▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : ♥ Love interest: Madame Smirnoff Armes & gadgets: Elio Phillips
Sujet: Balade nocturne [rp solo] Ven 21 Jan 2022 - 22:34
Gotham
Solo
(04 octobre, suite de Green-Eyed monster)
Elio s’assit derrière le volant de sa Ford Falcon, démarra, laissa échapper un soupire. Son corps endolori protestait contre chacun de ses mouvements ; son estomac combattait une nausée causée par les coups de genou qu’il avait reçu. Il leva les yeux vers son rétroviseur pour aviser la teinte foncée que commençaient à prendre ses pommettes, le contour de ses yeux ; le sang qui menaçait de couler de sa lèvre fendue. Il ne pourrait pas aller au travail dans cet état. Tant mieux, il avait besoin de s’en éloigner quelques temps. Il ne s’était jamais sentit aussi calme, malgré la tempête d’émotions qu’il avait ressentie plus tôt. Le jeune homme descendit sa fenêtre pour sortir sa main et adresser un doigt d’honneur au bar d’Attano, puis démarra en trombe. Malgré ce geste osé, il ne désirait pas le voir débarquer tel un diable pour finir ce qu’il avait commencé. Sourire aux lèvres, il ignora le stop, puis le feu rouge, appréciant le vent qui fouettait son visage et le klaxon des voitures. C’était les Narrows, on lui pardonnera sa conduite.
Une fois sur Founders Island, il fit plus attention à ne pas croiser la route de la justice. Il connaissait les lieux où ses collègues faisaient des rondes ; sa bonne mémoire avait cet avantage. Il les évita en empruntant des sens interdits, des ruelles étroites, des virages au frein à main, soulevant sacs plastiques et journaux sales sur son passage. Il choisissait les routes peu fréquentées, loin d’être à la recherche d’un face à face dramatique avec un autre conducteur. Du sud de Westside il alla au nord, passa par l’East End où il ralentit pour regarder le pathétique spectacle nocturne propre à ce genre de quartier. Sur les trottoirs défilés les macs, les gangs, les pickpockets et les meurtriers ; une expression de dégoût tordit ses lèvres. Gotham, pourri jusqu’au cœur. Moisi de criminalité. C’est peu avant de quitter Bleake Island, qu’il s’arrêta brutalement devant une prostituée qui attendait dans une rue déserte, sous un lampadaire défectueux. Le crissement des pneus avait attiré l’attention de la jeune femme – trop jeune, Elio voyait qu’elle n’était même pas majeure. Vraisemblablement mise à la rue par ses parents, ou une ado en fugue, encore nouvelle dans le métier. Peut-être n’avait-elle jamais eu de clients. Une proie aisée pour des hommes à la recherche d’innocence à salir.
Il leva le rebord de son chapeau pour rencontrer son regard paniqué. Il tenta un sourire rassurant, malgré les ecchymoses à son visage, mais rien ne fit changer l’expression de la demoiselle. Ses lèvres retombèrent. La fatigue revint soudainement.
- Entre, il fait froid dehors.
La jeune femme sursauta et, motivée par la peur, obéît. La porte côté passager s’ouvrit et se ferma ; entrant avec elle un courant d’air qui lui fit fermer la fenêtre et monter le chauffage. Du coin de l’œil, il pouvait la voir croiser les bras sur sa poitrine à peine cachée par son vêtement, pour se protéger du froid comme de son regard. Il secoua la tête et se pencha pour retirer son imperméable, avant de le jeter sur elle. Il ne répondit pas à son expression interloquée, et se remit à conduire en respectant la signalisation cette fois. La mer était sombre, sur le pont jusqu’à Central Gotham, comme s’il conduisait dans le néant. Seuls les lampadaires illuminaient la voiture à intervalle régulière. Un reniflement attira son attention à ses côtés. Puis un autre. A nouveau le silence, avant qu’il n’ose demander :
- Tu habites où ?
La réponse ne fût pas des mots, tel qu’il s’y attendait, mais un sanglot – dans lequel il entendit la peine et le soulagement.
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Il observa la réunion touchante d’une mère et sa fille. Il ne pouvait lire sur les lèvres, mais devinait les excuses et les regrets, les promesses de s’améliorer. Elio se sentit seul. Lorsqu’elles se tournèrent vers lui, il avait déjà disparu. Pas de remerciements, pas de dettes. Ces deux femmes ne lui devaient rien. Il roula plus lentement, l’esprit vide. Comme déconnecté de la réalité, il exécuta machinalement une série de gestes. Garer sa voiture. Ouvrir la porte. Monter les escaliers. Ouvrir la porte. Fermer la porte. Laisser tomber feutre et imperméable au sol. Se trainer jusqu’au canapé. S’y laisser tomber.
Le mur se peignait d’orange et de jaune alors qu’il fermait les yeux. Six ou sept heures du matin. Gotham ne l’avait pas encore tué. Elio soupira et sombra dans un sommeil sans rêve, ni cauchemar.