C’était il y a des semaines déjà, John Constantine avait fait ces premiers pas avec les habitants de Gotham City. Aux yeux de certaines entités, sa venue n’était pas passés inaperçu. Elles se sont montrées rapidement hostiles à son égard et elles ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour l’anéantir. Jusqu’ici, le maître des arts occultes étaient arrivés à s’en tirer sans trop de problème avec un beaucoup de ruses et un peu de manipulation. Ce qui faisait avant tout sa force, c’était un répertoire bien fourni, remplis de personnes assez folle pour accepter de croiser leur chemin de vie avec Constantine le maudit. John n’est pas omniscient, il est parfois dépassé dans certains domaines. Il fait de son mieux pour combler ses faiblesses et empêcher quiconque de s’infiltrer de nouveau dans ses failles.

Il y a quelques jours de cela, quelqu’un avait essayé d’exploiter l’une de ses principales faiblesses, son passé tumultueux qui avait forgé sa réputation. Elle n’avait rien de glorieux et John préférait l’enterrer six pieds sous terre plutôt que d’en parler. John avait déjà inscrit cet homme dans sa liste de personne à entrainer dans des souffrances indescriptibles, mais ce n’était pas encore une priorité. Pour l’heure, Constantine devait avant tout protéger ses arrières, faire disparaître les dernières preuves qui pourraient permettre à de mauvaises personnes d’en découvrir un peu trop.

Par le passé, John se souvenait de cette rencontre qu’il avait fait quelques jours après son arrivé à Gotham. La rumeur de ses talents d’exorciste était parvenue jusqu’aux oreilles des plus désespéré. Cette femme au look de punk à chien avait prétexté être maudite et avoir besoin de l’aide de Constantine. Sur le moment, le britannique a cru à une mauvaise blague, à ce genre de personne paranoïaque qui croit être hanté par le mauvais œil. Après quelques verres d’alcool et quelques échanges, il avait finalement reconsidéré la chose et était prêt à lui venir en aide. Au dernier moment, elle avait décidé de tourner les talons. Était-ce un des effets de la malédiction qui la rongeait ? John n’avait jamais réellement cherché à la ramener vers lui, il avait été bien trop occupé pour ça.

Entre deux bouffées de tabac, John repensait à cette femme. Il se souvenait de son look qui lui rappelait des années folles, le meilleur et les pires moments de sa vie mais il se souvenait surtout de ses talents en informatique. C’était un sujet complètement flou dans l’esprit de Constantine. Il n’avait même pas osé passer le cap des smartphones. Il avait toujours son fidèle téléphone à clapet dans la poche extérieur de son trench et il n’avait pas besoin de plus jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce que John découvre des failles dans son anonymat. Ravenscar avait beau avoir disparu de la surface du globe, remplacer par un casino, des archives informatiques existaient encore. Ces informations étaient assez délicates pour qu’elle devienne prioritaire.

Cela fait plusieurs jours qu’il est à la recherche de la bonne personne, de cette femme qui pourrait être son salut, celle qui pourrait lui permettre de dormir un peu plus paisiblement. John écume les bars, chaque soir, comme le premier des fêtards à la recherche de cette même personne. Il s’installe au bar, analyse son environnement, observe chaque personne présente dans ce bâtiment. L’occultiste est d’une grande patience et il ne désespérait pas, même au bout du troisième soir et du cinquième bar. Cette fois, il se permet de revenir au bar où il avait discuté avec elle. Il était déjà revenu une première fois pour poser la question au gérant qui semblait la connaître. Il avait certifié qu’elle n’était pas revenue depuis plusieurs jours. John n’était pas vraiment certains qu’il disait la vérité mais il lui avait accordé le bénéfice du doute.

Cette fois, Constantine ne s’est pas attardée sur le gérant. Comme à son habitude, il s’est enlisé dans la foule pour s’installer au bar après avoir commandé son quatrième gin tonic de la soirée. La nuit commençait à bouffer les derniers neurones actif du vieil homme qui s’approchait lentement mais surement vers la quarantaine. Les minutes défilent et John rêve de s’en griller une à l’extérieur du bar avant d’appeler un taxi pour rentrer dans son studio miteux. En regardant la flamme dansée en face de ses yeux, il réfléchissait à d’éventuel plan alternatif pour faire disparaître ses traces. Devait-il retourner dans son pays natal pour brûler directement les serveurs de Ravenscar ? C’est tentant mais beaucoup trop chronophage. Il avait encore beaucoup à faire à Gotham City.

Entres deux bouffées de tabac, John commence à se laisser emporter par les litres de gin tonic qu’il s’était enfilé dans la soirée. Il a laissé la brise de minuit l’empêcher de gerber à l’entrée du bar. Un peu d’air frais pour reprendre ses esprits et garder une certaine lucidité. Ce petit moment pour trouver un meilleur plan, peut-être abandonné les recherches et régler ses problèmes à l’ancienne. Les entités mystiques ne sont guères de bons informaticiens mais ils peuvent nettoyer certains lieux à coup de flamme et de malencontreux accidents. Après mûres réflexions, le maître des arts occultes a lancé le mégot de la dernière cigarette de son paquet. Il tourne les talons pour retourner à l’intérieur du bar.

Lorsqu’il se décide à commander un dernier verre, il remarque qu’un bout de papier se trouvait juste en dessous son verre. Il le remarque très rapidement mais il préférait lever les yeux vers la personne qui l’avait servi avant d’en regarder le contenu. Ce dernier a déjà tourné le dos à son client pour se concentrer ailleurs, laissant John seul avec son morceau de papier. Peut-être qu’il ne repartira pas bredouille cette fois. John se permet de finir son verre en deux gorgées avant de se diriger vers la porte qui devait être réservé pour le petit personnel. Il jette un dernier coup d’œil derrière lui pour vérifier que personne ne le suit ou ne remarque son comportement presque suspect et entre dans la pièce sans attendre. Il avait passé la soirée à attendre ce moment, il n’allait pas se priver.

La pièce excentré au bar ressemble à tout sauf à une pièce réservé aux personnels. John n’avait jamais vu ce genre d’endroit jusqu’à aujourd’hui. L’endroit n’était pas bien grand, on était rapidement à l’étroit et John s’est avancé prudemment en pensant être tombé tout droit dans un traquenard. La différence de température est intense, les néons au-dessus de sa tête lui fait croire qu’il est tombé tout droit dans une maison close pour les fétichistes un peu trop hardcore dans le domaine. Autour de lui, des serveurs, tous actifs qui dégageaient une chaleur monstre qui rappelait à John certains coin perdu des enfers.

Au milieu de ce four, un bureau improvisé où s’était installé la personne que John cherchait depuis plus de trois jours. Elle était là, depuis le début, elle avait probablement cherché à fuir John avant de se rendre compte qu’il est aussi collant qu’un chewing-gum sous la semelle de ta botte. Lorsque le britannique est déterminé, il ne recule devant rien et retrouver quelqu’un qui ne souhaite pas avoir à faire à Constantine fait partie de son quotidien. Tôt ou tard, ils finissent toujours par céder, John doit simplement se montrer patient. Il instaure un moment de silence, sans chercher à se présenter. Il prend le temps d’ouvrir un nouveau paquet de cigarette pour attraper sa première clope du paquet entre ses lèvres. Il décide de la garder éteinte pour l’instant.

Pendant ce temps de pause, John ne se contente pas d’instaurer un malaise dans cette petite pièce, il en profite pour analyser son environnement et sentir l’aura maudite qui gravitait autour d’elle. En quelques secondes, l’occultiste savait déjà si elle était parvenue à se libérer de son mal et forcer de constater qu’elle continuait à se traîner cette malédiction. Elle est vulnérable, c’est parfait.

« Tu empestes la malédiction jusqu’ici. Je me demande comment j’ai fait pour ne pas te pister à l’odeur. » John fait glisser un rictus sur le coin de ses lèvres. « Alors comment va ma maudite Lisbeth ? »

John s’adapte assez rapidement à la chaleur que dégageait cette pièce aussi étroite qu’une cave avec des ouvertures assez limités vers le monde extérieur. Le maître des arts occultes prend le temps d’observer son environnement. Il reste immobile lorsque la personne qu’il avait cherché depuis plusieurs jours faillit perdre l’équilibre du haut de son perchoir. Il n’avait pas cherché à amortir la chute, à la rattraper ni quoi que ce soit. Il semblait presque désintéressé par ce qu’il se passait en ce moment même, comme s’il n’avait pas gaspillé tout ce temps pour elle, juste elle et ses talents qui dépassait tant le trentenaire. Bien évidemment, Lisbeth n’est pas vraiment heureuse de le revoir, bien au contraire. Leur première et dernière rencontre s’était plutôt mal finie et elle avait décidé de lui tourner le dos assez rapidement. Au fond peut-être qu’elle espérait ne jamais le revoir. Elle n’attendait qu’une chose, c’était qu’il tourne les talons et qu’il retourne se bourrer la gueule au bar. John retire la cigarette entre ses lèvres avant de laisser échapper un petit rire.

« Tu apprendras rapidement, ma grande, que les endroits où je n’ai rien à foutre là sont mes endroits préférés. »

Constantine a profité de cette occasion pour se rapprocher. Elle a peut-être un regard intimidant et un visage qui pouvait en effrayer plus d’un mais John avait déjà fréquenté bien pire et il n’avait pas bronché une seule seconde. Son regard a dérivé en direction de l’écran d’ordinateur le plus proche. Cette première entrevue confirmait les hypothèses de Constantine au sujet de cette femme, il avait misé sur la bonne personne. Le problème sera simplement de la rallier vers lui, plus facile à dire qu’à faire. John connaît cet exercice mais il est toujours aussi périlleux.

D’abord, elle n’était pas très amatrice de l’humour taquin du britannique. Il ne peut pas vraiment la blâmer pour ça. John n’avait pas réellement cru à l’histoire de Lisbeth. Il avait arrêté de compter le nombre de personne qui le suppliait de les libérer de ce mauvais sort. La plupart du temps, la personne avait tout simplement la poisse ou une parano maladive. L’occultiste hausse les épaules et laissant les cendres de sa cigarette parsemer le sol de cette petite pièce.

« Je me rappelle surtout que tu as quitter le bar au moment où j’avais accepté de te tendre une perche. Tu as fui, comme si tu avais vu un fantôme. Tu avais peur de quoi ? Des aiguilles magiques qui percent ta peau ? »

Malgré les réponses froides, John continue de taquiner Lisbeth. C’est sa façon à lui de construire des liens, en quelque sorte, de tester les personnes qui décident de rentrer dans sa vie, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Elle a beau se montrer froide et distante, ce n’est pas ce qui retenait le britannique, bien au contraire.

« Je suis venu te jauger. Je suis venu voir jusqu’où tu serais prêt à aller pour te débarrasser du mal qui te ronge. Tu sembles pourtant bien t’y habitué à avoir constamment cette poisse qui te colle à la peau. Ce n’est pourtant pas prudent d’avoir autant de malchance quand on prend autant de risque. »

En même temps que ses paroles, ses yeux ont dérivé en direction de l’écran de l’ordinateur. Il n’était pas grand connaisseur, mais assez malin pour savoir qu’elle jouait dans la cour des grands et qu’elle prenait énormément de risque en récupérant surement des informations compromettantes. C’est la candidate parfait, John le sait et c’est pour cela qu’il doit creusé, trouver la faille à exploiter.

Constantine est dépassé par toute cette technologie, c’est une faiblesse qu’il préfère cacher mais qui est rapidement perceptible dans certaines situations. Il ne comprend pas forcément le fonctionnement de toute ces messages, ni leur rôle. Même si l’hôte lui a fait clairement comprendre qu’il n’était pas la bienvenu, John fait mine de ne pas comprendre et s’enfonce un peu plus dans la pièce. Son regard s’est porté en direction de l’une de ces machines. Sa main effleure la façade des serveurs, attire par la chaleur que ces machines pouvaient recracher. Il ne manquait plus que l’odeur du bois brûlé, les flammes qui danse en dessous de sa peau, la chaleur humaine. Malheureusement tout était froid et peu accueillant. Entre quelques observations, John se permet des paroles légèrement déplacé, rappelant que la punk avait préféré fuir la dernière fois qu’ils se sont croisés. Elle était venue jusqu’à lui, pour finalement lui tourner le dos. John aurait peut-être salué son instinct de survie, s’il n’avait pas besoin de ses talents.

L’occultiste n’est guère surpris d’apprendre qu’elle avait essayé de faire appel à un autre maître en la matière, mais ce dernier avait décidé de quitter la ville. Lorsque la nouvelle était parvenue aux oreilles de Constantine, un mélange de satisfaction et de déception avait envahi son esprit. Leurs retrouvailles auraient pu être mémorable. Il devra se montrer un peu plus patient. Son départ laisse la maudite seule et sans solution, un agneau à la dérive que John pouvait cueillir avec une facilité déconcertante, du moins en apparence. John lui tournait le dos, un sourire se glisse sur ses lèvres, un soufflement de nez moqueur, un hochement de tête, elle n’a pas besoin de plus pour comprendre qu’il continue de se payer sa tête.

« Midnight aurait prit un malin plaisir à jouer avec ton âme. Dans ton malheur, tu peux t’estimer chanceuse qu’il est quitté la ville. »

Après quelques secondes, John s’est permit de pivoter sa nuque vers elle. Sa clope se retrouve coincé entre deux de ses doigts, se consumant d’elle-même pendant que l’attention de son propriétaire était focalisée sur elle. Constantine avait beau se montrer un peu trop taquin, il était fasciné et plutôt admiratif envers cette femme qui était en train de défier tous les plus grands corrompues de ce monde dans cette pièce, avec un simple ordinateur. C’est un don précieux qu’il enviait presque sans pour autant le montrer. John était déjà assez maudit avec ces propres compétences et malédictions. Lorsque John lui avait demandé jusqu’où elle était prête à aller, il ne s’attendait pas à ce genre de réponse.

« Non, j’ai déjà vu assez d’horreur dans cette ville, ne viens pas en rajouter une couche. »

Il y avait du sarcasme dans leurs paroles. Constantine n’est pas assez stupide pour croire qu’elle était sincère dans ces paroles. Il abandonne l’idée de comprendre le fonctionnement des machines qui se tenaient en face de lui et se rapprocha enfin de la petit hackeuse. La discussion se transforme rapidement en théorie du complot. Avec son trench, John était le cliché de l’espion envoyé par des autorités supérieur pour capturer ou éradiqué une potentielle menace. Pourtant, il n’avait rien de menaçant, un peu gringalet avec des kilos en trop et qui ne dépassait pas les un mètre soixante-quinze.

« Oh ma pauvre, t’es complètement à côté de la plaque. Je n’ai pas été envoyé par un de tes nombreux ennemis pour te faire du mal. Je ne suis pas non plus un envoyé du roi Charles pour faire taire ses rumeurs que tu répands sur la famille royale. Je sais que tu auras clairement du mal à me croire, mais je suis là car tu as besoin de mes services et j’ai également besoin des tiens. »

Le maître des arts occultes s’éloigne des serveurs pour se concentrer sur la personne qu’il avait cherché pendant plusieurs jours. John ne s’attendait pas à ce qu’elle soit coopérative dès le début, mais il ne comptait pas passer des heures dans ce sauna à la supplier à genoux pour qu’elle lui vienne en aide. Le britannique avait encore quelques plans en tête pour arriver à ses fins, mais Lisbeth était le plan le plus facile à atteindre. Midnite aurait pu lui voler la vedette s’il n’avait pas décider de quitter la ville. Les portes sont grandes ouvertes. John souffla du nez et laissa échapper un rire légèrement moqueur. Elle était comme toutes les autres, naïve, persuadé que Midnite était la solution à son problème et qu’elle pouvait lui accorder toute sa confiance sans problème. C’est comme ça qu’ils tombent tous dans le panneau. Constantine est à la fois désespéré et fasciné par la puérilité de l’être humain.

« Lui sauver la mise ne t’aurais pas donné l’immunité contre sa magie. Tu ne le connais pas aussi bien que je le connais. Savais-tu qu’il a assassiné la seule personne qui l’aimait, la damnant en enfer pour qu’elle devienne ces yeux là-bas ? Il conserve son crâne près de lui. Ose dire que tu accorderais ta confiance à un type dans son genre maintenant que tu sais ça. »

Et encore, John n’avait raconté qu’une histoire parmi tant d’autres qu’il avait dans son répertoire. Pendant qu’il crachait son venin sur la concurrence, Constantine continuait à marcher et gravité autour de l’informaticienne, tel un prédateur qui rôde autour d’une potentielle proie. Lorsqu’il fut sous le point de brûler le bout de sa cigarette, Lisbeth était intervenue pour poser ses règles dans son territoire. L’espace d’un instant, John hésite avant d’accepter ses conditions et d’éloigner la main tenant le briquet. Il l’avait gardé en main, gardant le moment opportun pour s’en griller une autre le plus rapidement possible.

Après quelques secondes, la jeune hackeuse a finalement répondu à la main tendue de Constantine. Conscient qu’il n’avait pas encore gagné entièrement sa confiance, John se montre prudent et contient sa joie intérieure. Il repensa à son potentiel contact qui aurait pu effectuer le travail beaucoup plus proprement. John était en froid avec ce même contact, il devait attendre que les dernières braises de colère se noie avant de revenir vers elle. Il va devoir se débrouiller seul et le résultat risque d’être approximatif.

« Ce qu’il me faut ? Une aiguille, de l’encre et une bouteille de whisky. Tu veux te débarrasser de la malédiction ? Je vais te donner l’opportunité de ne plus jamais être atteint par ce type de magie. » Il observa Lisbeth de haut en bas. « Du moins, si y’a encore de la place sur ta peau. La personne ne sera pas au courant que sa magie ne marche plus sur toi, tant que tu caches les jolies dessins que je tatouerai sur ta peau. »

Bien évidemment, rien n’est gratuit avec Constantine. Il aime savoir que les gens ont une dette envers lui. C’est probablement pour cela qu’il est encore en vie en jouant autant avec le feu. Au fond, il sait que Lisbeth est parfaitement consciente qu’elle devra payer pour obtenir ses services, même s’ils s’avèrent ne pas être le meilleur tatoueur mystique qu’elle est rencontré.

« Ce que je te demande en retour sera probablement pour toi, une promenade de santé. J’ai besoin que tu effaces malencontreusement quelques dossiers. C’est une tâche facile pour toi, nan ? C’est une offre à prendre ou à laisser. »

John reprit la conversation comme s’ils ne s’étaient jamais quitté. Il propose son aide, cette fois-ci sans chercher à sous-traiter la demande, cela prendrait trop de temps. Le britannique s’était donné les moyens pour ne pas rater cette occasion. Lorsqu’il a la possibilité de régler rapidement certaines histoires, il ne tarde pas. Constantine a proposé ses services, il a laissé le temps nécessaire à la hackeuse de réfléchir, de mesurer le pour et le contre avant de donner une réponse. John n’est pas un expert dans l’art du tatouage mystique. Dans sa jeunesse, il avait déjà tatoué quelques runes sur le dos d’un membre de son groupe. C’était le seul cobaye qui avait bien voulu céder aux caprices de son ami. Dans ces souvenirs, il avait beaucoup plus de place pour laisser parler sa créativité mystique sur son ami que sur la personne en face de lui.

Lisbeth finit par accepter. Elle a mis un moment avant de trouver une place assez large pour que John puisse faire ce qu’il lui semblait nécessaire. Ce dernier se contenta d’hocher la tête, sa façon à lui d’accepter ce nouveau défi. L’emplacement du tatouage n’a pas forcément d’importance, du moins pour les sorts les moins complexes. Tant que le dessin est gravé correctement sur la peau, Lisbeth sera protégée du mal. John ne garantissait pas que ce remède serait miraculeux mais il ralentira les moins déterminé du lot. Une joie intérieur a traversé son esprit, heureux de ne pas avoir passer ses soirées à sa recherche pour rien. Il se permet de laisser échapper un sourire sur le coin de ses lèvres suites aux remarques de Lisbeth qui étaient assez amusante. John n’a jamais prétendu être un grand artiste et les tatouages mystique se résument souvent à des runes, des arc de cercles, des traits précis. Il s’agit plus de géométrie que d’art.

« Ouais, ça fera l’affaire. Vu le peu de place qu’il te reste, je ne vais pas faire la fine bouche. C’est pas une solution miraculeuse, je te le cache pas, mais tant que tu fricotes pas avec les mauvaises entités, tu seras tranquille. »

John recula d’un pas pour éviter de se prendre Lisbeth qui bondit sur son bureau pour ranger ses affaires en moins d’une minute et se préparer à partir. Le britannique avait à peine le temps de retirer sa clope encore neuve de ses lèvres qu’elle était déjà prête. La russe s’attendait à un tour de passe-passe de la part de Constantine, quelques pas de dance pour qu’ils se téléportent directement chez la tatoueuse. John ne pratiquait pas cette magie, il ne pratiquait aucune magie en fait. Ce qui lui permettait de bouger d’un point A à un point B, c’était avant tout la chance de croiser un taxi lorsqu’il se rapprochait de la chaussée.

« Je préfère utiliser une méthode un peu plus traditionnel. J’ai bien envie d’un road trip, respirer à plein poumons l’air pollué de cette ville de merde. Pas toi ? »

Il n’avait pas besoin de plus pour lui faire comprendre qu’il n’était pas un mage comme les autres. Il ne pratiquait pas la magie comme cette Teslady, il pratiquait un art bien différent, celle de la débrouille et de l’art de jouer avec les artefact et la langue latine. Lisbeth se permet même quelques menaces quant au contenu du dossier à supprimer. John n’est pas stressé, il se contente d’hausser les épaules.

« Et moi, je pourrais arracher ta peau pour récupérer mon art. On sera quitte, comme ça. »

John a attendu d’être à l’extérieur du bar pour allumer le bout de sa cigarette. Il avait pris les devants et il était sorti le premier pendant que son chauffeur terminait ses affaires. Il patienta quelques minutes supplémentaires à l’extérieur, s’aérant l’esprit. Il balada son regard un peu partout, il se sentait surveiller ou c’était un vieux réflex qu’il avait gardé. Il profita de l’air pur pour dégager ses poumons en les noyant de nicotine jusqu’à l’arrivée de Lisbeth. Sa cigarette n’était pas complètement entamée. Il leva les yeux vers elle, jetant cette la clope avec une simple pichenette avant de se rapprocher de sa moto et d’enfiler le casque. Les occasions de grimper sur ce type de véhicule était plutôt rare. Même à son adolescence, il avait une préférence bien spécifique et n'avait jamais réellement eu un faible pour ces scooters rapides. Pour une fois, il n’allait pas faire la fine bouche.

John s’est laissé porté par le vent, dans les quartiers de Gotham qu’il n’avait pas l’habitude de fréquenter. L’idée ne lui aurait jamais traversé l’esprit et les rencontres permettait à l’exorciste de découvrir d’autres facettes pourrie de cette ville perdue. Une fois arrivé à destination, il emboita le pas de la petite hackeuse, tout est gardant un léger écart entres eux. Il avait besoin d’un peu d’espace pour contempler la misère humaine et la déchéance.

Un salon de tatouage, l’endroit idéal pour que Constantine puisse exercer son art. Il n’avait pas les compétences d’un expert. Les quelques cobayes qui avaient accepté de se plier à ses caprices le regrettait amèrement. John laissa le soin à Lisbeth de leur préparer la salle, de faire comprendre aux propriétaires de l’endroit qu’ils avaient besoin d’espace. Elle était plutôt douée pour convaincre son monde. John est resté à l’arrière-plan jusqu’à ce qu’ils se retrouvent seules. A ce moment-là, le britannique avait commencé à se mettre à l’aise en retirant son trench, retroussant les manches de sa chemise. Connaissant les vieilles habitudes d’une ancienne ami, il s’accorda même quelques minutes pour se laver les mains.  

« J’espère que tu n’as pas oublié la bouteille de whisky. Elle n’était pas pour toi. T’es une habitué, t’es coriace, t’as pas besoin d’un anesthésiant sommaire. Moi, j’ai besoin de rendre cette soirée un peu trop longue… un peu plus agréable. »

L’idée de charcuté la peau d’une ruskov ne semblait pas le réjouir plus que cela. Il connaissait ses talents artistiques douteux. Il s’est installé sur le tabouret destiné au tatoueur. Il s’était installé de manière nonchalante avant de se tourner vers la machine. Il avait besoin de quelques minutes supplémentaires pour en comprendre le fonctionnement. Il fallait un peu de temps pour que la mémoire lui revienne. Il a commencé son travail dans la zone demandée par Lisbeth. Il est concentré, méthodique mais un peu brouillon dans le fond. L’aiguille se plante à des profondeurs aléatoire mais le dessin se forme, il ne tremble pas.

« Maintenant qu’on a du temps à perdre… J’aimerais savoir ce qui peut pousser une femme dans ton genre à essayer de s’en prendre au plus grand. T’as des motivations spécifique ou tu cherches simplement à te divertir ? »

John cherchait à en savoir plus sur la femme qui allait devoir mettre la main sur des secrets qu’il ne valait mieux pas déterrer. Il les appréciait bien, là où ils se trouvaient, oublier dans un passé qui ne devait pas être réveiller, pour le bien de tous mais surtout pour le confort de son propriétaire.

John n’était pas grand amateur du monde de tatouage. Il y était tombé par nécessité plus que par choix esthétique. Les runes et les symboles qui recouvraient son torse et son dos étaient mystiques. Elles le protégeaient des potentielles attaques démoniaques et tentatives de possession. Lorsqu’on fricote un peu trop près le monde occulte, il est nécessaire d’avoir une armure solide pour rester en vie ou ne pas sombrer dans une détresse émotionnelle qui menait instantanément vers le même destin sordide. Il n’y avait pas de jolie rose sur les poignets, ni les aigles d’un ange gravé sur ses omoplates. Pourtant, en cette belle soirée, il se retrouve à devoir effectuer un métier dont il n’avait que de maigres connaissances. Heureusement pour Lisbeth, sa chance et sa capacité d’adaptation lui permettait d’avoir une expérience moins douloureuse que prévu.

Les runes commencent à se former. Constantine est appliquée dans sa tâche et les traits sont droits. Une petite voix dans sa tête se demandait s’il n’avait pas trouvé sa vocation, avec une certaine ironie dans l’intonation. Il profitait de ce moment de calme pour essayer de mieux connaître la femme qui allait avoir une partie de son passé le plus honteux entre les mains. Il était assez important pour lui de choisir la bonne personne. John avait eu une première bonne impression avec elle mais est-ce que ce sentiment perdurera ?

« Ouais. Tu te laisses pas marcher sur les pieds. Tu dois avoir beaucoup d’ennemis dans ce trou à rats. Des corrompus, c’est pas ce qui manque ici. » La discussion s’orienta ensuite vers lui. Elle semblait s’y connaître un peu dans le domaine. « Non. Je ne suis rien de tout ça. J’ai seulement lu les bons bouquins. »

Constantine aurait pu lui mentir, lui faire croire qu’il est un mage expérimenté qui connaissait toutes les formes de magie possibles et inimaginables, mais il n’en avait pas la foi. Son attention finit par se porter sur la peau de sa cliente. Elle est chaude, des perles de sueur s’en échappe, comme si elle était en train de cuir dans un sauna. John arrêta la machine et leva les yeux vers elle, Lisbeth n’allait clairement pas bien.

« Tu vas quand même pas tomber dans les pommes ? Je pensais que t’étais une habituée, une dure à cuire. Ta réputation est en périle, là ! »

Derrière ces paroles, l’instinct du maître des arts occultes étaient en alerte. Une odeur de magie flottait dans l’air, de la magie noire. John ne l’avait pas détecté en entrant dans le shop, elle était camouflée. Plus les secondes passaient et plus le britannique pouvait sentir l’odeur pestilentielle de cette magie. Il ne voulait pas effrayer Lisbeth, ni faire comprendre au mage qui était à l’origine de tout ça qu’il l’avait détecté. Il sentait son souffle, le bruit de ses pas qui s’approchait dangereusement. John redressa sa colonne vertébrale en sentant ses cheveux se dresser sur sa nuque alors qu’un frisson le parcourait des pieds à la tête.

« J’aurais ta PEAU. CONSTANTINE. » hurla la voix, étrangement familière.

« Pousse-toi ! »

Utilisant toute sa force, il poussa Lisbeth hors du fauteuil sur lequel il était assis, cherchant à la faire tomber pour qu’elle s’écrase les fesses la première sur le côté opposé du britannique. John glissa sur le côté pour esquiver une dague recouverte de rune qui se planta dans le cuir du fauteuil où la hackeuse se tenait quelques secondes plus tôt.  

John avait eu des reflexes de surhomme pour sauver la peau de Lisbeth. Il avait manqué de tact lorsqu’il l’avait poussé hors du siège. De justesse, elle avait échappé à une mort certaine, sciée en deux par un couteau de boucher. Le maître des arts occultes était particulièrement fier de ce sauvetage à l’improviste mais il avait commis une erreur, il avait baissé sa garde. John s’était laissé entraîné dans un terrain inconnu, entouré d’étranger avec une légère odeur de magie. Qui avait titillé ses narines. Il n’avait pas été sensibles aux signaux d’alertes. Il s’était concentré sur Lisbeth et sur le dessin qu’il essayait de sculpter sur sa peau. La magie sérigraphique demandait une grande concentration et c’est probablement ce qui l’avait trahi. Heureusement pour lui, dans son malheur, le démon s’était montré suffisamment bruyant pour réveiller ses réflexes.

Ses jambes se sont dérobées et il s’est retrouvé sur le cul, la colonne vertébrale contre le pied du fauteuil où se trouvait Lisbeth quelques secondes avant sa chute inévitable. Elle se trouvait du côté opposé du siège pendant que John se tenait droit devant la créature qui réclamait sa mort. Sur le moment, il est resté immobile, ses pupilles azur fixèrent l’être démoniaque, attendant un miracle divin. Au moment où l’homme libéra son couteau pour essayer de fendre la cervelle de Constantine en deux, une énergie invisible arrêta la créature en plein élan.

John se retourna vivement vers Lisbeth qui avait les muscles du visage tendu et pas que. L’occultiste avait vu assez de chose fantastique pour comprendre ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Lisbeth n’est pas une magicienne, elle avait l’air très incompétente dans le domaine et John n’avait rien ressenti de mystique chez elle, c’était autre chose. Le britannique avait peut-être une petite idée de ce qu’il avait en face de lui mais il avait besoin de plus de preuves pour confirmer sa théorie.

Pendant que Lisbeth s’amusait à faire voler la créature comme si ce n’était qu’une poupée de chiffon, John s’est attardé sur une possible contre-attaque. Il se tourna vers son trench pour en sortir un petit flacon qui renfermait un liquide incolore. Il versa le contenu sur ses mains, réparti sur chaque fragment de peau sur la paume de ses mains jusqu’aux jointures de ses doigts. Une fois sa peau imbibé, il attrapa un briquet et la rapprocha de ses mains. Très vite, la petite flammèche se transforme en un brasier de marbre qui entoura les mains du magicien. Sa peau s’embrasait si facilement qu’on aurait pu croire que le contenu du flacon était de l’alcool fort, mais aucune odeur forte ne trahissait cette hypothèse.

Des flammes angéliques, animés par l’eau bénite, dansèrent autour de ses mains et d’un geste brutal, il envoya une première boule de feu dans la créature, puis une deuxième. La cire qui composait son corps commença progressivement à fondre, mais cela ne suffisait pas pur le ralentir. John posa la main sur le parquet pour installer un arc de cercle entre lui, Lisbeth et leur ennemi. Un mur de flamme les retenait et entraina la fonte progressive du démon sans qu’il ait la possibilité de passer de l’autre côté de la pièce.

Une fois certain qu’elle ne pourrait pas franchir son mur de flamme improvisée, John se débarrassa des dernières flammes qui dansaient sur sa main. Sa peau n’était même pas brûlée, ni même rougit par la chaleur. Il se rapprocha de Lisbeth qui avait l’air dans un piteux état. Du sang s’échappait de ses narines et elle semblait avoir du mal à se tenir debout. Elle avait utilisé beaucoup d’énergie pour faire voler le démon de cire, ce qui confirma la théorie de John, c’est une méta humaine.

« Tu aurais pu me dire que tu étais capable de ça. » Il s’en moquait bien, ce n’est pas la première chose fantastique qu’il voyait dans sa vie. C’était une excuse pour démarrer une conversation, pour la forcer à rester consciente. « T’as une sale gueule. » John n’a pas une voix agréable à l’oreille mais il fait de son mieux pour aider la jeune femme en enroulant son bras derrière sa nuque. « Agrippe toi à moi, je vais te sortir de là. »

John avait encore besoin de Lisbeth, c’est pour cela qu’il se donnait autant de mal pour l’emmener avec lui, la trainer dans les rues de Gotham à la recherche d’un abri. Le britannique avance sans réel but, sa partenaire n’était pas bien lourde comme fardeau et elle tenait encore sur ces deux jambes. L’occultiste finit par reconnaître la silhouette de sa moto et la guida jusqu’à cette dernière. Durant le chemin, ils avaient de nombreuses pauses pour laisser Lisbeth se remettre de ses émotions et manquer de vomir son plat sur les chaussures de Constantine qui eu le vieux reflex de reculer. Il s’était montré incroyablement patient avec elle, presque attentionné. Il n’avait pas envie qu’elle crève après tout le mal qu’il s’était donné pour la retrouver. Il avait encore besoin de ses services. C’est probablement pour cela qu’il se souciait autant de sa personne.

Une fois proche de la moto de Lisbeth, John se détacha d’elle et la laissa s’adosser contre son véhicule. Il recula d’un pas et enfila son trench après s’être fait agresser par un vent beaucoup trop frais. Il prit le temps de récupérer sa boîte en carton qui gardait précieusement une ou deux cigarettes qui se battait en duel pour être la première choisit. Il en passa une entre ses lèvres et attendait quelques secondes supplémentaires avant d’en allumer l’autre extrémité. Avant qu’ils ne fuient les lieux, Lisbeth semblait inquiète pour son ami qui n’était plus qu’un tas de cire brûlante. John ne comptait pas vraiment tourner autour du pot sur cette histoire.

« J’vais pas te donner de fausse espoirs. Ton pote est surement mort. Son cadavre doit être planqué dans un frigo, congélateur ou peut-être dans sa baignoire. Quant à ce que c’était… hmm… Si je devais résumer, je dirais que c’est un démon qui s’est prit pour plus gros qu’il ne l’était. C’est le genre de bestiole qui est plus difficile à supprimer qu’une simple malédiction si tu vois ce que je veux dire. »

John lui laissait le temps de reprendre son souffle, ces forces. Son visage était tâché de sang mais il n’avait rien à lui offrir pour lui donner une meilleure mine. Ce n’est pas la première fois qu’il croisait la route d’une personne avec des capacités surnaturelles. Il connaissait vaguement leur fonctionnement, il parait qu’elle variait suivant les personnes mais John arrivait à déceler quelques codes. L’énergie pour générer tout ça ne vient pas de nulle part, elle a besoin d’une source. En général, il s’agit simplement de l’énergie vitale de son hôte, le cas de Lisbeth apparemment. Contrairement aux autres, John n’a pas envie de faire de commentaire sur les capacités de la jeune femme, ni de la juger sur ces derniers.

Il n’aura pas vraiment le temps de faire le moindre commentaire. Lisbeth, prit d’une émotion que Constantine n’arrivait pas encore à décrire à braquer son téléphone dans son champ de vision pour le forcer à regarder une vidéo d’actualité sur une milice qui semblait capturer de pauvres gens désarmés ou presque. John n’arrivait pas encore à comprendre pourquoi elle lui montrait ça. Il se contenta d’avaler une bouffée de tabac avant de la recracher un peu plus loin.

« On arrive parfois à être amené à faire des choses horribles pour espérer survivre dans ce monde. Ton ardoise n’est pas plus sale que tout les pourris de cette ville, ma belle. T’espère me faire fuir avec cette vidéo ? J’suis pas un méta humain, mutant ou quoi que ce soit et ces histoires, je m’en cogne un peu. Laisse-moi deviner, tu te détestais tellement que tu en es arrivé à haïr ton propre peuple ou tu as été contraint ? » Il s’arrêta quelques instants pour réfléchir. « T’es recherché par ces types ? »

Constantine plongea son regard sur celui de la russe, espérant avoir une réponse aux questions qu’il s’était posé. Son interlocutrice avait posé une bombe d’informations sous ses yeux, il espérait qu’elle est la décence de répondre à quelques interrogations. John patienta, la laissant préparer sa moto, mais il n’aura le droit qu’à quelques mots de plus. Il leva un sourcil, accompagné par une grimace de déception dissimulé sous ses rides et son teint fatigué. Le britannique était assez désintéressé ou exténué pour ne pas remuer le couteau de la plaie et réclamer davantage. Liz avait profité du calme ambiant pour jeter un coup d’œil sur le travail de Constantine qui n’avait pas la prétention d’avoir le talent de Clarice. Avant l’attaque, il avait eu le temps de terminer son œuvre. Il aurait eu besoin de quelques minutes supplémentaires pour faire quelques finitions. Il prit le temps d’observer le tatouage, des runes tracés avec une encre spécifique.

« Ouais. Ta peau vaut de l’or désormais, ma jolie. » lança Constantine avec un sérieux qui frôlait le sarcasme.

Sa cigarette resta collée entre ses lèvres. Ces mains glissèrent dans ses poches pour les tenir occupés pendant que Lisbeth cherchait encore ces mots. Il se contenta d’hausser les épaules lorsqu’elle lui certifiait que ces personnes ne lui causeront pas de problèmes. John n’était pas assez impliqué dans la cause des métahumains pour en avoir quelque chose à faire. Il suffisait de garder une bonne distance avec Lisbeth et de la supprimer de ses contacts lorsqu’elle aura rempli sa tâche. Un fond d’ironie à commencer à traverser son esprit. Les hommes qui la poursuivaient était probablement moins dangereux que la personne qui se trouvait en face de lui. John n’a pas réellement pris le temps de lui expliquer toutes les horreurs qui gravitaient autour de lui et leur impact sur ses multiples rencontres, il préférait se focaliser sur son dossier à Ravenscar.

« J’espère bien. Tu comprendras que je n’ai pas fait tout ça par bonté de cœur. »

John s’était muré dans un silence pour reprendre son sérieux. Il avait laissé Lisbeth le guider, même s’il n’avait plus très envie de s’éterniser. Il s’était pourtant laissé faire, ramener dans la demeure de la petite hackeuse pour cerner un peu le personnage. Il était resté seul dans la pièce principale un court instant, le temps de s’installer sur le canapé et d’enchainer sur sa dernière cigarette pour la soirée. L’endroit ressemblait suffisamment à un taudis pour que le maitre des arts occultes se permette d’allumer sa clope pour embaumer la pièce de sa fumée. Avant que le britannique n’engage la conversation, Lisbeth avait prit les devants pour revenir au cœur du sujet. Le visage du blondinet s’était encore plus refermé qu’il ne l’était à l’origine, Lisbeth n’aurait probablement pas cru ça possible.

« J’aimerais que tu supprimes un vieux dossier qui provient d’un ancien asile psychiatre fermé à ce jour, Ravenscar. Je veux que tu supprimes toutes traces de mon passage. Je pense que c’est dans tes cordes non ? » Son attention se porta sur son téléphone, c’était un modèle plutôt ancien à clapet. John venait de recevoir un coup de fil important. « Ecoute, j’aurais bien aimé continuer cette conversation mais j’ai d’autres affaires à régler et cette soirée commence à s’éterniser. Tu ne risques rien chez toi, aucun démon ne viendra te hanter dans la nuit, si c’est ça qui t’inquiète. Creuse déjà sur les informations que je te donne et si tu as des nouvelles, appelle-moi. »

Constantine ne traîna pas. Il tourna les talons avant même que Lisbeth n’est le temps de répliquer, peut-être le retenir. Le message qu’il avait reçu semblait l’avoir inquiété ou plutôt l’avoir bousculé. Les démons qui hantaient l’exorciste était bien plus banal que ceux que les légendes pouvaient pensé.