Putain de bordel de merde, si mes conclusions s’avéraient exactes c’était encore plus grave que je ne le pensais. Je me ruais dans la bibliothèque en montrant mon badge au veilleur de nuit qui ne demanda pas son reste. Je fonçais au rayon des ouvrages professionnels et je cherchais des ouvrages concernant la boucherie. Je prenais tous les bouquins techniques que je pouvais trouver pour aller m’installer sur une table à quelques mètres de là. Des heures durant je cherchais et plus je constatais l’horreur de la situation. Chaque page, chaque information que je glanais m’amenait vers une seule évidence, et malgré mes vingt cinq ans de service à voir et vivre les pires horreur je n’étais pas préparé à ça. C’était trop pour moi, je courais vers les toilettes les plus proches et j’y rendais l’intégralité de mon diner. Comment était-ce humainement possible, bien sûr j’avais entendu parler de ce genre de cas, j’en avais vu dans les films ou à la télé, mais jamais de la vie je n’aurais pensé tomber sur une affaire de ce genre un jour. Je me passais un coup d’eau sur le visage et je me rinçais la bouche avant de retourner à contre cœur à la table d’étude où j’avais posé mon bordel. J’avais encore du mal à y croire pourtant tout coïncidait, la chair prélevée, les blessures caractéristiques, même le jeune âge des victimes et leur virginité pouvait trouver une explication tordue.

Je n’arrivais pas à savoir ce qui était le pire, être passé à côté alors que c’était une putain d’évidence et avoir provoqué par ma connerie des dizaine de morts supplémentaires et inutiles. Ou de savoir maintenant que de telles horreurs étaient possibles, dans ma ville, la où je vis, je mange, je travaille. Qui donc pouvait avoir l’audace de faire ça à ces jeunes filles ? Qui était assez tordues pour en arrivée à de telles extrémités ? Même les plus fondus des criminels de cette ville de tarés font pas des coupes comme ça ! Même le Joker n’en est jamais arrivé là, et pourtant jusqu’ici je pensais qu’il était ce que l’humanité avait de pire à nous réserver. Mais je me trompais de toute évidence, des entrailles béantes de Gotham était sorti un nouveau monstre, un monstre insidieux et dérangeant, un monstre peut être poussé par la faim ou atteint par la folie qui régnait dans cette ville. Un monstre tombé si bas qu’il en était venu à manger des petites filles.

Le trou dans le crâne net et précis était à n’en point douter dû à un coup de marteau pneumatique d’abattage. C’était ce que les abattoirs utilisaient pour tuer les vaches ou le gros bétail. Mais ce n’était pas tout, les blessures trouvées sur les corps des victimes étaient de façon irréfutable très proche de celles qu’auraient pu laisser une scie de boucherie, les marques plus nettes correspondaient à celle d’un couteau à désosser. Les parties manquantes étaient toutes des parties qui correspondaient à des morceaux de boucherie de premier choix, l’araignée, le filet, le chateaubriand ou encore le cœur. Un ignoble salopard de cannibale mangeait ces gamines, et il ne prenait que des vierges car dans son délire dégueulasse celles qui ne l’étaient pas devaient être impures, impropres à la consommation. Gotham arrivera toujours à me décevoir même lorsque je n’attends plus rien d’elle. Me voilà en train de poursuivre un ogre, littéralement et pourtant on était pas dans un putain de conte de fée.

Dès demain à la première heure j’irais poser des questions dans les abattoirs de la ville en commençant par celui des Narrows, c’est le quartier le plus violent de la ville, le plus susceptible d’abriter un montre pareil. La folie engendre la folie, il est facile de vriller quand on voit la merde tous les jours comme les habitants de ce quartier. Et puis la pauvreté incite à bine des extrémités. Vu la précision du travail, si j’ose m’exprimer ainsi ce type est un vrai professionnel, et à ma connaissance les bouchers n’ont pas de matériel d’abattage comme ça, à quoi cela leur servirait-il ? Valait mieux pour moi que je me plante pas, parce que si en plus des abattoirs je devais fouiller tous les putains de bouchers de cette ville j’étais pas sorti de l’auberge, c’est pas vraiment ce qui manque les bouchers dans une ville comme Gotham. Et j’avais pas vraiment le temps d’aller les visiter un par un. Sans compter que la procureur me donnerait jamais autant de mandat de perquisition, déjà que sans preuve concrète j’allais avoir du mal à en obtenir un. Non les abattoirs c’était mon unique chance, j’allais devoir la jouer fine. Si mon gars entend que je suis après lui je peux toujours courir pour réussir à le chopper, une fois effarouché il va arrêter ses conneries un temps puis quand il reprendra sera encore plus discret. Mon vieux Bullock va falloir que tu fasses profil bas, pas question de te faire griller ce coup-ci, la vie de centaine de jeunes filles en dépend.