Quel bordel, j'te jure. Le quartier était vraiment devenu un tas de merde impossible. Je m'avançais, le long des pavés, vers ce qui restait de mon immeuble. Capuche relevée, je regarde de loin ce qu'il en reste. La petite épicerie où je faisais mes achats avait brûlé, et mon appart semblait avoir été pillé ... Putain, y'avait pas grand chose, mais ça avait été ma maison quoi. J'ai une colère, une colère immense pour le Gant Noir, pour tous ces empaffés de gargouilles ... La nuit où j'avais quitté mon appart en trombe, l'attaque du quartier, je revois encore quelques flashs, et malheureusement, ça me hanterait le reste de ma vie. J'repense à mes voisins de palier, avaient-ils réussit à fuir ? Leurs enfants s'en étaient-ils sortis ? Gotham n'était plus qu'une poubelle à ciel ouvert, et tout me semblait figé dans le temps, comme si plus rien n'avait d'importance. On vivait au jour le jour. Et rien d'autre n'avait d'importance. Fixant une dernière fois ce qu'il restait de mon immeuble, la princesse est désormais en exil. Ce quartier que j'aimais n'était plus que l'ombre de lui-même, et à mon grand regret, je n'avais plus qu'une seule envie : faire payer.

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C'était un camps de fortune dans un supermarché dans Cauldron. Un lieu un peu à l'écart mais qui permettait de consolider les forces et de nourrir la partie de la population qui avait eu pas mal de merdes. Les mecs des triades avaient fait un beau taf, et j'dois dire que j'avais creusé mon petit trou parmi eux. Alors que je me dirige vers un des gaillards qui assure la distribution de nourriture, il me donne un bol, avec de la soupe, et quelques nouilles. Rationnement obligatoire. J'me sens comme Oliver Twist, est-ce que je peux en ravoir ? Nan, je dois fermer ma gueule. On est tous dans la même merde, et ça, c'était fin naze. Le rationnement, ce que je donnerais pour un bon hamburger avec de la salade, de la mayo, et de bonnes vieilles tomates. Dans mon sac, j'avais de quoi tenir en terme d'ordinateur. Mon chargeur, mon ordi, et même un vieux téléphone portable qu'il me restait, tout ça avait peu de valeur à l'époque, mais aujourd'hui, c'était un luxe non négligeable. Je prends mon bol, et je me dirige vers un des sommiers de fortune installé là. Et je mange comme une affamée, le repas que l'on m'avait refilé. De ce que je savais, la Triade faisait en sorte de ramener des ressources, mais parfois, ça terminait mal. Les gargouilles sont pas du genre à être très sympas en ce moment, et ça tirait à tout-va. Ouais, enfin, moi je mangeais ma soupe. J'suis pas une combattante, mais j'ai quand même quelques cordes à mon arc. J'avais dans l'idée de les faire payer, et de faire en sorte que ça finisse mal pour ces salauds. Mon repas est déjà terminé, ce que je donnerais pas pour un gâteau de riz ... Je soupire, tout en regardant mon bol, vide. Désespéremment vide. Mais je peux essayer de faire changer certaines situations.

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Quelques heures plus tard, je suis sur le toit du supermarché contrôlé par la triade. J'inspire, et je fais en sorte de pas me montrer, pour éviter de donner envie aux gargouilles de me tirer dessus. J'avais raccordé mon ordinateur à l'ancien terminal de Gotham installé sur le toit. La ville adorait mettre ces systèmes de sécurité sur des grands bâtiments, pour vérifier, contrôler, et surveiller. C'était soit-disant pour lutter contre le crime, ouais, ma cash ouais. C'était surtout pour surveiller ses gentils citoyens pour pas qu'ils fassent de conneries, et manquerait plus qu'une petite reconnaissance faciale et on serait fin bien. J'regarde ma montre : Deux heures du mat. Déjà ? Le travail m'avait pris pas mal de temps, et j'avoue que j'avais envie de réussir. Je suis crevée, mais par quelques malversations plutôt utiles, j'arrive quand même à relier le système de caméras de la ville. J'peux voir pas mal de petites choses. Et ce qui se passe dans les quartiers aux environs. Cela intéressera très certainement les patrons. En parlant d'eux, ils doivent très certainement se demander où je me suis planquée. Je serais pas étonnée que quelqu'un vienne me chercher après tout ce temps. Mais qu'importe, j'avais quand même réussit à déverrouiller un système de sécurité. Faut croire que les mises à jour ne se font plus. Ils doivent avoir déserté les services de sécurité, et les employés de Wayne Tower devaient avoir quitté la ville. Du coup, une aubaine pour moi.

« Yatta. »

Je souris. La reconnaissance des caméras de sécurité s'active, et j'ai désormais accès aux nombreuses caméras qui restent. Y'avait de l'activité, y'avait des légionnaires, des gargouilles et fatalement un peu d'activité. Mais le spectacle était consternant de tristesse. Désolation, magasins pillés, rien de bien folichon. Juste les habituelles scènes de destruction. Et puis ... Quelque chose attira mon attention. J'hausse un sourcil, avant de sélectionner l'image et de voir ce dont il en retournait.

« C'est pas banal ça ... »

Sur les écrans, y'avait comme qui dirait de l'agitation. Et ça semblait partir dans une autre direction. Des gargouilles étaient en train de charger du matériel. Apparemment, ce convoi blindé pourrait être assez intéressant, et peut-être que je devrais en parler aux membres de la triade. Mais je devais d'abord vérifier que ce n'était pas un traquenard, ou un truc inintéressant. Je me gratte le menton, je relève ma capuche, et je m'installe en tailleur tout en observant les autres caméras de surveillance. J'essaie d'obtenir le son, et j'essaie d'avoir de meilleurs angles ... Pas évident, la majorité des caméras avaient été cassé. Je renfrogne un raclement avant de reprendre ma surveillance. Les minutes passent ... Et alors, mon attention se focalise sur deux gargouilles, qui semblaient discuter. Et visiblement, la discussion n'était clairement pas de bonne augure, ni pour moi, ni pour les gens qui sont dans le coin. Je monte le son, histoire de réussir à capter ce qu'ils disent.

« Y'a de la résistance dans le Cauldron. Apparemment, ce serait des gars d'Anarky. Mais pas sûr. Ils survivront pas à l'attaque de demain soir. »

« Oh oh ... »

Quand les gens manquent de chance, ça se repère tout de suite, surtout à Gotham. La malchance est synonyme de mort dans les rues et les lieux de cette ville, et ce soir, allait une fois de plus le prouver. Dans Chinatown, on avait toujours deux trois vieux qui donnaient ou vendaient des colliers anti-malchance, des trucs pour éviter la poisse. Le genre de gris-gris débile qui servait à rien, mais que t'achetait pour cinq dollars, voir quinze dollars quand t'étais un pigeon de passage dans Chinatown. Mais là, j'avouais que niveau poisse, on peut pas faire mieux. J'avais toujours un mec qui me surveillait, au cas où. Pas qu'il était là pour me coller si j'allais voir les flics, nan. Il était là pour ma protection. Un bodygard quoi, comme dans le film avec Kevin Costner. C'était Kevin Costner ? J'm'en rappelle plus. Bref, Paul, drôle de nom pour un noichi, fut attiré par mes exclamations. J'enlève mon casque avant de lui répondre. Avec une légère pointe d'inquiétude dans la voix.

« J'ai réussi à pirater les caméras de GCTV, le système qui se diffuse dans toute la ville. Mais de ce que j'ai capté, y'aurait moyen qu'on ait une visite des gargouilles pour bientôt. Le genre façon Chinatown de cette année, si tu vois ce que je veux dire. »

J'regarde les dernières données sur mon portable. De toutes les images retransmises, j'vois quand même qu'ils ont l'air d'avoir un peu de monde. J'dirais une bonne trentaine de gars déguisés en gargouilles, ça fout quand même les miquettes. Ce genre de brute complètement décérébrée qui est uniquement là pour faire un carton, y'en avait un packson dans tout ce foutu pays. Et vu qu'on est en zone de guerre, tous les abrutis de la gâchette se sont sûrement dit que ce serait marrant de taper le carton sans être jamais inquiétés. Combien d'enfoirés de ce genre y'en avait encore ... Y'a de quoi être inquiet. Après toutes les saloperies que ces fumiers avaient faites, y'avait de quoi baliser un peu quoi. Surtout qu'ils sont pas du genre à faire dans le brouillon. Chinatown était devenu une zone de guerre à proprement parlé, et les habitants restants essayaient de reconstruire. Reconstruire quoi ? Personne ne viendrait pour nous, et je vois pas comment les choses allaient évoluer en mieux. Franchement.

« Ils nous prennent pour un groupe d'un type qui s'appelle Anarky. Et ils prévoient un nettoyage pour demain. Genre nettoyage à la vietnamienne. »

Dans le Cauldron, l'atmosphère était détendue, seuls les gardes paraissaient nerveux, mais c'est quelque chose de normal, si ils ne sont pas à l'affût, ça peut très vite déborder ... Les gens qui vivaient dans ce qu'il restait de ce quartier faisait confiance à la triade, c'était une bonne chose, mais en temps normal, j'avais envie de demander : où sont les poulagas quand on a besoin d'eux ? Ah oui, c'est vrai, majoritairement ils se sont fait dessoudés. Tu parles d'une bonne nouvelle, toi. Être flic dans ce trou, ça revenait à signer son arrêt de mort et à devenir un foutu cadavre pour des gens qui te crachent à la gueule. Heureusement qu'ils ont pas le droit d'entrer dans Chinatown, sinon ils se font dégommés direct. Les flics n'avaient aucun droit dans cette partie de la ville, mais maintenant que Chinatown n'était plus ... Il fallait souligner qu'à Gotham, tout criminel n'était pas fiché que dans l'Etat, ils étaient pour la plupart dans les base de données fédérales, il était donc possible de faire des interventions musclées, surtout qu'à Gotham, une grande partie de la criminalité était recherchée. Mais maintenant, même le Swat ne pointe plus son derrière pour entrer chez les gens. Même le FBI se planque. Et perso, je doute que ceux-ci viennent me traquer après avoir piraté les caméras de surveillance de la ville. Vu tout ce qui se passe en ce moment, j'suis la dernière de leurs soucis. J'regarde Paul, avec le regard d'une de ces nanas qui savaient plus trop ce qu'elles ont fait en soirée, et j'avoue que dans ce genre de cas, j'avais mis le pied dans un truc qui me dépassait salement. J'fais quoi merde, voila que mes mains commencent à trembler. J'essaie de pas montrer que je suis angoissée, mais ça craint, ça craint beaucoup quand même là.

« Au départ, j'voulais juste récupérer des informations, trouver d'autres survivants, contacter l'extérieur. Voir même des coins pour trouver des vivres. Mais là, j'suis tombée sur quelque chose de plus gros que moi. J'dois faire quoi ? Avertir le chef ? Faut qu'tu me conseilles, Paul. »

« Je ... Je vais essayer. »

Il est fébrile, il ne sait pas dans quel sens aller, et je le comprends. Je suis dans le même état que lui, et je me rends compte qu'on était cerné par des monstres. Des gens qui veulent anéantir toutes la population de cette ville. J'ai peur ... Je l'admets. Au fond de moi, je me sens terriblement impuissante face à tout ce qui va nous retomber dessus. Quelle merde quoi ... La voix tremblante, j'essaie de calmer mes paluches pour pas qu'elles tremblent pendant que je devrais pianoter sur mon ordinateur pour trouver des informations. J'inspire, j'expire, et je ferme les yeux, histoire de pas me laisser envahir par la panique. Pour tout dire, j'avais pas ressenti une telle trouille depuis Chinatown, et pourtant, tout ça, ça avait le goût de quelque chose de pire. De quelque chose de bien dégueulasse qui allait arriver, et j'avais salement peur. Ouais, très très peur. J'inspire à nouveau, avant de reprendre ma recherche via les caméras. Les caméras du réservoir ne semblent pas avoir été détruites, une bonne chose. Mais ce que j'y vis, me glaçait le sang. Sur la vidéo retransmise, des gargouilles étaient en train de charger des caisses de nitroglycérine, de T-N-T dans des camionnettes. Mais à quel but ? Comment ? Il fallait que j'en sache plus, mais la nouvelle ne me permettait pas d'être vraiment sortie du danger. Leurs camions semblaient prêts à être chargés, mais ça, ça pouvait aller partout dans la ville. Cela pouvait aussi nous concerner, et surtout, comment ils vont faire pour faire exploser ça près de nos limites ? Que veulent-ils vraiment de plus ? Ils avaient déjà saignés à blanc Chinatown ... Il fallait que mon chaperon prenne une décision contre toute attente. Informer la direction, tout en déclenchant une méga panique, ce qui était très probable ou ne rien faire. Je regardais avec un visage emplie d'inquiétudes, l'homme qui se trouvait à mes côtés.

« Je crois que ça ne sent pas bon. Ils se préparent pour quelque chose ... Attend ... »

J'essaie de choper le son, mais ces caméras sont merdiques. Peut-être que du côté de l'Opéra ? Ouais, le GCPD avait quelques caméras pour cette zone, mais fallait trouver les bonnes et au final, quand on y regarde bien, la majorité de ces caméras avait été endommagées. Merde. Mais j'ai de la ressource, et je sais comment je peux faire pour trouver ce que je veux. Une caméra de distributeur de banque, j'arrive à la diriger pour la mettre dans un angle de la grande avenue de l'Opéra. Et visiblement, il y'avait du mouvement, et j'essayais d'avoir le son. Malgré les grésillements, on pouvait discerner quelques bribes de ce que disait l'un des cornus du Bossu. Putain, c'était vraiment de la merde la technologie dans ces coins-là, encore du made in China, assurément. Voila ce qui arrive quand on laisse les gens choisir des trucs au rabais, ben tiens. WayneTech, ça avait beau être un truc de blanc, mais au moins, c'était excellent comme technologie. Et ça marchait plutôt bien.

« El Sombrero ... Les égouts ... »

« Merde, j'arrive pas à avoir mieux, ils sont un peu trop loin. Mais ça parle d'égouts. Est-ce que tu crois que c'est relié à notre district ? J'ai bien une idée de ce qu'ils comptent faire, mais je suis pas sûre ... »

C'était une vieille technique des confédérés lors des batailles contre leurs potes yankees dans la guerre de sécession. Une position en hauteur, des galeries, on creuse un trou et on le bourre de dynamite pour le faire exploser. Un coup classique, et je serais pas étonnée qu'ils fassent pareil. Le problème, c'est que les égouts ont aussi un autre inconvénient. Et pas un des moindres. Un problème majeur qui pourrait causer de gros dégats.

« Les conduites de gaz. »

Je claque des doigts, comme si je venais de trouver la solution au foutu problème. Mais bon Dieu, que c'est monstrueux. Je mets ma main devant ma bouche pour exprimer ma peur, et potentiellement, le risque. Il fallait pas être Einstein pour comprendre, mais là, c'était carrément le nettoyage le plus monstrueux. Encore pire qu'à Chinatown quoi. Fallait que j'explique la situation, et que je dise les possibles conséquences que ça va impliquer pour nous tous.

« Y'a beaucoup d'immeubles vétustes et pas aux normes. Des conduites de gaz pourries dans les quartiers alentour. Une simple explosion et c'est tout un quartier qui pourrait disparaitre. S'ils venaient à poster des explosifs dans une portion d'égout qui n'a jamais été réparée ... Oh merde ... »

Cette idée me terrifie. Pire, partir en fumée comme ça, pendant que tout le monde dort. Pendant que tous les gens attendent de l'aide. Comme ça, c'était monstrueux. Y'avait pas mieux à dire, et c'était même ce qui me poussait à aller carrément voir le chef pour qu'on termine les gars du Bossu avant qu'ils aient le temps de faire ça. Je regarde mon comparse, avec un regard qui en disait long. J'sens que je risque de faire une crise de panique, et je me mords le poing, pour éviter de foncer tête baissée. J'ai besoin de me calmer, de garder la tête froide, mais là, ça dépassait tout ce que je pensais, que je pouvais imaginer quoi.

« Faut qu'on le dise au boss. Qu'on évacue ou qu'on agisse, mais on va quand même pas attendre de se faire exploser la gueule. »

« Je regarde attend. »

Il hésitait pas mal le bougnat. En même temps, il s'appelait Paul, tu parles d'un nom. Il se prenait pour un apôtre ou quoi ? C'était pas le tip-top nom qu'on donnait aux enfants à Chinatown, mais après tout, y'avait quand même quelques exceptions, même si je cautionnais pas ce genre de délire. Mais là n'était pas la question. Mes yeux restent pendant quelques instants, à fixer ce qui semble être la cargaison du Gant Noir. Apparemment, ils préparent un coup, et c'est peut-être pour nous. Et j'essaie cependant de récupérer quelques données, voir même de pirater ... Mais attends un peu ! Si je peux choper le canal de ces tocards là, je pourrais peut-être choper leurs interactions, et voir ce qu'ils mijotent vraiment. Alors que le camarade Paul continue à discuter avec un certain Tchang, je porte mon casque à mes oreilles, tout en essayant de trouver la bonne fréquence. C'était un travail difficile, qui avait besoin d'un peu de temps, et surtout, qui me permettrait potentiellement de sauver des vies. J'inspire lourdement, tout en sortant de ma sacoche de professionnelle, une petite antenne USB que je relie à mon ordi portable. Quand t'es dans la tech, t'essaie d'avoir tout ce qui peut aider.

« Plus un bruit, je cherche. »

Je pianote sur le logiciel de récupération des ondes. Un petit truc que j'avais bidouillé et qui m'avait permis de capter plusieurs radios. En temps normal, c'est le genre de truc que n'importe qui peut télécharger pour avoir la radio chez soi sur son ordi. Mais moi, je l'avais un petit peu bidouillé. Pourquoi rester basique, alors qu'on peut toujours faire évoluer ce genre de truc ? La fréquence, c'était tout ce dont j'avais besoin pour capter ce que ces crétins disaient. Ils parlaient sûrement sur un canal privé, ils recevaient sûrement leurs ordres, et c'était même sûr. Leurs chefs, au Gant Noir, on les voyait presque pas. J'avais juste vu un certain King Kraken dans la baie de Gotham City, et j'avais entendu parler de Caligula, comme tout le monde. La fréquence, la fréquence. Je continue de pianoter, mais rien n'y fait pour le moment, c'était pourtant pas dur à trouver, mais si c'est crypté, cela pourrait prendre un peu plus de temps et ...

« Yatta ! »

Je me lève de mon siège de fortune et je mets les bras en l'air. J'avais trouvé la bonne fréquence de ce bousin. Pas évident l'truc, mais c'était quand même déjà pas mal. Maintenant, il me fallait augmenter le son, et mettre un filtre pour enlever les possibles parasites. Je peux pas m'empêcher de sourire, ces gars-là croient vraiment que l'on est trop nazes pour capter leurs petits messages ? J'suis sûre que Batman les écoutent non-stop. En même temps, lui, vu l'attirail qu'il a, pas étonnant que ce serait possible qu'il ait tout ce qu'il faut pour organiser ses interventions en matière de technologie. J'fais un signe à Paul.

« Et voici, Radio Gant Noir, la radio de tous les blaireaux. »

Et avec ceci, j'allume la radio et on capte avec une très bonne mesure, et une bonne qualité, la discussion de ces tarés. De toutes évidences, cela ne concernait que la discussion locale. Apparemment, c'était une simple fréquence pour l'opération qui se profilait. Quelque chose de spécial donc, et visiblement, ils ont aussi de quoi s'amuser.

« Tu te rappelles de ce qu'on a fait à Chinatown ? »

« Ouais, quelle poilade. Je me rappelle encore de la destruction des bâtiments civils, ça avait bien pété. »

« Ce sera rien comparé à ce qui attend le reste de ces pauvres. Les réserves de propane sous Port Adams vont servir à alimenter l'explosion. Et le tout va raser tout ce qui s'y trouve dans les environs. Nettoyage de la pauvreté et de la crasse en profondeur. Résultat garanti. Et après, le chef pourra reconstruire la ville comme il le veut. »

« Et les civils qui sont encore là-bas ? Ils y restent hein ? »

« Des civils ? Quels civils ? Hahahaha. »

Les deux gaillards qui discutaient sur les ondes rirent de bon cœur, et malheureusement, ils préparaient un sale plan. Un plan violent qui nécessitait de s'activer au plus vite. Pour ma part, j'étais prête à en découdre dans une descente de la triade. Après tout, si je les avais rejoins, c'était pas pour jouer à l'ordinateur tout le temps. J'voulais moi aussi faire ma part. Je ne dis rien, je laisse la discussion continuer entre les autres intervenants sur les ondes. Apparemment, ils prévoient une opération très complexe de réaction en chaine d'explosions violentes. La première explosion envenimera la seconde, puis la troisième, et ça pourrait s'amplifier. Tout était connecté bien sûr. Je ne dis rien, j'attendais que Paul me donne sa réponse, qu'il me donne ce que les autres veulent faire. Parce que là, c'était bien galère, surtout qu'on était potentiellement dans une zone à haut risque. Il y'avait encore des gens qui vivaient à Gotham. Et les atrocités de Chinatown méritaient qu'on s'attarde sur ces salopards. Qu'on retarde leur opération au moins, ou qu'on les élimine comme les chiens qu'ils sont.