Bébé Micro Azzu vivait dans le Manoir de Wayne à présent. Et il ne lui avait toujours pas demandé de faveurs sexuelles. Même si tout cela faisait parfaitement sens, Azzurra y voyait presque comme un affront. Peut-être c'était ce que vivait Mindy ? Non. Azzurra ne voulait pas coucher avec Bruce Wayne. L'idée ne lui était jamais venue à l'idée. C'était juste étrange qu'un homme riche ne cherche pas.

C'était peut-être ça la vieillesse. Enfin. Ca va. Azzurra avait sa chambre, une chambre mortellement propre. Elle se sentait un peu seule et isolée, passant beaucoup de temps avec Alfred qui était un homme formidable. Vraiment formidable. Elle l'adorait. Dans tous les cas, elle était seule au manoir ce soir-là. Seule comme Anne Frank si les Nazis avaient emmenés toute sa famille sauf elle. C'était un peu triste, après fondamentalement, Anne Frank aurait pu jouer de la batterie tranquillou sans déranger ses parents s'ils avaient été emmenés plutôt qu'elles.

C'était ça le souci d'Azzurra. Elle n'avait pas d'amis. Pas vraiment de familles. Lalo et la Tégénaire ne lui manquaient pas. Elle était là, sur son lit, dans son nouveau costume de Robin en se demandant comment elle pouvait passer à côté de la vie. N'avoir pas réellement de passion. Pas savoir faire autre chose de ses mains que faire jouir. C'était ça qui la rendait triste.

Elle n'était pas triste d'être loin de tous les contacts qu'elle avait, mais ce qui la rendait triste c'était que l'absence de gens proches d'elle ne lui faisait rien. Parce que ces gens n'étaient au final rien pour elle.

Azzurra était seule. Au mieux un tas de chair. Personne qui consacrait à la vie à la rendre heureuse, alors que Azzurra avait tant d'amour à revendre.

Bon, y avait Mindy. Mais Mindy ne consacrait pas sa vie à la rendre heureuse. Elle pourrissait sa vie et le faisait pour elle aussi. Azzurra entendit un grand crash dehors. Quelqu'un venait d'atterrir sur le parking.

Elle se rendit à son ordinateur pour voir les caméras de sécurité. Un intrus. Ca tombait bien, elle était déjà en costume. Chien de garde, voilà ce qu'elle était. C'était pas grave. Au moins elle était utile.

Arpentant les couloirs obscurs dans son petit costume vert après avoir eu l'information du système de sécurité qu'il y avait quelqu'un qui voulait voler des tableaux, elle n'écouta que son courage (ou sa stupididté). Hors de question de voler les tableaux de Monsieur Wayne. Quoique l'alarme ne se déclenchait pas comme il faut. Quelqu'un de malin qui savait jouer avec les alarmes ? Mais plus malin que le chien de garde des Wayne, non.

Quoiqu'il s'en voudrait si elle mourrait pour des vulgaires tableaux.

Ou peut-être pas.

Peu importe, il était question de tirer cela au clair. Azzurra arpenta chaque pièce en tentant de réactiver toutes les sécurités via son ordinateur sur le chemin. DIfficile. Elle finit par y trouver quelque artefacts qui la guidèrent vers une ombre. Une petite créature qui avait effectivement volé quelque chose.

Azzurra s'interposa devant elle, droite et fière. Sa bat-ceinture sur elle, un plastron peut-être encore mal calibré et un peu serré et un pantalon confortable vert foncé. Un masque sur se yeux, seulement le bas de son visage découvert et les boucles brunes de sa chevelure cachés dans son capuchon.

Elle sortit son bat-fouet et le fit tourner, avant de pointer l'intruse du doigt, sans un mot.

Azzurra lui fit alors signe de déposer sa sacoche à terre et de fuir.


Sans quoi, ça allait fouetter.

EPSILON

Azzurra appréciait le fouet. Elle avait un talent naturel pour manier une telle arme. Se battant comme une gentille diablesse, elle essayait de lui faire lâcher ce tableau et de la neutraliser, mais la petite était redoutable. Sans le faire exprès, elle l'attrapa au cou - chose qu'elle ne voulait pas faire -, et la fit trébucher des escaliers. Sans plus attendre, elle chercha à menotter l'ombre.

Une fois neutralisée, Azzurra alla sécuriser le tableau et vérifier qu'il n'avait rien avant de s'occuper d'elle. C'est alors qu'elle vit la petite comme un fantôme échappée de ses liens, sortant du manoir en traversant sans problème la porte fermée. Azzurra haussa les sourcils derrière son masque, incrédule. Voilà une curieuse chose. Mais elle n'allait pas laisser cela se passer ainsi sans faire quelque chose, d'autant que sa cible ne paraissait pas si dangereuse.

Enfin, les fantômes ne peuvent pas faire de mal ? La petite allait très vite. Azzurra ouvrit la grande porte et la repéra qui traversait le labyrinthe végétal de Wayne. C'était un plan parfait pour un être immatériel d'échapper à Azzurra. Mais Robin était une teigne teigneuse et agressive. Alfred allait la tuer, mais hors de question de la laisser s'échapper. Elle grimpa sur le mur végétal, rechercha du regard la fuyarde, la vit, et se jeta sur le mur d'en face, son pied s'enfonçant dans le fourrage. Elle n'en démordait pas, et quitte à mettre le pied au sol, elle courait, s'essoufflant et perdant de vue la petite.

Finalement, elle arrêta de saccager le labyrinthe et finit par en sortir normalement - elle connaissait le chemin - avant de sprinter pour suivre la trace de sa cible. Qui se tenait là, évanouie bêtement au sol, à l'orée de la forêt bordant le manoir. Azzurra s'y arrêta, la rattacha de nouveau et la prit sur l'épaule.

Encore toute essoufflée et abasourdie parce qu'il s'était passé, elle contourna le labyrinthe, promettant qu'elle aidera Alfred à réparer les dégâts. Le pouvoir de cette fille lui disait quelque chose. On aurait dit la Guêpe. Il y avait quelque chose dans sa silhouette ou sa démarche.

L'Italienne masquée l'emmena alors dans un des bunkers souterrains situés en dehors du manoir.

Elle installa une chaise au centre de la pièce, la détacha pour attacher ses bras sur les endroits où on mettait les bras, et attacher les chevilles au pied de chaise. Là, elle pourrait s'amuser à passer à travers les murs, elle y trouverait que du béton et de la terre tant l'accès pour y aller était sinueux. Ce serait probablement une fin terrible pour elle, d'ailleurs.

Robin s'assied sur le fauteuil situé là devant, et attendit le réveil de la petite. Elle lui demanda rapidement, en faisant attention à son accent au cas où c'était la Guêpe, pour ne pas se faire reconnaître, comme Batman lui avait appris de faire. Les bras croisés, Robin demanda froidement :

- Qui êtes vous ? Pourquoi vouliez-vous ce tableau ?

EPSILON

La petite avait repris connaissance mais ne voulait pas répondre. Azzurra voyait rouge. Elle en avait marre de tout ça, clairement marre. D'un geste brusque, elle arracha le masque de la petite pour en être sûre. La Guêpe. Pourquoi elle ? Comment, elle ? Cette gamine se trouvait dans toutes les emmerdes. Et elle finirait très vite par savoir que Robin était Azzurra. Azzurra se mit alors à paniquer, et elle avait pour tout dire une sale tête. Comme quand elle utilisait ses pouvoirs, pour tout dire.

Et comme toujours, elle disait des choses qui ne faisaient pas de sens pour l'Italienne qui fit la moue en la voyant. Elle semblait complètement paniquée, comme droguée, et parlait d'un danger imminent, que des gens allaient venir pour la tuer. Azzurra était prise de panique également. Elle tentait de se contrôler mais des nuits courtes aux cauchemars incessants avaient raison de sa santé mentale.

Elle l'attrapa des deux mains par l'épaule et la tira vers un évier où elle fit couler de l'eau froide et plongea sa tête dedans, pour la réveiller. Elle avait voulu l'étrangler, et il valait mieux pas que Batman voie sa nouvelle Robin utiliser des méthodes de l'URSS pour calmer ses... victimes. Après lui avoir frotté le visage pour lui faire un petit effet électrochoc qui ne l'avait pas réellement calmée. Azzurra paniquait tout autant et ignorait quoi faire. Elle la prit dans ses bras, se jeta sur une table, l'installa sur ses genoux et lui mit quelques fessées.

- On se calme MAINTENANT ! Personne ne te fera du mal, tu as une justicière avec toi !

Puis elle la prit comme un bébé et hésita à lui mettre quelques claques avant de juste la serrer très fort contre elle. Si vote qu'elle ne pouvait plus respirer. Si ça pouvait la calmer, s'il n'y avait que ça. Fixant le mur du fond elle la rassura doucement, lui tapotant le dos, lui caressant les cheveux et les épaules, son cœur battant la chamade à cause de l'agacement.

- Tu es en sécurité ici. Tu vas te calmer maintenant. Tu m'énerves.

Sa main tremblait. Azzurra serra Lisbeth encore plus fort contre elle.

- Ca va. S'ils vienennt, on le arrêtera. Arrête d'avoir peur. Moi aussi j'ai peur tout le temps. J'ai vu beaucoup de choses. Mais ça ne m'empêche pas que je vais toujours être là pour toi. Alors arrête d'avoir peur. Sinon je te fesse encore.

Azzurra lui sourit. Un sourire torturé, certes, mais vrai. La brune ne souriait plus beaucoup depuis qu'on avait arrêté de la payer pour. Elle se contentait de souffrir et de se maquiller pour ne pas être trop laide. Azzurra soupira en voyant la fille se calmer, continua de l'enserrer et fit :

- Maintenant tu parles. Qui va venir te chercher ? Il faut que je me prépare à les arrêter. A moins que tu veuilles encore pleurnicher.

EPSILON

La Guêpe parlait d'une Ligue. Azzurra ne connaissait pas vraiment de ligue. Il faudrait demander à Batman pour avoir plus d'informations à ce sujet. Mais l'histoire du produit radioactif finit de la convaincre de la lâcher, comme si elle venait de réaliser que la petite était un cadavre purulent. Les yeux grands ouverts, Azzurra fit :

- Radioactif ? Je vais pas attraper le cancer, au moins ?

Azzurra n'était pas vraiment une scientifique. Elle posa la petite Guêpe paniquée et soupira longuement en secouant la tête. C'était une alliée de Batman. Qui volait du matériel à Bruce Wayne. Puis l'explosion. Azzurra fit craquer ses phalanges et soupira longuement.

- Il y a une sortie de secours. Avec un peu de chance, ils sont amassés à la sortie principale. Je passe devant. Toi tu essaies de t'enfuir. Bonne chance.

Prudemment, Azzurra vérifia son matériel et ouvrit une porte au fond pour traverser le couloir. Elle en avait marre d'avoir perdu autant de temps et elle devait s'assurer que la Manoir Wayne n'était pas attaquée. Rapidement, avant qu'ils puissent s'organiser autour du bunker, elle ouvrit une trappe cachée menant à un champ dans la forêt et en émergea. Il n'y avait personne autour, une aubaine. L'attraper dès qu'elle fut sortie aurait été très simple, autrement.

Elle vérifia que la petite la suivait bien et lui fit signe de la suivre, jusqu'à ce que quelqu'un tombe d'un arbre sur son dos. Azzurra le vit venir, esquiva, serra le poing et le frappa au ventre. L'individu masqué qui l'attaquait riposta avant d'être envoyé plié en quatre contre un tronc. Azzurra se mit en position de garde et ouvrait la voie à la petite Guêpe pour qu'elle puisse partir. Rapidement, deux, trois assassins leur tombèrent dessus. Et eux étaient armés.

Utilisant ses réflexes pour esquiver les coups de lame, elle se rendit rapidement compte qu'elle fatiguait et qu'elle finirait plantée trop rapidement à rester au corps-à-corps. Il fallait fuir. Elle utilisa son dernier fumigène, souleva la petite Guêpe et se mit à détaler avec elle pour prendre de la distance, évitant des projectiles venant au loin. Utilisant son Bat-Câble, elle relia deux arbres pour faire un croche-pattes à ceux qui la poursuivaient et continuait de courir avec sa Guêpe de poche sous le bras. Des gens qui tombaient se firent entendre derrière, ce qui les ralentirait. Mais déjà, elle en voyait d'autres venir de tous les côtés. Il fallait réfléchir à une solution rapide. Azzurra ne se laisserait pas faire.

- On est encerclées. Ca va être pas facile.

EPSILON