The Dark Knight

"Monsieur Bruce, dois-je vous rappeler que vous avez un rendez-vous à la Tour Wayne dans... 10 minutes ?"

L'intéressé que j'étais n'eut pas le loisir de répondre de suite à Alfred, obligé de baisser la tête pour éviter le tuyau de fer qui venait de passer à quelque centimètre de mon visage. Je contrais d'un uppercut des plus violent qui envoya valser mon adversaire sur une table de blackjack qui cède sous le poids et l'impact, avant de balancer de ma main libre un trio de Batarangs qui viennent désarmer les trois malfrats restants, qui s'apprêtaient à faire feu sur le Batman. D'un bond, je me jette sur l'un d'eux, en le plaquant si violemment au sol qu'il en fut assommé. Au suivant, j'envoyais un coup de pied en plein plexus pour lui couper le souffle et le courber en deux, avant de le saisir par la nuque afin de lui donner un coup de genou en plein visage. Le dernier quant à lui, tenta de s'enfuir, mais un tir de grappin vient nouer un câble autour de son pied, et d'une simple traction le Batman l'attire à lui, et vient le saisir par les cheveux pour lui écraser la face contre le sol afin de le mettre au tapis. Dans quelques minutes, la police interviendra et embarquera ces trois néo-nazis qui avaient tenté de s'en prendre à deux femmes.

"Je serai un peu en retard, Alfred. Vous pouvez désactiver l'hologramme et dire à Tim que j'arrive."

"Imaginez un peu Bruce Wayne arriver à l'heure à ses propres rendez-vous ... Je trouverai ça mémorable."

Commenta le majordome qui allait encore une fois devoir s'occuper de son rendez-vous afin que Bruce ait le temps de revenir. Le Britannique flegmatique retourna donc dans le grand bureau de Bruce Wayne, afin de satisfaire le jeune maître Tim tout en lui rappelant que maître Bruce a des activités toujours sensationnelles à accomplir, et s'évertua à offrir un bon sandwich au concombre comme il savait si bien les faire pour la Bat-famille, comme à son habitude. L'hologramme de Bruce Wayne permettait aux employés un peu trop curieux ou un peu trop énervants, de dissuader d'entrer dans le bureau de Bruce Wayne. Et surtout, d'éviter de farfouiller là où ça ne mérite pas de poser ses doigts. Au moins Tim pourra patienter avec le ventre plein. En attendant que nous ayons notre petit tête à tête. Tim avait toujours été un bon fils, et c'était à sa demande qu'il voulait que nous nous voyions. Il avait prit son indépendance assez tôt, et même si nous travaillions toujours en tandem comme Batman et Robin, je sentais que l'adolescence, cet âge ingrat, faisait des siennes. Fonçant à vive allure en pleine journée via la Batmobile, je fais en sorte de regagner un des nombreux tunnels secrets qui mènent sous la Tour Wayne. Les minutes battaient donc leur plein, les gens travaillaient à la Tour Wayne, mais toujours aucune trace de leur patron. Ce dernier faisait pourtant de son mieux pour revenir le plus rapidement possible, espérant avoir fait la dernière intervention du Batman pour la journée avant d'attaquer la nuit. Arrivant à la Batcave sous la Tour Wayne, j'en profite pour faire les derniers examens nécessaires sur les traces relevées à Ace Chemicals. Harley Quinn était dans le secteur et généralement, elle ne sort jamais sans son Puddin. Et le Joker était encore en cavale. Je n'avais plus le temps pour lui, pour ses complots idiots. C'est alors que la bibliothèque que Tim avait manipulé pendant quelques instants se mit à s'ouvrir et un ascenseur révéla Bruce Wayne, qui parut alors dans son propre bureau. Je me mets à sourire franchement en voyant Tim. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu un moment ensemble.

"Tim, je suis content de te voir. J'espère que tu vas bien."

Je me dirige d'un pas assuré vers mon bureau, contemplant la ville de Gotham City sous nos yeux. Il était temps que nous parlions un peu. Fort heureusement, ce bureau est l'un des plus sécurisés de la ville. Brouilleurs, anti-espionnage, tout était parfaitement aux normes pour m'éviter des moments où Bruce Wayne pouvait être mis en cause. Ce lieu était ma petite forteresse au milieu de la ville. Rien de plus, rien de moins. Alfred quitte alors la pièce, en soupirant légèrement. Il connaissait les causes de ce rendez-vous. Mais il était temps d'en parler de vive voix.

"Je suis disposé à t'écouter, Tim. Pourquoi est-ce que tu sembles nous éviter ces temps-ci ?"

The Dark Knight

Tim était vraiment dans un triste état, je dirais même lamentable. Pour tout dire, je ne m'attendais pas à ce que l'un de mes fils d'adoptions soit là, lassé par tout ce qu'il avait accompli. Je lui avais donné une chance qu'il avait oublié de saisir ce me semble. Mais au lieu d'accepter les choses, il avait préféré se taire et ne rien dire de plus. J'ai peur que cela devienne une blessure qui risque de nous empoisonner dans les années à venir. Dans mon esprit, ça se bagarrait sévère. Je me demandais si le mieux n'était pas de l'emmener faire quelque chose, tel un père et son fils, un rapport apparait sur l'ordinateur en face de moi. Aucun signe du Joker. Toujours rien. Revenant à Tim, je le fixe droit dans les yeux. Il y'avait quelque chose qui m'interpellait. Et je me demandais même si cela n'était pas une petite crise de jalousie par rapport à Damian.

"C'est par rapport à Damian n'est-ce pas ? ... Je sais que je n'ai pas été un très bon père ces derniers temps. Mais pour ce qui est de toi et de moi, cela ne change rien."

Alors que je mets en suspend mes recherches sur le clown, je me permet de me diriger vers Tim, plaçant ma main sur son épaule. Aussi curieux que cela puisse être, il était vrai que le Joker s'ingéniait toujours à revenir, encore, et encore, et encore. Comme s'il était doté d'un puits de Lazare portatif, ou que quelqu'un s'amuse à le faire revenir en permanence. Le Joker était un monstre pénible, un abject personnage avec qui je devais sans cesse me dépasser pour supporter les horreurs qu'il pouvait infliger à la ville et à ses habitants. Le fait qu'il soit mort, ou bien qu'il se soit suicidé ne me plaisait pas, vraiment pas, c'était le genre de jeux qu'il affectionnait et j'étais certain qu'il était toujours en vie. Je voudrais qu'il soit mort, sincèrement, je le souhaite, mais dans le fond, au plus profond de moi-même, j'en doutais énormément. Il me faudrait voir ça ...

"Rien ne changera. Je tiens à toi tout autant que ce soit Dick ou encore Damian. Cependant, comme tu t'en doutes, un jour, tu voudras par toi-même quitter le manoir pour vivre de tes propres ailes."

Je ne savais que dire pour le moment d'autre. Pour tout dire, je n'étais pas habitué à rassurer moralement des proches. Je n'étais pas dans le sentimental. Le mieux que je puisse faire, c'était de l'aider à reprendre ses esprits, à se remettre d'aplomb en attendant qu'il aille mieux. Je n'étais pas quelqu'un de très bon sur les sentiments. Déjà avec Sélina, c'était assez difficile en ce moment, alors pour tout dire ... Avec les Robins, et mes fils, cela pouvait être corsé.

"Je n'ai jamais été doué dans les relations sociales. Mais une chose est certaine. Quoique tu décideras, je serai toujours fier de toi, Tim."

Puis, je relève mon visage en direction de mon bureau conscient de ce que j'allais lui dire. Oui, je n'étais pas du style à apprécier les soirées mondaines, à développer des "relations" avec les autres gens, et dans la plupart des cas, je m'arrangeais pour que ceux qui m'entourent, aient le même passif que moi. Or, Tim avait un passif en commun avec moi : La perte d'un proche. Et je pouvais mieux la supporter que d'autres gens qui n'avaient rien à voir avec moi. Quand Tim découvrit le corps de son père, Jack Drake, tué par Captain Boomerang, j'avais été là pour le deuil. J'avais toujours été là pour lui.

"Damian est colérique et quoi que l'on en dise, il est le fils que j'ai eu avec Talia. On va dire, qu'elle a eu à mon insu. Mais ce n'est pas une raison pour le rejeter et le laisser chez les Al Ghul."

Bien sûr, je savais que les autres, comme Nightwing, Tim, ou encore même Alfred auraient un peu de mal à l’intégrer, quoique, pour Alfred, c'était déjà adopté. Mais pour le moment, il faudra que j'en parle à Jason et à Dick. Je tend ma main, comme une main secourable, tendue vers Tim. Je lui offrais une nouvelle chance de se placer dans mon aura. De suivre mes préceptes, et de devenir quelqu'un de meilleur.

"Peut-on faire la paix et revenir au bon vieux temps, Tim ?"

Cela me faisait penser que j'avais aussi Owl et sa terrible conduite en voiture à gérer. Et je me devais de lui apprendre à vivre en société avec les autres. Le mieux était que je gère les deux ensemble, quand cela sera un peu plus calme. J'offrais à Owl un toit, le temps de se reposer, et bien sur, d'être près de moi. Elle partirait quand elle le désirerait, et même si j'étais du genre à rester "seul" dans ma Batcave, je pense qu'elle et moi, nous partagerions ce même sentiment du "besoin d'être seul" dans cette caverne. Au moins, je pourrais lui donner un nouveau sens à sa vie. Quant à Tim, malgré une vie brisée, par des ordures, et maintenant, il fallait le reforger pour en faire quelque chose de meilleure. Comme pour les Ergots de la Cour. Encore des vies gâchées par les monstres ... Encore des vies perdues ... J'attendais la réponse de Tim, pensif. Intéressé.

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Si je ne suis pas quelqu'un de spécialement chaleureux en dehors des apparitions publiques que je m'obligea à faire, je n'en suis pas moins plus retenu, en général. Du genre à être d'une neutralité affligeante. Ce pauvre Alfred devait copieusement s'ennuyer, en journée, quand il ne fallait pas mener Wayne à droite et à gauche. Pourtant en s'éveillant ce matin, c'est bien un grondement qui perça mes lèvres, et j'avais peiné à m'extraire de mes draps sans danser un peu. Devant le miroir, je regardais les séquelles de mes nuits passées. Ma dernière confrontation nocturne m'avait un peu plus secoué que les autres rencontres. Une côte fêlé, une épaule démise et des bleus dans le dos me faisaient ressembler à un dalmatien mutant. Des tâches violacées sur fond de couleur peau, c'est comique. Pris par une légère douleur, je ne cille pas et je me remet dans mon siège aussi vite que possible. Je sors quelques anti-douleurs, avant de les avaler d'une traite, tout en ne dérogeant pas au regard perçant de Tim. Les gens changent, et les amis d'hier deviennent les personnes distantes de demain. C'est notre caractère humain, c'est ce qui fait de nous des êtres imparfaits et abrupts. La tension commençait doucement à poindre. C'est alors que Tim sortit de son mutisme. Il avait changé de ton, presque plus réveillé qu'il ne l'était précédemment. Je me posais de trop nombreuses questions pour savoir si je l'avais touché en plein cœur, où avais-je fais une erreur ? Avais-je changé quoi que ce soit ? Je reposais mon regard sur le jeune homme avant de regarder le portrait de mes parents accroché au mur. Je l'écoute. Il ne dit pas grand chose, mais suffisamment pour me montrer son hostilité. Alfred est dans un coin du bureau, observant patiemment ce qui allait en découler. Tim n'avait jamais dit quoi que ce soit, et maintenant, me voila avec un nouveau problème sur les bras. J'essaie de comprendre ce qui se passe. Sa dernière phrase est forte, et je pense qu'il est temps de voir ce que cela va donner.

"D'accord. Plus de fausses promesses, plus de mensonges. Et maintenant ? Que vas-tu faire ?"

Maintenant mon petit Tim, on va parler franchement. Même si je n'aimais pas ce genre de discussion, il fallait quand même y passer. Alfred éructe un léger grognement de la gorge avant de sombrer à nouveau dans le coin de la pièce, tout en écoutant. Après tout, il est aussi de la famille. La promesse que j'avais faite sur la tombe du père de Tim avait-elle disparu de son esprit ? Le Batman se raidit un peu aux paroles du jeune homme, et je lance vers lui un regard tranchant et sévère que je maintiens sur Tim. Qu'allait-il faire ? Continuer ses études ? Mener une vie de justicier en dehors de mon repaire ? Mener une vie normale ? Quels étaient les plans que le jeune homme avait préparé ? J'étais son père, bon Dieu ! Je serre les dents et retient un commentaire assassin, partagé entre l'idée de me frapper le visage de ma propre paume avec un air médusé et l'idée de le coller au mur avec force et vigueur pour le rappeler à ses bonnes grâces, et pour lui remettre un peu de plomb dans la tête. Mais le mal est fait, et s'agacer si vite reviendrait à probablement confirmer le fait qu'effectivement, Batman était vraiment à la place de Bruce, mais je tenais à ce que deux parts de ma vie soient parfaitement dissociables. Tim devra se contenter du regard glacial de l'héritier de Thomas Wayne, avant qu'ils ne reprennent la direction de la conversation. Une idée me vient aussi. Une autre que je n'avais pas exploré.

"Est-ce que ça a rapport avec Sélina et moi ?"

La question était posée. Je me préparer à écouter la suite avec mon flegme habituel. La dernière question est juste, et attendue. Il devait tout de même avoir sa petite idée sur ce qui se passait en ce moment entre elle et moi. Après ce qui était arrivé, ça lui semblait pourtant clair. Mettre les choses à plat, s'excuser pour les désagréments et s'assurer, aussi, qu'il allait bien. Cependant, cela ne suffirait pas. Tim était décidé, et je ne pouvais pas faire grand chose pour changer les choses, mais seulement écouter. Tim entrait-il vraiment dans le monde merveilleux de l'adolescence ? Il fallait le croire. Les gens changent après tout. Malheureusement.

"Je sais que ça peut paraître soudain ... Mais je crois que j'ai besoin d'avoir quelque chose en quoi croire. Surtout après Zatanna ..."

La douleur était encore palpable. J'avais perdu mon amie d'enfance. Morte à cause de ce maudit clown. Le Joker s'en prenait à chacun de mes alliés, chacune de mes connaissances n'était pas épargnée. Petit flottement, petit silence, petit moment un peu gênant. Je cherche ce que je pourrais bien lui dire. Nous devions faire la paix, mais dans le fond les mots sont toujours là, loin derrière, mais bel et bien présents. Enchaîner après ça, ce n'est pas simple. Sur quoi pourrait-il bien me lancer ? M'invectiverait-il pour cela aussi ? Il en connaissait un rayon sur moi et mes méthodes après tout. On peut reprocher beaucoup de chose à Bruce Wayne, mais pas celui de vouloir aider et d'être affiché comme un sauveur. Combien de fonds anonymes sortent de la Wayne Enterprise pour venir égayer la vie des orphelins de la ville ? Combien de quartiers ont été restauré à ses frais sans que personne ne le cite comme donateur ? Beaucoup. Et il faisait de son mieux, du moins, il essayait de faire en sorte que les choses s'améliorent. Il aimait ses pupilles, mais parfois, le papillon a besoin de voler lui aussi.

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Visiblement, j'avais fait mouche. Le sujet de Sélina était effectivement la cause de ce revirement, mais il n'y avait pas que ça. Tim m'en voulait, et salement. Je ne pouvais pas faire grand chose pour le moment, excepté de sauver ce qui peut l'être et donner les meilleures explications qui soient. Mais qui était-il pour juger les sentiments de Bruce Wayne après tout ? Si Batman pouvait avoir une part d'ombre, on viendrait à reprocher à Bruce de vouloir une part un peu plus lumineuse. La mort de Zatanna était pour moi une blessure toujours ouverte, comme si j'avais laissé une part noble de moi-même là-bas, dans cette cathédrale. Non, le vide est bien plus grand. Malgré la mort de Zatanna, le Batman est aussi une entitée qui se nourrit des ombres, de la terreur, et un humain normal ne pouvait pas se contenter que de noirceur. Et Bruce Wayne entrait en jeu, fatalement. Je ne pouvais me contenir plus, je ne pouvais plus abreuver cette entitée d'espoir et d'une maigre récompense. Les années passant, on devient plus dur, plus renfermé, plus ... Plus étranger à soi-même. Et c'était malheureusement ce que je pouvais ressentir au plus profond de moi-même. Je décide de me relever, de quitter mon fauteuil pour aller vers Tim, et poser ma main sur son épaule, histoire de lui dire que je suis là. Que je serai toujours là.

"Je sais que Sélina et Batman, c'est une longue histoire. Et que malgré tout ce que j'ai pût faire pour l'enfermer, pour la sauver d'elle-même, et bien ... Les choses changent. Et Sélina a toujours été la seule qui avait été le plus loin que toutes les autres. Jamais Talia, Julie ou encore Andréa ne sont allées là où elle a réussit à s'infiltrer et je ne sais pas ce que je ressens ... Pas envers elle, mais ce sentiment me dévore. Je m'inquiète pour elle, et j'ai peur de ce que mes choix peuvent amener. J'ai peur que ce mariage puisse l'amener à la mort, j'ai peur de la perdre."

De l'amour, c'était de l'amour. Mais le Batman ne connaissait pas ce sentiment. Quant à Bruce Wayne, il avait oublié ce sentiment depuis des années, avant de retrouver Sélina dans cette foire d'associations. Avant de se retrouver l'un l'autre, et de montrer ce qu'ils ressentaient tous deux au plus profond de leurs âmes. Évidemment, cela tenait de l'opinion personnelle. Un domaine que Bruce Wayne était censé garder de coté, mais il fallait dire aussi que le doute était extrêmement rare pour le meilleur détective de la planète. Tim Drake lui aussi avait eu une romance avec Stéphanie Brown, lui aussi pouvait comprendre ce que cela faisait. Et pour Bruce, c'était bien la première fois qu'il ressentait une pareille chose pour quelqu'un. Batman n'était pas quelqu'un de versé dans le sentimental, mais après avoir joué au chat et à la souris pendant de si nombreuses années, il était temps maintenant que les choses avancent.

"Et à vrai dire, c'est bien que tu sois là, j'avais un service à te demander. Quelque chose que je voulais ... Je voulais te demander quelque chose Tim, en prévision du mariage."

Je dois avouer que ma dernière remarque était clairement destinée à Tim, comme si je lui demandais de m’assurer qu'il est digne de confiance même si j’en suis pratiquement sûr vu sa réaction de tout à l’heure. Pour tout dire, je m’attendais à ce qu'il me pose des questions mais ce n’est pas le cas et je n’ai pas prévu ce cas. J'aperçois une pointe de contrariété sur son visage qu'il dissipe rapidement en se renfermant sur lui-même. Le moment est pour tout dire, assez grave. J'avais fait un choix, mais nul autre ne me paraissait être le plus adapté pour être le témoin. Je sors de ma poche un petit écrin, celui que je promettais à Cat', quelque chose de prévu pour le mariage. Un petit écrin que je pose sur le rebord de mon bureau. J'allais lui proposer quelque chose d'important, de très important pour cette date.

"Souhaites-tu être mon témoin au mariage ?"

Et bien voilà, ce n’était pas si compliqué. Mais ma voix hésitante a trahi l’apparente confiance en moi que j’arrivais à montrer. Je déteste paraitre comme ça mais on a tous nos petits moments de faiblesse après tout. J’arrête de penser à tout ça et me concentre sur Tim. Il aura l’air surpris … Et perplexe. Je souris, pour essayer de faire en sorte que le message passe un peu mieux. Mais c’est limite si ça a jeté un froid, il aura sûrement l’air un peu perdu. Je détourne le regard sur une pile de dossier et lit ce qui est écrit sur celui en haut de la pile. Une affaire sur de fusions que je me dois de préparer pour l'avenir de la Wayne Entreprises, surtout depuis que Luthor a abandonné ses parts et surtout après la crise du virus disparu. J'espérais simplement que la réponse de Tim soit positive. Je l'espérais fortement.

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Je n'étais pas du genre à travailler avec les autres. Généralement, c'étaient eux qui avaient besoin de mon assistance et qui m'imploraient de les aider. Quand Clark se retrouvait face à une situation dans laquelle où il lui manquait un facteur d'humanité pour comprendre les aspects, il me demandait à moi. Ce n'était pourtant pas la même chose aujourd'hui. En face de moi, j'avais Timothy Drake, un génie qui venait de me rembarrer violemment sur ce que je venais de lui proposer. Apparemment, le manque de discussion et le manque de confiance s'installent doucement entre nous, et ce n'était pas une très bonne chose. Bien entendu, j'étais intrigué par le caractère et les émotions que Tim déployaient à mon encontre. Les révélations se suivaient et pour mon grand regret, j'aurais préféré en dire le moins possible en tant que Bruce Wayne, au final. La révélation sur le fait qu'il deviendrait le témoin avait l'air de le surprendre, normal non ? Allais-je devoir lui parler aussi de mes autres projets ? Allais-je devoir lui dire la vérité et créer un fossé encore plus grand entre nous deux. Non ... Tim ne devrait jamais le savoir, il ne le devait pas. Si je lui en parlais, il perdrait ses facultés, il serait perdu, et je ne devais pas perdre un de mes meilleurs éléments, surtout en temps de guerre. Je me maudissais moi-même intérieurement pour avoir un nouveau fardeau de Gotham à porter sur mes épaules. Je reste néanmoins campé sur ma position.

"J'ai essayé de te joindre. Mais tu n'as reçu mes appels."

Je lui renvoie l'ascenseur. Après tout, quelque part, c'était vrai. Tim avait pendant un temps, été aux abonnés absents et j'ai dû m'adapter en fonction des personnes qui étaient avec moi. Mais cela n'était que des excuses, et je me devais de vite réparer cela. Est-ce que je suis réellement en tort ? Est-ce que je suis vraiment un mauvais père ? Alfred éructe un son avec la gorge, avant que je ne reprenne de ma voix calme et posée.

"Gérer la ville de jour, comme de nuit, me prend énormément de temps et de travail. Tu le sais parfaitement. Et tu sais parfaitement qu'en temps de crise, je ne suis pas non plus très facile à aborder. Je ne me cherche pas d'excuses, Tim. Mais si je t'ai causé du tort, je tiens à m'excuser."

"Monsieur Bruce oublie de dire qu'il est têtu comme une mule et qu'il a aussi beaucoup trop de fierté pour parler de ses propres sentiments."

"Merci Alfred ... Que ferais-je sans vous ?"

Le majordome reste grave, la tension est à son paroxysme. La question en reste là. Tim n'est pas forcé de me croire mais s'il choisit de prendre la porte, alors je respecterai son choix. Après tout, je ne peux pas lui en vouloir pour ça non plus. J'étais fautif de ne pas me confier, fautif de me retrancher dans mes derniers gonds. Les dés étaient jetés, maintenant, est-ce que je pouvais compter sur un allié de plus à Gotham City pour maintenir l'ordre et préparer une nouvelle ère pour assurer la tranquillité de Gotham ? Tim était quelqu'un que je n'arrivais pas à cerner sur le terrain des sentiments, ça, c'était certain. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Dans mon fort intérieur, j’espérais que Tim, au fur et à mesure que nous nous côtoierons, se mette à me prendre en exemple, non pas pour une histoire de "bien" et de "mal" mais pour qu'il retrouve un semblant de force morale et psychologique. Je le sentais particulièrement en froid et déprimé. Peut-être ... S'il voulait se joindre à moi, alors il deviendrait à nouveau un bras armé de la justice. S'il décide de quitter le giron familial, alors je verrai bien ce qui se passe ... J'ignore ce que Tim apportera encore à Gotham City, mais c'était un léger réconfort de le revoir dans cette ville était encore sur le sentier de la rédemption. Ce ne sera pas facile au début, mais chaque voie à toujours un niveau de difficulté, et au final, le résultat serait bien meilleur. Qui sait ce que Gotham City nous réserve encore ? Il fallait que je sois prêt. Que nous soyons prêts.

"Que veux-tu vraiment, Tim ?"

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Je reste là, planté là, à l'écouter, à vrai dire, je comprenais parfaitement ce qu'il voulait dire, il se sentait trahi et ne me ferait plus confiance pendant un long moment, je comprend tout à fait, je peux le comprendre. Mais pour moi, cela sonne quand même comme une trahison ... Je serre le poing et je me mords la lèvre pour éviter d'être cinglant. Soit, je respecterai sa parole. Je ne dis rien, je ne pense rien, mais j'en ai quand même gros sur le cœur. Bruce Wayne doit se ressaisir, il n'a pas à souffrir d'une rupture de liaison avec un de ses pupilles, d'une relation. Je ne savais quoi dire, pour tout dire, il était suffisamment en colère contre moi-même, et je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. J'avais somptueusement raté le coche avec lui.

"Tim ..."

Dis-je d'une voix neutre et glacée. Je n'allais pas faire une exhibition de mes sentiments comme cela, je savais reconnaitre que j'avais perdu, et je garderai la tête haute, bien sûr. Le froid, la glace. Je ne pleure pas non, j'ai cessé de pleurer le jour où mes parents sont morts. Et il en faut plus pour briser Bruce Wayne. Je crois que, comme pour Dick, comme pour Jason, je crois que la troisième sera la bonne, et que je pouvais décemment enterrer le fait que Bruce Wayne n'était pas un père, il n'était pas un bon père pour les trois enfants qu'il avait tenté de sauver. Bruce Wayne finirait seul, seul sans sa famille reconstituée, mais jamais il ne pourrait ressentir de véritables sentiments, exceptés ceux qu'il avait pour ses fils d'adoption. Mais ceux-ci ne semblaient plus vouloir faire partie de la vie du Batman. C'était compréhensible. Il fallait se faire une raison. Alfred arrive, il se rend compte à ma mine et à celle de Tim que les choses ne se sont pas passées comme prévues. Il tente quelque chose mais se ravise, l'humour n'était pas des plus appréciables à ce moment bien donné. Je regarde Alfred, sans toiser du regard le jeune Tim qui en avait visiblement, terminé. Avec un léger sourire il reprit, mais au fond ...

"Alfred, puis-je vous laisser raccompagner monsieur Drake ? Je crois que nous en avons terminé. Passez une bonne soirée, Tim. J'espère vous revoir très bientôt."

Je me dirige d'un pas hâtif vers l'ascenseur qui mène à la Batcave sous la Tour Wayne. Je ne fais pas attention aux demandes de vérifications de l'ADN et autres examens de globes oculaires et rétiniens pour pénétrer dans la Batcave. Là, pour le coup, je me sentais, touché ? Non, meurtri. Ce qui restait du peu de fierté parentale que Bruce Wayne avait au fond de son âme était mort avec cette discussion. Mort avec cette entrevue. Alors que je descends dans la Batcave, j'essaie de ne plus penser à ça, j'essaie de ne plus penser à lui, j'essaie d'oublier. Je retire mes vêtements et j'endosse le costume de Batman, il ne me restait plus que ça, au final, il ne me restait plus que mon côté obscur, il ne restait que mes actes en tant que Chevalier de la ville, en tant que champion de la justice. Je regarde, une fois habillé, les différentes missions qui m'attendent, le souvenir de Tim se dissipe, je n'y pense plus, je n'y pense plus. Bruce Wayne n'avait plus rien à espérer de ce monde. Seul comptait le Chevalier Noir. Je n'aurais jamais de véritable vie normale. Mais c'était un sacrifice pour ma ville. Batman ne pouvait pas s'arrêter, il ne s'arrêterait jamais. Jamais. Mes parents comptaient sur moi, était-ce un coup du hasard ? Ou un bref retour aux choses normales ? Devais-je encore payer la mort de mes parents en étant Batman ? C'était ce que je semblais croire. Condamné à être Batman, une malédiction ? Sur certains points, oui.

Là-haut, plusieurs mètres au-dessus, c'est un Alfred presque désemparé qui raccompagne Tim Drake à la porte de Wayne Entreprise, sur le parvis du grand bâtiment. Portant un parapluie pour ne pas que le jeune homme ne se mouille pas à cause de la pluie, le vieux majordome tentait d'avoir un sourire compatissant pour essayer de faire oublier le petit accroc, son âge et son expérience connaissaient bien ce genre de peines, lui-même avait eu de nombreux accrochages avec des amis lors de son service dans l'espionnage anglais, mais il avait préféré oublier ces déchirures et devenir majordome au service des Wayne. Le pas est lent, mais cadencé, comme chez les militaires. Sa figure grave est éclairée par la lumière de la réception de la Tour Wayne La pluie tombait, et le bruit des voitures se faisait un peu plus bruyant.

"Ne soyez pas trop dur avec vous-même, maitre Tim. Monsieur Bruce s'en sortira. Il faut parfois que la vie enseigne de dures leçons, vous savez ... N'oubliez jamais que vous serez toujours le bienvenu."

Le vieil homme esquisse un très maigre sourire, bien sûr, la vie ne fait de cadeaux à personne, mais une chose était certaine, elle valait le coup d'être vécue, car rien ne vaut la vie. Raccompagnant Tim à la sortie de Wayne Tower, Alfred referma la grande porte d'entrée avant de reposer le parapluie dans le réceptacle prévu à cet effet. Il aurait une discussion avec Bruce incessamment sous peu. Il salua le réceptionniste de cet après-midi avant de remonter à l'étage du PDG de l'entreprise.