Sujet: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Ven 13 Nov 2020 - 2:20
Cette nuit-là, Batman, je n'eus pas besoin de regarder vers le ciel pour y deviner ton symbole immobile brillant d'insolence face au désespoir et au chaos qui animaient les rues de Gotham City. Moi-même, j'avais toutes les raisons de croire que la Cour de Hiboux passerait à l'action, cette nuit-là. Je savais, avant même que la première goutte de sang ne soit versée, que cette nuit serait celle de la vengeance des Ergots. Aussi, je me devais d'être présent. Pas sur ton terrain - tu t'en doutes, Batman - mais dans le royaume de la folie où je régnais en maître depuis mon retour. Ce retour, certes, je le devais en grande partie à ces mêmes Hiboux prétentieux qui se croyaient - et qui se croient toujours, d'ailleurs - les seigneurs de cette ville dégénérée. Mais ne t'y méprends pas ; cette nuit-là, j'œuvrais comme toujours pour mon propre compte, pour ma propre œuvre d'art, ce cher projet dont tu ne tarderas pas à découvrir l'existence.
Cette nuit-là, donc, je m'étais arrangé pour être de garde jusqu'au lever du jour. Mes imbéciles de collègues étaient bien trop contents de me voir remplacer seul leur bande de jeunes internes qu'ils n'eurent pas la présence d'esprit de me soupçonner de quoi que ce soit. Ces crétins étaient prêts à tout pour gagner une nuit paisible loin de cet asile de dingues qu'ils détestaient tant. Aucun d'entre eux, je le sais, n'avaient rêvé d'y travailler un jour. A l'image de nos patients, la plupart de nos soignants s'étaient retrouvés prisonniers de l'asile d'Arkham à la suite d'un sort cruel du destin. Et personne n'acceptait de l'assumer comme il se devait, excepté moi. Certes, à la différence de ces freluquets, j'avais choisi, il y a longtemps, d'offrir mes services de psychiatre à ce sanatorium dans un but que tu ne connais que trop bien, Batman. Mais, quels que soient mes intentions réelles, jamais je n'ai négligé mes devoirs à la tête du service psychiatrique ; j'avais pour mission d'adoucir cette bande d'animaux que tu as créée, et je m'y suis toujours appliqué avec la plus sérieuse et la plus scientifique des dévotions intellectuelles.
Or, je me dois de te l'avouer, Batman, cette nuit-là ne fût pas exactement comme je l'attendais. Non, elle fût bien meilleure encore. Je savais que le destin pousserait l'une de tes victimes au seuil de ma porte. J'ignorais cependant que cette prise de choix ne serait pas la tienne. Que faisais-tu, Batman ? Qu'est-ce qui t'a empêché d'agir pour me faire toi-même ce présent ? Te serais-tu fait bobo quelque part ? Ha. N'aie aucune crainte, je serai bientôt là pour t'administrer le plus irrémédiable des remèdes. Et quand cela arrivera, Batman, tu ne sentiras plus jamais rien. Je te le promets. Je commençais pourtant à m'ennuyer après avoir passé plusieurs heures dans l'attente d'un signe de ta part. Et, lorsque l'alarme retentit enfin, je m'injectai aussitôt une aiguille de morphine dans les veines, prêt à rentrer en scène. C'était une sale habitude que j'avais prise depuis l'échec d'Arkham City. Une addiction passagère dont j'aurais vite fait de me débarrasser avant notre ultime affrontement - je t'interdis d'en douter.
Sur les caméras, je voyais l'agitation qui s'emparait de l'asile nocturne alors que, devant les cellules des détenus les plus insignifiants, défilait malgré elle la coqueluche de la soirée. C'était un patient de niveau 9 ; aussi dangereux que le Joker ou Killer Croc ; un homme qui, selon la réglementation en vigueur, devait être immédiatement conduit dans le couloir inférieur et hautement sécurisé de l'aile des soins intensifs. Une aile que j'avais jadis façonnée pour pouvoir interroger tes pires ennemis et ainsi mieux te connaître. Il n'était pas question que cette nuit soit une exception à la règle.
- Conduisez notre invité vers la salle de consultation B73, ordonnais-je à la garde renforcée en appuyant, depuis mon bureau, sur un bouton qui fit résonner ma voix grave dans l'ascenseur où descendait le comité d'accueil.
Je me redressais ensuite avant de reboutonner ma blouse. Je n'avais pas besoin de me presser car je connaissais avec une précision démente le temps qu'il faudrait à notre hôte pour atteindre la salle où je le rencontrerai à l'abris des oreilles trainantes et des regards indiscrets. Je connaissais parfaitement la procédure puisque je l'avais moi-même mise-au-point pour confronter les sujets les plus récalcitrants dans les meilleures dispositions. Lorsqu'ils quittaient la rue pour être enfermés à Arkham, les patients avaient trop souvent tendance à oublier qu'ils étaient hors-jeu. Cette procédure, donc, était là pour le leur rappeler de la manière la plus convaincante qui soit.
- Et ramenez-moi son masque, ajoutais-je après quelques minutes, toujours depuis l'interphone.
Il fallait les égarer et détruire leurs repères pour leur faire oublier la vanité avec laquelle ils songeaient à nous mordre. Les couloirs infinis de l'asile, tous aussi semblables que ragoutants, étaient parfaitement pensés pour cela. Mais l'aile des soins intensifs, où se suivaient porte de sécurité après porte de sécurité, était encore plus désœuvrante de complexité. Tout en terminant ma tasse de café qui avait refroidit - tu sais bien ô combien je déteste le gâchis - avant de fixer calmement mon badge à ma veste, je m'amusais à imaginer les pensées d'évasion qui pouvaient naître dans la tête de nouveaux patients lorsqu'ils sont emmenés de force et trainés sur un diable vers l'une de mes salles de consultations. Ces pensées malignes qui germent et se développent alors que le prisonnier tente d'enregistrer le chemin parcouru au sein du labyrinthique sanatorium. Ces pensées qui, comme l'orgueil du patient, seront brusquement brisées par le flash aussi soudain que terrifiant de mes lampes aveuglantes. Des lampes à usage strictement médical, tu t'en doutes.
Il est inutile de disserter avec toi sur l'importance de la mise-en-scène. Tu sais très bien ce que c'est que d'emprisonner tes proies dans un spectacle dont tu es le seul maître. Tu connais le frisson des acteurs avant qu'ils ne montent sur les planches et la satisfaction d'avoir conquis son public. Comme au théâtre, tout est question de rythme. Le public doit parfois souffrir en attendant que le protagoniste se présente à lui. Certes, il finira inévitablement par venir aux devants de la scène, mais plus il aura cultivé l'impatience de ses auditeurs, plus ceux-là seront suspendus à ses lèvres lorsqu'il passera à l'acte. N'est-ce pas essentiel à tout protagoniste digne de ce nom ?
- Bienvenue dans mon complexe, monsieur Crane. J'imagine que votre nuit a été longue. Malheureusement pour vous, mon vieil ami, celle-ci ne fait que commencer.
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Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Ven 13 Nov 2020 - 7:55
Délivre-nous du mal My reign of terror starts now ! La haine et la colère grondaient en lui tel un volcan prêt à entrer en éruption. Il fusillait du regard l'infirmier chargé d'appliquer les premiers soins sur ses blessures ainsi que de lui recoudre le visage. Visiblement, il était mal à l'aise. Tellement mal à l'aise qu'il avait demandé à un autre de continuer le boulot à sa place, mais celui-ci se désista également. Puis un autre, puis encore un. Jonathan Crane était un monstre, c'était connu de tout Gotham depuis des années. Quel genre d'être, hormis un monstre, pouvait prendre un plaisir sadique à extirper les peurs des esprits des gens afin de provoquer un face-à-face aussi dangereux que puissant? Seul un être des plus abjectes pouvait forcer ses victimes à vivre dans la peur jusqu'à la fin de leurs jours. Si cela n'avait été de cette attitude, que plusieurs plaçaient dans la plus totale ignorance dans la catégorie des folies, Jonathan Crane aurait pu réussir dans la vie et allez loin : il avait l'intelligence, le charisme, la prestance, l'ambition. Des qualités qu'il conservait malgré sa chute. Chute qui, selon les diagnostiques externes, pouvait être attribué à sa jeunesse horrible. Qu'il était pathétique, voir même hérétique, de croire que les maux des patients d'Arkham trouvaient tous leur source dans l'enfance. Un traumatisme qui persiste dénote une faiblesse de l'esprit humain. Tout individu étant incapable de passer outre ces dérangements méritaient d'en subir les conséquences à long terme. Certes, il avait vécu une enfance peu ordinaire, mais au lieu de se laisser malmener par elle, il la faisait avancer avec lui. Il avait depuis longtemps plongé et embrassé les ténèbres de son âme, devenant ainsi le monstre que tous voyaient en lui. Aujourd'hui, le monstre était plus visible que jamais. L'Ergot, et par conséquent la Cour des Hiboux, avait à tout jamais laissé sa marque sur lui. Une entaille digne des grands grizzlys parcourait tout son visage, manquant de peu son œil droit et déchirant sa joue gauche, sans parler de son nez mutilé. La fatigue le tenaillait à cause de tout le sang qu'il avait perdu et les ecchymoses sur tout son corps n'arrangeaient pas le portrait. Son costume était en lambeaux, son masque toujours accroché à sa ceinture, et ses armes lui avaient été confisquées. Jamais il n'avait été en si mauvais état, même contre Batman. Tandis que le personnel de santé tentait tant bien que mal de faire son travail et malgré a douleur horrible qu'il ressentait, Crane était amusé. En son fort intérieur, le fait qu'il soit vivant signifiait qu'il aurait droit à sa revanche en temps voulu. La Cour des Hiboux paierait pour tous ses affronts et il pourrait reprendre son travail là où il l'avait laissé. Il fut arraché à ses pensées morbides en voyant l'hésitation de la chirurgienne penché sur son cas. Elle le dévisageait d'un regard si familier pour l'Épouvantail : celui du dégoût, de l'horreur... et surtout de la peur. La peur de ne pas avoir le courage de passer à l'acte, la peur des conséquences, la peur de la culpabilité de la conscience pour le reste de votre vie. Cette femme avait envie de le tuer, cela se lisait dans ses yeux. Elle avait une chance inouïe, au creux de cette ambulance destinée à l'Asile d'Arkham, de mettre fin à l'existence d'un cauchemar ambulant. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était de mal équilibrer les doses de morphine. Elle pouvait devenir une héroïne ou une martyre, peu lui importait, mais elle avait une chance de toute une vie devant elle. La voyant hésiter, Crane prit la parole. - La peur est comme un serpent ma chère : sinueuse, elle s'infiltre dans tous les recoins de l'esprit. Patiente, car elle prend le temps de ronger les fondations de votre volonté. Puissante, car une fois qu'elle vous tient, votre seule liberté possible est la mort. Vous, ma chère, vous êtes à ce stade. Le serpent est affamé, il s'est enroulé tout autour de vous... et la peur va bientôt vous consumez. Devant cette intervention, la chirurgienne s'était figée. Crane ne saurait jamais le fond de ses pensées, car ses quelques mots lui avait permis de gagner quelques précieuses secondes. Juste assez pour permettre à un policier de venir voir ce qu'il se passait et de surveiller l'opération. Il n'était pas certain que l'homme de loi était plus pacifique dans ses intentions que la femme, mais le fait qu'ils étaient là tous les deux lui donnait une immunité : le risque d'être dénoncé était trop grand. La chirurgienne termina son travail et sortit du véhicule, ses portes se refermant aussitôt. L'ambulance quitta ensuite la station de traitement des eaux, lieu de son infortune et de sa défaite, mais ce n'était que partie remise. Il s'était fait tant de nouveaux ennemis ce soir... La Cour des Hiboux, pour avoir osé le menacer et pour avoir volé ses travaux, Deathstroke pour l'avoir trahit comme un lâche, les deux petites pestes qui s'étaient mise en travers de son chemin alors qu'il était plus vulnérable que jamais. Il leur rendrait tous visite le moment venu et ils gouteraient tous à la peur, même Slade Wilson qui aimait tant se targuer de ne pas être sensible à la toxine de l'Épouvantail. Ne t'en fait pas mercenaire, car avec la bonne formule, on peut tout faire. Le trajet dura un certain temps durant lequel Crane somnola dans son lit attaché par des sangles et sous la garde de deux infirmiers et d'un policier. Il reprit pleinement conscience lorsque son lit fut glissé hors du véhicule et placé en diagonal, devenant ainsi un diable. Odeur familière, vent sinistre, procédure standard pour des criminels dangereux... Pas de doute, il était revenu à l'asile Arkham, ce cher foyer. Ici, il prendrait le temps de se reposer, de guérir et de réfléchir à la suite des opérations. Alors que des gardes armés accouraient pour cueillir le nouveau résident, Crane continuait à dévisager tout ce qui l'entourait de son regard monstrueux dévoré par la haine. Les employés de l'établissement y étaient moins sensibles que le reste du monde, d'autant plus qu'il semblait en reconnaître un ou deux de l'époque il fut lui-même directeur des lieux. Cela semblait si loin déjà. L'Épouvantail fut emmené dans les nombreux couloirs et les innombrables pièces si familiers de l'édifice. D'abord la fouille, pour vérifier que le détenu était véritablement désarmé. On lui enleva son masque par la même occasion, ce qu'il n'apprécia pas même s'il savait que c'était le protocole à suivre. Ensuite, l'accueil : la paperasse habituelle pour indiquer aux archives l'arrivée d'un nouveau patient. Venait après la séance de photos car, avec son nouveau visage, il était important de tenir les registres à jour. Il passa ensuite à l'infirmerie et fut passé au peigne fin par le personnel des lieux. Ses plaies ayant été pansées et sa balafre recousue, il était fin prêt à descendre à rejoindre sa cellule d'isolement située dans la section de l'asile connue sous le nom de soins intensifs. Tant de portes blindées et de codes plus élaborés les uns que les autres, tout ça pour empêcher les super-criminels de prendre la fuite. Il était ironique de constater que c'était les résidents, et non les employés, qui connaissaient mieux l'asile. Ils avaient toujours trouvé le moyen de s'enfuir malgré les protocoles et toujours ils continueraient à s'enfuir. L'erreur est humaine et tous ceux qui étaient enfermés ici attendaient l'occasion d'en profiter. Après un parcours interminable dans des couloirs familiers et des ascenseurs grinçants, Crane constata qu'il n'était pas emmené dans une cellule. Cela ressemblait plutôt à l'aile des salles de consultation. Qui pouvait bien vouloir le questionner à cette heure de la nuit et surtout dans son état? Cette constatation acheva de le réveiller et il remit de l'ordre dans ses pensées, essayant de se rappeler des personnes occupant les postes importants actuellement. Le temps qu'il réfléchisse, il avait déjà été entrainé dans une salle et laissé dans le noir. Lorsque la porte fut refermée derrière les gardes, Jonathan Crane fut ébloui comme jamais il ne le fut auparavant par une lumière aussi cruelle qu'horrible. L'intensité des projecteurs était telle qu'il en avait mal aux yeux et des larmes coulaient de ceux-ci. Il lui était impossible, pour le moment, d'éviter la lumière. Peu importe qui se cachait derrière cet acte, il n'allait pas tarder à le savoir de toute façon. Et la voix qu'il entendit le figea non pas de peur, mais de surprise. Hugo Strange, son ancien collègue de l'université, était là devant lui, probablement entrain d'afficher son sourire narquois et ses yeux, d'où brillaient une intelligence profonde, cachés derrière ces fonds de bouteille horribles. Il connaissait le genre de travaux qui intéressaient le professeur, aussi il se demanda ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Bien qu'ils soient tous deux psychiatres, leurs similitudes s'arrêtaient là. Ricanant, Crane répondit au bon professeur. - Professeur Strange, est-ce ainsi que l'on traite un ancien collègue? Qu'est-ce que je fais ici? Je n'ai nulle envie de discuter avec vous pour le moment. Revenez demain pour votre séance.
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Dernière édition par Jonathan Crane/Scarecrow le Mar 17 Nov 2020 - 6:50, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Dim 15 Nov 2020 - 4:12
Toi-même tu sais combien il peut être difficile d'obtenir quelque chose de tes proies quand celles-ci sont convaincues de n'avoir rien à t'offrir. Savoir identifier le point faible sur lequel appuyer pour obtenir gain de cause est un savoir-faire qui ne t'est pas plus inconnu qu'à moi. Tous deux, nous maîtrisons les rouages de cet art si délicat et pourtant si attrayant. L'esprit humain est une énigme aux réponses bien décevantes, mais une énigme qui a perdu tous ses secrets face à un maître de mon envergure. Toi, tu te dis détective, mais en vérité, tu n'es qu'un amateur qui joue les professionnels à l'aide de gadgets hors de prix. Moi, je n'ai pas eu besoin de dépenser un seul centime pour deviner ta véritable identité. Non, j'ai découvert ton plus grand secret grâce à mon intelligence. Et c'est en cela, Batman, que je te serai à jamais supérieur. Maintenant et en gardant en mémoire tout ce que j'ai accompli seul, essaye simplement d'imaginer ce dont je suis capable lorsque je dispose du temps, du soutien humain et des moyens logistiques nécessaires pour obtenir ce que je veux...
- Mais nous sommes déjà demain, Jonathan, lui expliquais-je d'une voix profonde alors que je m'avançais vers l'armoire à pharmacie d'un pas serein. Et notre entretien vient tout juste de commencer.
Cette nuit-là, encore et toujours, Crane était devenu ma proie. Peut-être pas la plus fascinante du catalogue des vilains en liberté puisque je connaissais déjà son passé, ses motivations et ses secrets. En revanche et pour assurer la solidité de mon plan, je devais me délecter de son histoire récente en entendant de sa propre bouche les événements qui l'ont conduit jusqu'à ce cachot. Bien sûr, je ne pouvais pas me permettre de le briser comme lui se permettait de détruire à jamais les âmes les plus sensibles à l'aide de cette toxine qui faisait sa plus sinistre réputation. En plus d'avoir été jadis l'un de mes collègues au sein de l'université de Gotham City, Crane était un pion bien trop important pour être mis hors d'état de nuire. Non, l'épouvantail devait poursuivre son œuvre si essentielle. Mais avant cela, il allait d'abord répondre à mes questions, de gré ou de force. C'est pour cette alternative que je commençais à remplir mes seringues, les alignant les unes à côté des autres sur le plateau que je préparais dans son dos.
- Nous devrions profiter l'un et l'autre de cette occasion qui nous est offerte pour tailler une bavette, après tout ce temps. Qu'en dites-vous, monsieur Crane ? Peut-être qu'un petit tranquillisant vous aidera à retrouver les idées claires après toutes ces rudes épreuves que vous avez traversées.
Zsasz m'avait confié un jour qu'il connaissait un moment de béatitude semblable à celui qui suit le coït humain après éjaculation lorsqu'il voyait la lumière s'éteindre dans les yeux de ses victimes. Sans aller plus loin dans la comparaison avec ce pervers, je dois bien t'avouer, Batman, qu'il m'arrivait de connaître une euphorie quelque peu similaire lorsque je venais à découvrir les secrets que mes patients s'obstinaient à cacher. Délier les langues a toujours été ma plus grande spécialité, celle pour laquelle tant de puissants ont essayé de m'acheter. Mais toi, Batman, tu n'as pas la moindre idée du nombre de gens qui ont accepté de m'aider lorsque je me suis dressé contre toi. Ils sont des légions entières à attendre gentiment leur moment pour passer à l'attaque et pour te détruire. Mais aussi précieuse qu'eût été leur aide, ces crétins ignorent encore que ce sera moi, Hugo Strange, qui te détruirai. Qu'ils l'acceptent ou non, je leur ferai comprendre. Et je leur montrerai alors le vrai sens du mot « opiniâtreté ».
- Nous avons tant en commun, Jonathan, continuais-je après lui avoir injecté un léger sédatif dans la nuque, histoire de rompre quelques barrières. Et malgré nos pauvres différents, je suis sûr qu'il n'est pas trop tard pour que nous devenions amis, tous les deux.
Lui comme moi se moquait bien de l'amitié. Mais Crane était une homme suffisamment intelligent pour comprendre ce que je voulais insinuer par là. Evidemment, je ne pouvais pas rendre mon affirmation plus hypocrite si je ne faisais pas ne serait-ce qu’un geste en sa direction comme pour lui montrer que tout n'était pas si noir en cette heure si sombre. Aussi, je venais réduire la puissance de la lumière qui, jusque-là, lui écrasait les yeux. Je vins ensuite me poster face à lui, un sourire presque engageant sur les lèvres. Un sourire que j’avais préparé et répété de longues heures avant de le produire pour cet instant précis.
- Vous savez ce que je veux, Jonathan. Racontez-moi tout. Comment votre soirée a-t-elle débuté ? Je vous écoute.
Invité
Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Mar 17 Nov 2020 - 6:49
Délivre-nous du mal My reign of terror starts now ! Déjà demain? Combien de temps avait durée cette soirée dans le quartier de Tricorner Yards? Les événements des dernières heures lui ont semblé être une éternité tant il avait passé trop près de la mort à de nombreuses reprises. Jonathan Crane aspirait à dormir et recouvrer physiquement et psychologiquement dans la cellule qui lui avait assignée. Au lieu de cela, au lieu de la béatitude qu'il méritait, il devait se coltiner Hugo Strange et ses interrogatoires sans fin. Ajouté à cela un air arrogant et suffisant et vous obtenez le mélange parfait pour un moment désagréable. Il l'écoutait déblatérer ses paroles, l'ignorant à moitié. Il en avait déjà assez. Il voulait tellement se montrer peu coopératif que son tourmenteur se verrait dans l'obligation de le laisser se reposer avant d'entreprendre quoique ce soit. C'est ce qu'il pensait... jusqu'à ce qu'il entende le cliquetis distinctif de seringues s'entrechoquant. - Je vous averti Strange : si vous m'injectez avec quoique ce soit, je me ferai un plaisir de vous rendre la pareille la prochaine fois en rendant vos terreurs plus réelles que jamais. Ses menaces tombèrent dans une sourde oreille. Étrangement, il ne sentit presque pas la piqure lorsqu'elle celle-ci perça la peau de sa nuque. À l'intérieur, au creux de son être, il rageait. Il bouillonnait tant il avait envie de tuer cet homme qui avait autrefois été son collègue. Il serrait les poings tellement fort que ses jointures devinrent blanches. Ses yeux exprimaient une rage sans nom et ses dents grinçaient à l'idée de se retrouver en tant que patient dans une expérience qu'il ne désirait pas. Ô cruelle ironie du sort de se retrouver à la place de tous ces malheureux qu'il avait fait plonger dans les plus terribles cauchemars. Il aurait pu se dire, dans un moment d'égarement, que c'était là le karmas qui était à l'œuvre. Les muscles de son visage se détendirent alors qu'il revint à la raison, repoussant cette idée grotesque de son esprit scientifique. Sa respiration commençait à se calmer alors qu'il avait l'impression de ne plus être aussi en danger qu'il l'était au départ. Son corps se détendit progressivement alors que son esprit continuait d'analyser malgré la somnolence de plus en plus forte. À première vue, Strange lui avait donné un sédatif, rien de bien méchant jusqu'à présent. Qui sait par contre jusqu'où irait Strange dans ses méthodes pour obtenir les informations qu'il voulait. - Je n'ai rien à vous dire Strange. Laissez tomber les histoires d'amitié, ça n'a pas fonctionné à l'époque et ça ne fonctionnera pas plus aujourd'hui. Malgré nos similitudes, nous sommes également très différents. La voix de Crane était empreinte d'arrogance malgré sa situation, ricanant au nez et à la barbe de son geôlier. Il n'aimait pas être pris de haut et encore moins pour un idiot. Oh, il savait que Strange était un manipulateur de première et que ses belles paroles cachaient toujours ses réelles intentions. Il était aussi énigmatique que dangereux, mais il n'avait pas peur. Il ne ressentait plus cette si délicieuse émotion depuis tant d'années. Il avait tant abusé de sa toxine que son cerveau avait acquis l'immunité. La seule chose pouvant encore lui procurer une sensation de peur était Batman. Il ne l'avait d'ailleurs pas croisé au cours de ces derniers mois hormis un pâle imitateur pas bien dans sa tête. Il aurait le piquer celui-là, il aurait sûrement été très intéressant à écouter, mais bref, il s'égarait. Strange s'était placé devant lui et lui sommait de lui raconter sa soirée. Quel était l'intérêt de cet énergumène dans ses activités, il ne s'en souciait guère. Les choses avaient changées. Ce plan n'était plus d'actualité, il devait trouver autre chose. Raconter ce qu'il avait vécu n'allait donc pas causer de problème, mais tout avait un prix. - Vous voulez connaître mon histoire? Eh bien soit, vous l'aurez, je m'en moque. Cela dit, c'est donnant donnant cher docteur. Après, tailler une bavette se fait dans les deux sens. Et pour vous prouvez ma bonne foi, je vais commencer. Le sédatif avait complètement fait effet. Il avait les idées plus claires même si la somnolence était plus pressante. Il apprécia grandement la diminution en intensité des projecteurs, ce qui lui permis de rediriger son énergie vers la remise en ordre de ses pensées. Il pouvait maintenant voir son interrogateur en face, leurs visages séparés de quelques centimètres. Lui, droit et fier, en tenue parfaite, maître de la situation. Crane, épuisé mais arrogant, en haillons et soumis malgré lui. Un jour les rôles seraient inversés et ils seraient quitte. Cependant, pour le moment il devait jouer le jeu. Il savait que Strange n'était pas un imbécile, il devait donc agir en conséquence. C'était le début d'une bataille mentale. - Depuis ma précédente évasion, je me donnais pour objectif d'analyser les eaux passant dans la station de traitement. Le but de ce long processus était d'avoir les données les plus exactes sur les composantes chimiques des réserves d'eau de Gotham et ce afin de pouvoir fabriquer la toxine la plus parfaite. Toxine qui aurait ensuite été déversée au terme d'une préparation complexe et dont les conséquences auraient été mortelles pour les habitants de la ville. J'étais donc entrain de faire mes affaires comme d'habitude. Jusqu'à ce que deux Ergots décident de m'interrompre de la manière la plus désagréable possible. Cela dit, docteur, pourquoi voulez-vous savoir tout ceci? C'était un jeu qui se jouait à deux et il n'avait pas l'intention de se laisser mener tout au long de la partie. Jonathan Crane était également psychiatre et poser des questions faisait partie de son travail actuel et passé. À défaut de pouvoir dominer, il ne se laisserait pas écraser. S'il voulait avoir de quoi riposter contre Strange le moment venu, il allait avoir besoin d'informations provenant de la bouche même du concerné. Cette situation pouvait être inversé à tout moment, Crane devenant l'interrogateur et Strange l'interrogé. Il se tût, attendant la réponse de l'homme en face de lui qui avait l'air d'une statue tant il était concentré sur son sujet.
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Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Mer 18 Nov 2020 - 23:59
J'ai toujours été fasciné par ces mécanismes que développe l'esprit humain pour se protéger de la dure réalité. As-tu déjà discuté avec des menteurs compulsifs ? Ces gens qui s'obligent à mentir pour ne jamais avoir à admettre leurs faiblesses ou leurs erreurs. Imagine un parricide qui jure jusqu'à son dernier souffle qu'il est innocent. Personne d'influent n'osera le croire puisqu'il a été prouvé qu'il était coupable et condamné par conséquent à la peine capitale. Pourtant, dans son désespoir, le parricide continuera néanmoins à clamer son innocence, hurlant que c'est une erreur, que le vrai coupable court toujours et qu'ils ont attrapé la mauvaise personne. Encore, encore et encore, jusqu'à s'en convaincre lui-même, embrassant cette illusion réconfortante plutôt que d'accepter la vérité vraie. Prisonniers des mensonges qu'ils bâtissent autour d'eux pour ne jamais perdre l'espoir nécessaire à la préservation de sa santé mentale, faute de quoi son esprit déjà perturbé sombrerait inéluctablement dans la démence. Un jeu à somme nulle dans lequel l'être humain n’a guère d’autres choix que de se comporter comme un imbécile. Et lorsque je regardais Crane, je voyais cette même arrogance, ce désespoir le poussant à penser qu’il était en mesure de négocier avec moi. Le simple fait qu’il veuille y croire était déjà une victoire dans mon entreprise aux allures thérapeutiques. Je devais l’en convaincre, le rassurer pour pouvoir en extraire d’informations possibles. C’était un jeu à somme nulle, je te le rappelle. Et comme tout thérapeute de talent, je connaissais les ressorts rhétoriques pour y parvenir.
- Pourquoi pensez-vous que je m'y intéresse, Jonathan ? Nos intérêts ne sont pas si différents. Ils pourraient peut-être même être complémentaires.
Si seulement tu étais là pour le voir, Batman. Je suis certain qu’en contemplant le si terrifiant Épouvantail de Gotham City dans un état aussi pitoyable, tu aurais compris pourquoi je riais intérieurement derrière mon masque patibulaire. La procédure fonctionnait à merveille puisqu’il gagnait en docilité à mesure qu’il s’égarait à travers le temps et l’espace. Je voyais sa réalité vaciller et son besoin d’accéder à la vérité se faire impérieux alors qu’il me lançait des regards dignes d'une drame. Toujours souriant, je me redressais un instant et lançai un regard manifeste en direction de mes seringues - que le patient ne pouvait voir et donc qu’imaginer derrière lui. Mais après un court moment de silence, je le regardais à nouveau avant de marmonner.
- Des Ergots, vous dites ? Il me semblait bien avoir entendu ça quelque part.
Tranquillement, je m’avançais vers lui avec de me saisir d’une télécommande avec laquelle je visais d’un geste lent un vieil écran de télévision présent dans la salle. J’allumais le poste, montais le volume déjà élevé pour que Crane puisse entendre malgré son état de somnolence, et commençais à parcourir les chaînes d’information, les unes après les autres. Je savais que j’y toucherais un chaos capable de le réveiller au vue des évènements tragiques qui remuaient encore à cette heure-ci les rues de Gotham City. Les images, bien plus parlantes qu’un long discours, défilaient les unes après les autres. Je ne m’attardais sur aucune d’entre elles, n’offrant sur chaque sujet évoqué qu’un avant-goût de quelques secondes à mon patient avant d’appuyer avec rythme sur un autre bouton. C’était comme jouer du piano avec ses nerfs jusqu’à l'instant où je décidai de mettre un terme à ce supplice de Tantale.
- ...ravité extrême de la situation, nous devons assumer nos responsabilités et veiller à la protection de chacun de nos concitoy… - ...rès des violences d’une gravité inouïe. Plusieurs lieux emblêmatiques de Gotham ont été pris pour cible : le Grand Hot… - ...ssurance que nous aurons plus de réponses, vous serez les premiers informés. » Une déclaration qui peine à satisf-... - …déo fait déjà des milliers de vues sur Youtube. Elle a été filmée par un voisin qui résidait au premier étage de la -... - ...ais seulement une question : que fait Batman ?! Ouais, c’est fait : QUE FAIT BATMA-...
Je marquais un autre silence après avoir reposé la télécommande. Je voulais lui laisser le temps de digérer le torrent de révélations que l'écran venait de lui assénait aussi brutalement qu'une pluie météorites. Peut-être était-ce l'occasion pour lui de reconsidérer sa position en admettant qu'il était perdu au milieu d'un crépuscule dont il ignorait toute l'étendue chaotique ? Je ne me faisais pas trop d'illusions. Quoi qu'il arrive, je finirai bien par l'amener là où je le désirerais.
- Comme vous l'avez vu, personne dans cette ville ne s'inquiète pour vous. Personne à part moi, Jonathan. Alors, que s'est-il passé ensuite ?
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Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Lun 23 Nov 2020 - 16:17
Délivre-nous du mal My reign of terror starts now ! Attaché à sa civière, Jonathan Crane fulminait intérieurement. Hugo Strange le traitait comme un vulgaire rat, un voleur de bas étage, un patient parmi tant d'autres. Il ne connaissait pas les tenants et aboutissants de cet entretien privé, mais il ne se laisserait pas faire. Il voyait à travers son petit jeu. Derrière ce sourire fait et refait tellement de fois qu'il en avait laissé des rides sur les joues du bon docteur se cachait d'obscures manigances. Pourquoi Strange désirait-il vraiment connaître toute l'étendue de son aventure à la station de traitement des eaux? Sa manière de se déplacer, de procéder, de toujours jeter un regard sur ses seringues derrière son invité... Non, c'était autre chose, il savait déjà ce qu'il se passait. C'était une mise en scène bien ficelée pour lire entre les lignes de ses réponses, l'information cachée derrière l'information. Technique classique de psychiatrie. Le fait que Strange lui montre les images à la télévision n'était qu'une preuve supplémentaire. Selon ce qu'il avait pu voir et selon ce que les Ergots avaient racontés à la station, la ville avait été attaquée en plusieurs points vitaux. Le fait qu'il ait été pris entre deux feux n'avait été que pure malchance. Personne ne parlait de lui? Évidemment que personne ne parlerait de lui, il n'avait rien à voir dans tout ça. Crane aimait être reconnu pour ses méfaits, mais était assez honnête pour ne pas s'accaparer le travail des autres. Le bon docteur pensait que ce manque de notoriété lui causait du tort, mais c'était tout à fait le contraire. - L'inquiétude est un état d'âme qui ne vous sied pas, Strange. Tout au plus vous vous préoccupez de vous-même, mais des autres? J'en doute. Je suis exposé ici comme un outil que vous pourrez jeter après usage. Lorsque cela arrivera, votre beau discours sera bien loin dans les tréfonds de votre crâne dépouillé. Crane était bien décidé à ne pas parler, mais il savait que cela viendrait tôt ou tard. Le défi en ce moment était de découvrir ce que son tortionnaire désirait avant qu'il ne se décide à employer son arsenal. Ce combat déloyal finirait par tourner en la faveur du docteur. Strange n'était rien si la coopération était absente et c'est bien pour cela qu'il se devait de la générer à l'aide d'entraves et de solutions à introduire dans le corps de ceux osant s'élever contre lui. Cependant, croire que le Maître de la Peur pouvait être enchaîné et balloté était une lourde erreur que beaucoup avaient payés de leur vie. Hugo Strange ne ferait pas exception, le moment venu. Enchainer la peur, la priver de son droit naturel de s'introduire dans l'esprit des êtres vivants, était un gage d'une efficacité et d'une violence redoublées. - Par ailleurs, je suis fort heureux de ne pas être mentionné au bulletin de nouvelles. Advenant une telle possibilité, j'aimerais mieux être la cause de tous ces malheurs plutôt que d'avoir été piégé par un ramassis de nobliaux taris et décadents incapable de s'adapter à la réalité de la Gotham d'aujourd'hui. Crane devait creuser la question, à savoir s'il existait un lien entre Strange et la Cour des Hiboux. Il savait qu'il ne parlerait pas ouvertement. L'Épouvantail savait qu'il devrait lire lui aussi entre les lignes, observer les moindres faits et gestes, entendre le plus infime changement d'intonation dans la voix pour grapiller le moindre indice. Chaque miette que Strange laisserait tomber serait une arme à utiliser, d'infimes partie d'un couteau qui serait assemblé avec le temps. Un couteau qui serait brandi au moment opportun par l'ombre de l'Épouvantail ayant patiemment atte du le moment de sa vengeance. Il déclencherait les peurs de cet infâme personnage et le verrait crouler à ses pieds, quémandant la clémence de son dieu tel le ver qu'il était. D'ailleurs, pourquoi attendre? Pourquoi ne pas avoir un avant-goût de ce que ça serait? Il devait, lui aussi, emmener Strange là où il le voulait. Patience... - De quoi avez-vous peur, petit docteur? Elle doit être bien ensevelie derrière tous ces faux-semblant et cette hypocrisie, mais je suis certain qu'à deux nous pourrons la faire rejaillir au grand jour.
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Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Dim 29 Nov 2020 - 23:58
Ce que Crane ignorait ne pouvait lui faire de mal. Ce qu'il savait, en revanche, je devais m'en emparer rapidement tant il m'était nécessaire de comprendre ce que mijotaient les Ergots. Il rechignait à parler, néanmoins, usant de ses dernières forces au profit de son orgueil. A vrai dire, je n'en attendais pas moins de lui. Sa détermination était digne de la peur qu'il insufflait à ses ennemis. Elle était vaine, cependant, et même s'il s'acharnait à vouloir me tenir tête, je voyais au fond de son regard injecté de sang qu'il savait que ce jeu futile ne servirait à rien face à moi. D'autant plus qu'il avait été à ma place, par le passé, lorsqu'il était à la tête de l'asile. Or, aujourd'hui, c'était moi qui avait le privilège dominant d'arborer la blouse blanche. Fidèle à mon sacerdoce, j'affichais une grimace faussement contrariée face à ses accusations avant de rétorquer d'un ton du même acabit.
- Vous savez combien il est ordinaire qu'un patient reproche à son thérapeute des chimères qu'il aimerait bien lui voir admettre plutôt que d'accepter sa propre situation.
Je m'orientais alors vers mon matériel, bien décidé à passer à l'étape suivante, mais je fus interrompu dans mon élan par la voix de Crane qui revenait à la charge. Le bougre s'estimait heureux d'être sous le feu de mes projecteurs plutôt que de ceux de la télévision. C'était compréhensible ; ces zouaves qui s'occupent de l'information peuvent se transformer en de bien cruels tortionnaires lorsqu'ils s'emparent d'un sujet comme celui-là. De plus, il leur avait plus d'une fois servi de bouc-émissaires. En y repensant, cela me rappelait l'époque où nous travaillions dans la même faculté où il était déjà perçu comme un canard boiteux par la plupart de nos collègues. Crane n'avait pas l'intelligence que j'avais développé pour endormir mes semblables, qu'ils soient de riches intellectuels ou d'obstinés fouille-merde. Mais, lui comme moi, nous méprisions cette caste d'aristocrates qui gouvernaient Gotham comme si cette ville leur revenait par héritage, aussi bien dans l'ombre des rues et des parlements obscurs que dans la lumière de ses plus grandes instances et entreprises. Aussi, lorsque je m'emparais finalement d'une seringue sur le plateau que j'avais préparé précédemment, lui me posait la sempiternelle question qu'il adressait à chacune de ses victimes. Ignorant sa demande, je corrigeais froidement son « petit docteur » d'un strict « professeur » avant d'empoigner un tabouret à roulettes qui trainait dans un coin. Je le tirais en direction de Crane pour venir m'asseoir devant lui et d'ainsi le dévisager. Il y avait quelque chose de vrai dans son discours que je devais vérifier avant de lui injecter la dose entre mes doigts gantés de noir.
- Nous nous sommes faits tout seul, Jonathan. Nous incarnons la promesse que ce pays offrait jadis à ses colons. Et pourtant, regardez nous... Nous sommes bien loin de la grandeur qui devrait échoir aux êtres brillants et exceptionnels que nous sommes. Au lieu de nous écouter, les cerveaux malades de cette ville préfèrent se réfugier derrière la mégalomanie de l'homme chauves-souris.
Nous y revenions, encore et toujours. Tu ne pensais tout de même pas que je t'avais oublié, Batman ? Non. Comme toujours, tu étais là, à nos côtés comme si ta puanteur était restée sur les lieux depuis ta précédente visite. Après tout, c'est bien pour toi que j'étais là. Aussi, je marquais une pause et tout en rapprochant mon visage de celui de Crane comme pour mieux observer ses réactions. Je n'avais pas remarqué que je m'étais redressé au cours de mon précédent laïus, le tabouret sur lequel j'étais assis s'étant déjà éloigné en glissant timidement sur le sol. J'étais alors à quelques centimètres de Crane, le toisant d'un regard d'autant plus sévère. Mon pouce caressait le poussoir de la seringue, toujours dans ma main droite.
- Mais rien n'est inéluctable, cher collègue. Il nous est encore possible de détruire Batman et de ramener cette ville à la réalité. Nous pouvons y parvenir. Mais pour cela, je dois savoir tout ce qui s'est passé cette nuit. Dans le moindre détail. Je saurai ensuite ce que fera Batman. Et je saurai comment l'anéantir. Allez-vous m'aider de votre plein gré, Jonathan ?
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Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Mar 1 Déc 2020 - 6:57
Délivre-nous du mal My reign of terror starts now ! Crane avait écouté les paroles de Strange et avait remarqué qu'il avait fait mouche en employant le sobriquet "petit docteur". Son geôlier aimait être reconnu à sa juste valeur et toute forme de dépréciation était perçue à ses yeux comme de la souillure. Une petite victoire, mais bien éphémère. Il tenait une belle information, mais elle n'allait pas le libérer de ses sangles. Tout au plus il allait énerver le professeur qui, jusque là, gardait son calme, trait de caractère qu'il n'avait pas perdu depuis l'époque de l'université. Cette froideur lui allait comme un gant, mais le rendait vulnérable aux insultes et autres attaques dirigées contre sa personnalité. Pour le moment, il n'allait pas s'aventurer plus loin dans cette voie, car une autre encore bien meilleure se présentait à lui. Ainsi, Strange voulait s'en prendre à Batman, voilà qui était intéressant. Crane ne comprenait pas les raisons intimes qui pouvaient pousser l'homme devant lui à s'attaquer à la chauve-souris et il s'en fichait bien. Pour tout dire, Batman semblait disparu. Il a été plusieurs mois en liberté et pas une seule fois le chevalier noir n'était venu le rencontrer. Soit il ne prenait pas l'Épouvantail comme une menace sérieuse, soit... il était indisponible. Le seul Batman qu'il avait croisé était un double pathétique qui n'a même pas éveillé la peur en lui. Il devait bien avouer que cela l'avait un brin démotivé. Il s'en était même prit à des membres rapprochés du justicier de Gotham et pas une seule fois l'ombre de Batman ne s'était posée sur lui. Peut-être que ses actes n'avaient pas été assez directs... Il devrait y réfléchir une fois qu'il aurait la paix dans sa cellule. Crane se doutait bien que son interlocuteur tentait de l'amadouer en lui disant qu'ils étaient tels les colons du nouveau monde d'antan, qu'ils étaient promis à une destiné grandiose, cette dernière inlassablement refusée par ceux qui refusaient d'évoluer et d'avancer. L'Épouvantail aimait bien cette manière de voir les choses et se sentaient flatté. Cela dit, il n'était pas dupe, il se doutait que ces belles paroles étaient probablement utilisées pour endormir sa méfiance, mais c'était tout le contraire qui se produisait. Alors que le professeur poursuivait sa tirade, Crane remarqua qu'il se levait de sa chaise, emporté par son beau discours. C'était l'occasion qu'il espérait, il ne serait plus la seule victime en ces lieux. Une fois qu'il aurait obtenu ce qu'il voulait, il serait disposé à raconter à Strange tout ce qu'il voulait savoir. Lorsque le professeur ne fut plus qu'à quelques centimètres de son visage, Crane passa à l'action et décida d'utiliser son arme la mieux cachée. On voyait souvent ce genre d'arme dans les films de guerre, de complot ou d'espionnage, aussi avait-il décidé de la reprendre et de l'adapter à sa personnalité. Plusieurs mois auparavant, il avait fait faire une chirurgie par un dentiste bien connu du monde criminel de Gotham et avait fait en sorte qu'il puisse avoir sa toxine à portée de main, ou plutôt dans ce cas-ci, à portée de dent. C'était une arme de dernier recours en cas de nécessité extrême, mais l'occasion était trop tentante pour passer à côté. Alors que Crane souriait devant Strange, ce dernier compris qu'il s'était trop approché. Avant qu'il n'ait pu faire quoique ce soit, Crane croqua la capsule située à la place de sa dernière molaire en bas à droite de sa dentition et la toxine s'en échappa. Conformément à sa volonté suite à des manipulations chimiques, le gaz prit rapidement de l'expansion dans sa bouche et l'Épouvantail souffla tout le contenu sur le visage du professeur Hugo Strange. Il savait qu'il n'avait que quelques secondes avant que la toxine ne le fasse halluciner et perdre ses moyens, aussi il devait être bref. - Lorsque vous reviendrez à la raison, professeur, je vous dirai tout ce que vous voulez savoir. En attendant, je répète ma question : de quoi avez-vous peur?
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Sujet: Re: Délivre-nous du mal (feat Scarecrow) Mar 16 Fév 2021 - 3:37
Mais Crane avait gardé une carte dans sa manche. Ou plus exactement dans sa bouche où se logeait une capsule de sa toxine que j'eus à peine le temps de l'entendre croquer avant de comprendre ce qu'il mijotait. Mes yeux s'écarquillèrent derrière mes lunettes et, la seconde d'après, il me cracha au visage les émanations toxiques de son gaz psychotrope. La seringue que je tenais vint s'exploser contre le sol, je poussais un cri de stupeur et reculais brutalement, faisant basculer le tabouret qui se cogna contre une étagère. Il était trop tard pour me préserver cependant ; son poison m'avait infecté et ses effets délirants commençaient lentement à se faire sentir. Je connaissais bien les propriétés de cette toxine pour l'avoir étudiée. Ainsi, je concevais l'horreur qu'il m'avait infligée et le cadeau nauséabond qui l'accompagnait. Un présent que Crane ne discernait que trop bien. Ce pervers s'était rassasié des peurs de trop nombreuses victimes, tant et si bien qu'il s'imaginait pouvoir me compter parmi elles, s'extasiant à l'idée de s'emparer de mes secrets.
- Lorsque vous reviendrez à la raison, professeur, je vous dirai tout ce que vous voulez savoir. En attendant, je répète ma question : de quoi avez-vous peur?
La réponse qu'il attendait n'avait jamais été aussi limpide dans mon esprit rendu vacillant par la toxine de peur. Ce fléau que j'affrontais semblait si présent que l'air en devenait irrespirable. Or, je me refusais de satisfaire sa curiosité morbide comme lui s'était ainsi permis de mettre un terme à notre examen. Aussi, j'étais forcé d'admettre que son coup de maître marquait la victoire désopilante de cet aliéné vers qui je sifflais tout en montrant mes dents.
- Non, Jonathan. Vous êtes le patient. Et moi le...
Je ne parvins pas à terminer cette phrase. Le sol sembla brutalement se dérober sous mes pieds après que j'eusse assisté à l'envol brutal d'une nuée d'abjectes chauves-souris au pelage si sombre que l'on aurait dit des tâches de goudron. Je me protégeais lamentablement le visage comme si ces cauchemars ailés voulaient m'y mordre. Et, ce faisant, je luttais péniblement pour m'échapper de cette salle, forçant sur mes jambes malgré cette impression que j'avais de naviguer aux milieux de sables mouvants. Je parvenais néanmoins à attendre la porte de sortie mais, en la franchissant, je réalisais avec amertume que Crane avait remporté cette manche.
- Professeur Strange, vous allez bien ? me demandait l'un des gardes en faction devant la porte.
- Envoyez monsieur Crane à l'isolement, répliquais-je en m'essuyant le front à l'aide d'un mouchoir mais ce sans interrompre ma marche ni témoigner le moindre regard à mes interlocuteurs.
Je devais faire vite et atteindre mon bureau avant que le délire dans lequel il m'avait enfermé n'eusse totalement raison de mon corps. Certes, je connaissais parfaitement le chemin, mais la route était devenue bien plus obscure et sinueuse. A la palpable impression d'être poursuivi s'ajoutait les démons cachés derrière les barreaux de chaque cellule devant lesquels je titubais à vive allure. Les rires et les cris des internés avaient perdu de leur authentique saveur pour se muer en des ricanement plus macabres et en d'inhumains hurlements. Et, derrière eux, les couloirs de l'asile se faisaient interminables sous les grésillements cathartiques des ampoules impuissantes pour découvrir les ténèbres environnants. Jamais la solitude ne m'avait parue aussi pénible avant que je n'atteigne enfin ma destination. Je n'avais pas bien conscience du nombre de meubles que je renversais en rentrant dans ma tanière ; je devais chasser tout ce qui m'écartait du masque que j'avais fait construire en me basant sur ton propre modèle. Je n'avais pas la force d'enfiler le costume qui l'accompagnait mais ce masque, la parfaite copie du tiens, était tout ce dont j'avais besoin pour affronter ces remugles de peur m'envahissant. Aussi, grâce à lui et à son sinistre présent, je ne m'étais jamais senti aussi proche de toi qu'en cet instant, Batman.