Ace Chemicals : 23h47

Minuit aller sonner au loin. La sombre Gotham s'éveillait. Les honnêtes personnes laissaient place aux criminels. Les passants avaient, depuis longtemps, fuit vers la banlieue. Le quartier semblait comme endormi, seuls les faibles rayons de la lune perçaient l'obscurité. Les ombres étaient distordues et effrayantes. Au loin, la brumeuse nuit portait de nombreux sons : du verre que l'on brise, un néon grésillant, quelques chuchotements au coin d'une rue et des sirènes de police. Toujours ces sirènes. De jour comme de nuit, elles résonnaient à travers les froides allées de Coventry, annonciatrice d'un nouveau méfait accomplit. Chaque citoyen encore éveillé la nuit pouvait voir, malheureusement, que trop bien ; les prostituées venaient de prendre leur service au milieu de dealeurs à la recherche d'accrocs. Mais l'action ne se situait pas là, pas ici du moins. Mais à quelques centaines de mètres de là. Dans la fabrique Ace Chemicals, lieu de naissance du tristement célèbre, Joker.



Ace Chemicals n'était pas un lieu que l'on peut qualifier de tranquilles. De nombreux criminels y ont passé du temps. Que ce soit le Joker, l'épouvantail ou encore même Mister Freeze, les monstres de la ville ont généralement, eu beaucoup de relations avec cette entreprise. Et ce soir encore, elle allait servir de base d'opérations pour une toute autre finalité. Adrian O'Brian était un brave gars quoiqu'un peu alcoolique. Enrôlé pendant la guerre du Golfe, O'Brian s'était vu promu major pendant la guerre. Malheureusement, il perdit trois doigts pendant une attaque face aux ordures qui étaient dans le camps adverse. Depuis qu'il avait perdu ses potes, il avait été approché par un homme assez étrange, qui n'avait pas donné beaucoup d'indices sur son identité, pour gérer et assurer une rôle tout particulier pendant la bataille de la reprise de Gotham City. Bien entendu, l'homme qui se faisait nommé "l'émissaire" le payait bien. L'argent était au rendez-vous et les opportunités pour un ancien de la guerre du Golfe étaient nombreuses, et l'avenir un peu plus glorieux. Pessimiste ouais, mais glorieux. Adrian savait ce que c'était, d'être refusé, d'être jugé en fonction de la couleur de sa peau, de son origine, d'être vilipendé et d'être considéré comme un perdant. Car il fallait l'admettre, la Guerre du Golfe face à Saddam Hussein, c'était pas gagné. Loin de là. Sans enfants, sans femme, Adrian avait accepté la paie et la plaçait pour ses neveux et sa famille à Central City. Là, au moins, ils auraient un avenir, un avenir qui leur permettrait de ne pas finir comme Adrian, et de finir entre quatre planches. Adrian le savait, il finirait mal, mais il aurait les armes à la main, et puis après tout, cela faisait partie des risques du métier non ? L'équipe dans laquelle il était, c'était celle où il devait gérer le bâtiment d'Ace Chemicals. Adrian n'avait aucune haine particulière envers les habitants de Gotham City, il obéissait aux ordres, et seulement aux ordres. Il était payé pour les faire appliquer après tout. L'employeur savait, l'employeur connaissait Gotham City, et il avait filé pas mal d'informations sur les dernières choses à savoir en matière de combats urbains, beaucoup d'indices, beaucoup d'aide, et malgré les quelques bandes qui allaient souffrir, ce soir, Gotham allait connaitre une furieuse guerre. Une guerre qui allait annoncer de très lourdes réjouissances.

"Sécurisez le périmètre."

"Oui monsieur."

"Alpha un ?"

"On est en place."

"Alpha deux ?"

"Je crois qu'une alarme interne s'est déclarée. Il va falloir être prudent. Je ne sais pas qui va venir, mais ça risque de chauffer."

"Alpha trois. Les pans de C4 sont installés ?"

"On s'en charge monsieur."

"Messieurs, ce soir, nous allons devoir nous occuper de notre objectif, et je sais de source sûre, que notre employeur tient à la réussite de notre mission. Il ne tardera pas à envoyer quelques renforts pour qu'on tienne. Restez très prudents."

Ils étaient douze miliciens ce soir, douze mercenaires lourdement armés, ils faisaient parti du groupe qui devait stopper les machines d'Ace Chemicals et saboter l'intérieur du bâtiment. Pas seulement pour détruire l'endroit, mais aussi pour faire en sorte que les émanations toxiques se diffusent dans tout Gotham City. Dans les rues, partout. Un nettoyage en règle en quelque sorte. Pour tout dire, ce n'était pas qu'une question de tuer des gens, non, c'était le but secondaire. Le véritable but, c'était de préparer une guerre, de purger les choses, de faire en sorte que quelque chose de meilleur sorte de ce qui allait se passer. Ils ne seraient pas oubliés, c'était certain, et Gotham City en porterait la balafre à vie. Mais ce serait purificateur. L'ordre était donné, douze hommes, douze hommes armés jusqu'aux dents travaillaient dans Ace Chemicals. Le lieu fut idéalement choisit pour attirer l'attention du fait de ses produits chimiques instables. Même si les douze soldats étaient déjà condamnés, au moins, ils emporteraient avec eux un nombre incalculable de victimes dans les alentours d'Ace Chemicals. Mais au moins, ils tueraient un bon nombre de criminels. Qu'importent les innocents, Gotham City n'est pas une ville où l'innocence est présente à chaque coin de rue. Non, selon "l'émissaire", il fallait purger cette ville, purger cette tumeur et la détruire. Gotham City était un cancer, un cancer qui évoluait toujours et qu'il était impossible de soigner définitivement. Le patient devait être euthanasié, et ce soir, on allait montrer à ce cancer, que toute chose est définie par la nature. Que la vie doit reprendre, et que Gotham doit s'éveiller, qu'elle doit montrer une renaissance plus prolifique. En tuant les masses, on sauve ceux qui le méritent. L'instinct du plus fort. O'Brian s'avançait vers une plateforme. Un produit hautement inflammable et toxique, des grenades dans la main, il en dégoupille une avant de jeter le tout dans une cuve remplie de ces saletés. Se repliant pour se mettre à l'abri. L'explosion fut phénoménale, et un léger gaz toxique commençait alors à se répandre. Un bruit pareil cependant, attire le voisinage et les curieux, il fallait donc se préparer à des minutes intenses. Dans les jours prochains, si rien n'était fait, le gaz entourerait la zone. Un effet prolongé tuerait bon nombre de citoyens, mais qu'importe ... Ce sont les aléas de la guerre non ? Mais la surprise de la soirée n'était pas au bout d'être terminée ...

"Alpha 5, prépare le composé F."