• Type de RP : RP
  
• Date du RP : 30/07/2018
  
• Participants: Tian Hong, Renata Cardozo
  
• Trigger warning: Voiture
  
• Résumé : Ashley, la nouvelle Pilote du Puppet Show, vient faire un tour au Speed Fever pour faire plus ample connaissance.
  

Un étrange sentiment de déjà-vu.
C’est ce que ressent Ashley en s’installant au volant de la voiture. C’est en réalité la première fois qu’elle met les pieds dans la Subaru BRZ, mais son cerveau se souvient pourtant d’avoir été assis dans ce siège il y a une semaine. La jeune femme se secoue comme un chien humide pour se débarrasser de l’étrange sensation, sa queue de cheval blonde battant contre son appui-tête. A la base, elle comptait y aller dans sa propre voiture, histoire de ne pas éveiller trop de soupçons - et surtout pour parader avec le petit bijou que son contrat lui a permis d’acheter - mais Strings l’a convaincue de reprendre le véhicule de test, arguant que l’on ne la reconnaîtrai pas sans. Si son adversaire d’une soirée n’a sans doute pas pu voir correctement qui se trouvait alors au volant de la voiture, il sera plus facile de faire le lien avec celle-ci présente.
Des plaques temporaires ont été installées par l’équipe, avec l’instruction de ne pas jouer avec le feu sur le trajet, un contrôle inopiné de la NYPD n’étant pas vraiment optimal. Le véhicule est, de plus, probablement encore recherché, mais les nuits Gothamites sont chargées de crimes bien plus violents et les forces de l'ordre, qu’elles soient masquées ou badgées, ont sans doute d'autres chats à fouetter - ou par lesquels se faire fouetter.

Le masque d’acier noirci semble la regarder depuis le siège passager, l’absence de traits n'empêchant pas la Texane de ressentir une certaine forme de reproche venir de l’objet. Quelqu’un est mort dans ce casque ne peut pas s'empêcher de lui murmurer une partie de son cerveau, bien qu’elle n’ai aucune idée si c’est bien celui que portait sa marionnette. Ses mains gantée se pose doucement sur le volant et ses pieds sur les pédales, l’habitacle lui semble légèrement plus grand, sans doute un effet secondaire des “ajustement” de la réalité virtuelle - est-ce vraiment le nom lorsque ce qui se passe de l’autre coté du casque est tout a fait réel ?
Le moteur vrombit avec plaisir, le ronronnement satisfait d’un félin après une longue sieste. Le pelage de la bête est toujours d’un noir mat et profond, un panthère dans les rue mal éclairée de la ville.
Son GPS lui indique le chemin, traversant East End en direction de ce que les locaux appelle “Chinatown”, une partie de son héritage texan se hérisse devant une appropriation si flagrante d’un quartier par une culture étrangère, mais elle a vécu loin de ses parents trop longtemps pour que leur murmure de Catholique conservateur ai une véritable emprise sur ses idées.
Juste un écho de drapeau confédéré au fin fond de son cerveau.


*  *  *


Un trio de jeunes hommes sont en train de discuter suspension devant le garage, leurs mains tachées d’huile de moteur agrippées à des canettes colorées, couvertes d’écritures chinoises ou japonaises - non pas qu'Ash sache vraiment distingué les différents alphabets. Des marques de boisson énergisantes trouvables uniquement dans les commerces du quartier, souvent importé directement depuis l'Asie.
Il n’y à que quelques voitures devant, mais l'intérieur semble bien plus actif, on peut apercevoir des silhouettes en bleu s'affairer autour d’automobiles hors de prix, on entend le bruit si particulier des pistolets à peinture et des divers outils électrique. Loin derrière, on peut même apercevoir les étincelles d’une ponceuse au travail qui illumine le casque de protection d’un employé en train de réparer une carrosserie.
L’endroit semble vivant mais “calme”, a l’oposé de ce a quoi la jeune femme s’attendait : le nom Speed Fever l’ayant fait penser a un club ou un bar de pilote plutôt qu’un garage, s’étant préparé a de la musique assourdissante, des personnes alcollisé et la protection volatile d’un lieu public animé. Non pas qu’elle le regrette totalement, s’étant promis de diminuer un peu sa tendance à se perdre dans l’alcool après sa cuisante défaite, mais sa tenue risque de ne pas vraiment correspondre à l'ambiance générale. Il y a aussi le problème plus direct de débarquer en plein sur le territoire d’une force inconnue en solitaire. La main de la texane se serre un instant sur la poignée de son arme, un glock 42 ultra compact que lui a fourni son employeuse. Sans numéro de série ni licence - en obtenir une à Gotham sans raison valable étant un parcours administratif des plus long et fastidieux - elle a surtout l’avantage de faire une taille suffisamment petite pour disparaître dans un holster d’épaule intégré à sa veste. Son dernier recours si cela tourne mal et une sécurité familière pour Ashley, qui a grandi dans un état ou l’Open Carry est un droit fondamental défendu bec et ongle par la NRA et ses nombreux adorateurs.

Son véhicule attire quelques regards et murmures alors qu’elle s’approche de l’entrée illuminée de l’endroit, si elle ne comprend pas un mot de ce qui est dit, les attitude ne sont clairement pas accueillante et elle préfère se garer sur le trottoire d’en face - un peu loin pour partir en vitesse, mais sans doute assez éloignée pour ne pas piétiner les plate bande de qui que ce soit.
Lorsque la porte s’ouvre, la brise de Gotham se glisse sous sa veste en cuir carmin pour caresser sa peau a travers son top en maille, le tissu blanc semi-transparant laissant apparaitre une brassière rouge vif ainsi que la definition de ses muscles - une de ses rare fierté concernant son physique. La pilote s’est épargnée jupe et talon, leur préférant une paire de baskets considéré hors de prix et un legging noir a bande rouge sur les coté, les tout es completé par une paire de mitaine de cuir coquées et une chaine d’argent qui tombe sur sa poitrine. L’idée étant de garder un visuel assez sportif mais de ne pas se faire jeter par un videur… autant dire qu’elle s’est pris la tête pour rien.
Son visage est dissimulé par le masque d’acier - que l’équipe a gentiment modifié pour y ajouter du rembourrage ainsi que d’une grille à laquelle elle puisse voir. L’effet reste assez saisissant, n’ayant pas de trou ou de visière, même si les observateur attentif pourront voir que la texture de l’acier change au niveau des yeux.

Ashley s’approche des trois jeunes avec la démarche d’une personne qui sait exactement où elle va et pour quelle raison, son sourire dissimulé par quelques millimètres d’acier et son hésitation écrasée par son égo. La carte, légèrement froissée, est sortie de sa poche alors qu'elle finit de traverser la route pour arriver face aux mécaniciens médusés.
Malgré l'insistance de Strings, la blonde a préféré se passer d’un modulateur de voix - pour tout dire, sa nouvelle patronne voulait, à l’origine, lui donner le contrôle d’une de ses poupées pour aller à ce rendez-vous. Mais il y a certaines choses qui nécessitent un vrai contact humain et tout comme pour la conduite, un proxy est parfois autant une limitation qu’une sécurité.

“Hey ! On m’a donné rendez-vous ici, je ne suis pas trop en retard ?”

Il n’y a pas vraiment de date sur le morceau de papier cartonné et, après une semaine de silence, l’autre pilote a peut-être abandonné l’espoir de sa venue, mais Ashley doute qu’il l'ait oublié et, entre la voiture et la masque, le lien devrait rapidement être fait.
Mais vu les regards soupçonneux et attitudes méfiantes du trio d'accueil, la question serait sans doute plus de savoir si le message arrivera jusqu’à la bonne personne, ou bien si son casque lui servira de protection plutôt que de sauf-conduit.

Du coin de l'œil, Han, Shingo et Takeshi avaient bien vu la voiture approcher en douceur, se garer à distance. C'est avec une certaine malice qu'ils avaient commencés à deviser sur le pilote de celle-ci, usant pour cela du bon japonais que leurs parents leur avait appris. Le Marchand avait beau avoir passé le plus gros de son existence à Hong-Kong et plus simplement en Chine, il ne s'était jamais caché d'avoir une nette préférence pour des subordonnés d'origine nippone. Après tout, ce n'est pas comme si les candidats pouvaient se plaindre à qui que ce soit de telles discriminations à l'embauche.

Malgré que Ash soit l'objet de leurs échanges, l'habitude d'échanger en douce sur les occidentaux comme les chinois qui squattaient le coin leur avait appris à jouer l'indifférence, à ne pas faire l'erreur d'un regard en coin, d'une voix murmurante ou d'une attitude ostensiblement secrète. Fort heureusement pour eux, la chose ne leur avait jamais joué de mauvais tours puisque Kento s'était toujours montré intransigeant sur l'attitude qu'ils devaient tenir.

Lui, et lui seul pesait ici assez de pognon et de pouvoir pour se comporter en odieux parvenu, certains mécanos n'avaient pas su se mettre au diapason et avaient été congédiés avec la même condescendance dont ils avaient fait preuve à l'égard des visiteurs. Cette nuit, la texane avait affaire à trois bons gars, trois types expérimentés qui s'était fait un sacré paquet la semaine dernière, trois mecs d'excellente humeur donc.

Evidemment, ce sont les autres coureurs garés sur le côté qui jasent plus fort et plus ostensiblement, ce qui contraint les employés à adopter une attitude plus fermée. Quel serait la réputation naissante du Speed Fever si un jolis minois s'arrogeait aussi facilement le temps d'entrer ? Surtout avec un bordel de masque sur le visage. Il fallait au moins faire semblant, même si les trois larrons avaient déjà eu droit à un topo sur la BRZ et son bien étrange pilote.

« On commençait à se dire que c'était une histoire inventée. Lança Takeshi, grand et fin, le plus à même d'esquisser un air maussade et fermé, il n'était hélas pas aidé par ses deux comparses aux gueules bien plus avenantes.

- Visiblement, il n'exagérait pas. C'est audacieux ce genre de truc pour les courses de nuits, j'ai jamais tenté la conduite en aveugle. Répliqua Han, le visage plus rond et généreusement malicieux, avant de croquer bruyamment une chips venue du paquet qu'il tenait avec sa canette.

Le troisième zozo, lui, se fendit d'un regard pour ses comparses puis reporta son attention sur la pilote qu'il détailla un peu, notablement sa poitrine, puis ses hanches, avant de revenir au visage qui ne faisait que refléter grossièrement la lumière des puissants spots extérieurs pour compenser les lampadaires un peu faiblards de la ville.

- Le patron s'occupe d'une affaire pour le moment, il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour rendre une petite visite.

Devant la réplique réellement plus froide de Shingo, Han leva les yeux au ciel, jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, vers l'étage ouvert sur l'atelier d'où on pouvait observer la lumière allumée dans une large salle. Puis il revint à Ash et demanda, bien trop légèrement :

- Mais il faut être un peu patient. Tu veux un truc à boire ? A manger ? J'suis sûr qu'on peut te dégotter une paille mais vu la chaleur, je te garantis surtout qu'il n'y a pas de flic ici. Et si tu as un bec de lièvre, ça expliquerait pourquoi tu as préférée cette place pour challenger la Blue Comet. »

Impertinent à dessein, Han conserva son calme quand bien même avait-il vu les mitaines coquées. Takeshi et Shingo, en revanche, s'était gentiment écartés de deux pas, laissant le provocateur seul face à l'invitée surprise, et se regardèrent. Là où le grand taciturne pointa discrètement son propre nez, le petit méfiant pointa sa pommette droite de l'index, ils pariaient clairement sur l'endroit où la femme au masque de métal allait cogner, sans doute que ce n'était pas la première occurrence d'une telle situation.

Étrange madeleine de proust que de se faire reluquer par un mécano a l’entrée d’un garage.
Pourtant c’est l’effet qu’a l'accueil du trio sur Ashley, cette dernière perdue un instant dans cette étrange miroir de sa première rencontre avec son sponsor, à 16 ans. L’enfant qu’elle était se tenait alors devant un garage/concession aux abords de San Antonio, avec son passée de coureuse de kart et un permis fraîchement obtenu. Les regards libidineux la dérangent moins aujourd’hui, venue de personne dans sa tranche d'âge au moins, mais c’est frappant comme les mots se ressemblent, si loin en temps comme en distance. “Un gamine qui veut courir à la coupe de cette année ? On commencait a ce dire qu’il t’avais inventé” puis en regardant ses participations et les quelques coupe qu’elle avait peu emmener “Il n’a pas exagéré, t’as de l’audace de conduire comme ça gamine” puis, avec un sourire condescendant et un regard prédateur “Le patron s’occupe d’un truc, mais tu peux rester boire un verre avec nous si tu veux…”.
On peut changer de ville, de métier et même de tête, mais quel que soit le poulailler les coq restent les mêmes.

Il y dix ans, la jeune pilote avait envoyé sa botte rencontrer les valseuses de l’impertinent sans crier gare, un réflexe qui, tout justifié qu’il soit, lui avait valu quelques points de suture et une réputation de chercheuse d’embrouille - plus ou moins méritée. Ce n’est pas l’envie qui manque de répéter l’exploit, mais elle n’a pas envie de finir dans un caniveau et ce serait un peu comme admettre que la dernière décennie ne lui a rien appris.
Au lieu de son genoux mettant fin à la descendance de l'impertinent, c’est son rire qui résonne sur le parking. Le masque offrant à ses éclats une qualité étrange, éthérée et caverneuse alors que la pilote annonce son amusement à gorge déployée, prenant quelques seconde pour évacuer l’hilarité provoquée par le surréalisme de la scène superposée à celle de son passé - et le souvenir du visage violacé du mécanicien de l’époque lorsque son service trois pièce avait eut la joie de découvrir que ses bottes étaient, déjà à l’époque, coquées.
Cela dure quelques secondes, puis quelques autres pour reprendre son souffle.
C’est étrange comme le stress de ces derniers jours peut s’évacuer en quelques instants.

“Pfiou, merci pour ça, bon, on va faire dans l’ordre :”

La jeune femme tourne son masque vers le premier a s’être exprimé, l’asperge à la gueule de maton, relevant l’index de sa mains gauche comme pour commencer un décompte.

“Crois moi Riri, si je n’existais pas, il faudrait m’inventer.”

Une phrase devenue culte au sein de son ancien groupe de potes. Une voix étrangement amère se demande si, depuis son départ, il ont effectivement été obligés de s’inventer une copie, mais elle ne préfère pas s’attarder sur ce genre de réflexion, elle à tout le temps avant de s’endormir pour se mettre le cafard.
Son absence de regard se porte ensuite sur le second, à la tronche plus sympathique et aux paroles plus agréables, relevant son majeur pour arriver à deux.

“Fifi, tu n'imagines même pas, on a l'impression de ne pas vraiment être là ! Mais ça évite les caméras… et les shrapnels !”

Véridique, mais elle ne conduirait sans doute pas lors d’une course sérieuse avec ce truc sur le visage : sa vision périphérique est quasi-absente et le poid supplémentaire finirait par lui cramper la nuque.
Enfin son visage se tourne vers le dernier, le plus calme et distant, mais au regard des plus chaleureux, levant son annulaire.

“J’ai toute la nuit Loulou, je suis certaine que ton patron trouvera un crénaux, on a tant de choses à se dire !”

Strings lui a donné une liste non exhaustive de questions à poser au sujet du milieu des courses à Gotham, notamment pour faire en sorte d’éviter les faux pas involontaires et savoir où se trouve les plates-bandes de chacun - autant pour les éviter que les trouver, selon le genre d’épisode prévu - et dans l’espoir de trouver parmis eux un public local investi, car rien ne vaut la dévotion que l’on a pour l’équipe de sa ville ! En plus de cela, Ashley a ses propres interrogations, surtout au sujet de voitures, tuning et les sommes qu’elle doit réunir pour que son nouveau bébé soit capable de participer aux rodéos locaux sans se ridiculiser.
Puis la plaque d’acier se retourne vers le rigolo, rabaissant index et annulaire pour lui offrir l’honneur solitaire de son majeur. Son autre main relevant le masque comme une visière - une modification rendue possible par le retrait des caméras - pour accompagner le geste de son sourire le plus moqueur.

“Le casque est là pour confirmer mon identité, par la dissimuler mon caneton, j’imagine que vous ne déroulez pas le tapis rouge a chaque BRZ qui se gare sur ce bloc non ?”

La jeune femme a un visage mutin, qui se prète facilement a son sarcasme, la courbe de son sourire peinte d’un rouge profond est surmonté d’un petit nez rond encadré par des yeux noisettes et une paire de sourcils si fins qu’ils semble presque absent. Le retrait de son masque - en déclipsant rapidement un paire de sangle, révèle que la blondeur dorée de sa chevelure prend ses racines dans un châtain bien plus sombre et la large frange latérale qui accompagne sa queue de cheval est lâchée, retombant sur son épaule gauche comme une lourde cascade décolorée.
Ashley prend le temps de replacer sa chevelure correctement, l'agitant d’une main pour lui redonner un peu du volume écrasé par son masque, ce dernier se retrouve attaché à sa ceinture, comme un étrange trophée.
Mais il est temps de revenir à des sujets plus urgents.

“Bon, qu’est ce que vous avez à boire ?”

Inspiration Ashley:

We’re not in Texas anymore.
C’est la phrase qui tourne dans sa tête pendant la moitié de la discussion avec l’épouvantail, le lion et le bûcheron - même si elle les appelle encore par leur noms de canetons, peu importe le nombre de froncement de sourcils que cela provoque. Ses souvenir des garages “à la maison” sont bien moins policés qu’ici : des insultes qui jasent à droite à gauche, une rixe ou deux pour l’ambiance et, pour les plus friqués, des filles en bikini qui prennent des lignes sur les capots de voitures hors de prix. Autant dire que l’on apprend vite à garder l'œil ouvert pour les problèmes et la bouche fermée pour les flics, des qualités très appréciées de sa nouvelle patronne.
Mais la blonde n’est pas vraiment nostalgique de la beauferie teintée de violence et de drogues et, sans se sentir vraiment à sa place, elle prend le temps de profiter de cette facette un peu plus calme du milieu, sans pour autant douter un seul instant de l’existence d’une autre qui lui serait plus familière.

La première chose qu’elle apprend, c’est qu’il n’y à pas autant “d'événements” qu’elle l'espérait, mais plus que ce que String supposait, la présence inquisitrice et bigarrée des supers et autres porteurs de collant force la faune locale à s'adapter, usant des égouts pluviaux pendant la saison sèche, d’ancienne usines assez grande pour courir ou tout simplement en ayant assez d’emprise sur certains quartiers pour ne pas craindre un appel au force de l’ordres. Le caractère non violent de leur crime les mettent de toute façon en bas de la liste des priorités - lorsque des clowns empoisonnent les réserves d’eau de la ville mensuellement, les excès de vitesse sont tout de suite plus faciles à digérer.
On lui parle des locaux, des types de courses, des lieux de rencontre et de ceux à éviter selon eux. Car si chaque gang de plus de dix personnes à forcément un fondu de la vitesse en son sein, tous n'apprécient pas que l’on fasse des donuts sur leur territoire et certains sont plutôt belligérants lorsqu’il s’agit de leurs plates bandes.
Ashley note intérieurement d’éviter tout ce qui pourrait ressembler à un type avec deux faces, quoi que cela veuille dire.
Elle note aussi de demander à Strings un topo sur le crime local.

Fifi est en pleine description des dernières modifications qu’il a terminées, cherchant parfois des mots de langage technique en anglais sous les regards moqueurs de ses collègues alors qu’Ashley fait poliment mine de s'intéresser à son monologue. Ne vous y trompez pas, la pilote connaît le fonctionnement de ses véhicules et, si le besoin est, n’hésitera pas à mettre la main au camboui, mais le niveau de technicité saupoudré d’un langage asiatique dont elle ne connait rien - cantonnais ? Mandarain ? Japonais ? - n’aide pas à garder sa totale attention, surtout pas lorsque les deux autres sont occupés à faire des jeux de mots douteux sur la puissance et la taille des nouveaux pistons du nouveau moteur installé par leur comparse.
Mais leur petite séance de moquerie est coupée nette lorsque la porte s’ouvre avec fracas, un trio inconnu marchant à grand pas vers leur voiture sans un regard en arrière avant que celle-ci ne file avec le même empressement frustré que ses propriétaires. Pendant un instant Ash se demande si son rendez vous ne vient pas de quitter l’endroit sans même lui accorder un regard, puis elle suit celui des canetons pour apercevoir un visage un peu plus familier, la toisant depuis les hauteurs avec une expression indéchiffrable.
Elle lui répond d’un sourire.

L’oncle Picsou descend la rejoindre à pas mesurés pendant que Riri, Fifi et Loulou repartent à leur affaire, la pause définitivement terminée.
Ashely quant à elle, finit sa canette d’un trait avant de broyer le cylindre d'aluminium multicolore entre ses mains. Un long regard calculateur vers la poubelle puis, après un soupir, elle décide de ne pas tenter le diable et fait simplement quelques pas pour lâcher directement le déchet à l'intérieur. Mettre le panier aurait sans doute été super classe, mais le rater et devoir ramasser devant tout le monde pour l’y mettre aurait détruit le peu de respect que sa bonne humeur lui a accordé.

Lorsqu’elle se retourne de cet acte de civisme impeccable, elle est nez à nez avec Picsou.
La première pensée qu’il lui vient c’est “je l’imaginais plus grand” la seconde “Joli costard, au milieu de toute cette huile de moteur”. Sa voix aussi n’est pas vraiment celle qu’elle imaginait, plus grave, sans doute aidée par le paquet de cigarette qui lui est rapidement tendu. Une marque inconnue, mais Ash n’est pas du genre a refuser une dose de nicotine gratuite, surtout qu’avoir quelque chose pour occuper ses mains serait bienvenu, histoire de ne pas commencer à jouer avec son masque. Par rapport au trio, la présence du “patron” est un peu plus stressante, recelant des enjeux autrement plus importants et sa posteur presque aux antipodes de celle de ses employés quelques instants auparavant.
Elle l'écoute poser ses questions, trop occupée à allumer sa cigarette avec un bracelet briquet - un gadget superflu qu’une amie lui a offert comme blague, lui expliquant qu’elle ne pourrait ainsi plus perdre le sien et cesser de voler, plus ou moins volontairement, ceux du reste de la bande. Le produit wish à 2 dollars prend quelques tentatives avant d’allumer la cigarette, le visage d’Ash, dans l’ombre du patron, est illuminé par la lueur mordorée de la flamme avant que celle-ci n'embrasse le papier. Une bouffée de nicotine brûlante descend dans sa gorge et ses poumons avant d’en ressortir dans un soupir de satisfaction, lui faisant fermer les yeux un instant pour apprécier la saveur âcre du tabac. La jeune femme tournant la tête pour ne pas cracher sa fumée en direction du garage, se retournant pour faire face à son interlocutueur, un sourire un peu plus détendu, son mégo tenu légèrement entre son index et son majeur.
Un pensée parasite lui dit qu’un joint aurait été mille fois préférable pour la détendre, mais elle la chasse d’une deuxième bouffée.

“Je viens ici parce que tu m’as laissé une carte et que je ne suis pas du genre à poser un lapin.” Bon, sans date précise ni même un mot échangé, cela n’a rien d’un rendez-vous, mais elle a décidé de le traiter comme tel, qu’importe les commentaires de Strings. D’un geste de la main, elle englobe le garage et ses alentours, laissant son regard courir sur les voitures et les rues nocturnes de Gotham, sa silhouette dans la pénombre de celle de Kento est illuminé par une paire de phare, dessinant la moindre de ses mèches rebelle dans la halo lumineux qui l’entoure. “C’est un setup sympa, pour être honnête, j’ai pensé que c’était une boite…” Une autre bouffée est prise et recrachée alors qu’elle indique sa tenue, mimant presque un tour sur elle-même. Sa méprise à ce sujet ayant sans doute joué dans l’idée d’un rendez-vous pour elle, après tout, personne ne passerait toute les nuit dans une boîte à l’attendre sans vraiment vouloir la rencontrer non ? Son égo mène un étrange combat contre ses insécurisée, à la fois persuadé d’être rouillée et l’ombre d’elle même, mais avec la certitude d’être l’une des meilleures pilote de la ville et que sa rencontre, si brève et imparfaite, soit totalement inoubliable pour l’homme en costume. “Mais ça me va, il me fallait un garage de confiance pour mon nouveau bébé.” Puis, sans crier gare, Ash se rapproche d’un pas, entrant sans subtilité dans l’espace personnel de l’homme,un demi sourire aux lèvres mais le regard étrangement sérieux. Sa voix est plus basse, rauque lorsqu’elle parle de nouveau, le ton assez bas pour qu’avec les bruits ambiants il faille presque tendre l’oreille pour l’entendre en se tenant aussi proche et pour que cela soit presque impossible pour qui que ce soit d’autre. “Pour ce qui est de mon échappatoire, disons que j’ai quelques cordes à mon arc… un petit oiseau m’a dit que l’un de tes poursuivant avait eu un problème de parebrise ?”” Un clin d'œil accompagné d’un nuage de nicotine. “Cadeau."

En vérité, sans l’aide de Strings, la jeune femme serai sans doute dans une cellule à l’heure actuelle - avec son casier judiciaire et son manque radical de fonds - mais un GPS intégré et une équipe avec une vue du ciel sont d’une aide insoupçonnée pour une course poursuite : lui permettant de prévoir sa trajectoire longtemps à l’avance et d’échapper a tout les barrages sans efforts. Imaginer la frustration de ses poursuivants suffit encore à la faire sourire une semaine après. Après une série de virages particulièrement sournois, l'ébène de son véhicule a donc disparu dans les ténèbres d’un garage anonyme avant qu’un hélicoptère ne soit déployé. Le temps que le quadrillage de la zone commence, la poupée et la voiture avaient été ramenées dans un lieu sécurisé.
Ayant fait sa petite déclaration, elle recule d’un pas, une courbe amusée flottant sur ses lèvres.

“Je venais aussi pour parler de ça, je suis nouvelle dans le coin et je ne serai pas contre quelques relations amicales, pour ne pas me retrouver perdue dans la grande ville.”

La dernière partie de sa phrase est dégoulinante de sarcasme, mais pas dénuée de vérité : si ce n’est l’équipe du show, dont elle ne connaît ni les noms ni les visages, son répertoire de connaissance est désespérément vide. Certes, son interlocuteur a plus de chance de finir dans la catégorie “relation de travail” qu’autre part, mais au moins elle aura quelqu’un avec qui parler de vitesse.
Et puis il doit bien connaître une boite ou un bar sympa !

Tirant longuement sur sa cigarette, Kento écouta avec attention et malice ce que sa challenger de la semaine dernière avait à répondre, à chacun de ses questions. Plus expressif que la moyenne, le sino-américain se permis quelques attitudes assez évidentes pour communiquer ses sentiments quant à la mentalité et les préjugés de Ash. Il se fit en revanche plus mesuré lorsqu'elle se rapprocha et le poussa sans hésitation à pencher la tête et tendre l'oreille, l'amusement lisible sur ses lèvres se mêlant à une curiosité plus enfantine dans son regard. Il ne se permis néanmoins de réellement réagir que lorsqu'elle lui confia son installation récente à Gotham.  C'était un pattern devenu assez commun pour le Marchand à cause de son ouverture assez évidente aux nouvelles têtes. Même si le Speed Fever était bien loin de se revendiquer comme une institution du milieu dans cette gigantesque ville, il était devenu assez fréquent d'y croiser plus des chinois et des japonais sans y observer de comportements xénophobes, ce qui constituait une intéressante exception au reste du quartier où les occidentaux pouvaient se sentir facilement traités en touristes, pour ne pas dire ostracisés. Ainsi, dirigeant son regard bridé vers sa main, à sa taille, il tapa doucement sa tige de nicotine en pleine combustion, bougea sa belle chaussure parfaitement cirée pour l'éloigner de la trajectoire de la cendre, puis releva le visage pour répondre à la jeune femme :

« Ma foi, les squatteurs nocturnes sont de bonne compagnie, commença t-il en désignant d'un signe de tête les asiatiques discutant autour de leurs voitures assez tape à l'œil, ils connaissent du monde et ce sont des passionnés, quoi qu'on puisse penser de leurs goûts esthétiques. »

Un aller-retour de la cigarette entre ses lèvres, panache de fumée, reprise de parole, tout en geste élégants, lents, presque millimétrés. Quoi qu'il en dise en présence de ses rares et bien moins élégants amis, il savait bien qu'il ne se serait pas comporté ainsi avec l'homme qu'il s'attendait à voir arriver dans cette voiture. Comme avec Eugenia, concentré sur la conversation, le cerveau laissait le corps en pilote automatique, un mode dans lequel tout devait capter le regard et l'intérêt.

« Si tu cherches des coureurs de… notre acabit, ils ne viennent ici que pour lancer des défis, en relever, ou me confier leurs beautés, l'informa t-elle en levant le bras gauche, pouce dirigé vers les voitures de sport en train d'être réglées, entretenues et bichonnées, et Takeshi m'a dit qu'il y a un izakaya de Little Tokyo qui sers de point de rassemblement depuis quelques mois. Ca expliquerait pourquoi on peut s'entendre sans crier là. »

Un sourire en coin, et la cigarette remonte à nouveau vers ses lèvres entourées de sa barbe très convenablement taillée. L'espace d'un quart de seconde, son regard va se lever vers le ciel, noir, sans le moindre projecteur ce soir, avant de revenir examiner le visage de la texane.

Ce visage en question est en train de faire la moue.
Non pas parce que l’homme en face lui fait plus ou moins subtilement la roue, ni à cause de quoi que ce soit qu’il vienne de répondre mais, au contraire, pour ce qu’il n’a pas dit. Ash s’attendait à une réaction un peu plus visible en parlant de l'assistance ailée lors de leur tête à tête motorisé mais, soit l’asiatique possède une poker face à toute épreuve - ce qui n’est pas impossible dans le milieu - soit l’idée de rencontrer une pilote Texane capable de contrôler des pigeons explosifs ne lui fait ni chaud ni froid…
Vous me direz, dans une ville de clown tueur et de crocodile anthropomorphique, ce n’est peut être pas la plus incongrue des nouvelles, mais la jeune femme aurait tout de même apprécié un haussement de sourcil ou un regard suspicieux, aussi mensongère que soit son affirmation. On a pas toujours ce que l’on veut et elle décide simplement de hausser mentalement les épaules et de se donner quelques instant en usant de sa gorge pour son futur cancer plutôt que pour parler.

Ashley ne sait pas trop quoi penser de ses attentes.
Gotham n’est définitivement pas ce qu’elle imaginait, le signal de la chauve souris n’illumine pas le ciel chaque soir comme une parodie justicière de la pleine lune et pour toute sa réputation de capitale du crime, on se retrouve trop souvent a avoir des discussions civiles avec de prétendus criminels. Est-elle un peu frustrée que sa soirée ne se soit pas finie dans une boite suspicieuse avec des lignes de poudre blanche et pilules multicolores ? De ne pas avoir l’occasion de faire fondre son cerveau dans un caisson de basse alors que ses neurones sont enflammés par des substances aussi légales que l’émission de sa patronne ? Un peu. Bon, beaucoup en vérité, pour toutes ses prétentions de sobriété retrouvée pour retourner au pique de ses capacités, la fête lui manque terriblement et se retrouver en tenue de boite, devant un garage à jouer au jeu des discussions mystérieuse un clope au bec est un palliatif des plus léger - même si la vue est relativement à son goût.
Il faudra qu’elle se trouve d’autre occasion de découvrir la vraie nuit de Gotham.

“Je pense que je ramènerai mon étalon un de ces jours, voir comment vous changez les fers ici…”

C’est toujours amusant de masculiniser les voitures, les hommes ayant une tendance très poussée a faire l’inverse. C’est l’idée de rentrer dedans qui les féminise ou bien doit-on changer le design des pots d’échappement ?
Un trou est un trou, mais attention aux brûlures !

“Et qui sait ? Si quelqu’un d'intéressant n’a rien de mieux a faire je leur montrerai la danse de mes feux arrière !”

Le Texas n’est pas l’état de la subtilité et Ashley, pour tout son exil, n’a pas perdu ses habitudes. Et puis qui raterait l’occasion de s’auto-glorifier tout en glissant un sous entendu ?
La cigarette revient à ses lèvres et, son regard planté dans celui de l’asiatique, elle finit les quelques centimètres d’une longue et intense aspiration, la braise illuminant sauvagement son visage alors que ses poumons s'emplissent de ces nuées ardentes. Le mégot est projeté d’une pichenette vers le bitume de la route, traçant dans la nuit une trajectoire mordorée telle une étoile filante alors qu'elle expulse sa fumée en un long souffle vers le ciel telle une dragonne miniature.
Son crachat nuageux terminé, elle plante de nouveau son regard dans celui du “patron”, son sourire mi-moqueur revenu pour hanter d’une courbe sarcastique ses lèvres glossées.

“Enfin, tu comptes m’inviter à l'intérieur pour discuter ou bien ton sens de l’hospitalité se limite à un trottoire et une clope ?”

Non pas qu’il y ait un problème avec les discussions en plein air, mais Strings a des idées très arrêtées quant à la sécurité opérationnelle de son organisation et sait motiver ses employés à les respecter. Majoritairement avec un salaire des plus intéressants mais aussi avec la menace très réelle de finir comme accessoire humain pour l’une de ses émissions.
Et Ashley tient particulièrement à son autonomie corporelle.

Alors que Kento lui fait son petit discours, le cerveau d’Ash ne peut pas s'empêcher de traduire tout cela comme un “Tu vois en fait je ne suis pas un garçon facile, et même si mes yeux ne finissent pas toujours dans les tiens lorsque tu parles, je n’invite pas n’importe qui dans mon bureau !”. Ouais, beaucoup de mots pour finalement être d’accord avec elle ! Mais bon, les garçons sont comme ça, lorsqu’ils vous accostent en boite on les dirait presque courageux mais, venez en tenue un peu osée sur leur lieu de travail et d’un coup ils se comportent comme la plus indécise des adolescentes rougissantes. La jeune femme essaie de faire de son mieux pour que ses pensée ne se voient pas trop dans la courbe définitivement moqueuse de son sourire, mais elle y arrive aussi bien qu’à lever le pied avec des flics dans le rétroviseur.

La maîtrise de son propre corps est avantageusement usée un peu plus tard, lorsque son hôte monte à l'escalier devant elle et que ses mains restent singulièrement sages et ne claquent ni pincent le petit cul du mafieux asiatique - il existe certes, des raisons plus connes de se prendre un balle, mais tout de même…
C’est sans doute à cause de la direction particulière de ses pensées - le caniveau - que son esprit ne comprend pas tout de suite la signification du changement de ton et d’attitude de Kento. Pour la défense de notre pilote, un contrat a autant de signification qu’un cul d’endroit où s'asseoir et ses idées grivoises lui font voir chaque visage comme un séant. C’est aussi pour cela que lorsque la main du mafieux vient se glisser sur son flanc, elle se demande tout d’abord si elle va se faire peloter sans vergogne dans un atelier automobile par un mec dont elle ne connait même pas le nom. Non pas que ce ne soit jamais arrivé, mais on se lasse vite de nettoyer le cambouis de ses sous-vêtements.
Et à ceux et celles qui proposent de ne pas en porter… vraiment ?
C’est là que sont ses pensées lorsqu’elle comprend soudain que l’imbécile lui parle de son arme et de la possibilité ridicule qu’elle soit venue pour lui faire la peau. En fait, il ne la prend pas pour une fille facile, mais pour une conne.
La tension sexuelle se transforme immédiatement en confusion profonde puis en hilarité débridée.

“Tu crois qu… avec ce flingue ?!”

Le rire de la jeune femme résonne une fois de plus dans l’atelier, cette fois ses éclats se perdant en échos déformés, étrange contre-point au chant strident d’une disqueuse qui les illumine a grand coup d’étincelles. L’idée même qu’elle ait pu choisir ce genre de calibre jouet pour quoi que ce soit de sérieux est absolument hilarant pour la Texane.
Ashley se retient à la rambarde des deux mains, laissant s’échapper de sa gorge déployée son amusement, sa surprise et son incompréhension, une larme solitaire dessinant sur sa joue une ligne discrète de mascara alors qu’en bas, plusieurs regards interrogateurs se tournent vers le duo.
Après avoir repris son souffle, elle se retourne vers Kento, ses lèvres encore courbées d’un amusement plus franc que celui de ses pensées grivoises et ses yeux embués de rire.

“Bless your fucking heart !”

Elle frappe la rambarde d’un coup de poing pour ponctuer son exclamation, son accent sudiste revenu au galop avant de reprendre un second éclat de rire plus fort encore. Ashley aurait aussi bien pu dire “putain qu’est ce que t’es con” mais la bible-belt a une manière traditionnelle plus chrétienne de se moquer des ignorants.
Elle essuie ses larmes d’une main distraite, étalant son maquillage sur sa pommette.

“Pour t’enterrer je s’rai venu avec une M2 browning et j’aurai fait des trous dans tes murs jusqu’à ce qu’il te tombe dessus ! Ou bien j’aurai foutu le feu ! Tu crois vraiment que je vais venir avec un mesh-top et un itty bitty glock pour me faire trouer le cul par toute ta bande ?”

Le fait qu’il ait envisagé cette possibilité lui en dit plus sur Gotham et le niveau de désespoir local que toutes les études que Strings à été capable de lui sortir sur le taux de misère et de criminalité de la ville. Des gens sont-ils vraiment près a s’offrir un suicide par membre de gang juste pour se venger d’une course perdue ? Ou plus idiot encore, pour une somme qu’ils ne toucherons jamais ?
Ashley baisse finalement le ton pour répondre à la seconde hypothèse de son hôte parano.

“Et puis vu ma patronne actuelle, j’aurai une balle dans la tête avant d’avoir un badge à la ceinture. Je serais presque flatté que tu me pense capable d’avoir une carrière dans la Police, mais : j’ai vu les guignols que vous vous tapez ici, considère moi donc comme gravement offensée !”

Son sourire retire tout mordant de sa dernière tirade, mais la jeune Texane prend tout de même le temps de porter une main à sa poitrine, prenant une pose outrée au possible.

Ash ne comprend pas vraiment le Japonais - même si elle a regardé sa dose d’anime, comme toute une génération - mais elle n’a pas besoin de parler la langue de Nobunaga pour comprendre qu’il vient de demander aux curieux de se mêler de leurs affaires, d’une manière ou d’une autre, mais définitivement pas sur un ton enjoué.
Le changement brutal d'ambiance lorsqu’il reprend l’anglais lui rappelle un peu les daronnes dans le sud, qui sont capables de hurler sur leur gosse a plein poumon avant de se retourner pour raconter leur journée d’une voix plus douce que l’hiver californien. Elle ne suit pas vraiment le commentaire sur les gars sans costume - c’est sans doute un truc de gars qui a grandi dans une ville avec un justicier attitré. Un truc de mec bâti solidement même, parce que n’importe quelle fille ayant passé du temps en ville sait que tout ce qui marche sur deux pattes est une menace potentielle, peu importe si tu peux leur voir les pommettes.

Mais, pour une fois, la jeune femme se dit que ce n’est pas le moment de jouer les contestataires et se contente de hausser les épaules.
La blonde a beau avoir un sacré instinct pour se foutre de la gueule du monde, savoir se retenir fait aussi partie de ses capacités et elle se doute que cette interaction à sans doute une nombre de blagues limitées avant que le ton de l’asiatique ne se fasse beaucoup moins agréable. La menace nébuleuse d’une patronne inconnue joue sans doute pas mal, personne ne veut buter le messager sans même connaître l’envoyeur, c’est un coup à se retrouver en guerre sans savoir où est l’ennemi.
Et en même temps, personne n'aimerait devoir affronter une Strings décidée à faire de la guérilla urbaine !

“Joli bureau ! Tu le montre à toutes les filles ou seulement celle que tu bats à la course ?”

Il faut préciser que la capacité de la Texane a fermer sa gueule, si indubitablement existante, reste très limitée.
Alors que Kento lui fait une petite leçon de morale qu’elle écoute d’une oreille presque distraite, elle fait le tour du bureau des yeux, notant les divers bibelots, la qualité de l'ameublement et son regard s’arrêtant quelques instants sur la porte. Une chambre ? L’atelier est sans doute trop bruyant pour cela, la salle des coffre peut être ? Son imagination se perd un instant dans l’idée de revenir ici en pleine nuit, vêtue de cuir noir et d’une cagoule pour venir jouer les… Comment s'appelle-t-elle ? Chaton-girl ? Miss-Félin ?
La jeune femme fait un geste entre l’apaisement et le dédains pour répondre aux inquiétudes/menaces de son hôte.

“Oui je sais, mes actions ont des conséquences, si jamais je brûle ton atelier je vais le regretter très fort et tu as plein d’amis très puissants qui vont s’en assurer. Je ne sais pas si c’est une technique qui marche bien avec les filles de la côte Ouest, mais je suis venue discuter, pas faire un concours de bite.”

Qu’est ce que ces gens aiment tourner autour du putain de pot !
On dirait un au revoir du Midwest, tu expliques que tu vas partir mais tu te retrouves une demie heure plus tard à écouter le récit du dernier match de foot d’un neveu dont tu as oublié le nom entre deux péripéties.
Ashley hésite un instant à retourner la chaise pour s'asseoir de manière stylée mais, premièrement, ce n’est pas une position super confortable, ensuite, elle doute que cela ait l'effet désiré sur son public actuel et, dernièrement, elle n’a pas pris le temps de se faire belle pour cacher sa tenue derrière un dossier.
Son cul est posé avec l’élégance du Pingouin dansant le Tango, mais elle n’a plus vraiment envie de jouer le jeux de la jolie fille tout de suite, son sourire est moqueur.

“Et pour ce qui est du Pare-brise, bien sûr, je vais te dire ça et puis après je vais aussi te donner mon adresse, mon numéro de sécurité sociale et le nom de jeune fille de ma mère ?”

Le sourire, tout d’abord sarcastique de la jeune femme se transforme en froncement de sourcil alors qu’elle termine sa phrase.
Malgré son envie de fonder des relations amicales avec le milieu de la course locale, et l’incitation de sa nouvelle patronne a rester cordiale, le sang chaud de la blonde commence à se faire sentir, surtout lorsque l’on à l’air de la traiter comme une gamine ignorante… Ou un pigeon, ha ha.
Un long soupir s'échappe de ses lèvres.

“Bon, je crois que tu n’as pas bien compris le motif, on va faire cartes sur table : on m’envoie ici par politesse, pour montrer patte blanche et voir avec les forces en place quelles sont les règles et comment faire en sorte de ne piétiner aucune plate bande, de ne froisser aucun égo…”

L’ironie de son amour propre sensible ne lui échappe pas.

“Donc arrête de me traiter comme si j’était ta sœur qui part en boite pour la première fois. Dans les mois à venir, mon organisation va mener plusieurs opérations à Gotham, ça va faire du bruit mais, normalement, ça ne devrait pas trop affecter vos corps de métier.”

Il y a même des chances que la consommation de weed augmente chez les spectateurs, regarder les VOD du Puppet après un bon joint est rapidement devenue l’une des activités favorites de la Texane.
Blunt n’ Gore.

“Donc, en tant que nouveau voisin sympa, on veut savoir s’il y à des rues, comme celle-ci, dans lesquelles éviter de faire du bruit, s’il y a des gens, comme toi, qui n’ont pas envie de se retrouver dans nos affaires, etcetera.”

Strings n’a que peu d’espoir que le monde criminel local ne voit d’un bon œil ses fanfaronnades, mais si elle arrive à les maintenir hors du terrain de jeu de la pègre, il y a de forte que chance que la majorité s’en badigeonne les valseuses de beurre maître d'hôtel.
Mais pour l’instant, la seule chose que se dit Ash, c’est qu’elle n’est définitivement pas faire pour jouer les ambassadrices et que la prochaine fois, elle gagnera la putain de course et les connards devront venir au rendez-vous.
Et ce sera dans une boîte.

Franchement, les mecs sont insupportables.
Nan mais tu fais la course avec eux, tout le monde s’amuse, ça te donne même une carte de visite et tout. Tu viens les voir en tenue sexy, tu essaies d’être sympa même si on te prend un peu pour une conne, tu délivres - poliment ! - le message de ta patronne et tu proposes même de venir faire tes révisions dans son garage sans demander de ristourne !
Mais non, c’est que ça ne va plus dans leur sens, soudain, t’es une merde. On dirai les foutu incel qui drague une fille, la couvre de compliments pour finalement la traiter de laideron immonde et insipide lorsque l’option de les tringler n’est plus sur la table - ajouter menace d'agression sexuelle selon l'envie.
Parce que bon, sous entendre qu’Ashley serait capable de se prendre un platane, d’autant plus a Gotham, c’est tout de même se foutre largement de sa tronche. Une partie de son esprit est même actuellement en train de se demander si, finalement, ça ne vaudrait pas le coup de lui vider le chargeur dans la gueule pour voir s’il à le temps d’avoir l’air surpris.
Bon, peut être garder une balle histoire de ne pas finir en marionnette…

Puis il sort un journal.
Quoi ? Il a fait la une de Vogue ? Mais non, ça parle de flic retrouvé à moitié à poil et de sa bagnole aperçue, la pilote survole vaguement les titres à la recherche d’un indice sur l’endroit ou ce mec pourrait acheter la réserve de balais qu’il se fourre dans le fondement, sans succès. Bon, si ce n’est qu’il a été occupé le soir de leur rencontre, ça ne lui dit pas grand chose.
Trop occupée a lire la première page dans la pénombre du bureau, la jeune femme n’a pas vraiment le temps de formuler une répartie cinglante avant que Kento ne continue sa diatribe condescendante.
Elle doit se retenir de lui éclater de rire à la gueule une fois de plus.

L'exercice de contrôle est suffisant pour laisser à son interlocuteur le temps de faire le tour de la pièce des yeux - il se donne un genre ? - et de la suspecter cette fois de carrément faire équipe avec Batman en personne ! Ce gars n'a, définitivement, aucune limite à sa Paranoia.
Ouais : c'est elle, Ashely, la nouvelle partenaire du Chevalier Noir, avec ses compensées et son haut en résille... le style vestimentaire du nouveau Robin plairait sans doute a Harley Quinn ! Ash se demande un instant si les sidekicks ont le droit de conduire la Batmobile, parce que si c’est le cas, elle va devoir envoyer un CV au plus vite. Strings paye bien, mais il ne faut pas déconner !
La blonde prend une longue respiration avant de répondre.

“Premièrement, je vais te surprendre mais je ne suis pas Bruce Wayne - je sais, la ressemblance est frappante - ça va donc être compliqué de te sortir un chèque d’un milliard de dollars pour errer sur tes plates bandes, si reluisantes soient-elles…”

Nan mais quoi encore ? Les jantes plaquées or sont offertes avec le service au moins ?

“Ensuite, je vais te surprendre, mais je ne suis pas Batman - je sais, la ressemblance est frappante ! - mais comme il est impossible de prouver une négative…”

Car pour toute la drogue ingérée et coup pris dans la tête, Ash est encore capable de se souvenir de la théorie scientifique matraquée par sa prof de physique il y a une décennie.

“...Je vais avoir du mal a te donner des preuves, on pourrait sans doute partir sur une introduction façon gang : que je tue une pauvre personne innocente pour que tu vois que mon âme est aussi noire que la tienne, mais je pense qu’un à tous les deux des choses plus importantes a faire.”

Surtout que la chance que le justicier débarque n’est pas nulle, et va expliquer à la pègre locale que tu ne fais pas équipe avec celui-ci après une coïncidence aussi monumentalement chiante.

“On va résumer : Je ne suis pas flic, je ne suis pas Batman, je ne suis pas venue te mettre une balle - même si tu commences à sérieusement m’en donner envie - et je ne suis pas venue te parler d’un nouveau putain de syndicat du crime !”

Inspire, expire.

“On va lancer une émission de télé-réalité.”

“T’inquiète, prend le temps de digérer…”

Elle n’ajoute pas qu’elle même a mis quelques jours a tout à fait comprendre de quoi il en retourne exactement. Dire que le Show est “particulier” serait l’euphémisme de l’année, ce serait un peu comme dire que Superman est fort ou que Lex Luthor est aisé.
L’idée qu’une bande de malades aient réussi à organiser un jeu de massacre en live en contrôlant d'autres personnes à distance via des casque VR ? C’est le genre d’idée qui fait se retourner les gens à deux tables de vous ! Le fait que cela existe depuis des MOIS et que l’existence de ce petit bijoux de plaisir morbide n’ai pas encore fait son apparition dans les médias sous quelque forme que ce soit est une preuve presque amusante du niveau ridicule de corruption en amérique latine. Certains clips se sont sans doute déjà glissés jusque dans Best-Gore ou Liveleak, mais aucune action ou information concrète n’est trouvable sans avoir une idée précise de ce que l’on cherche et des contacts sur des sites spécialisés.
Le prix de l'abonnement n’aide pas vraiment.

C’est assez amusant que Kento pensent que l’émission risque de “heurter les moeurs dans son secteur”, la tournure de phrase pourrait sans doute arracher un sourire à sa patronne, si jamais il lui est donné d'apercevoir son minois - sans doute un truc de super vilain, le masque - mais cela prouve surtout que son interlocuteur sous estime largement le potentiel de chaos du Puppet ! C’est d’ailleurs sans doute une bonne chose, même si la majorité des criminels du coins se taperait sans doute une énorme barre devant les vod, Ash a comme une intuition que ce ne sera pas forcément le cas du pilote de la comète.
Avec un sourire amusé, elle se laisse aller dans sa chaise, la faisant basculer d’avant en arrière comme lorsqu’elle passait encore ses après midi à faire criser sa prof de math.

“Nah, notre petite escapade c’était un test… disons pour voir le suivi caméra lors d’un épisode à grande vitesse.”

On ne va pas tout lui raconter quand même.
Une dame doit savoir garder une part de mystère… surtout lorsque les langues bien pendues sont à risque de finir avec un masque d’acier et collier assorti.

“Ça va suivre la vie à Gotham, donc il y a de forte chance qu’il y ait du sang sur le bitume, peut-être quelques macabés si les gens ne regardent pas de chaque côté de la rue ?”

Quitte à jouer des euphémismes.
Et puis que dit-on sur les permissions et les pardons déjà ? Enfin bon, c’est pour cela que la Texane est là, une fois qu’une carte des zones “à risque” aura été dessinée, peu importe le genre de bordel qui sera causé tant que c’est au plus loin possible de celles-ci.
La texane se penche en avant, les pieds de sa chaise frappant le sol avec un claquement sec, ses yeux pétillant d’amusement.

“Après… Si tu veux, je pense pouvoir récupérer les rushs de notre petite danse au clair de lune, si tu veux pouvoir m’observer en haute définition à loisir.”

Le fin de sa phrase est accompagnée d’un mouvement de sourcils suggestif puis d’un rire de gorge beaucoup moins langoureux.

“Mais voilà ! On va sans doute mettre un peu de bordel de ci de là, avec un ou deux épisodes par semaine, et on ne voit pas de raison de se faire des ennemis alors que l’on va déjà avoir les badges et les capes sur le cul !”

Il n’y à pas vraiment d’équipe super héroïque au Texas, ni de super criminel.
Le fait que la majorité de la population soit armé de fusil capable de tirer des munition supersonique et ces derniers et les balles perforantes soient en vente à n'importe quel citoyen de plus de 16 ans refroidit sans doute l’envie des malades locaux de se balader en collant pour se battre a coup de canon à neige.
Le bon vieux pouvoir des petits bouts de métal qui vont très vite.

Les espaces “libre” de la ville sont rapidement réduit dans la carte mentale de la jeune femme.
Mais malgré les propos précédents de son interlocuteur, il reste tout de même une bonne partie de la ville dans laquelle le show va pouvoir faire comme bon lui semble sans s’attirer les foudres des puissances réelles de la cité. Bon, c’est sans compter sur les porteurs de collants ou de badges, mais l’illégalité aiguë de leur pratique n’offre pas vraiment d'échappatoire sur ce point précis.
Ash se doute que Strings ne va pas respecter au millimètres les frontières annoncées - pour peu qu’elle puissent être définie aussi précisément - mais c’est un peu comme le Code des Pirates : c’est plus un guide qu’un règlement et tant que l’on ne s’enfonce pas trop dans les fiefs des coqs locaux ils se contenteront sans doute de gueuler dans le vent pour rester concentrer sur les véritable menaces : les autres emplumés du coin.

“Merci pour les infos. Je ne suis pas vraiment décisionnaire, mais je pense qu’on se tiendra à l'écart de vos terres, sauf invitation.”

Un clin d’oeil accompagne le dernier mot, un sourire tranchant n’ayant pas un seul instant quitté les lèvres maquillée de la jeune femme.

“En parlant de se faire inviter : je ne suis pas fatiguée personnellement ? Mais tu es sans doute très occupée et je m’en voudrais de déranger ton planning de gars énervés qui partent en claquant la porte.”

Ashely tend les bras vers le haut, ses mains s'agrippant pour lui permettre d’étirer ses épaules, son buste tournant d’un côté puis de l’autre alors qu’un grognement satisfait s’échappe de ses lèvres. La tension qui s’est accumulée le long de sa colonne via ses fou-rire entrecoupé de menace et de frustration diminue légèrement.

“Mais moi je n’ai rien d’autre à faire et si tu as des adresse, je suis preneuse, j’ai besoin de tequila et de caisson de basse.”

Et peut être d’une bagarre, mais la Texane a promis de ne pas finir en garde à vue avant la fin du mois, histoire de laisser le temps à sa nouvelle patronne de lui donner un statut légal à peu près tangible. Ce qui est marrant, c’est que son nom n’a absolument aucune valeur dans ce cas précis. Son visage, ses empreintes sont connues de la police et probablement dans une demie douzaine de banques de données - certaines fédérales - à cause de son passé. Sans parler de sa carrière de pilote publique, photos à l’appuis. La jeune femme ne doute pas un instant de la présence de caméra dans le garage et les logiciel de reconnaissance faciaux sont devenue monnaie courante de nos jours...
Cela ne prendrait pas plus qu’une journée à n'importe quel syndicat criminel qui se respecte pour la retrouver, son casier, son histoire, ses photos de classes et toute la merdre dans laquelle la vie l’a traînée.

“Si t’as besoin d’un nom, c’est Ashley, mais les gens cools m'appellent Ash et les gens chiants disparaissent dans mon rétroviseur.”

Son fessier quitte lentement la chaise alors qu’elle se redresse, tendant une main vers son interlocuteur en lui offrant le sourire le moins moqueur dont elle est capable.

“T’as un nom ou bien tu as chopé la maladie locale de te donner un surnom pompeux pour impressionner les filles ?”

Redressé de sa pose de beau gosse mi-charmeur mi-mystérieux, Kento avança sa main pour serrer celle de son interlocutrice. Ne retenant pas sa propre moquerie, il la rendit pourtant douce, un peu familière :

« Comme si vous autres saviez retenir un nom venu d'extrême-orient , il eut un petit soufflement de nez et secoua en douceur la main de Ash, Kento. Les surnoms pompeux, ce sont les pilotes qui me les donnent. »

Desserrant à peine la main, il la fit glisser le long de celle de la Texane. Il jeta ensuite un coup d'oeil à sa montre hors de prix, entrouvrit la bouche avec un air de réflexion légère, peut-être était-il en train de calculer le temps qui lui était imparti. « Tu marques au moins un point, il se leva à son tour, redépassant la demoiselle, la regardant mais ne la toisant pas, il faut bien des avantages à être les petites mains. Laisse moi réfléchir une seconde. » Et en effet, il ne lui fallut qu'une seule seconde. Le temps d'un coup d'œil vers la porte d'entrée et étirer le coin gauche de ses lèvres. « Bowery nord. Pas loin du parc Neo-Eden, ça s'appelle le Nightbeat, t'occupes pas de l'originalité du patron, il a du bon matos et y'a un bon équilibre entre pouilleux et bourges. Et comme ça, j'aurais pas à te dire où c'est quand je t'y donnerais rendez-vous. » Puisqu'il semblait déjà entendu qu'ils allaient se revoir. C'est ce que le sino-japonais avait décidé en tout cas. En se détournant de la pilote, il fouilla dans la poche intérieur de sa veste de costume puis en sorti une carte et un stylo. Sans se risquer à un regard dans sa direction, ou devant lui, il s'avança lentement en direction de l'entrée/sortie, ponctuant les lieux de bruits rapide de la bille roulant sur le carton.

Le clic de la mine rentrant à l'abri de l'air ambiant signifia visiblement la fin de l'entrevue. Il ouvrit la porte et suivi son mouvement pour libérer le passage. Ainsi l'empêchait-il de se refermer d'elle-même autant que présenter la carte à disposition pour la sortante.

Celle-ci semblait parfaitement semblable à l'autre déjà en possession de Ash, sauf qu'elle comportait ce qu'il y avait écris, un numéro de téléphone.

« Et la prochaine fois, évite les gros gants. T'as pas été loin de louper ton invitation, ça aurait été dommage. » Ironisa t-il avec un air pour le moins satisfait. Si leur échange n'avait pas manqué de rebondissement, il semblait clairement en ressortir avec le meilleur.

Le sourire de la pilote se fait une nouvelle fois moqueur lorsque le désormais dénommé Kento se permet quelques remarques sur sa potentielle prononciation. Une partie enfantine d’elle a très envie de juste lui lister tous les noms de voitures, de pilotes et de marques d’équipement asiatiques qu’elle connaît, mais elle se contente simplement de déverser tout son sarcasme dans une seule phrase.

“Ouais, parce que lorsqu’on passe la moitié de sa vie derrière un volant il n’y a aucune chance d’apprendre comment se prononce le japonais ou le cantonais. Ce n’est pas comme si la moitié des plus grandes marques de voiture venait d’asie !”

Le “va te faire foutre” reste silencieux, mais il est écrit en gras dans ses yeux.
Roulant ces dernier de manière exagérée, Ash les tourne ensuite vers son téléphone alors qu’elle note rapidement le nom de la boîte dans son application GPS - ne jugez pas, cela ne fait que quelques semaines qu’elle vit ici ! - histoire de ne pas se perdre dans le chaos labyrinthique de la mégalopole.
Ce n’est pas comme si elle allait demander son chemin en conduisant cette voiture, plaques changée ou pas.

“Merci pour l’info, je vais aller oublier tout ça dans l'alcool et les basses. Et laisse mes gants tranquille, l’important c’est de bien agripper le volant.”

Cela amuse particulièrement la pilote que la ruse ai réussi a fonctionné, mais elle peut sans doute remercier l’absence de lumière, la grande vitesse et le fait que les yeux du pilote soient probablement restés principalement sur la route et les voitures de police… elle ne pense pas que cela fonctionnera une deuxième fois cependant.
Elle commence a partir mais s’arrête dans l’embrasure de la porte, se retournant vers Kento avec un air très sérieux, les yeux particulièrement perçant dans la pénombre du bureau.

“Et n’oublie pas. Cette conversation n’a jamais eut lieu… ou bien un truc du genre ? Qu’est ce que vous dite ici ? Gare au chauve-souris ?”

La première moitié est prononcée comme la caricature d’un mafieux des années 60, mais elle lâche son imitation à mis parcours. Haussant les épaules, elle tourne enfin les talons pour retourner dans le vacarme de l’atelier, faisant un rapide coucou aux quelques mécaniciens qui la suivent des yeux, et faisant en sorte de leur offrir sa démarche la plus déhanchée.
Quoi ? Autant qu’ils aient quelque chose à regarder !
Un tour de clef plus tard, son moteur ronronne et elle va faire un petit crochet chez elle pour changer de voiture et déposer son masque.
Ses chances de rentrer complètement alcoolisée viennent d’augmenter brusquement, autant ne pas emmener d'éléments incriminant avec elle.