Le RP développe des éléments introduis dans les partis "caractère" et "histoire" de la fiche de personnage, il est conseillé de les lire avant.


Cléo ouvrit les yeux. Autour d’elle tout était sombre mais lui sembla distinguer une silhouette devant elle. Elle leva machinalement sa main vers l’endroit où elle déposait habituellement son appareil et s’étonna de l’y trouver. On lui avait pourtant confisqué à l’asile et… Non, non, c’était normal, elle avait quitté l’asile. Elle avait dû quitter l’asile. Il y avait eu… une attaque. Elle ne se rappelait pas très bien de qui ou de quoi. Elle se rappelait du Rouge. Non, ça c’était dans ses rêves. Il y avait toujours du Rouge dans ses rêves, il représentait sa famille, ses amis, des concepts de chairs et de sang que partageait chaque être du règne animal, qui leur rappelait ce qu’ils avaient en commun. Il la réconfortait. À l’asile, elle avait vu du rouge. Celui qui n’était que la couleur du sang versé sans réelle raison. Elle l’avait vu recouvrir les sols et les murs, les armes et les habits, les assaillants et les victimes. Elle l’avait vu la recouvrir elle. Elle paniqua un instant et tata ce qu’elle portait pour sentir si elle en était encore maculée. Non, c’était ses autres vêtements, les oranges, qui en étaient tachés. Ceux qu’elle portait actuellement étaient les autres. Ceux qu’elle avait dû laisser à son entrée à l’asile. Elle avait suivi d’autres détenus qui avaient profité du chaos pour tenter de prendre leurs affaires et s’enfuir. Elle aurait préféré ne pas s’enfuir. Rester et aider à protéger l’endroit. Malheureusement, certaines pièces de son appareil avaient définitivement rendu l’âme. A moins de les remplacer, il est inutile. Elle aussi par extension. Ils avaient réussi à s’enfuir par des tunnels. Elle ne se rappelait pas vraiment avec qui ni comment. Elle n’avait pas envie d’essayer de se rappeler. Elle était fatiguée d’essayer de se rappeler. Tout ce qu’elle voulait c’était retourner se coucher avec… Où était Sebastian ?
Elle se leva d’un coup, ses cinq sens en alerte et examina le tunnel d’égout où elle se trouvait. Elle rappelait très clairement l’avoir pris avec elle, il ne l’avait pas quitté une seule fois depuis qu’ils étaient partis de l’asile. Avant de se rassurer en le voyant entre les doigts de Humphrey. Celui que l’on appelait Humpty Dumpty avait une réputation de d’imbécile pataud, détruisant tout ce qu’il touchait ; mais il était en réalité capable d’une dextérité et d’une délicatesse remarquable une fois qu’on lui avait expliqué à quel point quelque chose était fragile.
Elle s’approcha de lui et le salua. Il fit de même et Sebastian l'accueillit d’un couinement de bonjour. Elle le gratta doucement mais le laissa entre les mains de Humphry.
J’avais besoin de lui pour savoir quelles pièces étaient les bonnes, expliqua-t-il pour s’excuser. Elle lui dit qu’il n’avait pas à se justifier, Sebastian était un rat adulte et elle était contente qu’ils puissent passer du temps ensemble, avant de s’arrêter.
Quelles pièces ? lui demanda-t-elle. Il sortit alors quatre petits objets de sa poche. Les éléments de l’appareil qu’elle devait changer. Il y eut un instant de flottement durant lequel elle ne sut pas quoi dire ; avant d’entourer autant que possible le corps volumineux de son ami et le serrer le plus fort possible.
Mercimercimerci, lui répéta-t-elle avec affection. Il se contenta de l’entourer en retour d’un seul bras, pour ne pas l’écraser, mais il était clair qu’il était également touché par son retour.
Et merci aussi Sebastian, continua-t-elle en desserrant son étreinte de Humphry pour pouvoir prendre le rat et le coller contre elle.
Il lui expliqua qu’il avait vécu avec sa grand-mère près d’un endroit où on entreposait toutes sortes d'engins mécaniques et électroniques. Il avait décidé avec Sebastian d’y aller sans la réveiller, puisqu’elle avait vraiment l’air d’en avoir besoin, pour y piquer quelque trucs, les démonter et lui ramener le nécessaire. Humphry proposa de l’aider à réparer son appareil, mais elle lui assura qu’il en avait bien assez fait et qu’elle préférait s’en charger elle-même.
Elle s’assit à côté de lui et s’appuya la tête contre son épaule. Elle observa le reste des personnes dans les tunnels : il y avait un homme avec un œil à chaque doigt en train d’aider un autre qui semblé chercher frénétiquement des pennies, une femme avec un étrange casque brillant comme un arc-en-ciel discutait avec un homme au costume blanc tacheté de pois de toute les couleurs à propos d’une espèce de collier mécanique qu’il souhaitait vouloir garder, il y avait une femme au visage couvert de bandage, un homme avec une sorte d’être fait d’énergie attaché à lui, et tant d’autres encore.
Elle commença à fermer les yeux. Elle était entourée de fous et de criminels, la plupart cumulant les deux. Pourtant elle se sentait étrangement à l’aise avec ça. Elle songea que c’est peut-être parce qu’ils lui rappellent les rats. Elle n’eut toutefois pas le temps de développer cette pensée. Elle sentait son esprit s’engourdir à nouveau et elle replongea dans le Rouge.