Quelle poisse ! Bientôt Noël et le Joker était privé de cadeaux. Pas de sapin dans la cellule, pas de cadeaux dessous, et surtout, surtout, pas de chants de Noël, c'était d'un triste. L'asile d'Arkham dirigé par le Docteur Arkham avait interdit tout signe ostentatoire de religion, pour éviter que les patients ne se mettent en état d'excitation pour les fêtes. Quelle tristesse ! On avait même doublé les doses des médicaments, médicaments que le Joker recrachait et refusait de prendre. Après tout, Noël, ça n'arrive pas tous les jours, et c'était pourtant bientôt. Mais cette fête de joie, de bonheur, de tranquilité, de moments en famille, jamais le Joker ne pouvait les comprendre, après tout, il n'avait aucune famille autour de lui. Contrairement à 99% des pensionnaires de l'asile, le Joker était le seul qui n'avait jamais aucune visite pour ses anniversaires (si tant soit qu'ils existent) ou pour les fêtes de fin d'année. Jamais personne ne venait le voir, et parfois ça pouvait le déprimer pendant cinq secondes, et il pouvait en avoir rien à faire les cinq secondes suivantes. Lunatique dans l'âme, quand tu nous tiens ... Mais cette année, le Joker avait envie de se trouver une petite famille. Une petite maman à aimer, une soeur à embêter, un papa à emmerder, et bien entendu "Toby" le petit chien à caresser ! Et bien entendu, il rêvait d'une énorme dinde de Noël en famille, arrosé d'un bon verre de vin bien français. L'idée lui plût. Mais Noël était encore un peu loin, et il se décidait, qu'il fallait préparer quelque chose de festif, de parfaitement coordonné. Cette année, alors que normalement, il devrait être dans sa cellule, le Joker était libre, parfaitement libre et en dehors d'Arkham. Le Batman semblait parfaitement absent ces derniers temps. Peut-être un problème de chauve-souris qui sait ? Le moment idéal de préparer la grande parade de Noël qui devrait bientôt venir. De retour à l'acierie Sionis, il méditait à un nouveau plan pour Batman à Noël. Qu'allons-donc nous faire ? Une valse endiablée sous les flocons avec le Chevalier noir ? Faire avaler une dinde piégée à la nitroglycérine au GCPD ? Refaire un cantique avec les organes des enfants de la cathédrale de Gotham ? Tant de plans géniaux qui méritaient clairement d'être faits. Tant de choses à faire et si peu de temps pour les orchestrer. Il méditait son plan, et il avait besoin d'armes. De beaucoup d'armes pour organiser sa grande fête de Noël. Au retour de l'aciérie Sionis, le Joker avait médité pendant quelques instants à ce que Gotham City allait devenir : Une ville en effervescence avec l'arrivée de la Legion of Doom à Gotham. Et des cinglés qui allaient se déverser dans Gotham City avec une folie furieuse de tout casser, mais était-ce réellement le plan conçu par le Joker ? Le Joker réfléchissait, et c'était certainement pas la meilleure des choses selon lui, trop de réflexions pour quelque chose qui aurait dû être réglé depuis un petit moment. Une vente d'armes avait lieu à Tricorner ce soir, et le Joker se devait d'y être. Il devait observer et voir si les armes pouvaient être du bon accabit pour ses plans démentiels. Toujours sans sourire, il prit la Jokermobile avant de se rendre dans ce quartier poissonneux. Quelques minutes passèrent et le Joker arriva à bon port. Un gamin trainant là, fut accosté par le Joker.

"Hé gamin, garde-moi la voiture, et je te promet que tu gagneras vingt dollars."

Gamin : "M-m-m-mais vous êtes le Joker ?"

"Le quartier craint et c'est une belle voiture."

Gamin : "M-m-m-m-mais vous allez me tuer !"

"Gamin, je ne tue que quand c'est drôle. Où serait la blague si je venais à te tuer ?"

Il ne riait pas, il ne riait toujours. Il n'y arrivait pas, et son visage était toujours aussi sérieux. Toujours trop sérieux ... Toujours sans sourire, le Joker quitta le garçon avant de pénétrer dans le lieu des transactions. Du beau monde, beaucoup de gens de la Pègre. Caché sous un habile chapeau et un grand imperméable violet, le Joker commençait à marcher paisiblement entre les quelques mondains du crime qui se trouvaient dans l'endroit. Il s'attendait à voir quelque chose qui sorte de l'ordinaire, et qui, avec un peu de chance, pourrait le faire sourire. Peut-être ...

Les armes proposées par les vendeurs sont intéressants, et malgré son camouflage évident, le Joker se sentait parfaitement reconnu par l'ensemble des gens avec qui il discutait. Il s'en fichait. Il observait, il cherchait le petit truc qui ferait tilt, qui l'emmènerait sur quelque chose d'amusant et de terriblement loufoque pour égayer ses plans contre le Chevalier Noir. Mais rien ne vint pour le moment, tout était trop classique, trop habituel, et le Joker sentait qu'il perdait son temps dans cette vente d'armes des plus miteuses. Mais voila alors que l'élément perturbateur fit son entrée. Pas Batman, non. Quelqu'un d'autre de plus coloré et de plus orange. Et il semblerait qu'il soit en pétard celui-là. Qui ne l'était pas en face du Joker après tout ?

"Deathjoke, tu tombes à pic, comme toujours."

Malgré son trait d'humour et son calme face à l'intervention musclée de l'homme en armure, le Joker ne riait pas, il ne souriait pas. Il observait patiemment l'homme qui se trouvait en face de lui. Deathstroke. Un criminel de la pire extraction, une machine à tuer, un monstre, une ordure. Un salaud. Mais qui avait la bonne et tempétueuse idée de mettre un peu de pep's dans cette soirée de vente aux armes. Il fallait que le Joker trouve un moyen de ne pas finir une nouvelle fois dans la tombe. Deathstroke n'était pas quelqu'un qui lâchait la prise en ce qui concernait ses victimes. Mais qui paierait pour la mort du Joker une nouvelle fois ? Qui ? Alors qu'il était supposé être mort. Peut-être Luthor qui essaie de mettre le Joker dans une position inconfortable ? Peut-être quelqu'un derrière les plans de Luthor ? Peut-être, mais le Joker n'y prit pas garde. Il réfléchissait surtout aux possibilités, à comment il pouvait désamorcer le mercenaire sans tirer la moindre balle. C'est alors qu'une brune au masque blanc s'interposa, et dévia l'arme de Deathstroke vers le cœur de la jeune femme. Les choses devenaient de plus en plus intéressantes. S'avançant un peu plus grâce à sa canne, le Joker s'avançait tel un serpent vers l'oiseau.

"Cela devient de plus en plus intéressant ..."

Un tout nouveau jeu se lance, non sans intriguer le prince du rire de Gotham City. Que voulait vraiment cette jeune femme ? Pourquoi s'immiscer entre deux lions qui venaient se partager un butin non négligeable ? Le Joker et Deathstroke étaient des hyènes, et la jeune femme n'était qu'une pièce de viande qu'ils allaient devoir ronger pour avoir les restes de viande encore dessus. Des charognards qui venaient d'être séparés par une proie docile. Le Joker esquissa un léger sourire, un léger rictus, fugace, et presque invisible. L'idée de voir quelqu'un réclamer la mort, et la désirer, ne pouvait qu'intriguer le Joker. Pourquoi réclamer la mort de la part d'un homme comme Deathstroke ? Pourquoi réclamer de mettre fin à ses jours ? Elle devait souffrir, terriblement souffrir au fond d'elle-même. Elle devait se haïr d'être elle-même pour pouvoir se détruire physiquement, et c'était ça qui était savoureux. Levant la main, calmement, le silence se remplissait entre les trois protagonistes.

"Quoiqu'il se passe, Deathstroke, ne la tue pas. Ce serait ... Lui faire une faveur."

Comprendre la psychologie d'un individu, c'était plus amusant que de tirer une balle dans le cœur de quelqu'un gratuitement. Tuer n'est pas amusant si cela n'a pas une connotation comique. Tension entre les trois protagonistes. Le Joker était pourtant la première cible du Deathstroke, et ce-dernier connaissait bien le Joker pour ce qu'il était à la base. Un monstre, une ordure, mais la suite des choses tournaient plutôt en la défaveur de la jeune femme au masque présente. Ses gestes, son attitude, le Joker connaissait bien ce genre de psychologie. Il connaissait parfaitement ces gestes de mort désirée, de suicide personnel. Il avait connu quelqu'un dans ce style là, autrefois. La mort est facile à donner, surtout quand elle vient d'une autre personne. On trouve toujours une certaine lâcheté à refuser de se tuer soi-même. Certains optaient pour le suicide, et jamais personne ne s'en était plaint jusqu'à présent. Les suicidaires ne s'en plaignent jamais, donc, ça doit être forcément appréciable. Cette pensée fit sourire le clown. Mais il ne riait pas, il ne riait toujours pas, lui qui d'habitude, aurait trouvé la situation des plus amusantes, des plus folles, des plus cyniques. Du revers de la main libre, il posa ses doigts sur le menton masque blanc pour tirer le regard de la jeune femme vers lui.

"Pourquoi vouloir mourir, très chère ? Cela ne serait pas si ... Drôle. Qu'en penses-tu Deathstroke ? Mérite-t'elle de vivre, quoiqu'elle ait fait ?"

Le Joker relâcha la jeune femme au masque avant de claquer des doigts. Une idée merveilleuse lui vint en tête, ils allaient tous les deux s'amuser. Peut-être même que cela amuserait les gens. On imagine très peu les ravages de la manipulation, surtout quand on les exerce sur quelqu'un de faible ou de suicidaire. Peut-être même que jouer avec ses sentiments pourrait se révéler très drôle. Il ne faut pas croire, mais quand les choses vont mal, on se réfugie dans les situations les plus extrêmes, on se laisse bercer par la douce voix de l'apathie et du renfermement. Peut-être que cette jeune femme en souffrait intérieurement ? Si c'était cela, alors la chose allait prendre une tournure des plus violentes. Mais toujours sans le sourire, le Clown reprit de sa voix calme et posée.

"Et si nous tirions à pile ou face ? Pile, elle meurt de tes mains, face, elle vit avec sa peine et ses douleurs, comme à chacun sur cette bonne vieille Terre. Et n'oublie pas mignonne. Malgré tout ce qui est arrivé dans ta vie, il y'a forcément une explication loufoque à tout ça. Quelque chose d'irrésistible et de séduisant qui n'attend qu'une chose. Te dévorer."

"Ha. Heh. Toujours les mêmes menaces. Toujours cette même assurance qui te caractérise, Wilson. Mais tu radotes, comme un pantin, ton petit numéro éculé. Je vais tuer. Ta tête a un prix. Ha. Le comique. De. Répétition. Tu deviens vieux, Slade. Et ce n'est pas un compliment. Ha."

On imagine pas, mais quand deux psychopathes se rencontrent, il y'a parfois une certaine admiration. Qu'appréciait le Joker chez Slade ? Sa façon de manier le sabre ? De faire toutes les pires missions ? Non. Le Joker appréciait son talent pour semer la mort, sans parler du prix, non. Le Joker aimait voir en Slade un vassal du chaos, de l'anarchie. Un homme qui apportait son effet papillon au monde entier, et les résultats seraient monstrueux dans les prochaines générations. Une affaire à suivre. Sans coup férir, le Joker observait le mercenaire au casque. Un ennemi dangereux et à ne surtout pas sous-estimer. Trouver la faille pour désarçonner un ennemi dangereux. Slade n'était pas quelqu'un de très porté sur la philosophie des choses, mais cette assurance, ce calme face à la mort le titillerait un peu. Peut-être ? Qui sait ? On s'en fout non ? Le Joker l'observait de ses yeux verts, un regard noir qui en disait bien long. Il se tenait droit, prêt à agir si le mercenaire venait à se montrer un peu trop ... Changeant en terme de comportement. Le Clown aimait montrer qu'il pouvait rire de la mort, et se moquer clairement de cet état permanent. La mort n'était rien, seul comptait le combat pour l'avenir de Gotham City. Tandis que les autres criminels s'occupaient de leurs crottes de nez, et volaient au ras des pâquerettes, le Joker, lui, était toujours paré à relever un peu le niveau. L'argent ? La gloire ? Pfeuh. Le travail du Joker était bien plus passionnant, bien plus enrichissant que tout l'or du monde. Et des gens comme Slade ne le comprendraient jamais. L'argent n'était rien. Seul comptait l'idée de faire changer les choses, dans la pire des façons possibles. Reprenant de sa voix, le Joker tourna les yeux vers le mercenaire.

"Je te tuerai une autre fois, Slade. Sois certain qu'aujourd'hui n'est ni le lieu, ni le moment. Tu n'es pas ma proie, et je n'ai aucun grief contre toi. Du moins ... Pas encore. Mais notre contact commun nous empêche de nous déchirer l'un l'autre, n'est-ce pas ? Ha."

Luthor les avait unis, oui, dans une espèce de clan de la Legion of Doom, et malgré les quelques énergumènes dangereux qui en faisaient partie. Deathstroke, lui, n'était qu'un assistant du véritable cerveau de l'opération. La Legion of Doom. En attendant, elle dormait, paisiblement. Luthor avait beau être le président, certaines prérogatives lui donnaient l'impression d'être vraiment chef de tout et de n'importe quoi. Ha. Quelle blague. Un président est un homme entravé par le pouvoir, brisé par les lobbys, et surtout, soumis à une pression horrible. Il serait drôle de voir Luthor sombrer dans une crise existentielle ou de succomber à des pulsions noires. Vraiment. Ce serait amusant, mais c'était une idée à garder pour plus tard. Et à ce moment bien précis, la tension était bien palpable entre les trois protagonistes. Le Joker jugeait du regard, sans sourire. Mais le mercenaire n'était qu'un bonus, une sorte de petite compensation. Ce qui intéressait le Joker dès à présent, c'était cette jeune femme au masque blanc et aux cheveux noirs. Il en avait vu des psychopathes, beaucoup trop, et certains avaient leurs charmes. Et cela pouvait être très drôle si on orientait le couteau vers la bonne cible.

"Une jeune fille, au passé brisé n'est-ce pas ? Voyons. On peut faire mieux que ça non ? Ce serait plus drôle si cette jeune fille nous montrait ce dont elle est vraiment capable. Je suis sûr qu'elle a des fantasmes inassouvis, des désirs intérieurs monstrueux à combler. Tout comme toi, Wilson. Sauf que toi, tu te poses des limites, tu t'interdis certaines choses. Mais ELLE ! Elle, elle, elle, elle ! Elle n'est qu'un matériau brut qui mérite qu'on la façonne, telle une entité de glaise, prête à devenir une œuvre d'art."

Choix de mots véritablement choisi ? Ou bien le Joker faisait exprès de prendre ces mots issus du thème de l'art ? Bonne question, mais sans réponse. Le Joker était quelqu'un de fou, de dangereux, et un esthète parfaitement reconnu dans le domaine du crime. La jeune fille l'intriguait. Et il aimerait connaitre le fin mot de cette histoire. S'avançant vers la jeune femme, qui allait sûrement parler, il posa son doigt gantée sur les lèvres de la jeune femme. Un léger regard dans les yeux de la jeune femme, à travers le masque. Elle cachait un mystère : Son propre visage. Et ce masque lui donnait la parfaite raison d'être ici, dans cet endroit, prête à acheter des armes. Wilson pouvait prendre toutes les armes du monde, le Joker s'en foutait. Finalement, il avait peut-être trouvé sa prochaine arme pour Gotham City. Après tout, les armes ne sont pas que des outils, elles peuvent aussi être des humains. Il eut un léger rictus, mais son regard était sévère, noir.

"Chuuuuut, ne dis rien. Ne dévoile pas tes origines. Je suis sûr que ça en vaux la peine de se montrer mystérieuse, mais tu sembles avoir tellement de potentiel, tellement de possibilités ... Ah comme je t'envie de découvrir ces sentiments. L'adrénaline d'une rencontre, cette sensation électrique qui vous pousse à devenir de plus en plus monstrueux à chaque rencontre ... Cette délicieuse pensée me ravit et me donne l'envie de tirer une balle dans le crâne d'une rousse paralysée et de l'enfiler pendant des heures. Ha."

Toujours sans sourire cependant, le Joker essayait de trouver les mots justes qui dérident, qui donnent l'envie de rire. Mais rien n'y faisait. Il n'arrivait pas à trouver le bon choix de mots pour retrouver son terrible rire. Il fallait être logique dans la suite des évènements, et Slade ne comprendrait certainement pas les paroles du Joker. Trop limité pour comprendre la partie d'échecs en quatre dimensions qui se déroulait dans l'esprit du Joker.