Ces mots avaient presque libéré un poids dans le cœur du garçon. Pendant plus d'un mois, il n'avait plus pensé être digne de les dire. Et pour cause... À peine avait-il renfilé son costume et dégainé ses katanas qu'il avait mis un homme à terre, le laissant nager dans son sang. Digne d'un criminel pour certains, en réalité, Robin trouvait que c'était une juste punition pour les miliciens qui avaient fait le massacre de la mairie à Gotham. Cela faisait si longtemps qu'il ne s'était pas laissé porté par l'adrénaline comme il était en train de faire. « Robin ne tue pas... » Le rictus devint de plus en plus froid. John Stuart, un officier de terrain des Tyger qui avait participé à la pacification d'un immeuble non loin de la mairie... S'il était encore à la ligue, il n'aurait même pas hésité un instant à planter autre chose que la main de ce déchet. L'image était déjà sans sa tête. D'abord, il l'aurait découpé, morceau par morceau. Les doigts de pieds, les doigts des mains, les pieds en entier, les mains en entier, la langue, une oreille, puis une partie plus sensible. Bien sûr, l'énumération de ces zones ne faisait pas honneur à la lenteur qu'il aurait pris pour les détacher du reste du corps de cet homme. Puis, s'il avait survécu à la douleur et à la perte de sang, il aurait eu la gorge tranchée. Un geste simple, mais il fallait être précis afin de ne couper aucune grosse artère, il aurait été dommage qu'il se vide trop vite de son sang. Une fois mort, sa tête aurait été découpée et envoyée au reste de sa milice avec une photo entière de ce qu'il restait de ce défunt héros de guerre. Pourtant, malgré les blessures, le milicien restait entier. D'une voix sans émotion, Damian finit par dire « Oh, mais je ne vais pas tuer... J'ai déjà appelé l'ambulance afin que tu ne meures pas vidé de ton sang. Nous allons l'attendre toi et moi et discuter un peu... » Il franchissait clairement la ligne, mais c'était la seule manière dont il pouvait purifier ses péchés... Un pécheur ne pouvait se racheter que par de moindres péchés repérant les plus gros. « Robin ne tue pas... Par contre rien n'est dit sur la torture. » D'un geste sec, il tourna la poignée de son katana plantée dans la main du soldat. Le mouvement de rotation créa un trou dans la chair faisant hurler un peu plus celui qui était désormais aux portes de l'évanouissement.