Tout le monde avait sa petite bulle. Pour certains c'était le sexe. Pour d'autres les jeux vidéo ou l'alcool. Ou toute activité récréative afin de pouvoir souffler un petit peu dans ce monde de fou, dans cette ville de fou. Pour Lonnie ces moments privilégiés étaient les longues promenades au grés des sentiers forestiers. Se qu'il était par dessus tout étaient les promenades lorsque l'orage pointait où après une pluie. Sentir les odeurs de la nature encore humide, de la terre, du bois, et de l'humus, détrempés lui caresser les narines et éveiller chez lui l'éveil de bien des souvenirs d'enfants.

Jadis alors que son âge n'avait pas encore atteint la dizaine. Que sa mère n'était pas encore prisonnières des chambres capitonnées d'Arkham. Ils allaient aussi régulièrement que possible se promener en pleine nature. Vivant dans les quartiers étouffants des Narrows, où les fenêtres ne s'ouvraient jamais car l'air extérieur était plus pestilentiel que celui d'une pièce insalubres, ils devaient trouver une activité aussi bénéfique qu'économique. On ne vit pas dans les Narrows on y survit. Au ban de la société de Gotham City, et des Etats-Unis, il fallait vivre de petits rien. Les économies bout de chandelle devenaient celle qui permettaient de manger tout les jours à défaut de tout les repas. C'était dans ce climat de précarité extrême qu'ils en été allé à trouver l'activité la plus saine et la plus économique.

Un métro pour la gare routière. Un bus pour le comté de Gotham et les voilà au devant des immensité verte pour la journée entière. Les sandwich au jambon, les bouteilles d'eau en guise de pique nique. Et quelque fois, quand durant un mois chanceux la mère de Lonnie parvenait à dégager assez d'argent une canette de soda ou un paquet de bonbons. Ils n'avaient que la misère comme seul alternative mais Lonnie et sa mère étaient relativement heureux. Le petit allait à la Gotham Academy grâce à un programme "une chance pour tous", financé par les grands de cette ville.

De fait, chaque marche que Lonnie faisait dans ces bois qui l'on vu grandit était en somme un rituel qu'il tachait de faire perdurer. Il mettait en plan son végétarisme pour se faire ces sandwich au jambon premier prix. Faisait trop cuir les tranches de pain de mie comme faisait sa mère. Tous ces petits gestes qu'il imitait et qu'il avait aimé pour se libérer de tous le poids qu'il l'accablait. Pour lui une balade en forêt devenait un chemin de croix parsemé de gestes et de préparation précis afin de revenir à Gotham City aussi apaisé et léger qu'une plume.

Durant les longues promenades que Lonnie et sa mère faisaient jadis. Il y avait disposés dans des clairières aménagées des petits foyers afin de constituer un feu de camp. A côté de cela une réserve de sable que les gardes forestiers changeaient ou réapprovisionnaient régulièrement. Non loin, à une vingtaine de pas, il y avait aussi un petit court d'eau où des poissons d'eau douce nageaient avec nonchalance. Ils arrivaient régulièrement aux alentour de midi sur cette clairière. C'était en général la fin de leur promenade et l'heure de manger, de se reposer et profiter du temps qu'il restait avant de faire demie tour sur les sentiers et repartir vers la gare routière et sur embrasser le quotidien de Gotham City.

Ensemble ils allumaient un petit feu. Même s'il faisait grand jour ou qu'ils étaient en plein coeur de l'été. C'était le petit rituel. Car tout les repas, même les plus frugaux devenaient plus agréable avec le crépitement et l'odeur du bois brûlé. Un jour, la mère de Lonnie avait même pris une vieille casserole et une boîte de haricots en boîtes pour essayer de cuisiner au feu de bois. Jamais de sa vie repas n'avait été plus raté mais si bon dans ses souvenirs.

Après le dit repas. C'était souvent l'heure de discuter, de raconter des histoires. De ne rien faire mais le faire à deux. L'imagination de Lonnie à cet âge était débordante et régulièrement il se réfugiait dans des mondes oniriques pour échapper à la misère crasseuse qui l'encerclait au quotidien. Avec elle, il observait les nuages et son environnement et dès qu'un petit quelque chose lui tapait dans l'oeil il fallait créer une histoire. Sa mère, toujours munie d'un carnet et d'un stylo mettait à l'écris le récit enfantin de Lonnie. Y apportait des petites précisions et des idées nouvelles que les deux s'échangeaient joyeusement. Puis lorsque la montre sonnait enfin le retour il fallait tout remballer éteindre le feu et étouffer les braises avec le sable pour rentrer à la maison. C'était le bon temps. Batman n'en était qu'à ses premières années de vigilance et Gotham City n'était pas encore devenue l'enfer actuel. Certains jours Lonnie aimerait tant retourner à l'insouciance de ces années.

Il y avait souvent des journées comme celle ci à Gotham City. Des journées où le ciel chargé de nuages au coeur lourd qui se mettaient, voyant l'atrocité rampante dans ce dédale de béton et d'acier, à pleurer toutes les larmes de leurs corps. Comme si la nature même, les esprits des amérindiens, ou les Dieux eux mêmes, étaient si attristés de voir une cité si corrompue vivre et survivre aux assauts du temps et des malheurs qu'ils en laisser couler leurs larmes du firmament jusqu'au sol. Il pleuvait très, peut être même trop, régulièrement à Gotham City. La cité devenait souvent lacustre tant les pluies diluvienne inondaient les égouts et transformaient les rues en pataugeoires. Quelques fois l'on pouvait se demander si la ville n'allait pas connaître le même destin que la mythique Atlantide et finirait inondée puis ensevelie sous les flots.

Lonnie pensait à tout ça lorsqu'il regardait les gouttes s'écraser sur le verre des fenêtres. Avachie, au chaud, sur le canapé dans cet appartement qui prenait l'humidité malgré le travail de forçat de Serena pour rendre l'atmosphère un minimum viable. Ces journées là il appréciait parfois les passer à ne rien faire. A rester cloitré entre quatre murs aux côtés de sa création artificielle à rien faire mais le faire à deux. A regarder des films. A refaire le monde en dépit de les oppositions flagrantes de leurs idéaux. Serena étant plus d'une logique pragmatique là où Lonnie brûlait d'idée plus incisives et impulsives. Mais là, pour cette journée pluvieuse c'était le film qui prenait place. Monument de la science fiction c'était Bladerunner, premier du nom, qui se diffusait sur l'écran de télévision. Se qui était amusant c'était que même dans le film la pluie était omniprésente. Accentuant l'humidité criante qui envahissait l'appartement petit à petit.

Lui était toujours avachi, observant ce film qu'il avait découvert enfant sur une VHS toute usée. A côté de lui Serena était en tailleur, un énorme coussin entre les jambes sur lequel reposer son menton. C'était amusant en l'observant, elle et en la mettant en parallèle des répliquant. Avait il réussit à en créer un, de répliquant réel ? Serena commençait lentement à avoir des sortes d'émotions. Des moments de bugs qui créent l'hésitation humaine. Des aspirations. Des passions. Des craintes et surtout des souvenirs. S'en restait fascinant et à la fois terrifiant d'avoir réussi, avec l'aide du professeur Ardwin, d'avoir réussi à créer un être aussi humain que l'humain. Elle déposait son regard sur lui. Il le détournait rapidement en répondant un simple "rien" à sa question muette et revenait sur le film. Dehors comme dans la scène qui se déroulait la pluie tombait toujours.