Sujet: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Mer 12 Jan 2022 - 22:13
Une faim singulière
Jameson ft. Porcelaine
Le sang que tu as répandu m'a appelé
La faim. Dévorante, bestiale. Il bave, il souffre, il veut hurler. Longues sont les marches du bâtiment abandonné. Où ? Encore loin ? Non. Proche. Très proche. L'odeur lui fait tourner la tête, le sang l’appelle, le sang d'un humanoïde. ''Avance'' pense-t-il ''Non ! C'est un piège'' dit une voix plus calme, mais tout aussi chaotique. ''Et alors ? Dévorons-le ! Dévorons tout ! le piège ! la chair... Le monde !''
Oui. Le monde est son garde-manger, un immense buffet à volonté. Il n'a qu'à se servir. A lui. Rien qu'à lui. Ces humains qui gigotent, qui supplient. Des proies. Il atteint le deuxième étage. Vite ! plus vite ! Les lumières ne fonctionnent plus depuis longtemps. La lune éclaire faiblement les couloirs d'un halo bleuté et éthéré alors que la bête continue son ascension. Malgré son gabarit, il est discret, malgré sa hâte, il reste un fantôme dans la nuit. Il renifle. Un homme. Il préfère les femmes. Meilleures. Plus raffinée. Pas grave. Cela fera l'affaire. C'est au cinquième qu'il s'arrête. Sa barbe est trempée de sa propre salive, ses crocs bestiaux, il ne les contrôlent plus, sa dentition a morphée sans qu'il en soit conscient. Il s'apprête à ouvrir une porte puis... calme sa respiration. Il doit rester calme. La bête l'amène bien trop souvent dans un piège. Il faut savoir rester distingué parfois, même quand notre régime se compose principalement de viande humaine crue. Son visage reprend ses traits humains, aussi humain qu'il pourrait l'être, le résultat n'est donc pas très concluant. Jameson n'a de l'humain que la forme humanoïde. Il jette un œil à gauche, puis à droite. Comme d'habitude, l'extérieur, Gotham, est bien trop bruyant pour lui qui préfère les grandes étendues du Canada. Les bruits de klaxon sont encore omniprésents malgré l'heure tardive. C'était un bon point, cela couvrirait les sons d'une éventuelle échauffourée. Il renâcle bruyamment. Il y a toujours cette bonne odeur très légère de putrescine, signe qu'un corps est mort récemment. Mais il y a autre chose d'autre, il ne peut clairement l'identifier. Cette autre chose à une senteur étrange, humaine, mais pas tout à fait.
Il s’essuie négligemment la bouche, puis tourne la poignée ovale de la pièce. C'est un grand appartement dont les cloisons ont étés retirées il doit y avoir bien des années de ça. Une épaisse couche de poussière recouvre le sol et une bonne partie de celle-ci danse dans la lumière lunaire comme des spectres se réjouissant du spectacle macabre dont ils ont été témoins : sur la table gît ce qu'il reste d'un corps. Il est allongé sur une grande table de bois branlante qui, elle, hormis l'hémoglobine qui la recouvre, semble faire l'objet d'entretien régulier. Le cadavre a été mutilé, non pas comme Jameson le ferait, mais avec une précision presque religieuse comme un boucher amoureux de son métier trancherait sa plus belle pièce de bœuf. Une perte de temps pour Jameson. Il n'était pas un gourmet, il ne mangeait que parce-qu'il le devait. Il n'avait même pas de plat préféré ou de notions culinaires. Il s'avance pour voir ça de plus près. La peau a été scalpée sur toute la longueur du corps puis étirée pour être épinglée comme on le ferait avec la dissection d'une souris. Les muscles sont apparents, certains os, notamment des articulations et du crâne, visible. Il lui manque quelques morceaux de chairs, des morceaux de choix. ''Écorchage à vif'' pense Jameson ''Avec un perfectionnisme rare. Il saigne à peine''. Il pose son énorme main au niveau du plexus solaire et, soudain, ses yeux s'écarquillent de surprise. Un pouls. Cette chose est en vie. Il jette un œil au visage du condamné : il lui renvoie son regard. Il le fixe avec des yeux de poisson mort, terrifié et agonisant à la fois. Le carcajou reste impassible et en revient au niveau du plexus solaire. Rien que le fait d'avoir sa main posée sur ce torse doit procurer une douleur incommensurable, mais il ne semble pas s'en soucier plus que ça. Pour l'instant, tout ce qu'il veut, c'est apaiser sa faim. Il enfonce sa main dans le torse de l'infortuné, ses muscles se contractent pour exprimer sa douleur alors qu'il saisit à pleine main le cœur à peine palpitant de l'individu puis, d'un geste rapide, il extirpe celui-ci de sa cage thoracique. Une gerbe de sang éclabousse les alentours, l'organe est encore relié à ses quatre artères et palpite encore. Son propriétaire, encore vivant, peut-il encore seulement ressentir une quelconque souffrance ? Il doit déjà être à l'apogée de ce qu'on peut subir. Jameson ne s'en soucie toujours pas alors qu'il croque dans son butin à pleine dent, en dévorant la moitié d'une simple bouchée. Son repas a le temps d'un dernier soupir avant de rendre l'âme. Le cœur pompe une ultime fois, projetant une quantité d'hémoglobine faramineuse, colorant sa barbe et ses vêtements crasseux d'une couleur noirâtre. Toujours sans se soucier des règles de bienséance lors d'un repas, il utilise son autre main pour saisir les vaisseaux qui relient encore l'organe au corps et tire d'un coup sec sur ces derniers qui lâchent dans un bruit désagréable. Il enfourne ensuite le reste de son repas dans sa bouche. Cela ne suffit pas à étancher sa faim, mais cela lui permet au moins de focaliser sur son observateur sans avoir peur de perdre les pédales. Elle est assise non loin, sur une autre table, cette fois-ci beaucoup plus raffinée, et semble manger un morceau de viande d'une grande qualité gastronomique. Jameson l'observe brièvement, il ne la voit pas bien dans l'obscurité. Il se contente de sourire alors que sa main gauche fouille inconsciemment dans le corps du défunt à la recherche d'un autre abat.
– C'est bien la première fois que je vois une femme adopter ce genre de régime, prononce-t-il de sa terrible voix inhumaine, je suppose que ce repas n'était pas offert. Sors de l'ombre. Exprime-toi. Je n'aime guère que l'on joue avec moi.
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Sujet: Re: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Dim 16 Jan 2022 - 22:24
gotham city était une ville riche. à paris... elle n'était alors qu'une étudiante. elle fréquentait que des bourgeoises qui avaient tous plus ou moins les mêmes profils, ce qui impliquait les mêmes vices. des vices de personnes déconnectées du monde, des vices simples, si téléphonés, légués de pères en fils, de mères en fille. à gotham city, elle avait son palais, son moulin-rouge, et elle y faisait entrer tous les dégénérés qu'elle souhait voir. les hommes de scarface aussi étaient tout à fait hétéroclites. et que dire des gangsters les plus connus ? un homme pingouin ? un clown. gotham infusait d'ecstasy l'esprit malade de la jeune artiste. les quelques âmes perdues travaillant pour scarface, des bien camés, qui n'étaient jamais redescendus.. ils voulaient devenir ses prochains sujets d'expérience, ou pour les plus sensés, voulaient apprécier son art de près. paraoxalement, ils étaient les plus inconscient. ces grands yeux noisettes qui semblaient fixer le vide, qui étaient ouverts uniquement pour capter la lumière. on craignait le moment où on devenait l'objectif de ce regard. où il nous suivait. là où un vague sourire venait illuminer le visage de porcelaine. des éclats de foudre venaient alors frapper son esprit, la dissection avait alors lieu. le cerveau commandait aux mains qui commandaient à la terreur. puis, elle clignera des yeux. et mettra son plan en action. certains loueront son nom en mourrant, d'autres loueront celui de leur mère. clémence sinclair était une poupée qui cherchait l'humanité dans le coeur des gens.
...
le laboratoire charles black, le chimiste que scarface avait intercepté lors de son transfert à blackgate rien que pour elle, était situé dans les tréfonds de la ville. un lieu, qui, le jour où les forces de l'ordre le mettraient à sac, alors le faire n'aurait plus d'intérêt pour personne. différences hommes de scarface montaient la garde.le chimiste travaillait seul, le secret de ses préparations devrait le rester. la seule personne qui pouvait entrer pendant que le chimiste travaillait était scarface. il ne venait jamais. ça lui passait au-dessus de la tête, tant que l'argent rentrait et que la marchandise était bonne, scarface ne mettrait jamais un pied dans le périmètre. celle qui entrait était son bras droit, sa gentille poupée porcelaine. elle venait, elle tapait la discussion, elle le tourmentait. elle venait gouter à ses créations et le menaçait quand ça n'avait pas les effets désirés. combien de fois lui avait-elle dit que sitôt il ne serait plus utile elle ferait de lui des décorations de noël ? une guirlande magnifique qu'elle ferait pendre dans son atelier, et elle y inviterait scarface ! scarface n'avait pas apprécié son sapin de noël du mois passé. une junkie avec du liquide fluorescent vert injecté dans ses veines, crucifiée pour rappeler la nativité ! la guirlande chimiste raté était une idée bien moins grotesque. elle ferait des mesures avec 5 fils, et chaque bout de corps ferait office de note. ce serait une guirlande sur le thème de la musique. quoiqu'il en soit, le sujet n'était pas là. le sujet était une anecdote d'un de ces gardes du laboratoire qui parlait d'un loup-garou mangeur d'hommes à gotham. porcelaine était de ces personnes qui ne dormaient pas avant d'avoir réalisé leur lubies, ce qui coïncidait avec ce qu'elle était également : une personne qui savait où obtenir les informations. et qui avait les outils nécessaires pour appâter sa cible.
...
clémence se tenait alors dans l'ombre, éclairée d'une chandelle qui donnait à sa figure, à son acte, une impression de tableau clair obscur. on entendait quelques bruits de couverts s'entrechoquant. comme au cinéma, elle éteignit sa chandelle alors que son loup - qui ressemblait plus à un glouton qu'à un loup - éclairé savamment effectuait sa basse besogne. avec ce corps... ce n'était pas elle qui s'était occupée de l'amener ici, c'était le travail conjoint de plusieurs d'entre eux. clémence s'était contentée de la composition de ce tableau en trois dimensions. le spectateur, le sujet, l'éclairage, leur position dans la pièce. elle dévorait un délicieux filet à peine cuit, parfaitement mariné et avait fini après lui malgré la différence de volumes ingurgités. il était fascinant, parfait. le statut de poupée de porcelaine la rendait impassible face à bien des ignominies, mais son coeur ne pouvait que s'évailler face à la nouveauté d'un sujet passionnant à étudier. face à ses mystères. - je suis porcelaine. la chandelle se ralluma. porcelaine était là, aussi chaude et expressive que le pouvait sa nature de pantin. terrible porcelaine. elle se releva, dans des mouvements machinaux, dérangeants, et s'approcha de lui, avant de se tenir droite, le corps figé, les mains derrière le dos tel un soldat au repos, seul sa tête suivant l'objet de son intérêt, sans toutefois engager ses pupilles qui fixaient comme derrière. si belle, si parfaite et c'était bien là l'objet de ses turpitudes - vous payez avec votre prestation, mon cher. bien que je vous ai offert un corps, et donc que je souhaiterais en avoir un retour. le vôtre. vos mystères. vos talents. pourrais-je vous toucher ? oh oui... le toucher. vous peindre sur une grande toile, une toile plus haute et large que moi-même ! elle devra pouvoir retranscrire votre grandeur. porcelaine se déplaça autour de l'étrange mi-homme, mi-bête. des petits pas rapides et silencieux qui donnaient illusion d'une marche arachnéenne sur une toile de soie. avec sa robe de poupée bleue nuit, elle donnait l'illusion de flotter sur le sol. ses cheveux étaient coiffées avec soin, lui donnant l'air de sortir d'un autre âge, voire d'un film d'horreur qui voulait donner cette illusion-là. - quel est votre nom. quelle est la nature de cette transformation ? s'en accaparer n'était de prime abord pas un pas de plus vers sa recherche de l'humanité. clémence pensait toutefois que l'humanité n'était pas que le soi. il y avait un élégant mélange de ça et de surmoi. cet homme-bête alliait bien les deux. - le ça et le surmoi. vous mangez un homme, guidé par votre instinct bestial. mais vous le faites avec propreté et parlez à votre hôte - en la personne de moi-même - avec les mots d'un gentleman. un gentleman avec une voix de monstre. vous m'inspirez. et ce qui l'inspirait encore plus, c'était de voir son corps tenir. - est-ce que les anesthésiants avec lesquels je l'ai... calmé font effet sur vous ? pour savoir si nous poursuivons cette conversation maintenant ou plus tard.
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Sujet: Re: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Lun 17 Jan 2022 - 11:34
Une faim singulière
Jameson ft. Porcelaine
Le sang que tu as répandu m'a appelé
–Je suis porcelaine, prononce finalement son hôte.
Elle se lève de son siège, éclairée seulement par la lueur chancelante d'une bougie, et pourtant Jameson remarque très clairement dans la pénombre les reflets enflammés de sa chevelure rousse. Il ne voit que ça, probablement car il a toujours eu un faible pour ça, ou alors c'est à cause de l'obscurité qui cache son visage... Pourtant, il est nyctalope. Elle s'avance vers lui d'un pas qui frôle la perfection, comme une machine programmée pour atteindre ce but précis. Ça n'impressionne pas Jameson. Il n'apprécie pas la perfection. Il préfère les choses brisées, de préférences par ses propres soins.
–vous payez avec votre prestation, mon cher. Bien que je vous ai offert un corps, et donc que je souhaiterais en avoir un retour. Le vôtre. Vos mystères. Vos talents. Pourrais-je vous toucher ? Oh oui... le toucher. Vous peindre sur une grande toile, une toile plus haute et large que moi-même ! elle devra pouvoir retranscrire votre grandeur.
Il reste impassible. Comme toujours lors d'une première rencontre avec un être fait de chair et de sang, il inspecte, étudie et tente de comprendre la psyché, le type de combattant éventuel qu'il serait s'il devait y avoir un affrontement. Elle lui tourne autour, comme s'il était une bête de foire qu'elle étudiait, lui, ne peut se défaire de l'idée que... Elle est magnifique. D'une beauté envoûtante. Il avait déjà remarqué sa chevelure tantôt, mais elle lui paraît encore plus magnifique maintenant qu'il peut clairement distinguer sa coiffe, tout droit sortie d'un autre âge, à une époque où les femmes passaient de longues minutes voir bien plus à soigner la forme de leurs cheveux, comme si ces derniers flottaient dans l'air, mais en gardant un air singulièrement naturel. Sa peau, est dénuée d'imperfections, semblable à l'opale, mais sans la froideur et la rigidité de cette dernière. Ce sont ses yeux qui le dérange le plus, rond, grand ouvert, ne clignant que très rarement voir pas du tout. La perfection. Ses instincts animal se mettent en branlent, il veut l'attraper, la briser, plonger ses crocs dans son cou et arracher la moitié de celui-ci. Mais il se retient. On n’attaque pas son hôte. Du moins, pas dans les premières vingt minutes. Elle lui demande son nom, ce qu'il est et d'où il vient. Il reste silencieux alors qu'elle le flatte. Elle utilise des mots qu'il n'utilise pas, un vocabulaire sophistiqué qu'on emploie plutôt dans les hautes sphères de Gotham pour montrer que l'on vaut mieux que son voisin. Elle, elle ne le fait pas pour le rabaisser. Elle le fait parce qu'elle est programmée pour. Ce n'est pas qu'elle veut parler comme ça, c'est qu'elle DOIT parler comme ceci. Elle en vient finalement à la conclusion. Bien sûr, Jameson se doutait qu'il y avait de fortes chances de tomber dans un piège. À Gotham, rien n'est gratuit, pas même un repas. Elle lui révèle ses petites mesquineries, d'une manière innocente, comme un enfant révélant avec amusement qu'il a mangé tous les bonbons. Des anesthésiants. Jameson écarquille très légèrement les yeux, à peine surpris de la révélation. C'était quoi la suite ? Il allait finir comme cet homme, disséqué de manières morbides, à agoniser pendant plusieurs heures ? Il a un léger sourire narquois. ''Petite salope'' pense-t-il.
–Mon dieu, dit-il lentement alors que sa main droite prend une allure bestiale, pourquoi les humains sont-ils si loquaces ? Tu aurais dû attendre que je m'endorme.
Sa main, si l'ont peut appeler ça comme ça, plonge dans son ventre. Les griffes acérées qui la compose déchirent les chairs comme du vulgaire papier. Il fouille à l'intérieur de son propre ventre, il souffre, mais pas comme il le devrait, pas comme quelqu'un qui est en train de se faire éventrer, mais plutôt comme s'il état chez le dentiste, en train de se faire plomber une dent. Il fouille à l'intérieur même de son corps, palpant divers organes de sa main jusqu'à tomber sur une poche organique reliée à deux tubes. Le voilà. Son estomac. Usant de deux griffes, il l'ouvre dans la longueur et plonge ensuite sa main dedans. Il ressort finalement son bras de son ventre dans un son morbide. Du sang coule abondamment de la plaie. C'est une blessure fatale, ça ne fait aucun doute, mais quelques secondes plus tard, l'hémorragie se calme, les tissus se rejoignent à vue d’œil alors qu'il jette au sol une bouillie sanguinolente. Un repas gâché. Il allait devoir se nourrir ailleurs. Porcelaine l'observe, non pas avec terreur, mais avec surprise, comme si elle venait de découvrir le saint Graal. Il ne lui laisse pas le temps de réfléchir, il dirige sa main ensanglantée, redevenue humaine, vers son visage. Il ne la touche pas, il entoure sa tête. Elle est petite, sa main immense, il lui suffirait de refermer cette dernière pour voir sauter les yeux de ses orbites, sa cervelle se répandre sur le sol dans une macabre mélasse. Mais il reste là, ses doigts comme une prison, sans toucher sa peau d'albâtre. Sa respiration colérique se calme et ses yeux emplis de fureur changent pour redevenir humains. Stupéfiant. Fascinant. La seule chose qu'il trouve à prononcer est un petit ''Oh...'' grave et dérangeant. Il retourne sa main, et touche la joue de la jeune femme avec le dos de celle-ci. Il se met à sourire comme un enfant. Elle est glaciale. Il descend le long de sa joue, pour aller sur son épaule et descendre le long de son bras gauche avant de s'arrêter au niveau de sa main. Il l'observe. Cette main. Les humains sont peut-être déficients, mais lui, qui se rapproche plus de l'animal que de l'homme, ce genre d'illusion ne peut le tromper. Il faisait erreur. Elle n'est pas parfaite. Elle est brisée elle aussi, elle ne s'en rend simplement pas compte.
–Quelle illusion fascinante. Y a-t-il une âme dans ce vaisseau ? Si je te tue ici et maintenant, peut-on simplement te ramener à la vie en reconstruisant tes souvenirs ou un truc du genre ? Faisons comme ça, chose étrange, un marchandage. Tu réponds à mes questions, je réponds aux tiennes. Tu me montres ce que je veux que tu me montres, et je te montrerais ce que tu veux voir. Si cela ne te convient pas, nous pouvons toujours nous étriper et trouver ces réponses sur le cadavre du perdant. Oh... Et tu me dois un repas, créature.
À vrai dire, Jameson n'envisageait pas la défaite un seul instant. C'était l'une de ses faiblesses. Il était trop confiant en ses capacités, mais il faut dire que pour l'heure, durant sa longue vie de thérianthrope, il n'avait jamais essuyé une seule défaite. Ça ne devait pas aider son ego. Pour lui, il était une sorte de divinité parmi les hommes... Mais les choses comme Porcelaine étaient ses égaux. Des divinités dépassant le concept de l'humanité.
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Sujet: Re: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Jeu 20 Jan 2022 - 22:29
l'effrayante créature semblait de marbre face à elle. il pourrait l'attaquer, elle mourrait, mais il n'y avait pas de crainte sur son visage. aucune, pas la moindre ombre. pourtant on n'y lisait pas pas non plus un sentiment de supériorité, pas de condescendance, pas de dégout, pas de colère. c'en était presque professionnel. elle était l'artiste, il était le modèle. et il finit par réagir en apprenant qu'elle avait surdosé en anesthésiants. faire tomber une telle créature serait... intéressant. et la suite officielle du plan. sa main changea et il ironisa sur... son flux de paroles très intense. clémence s'était toujours dit que si elle était une méchante, elle se ferait battre par le héros parce qu'elle expliquerait avec fierté son plan plutôt que de l'achever, lui laissant le temps de contre-attaquer. cela correspondait à son état d'esprit. si le public ne pouvait comprendre l'étendue de sa créativité, il fallait lui expliquer. elle était contre l'inaccessibilité de l'art. l'art était fait pour être partagé, exprimé. la finalité était secondaire, tant que l'art était compris. personnellement, cela m'insupportait parfois. mais c'était une artiste. elle ne le faisait pas si elle n'avait pas prévu les choses, et les autres ne la laisseraient pas se mettre en danger inutilement. il était d'ordinaire difficile de surprendre la poupée. il parvint à la laissée pantoise devant le spectacle grotesque qui s'offrait à elle. il pouvait ainsi se regénérer. ce n'était pas humain. et donc... aucunement inspirant pour ses projets. il n'avait rien d'humain, c'était un monstre. il fallait donc qu'elle creusee pour trouver l'humain en lui et le projeter dans son esprit. sur une toile ou dans une assiette. en faire quelque chose. un humain aurait mis les doigts dans sa gorge pour vomir, et ça aurait suffi. ce bestiau s'était éventré. ce n'était pas humain. c'était frustrant, rageant. désappointant. atroce. pas à cause du sang et des tripes, mais parce que artistiquement, c'était du gâchis. il la narguait, il détruisait ses plans. il s'attaquait à son intégrité mentale. clémence rageait intérieurement, le sentiment d'impuissance la gagnait. alors que la main entourait sa tête d'une main ferme. lui aussi bouillonnait. elle était les flammes dans les glaciales abysses et lui le blizzard au sommet de l'etna. elle déglutit. ses yeux se mouillèrent. ce n'était pas de la peur, de la terreur. ni de la colère. mais de la déception. glaciale, et pourtant une tristesse inattendue la prit, tordant son masque avec une rare violence d'un calme glaçant. sa main glissa jusqu'à la sienne. clémence renifla. l'homme-bête avait énormément de questions pour elle. mais la jeune femme resta silencieuse. son regard se perdit au loin. - une âme. j'aimerais en avoir une. j'en ai plein. ils en toutes une. mais en avoir une rien qu'à moi... ce serait plaisant. ses yeux étaient rouges, mais ses douces et fines lèvres tiraient sur son visage un sourire innocent, candide. elle cligna des yeux. une seule fois, ce qui fit tomber deux larmes qui partirent en même temps, et arrivèrent en même temps jusqu'à sa mâchoire, séparant son visage en trois parts égales. le sourire restait figé. puis, clémence renifla encore. - un jour je serai une vraie petite fille. du sarcasme ? une plaisanterie, difficile à dire. elle tira une révérence d'une élégance égale à la lenteur du mouvement, avant de pencher sa tête sur le côté pour donner un air attendrissant. - j'essaie simplement de comprendre comment procéder. pour devenir une vraie petite fille. ils ont tous réussi, mais pas moi. et aucun n'arrive à me dire comment il a fait. si tu veux m'étriper, tu ne trouveras rien d'intéressant. je ne suis faite que de porcelaine. si ouvrir un corps permettrait de se voir révélés tous ses secrets... ce serait trop facile. la vérité est que si l'on n'ouvre un corps dans ce but, il n'y aura que de la déception. je n'échappe pas à la règle. lorsque l'on brise de la porcelaine, on peut la réparer avec de l'or. ce serait joli, mais rendu inutilisable. du gâchis pour un être de votre acabit, en somme. et vous... si vous vous réparez aussi rapidement, vous me ferez perdre beaucoup de temps. malheureusement, il vous faudra trouver une autre méthode pour découvrir mes secrets. clémence se releva, son regard toujours perdu dans le vide. elle s'était visiblement calmée, et pourtant n'avait pas essayé d'essuyer ses larmes, comme si elles ne la dérangeaient pas. comme si c'était une simple fuite d'huile sur une machine, et qu'elle fonctionnerait encore jusqu'à ne plus en pouvoir et dysfonctionner. tout comme clémence, qui avait en face d'elle la plus inhumaine des bêtes, et à la fois le plus bestial des humains. une double frustration pour la chercheuse d'humanité qu'elle était. elle joignit ses mains et resta droite, silencieuse. - je n'ai pas bien retenu votre nom. répétez-le s'il vous plaît.
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Sujet: Re: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Jeu 20 Jan 2022 - 23:37
Une faim singulière
Jameson ft. Porcelaine
Le sang que tu as répandu m'a appelé
–une âme. J’aimerais en avoir une. J’en ai plein. Ils en toutes une. Mais en avoir une rien qu'à moi... ce serait plaisant...
Des larmes apparaissent dans les yeux de la chose à la grande stupéfaction de Jameson. Elle ne devrait pas être capable de produire un liquide lacrymal en réponse à une émotion. Est-ce une tactique pour attendrir le chasseur ? Non... elle doit se douter que cela ne sert à rien face à lui. Il ne ressent pas la pitié. Il lâche sa main alors que cette dernière entreprend une révérence et se donne l'air le plus innocent possible alors qu'elle prononce des mots qu'il peine à comprendre :
–J'essaie simplement de comprendre comment procéder. Pour devenir une vraie petite fille. Ils ont tous réussi, mais pas moi. Et aucun n'arrive à me dire comment il a fait. Si tu veux m'étriper, tu ne trouveras rien d'intéressant. Je ne suis faite que de porcelaine. Si ouvrir un corps permettait de se voir révéler tous ses secrets... ce serait trop facile. La vérité est que si l'on n'ouvre un corps dans ce but, il n'y aura que de la déception. Je n'échappe pas à la règle. Lorsque l'on brise de la porcelaine, on peut la réparer avec de l'or. Ce serait joli, mais rendu inutilisable. Du gâchis pour un être de votre acabit, en somme. Et vous... si vous vous réparez aussi rapidement, vous me ferez perdre beaucoup de temps. Malheureusement, il vous faudra trouver une autre méthode pour découvrir mes secrets.
Elle se relève, sans croiser son regard. Elle est comme figée, avec une droiture exemplaire. Minuscule petit bout de femme que la bête pourrait broyée d'une seule main. Elle est indéniablement attirante, et c'est probablement le but. A-t-elle une seringue contenant un anesthésiant pour éléphant caché dans sa manche ? Jameson en doutait, mais il restait sur ses gardes. Il ne pourrait lutter contre le sommeil si une telle quantité venait à lui être injectée.
–Je n'ai pas bien retenu votre nom. Répétez-le s'il vous plaît.
Il lève un sourcil, l'air dubitatif, elle n'était pas humaine, tout juste un pantin qu'un marionnettiste agite à l'aide de fils invisibles et pourtant, il y avait quelque chose d'irrémédiablement humain dans cet être creux. Le Glouton a un rictus, suivi d'un petit rire lugubre. Il n'avait pas trouvé pareille curiosité depuis une éternité. Cette rencontre était purement sans intérêt pour les deux partis, il pouvait simplement tourner les talons et retourner chasser avant que son rendez-vous avec le pingouin n'ait lieu. Mais il souhaite jouer le jeu, rentrer dans la psychologie étrange de cette poupée mécanique. Un pur caprice, pour un si joli minois.
–Jameson. Jameson Arkeley, grogna-t-il, tu as raison. Je ne suis pas humain, je suis bien plus que ça. Rassure toi, je ne t'ouvrirais pas en deux, ton existence à elle seule est déjà suffisamment pitoyable, te laisser vivre est déjà une punition en soit pour avoir eu l’outrecuidance de t'en prendre à une race supérieure.
Il se dirige vers la table où Porcelaine était attablée quelques minutes auparavant. Son pas n'est plus discret comme celle d'un prédateur, mais lourd et oppressant. Des nuages de poussière s'élèvent dans les airs à son passage comme tant de figures fantomatiques cherchant à s'échapper dans l'étreinte lunaire. Il saisit l'une des chaises, et s'assoit pour être au même niveau que son interlocutrice. Le mobilier en question grince, comme pour hurler de douleur face au presque 2 quintaux qui viennent de s’asseoir sur elle.
–Pourquoi me demander mon nom si je suis simplement bon pour te faire perdre du temps, Porcelaine ? continua-t-il, est-ce une simple question de courtoisie ?
Il redressa son dos pour le plaquer contre le dossier de la chaise afin de croiser les bras tout en reniflant de la plus vulgaire des manières comme pour lui faire comprendre, indirectement, que la courtoisie était une notion humaine dont il ne se souciait guère.
–Pourquoi chercher à devenir une ''petite fille'' ? Pourquoi chercher à te niveler vers le bas ? Tu es tellement plus. Une magnifique femme de ''porcelaine'' qui transcende l'humanité. Pourquoi chercher à mimer ces cafards ? Ils ne sont que du bétail pour les gens comme toi et moi.
L'iris de Jameson devient rouge tandis que sa pupille rétrécit pour devenir semblable à celle d'un chat. Il scrute. Il ne veut rater aucun détail. Il jubile. Cela faisait bien longtemps que la curiosité n'avait pas animé son cortex cérébral. Il sourit face à la passivité de Porcelaine.
–Déçue ? Tu pensais pouvoir t'amuser avec un humain à l'apparence difforme ? Retrouver dans la douleur que tu dispenses ce qui caractérise si bien ces êtres inférieurs ? Que je te supplie d'arrêter comme le mec étendu là ? Ah... J'ai envie de m'amuser. Jouons à un jeu. Voyons l'étendue de tes talents !
Le vieillard saisit un scalpel sur la table et, d'un geste rapide, se transperce la main droite et descend dans les chairs jusqu'au coude. Le sang coule à flots et se répand en une flaque rougeâtre dont le plancher se nourrit. En quelques secondes, la plaie est refermée et le Glouton n'a montré aucun signe de souffrance. Il n'y a aucune cicatrice sur son bras, comme si la blessure n'avait jamais été. Il n'y a qu'un résidu d'hémoglobine qui coule le long de son bras. Il tend ce même bras, main ouverte, en direction de Porcelaine.
–Penses-tu que je sois totalement un monstre ? Après tout, ma race, les thérianthropes, étaient tous humains autrefois... Bien que je sois une exception puisque je suis né sous cette condition. Penses-tu pouvoir me faire mal ? Penses-tu pouvoir exposer le pitoyable humain qui dort profondément au fond de cette carcasse ? Je suis curieux. Montre-moi jeune fille, rappelle-moi qu'au fond, nous ne sommes que des tas de viande destinés à pourrir sous terre !
(c) DΛNDELION
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Sujet: Re: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Sam 22 Jan 2022 - 21:36
ses larmes n'avaient que peu d'effets sur lui. mais porcelaine ne s'en rendait pas compte, elle avait pleurée à cause de la frustration et c'était tout. contrairement à nous, elle ne se souciait de ce que pensait les gens d'elle, elle agissait à l'instinct, et le faisait bien. il rit à sa question. ça lui passa au-dessus de la tête. ce n'était pas important. jameson arkeley. un sourire déchira son visage en deux en entendant ces mots. elle avait son nom. il déclara être plus qu'un humain. difficile à dire l'inverse. mais plus était un grand mot. il était bien moins qu'un humain. il était une bête. et il osait l'attaquer sur l'essence de son existence. elle ne l'apprécia pas. il était détestable. il vint prendre sa place. elle croisa les bras, faisant une moue frustrée. il ne comprit pas pourquoi elle demandât son nom. son point de vue était intéresssant. mais elle ne pouvait le comprendre. elle était une poupée. une simple poupée contrôlée par scarface. elle refusait de croire que son absence de souffrances humaines faisait d'elle quelque chose de supérieur. la chair était bien moins fragile que la porcelaine. elle le laissa étayer son point de vue. porcelaine le comprenait un peu plus à présent. il voulait ardemment lui aussi savoir ce que ça faisait d'être humain. il tendit son bras contre elle. porcelaine s'avança. soupira, le visage visiblement consterné. - alors nous sommes pareils. elle attrapa sa main, la caressait avec délicatesse, remonta ses doigts fins le long de son avant-bras. elle plongea le regard dans les yeux. se figea. - les monstres ne souffrent pas. mais je sais qui vous êtes à présent. je saurai ce à quoi vous tenez. je pourrais vous l'enlever. mais si nous sommes pareils, quel intérêt j'aurais à vous pousser à maudire mon nom ? elle caressait ses mains avec délicatesse, passait ses doigts le long des lignes de celles-ci. elle se mit à trembler, sa tête fut parcourue de quelques spasmes. - la souffrance, elle nous rappelle ce qu'il y a en nous. elle sourit, un peu triste. baissant la tête, un peu honteuse, avant de faire glisser ses gants de soirée le long de ses bras pour les retirer. elle lui montra alors des cicatrices sur son avant-bras droit. - c'est comme ça qu'elle se libère. euh... que je me libère. de leur influence. mais cela ne fonctionne de moins en moins. il me faut du plus fort... je me permets de formuler ma question. pourquoi ne pas chercher l'humanité ? n'est-ce pas cela le but d'une poupée, d'accéder à cet état de conscience ? et vous, en tant que bête affreusement inesthétique ? n'y a-t-il rien de plus beau que l'humain... ses espoirs. sa souffrance. son bonheur. son amour. n'est-ce pas beau ? clémence posa les mains sur son coeur, et soupira, comme inspirée, presque amoureusement. - elle... comment dire. elle aime le mafieux là, cet homme à la cicatrice. et j'en suis jalouse. je n'arrive plus à aimer. ni à espérer. il ne me restait que la souffrance. je n'ai plus rien à présent. sa main droite planta une seringue sur son bras gauche qui en planta une autre sur le bras de son nouvel ami. brusquement, rapidement, de façon inattendue. - peut-être ceci. les veines brûlent. elles se consumment. as-tu déjà mangé le soleil ? tu as tant d'appétit. elle en avait l'habitude. la chaleur montait en elle. viendrait ensuite le moment où il faisait chaud, où ça serait agrable. puis, ça montait, et encore, encore, jusqu'à ce que ça devienne désagréable, qu'on regrette. elle regretta rapidement. mais clémence en avait l'habitude. c'était tout ce qu'elle avait pour encore ressentir quelque chose. même si ce n'était qu'une vague plénitude qui lui était procurée. petite préparation du dr. black. pour faire parler les otages. les effets duraient un certains temps. pour le décontenancer, elle avait dilué sa dose, pour lui, il aurait l'entière. elle voulait renforcer l'idée qu'il aurait d'elle, de son côté divin. aucun otage n'avait parlé avec ça, ils avaient juste souffert. clémence les mangeait avant. des perles de sueurs coulaient sur son front, elle se mit à trembler. - je ne suis plus seule ?
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Sujet: Re: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Sam 22 Jan 2022 - 23:29
Une faim singulière
Jameson ft. Porcelaine
Le sang que tu as répandu m'a appelé
–la souffrance, elle nous rappelle ce qu'il y a en nous.
Jameson n'était pas en accord avec cette affirmation. Au final la souffrance n'était que la partie d'une équation pour obtenir un résultat bien plus intéressant : la peur. La peur est le sentiment le plus puissant de l'humanité, et la souffrance était un excellent moyen pour faire naître la peur. Les êtres humains étaient effrayés par la douleur, mais il y avait bien d'autres moyens de provoquer la tétanie. Se contenter de la douleur pour la dispenser, c'était faire preuve d'un terrible manque d'imagination selon le Glouton. Mais il pouvait accepter une petite différence de point de vue. Il laissait les mains de la jeune femme caresser sa peau. il y avait une certaine chaleur se dégageant de ces gestes. Elle figea, tout en continuant de le caresser, ses yeux dans les siens. Il était comme hypnotisé par les magnifiques pupilles noisette de la rouquine. Leurs visages étaient proches l'un de l'autre... Il avait furieusement envie de... lui dévorer le visage. Un simple coup de crocs, rapide et indolore.
–C'est comme ça qu'elle se libère. Euh... que je me libère. De leur influence. Mais cela ne fonctionne de moins en moins. Il me faut du plus fort... je me permets de formuler ma question. Pourquoi ne pas chercher l'humanité ? n'est-ce pas cela le but d'une poupée, d'accéder à cet état de conscience ? et vous, en tant que bête affreusement inesthétique ? n'y a-t-il rien de plus beau que l'humain... ses espoirs. Sa souffrance. Son bonheur. Son amour. N'est-ce pas beau ?
Elle ne répondait pas à ses questions, ou plutôt, elle répondait à ses questions par d'autres. C'était agaçant. Elle évitait délibérément le sujet pour ne pas avoir à se torturer l'esprit.
–Elle... comment dire. Elle aime le mafieux là, cet homme à la cicatrice. Et j'en suis jalouse. Je n'arrive plus à aimer. Ni à espérer. Il ne me restait que la souffrance. Je n'ai plus rien à présent.
Elle ? Qui ? Quel mafieux à la cicatrice ? De qui parlait-elle ? Jameson l'observait, interrogatif alors qu'elle plantait une seringue contenant une étrange substance dans leurs bras.
-Peut-être ceci. Les veines brûlent. Elles se consument. As-tu déjà mangé le soleil ? Tu as tant d'appétit.
Il fronça les sourcils. Manger le soleil ? Oui... Il était Fenrir. Il était le Grand Dévoreur. Il se souvenait de ses courtes années avec Amy Desford, de la chaleur de son corps et de la beauté de son visage. Il lui répétait souvent que, pour qu'il puisse vivre avec elle en paix, il irait jusqu'à dévorer le soleil, dévorer le monde. Son appétit ne connaissait aucune limite, il était sa plus grande force et sa plus grande faiblesse, car, jamais il ne dévora le soleil pour Amy, puisque c'est elle qu'il dévora dans un accès de fureur incontrôlable. Il repensait au passé tandis que Porcelaine se tortillait fébrilement, souffrante de s'être injectée son propre composant. Il eut un sourire moqueur à la voir essayer de lutter pour rester impassible. Certes, sa résistance était impressionnante, mais les tics tels que les clignements d'yeux, les froncements des muscles du visage, les légers tremblements étaient tant de signaux qui trahissaient sa condition. Lui ne sentait rien alors qu'elle posait son ultime question.
–Je ne suis plus seule ? –Si. Tu devras faire mieux que ça. Je ne sens r...
Puis elle vint. Une brûlure, comme celle provoquée par l'argent, mais pas en surface, à l'intérieur, dans son sang, dans sa chair. Le cœur pompe, répand le poison à grande vitesse. Ses muscles se raidissent tandis que le composant s'attaque à son cerveau. C'est faible, comme une vague de chaleur, puis, subitement, le paroxysme, le point culminant de l'expérience de Porcelaine. Un violent épisode de douleur. Jameson pousse un grognement puissant alors que, comme agissant de manières mécaniques, son bras droit est projeté en direction du visage de Porcelaine, paume ouverte. L'impact est violent, la poupée est projetée au sol avec force. Jameson se relève, plonge son crâne dans son énorme main gauche et pousse un hurlement de fureur. Plusieurs vaisseaux sanguins explosent dans ses orbites, colorant ces derniers d'une couleur rouge clair. Son corps réagit instinctivement à l’agression qu'il vient de subir : ses mains et ses avant-bras ne sont plus que des parodies de membres animaux, touffus et pourvus de griffes acérées. Son visage est terriblement déformé par une gueule monstrueuse pleine de crocs qui lacèrent ses chairs. Il se lève, titube brièvement, et se stabilise pour assimiler la douleur, l'accepter pour un faire son carburant. Difficilement. Il ne doit pas perdre le contrôle. Il ne doit pas tuer Porcelaine sinon elle ne sera que la première d'une longue liste. Gardez le contrôle. C'est tout ce qui importe. Il tente de calmer sa respiration haletante... Puis, il rit. Il rit de manières sonores et sinistres. Le rire d'une bête qui attend tapie dans les ombres, jouant avec sa proie.
–Aaah... Je ne m'attendais pas à ça ! éructe-t-il de sa voix terriblement déformée par sa transformation, un produit ? Fascinant ! Tu es dangereuse Porcelaine ! Je devrais te tuer sur-le-champ !
Ses yeux bestiaux se dirigent rapidement sur la jeune fille au sol. Elle le fixe, un filet de sang coule de ses lèvres. Il s'avance vers elle, son pas est lourd et fait vibrer le parquet de bois. Il n'a plus rien à voir avec l'homme d'avant. Il est une incarnation de violence, colère et haine. Une bête apocalyptique à la faim inextinguible de destruction. Il est... lui-même. Son corps brûle encore. Il a l'impression qu'un feu ardent le consume de l'intérieur, un brasier ne pouvant être calmé que par le massacre. Il s'agenouille, pose ses horribles mains sur le sol de manière à se retrouver presque rampant. Ses yeux fous lorgnent sur le délicieux filet de sang s'écoulant des douces lèvres de Porcelaine. La faim... La... Faim. Il se jette sur elle, mais, avant qu'il ne puisse la toucher, une voix hurle dans sa tête, celle d'Amy. Il s'arrête alors que sa gueule béante est toute proche du visage de la poupée. Ses yeux reprennent un air plus humain, et il se redresse de toute sa hauteur alors que son apparence bestiale s'estompe, lui faisant retrouver un aspect vaguement humain.
–Tu n'es pas seule, grogne-t-il, j'ai perdu mon pari. Ça fait mal, putain.
(c) DΛNDELION
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Sujet: Re: Une faim singulière [Pv Porcelaine) Lun 24 Jan 2022 - 22:09
le soleil qu'il dévorait commençait à le consumer. n'est-ce pas là, à toucher les astres, qu'on soit oblitéré face à leur immensité ? elle se prit une claque et valsa en arrière. la douleur fut intensifiée encore. son visage se craquela intérieurement. elle tomba au sol et se tordit avec son ami asticot, puis fut prise d'un rire cristallin, un rire infiniment joyeux, comme une enfant sous cocaïne shootée au sable et aux seringues du bac à sable où elle avait roulé. le loup saute sur elle. prêt à la dévorer. son coeur s'arrête alors et au sol elle est frappée de stupeur, ses yeux restent grands ouverts. il s'arrête. le thérianthrope se calme alors. elle se tord sur le sol, se contorsionne, comme désarticulée. danseuse, elle l'était. elle était même la danseuse étoile du cirque barnum où elle avait vécu dans une autre vie, une autre illusion. orpheline en 1850, elle tournoyait sur scène devant tous ces gentillhommes et gentes dames, vêtue d'une robe faite main. le clou du spectacle. un joyau resplendissant, un cordial cardinal. gracieusement, elle évoluait sous les projecteurs, non sans cesser de sourire. tournoyante, agile, gracile. le spectacle se poursuivait dans son esprit jusqu'à la tombée de rideaux. le retour à la vie réelle. son corps de danseuse tordue sur le sol, qui se remit droit. la douleur s'était apaisée alors, elle se déroula calmement, posant la pointe de ses pieds sur le sol, et se redressant jusqu'à atteindre la vertigineuse verticalité de son mètre septante passé. une taille qui n'impressionnerait pas un géant pareil, loin de là. mais il pouvait apprécier la droiture de son érection. elle joignit les mains, sourit. reprit un visage plus humain, tout comme lui. alors ainsi elle cligna des yeux. son regard se leva pour croiser le sien. un sourire, les épaules qui se déraidissent. et elle lève le bras pour caresser le visage de la créature. - je vous aime. il y a différents amours. porcelaine était une femme passionnelle. elle n'hésitait pas à déclarer son amour pour ce qui l'inspirait. et lui. elle voulait le graver. mais... il ne serait pas du genre à poser volontairement. alors elle prit sa joue amoureusement et le regarda tendrement - vous n'êtes pas du genre à gâcher la nourriture. moi, je suis un gourmet. je me contente rarement plus que des joues et des parties tendres. venez à mon logis en cas de disette et je vous offrirais le gîte et le couvert. mais en échange, je veux que vous posiez pour moi. je veux vous sculpter, ériger des statues en l'honneur de votre grandeur. je veux étendre votre glorieuse haine sur mes toiles. évider les murs de cette ville pour en extraire votre acérée silhouette, en faire des fresques à l'ode de votre sauvage barbarie. que le public loue mon nom comme il tait le vôtre - de stupeur. je veux votre corps. j'en suis amoureuse. avec la légerté d'un moineau, mimant leurs déplacements erratiques, elle reculait de quelques pas, attendant sa réponse, se perchant sur une jambe dans un équilibre sous lequel bourdonnait un volcan ardent. son visage meurtri par la baffe, maculé de sang lui donnait un air inquiétant.
Lorsque Jameson prenait sa forme hybride et se ruait sur une proie, les réactions usuelles étaient de se figer de peur et, pour les plus courageux, tenter de fuir une créature qui était, dans tous les cas, beaucoup plus rapide qu'eux. C'était un réflexe humain, logique et sensé face à une créature cauchemardesque capable de tout détruire sur son passage et qui ne réagirait pas de cette manière serait un inconscient... Mais un inconscient qui intriguerait Jameson, lui qui était tant habitué à la psyché d'un humain qui tente de survivre, ces OVNIs avaient le don pour attirer sa curiosité ainsi que son respect, tant et si bien, qu'il en avait épargné quelques-uns au cours de sa trop longue vie, préférant converser face à cette anomalie, ce défaut d'instinct de survie. ''Tu ne me fais pas peur'' disait souvent Amy Desford. De la folie pure et simple que de ne pas avoir peur du Grand Dévoreur, du monstre qui se cache sous les lits. Une folie dont Jameson s'était amouraché déjà une fois, une folie qui coûta finalement la vie à cette même personne, trouvant la mort entre les crocs du thérianthrope, incapable de se contrôler lors d'une fureur meurtrière. Porcelaine était de ces gens-là, à ne pas avoir peur du monstre qu'il était mais, contrairement à Desford qui était profondément humaine et d'un amour aussi pur que le ciel, il y avait dans les sentiments de cette dernière un certain malaise, une fascination morbide et un manque total d'humanité. Elle n'appréciait pas Jameson pour ce qu'il était, mais pour ce qu'il représentait : une sorte de force destructrice instoppable, rappelant la fatalité à laquelle sont soumis tous les êtres vivants. Un porteur de mort. ''Celui qui marche dans le sang''. Il pouvait sentir que la femme n'était régie par aucun principe humain, rien que par la manière mécanique dont cette dernière lui caressait amoureusement le visage, le dévorant du regard. Il n'y avait rien que le commun des mortels pouvait nommé ''Amour'' dans cet être fait d'engrenages... Et pourtant...
–Pauvre folle, répondit-il en comblant l'écart qu'elle avait creusé, tu n'as pas la moindre idée de ce dont tu parles, l'amour ? Ne sois pas ridicule. Tu es incapable de ressentir ce genre de chose.
Il l’agrippe alors de ses deux bras, soulève cette dernière dans les airs de façon à ce que son visage soit à hauteur du sien et la plaque contre l'un des murs de la pièce. Sa bouche se rapproche lentement de son oreille, il expire bruyamment.
–Le pourrais-tu ? susurre-t-il presque sensuellement, c'est un pari amusant.
Et, sans prévenir, il enfonce ses crocs dans le cou de Porcelaine, ses dents acérées percent la peau de la jeune femme avec une facilité déconcertante, le sang coule, et Jameson aspire le précieux liquide. Ses yeux redeviennent fauves, son étreinte se fait plus forte, trop forte peut-être. La vision n'est pas sans rappeler l’œuvre d'un certain Bram Stoker, mais avec un côté plus bestial, plus destructeur. Le Glouton pourrait lui arracher la moitié de la gorge, ça le démange, mais il parvient à se retenir. Il lâche la poupée, son sang encore sur les lèvres... Et il rit de façon sinistre.
–Désormais, je connais ton goût, ton odeur. Si d'avenir, tu te retrouves en difficulté, ou que tu souhaiterais converser davantage, fait verser ton sang, en extérieur, la nuit. Mes sens sont aiguisés. Je saurais te trouver, petite poupée. » Je dois partir maintenant. Un rendez-vous important. Quelque chose de grand se prépare. Bientôt, le monde se transformera en un immense champ de bataille. Je peux le sentir. J'aurais un rôle à jouer là dedans. Je veux voir ça de mes propres yeux. Nos chemins se séparent ici, Porcelaine. Que ta nuit soit agréable.
Il relâcha finalement son étreinte, déposant délicatement son interlocutrice sur le sol avec un sourire carnassier. Puis, sans un mot, il disparu par cette même porte qu'il avait emprunté pour rentrer... Il avait un rendez-vous avec un prince du crime dans quelques minutes, il ne pouvait pas se permettre de le rater.