention. Elle aussi avait passé une partie de sa vie dans un hôpital pour en sortir complètement changer. L’adolescent n’avait pas les détails des changements qu’ils avaient opéré sur elle mais une question triturait son esprit : Est-ce qu’elle était comme elle ?

« Tu viens d’un hôpital ? Arkham ? Qu’est-ce que c’est Arkham ? Je ne viens pas d’Arkham. Est-ce que tu es… comme moi ? »

Le résumé semblait coller à son histoire. Elio venait de le guider vers la bonne personne il semblerait. Son regard se tourna mécaniquement vers lui, il semblait être à la fois égaré et fatigué par la situation. Cassidy se sentait un peu coupable devoir cet homme dans cet état. On avait l’impression qu’il ne demandait qu’une seconde de répit pour se reposer ou qu’il repensait à ce sang qui peignait les murs du motel.

« Mon nom… est Liv. » Il se retourna vers Elio. « Je ne veux pas rester ici. »

Il n’avait pas de crainte à dévoiler ce nom car il savait au fond de lui que ce n’était pas le sien, une simple fausse identité. Il ne semblait pas non plus prêt à accorder sa confiance à une étrangère même si elle semblait être victime du même trafic. Quelque chose semblait perturbé l’adolescent, probablement son apparence physique qui était assez intimidant pour quelqu’un qui n’avait jamais croisé de look aussi extraverti. Il essayait de s’ouvrir un peu, à petit pas car il sentait qu’elle pouvait lui apporter quelques réponses. Il se sentait plus en sécurité avec son ange gardien. Il recula d’un pas pour s’approcher de lui et s’installer sur le canapé juste à côté d’un détective un peu égaré.

L’odeur d’encens lui a rappelé quelque chose. Il se souvenait de l’air paniqué du colocataire d’Elio lorsqu’il s’était rapproché de Cassidy. Il avait détecté un traceur sur son bras tatoué. Mécaniquement, l’adolescent releva sa manche. La taille un peu trop grande de son vêtement lui permettait de la retrousser sans difficulté. Il laissa entrevoir sa peau pâle et marqué par de nombreuse injection, perfusion ainsi qu’un tatouage qui datait de plusieurs années, les couleurs étaient en train de se dissiper. Un matricule était tracé juste en dessous de la forme de serpent autour d’un bâton sculpté.

« Ils peuvent savoir où je me trouve. Il y a quelque chose dans mon bras. Je me souviens plus mais… l’homme à l’accent stupide a dit quelque chose à ce sujet. * » Il se tourna vers Elio. « Aide ? »