Une journée tout ce qu'il y a de plus normale et paisible en vue, mais tout ce qu'il y a de plus chiant à crever aussi, de la paperasse, encore de la paperasse, toujours plus de paperasse, et quand tu crois que c'est enfin terminé, elle se révèle être encore plus infinie que l'Hydre de Lerne, parce qu'à chaque fois que tu finis de remplir et signer un dossier, il y en a trois de plus qui apparaissent comme par magie sur ton bureau... Ca m'emmerde, je ne sais pas tout ce que je donnerais pour qu'il se passe quelque chose là, maintenant, tout de suite !

Et ben voila, une fois de plus, j'aurais mieux faire de me taire, j'entends qu'il y a du grabuge en bas, une prise d'otage ? Sérieusement ? Je parlais d'un truc qui aurait pu me permettre de me barrer fissa, pas que je sois bloqué ici pendant des plombes... MERDE ! L'épouvantail ? Il est encore dans le circuit celui-là ? Merde, bon. Et ben en avant... J'active ma montre et je lance les commandes à distance.

"Upsilonn, protocole Döppleganger... Attaque sur la mairie, c'est l'Epouvantail, envoie la Bat en soutien.
-Tout de suite papa, la cavalerie est en route ! Et je parle de moi bien évidemment, arrivée estimée dans 4 minutes !"

En attendant, je vais coopérer, je sais que Crane s'attend à ce que je fasse une erreur, et ça ne sera pas le cas, je vais volontairement me mettre en position de faiblesse, évacuer tout le monde, péter la gueule à tous ses abrutis de sbires, et quand il ne restera plus que lui et moi, je sortirais le grand jeu, de toute façon cet enfoiré est déjà convaincu que je suis Batwing, un peu plus de soupçons ne lui sera pas très utile, ce qu'il veut, c'est un public, un auditoire, si nous ne sommes que tous les deux sans aucune possibilité d'enregistrer les évènements, ça risque de ne pas lui être très utile, et voire même de le pousser à commettre une faute que je pourrais exploiter.

Il m'appelle, je suis obligé de répondre, si le maire se dégonfle et ne lui tient pas tête, la ville ne croira plus en mes beaux discours et ma réputation d'ex-flic et d'ex-militaire vont sérieusement en prendre un coup. Ce n'est pas en cédant aux effets théâtraux de ces enfoirés qu'on gagne contre eux, au contraire, le meilleur moyen de les faire sombrer dans le ridicule, et puis à terme, dans la dérision et dans l'oubli, c'est de les vaincre à leur propre jeu.

Je bidouille ma montre pour qu'un coup de fil au GCPD soit immédiatement passé, avec une diffusion audio de tout ce qui va se passer soit directement mise à leur disposition, parce que dans l'idéal, je voudrais qu'après que je lui ai exploser sa gueule de mannequin de paille, que son corps brisé soit livré à la police pour qu'ils profitent des lauriers ! C'est le moins que je puisse faire pour me montrer cohérent et prouver ma reconnaissance quand à la collaboration que nous avons tous.

Je pense même que je vais agir en accord avec une de mes futures propositions... Ca me fait penser que j'espère toujours que Tatiana essaie de prendre du galon.

Trêve de digressions, je descends les escaliers, je suis serein, confiant, assuré, j'espère que ça va inspirer mes collègues ici présents. Mon regard croise celui de l'ennemi, puis individuellement ceux de tous ses sbires.

"Toujours pas envie de vous montrer un tant soit peu digne Johnathan ? A combien pour prendre d'assaut un endroit qui ne dispose d'aucune arme ? Ne craignez-vous pas de passer pour un pleutre qui a PEUR d'être vaincu par un simplet de politicard, et ce, à mains nues ? Vous me décevez un peu plus à chaque apparition mon bon docteur...

Mes amis, chers collègues, ne vous en faites pas, tout va bien se passer, aucun d'entre eux ne vous fera de mal, ils ne peuvent pas se le permettre. L'épouvantail a parfaitement conscience que mon entière collaboration lui est toute acquise, tant qu'aucune victime n'est à déplorer, pas même une égratignure... N'est-ce pas ?"

J'entends son discours, et pour l'instant, à par se mettre à hurler de terreur, ce qui n'est pas surprenant aux vues de ses méthodes, les otages ne sont pas particulièrement maltraités et je suis heureux qu'il réponde à mes attentes malgré le fait qu'il prétende ne pas en tenir compte. J'arrive presque au niveau du rez-de-chaussée quand je lève les bras en signe de totale coopération. Je regarde partout autour de moi, plus particulièrement au niveau des armes des sbires de L'Epouvantail qui me tiennent en joug.

"Je suis en costard les gars, à quel point êtes-vous des couards pour faire dans vos frocs devant un type désarmé ?"

Le regard de Crane est beaucoup trop satisfait, j'imagine qu'il doit avoir planifié une ou deux longueurs d'avance sur mes agissements à venir, et lorsqu'il parle de l'assistance de mes collègues pour me nuire si je venais à faire une erreur, je comprends ce qu'il attend de moi, et bien si tu veux le Batwing mon grand, tu vas l'avoir ! Mais d'abord...

"Ne paniquez pas mes amis, ce sont des mots, du vent, il veut sa confrontation avec un Justicier qui l'a mis en déroute à de nombreuses reprises ces derniers mois, et comme c'est un perdant, mais un mauvais perdant, et qu'il est persuadé que c'est moi ce fameux justicier, il compte se servir de nous comme appât ! Mais rassurez-vous, tout va très bien se passer, l'alarme silencieuse de situation de crise a été déclenchée depuis mon bureau, les renforts sont en route."

Je me demande comment tu vas réagir à ça mon vieux, je viens de me servir de ton propre plan contre toi, et tu vas perdre en crédibilité, en comptant déjà sur le fait que dans la panique à cause de tes substances, les civils vont se souvenir de quoi que ce soit à propager et à répandre, ce qui n'est pas garanti... Je te garantie que tu ne vas pas t'attendre à ce qu'il va te tomber dessus.

Je reste là quelques secondes, le voyant torturer Linda psychologiquement, je me garde à bonne distance des éventuels aérosols que cet enfoiré pourrait déjà être en train de propager, et j'ose espérer que je suis suffisamment loin pour ne pas déjà être sous son emprise quand je ressens une très légère vibration sur mon poignet.

"Je sais que vous voulez Batwing docteur, je regarde les infos moi aussi, en parlant de la vague de peur ambrée, vous ne craignez d'ailleurs pas que cette fois-ci, il se montre particulièrement revanchard ? Nous le sommes tous, mais contrairement à lui, nous n'avons pas les moyens de vous faire payer vos crimes... Lui oui !"

Toutes les lumières s'éteignent brutalement, plus un son à l'exception des cris d'horreur des victimes au sol. Un temps mort s'en suit, les hommes armés cherchent partout autour d'eux et au dessus, eux aussi se mettent à prendre peur, c'est parfait, je suis fier de toi ma chérie, tu apprends vite !

Un premier cri se fait entendre qui n'est pas à l'unisson de ceux des employés maitrisés, c'est le début des festivités.

"Vous me demandiez de le faire venir Jonathan ? Mais il est déjà là !"

Au milieu des malfrats, des lumières bleutées s'illuminent, l'armure a su se frayer un chemin en se servant des hurlements comme couverture sonore pour ses déplacements, et maintenant, voila qu'elle fracasse les os de chaque homme debout dans la pièce, un batarang par-ci, un coup de harpon et un lariat par-là, très rapidement ils finissent tous à terre et le Batwing se dresse entre L'épouvantail et les otages, les bras croisés.

Pour ma part, je me suis glissé pendant l'affrontement, en restant accroupi le plus possible vers le groupe de civils terrorisés et je les guide vers la salle de conférence juste à coté, je ne peux pas prendre le risque de les évacuer dans l'éventualité où Crane aurait laissé des hommes derrière lui pour empêcher le GCPD de se pointer, merde, ça m'arrange pas. J'essaie au maximum de les rassurer, mais je me doute qu'avec les hallucinations liées à la toxine, ils ne vont pas comprendre grand chose à ce que je leur raconte.

"Restez cachés là, ils ne nous ont pas vu partir je pense, je vais aller voir si je peux appeler la police à l'aide, restez bien planqués surtout !"

Je retourne dans la pièce principale, avec le costume qui nous protège, l'air enthousiaste de Crane me fait froid dans le dos, il a l'air d'un enfant le matin de Noël prêt à déballer ses cadeaux, mais qu'est-ce qu'il me prépare bordel ? Tant pis, Upsilonn a brouillé toutes les communications donc on est parfaitement isolés, en coupant l'électricité elle a mit hors service tous les systèmes de surveillance... On est totalement seuls, il faut juste que je m'assure qu'il n'ait rien sur lui, et il faut que je fasse comprendre à ma fille que j'ai besoin d'un scan corps entier. Je dépose ma main sur l'épaule de mon armure et je m'adresse à mon ennemi.

"Je suis curieux de savoir ce que vous avez prévu pour nous ce soir, tous vos gars sont K.O, et vous ne faites pas le poids face à Batwing."

Instantanément, mon intelligence artificielle passe en vision X-ray et reprend la parole après avoir analysé l'adversaire. Sa voix est une réplique parfaite de la mienne, je pense que même lui pourrait se laisser berner, mais sa conviction est faite, je ne pourrais pas utiliser ce genre de stratagème pour faible d'esprit contre lui, il est trop malin, et doit se douter que lorsqu'on a une technologie comme celle du Batwing, la faire bouger sans être aux commandes est un jeu d'enfants, les otages nous ont vu tous les deux au même endroit au même moment, mais ils sont dans un état secondaire, ils seront faciles à convaincre... Pas LUI !

"Jonathan Crane, a.k.a L'Epouvantail, ce soir, tu vas payer pour tous tes crimes passés !"

Au terme de cette sentence, l'armure émet un ultrason pour empêcher son microphone de fonctionner et de capter quoi que ce soit, c'est le moment de lui faire un cadeau, en guise de respect, mais surtout afin de mettre les points sur les i... Je vais me le faire... Je vais le DE-FON-CER CE FILS DE PUTE DE MEURTRIER DE MASSE !

J'adopte un regard résolu et déterminé, puis je me place devant mon armure immobile, en face de ma némésis.

"Je t'avais fait une promesse ce soir-là Crane, et je t'en ai faite une autre le soir de la saint-valentin... Je t'avais promis que si tu te retrouvais à nouveau sur mon chemin, je t'écraserais... Et je suis un homme de parole !"

A ce moment précis, l'armure s'ouvre en grand et me dévore pour s'assembler sur moi, Upsilonn lâche le contrôle et me le donne totalement, l'heure de la vengeance a sonné !!!