Bordel Gordon m’avait refilé un cas, et pas un cas facile. Au début on avait pensé que c’était lié à notre tueur d’enfants, mais le mode opératoire correspondait pas vraiment, et finalement on a trouvé des filles adultes. Combien de monstres découpeur d’enfant contenait donc cette satanée ville ?

Cette histoire est sale, très sale, même pour Gotham. On retrouvait des cadavres en morceaux découpés à la scie, uniquement des fillettes ou des jeunes femmes, jamais plus de 20 ans. Il y avait même des bébés, toujours de sexe féminin. Sur chacun des cadavres des blessures caractéristiques reliaient les différents meurtres. Le cœur était systématiquement manquant et elles avaient toutes été tuées avec un clou dans le crâne avec une grande force, probablement à la massette.

Gordon était furieux après plusieurs fuites dans la presse sur différentes affaires du G.C.P.D. ces dernières semaines. Ce Thomas Hale était une sacrée épine dans son pied, et on ne savait pas d’où il tenait ses informations. En tous cas sa source était gradée parce qu’il avait des détails assez confidentiels sur de nombreuses affaires en cours. Les journalistes comprennent pas un truc, ouais c’est normal d’informer les gens sur les affaires du G.C.P.D. ça évite la corruption et ça montre qu’on bosse dur contrairement à ce que peut penser une partie de la population. Mais si on donne pas d’informations c’est pas pour rien, les criminels aussi lisent le journal, et ils pouvaient découvrir à quel point on est sur eux et filer à l’anglaise avant qu’on les arrête.

Jim voulait de la discrétion et des résultats, je devais travailler seul. J’avais râlé bien sûr, je suis pas vraiment habitué à ça, j’aime le travail d’équipe. J’ai pas vraiment travaillé seul depuis que je suis revenu dans le droit chemin, travailler en solo ça me rappelle beaucoup trop le temps où je bossais pour Falcone. Et puis mes gars étaient des gars sûrs, c’est pas vraiment dans l’unité Gordon qu’on allait trouver des mouchards. Je faisais confiance à Grayson plus qu’à moi même, et puis Richardson nous parlait pas déjà à nous, je pense pas qu’elle soit du genre à balancer à des journaleux. Et puis elle aussi je lui fais confiance, elle est taciturne mais c’est un bon flic.

Mais j’étais forcément le gradé de confiance de Jim, on avait traversé tellement de merde tous les deux, il savait bien que je le lâcherais jamais. Tant qu’on avait pas trouvé la taupe je devais travailler seul, au moins jusqu’à ce que je trouve le coupable. Et puis j’allais pas laisser ces filles crever sur le pavé aux mains de ce monstre comme ça.

Je me rendais dans les Narrows puisque la plupart des filles avaient été enlevées dans ce quartier, la plupart oui, mais pas toutes. Enfin fallait bien commencer quelque part. J’interrogeais les pauvres parents et les proches endeuillés, ils savaient pas grand chose sur l’affaire qui nous concernait. Rien ne semblait rapprocher les victimes à part leur jeune âge, très jeune, trop jeune et leur sexe. Je pensais un moment à leur religion, les plus âgées d’entre elles ayant été enlevées alors qu’elles rentraient de leur lieux de culte, toutes les religions étaient concernées. Certaines avaient été enlevées alors qu’elles se rendaient aux vêpres, d’autres près de la mosquée, le tueur ciblait peut-être les religieuses. Mais mon intuition se vit vite tomber à l’eau lorsque que je rencontrais les parents de la petite Sarah, huit ans, elle avait été enlevée alors qu’elle se rendait à l’école au mois de Décembre dernier. En discutant avec eux j’appris qu’ils n’étaient absolument pas religieux, je devais me renseigner sur ce sujet.

Je piétinais un peu, cette histoire de religion était ma seule piste et voilà qu’elle n’était pas bonne. J’avais vérifié, il y avait de nombreuses athées parmi les petites filles, toutes les adultes en revanche étaient extrêmement croyantes. Peut être y avait-il plusieurs tueurs. Mais ça ne collait pas, le mode opératoire était assez caractéristique pour relier ces meurtres de façon certaine. Toutes les victimes avaient été enlevées de nuit, ou tôt le matin, quand la ville était encore obscure. Pour les adultes c’était toute l’année mais les fillettes uniquement en hiver. Ça m’aidait pas vraiment, tout porte à croire que si notre tueur fait ça c’est pour ne pas être vu, et le seul moment où les petites filles sortent seules dans l’obscurité c’est l’hiver pour aller  ou revenir de l’école en Hiver.

S’il y avait plus de meurtres aux Narrows qu’ailleurs c’était probablement parce que dans ces quartiers pauvres les fillettes sont d’avantages livrées à elles même, les parents travaillant dur pour gagner de quoi survivre, ou essayant de fuir la misère dans la drogue et l’alcool. Qu’elle vie pour des pauvres enfants, ils ont rien demandé bordel ! Pas même de venir au monde. Et voilà qu’un salopard s’en prenait à eux, comme si cette vie de merde dans cette ville de merde était pas assez triste pour un enfant.

Je devais arrêter ce type, et le faire au plus vite, les enfants sont les adultes de demain, ils sont notre seul espoir de vie meilleure, et je pouvais pas laisser cet espoir s’éteindre sans rien faire. Je devais me concentrer et enquêter sur les autres quartiers.

Bon c’était la merde, voilà un mois que je piétinais, j’avais fouillé tous les quartiers de provenance des victimes, tous les endroits où on avait retrouvé les corps, rendu visite à toutes les familles, épluché le dossier en long en large et en travers mais rien n’était assez significatif pour que je fasse un lien entre les victimes. Ma seule idée, et c’était désespérant c’était la secte satanique, toutes les victimes étaient jeunes, toutes étaient des femmes et on savait que certains rituels sataniques impliquaient le sang de nouveaux nés, mais à ce moment là pourquoi des filles plus âgées ? Et puis pourquoi leur prélever le cœur ? Un rite égyptien peut être qui sait ?

J’avais cherché des renseignements sur plusieurs sectes sataniques mais rien n’en sortait, la plupart d’entre elles étaient clean et pour les autres c’était juste un moyen de pigeonner des croyants, rien d’aussi grave et dégueulasse que cette affaire.
Concernant une éventuelle secte égyptienne aucune trace nulle part, rien de rien. J’avais interrogé tous mes indics à ce sujet et personne n’avait rien entendu à ce sujet. J’avais même été voir le démonologue très connu, il avait même bossé avec Batman : John Constantine et il m’avait confirmé qu’il n’y avait pas la moindre trace de secte égyptienne à Gotham à sa connaissance. J’en avais profité pour lui demander si à son avis il pouvait s’agir d’un rituel satanique et il m’avait répondu de façon très énigmatique «Les vrais humains qui œuvrent pour les démons ne laissent pas de trace» Selon lui de vrais sectes vraiment dangereuses n’auraient pas laissé de corps derrière elles et les «Satanistes en carton pâte saupoudrés de cinéma» ne se livraient pas à des crimes aussi atroces. Connard arrogant, trois cent dollars dépensés dans le vent, la facture de Constantine était salée pour ne rien savoir de plus au final. Enfin il était assez pointu dans son domaine d’expertise pour que je raye totalement la piste des sectes de ma liste de suspects. Le problème c’est que du coup j’avais plus rien du tout à me mettre sous la dent. Pendant ce temps les meurtres continuaient, on était en plein hiver et il y avait au moins un enfant mort par semaine.

J’avais pas vraiment le choix j’allais devoir prendre rendez-vous avec la taupe du FBI au GCPD, le mec au nom imprononçable que j’avais croisé lors de mon entrainement avec Silent : Salocin Levaihcam. Le type nous avait été envoyé par Fox pour nous aider, mais tout le central avait pris ça pour une trahison. Mais c’était un profiler réputé et j’avais besoin d’aide pour ce cas, j’allais devoir passer par là même si ça ne m’enchantait pas.