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Cette journée était chargée pour le propriétaire du gymnase Flying Grayson. Il y a quelques temps, Dick avait rendu une petite visite amicale au club de son amie, Dinah Lance. Il lui avait demandé la possibilité d’afficher quelques posters pour faire sa pub, et il n’avait pas fallu longtemps pour que les habitués de son bar ne passe par ici ! Il n’avait jamais douté de la parole de la blonde, ni de son efficacité. Un message plein de reconnaissance lui avait été envoyé pour dire qu’il lui revaudrait ça ! En ce mois d’aôut caniculaire, le brun avait pensé que le Flying Grayson serait vide en raison de la chaleur. Il avait tout fait pour rendre l’expérience de sa salle la plus agréable possible, ainsi un climatiseur avait été fixé aux deux étages. La musique tournait en fond sonore, entrainante et incitant à la concentration. En fin de matinée, deux adolescents étaient venus pour découvrir tous les profits que la musculation pouvait offrir. Ils étaient jeunes et gringalets, le travail allait être conséquents, mais Dick ne leur parla pas tout de suite du boulot colossal qu’ils devraient fournir pour arriver à un corps sculpté. Une fois les avoir accompagnés dans leur échauffement, il les laissa commencer les premiers exercices, lorsqu’il entendait la porte d’entrée s’ouvrir. Le visage bien connu de sa collègue qui en franchissait le seuil le fit doucement sourire. La joie de la revoir était palpable, pour lui qui avait passé dès mois sans ses amis du GCPD qui était une seconde famille. Dans son t-shirt bleu clair et près-du-corps, il s’avança fièrement vers la brune qu’il regarda d’un air taquin. “Lavrinenko !” l’interpella-t-il en prenant appui sur le sac de boxe où tapait son amie. Elle avait l’air déterminé à passer ses nerfs du fin fond de la Russie sur le pauvre sac. A qui pouvait-elle bien penser tandis que ses poings portaient ces coups si brutaux ? “Je suis super content que tu passes enfin à la salle. La meilleure qualité-prix de toute ville, Gotham et Blüdhaven réunies !” déclara l’acrobate en prenant la voix d’un publicitaire exalté. Il était vrai qu’à Gotham-même, les rues n’étaient plus sécurisées, les jeunes dépérissaient dans la ville à trainer entre deux mauvaises fréquentations. Même si quelques structures existaient, il fallait sans cesse les multiplier et c’était ce qu’il s’acharnait à faire sur son territoire. La criminalité commençait à augmenter à Blüdhaven, et pour le justicier, il était hors de question que ce lieu devienne le bouche-trou des vilains qui n’avaient pas pu se faire une place dans la grande et imposante Gotham... Tatiana continuait d’extérioriser ses émotions, alors que Dick tenait toujours fermement le sac, dont il gérait les mouvements secs. “Est-ce que tout va bien, tu veux en discuter ?” Il connaissait la réponse mais la posait néanmoins, espérant toujours qu’un jour, Lavrinenko attrape cette main tendue vers elle. Lorsqu'il l'avait rencontrée, Dick avait fait une rapide analyse de sa partenaire de travail et la voyait comme telle : un gros nounours sauvage. Elle avait le cœur sur la main mais pouvait vous la broyer tout autant. “J’ai un stock de bouteilles d’eau froides si jamais t’es à court, pense à bien t’hydrater.” Il rigola en voyant la tête qu’elle tirait à ces conseils de mère-poule, mais à quoi bon, c’était la même rengaine pour tous les abonnés du gymnase ! Les deux gars sur le ring finirent par descendre, épuisés de leur effort en continu. La chaleur les avait épuisé plus tôt que prévu, et Grayson les invita à prendre une douche froide pour les aider à tenir le choc. Il avait d'ailleurs mis une affiche sur la façade extérieure afin d'inviter les sans-abris à venir trouver refuge lors des pics de chaleur, pour se refroidir, ou prendre de quoi s'abreuver. La météo était la même tous. “On se fait un p'tit combat amical ?”

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Forcément que Tatiana ne dirait rien de ce qui la turlupinait, dans sa vie. Le brun en était sûr mais il essayera, encore et encore. Malgré leur amitié, la jeune femme avait cette tendance à mettre des barrières entre elle et les autres. A les aimer, les apprécier, à tout faire pour eux mais à toutefois garder ses distances. Pour ne pas être blessée, pour ne pas être déçue ? L’analyse de Dick s'arrêta là ; si ces soucis personnels ne pouvaient être instantanément réglés, il pouvait la faire oublier l’espace d’un instant. “Bien sûr que j’ai déjà eu ce genre d’impression.” Mais pas en tant que policier, c’était bien plus complexe que tout ça. “J’essaye malgré tout de rester optimiste. Tu m’connais, Tatiana ! Ca te soule tant je suis positif, tu te noies dans toute cette lumière que je dégage !” Il rigola tandis que les poings de la jeune femme se faisaient plus brutaux, contre le sac. “J’ai juste grandi avec la certitude que l’espoir est omniprésent. On ne peut pas tout changer, mais on peut changer tout pour une seule personne. C’est pas déjà beaucoup ?” Son sourire s’étira, qui se voulait communicatif. Combien de fois en patrouille avec sa binôme, ils n’avaient pas sauvé quelqu’un dans la détresse. Ca avait beau être une goutte d’eau, la valeur en était identique.

Lorsqu’elle parla des justiciers, il hocha doucement la tête. Au commissariat, les avis divergeaient facilement envers eux et tous étaient plus ou moins au courant de qui cautionnait quoi. “On ne peut pas se mettre à la place des justiciers, mais je pense que comme les flics, ils ont fait ce choix de se donner pour la ville qu’ils aiment, pour ses citoyens. On est en quelque sorte dans le même bateau… C’est pour ça que je ne suis pas d’accord avec ce que le Commissaire a pu dire, lors de votre réunion. Ça s'est fait durant mon absence mais tu te doutes, Barbara m’a tout raconté. Ce serait une erreur de les considérer comme autre que des alliés.” Il soupira, le moment était certainement mal choisi pour évoquer ce sujet mais pour lui, le GCPD allait droit dans le mur en érigeant ce mur entre eux et les justiciers.

Sur le ring, les échauffements furent de courte durée. Ils étaient tous les deux prêts depuis un moment, prêts pour ce combat amical où Dick ne comptait pas faire le gentleman. Bon, peut-être au début car ses parents et Bruce l'avaient élevé en ce sens… mais après, aucune pitié ! Fille ou pas, mademoiselle Lavrinenko allait goûter à son talent de boxer. C’était là une pensée très sarcastique, car le gymnaste excellait moins dans la boxe que dans les autres disciplines plus complexes. Il savait d’ailleurs que la russe pouvait donner du fil à retordre, et c’était exactement ce qu’il désirait. Qu’elle se lâche, qu’elle use de techniques dans ses coups, qu’elle arrive à le mettre à terre à sa seule force et qu’elle constate qu’elle n’avait besoin de personne pour arriver à ses fins. Pour avancer et s’élever. C’était une femme indépendante et elle avait tendance à l’oublier. Se scrutant comme des chiens de faïences, le duo se déplaçait autour du ring en gardant cette écart entre eux. Dick tapait ses gants les unes contre les autres, un sourire en coin cherchant à déstabiliser la brune. “Si t’arrives à me toucher, Lavrinenko… Tu auras droit à aller boire un verre avec moi.” Je ris, sûr de moi. “Si t’arrives à faire couler mon sang, je t’emmène dîner dans un cinq étoile. Mais tu devras porter une robe. Deal ?” L’acrobate la regardait réfléchir, et il profita  de cet instant pour un premier coup de poing direct. Elle l’esquivait par un grand retrait du buste et vit son adversaire enchaîner plusieurs coups similaires, sans parvenir à la toucher. Mais qui a dit qu’il souhaitait déjà le faire ? La boxe était un art, Dick allait d’abord la fatiguer. Sa propre endurance était poussée au-delà de ses limites, il parviendrait à tenir le cap. Mais Tatiana encaisserait-elle de longues minutes d’attaques frontales ?

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I
l y avait pas mal de flics qui n’étaient pas d’accord avec le point de vue du Commissaire, mais ils étaient néanmoins et malgré tout minoritaire face à la horde qui prônait la place du G.C.P.D. comme la seule et unique en terme de justice. C’était, pour Dick, une idée utopique que de croire qu’à Gotham la police serait capable, seule avec ses hommes armés de leur badge, de leur courage et toute la meilleure volonté du monde, de mettre fin à toute la criminalité qui y régnait. C’était même, pour ainsi dire, impossible à ses yeux. Déjà étant petit, sa confiance envers les flics était bafouée à cause de la corruption. Au cirque, il en avait vu passer des hommes qui ne servaient que leur intérêt malgré la plaque qu’ils portaient à l'écusson.

Quoiqu’il en soit, le duo était sur le ring et plus rien ne devait venir perturber l’ambiance qui y régnait entre les deux adversaires. Dick gardait toujours son sourire ravageur sur le visage et ce n’était même pas dans le but de déconcentrer la demoiselle aux origines slaves bien prononcées. Tatiana Lavrinenko faisait partie de ces filles rares qui ne succombaient pas au charme de l’acrobate, détail non négligeable pour un Grayson qui l’air de rien, aimait qu’on cherche à le séduire. Lorsqu’il n’était plus en couple avec Babs, il s’était souvent vu recalé par la brune, finissant frustrée dans un coin du commissariat à se demander quelle sorte de magie possédait la russe. Il voyait qu’elle l’appréciait beaucoup et c’était réciproque, tout en étant cependant resté dans une relation où les sous-entendu n’avaient pas leur place.
Les enchaînements de Tatiana montraient qu’elle avait de l’expérience et qu’elle donnerait du fil à retordre pour son collègue. Malgré tout, il n’avait fallu à Dick de voir ces simples mouvements pour comprendre la gestuelle de l’attaquante. A force d’analyse, on pouvait finir par devenir prévisible, et c’était là quelque chose de très dangereux dans un combat, voire mortel selon l’ennemi qui nous faisait face.

Après avoir appâté la jeune femme par de petits coups d’essais, dans le but de les chauffer et tâter le terrain, il finit par absorber le coup de pied bas, puis riposta par un coup de genou direct. “Allez Tatiana, j’te sens molle !” la provoqua-t-il pour la pousser à bout. L'avancée adverse étant enclenchée, Dick porta un coup de poing direct d’arrêt long, du bras avant. “C’est tout c’que t’as dans le ventre ? T’es une vraie russe ou pas ?! Je te pensais bien plus bourrine avec le franc parler que t’as mais t’es aussi lente qu’un débutant !” Il ricanait en sachant que plus il lirait loin dans ses divagations, plus Lavrinenko serait réceptive et le tout allait augmenter sans doute la frustration de la brune qui ne tarderait pas à répondre d’une façon ou d’une autre. Le corps de Dick esquivait les poings de l’adversaire, qui donnait plus de hargne à ses mouvements. Il allait sans doute morfler car le regard de la brune semblait à présent le fusiller...

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La stratégie était bonne. Assez, en tout cas, que pour faire sortir Tatiana de ses gonds. Elle avait de la colère en elle, un sentiment profond ressenti dans chaque coup qu’elle lui renvoyait. Toutes les attaques de la brune ne furent pas esquivées, la plus douloureuse étant celle que Dick reçut en plein milieu du visage. Elle n’avait pas contenu sa force, de fait son sang coulant le long de ses lèvres pincées ne tardaient pas à faire apparition. “La voilà, ma Tatiana” dit-il dans un mouvement pour contrer une énième tentative de lui broyer les os.
Autour d’eux, les quelques jeunes présents avaient misé sur la charmante dame qui mettait une raclée à leur professeur. Celui-ci, même à terre, continuait de sourire tant il était heureux par la maîtrise de sa partenaire. Au boulot comme en dehors, elle ne cessait pas d’être une partenaire. Avec Lavrinenko à ses côtés, Dick savait qu’il pouvait baisser la garde, car elle veillait sur son ombre. Elle était comme ça, à donner sans chercher à recevoir en retour, une authentique personnalité qui souffrait, néanmoins, d’épreuves du passé.
Alors que le gymnaste était étalé sur le sol du ring, la silhouette de la russe le surplombait de tout son poids. Elle était vainqueur de cette bataille amicale, sous les sifflements de la maigre foule qui retournait à ses occupations. Tapant une main pour signifier la fin, il toussa et cracha quelques gouttes d’hémoglobine. La bouche en feu avec un arrière goût de fer très désagréable, il se mit à rire avant de faire une clé à son adversaire et le mettre, à son tour, au sol. “Ma revanche viendra plus tôt que tu ne le penses, Lavrinenko. Ce soir-même. Je passe te prendre vers 20h, dans ta plus belle robe.” Il sourit, amusé par l’expression horrifiée de son amie qui n’avait pas l’habitude de se trimbaler dans les tenues les plus féminines. “Tu n’as qu’une parole alors je ne doute pas que tu joueras le jeu !” Dick s’écarta, rendant la liberté à la brune qu’il aida à se redresser. Il lui rappela que les douches étaient au fond du couloir, après les vestiaires, et alla se rafraîchir le visage ensanglanté. On aurait pas dit, à la voir comme ça, mais elle se battait comme un mec.

A 18h45, l’acrobate fermait les portes de sa salle de gym. Tatiana était rentrée chez elle pour se préparer, et les derniers adolescents en mal d’attention venaient de quitter le lieu qui prenait peu à peu vie au milieu de la ville de Blüdhaven. Une ville qui, comme ces jeunes paumés, cherchaient à se sortir de l’ombre oppressante de Gotham City et ses influences pas toujours des plus positives. Chez lui, il opta pour un costume trois pièces noirs, sans mettre de cravate car la formalité n’était pas de rigueur ce soir. Il voulait que Tatiana puisse se détendre autour d’un bon plat, d’un bon verre et qu’elle trouve en lui une oreille et une épaule prête à la soutenir. Un sms à Barbara pour la prévenir de ses projets et il se mit en route, à moto, direction l’appartement de la russe au caractère bien trempé.

Pile à l’heure. La ponctualité était importante chez Dick, qui avait toujours été élevé en ce sens. Au cirque, avant chaque spectacle avec les flying graysons, tout devait être prêt en temps et en heure. L’arrivée sur scène se comptait en fraction de seconde pour aller avec un moment précis de la musique du chapiteau, pour aller de pair avec les acclamations des spectateurs. C’était également un point sur lequel Alfred et Bruce étaient pointilleux, alors tout naturellement, Dick Grayson était quelqu’un de ponctuel.
La belle brune ouvrit alors la porte, débarquant dans cette toute nouvelle allure que son partenaire policier ne lui connaissait pas. Une beauté qu'il savait frappante, mais qui était davantage embellie par le vestimentaire de marque qui fit étinceler les pupilles du jeune homme. “T’es canon, Lavrinenko !” lança-t-il en guise de salutation, au risque de se prendre un coup de poing sur l’épaule. “En selle, princesse !” Le moteur de sa moto gronda, au cœur de la  ruelle silencieuse. La traversée jusqu'au Gratte-ciel se fit sans encombre. Aucun des deux ne parlaient sur la route, Dick focalisé sur la circulation et Tatiana qui semblait dans ses pensées. Quelques fois, le brun jetait des coups d’œil dans le rétroviseur, il cherchait un sourire sur ce visage bien trop renfermé. Mais seuls des traits frôlant avec la mélancolie s'y lisait.

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B
leake Island, Coventry.

Le moteur de la moto cessa son bruit continu, tandis qu’en face des deux protagonistes s’éternisait en hauteur, un gratte-ciel dont il était difficile d’en voir le faîte. Un pied après l’autre, Dick descendit de la bécane et tendit une main vers son invitée de marque qui ce soir, avait joué le jeu et s’était faite sublime. Sublime, elle l’était déjà de coutume, mais d’une autre façon. Ce soir, Tatiana resplendissait dans une robe dont il se souviendrait encore longtemps. L’inspecteur appréciait respectueusement la vision qu’elle offrait, tel un gentleman et sans finir couvert de bave. Quand une femme prenait la peine de se faire coquette, il fallait le lui remercier avec tact et sans paraître pervers. Croyez-en l’expérience de monsieur Grayson, c’était là tout un art.

“Je nous ai réservé une table au Gratte-Ciel” fit-il, déjà enjoué à l’idée de pouvoir observer Gotham d’en haut, tout en dégustant un vin à 1000 dollars la bouteille. “C’est ma façon à moi de t’emmener au septième ciel, étant donné que t’as jamais craqué sur moi.” blagua Dick en se mettant à rire, sur ses gardes pour éviter un coup de tête de sa partenaire. Il était vrai qu’à son arrivée au GCPD, Tatiana était déjà présente et avait toujours gardé ses barrières entre eux et avec les autres. Il n’était pas commun pour l’acrobate d’essuyer des échecs avec une femme, et cela se respectait. Elle avait, pour ainsi dire, réussi à gagner tout son respect par le seul fait de lui avoir résister. Ce qui n’était pas chose aisée, comme en témoignait la longue liste des conquêtes du brun. “Allez, je te taquine ! Viens là” Il la rejoignit et tendit son bras pour qu’elle s’y agrippe. Marchant vers le hall, un vigile les laissa passer sans faire obstacle, puis ils se présentèrent à l’accueil.

“Une table au nom de Grayson, s’il vous plait. J’ai expressément demander à être placé à côté de la vitrine pour que mon invitée passe une soirée digne de ce nom au sein de votre établissement.” Son sourire s’élargit, Dick faisait exprès d’en faire des tonnes pour amuser sa collègue. On les mena à une table qui correspondait aux exigences du fils de milliardaire. Le serveur déplaça la chaise rembourrée de Tatiana pour qu’elle s’y assoit, avant de leur déposer les cartes du menu. Une sans les prix pour mademoiselle, tandis que Dick possédait celle qui faisait battre d’anxiété les cœurs des moins friqués.

“Prends ce que tu veux, Ô Lavrinenko, ce soir tes désirs seront des ordres.” murmura-t-il d’une voix suave, avant de faire un clin d’oeil dans sa direction.
“Ok, pour ma part je commande le plat du grand chef ! Vous pouvez déjà nous apporter la bouteille grand cru du jour ainsi que quelques en-cas, merci.” Sa carte refermée, il la tendit au serveur avant de reporter son attention sur son interlocutrice qui se tâtait encore sur son choix.

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L
e fils du millionnaire ne pouvait s’empêcher de sourire face aux mimiques de sa collègue et amie, Tatiana. Elle semblait découvrir une nouvelle panoplie de choses dont elle n’ignorait peut-être pas l’existence, mais qu’elle n’avait jamais pu toucher du bout de ses doigts. Le crystal de son verre étincelant, le service de table unique et délicat, une bouteille de vin à un prix si exorbitant qu’elle aurait pu se le payer avec sept mois de salaire, la décoration chic et luxueuse. Dick observait sa partenaire découvrir un menu qu’il connaissait déjà, lui laissant le loisir de choisir à sa guise. Si la brune au caractère bien trempé cherchait à se faire toute petite en se cachant derrière la carte, voilà qui était un échec cuisant tandis qu’elle se trémoussait dans cette robe sublime qui dévoilait un corps parfait. Tatiana avait beau être dure et fermée, son visage était fin et agréable à regarder. Dick n’avait jamais compris pourquoi elle n’avait pas trouvé chaussure à son pied, aucun homme n’avait donc le tempérament nécessaire pour se tenir aux bras d’une femme telle qu’elle ?

“Prends ce que tu veux, Tatiana. Vraiment.” Les plats du menu n’étaient pas détaillés, les ingrédients n’apparaissaient pas sur la carte. La jeune femme ne pouvait se fier qu’à de jolis noms tels que Vent d’Orléans et sa sauce, le chariot de confiseries d’antan, l’Eveil des papilles, Parfum de rose, Arlequin de pâtes… Amusé par la situation, Dick pouffait et laissait son amie se débrouiller. Le serveur qui restait statique restait impassible face au désarrois de la cliente guère habituée à ces luxueuses attentions. Le brun attendit patiemment que l’employé dans son costume trois pièces s’éloigne, pour éclater d’un rire qui attira quelques coup d'œil de la bourgeoisie de Gotham. Il dut se reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir répondre de manière compréhensible à sa partenaire, qui avait hélas attisé ses éclats de rire avec sa dernière question. Il décida de la taquiner un peu et se reprit.

“Ah toi aussi tu n’avais pas les prix ? Pareil, c’est super bizarre, d'habitude ils sont affichés mais je crois que t’es tellement sublime dans cette robe qu’on nous offre le repas ?” répliqua-t-il, les joues roses, retenant ses lèvres de s’élargir davantage. “On partira en courant et on verra bien ce que ça donne !” fit Dick, haussant les épaules, l’air de rien.

Le serveur revenait bientôt avec une bouteille de 150cl entre les mains, qui valait pas moins de 2000$ et qui risquait de raviver les papilles gustatives de mademoiselle Lavrinenko. “Madame, Monsieur, le Grand Cru Classé du Chateau Lafite Rothschild.” Il déboucha le Bordeaux et remplissait les verres de vin avant de disparaître aussitôt.
L’acrobate attrapa sa boisson et leva son verre. “A ma collègue et amie, Tatiana, pour qui je souhaite le meilleur et pour qui je ne cesserai d’être présent.” Il lui aurait bien conseillé de déguster en prenant son temps, d’humer le parfum du breuvage avant d’y plonger ses lèvres, mais elle était russe et impatiente, alors à quoi bon ?

Leur table fut rapidement garnie de divers en-cas et plats. Du haut de cette tour, ils leur suffisaient de tourner le visage vers le côté pour apercevoir une Gotham qui d’ici, semblait calme et sereine, sous les lumières de la ville qui lui procurait un charme évident. “Vu comme ça, on dirait pas qu’on affronte tous ces criminels au quotidien…” souffla Dick tandis que son regard se perdit un cours instant dans la fosse nocturne et ces ruelles.
Il reporta aussitôt son attention sur la femme qui se tenait face à lui. “Est-ce que tu vas bien, Tatiana ? Un truc te tracasse, t’auras beau le nier, je le sens. Et tu sais que je vais être un emmerdeur de première jusqu’à ce que je sois convaincu que tu peux gérer, que t’as pas besoin d’aide.” Il haussa un sourcil de manière à souligner l’insistance de ses dernières paroles. “T’en as beaucoup bavé, ces derniers temps, tu as vécu des situations difficiles. Ce n’sont pas des choses qu’on garde pour soi, tu sais…” Il disait ça à Tatiana, tout comme il l’avait dit à Richardson, dont l’âme était perdue. Mais avec la russe, il était encore possible de la sortir de cet état de constante colère qui la bouffait.