Tournoi de classement avec 1500 $ et un bundle pass avec tous les skins premium de la saison. Voilà ton projet de ces trois derniers jours et la récompense que tu visais. Ce n’était que le quatrième prix pour un tournoi national d’un des nombreux jeux vidéos auxquels tu jouais, récemment. Le premier prix et le second avaient beaucoup plus de tune, mais ils n’avaient pas le bundle pass et les skins. Les autres cosmétiques et récompenses physiques, tu t’en cognais, parce que, en calculant la valeur de chacun des skins, les chromas, la rareté et la popularité, c’était beaucoup plus rentable, niveau prix. Tu avais déjà prévu tout ce que tu allais faire avec si tu restais troisième, où les vendre, comment et si tu daignais ou non vendre ton compte, carrément, au plus offrant, plutôt que vendre les codes des skins par séparé – c’était une option. Tu avais la musique à fond dans les oreilles et tu gigotais devant ton pc, concentré sur ce que tu faisais.
Les bruits de la ville ne te perturbaient pas, ils peinaient à percer dans l’appartement de la personne chez qui tu squattais. Tu n’étais pas seulement le débiteur de ce démon, mais également, une sorte d’animal de compagnie. Oui. Dire que tu étais son Sugar Baby n’était pas tout à fait faux, en fait : il t’hébergeait, t’achetait à grailler, te passait des caprices, prenait assez soin de toi, te trimbalait dans certains endroits, etc. C’est ce que les gens du quartier pensaient que tu étais pour Stephan Bowman, un trader qui a fait fortune avec les cryptomonnaies et qui, maintenant, a un cabinet d’investissement où les clients peuvent déposer et assurer des effectifs contre un petit pourcentage. Mwais, ça sentait l’arnaque, selon toi. Il fallait juste avoir un peu de jugeote pour jouer en bourse, même pour les cryptomonnaies. Tu ne voyais pas l’intérêt de payer quelqu’un pour gérer ta tune virtuelle, mais bon… beaucoup de gens trouvaient l’investissement rentable et l’assurance d’avoir des fonds bloqués et protégés augmentait l’appât du gain ; finalement, c’était le cabinet qui se remplissait le plus les poches, parce qu’ils jouaient avec les bénéfices et les commissions de tous les clients. C’était ingénieux, en soi, puisque le cabinet n’investissait pas un rond de leur poche dans le marché. Donc, en cas de pétrin, ils ne perdaient rien.

Bref.
Revenant au tournoi... Tu avais tellement la certitude que tu allais avoir le quatrième rank, que tu te permettais de jouer mal à certains moments, afin de pouvoir sécuriser ton poste. Pourtant, même si tu contrôlais ta position, tu n’avais pas compté sur le fait que les autres étaient plus mauvais que toi… Tu ne t’attendais pas à rouler sur tout le monde et gagner le second prix : 3000 $, un pack de 10 skins premium au hasard et plein de merch’. Tu t’en battais les couilles du merchandising. Bordel. C’était de la merde. En plus, les trois premiers postes avaient droit à une interview via vision-conférence avec les organisateurs, etc. Et ça, tu ne voulais pas. Oh que non. Quand ils t’ont ajouté à la conversation de leur stream, tu as dû couper ta musique. Tu étais très contrarié : tu n’avais pas eu ce que tu voulais, même si cette récompense était mieux perçue que celle que tu visais. On t’encourageait à mettre la caméra, mais tu refusas aussi poliment que sèchement, même si vous étiez en live. Que tu ne sois pas content ne semblait pas étonner, mais c’était la première fois qu’un joueur était contrarié parce qu’il était aussi haut placé et qu’il ne voulait pas une interview.

— Bon. C’est pas tout ça, mais j’aime pas parler avec des inconnus, surtout en live, sinon, j’ferais mes propres streams, les gars. No hate, juste… j’suis pas à l’aise. Vous auriez dû m’demander avant de me traîner dans la convo. lanças-tu, coupant la personne qui t’interviewait. Donc. Si quelqu’un veut tout le merch et la pseudo-récompense surprise, que je vois déjà venir, je l’offre volontiers : la tune et les skins, ça m’va, encore. ajoutas-tu, soupirant. Des gens râlaient par écrit, d’autres à l’oral : tu étais désagréable et ingrat, à leur goût. Eh. Sorry, mais on peut pas tous aimer s’faire remarquer, vous voyez ? Si j’suis derrière un écran, c’pas pour faire être une diva, plutôt l’contraire. Faut comprendre, aussi. C’est vot’faute de pas avoir envoyé un MP avant, comme vous étiez censés faire, selon les règles du tournois. Bref. L’administration a déjà mon compte paypal et mon mail. J’offre le merch et la récompense surprise aux ranks 5, 7 et 14, qui ont bien joué. ajoutas-tu, marquant une courte pause. Par contre, je félicite pas le plouc du premier poste, c’raffiat utilise des cheats. Sur ce, bonne journée, soirée ou peu importe !

AH. Ça, c’était donner un coup de pied dans la fourmilière.
Au moins, tu avais le mérite d’être franc, mais tu avais causé un beau bordel en plein stream. C’était vrai que le premier poste trichait, mais on ne l’avait pas remarqué pendant le jeu. Toi, tu aimais garder à l’œil les sacs à merde comme lui. Tu l’avais déjà croisé à plusieurs reprises et tu avais attendu le bon moment pour lâcher la bombe. Le report aurait été suffisant, en temps normal, mais tu étais de mauvais poil, alors… anéantir sa réputation en direct était beaucoup plus alléchant, sur le coup.

Tcheuh.
Serves you well.

Sans vouloir attirer l’attention, maintenant, il allait y avoir pas mal d’yeux tournés sur les articles à ce sujet. Ce n’était pas la première fois que tu faisais un coup du genre, mais c’était la première fois que tu le faisais en vocal et en direct. Te retenant de jeter ton casque par terre, tu mis ton ordi en veille et te levas. Il fallait que te tu prennes un truc à grailler pour te détendre. Si Garash avait été là, ça aurait été plus simple. Une bonne partie de jambes en l’air et hop ! La mauvaise humeur s’envole.
En parlant de s’envoler, tous tes snacks et la bouffe rapide étaient partis... Ça, c’était impardonnable ! Il était hors de question de cuisiner ou de te faire livrer quoi que ce soit. Ça prendrait trop de temps et tu avais la flemme de cuisiner… Erf, mais sortir ce n’était pas mieux, ça t’obligeait à utiliser ces trucs sur lesquels tu te tenais – oui, tes pieds, imbécile. Welp. Choisir la promenade était le meilleur choix parce que tu pouvais refaire des stocks, te défouler en chemin et manger au retour, pendant le trajet.  Il y avait un risque de croiser un pégu qui voudrait trop faire le kéké, vu qu’il était assez tard, tout comme il avait des risques de croiser un certain vicelard qui en avait après ton cul, maaaaaiiis, c’était mieux que rester enfermé.

D’un pas léger, tu quittas le luxueux bâtiment et traças, slalomant entre les passants – capuche bien enfoncée sur la tête. Erf. Tirant la tronche, tu t’engouffras dans la seule pâtisserie qui restait ouverte pour acheter un peu de tout et de rien. Les gâteaux des bourges n’étaient pas mauvais, mais ce n’était pas trop ton genre. Portions trop petites, trop de décoration et beaucoup n’étaient pas particulièrement bons ; c’étaient juste des morceaux de sucre et gras portant une monnaie en chocolat avec le nom de l’antre où ils étaient vendus. Meh.
Après avoir mangé un peu de sucre et marché un moment, tu commençais à te sentir mieux. Pourquoi y avait-il autant de monde dehors, même à cette heure-ci ? Et c’était qui l’abruti qui avait We are the champions à fond la caisse… ? Il n’y avait même pas de matchs importants d’un quelconque sport, aujourd’hui, si… ? Peut-être… tu ne suivais pas vraiment l’actualité à ce sujet.
Tu étais tellement dans ton trip, que tu n’avais pas fait gaffe à la fusée détraquée qui perdait rapidement en hauteur… Quand on habite dans une ville comme Gotham, on a tendance à banaliser certaines choses qui ne devraient pas l’être ou, bien, à s’enfermer dans une bulle, comme toi, pour ignorer les gens qui envahissaient constamment ton espace personnel. Tu n’as fait attention à la fusée que lorsque tu as entendu le bruit un peu trop près – l’engin sonnait vraiment mal, qui plus est. Tu l’as esquivé de juste quand tu allais sortir d’une ruelle, faisant tomber une tarte à la framboise qui était délicieuse. Ton visage s’est décomposé aussitôt, fixant la brave tarte, explosée par terre… Du sablé, de la crème et des framboises partout sur le pavé…

Ton gâteau…
Tu en tremblais.

Le seul que tu mangeais vraiment avec plaisir et il n’en avait qu’un seul, comme ça… Tu t’en foutais que la meuf qui conduisait la tartane volante aille bien, que son appareil soit déglingué et qu’elle ne t’ait pas percuté. Tu aurais presque préféré qu’elle te tombe dessus si ça épargnait cette tarte.

— MEUF ! Tu pouvais pas t’écraser ailleurs ?! Genre, dans l’une des nombreuses tours du quartier ? grognas-tu sur la rouquine, que tu ne connaissais de rien. Tu plissas les lèvres, visiblement déçu et contrarié. T’as niqué ma tarte... ajoutas-tu, baissant la voix progressivement, alors que tes yeux se rivaient encore sur la bouillie aigre-douce qui était près de toi. Misère. Soirée de merde.

Mais, regarde ! C’est qu’elle s’en battait les steaks, la rousse ! Elle t’a presque percuté avec sa tartane volante et c’est sa seule réaction ? Genre, c’est elle qui s’énerve ? Ça te mettait encore plus en pétard… Bordel, ta tarte était bonne et il n’y en avait qu’une seule. C’est difficile de trouver des framboises fraîches par cette saison, surtout, avec autant de saveur, quoi. Ta pauvre tarte… Elle te faisait tellement envie que tu hésitais à manger quand même ce qui n’avait pas touché le sol. Quoi que, peut-être prendre les morceaux pas trop éclatés, parce que ce ne serait pas la première fois que tu bouffes quelque chose qui est tombé par terre. La bouffe est sacrée, pour toi.

Mais… Elle se bidonnait, cette tarée ?
Oui. Elle se foutait ouvertement de ta gueule !

Tu serras un peu les dents, la fixant, te retenant de lui coller une beigne, simplement parce que tu avais des sacs avec tes achats. Ça t’obligerait à les poser avant de passer à l’action, du moins, si tu ne voulais pas que tes gâteaux finissent en bouille à emporter. Quand cette pouffiasse eut le cran de se pencher pour mettre le doigt dans la masse informe qui était le cadavre de ta tarte pour te le tendre, tu ne pus t’empêcher de tiquer – l’un de tes sourcils, d’ailleurs, eut un petit spasme plus que visible.
D’accord. Au diable avec ton dégoût pour la gent féminine, celle-ci ne te faisait pas peur ! Tu allais sûrement choper de l’urticaire avec cette connerie, mais tu y tenais. Ce lave-vaisselle défectueux allait comprendre son erreur et n’allait certainement pas prévoir ton retour !
Finalement, tu regardas son doigt.
Tu semblais te calmer, c’était bizarre, parce que tu eus même le détail de glisser quelques mèches sous ta capuche, pour qu’elles ne se tâchent pas quand tu eus le cran de t’approcher et te pencher vers sa main. On aurait dit que tu allais vraiment lécher son doigt et… welp, on aurait pu croire que tu allais taper sa main au dernier moment ou un truc du genre, mais non. Tu pris son doigt dans ta bouche, sans te soucier des bactéries ou de ce qu’elle aurait pu faire avec ses mains dégueulasses. Si ce n’était pas aussi dégueulasse comme situation, ça aurait pu être presque sexy au vu de ton expression anormalement calme et charmeuse. Toutefois, quand on se l’attendit le moins, tu mordis le doigt de ton interlocutrice, posant tes sacs par terre, pour l’attraper par le col et la toiser, très sérieusement.

— Meuf. L’dernier qui a fait un truc du genre, il a perdu ses couilles. lanças-tu, prenant un air dédaigneux. Si ma tarte n’était pas aussi niquée, j’aurais rien dit. Je l’aurais ramassée et bouffée, même par terre. J’ai bouffé une lasagne éclatée sur l’quai du métro de New York, une fois. C’pas une tarte sur le pavé d’Gotham qui m’effraie. ajoutas-tu, repoussant la rousse, avec un dégoût plus que visible, tu te grattas un peu les mains, qui te démangeaient. Indeed, tu avais un début d’urticaire et ça te fit grimacer. Puis… d’un coup, tu changeas complètement d’attitude, parce que tes yeux se posèrent sur la fusée de jeune criminelle. Tu la contournas un peu pour aller voir, inclinant un peu la tête. Sinon, la gueuse, c’quoi l’problème avec ton gode volant ? Ça faisait un bruit bizarre, toute à l’heure, avant que tu t’écrases lamentablement. T’as fait la révision des pelles des turbines, récemment ?

Yeup. Tu étais lunatique et, même si cette grognasse te tapait sur le système, tu étais un nerd, avant tout. Elle te faisait chier, mais sa fusée était comme un nouveau jouet pour un enfant exposé dans une vitrine. Pas que tu te soucies de la tueuse de tartes, mais son engin n’était pas mal.

Urg, elle s’était un peu trop rapprochée de toi pendant que tu détaillais sa fusée. L’urticaire que tu avais au niveau du cou et des mains due à ta connerie de toute à l’heure s’étira un peu plus, faisant que tu frissonnes et grattes comme un maniaque, l’écoutant seulement à moitié pendant qu’elle causait. Well, au moins, tu avais retenu qu’elle prenait soin de sa tartane et qu’elle n’avait pas la moindre idée de l’origine de la défaillance. Parfois, même si tu faisais des révisions et que tu faisais très attention, si la Chance voulait vraiment t’enculer à sec, elle te jouait des tours.
Les dieux ne t’ont jamais particulièrement apprécié, à ton avis, au vu de ta chance complètement random. Peut-être qu’il y avait des entités qui se disputaient pour savoir si tu allais ou non avoir la poisse ou avoir une putain de chance de cocu – heureusement que tu n’étais pas en couple, souvent ! Et pour le coup, la Chance semblait avoir joué un bon tour à la rouquine, au vu de toute la fumée qui sortait du capot de son engin.

— Moi, c'est Jason, la sans-âme. Et, eh ! De tous les endroits où t’aurais pu t’échouer, ça a été près d’chez moi, meuf. J’ai pas eu d’bol pour ma tarte, mais toi, t’as eu bol, j’suis habile de mes doigts pour ce genre de trucs et j’ai pas mal de matos. répondis-tu, croisant les bras fièrement sur ton torse. Mécanicien, ingénieur, informaticien, réparateur… brefouille, j’suis un peu un scientifique touche-à-tout slash inventeur, entre autres. ajoutas-tu, reprenant tes sacs de par terre. Attends ici, j’vais aller chercher d’quoi déplacer ton machin.

Ce n’était pas une bonne idée d’inviter une connue chez ton daddy démoniaque, mais t’allais quand même utiliser le parking souterrain. Garash avait une zone rien que pour lui que t’utilisais comme garage et atelier pour plusieurs trucs que tu ne pouvais pas faire monter à l’appart.

— Vaut mieux faire les réparations en intérieur. OH et, t’as du matos pour le réparer ? fis-tu, affichant un petit air presque compatissant. Tu n’avais pas de la peine pour elle, mais envers  sa fusée. Ce pauvre engin n’avait pas seulement surchauffé, il avait carrément cramé, dedans. Au vu de l’odeur, ya quelque chose qui a fondu. J’pas vu, mais j’pense que tu vas devoir couper et remplacer des composants autour du système de refroidissement. expliquas-tu, te tournant vers ton bâtiment en toussotant à cause de la fumée – ça commençait à puer un peu trop, pour toi. Kof kof… Tu verras bien c’que c’est, mais j’espère que c’est juste ça… parce que si t’as un pore quelque part, t’es dans la merde.

Pour sûr, tu sentais l’odeur du liquide de refroidissement dans l’air, donc il avait aussi chauffé ou ça fuitait sur les câbles touchés. Tu n’en savais rien, tu n’avais pas encore regardé dedans et, d’une certaine façon, tu ne t’attendais pas à ce qu’elle te laisse tripoter son bébé – tu ne laisserais pas n’importe qui toucher à tes affaires, spécialement, tes gadgets. Pourtant, l’odeur familière des câbles et des tubes fondus te donnait déjà un indice, même si, pour un nez humain, ça sentait sûrement juste le plastique brûlé.

Nyeh ? Il y avait un petit malentendu dans cette histoire, mais l’information n’était pas directement entrée dans ta tête parce que tu t’extasiais devant la fusée avariée. Tu ne tiquais même pas quand la rousse te tira plus près de l’engin pour que tu puisses l’inspecter en bonne et due forme, mais ça n’avait pas arrangé ton urticaire. Tu n’y étais pour rien, mais, welp… quand tu disais être allergique aux femmes, tu l’étais vraiment. Peu importait l’apparence, l’âge ou la race, une femme humanoïde restait une femme humanoïde. Certes, tu ne réagissais pas au 100 % de la gent féminine, mais grande majorité te provoquait de l’urticaire ou des réactions beaucoup plus contraignantes – et déplaisantes. Parfois, même les hommes trop efféminés te provoquaient un certain mal-être et/ou malaise, selon les circonstances.
C’est dingue à quel point un traumatisme infantile avait fait des ravages dans ton corps et ton esprit. En soi, tu n’y pouvais rien. On avait essayé de t’aider quand tu étais en asile psychiatrique et en maison de correction, mais, non seulement ce fut inutile, ça aggrava ton cas. Désormais, tu ne voulais plus d’aide à ce sujet : tu t’en cognais. De toute façon, tu n’aimais pas les femmes. Tu pouvais admirer la beauté de certaines, tu aimais la texture et la forme d’une grosse poitrine, mais ça s’arrêtait-là. Jamais, au grand jamais, tu ne voudrais avoir une femme à tes côtés et, encore moins, en être une.

— Meuf. Le sans âme, j’l’disais pour toi. C’est la première fois que t’entends l’expression ? C’pour la roussittude, toussa toussa. On dit que les roux n’ont pas d’âme. Ça fait flipper même le diable, pour t’dire. Et, sinon, j’doute être un vampire. Ya que deux trucs que je suce : des bonbons et des bites. rétorquas-tu, sans même peser tes mots. Pour ce qui est de ton engin, je vais juste l’emmener dans mon garage. C’est le bâtiment là-bas, celui des richous. Si t’arrives pas à la rafistoler, ya pas d’souci : je m’en occuperais. La tarte fera un bon payement. ajoutas-tu, avec un large sourire. Attends ici, j’reviens vite.

Ni une, ni deux, tu te tapas un sprint jusqu’au bâtiment où tu créchais. Tu n’avais pas la dégaine d’un riche, mais tu habitais bel et bien dans l’un des derniers étages. D’ailleurs, tu courais très vite quand tu voulais, même avec les bras chargés de sacs. Tu allas au parking sous-terrain du bâtiment, déposas tes achats dans le garage privé de ton créancier et dénichas une plateforme de transport que tu avais bidouillé ainsi qu’une petite tablet pour le contrôler. À première vue, la plateforme que tu avais pris n’avait l’air que d’une vieille planche métallique assez épaisse, mais elle n’était pas bien lourde.
Tu ne tardas que quelques minutes à faire l’aller-retour jusqu’à l’emplacement où tu avais laissé la rousse et sa fusée. Cette fois-ci, tu n’avais pas les sacs et tu ne tardas point à poser la planche métallique par terre, près de la fusée. Tu n’avais pas fait une longue distance, mais ça t’avait fait haleter, au point que tu maudisses intérieurement ton élan d’entrain et ta soudaine envie de courir.

— Chiotte de merde, j’aurais pas dû courir. Putain. râlas-tu, reprenant ton souffle. Bon, j’vais charger ton machin et on y va avant que les poulets ou des ploucs s’pointent. T’es encore moins discrète que moi.

Suite à ces mots, tu allumas la tablet et pianotas quelque chose dessus, faisant que la planche métallique se déploie. Elle s’élargit, poussant sous la fusée une extension pour se glisser en dessous et la charger progressivement sur la plateforme. Une fois ceci de fait, la plateforme se sépara en deux couches, faisant qu’une reste à ras-le-sol et l’autre lévite dessus. La partie touchant le sol déploya des roulettes quand la fusée fut correctement élevée à la bonne hauteur.

— AH, c’pas celle que j’voulais, mais ça fera l’affaire. commentas-tu, plissant les yeux avant de pianoter encore sur l’écran tactile. Si t’as la flemme de marcher et qu’tu veux monter sur ta fusée, tu peux. La plateforme supporte l’poids d’une semi-remorque. ajoutas-tu, marquant une courte pause avant de revenir un une question qu’elle t’avait posé avant et à laquelle tu n’avais pas répondu dans l’immédiat. Si par blaze tu parles d’un alias, nah : j’en ai et j’en ai pas, en soi. Par contre, sur le net, j’en ai plein. Ça dépend du contexte et de ce que j’fais, mais, généralement, ils sont débiles. C’plus drôle, comme ça.

Ouais, tu étais crevé, mais c’était juste parce que tu n’étais pas habitué à sprinter comme ça. Ça faisait un petit moment que tu n’avais pas couru ou vraiment bougé : tu avais fait la larve, ces jours-ci, puisque tu n’avais envie de rien et que tu ne sortais que pour aller cher de quoi manger quand personne ne te l’apportait.
Dire que tu étais un flemmard d’ermite nerd était un euphémisme. En dehors du sexe et d’aller chercher à graille au frigo ou d’aller récupérer ton chat sur la terrasse, ton activité physique était très limitée si tu n’étais pas en mission.
Pour le coup, quand elle te donna la tape dans le dos, tu fus rassuré de ne pas avoir fait une crise d’urticaire : c’était déjà un bon point qu’elle ne te en file qu'au contact direct. Peut-être que, un jour, ça passera complètement ? Après tout, tu ne détestais pas la rouquine. Ce qui, en soi, était un miracle, vu que tu avais beaucoup de mal avec la gent féminine. En plus, le surnom qu’elle t’avait trouvé te fit marrer - et pas qu'un peu : c’était la première fois qu’on te sortait un truc du genre.

— Fucking Raspberry Pie… On m’l’avait pas encore faite ! Et, boarf… Ça faisait juste quelques jours qu’j’avais pas bougé mes miches et que je me suis tapé un sprint sans m’échauffer. rétorquas-tu, marquant une courte pause avant de prendre une profonde inspiration. Au moins, tu récupérais vite ton souffle, en général, et une fois que tu étais chaud, il n’y avait que la fainéantise qui te freinait. On marchera les deux, dans c’cas. Faut qu’j’sois à côté pour pouvoir bien manœuvrer ton engin.

Suite à ces mots, tu pianotas un peu sur ta tablette pour la recalibrer. La fusée était plus lourde que tu le croyais, donc tu as reconfiguré le générateur magnétique, afin que le déplacement soit plus fluide et que ton équipement ne soit pas trop forcé. Pouvoir, il pouvait la porter sans soucis, mais quand la force générée était idéale, le matos durait plus longtemps et tu en perdais moins à faire les maintenances et réparations.

— Hé, regarde ça. l’interpellas-tu, te tournant un peu pour lui montrer les contrôles sur l’écran. J’ai un gant avec lequel on peut gérer tous les contrôles sans la tablette, mais il faut que j’remplace la puce et l’récepteur pour augmenter la portée.

Ce n’était pas difficile de comprendre que tu étais un adepte de jeux vidéos au vu de la façon dont tu avais configuré le panneau de contrôle. Tu avais des flèches pour le mouvement rapide, une zone de rotation tactile et plusieurs touches numérotées, disposées en lignes, comme des barres de skills dans les MMRPG. Tu fis que la plateforme avance et recule un peu avec les touches, puis tu la fis tourner en passant ton doigt sur la partie pad pour lui montrer comment faire. Il y avait une touche pour changer la vitesse, également – autant en tapant le chiffre, comme en appuyant sur un mode par défaut.

— En attendant, ça c’bouge comme ça. ajoutas-tu, tendant la tablette à la rousse. Tu veux essayer jusqu’à l’entrée du garage ? proposas-tu, marquant une courte pause avant de lui adresser un sourire en coin et malicieux : J’ai juste un conseil, si tu bouscules un d’ces pégus d’bourge : bas les s’ils se mettent au milieu. Assure-toi de bien leur passer par dessus ou de les yeeter s’ils dégagent pas.