Résumé: Ce jour-là, la Triade du Bambou Uni de Shanghai décide d'opérer une action coup de poing contre une obscure concurrence, mais les choses ne sont évidemment pas ce qu'elles paraissent être.
Dernière édition par Tian Hong le Sam 22 Oct 2022 - 16:49, édité 1 fois
Messages : 3261 Date d'Inscription : 01/08/2021
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : Non-défini ♥ Love interest: ► Armes & gadgets: Costume balistiqueTian Hong
Sujet: Re: Dog's Fight [Solo] Sam 22 Oct 2022 - 13:41
- Dog's Fight -
Soufflant du nez avec exaspération, Tian lâcha la poignée pistolet pour secouer sa veste et en éjecter la cendre qui venait tomber de la cigarette entre ses lèvres, essuyant ensuite le résidu laissé afin de faire disparaitre la trace grise blanche de son joli cuir neuf. Une fois la poignée de son M16A2 à nouveau serrée entre ses doigts fins, il releva le nez vers la fenêtre ouverte du véhicule, tira une dernière bouffée de sa clope et l'attrapa à deux doigts pour l'envoyer au dehors, au milieu des nids de poule qu'il prenait droit dans son petit cul de malfrat.
Il n'y avait hélas pas grand chose à voir. Cette nuit avait bien spécifiquement été arrêtée par ce qu'il n'y aurait pas de lune dans le ciel. Les phares du camion derrière lui éclairaient assez bien les environs du sentier qu'ils subissaient mais jamais, au grand jamais, il n'aurait été capable de distinguer quelque chose se trouvant à plus de cinq mètres sur les côtés du véhicule.
« T'y vois rien non plus ? Je déteste la campagne putain.Lâcha un jeune Tchang à son acolyte sur la banquette arrière.
- Foutre rien, on pourrait rouler droit dans une embuscade qu'on serait mort avant d'être au courant, répliqua le taïwanais d'un ton acerbe et tendu, j'aurais pas demandé un projecteur, mais putain, on a même pas de lampes torches là.
- Tu te fais trop de soucis. On se fait chier dans le noir, c'est clair, mais on va pas se faire surprendre par… c'est qui déjà qu'on attaque ? »
Cessant de parler uniquement à Tian, le regard du braqueur se dirigea vers le conducteur. Il se pencha ensuite sur la gauche pour attirer l'attention du passager avant mais n'eut qu'un haussement d'épaule en guise de réponse. Personne n'avait donc la moindre foutre idée de pourquoi ils avaient été armés comme ça. Ne manquait que les casques et les pare-balles, ils n'auraient qu'à eux à se lancer dans les rizières pour jouer aux petits soldats américains, mais non, on les faisait cahoter à des dizaines de kilomètres de Shanghai, pour aucune raison explicable.
« Rien qu'une descente sur un entrepôt à l'écart, c'est sûr, repris Tian.
- Probablement, ouais. On mettrais pas des débutants comme vous sur un coup comme ça sinon, hein ? Lâcha Tchang d'un ton moqueur. Celui-ci obtint en retour les trois regards dubitatifs de ses équipiers, ce qui le fit doucement rire avant de reprendre la parole :Vous vexez pas les gars. Je viens d'arriver mais je viens pas de la cambrousse, je sors de six ans de trou moi. Qui d'entre vous a déjà vécu une vrai fusillade ?! »
A cette question qui se voulait rhétorique lui répondirent trois mains levées. Et même si le pauvre type en prenait plein dans son égo, se faisant bien ramener à sa place de pièce rapportée de taule, dans une voiture de gars qui baroudaient en ville depuis 6-7 ans, il ne perdit rien de sourire.
« Bon okay, j'aurais dû fermer ma gueule sur ce coup-là, il se fit ensuite un tantinet plus soucieux, tant dans son ton que ses regards pour ses compagnons d'armes,non mais sérieux, on est pas des commandos. Y'a juste beaucoup de marchandises à charger, et faut dissuader tout vol sur le retour, je vois que ça moi.
- Ta gueule Tchang, on verra bien. Si j'avais su j'aurais juste fermé ma gueule putain. Y'a rien, ç'aurait juste été plus intelligent que quelqu'un ait au moins une lunette infra-rouge.
Tian se renfrogna un peu, posant délicatement le bout de son fusil d'assaut sur le rebord de la fenêtre afin de jeter un œil à son portable dans sa poche. Le visage éclairé d'une lueur bleutée par son motorola à clapet, il poursuivit, plus distrait :
- De toute façon, même si j'y avais pensé, j'aurais pas ouvert ma gueule. Le boss avait un sale air, j'suis sûr qu'il aurait pété le nez de celui qui aurait ramené sa fraise avant de dire un truc du genre "et sur le chemin pour l'hosto, achètes ton matos avec ton fric".Et alors qu'il pianotait quelques sinogramme à l'adresse d'une sacrée cochonne, il releva le regard pour se faire confirmer son sentiment par les autres occupants.
- Ouais, il est pas commode le Tigre,souffla le passager avant avec la fumée de sa clope,faut dire qu'il a vu un paquet de merde ici. Bombardé de force à la tête de la division alors que t'as plus que des cadavres à diriger, je souhaite ça à personne.
A ces mots, Tian senti les cheveux sur sa nuque se hérisser, puis le frisson le parcouru. Il referma doucement son portable, le remis dans la poche de son jean et repris à pleine main son M16 en guettant son côté de la campagne chinoise. Tous semblaient s'être mis d'accord pour méditer sur cette idée, et personne ne se permis plus d'ouvrir la gueule jusqu'à ce que la tête du convoi ne fasse finalement halte.
Messages : 3261 Date d'Inscription : 01/08/2021
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : Non-défini ♥ Love interest: ► Armes & gadgets: Costume balistiqueTian Hong
Sujet: Re: Dog's Fight [Solo] Sam 22 Oct 2022 - 17:10
« Go, go, go ! Go ! »
Dans la presque parfaite obscurité, l'homme qui avait quitté ses jumelles pour murmurer son signal frappa le torse du soldat à sa droite pour mieux glisser sa main jusqu'à son bras et le pousser en avant. Celui-ci ne se fit pas prier et se lança dans le piètre sentier devant les diriger vers l'installation qu'ils ciblaient.
A la suite de ce pauvre quidam, une dizaine d'autres pauvres types dévalèrent le chemin de terre battue. Pas un cri, pas une exclamation, tout ce qu'on pouvait entendre était les souffles coupés, les baskets dérapant sur la terre, il y eu même une gamelle ou deux mais il faisait tellement noir qu'à part en trébuchant sur le maladroit, il aurait été impossible d'en être certain.
Devant Tian, Tchang faisait de son mieux pour ne pas se péter sottement la jambe sur le terrain accidenté. Chaque pas indiquait au gangster à quelle distance il se trouvait de lui, comme le soldat le suivant se guidait à ses pas pour progresser sans lui rentrer dedans. Et bientôt, ils furent en bas de l'écueil rocheux où ils s'étaient agglutinés en attendant l'attaque.
Arrivé là, le taïwanais se lança avec d'autant plus de vitesse en avant, bientôt, les silhouettes de ses comparses allaient apparaitre dans la lueur des lumières extérieures du complexe, puis se distinguer de plus en plus à mesure qu'ils approchaient et se mettaient à découvert. En à peine quelques secondes, les premiers de la file s'arrêtèrent pour s'affairer sur un grillage surmonté de barbelé, tout le monde préservait le silence mais certains levait déjà le nez vers les deux tours qu'ils savaient occupées.
Le futur Gùn n'eut pourtant pas le temps de s'inquiéter des snipers puisqu'il arriva face à une ouverture béante dans le grillage, tenue en place par l'un des premiers de file. L'envie lui pris de juste plonger en avant, jambes les premières, et effectuer une magnifique glissade, mais il réprima ses envie de suicide et préféra s'accroupir comme les autres avant lui pour passer le plus discrètement possible. Les autres devant lui continuaient leurs courses vers le bâtiment principal, à présent éclairés comme en plein jour, et tous s'étonnaient de n'avoir entendu ni cri, ni alarme, ni tirs.
Ils furent néanmoins rassurés, d'une certaine manière, lorsqu'une rafale souleva de léger nuages de poussière au beau milieu de la file. La réplique ne se fit pas attendre, elle ne vint pourtant pas de la colonne de malfrat à découvert mais d'un puissant tir qui résonna dans toute la vallée. Depuis l'un des monticules rocheux, un diable sur-équipé veillait sur eux. Malheureusement, même en connaissance de cause, la panique pris les soldats qui commencèrent à s'éparpiller en tout sens dans l'espoir de ne pas être celui que le garde toucherait à la prochaine rafale.
Cela, ni Tchang ni Tian n'y firent exception. L'estomac tordu par la surprise et la peur, avant que l'adrénaline ne prenne le pas, le premier malandrin se dégagea de la ligne sans même freiner, trouvant refuge avec son collègue derrière un camion censé les mettre hors de ligne de mire. Ils comprirent néanmoins leur erreur à la seconde près où ils s'étaient crus en sécurité. Des cris retentirent de tous les côtés, plusieurs haut-parleurs se mirent à hurler et leur vriller les oreilles et, pour finir, toutes les ampoules du secteur s'illuminèrent, transformant la zone visible comme en plein jour en véritable stade de football où la moindre silhouette se devinait aux multiples ombres portées en tout sens.
Passablement désorganisés, les deux hommes se ruèrent vers le bâtiment le plus proche, une sorte de chalet aux volets fermés dont ils tentèrent d'ouvrir la porte avant que Tchang ne règle la question en collant le canon de son fusil sur la serrure pour y décharger une rafale de 5,56. Entrant ainsi avec fracas, ils furent accueillis par une multitude de cris effrayés. Entre plusieurs rangées de lits superposés, une poignées d'occidentales se ruaient vers le fond de chalet, pourtant sans issue. Bien sûr, elles tentaient bien de leurs crier des trucs intelligibles, ça, les deux criminels en avaient bien conscience, mais jamais au grand jamais ils ne se seraient attendus à entendre de l'anglais ici.
Aussi furent-ils d'autant plus méfiants en braquant leurs fusils sur elles. A leur tour, ils crièrent des trucs inintelligibles, on leur répondit avec la même clarté, et c'est les craquements des marches menant à la porte des lieux qui leur sauvèrent la vie. Se retournant derechef, le chinois venu investiguer la porte entrebâillée leva haut les mains, avec un flingue dans celle de droite, en suppliant de ne pas tirer.
« Entre ! Et pas un putain de faux mouvement ! Depouille-le !
Le fusil braqué sur l'homme, celui-ci fut tiré sans ménagement à l'intérieur. D'un coup de pied, Tian renvoya la porte claquer sans se refermer alors que Tchang envoyait un coup de crosse dans le visage de l'inconnu, l'étalant de tout son long sur le sol avant de lui chourer son arme de poing pour la fourrer derrière sa ceinture.
- Me faites rien pitié, je suis personne ! Supplia t-il en gardant les paumes ouvertes et visibles malgré l'hématome qui commençait déjà à se former sur son œil droit.
- Ta gueule ! J'ai dit ta gueule ! C'est qui ça ?! Répliqua Tian en pointant brièvement les femmes redevenus silencieuse, du moins jusqu'à son geste qui provoqua de brèves exclamations terrifiées.
- Je- J'sais pas, j'suis juste chauffeur moi ! Laissez moi vivre pitié.
Soupirant, Tian releva les yeux vers Tchang qui, plus pragmatique, dégaina une paire de menottes en plastique et, après un regard échangé, fit retourner le pauvre type, en larmes à présent, et lui attacha les mains dans le dos pendant que Tian lui écrasait une omoplate avec le canon de son fusil d'assaut. Sans mot dire, le Malfrat se redressa en tenant une porte-clé entre ses doigts. La voix dure et le talon appuyé sur l'épaule de leur prisonnier, il s'exclama :
- Elle est où ta voiture ?! Suivi d'un appui un peu plus ferme sur le corps du questionné.
- Un ca- Stop ! Un camion ! Un camion ! Il est juste dehors, à côté. Laissez moi pitié, j'gagne même pas le salaire minimum.Sanglota t-il auprès de ses bourreaux qui, selon lui, devait le prendre pour une espèce de dur à cuire qu'il n'était pas. »
Information utile au demeurant, une explosion à l'extérieur les ramena subitement à la réalité. Ils n'étaient pas en train de faire leurs commissions mais d'attaquer une installation gardée, une installation qui hébergeait des occidentaux, sous haute surveillance. D'un haussement d'épaule, Tian signifia son absence d'idée quant à l'utilité d'un véhicule, puis adressa un signe de tête à Tchang avant d'entrouvrir la porte, s'assurer de l'extérieur et ressortir, abandonnant et les inconnues, et le chauffeur poids lourd sans investiguer les choses plus au fond.
A l'extérieur, un léger calme avait été retrouvé. Un duel de sniper s'opérait entre les tours de gardes et le tireur embusqué, mais quiconque tentait de se balader à découvert était systématiquement pris pour cible, sans autre effet notables que de maintenir des silhouettes sans appartenance dans de nombreux coins, n'osant même pas s'échanger de tirs pour ne pas risquer de blesser un allié.
Immédiatement pris pour cible, Tian glissa sur les marches censées le ramener à terre et se couvrit la tête lorsqu'une pluie de douilles brûlante lui tomba dessus. Ce n'est qu'en sentant son poignet tordu par la poigne puissante de son acolyte qu'il suivit son mouvement et se releva en trébuchant, son fusil mollement levé, comme si il aurait été capable de viser quoi que ce soit dans son état.
A nouveau posté auprès du camion dont ils avaient à priori les clés à présent, quelques coups d'œil aux alentours les informèrent d'une situation passablement paralysée. Quelques corps gisaient ça et là, vivant ou morts, servant d'avertissement à quiconque aurait l'audace de prendre une initiative. Entre les coups de feux erratiques, une voix autoritaire crachait des ordres dans les haut-parleurs, exhortant les occupants de l'installation à reprendre le contrôle du bâtiment principal que quelques membres de la Triade semblait avoir investi.
La tête pleine à craquer d'informations, la bouche entrouverte, le regard perdu sur le champs de bataille, Tian ne fut ramené à lui que par un violent coup de poing dans son épaule. Retournant son visage hébété vers son acolyte, il se fit présenter un flacon en plastique blanc. Sans même réfléchir, il se boucha la narine gauche et présenta celle de droite sur l'embout. Le premier jet de morphine retomba à moitié sur les doigts de Tchang mais le second parti droit dans les muqueuse du Taïwanais, manquant de lui faire perdre l'équilibre. Accroché au rebord du véhicule leur servant de couverture, il observa son junkie de sauveur s'envoyer une double dose et lui déclamer avec un sourire béat :
« Alors, on est bien pas bien l- , se coupe t-il finalement, les yeux ronds et la voix subitement terrifiée alors que son flacon lui échappe des mains, merde, cassos ! Cassos ! C'est l'armée ! »
Se donnant à peine l'occasion d'un regard en coin, Tian vit un monstre d'acier anguleux manœuvrer devant le bâtiment principal pendant qu'un homme casqué semblait charger une mitrailleuse depuis une écoutille. Courant pour se cacher à l'arrière de leur camion, le taïwanais senti peu à peu la panique s'écouler de son cerveau pour faire place à un bloc de paix. Même la longue décharge de la mitrailleuse dans son dos, heureusement dirigée plus haut, sans doute vers leur ange-gardien, ne parvint pas à le faire sursauter dans son état d'anesthésie.
« On fait quoi maintenant ? On essaye de se barrer ? Lui parvint de la voix lointaine d'un Tchang aussi relaxé que lui.
Tian secoua mollement la tête. Autour d'eux, la voix des haut-parleurs commençait à leur lancer des ultimatums à la reddition, mais il semblait être au dessus de cela, concentré sur un plan qu'il imaginait infailliblement cool.
- On va prendre le camion et renverser le tank là, et ensuite, on… on les encule. Répondit le junkie avec véhémence.Vas-y, j'te couvre, tu les renverse, et moi je les baise ! »
En guise de réponse, son pote éclata de rire et, comme si il approuvait vraiment la connerie, changea le chargeur de son fusil pour plein et se tint prêt, n'attendant qu'un signal de la part de Tian pour se lancer à découvert, non seulement depuis les tours de gardes, mais aussi le transport blindé qu'ils pensaient pouvoir vaincre à la force de leur folie.
Dans une manœuvre décousue, le gangster se lança à découvert et braqua son M16 vers les tours, tirant trois rafales avant d'épauler et tenter d'abattre l'homme à la tourelle sur le blindé. Lorsque son arme fut vide, il y eut un silence pesant, puis un déferlement de feu sur sa position. Perdant immédiatement tout le courage qu'il avait rassemblé pour faire quelque chose d'aussi stupide, il s'empêtra dans la sangle de son fusil et l'envoya valser plusieurs mètres plus loin avant de se jeter vers le camion et retrouver son abri.
Ce dernier se mit alors à vibrer et, sans donner le temps au malfrat de méditer la meilleure chose à faire, se lança en trombe, traînant derrière lui un fier soldat de la Triade, la main serrée sur une sangle de bâche et les jambes entières râpées au bon gré du sol caillouteux, jusqu'à ce qu'un violent choc ne lui fasse perdre sa prise et l'envoi traîner jusque sous le véhicule.
Toussant de tout ce que ses poumons avait ingéré comme poussière dans cette "hilarante" glissade, un simple regard en avant le prévint que leur cible n'avait pas bougé d'un putain de iota. Pas ouf comme plan finalement, mais puisque son acolyte avait fait sa part et se trouvait possiblement au volant d'un camion à moins de deux mètres d'une mitrailleuse lourde chargée, il n'avait pas le droit de rester là dessous et attendre sa mort.
Roulant sur le côté, il émergea de sous le camion et se releva avec une énergie insoupçonnée pour dégainer son colt 1911 et se jeter à l'assaut du transport de troupe blindé complètement aveuglé sur son flanc gauche. Grimpant agilement dessus, il se fit sourd des cris lancés, des coups de feux en tout sens et avança vers l'homme à la tourelle qu'il força à se planquer derrière son écoutille qui ramassa la majorité du chargeur de .45 ACP.
Lorsqu'il releva sa tête casquée, ce ne fut que pour ramasser 1kg d'acier américain dedans, suivi d'une soixantaine de kilos de muscle taïwanais pour lui rabattre l'écoutille sur le buste. Le combat qui s'ensuivit fut quelques peu décousu, des coups de poings furent échangés des deux côtés, un gilet tactique et une veste en cuir agrippées et honteusement endommagées, puis la gueule en sang qui avait initialement le dessus fut brusquement repoussée en arrière et s'étala sur le toit du blindé.
Des cris de terreur pure retentirent la seconde d'après, puis Tian fut sourd, les tympans percés par un souffle d'air vibrant parfaitement incongru. En état de choc sévère, complètement perdu, il roula lentement sur le côté et fit une chute de deux mètres sur le sol où il se mit à cracher le sang qui lui remplissait la bouche. La remise sur pied lui sembla prendre une éternité, et pourtant, rien ne semblait plus l'atteindre.
A pas traînant, il fit le tour du blindé et fronça les sourcils. Une vive odeur de fer et de chair brûlée lui monta aux narines et l'incommoda, il fit dès lors de son mieux pour presser le pas et contourner le blindé hors service. Des mouches et des silhouettes semblaient danser dans sa vision périphérique mais il ne se sentit pas la force de tourner la tête, ne la relevant finalement que pour saisir la poignée du camion accidenté et en ouvrir la portière.
A la place du conducteur, le corps inconscient de Tchang saignait sur le volant, mais Tian ne l'avait pas vu. Non, ce que ce connard de taïwanais avait vu, c'était une boucle métallique collée à sa paume, entre les phalanges internes de son index et son majeur. Et il restait là, à secouer la main, faire rebondir le morceau de métal sans comprendre, jusqu'à glisser l'index de son autre main dedans et tirer doucement. Dans son silence de sourd, il s'imagina les bruits les plus répugnants possible en voyant la goupille de grenade sortir de sa chair.
Son regard hébété se reporta sur le poste de tourelle, un buste sans jambes gisait là, se vidant lentement de ses fluides pour repeindre en rouge une bande d'acier du blindé immobilisé. Incapable de réfléchir plus en avant ce qu'il venait de faire, le gangster reporta son attention sur son collègue et attrapa tant bien que mal son bras pour le tirer vers lui et se faire entraîner dans sa chute pour ne plus que ressembler à deux cons étalés sur le sol.
Il fallut de long instants au conscient du duo pour se dégager, retrouver l'équilibre sur ses jambes et se traîner son pote par les aisselles pour rentrer dans le bâtiment principal. Il y eut bien quelques flash de lumières par-ci par-là, un véhicule partant en trombe en enfonçant le portail grillagé des lieux et même un type tombant du ciel, la tête percée de part en part, mais rien ne sembla arrêter le mafieux jusqu'à avoir atteint un toit au dessus de sa tête et une zone dégagée et propre où il put allonger son pote, vomir, pas sur son pote mais pas loin, et trouver un appui pour s'asseoir sans se fatiguer le dos.
Assis là, le temps se fit impossible à suivre. Quelqu'un vint se pencher sur son pote, lui glisser un vêtement roulé en boule sous sa tête, on lui adressa un pouce levé, quelques sourires en coin. Puis il vit une file de type habillés en bidasse sortir du bâtiment les mains sur la tête, pas mal de flash venant des fenêtres en lambeaux. On lui donna une bouteille d'eau, on lui parla aussi, en tout cas, il jurerait que les lèvres bougeaient mais il n'entendait rien. Sempiternellement, le taïwanais pointa son oreille pour décourager quiconque de lui adresser la parole.
Finalement, plutôt que de faire le voyage retour dans sa jeep, on le cala à l'arrière du camion de leur convoi, à côté de son meilleur pote à présent, entre autres blessés, trois cadavres, et d'étranges femmes blanches qu'on avait habillé avec du papier aluminium, comme si on allait les cuire en papillotes. Par chance, les cahots de la route finirent par le bercer suffisamment fort pour qu'il s'endorme avant que la morphine ne cesse de faire effet.