The Dark Knight

Nouvelle nuit sur Gotham. Pour le Batman, elles se suivaient, se ressemblaient, mais n'était aucunement une routine. Chaque soirée apportait quelques grumeaux de bonté dans cette pâte malsaine qu'était la ville. Le crime voyait enfin quelques foyers de résistance détruire les câbles de la gigantesque toile qu'il avait tissé sur la cité. Le retour à la normale était-elle une bonne ou une mauvaise chose ? Pour moi, non. Mais la plupart des citoyens de cette ville voyaient quand même une nette baisse du taux de criminalité. Foutaises : Strange manipulait les chiffres. Sitôt un criminel était enfermé, un autre continuait à semer le crime dans mes rues. Lire dans les journaux que des malfrats avaient été arrêtés était pour moi une satisfaction sans nom oui, mais quand on sait que tout ça n'est que de la poudre de perlimpinpin, on peut se poser énormément de questions sur la fiabilité des médias, à la solde de Strange. Il y a encore quelques jours, les gros titres mettaient en avant les dégâts causés par le Gant Noir. Aujourd'hui, on titre sur les faits d'armes des nouveaux noms du GCPD, Spencer, Montoya, Shepard, Silent ... On met en avant des noms de héros du GCPD. Quelques braises sur lesquelles il fallait à tout prix souffler pour faire renaître la flamme dans le cœur des habitants de Gotham. Le Batman n'était qu'un prétexte, un symbole pour que le Bien reprenne le contrôle. C'est pour ça que je me battais, pour cet idéal inaccessible que très peu pouvaient comprendre, mais qui méritait tous les sacrifices du monde. Tempérance voyait cela d'un œil différent. Un brin plus caustique et craintif. La nouvelle "majordome" du Manoir était totalement derrière mon entreprise, mais la crainte de perdre un autre membre de la famille l'effrayait bien trop pour qu'elle puisse cautionner à cent pour cent. Sa voix me parvenait dans le casque tandis que j'analysais une scène de crime dans les Narrows. Un trafiquant de drogues venait de se faire arracher le visage, et les plaies béantes furent saupoudrées de cocaïne, un crime qui m'en rappelle beaucoup trop.



Avait parfaitement exprimé, sur un ton vexé, la jeune femme avait un sourire infime en voyant les relevés de la drogue sur les écrans du Bat-Ordinateur. La jeune femme n'eut pas de réponse, le Chevalier Noir s'en allait de nouveau en guerre, faire sa croisade contre le crime. Alors que la lune se voilait par la faute de quelques nuages sombres bien décidés à assombrir davantage la ville, le Batman observait. Perché sur l'une des gargouilles sinistres des hauts bâtiments de la ville, son regard dévorait les ruelles à la recherche de ceux qui tentent encore une fois de répandre les armes de mort dans sa ville : Armes, drogues, argent sale ... Tout était bon pour détruire cette ville malheureusement. Dans son oreille, les conversations du centre téléphonique de la police grésillaient, m'indiquant que pour une fois, une infime petite fois, Gotham City pouvait dormir tranquille, du moins, rien que pour ce soir. Le calme avant la tempête, comme je pensais toujours, mais les choses n'allaient pas mieux pour autant, il me fallait chasser l'ordure qui avait fait ça, en plein dans les Narrows. Grinçant des dents, je ne réponds toujours pas aux appels de mon majordome, je préfère le laisser supposer plutôt que de m'impliquer de trop. Le vent fit battre ma cape, qui claqua au vent à la manière d'un étendard quand je décidais de me remettre debout. Un appel téléphonique m'indiquait qu'un autre corps venait d'être trouvé non loin de Abbot Towers, encore un homme tué, et son visage arraché. Un homme sans visage. Une nouvelle affaire, lointaine, et pourtant ... Juste une simple affaire, comme tant d'autres, et pourtant ...



C'est un léger temps qu'il suffisait pour la jeune femme pour répondre à cette question, après avoir constaté sur les relevés. Bien sûr que Sionis n'était pas à Arkham. D'après ce que j'avais appris, et selon les nombreuses rumeurs qui ont entouré sa fuite, il aurait quitté Gotham City pour Blüdhaven, mais là-bas, les choses ne se sont pas passées comme il l'avait prévu. Et ce qui se passait à Gotham City n'allait pas améliorer ses projets. Qu'était-il devenu ? Un caïd devenu le chef d'une bande aux abois ? Un homme acculé par les autres rivaux ? Qu'attendre de lui au final ? Plus rien. Sionis était affaibli, et il me fallait lui porter un coup de grâce monstrueux et direct.







Il ne m'en fallait pas plus. La solution se trouvait dans les entrailles de la ville, assurément. D'un petit bond, je me jette dans le vide, la tête la première, et quand la vitesse accumulée par la chute fut suffisante, je déploie ma cape pour planer au-dessus des buildings de taille plus modeste. Aussi rapidement que possible, je me dirige vers une des stations qui mène au centre du métro de Gotham City. Cependant, étant un chasseur noctambule discret, le Batman préféra entrer discrètement, profitant de l'ombre, de la couverture visuelle et thermique que lui offrait son armure sombre. Alors que j'approchais d'une des entrées d'Old Gotham, mon regard se braqua sur quelque chose d'autre. Une altercation, proche. Me cachant dans les ténèbres, quelle ne fut pas ma surprise de voir Rose Wilson, aka Ravager dans les rues de ma ville. C'était louche. D'abord Talia, maintenant Ravager. La vraisemblance ne pouvait pas être un simple hasard. Non. Sortant des ténèbres, je me dresse droit devant Ravager. Mon enquête sur Black Mask attendra un peu, en attendant, j'avais besoin de réponses. De bonnes réponses, et je savais y mettre les formes quand je les voulais.

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Je cogne le mur à ma droite avec mon bras droit pour canaliser ma colère et me canaliser. Le mur est maintenant d'une fissure assez conséquente, le poids des gants en plus de la force que j'avais, avaient fait céder le béton. Impassible, mon bras reste droit tandis que je parle d'une voix rauque empreinte de colère. Rose Wilson, fille de Slade Wilson, un de mes pires ennemis. Généralement, le père ne supportait plus sa fille, mais il restait quand même suffisamment de liens pour qu'ils puissent parfois, travailler de concert. Et si Rose Wilson était là, je la voyais mal faire les bonnes œuvres pour d'autres mercenaires dans cette ville. Le poing reste droit, ancré presque dans le mur de béton. Je ne supportais pas les gens qui prenaient ce ton avec moi, ce sens de l'humour qui m'était totalement inconnu. Ce genre d'humour qui me révulsait. Cet humour que je détestais et qui me faisait penser à lui. Slade Wilson. Ancien Militaire, vétéran, volontaire pour une expérience militaire qui a très mal tournée. La dernière fois que je l'avais vu, il s'était intéressé à la prime offerte par Black Mask pour me tuer le soir de Noël. Combat éprouvant qui m'avait pas mal déglingué d'ailleurs. La seule pensée de devoir à nouveau subir ses attaques me contrariait. Il était puissant, toujours un coup d'avance et surtout, imprévisible. Son fils, Jericho, qui a eu la gorge tranchée et qui en veut énormément à son père. Et maintenant, Rose. Rose Wilson. Elle pouvait être une plaie, quand elle s'y mettait. Ce n'était pas évident pour quelqu'un de jeune de comprendre ce qu'une personne plus âgée peut désirer, ce que cette personne peut avoir comme fondements moraux. Quand on est jeune, on s'emporte, on se révolte. Et la vieille garde permet de s'assagir, de mieux comprendre les choses dans lesquelles on évolue. Malgré les mots de Rose, je n'arrive pas à trouver d'apaisement en ce qui concernait sa présence ici. Une évidence me vint cependant en tête, repensant au gala de chez Wayne qui s'est passé dernièrement.



Le ciel lourd, comme une chape de plomb. Tel un gamin cachant ses secrets sous la couette, le temps lui même semblait abriter le mal germant en Gotham, gardant ses rues sombres, fraîches et humides entre chaque jours, chaque crime. J'étais direct, comme toujours, c'était ma manière, ma façon de travailler, ma façon de ne pas m'investir émotionnellement, comme toujours, mon habitude. Ma voix est neutre, sombre, presque linéaire pour ne montrer aucune émotion. Pour tout dire, ce genre de chose n'allait pas faciliter notre travail à tous. Déjà que l'asile d'Arkham n'était pas complètement rempli, nous allions avoir la vindicte populaire sur notre dos. Tuer était facile, mais donner la vie et laisser vivre était plus difficile. Avec le temps, j'avais pensé que je pourrais tuer mes adversaires, afin que Gotham City puisse être libre du crime et de sa folie. Mais je me trompais, la mort n'est pas la solution, elle ne prouve que l'extrême solution est dangereuse, et qu'à ce soucis, je pourrais très bien être comme Ra's Al Ghul. Qu'en donnant la mort, en m'improvisant juge et arbitre, je jouerais avec des forces qui me dépassent. Tuer n'est pas un acte anodin pour moi et il ne le sera jamais. Je fronce les sourcils tandis que je m'avance vers elle, toujours la fixant droit dans les yeux. Je cherchais à pénétrer dans son intellect, dans son mode de pensée. Elle n'était pas si intelligente qu'elle le croyait, mais elle avait quand même d'autres atouts plus sombres qu'elle savait gérer. Elle n'avait pas le sens tactique de son père, mais elle était une véritable furie de guerre, quand elle s'y mettait.



C'est peut-être de la paranoïa, mais quelqu'un comme moi ne prend jamais de pincettes avec le crime en ville. Rose Wilson est à ce jour, à mes yeux, toujours une criminelle. Et bien qu'elle soit protégée par le gouvernement, par Amanda Waller et par son imbécile de père, elle restait quand même une criminelle à mes yeux. Pas aussi violente que Poison Ivy ou Harley Quinn, mais assez pour être une menace si elle le voulait. Ce n'était pas faute d'essayer de bâtir quelque chose, mais quelque chose dans l'air, une espèce de malédiction, faisait en sorte de briser les rêves. Mais je ne crois pas en la fatalité, je ne crois pas en l'impossibilité de gagner. L'échec n'est pas une option, et ce cas-là ne devait pas figurer dans ma liste. Je me devais de gagner, de repousser sans cesse le mal et d'espérer croire en quelque chose qui puisse garantir une vie saine pour chacun des membres de cette ville. Gotham City méritait qu'on se batte pour elle. Je regarde la jeune fille, droit dans les yeux, ma figure est fermée, imperméable. Le bruit du tonnerre commence à se faire pressant, la pluie ne tarderait pas. Le Batman ne doit pas que être vindicatif, il doit laisser sa chance, après tout, elle avait quand même été blessée par son propre passé, par son propre père et je ne sais pas si la douleur la lançait encore de temps en temps. Elle devrait faire attention, très attention au choix de ses prochains mots. Je ne me devais pas de perdre la moindre seconde dans Gotham livrée aux gangs. En parlant de gangs, il faudra que je m'occupe des triades de Chinatown et de Cobblepot. Ces deux-là vont bientôt s'entre-déchirer, et je pense qu'en éliminant d'abord les triades, je priverai Cobblepot de son joujou. Et même si le Pingouin était un arnaqueur de première, je pouvais taper là où ça ferait mal dans son empire. On murmurait qu'il faisait importer des armes modernes nouvelles générations en ce moment, et le chantage pouvait être un bon moyen pour que je garde le Pingouin hors de mon échiquier. Mais pour le moment, la menace actuelle, c'était Black Mask qui se terrait dans les ombres. Quant à Rose Wilson ...



Je savais très bien qu'elle ne recherchait pas son père. Il n'avait jamais été son véritable but, pour cette jeune fille. Mais elle devait quand même entendre le fait accompli. Peut-être même que ça déverrouillerait quelque chose en elle ? Je n'étais pas sûr. Mais Slade Wilson était pour Rose, le talon d'Achille qui lui faisait perdre certaine contenance. Elle le haïssait, et elle l'adorait tout à la fois. Relation complexe. Et je m'y connaissais.

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Gotham City est une ville noire, dangereuse, immonde. Une ville qui vous plonge dans les ténèbres et le crime, sans une petite lueur d'espoir. C'était malheureusement le vrai problème de cette cité, à force de rester dans les ténèbres, elle se refuse à tout rayon de clarté, et tout cela avait commencé il y'a déjà quelques siècles auparavant, quand les premiers colons disparurent sans laisser de traces, quand les indiens Miagani furent exterminés, quand les sorcières de cette ville furent brûlées et quand les malédictions reliées aux grandes familles de Gotham survinrent. Ah ! Et n'oublions bien sûr, pas la célèbre Cour des Hiboux, qui d'en haut, scrute Gotham City. Oui, les Hiboux, eux qui entretiennent les malédictions d'un passé oublié et fini, eux qui ont perpétué ce cycle infernal sur notre ville, et dont la serre retient l'espoir qui ne demande qu'à s'envoler. Oui, il me fallait travailler au bien de cette ville, comme toujours, et sans cesse. Le mental prend cher, il avait pris tellement cher depuis la mort d'Alfred et la paranoïa commençait sauvagement à m'emporter. Je commençais à voir des complots partout. Partout, je me sentais oppressé par de possibles ennemis qui me tournaient autour, qui n'attendaient que de m'avoir dans les ombres. Après Alfred, ce sera qui ? Dick ? Tim ? Même Spoiler ? J'étais perdu dans mes pensées, alors que Rose Wilson continuait à se justifier. Cette jeune fille : Quelque part, c'était le symbole même d'un énorme échec de Bruce Wayne, un ratage complet et systématique, un ratage du début à la fin. Un échec oui, comme avec Jason, comme avec Barbara ... Et si le vrai chemin était celui de la vengeance, de la colère ? Non ... Batman est au-dessus de tout ça. Elle me rappelait le jeune Bruce Wayne, qui bravait la nuit, et qui s'aventurait dans le jardin de famille du Manoir. Au fond de moi, je me sentais responsable de ce qui se passait, de l'état de cette ville ... Et pourtant, je savais que plus le temps passait, plus je me sentais coupable des atrocités qui se déroulaient dans la ville. Ces gens qui meurent ... Et je me devais de l'endurer, d'endurer les coups, et de montrer que je pouvais devenir plus qu'un homme, un symbole pour l'espoir. Jugeant avec sévérité la jeune fille, je repris.



Je tranche dans le vif. Oui, mais au fond c'était pour éviter qu'une amatrice ne prenne la grosse tête et qu'elle s'entête à continuer dans cette voie-là. Rose Wilson était peut-être entrainée, monstrueusement experte dans les domaines les plus dangereux, mais elle avait du mal à se contenir. Ses émotions étaient plus fortes que sa concentration, et cela pouvait l'empêcher de faire ce qui était nécessaire. Je ne pouvais pas supporter que des gens inexpérimentés puissent s'ajouter sur la longue liste de cadavres qui pesaient sur mes responsabilités. Et ce gamin, je ne voulais pas non plus avoir sa mort sur la conscience. Les enfants sont formidables hein ? Que dire devant une jeune fille comme ça ? Qu'elle méritait une bonne vieille fessée des familles ? Qu'elle méritait une bonne punition pour avoir quitté le giron pour braver les ordures notoires de Gotham City ? Ce n'était pas à moi d'en décider, mais à ses parents. Dans cette ville, on a tous un plan en tête, un plan pour sortir la tête de ce marasme ambiant qui nous bousille le moral. Cette ville, elle brise des vies, des gens, et la plupart essaient de s'accrocher pour ne pas sombrer dans la facilité. Je ne suis pas quelqu'un de sociable, mais j'essaie de l'être en apparence, et Dieu que cela m'était des plus pénibles. Mais peut-être que je la jugeais difficilement, sévèrement. Peut-être. Je n'étais pas connu pour être quelqu'un de très sympathique, il faut dire.



Je continue à la fixer. Beaucoup de gens pensaient que Batman n'était plus que l'ombre de lui-même. Ce soir, c'était surtout un moyen de montrer que j'étais toujours là, toujours présent, et surtout, toujours motivé à déstabiliser les empires de pacotille, fondés sur le crime. Gotham City attire à elle les gens brisés ou damnés. La damnation. Et Gotham était notre purgatoire à tous ceux qui tentaient de changer les choses. Oui, c'était le sentiment que j'avais au fond de moi-même. Je le sentais et assez durement. Wayne Enterprises et la Fondation Wayne faisaient tout pourtant, pour arriver à changer les choses, mais ça n'était jamais assez, jamais. Et Gotham sombrait, mais à force de s'obstiner, on pouvait y arriver, si on le voulait. Je reprends d'une voix sombre et forte. C'est la seconde partie de son message qui m'interpellait au plus profond de mon être. Elle semblait désemparée, complètement abasourdie, complètement à la dérive.

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La situation à Gotham City avait terriblement chuté pour que des petites frappes s'en prennent à des gamines, celle-ci semblait terrifiée, aux abois, comme si elle venait enfin de faire la terrible rencontre avec Gotham la noire, Gotham la maléfique, Gotham la monstrueuse. Mais ce n'était pas encore le cas pour bon nombre de gens qui continuaient de croire que tout était merveilleux dans cette foutue ville. Mais Rose Wilson n'était pas une petite fille tranquille, ce n'était pas une petite fille qui se laissait faire, et elle n'était pas du genre à se laisser marcher dessus. Elle avait le droit à sa chance, et j'y veillerai personnellement. Dans le cas contraire où elle me mentirait, je n'hésiterai pas à frapper et à faire mal. Je n'apprécie pas le mensonge, ni qu'on se paie ma tête. Jaugeant la situation, je prend une allure plus froide, plus ténébreuse que je ne l'étais déjà, comme si je me détachais de toute pitié, de toute possibilité de survie pour elle, comme si son sort était déjà scellé. Mais la peur serait un bon moyen pour elle de ne plus recommencer. Cela était déjà arrivé que de petits truands aient mis à un terme à leurs carrières criminelles simplement après m'avoir croisé, une seule nuit. Je regarde la jeune fille, droit dans les yeux, ma figure est fermée, imperméable. Le bruit du tonnerre commence à se faire pressant, la pluie ne tarderait pas. Le Batman ne doit pas que être vindicatif, il doit laisser sa chance, après tout, elle avait Slade Wilson comme père. Mais je n'aimais le fait d'avoir des protagonistes potentiellement dangereux dans mes pattes.



C'était Rose Wilson, et j'espérais qu'elle savait ce qu'elle faisait. Être Bruce Wayne, ça n'a rien de drôle, surtout quand on est connu pour de nombreuses frasques en public, ou encore pour les derniers scandales en date. Qu'est-ce que disait le philosophe déjà ? Pour vivre heureux, vivons caché. Sauf que Bruce Wayne était tout, sauf quelqu'un de pleinement heureux. Comment peut-on l'être ? Surtout quand on sait que sa croisade est vouée à l'échec ? Quand on sait que malgré tout ce qui peut se passer, malgré les bonnes actions, tout est voué à la destruction et à la corruption. Pourquoi y penser ? Après tout, le combat s'affirmait de jour en jour, et de jour en jour, cette ville sombrait, malgré le peu d'espoir que le Batman tentait d'apporter. J'entre dans le vif du sujet. Pour tout dire, je ne m'attends pas à ce qu'elle me suive dans mon combat. Pour elle, Gotham City n'était qu'une étape sur sa route, un point parmi tant d'autres, mais une chose était certaine, elle revenait toujours à Gotham, inlassablement. Elle revenait toujours, et c'était ce qui faisait de nous des êtres attachés à cette ville, selon plus ou moins fort en terme de degrés. L'observant, ses manières de joueuse, elle s'amusait, elle s'amusait avec sa rhétorique. Elle était joueuse, mais c'était aussi ce qui peut l'amener à tomber sur de plus gros poissons. De ma poche de ceinture, je sors une clé USB, que je tends à la jeune femme.



Savoir faire la paix était une voie qui m'était insupportable, mais parfois, en ces temps difficiles, c'était nécessaire. La jeune femme ne pouvait pas le comprendre, elle n'avait pas mon âge, et n'avait pas les expériences les plus pénibles derrière elle. Elle avait eu des traumatismes différents, mais quelque part, nous avions des points sur lesquels nous nous ressemblions. Savoir faire la part des choses ... C'était une des leçons que j'avais moi-même apprise auprès de Clark. Nous apprenons dès notre enfance à nous façonner, à devenir un individu, mais notre avenir n'est pas tracé. L'avenir ne peut se produire que si nous choisissons d'être fataliste et de subir les événements. Ce à quoi je m'oppose totalement. Jamais je ne me laisserai écraser par la vague du temps, jamais je ne me laisserai imposer un choix que je ne peux choisir. Je me battrais, toujours et encore, contre ce qui se terre dans les ténèbres. Son cynisme témoigne cependant d'une légère peur. Elle avait peur de moi, de ce que je peux être capable de faire, et tout ça n'était qu'un jeu pour elle, elle voyait la vie d'une manière différente. Comme lui. Comme le Joker. Avant de lui donner la clé USB, je lui dis quelque chose d'essentiel.



Quand on est Batman, on doit apprendre à gérer ses émotions, à les garder enfouies, car rien de bon ne peut aller si on éprouve des sentiments pendant une intervention. Si on se laisse submerger mentalement, c'est la fin, une erreur, une mauvaise appréciation, et tout peut basculer en ma défaveur. Mais là, ce n'était pas une intervention. Ce n'était pas un criminel qui était en face de moi, mais une enfant brisée par le passé un père qui n'avait que la haine et la guerre dans son esprit. Je ne pourrais jamais être un père de substitution pour Rose Wilson, mais si je pouvais la transformer en arme pour le bien, en faire l'inverse de ce qu'espérait son père, peut-être trouverais-je le moyen de voir un moyen de faire fléchir Slade la prochaine fois que je le croiserais ? Peut-être.

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Ma voix est sombre, tandis que j'observe les visages des hommes étalés à terre. Ils se réveilleront dans quelques heures, d'ici là, nous serions partis depuis longtemps. Le plus important, c'était de savoir ce que j'allais faire de cet être qui maniait l'épée comme d'un instrument de musique. Autrefois, on bénissait ceux qui arrivaient dans les villes, on posait un peu d'eau bénite en espérant la prospérité et la chance aux arrivants. Ce soir, nulle question d'eau bénite, seulement des coups, et du sang renversé, si je venais à apprendre d'autres mauvaises nouvelles par la suite de son arrivée. Rose Wilson avait peut-être cette envie de faire ce qui était juste. Peut-être, mais les doutes sont toujours présents en moi. Toujours. J'avais remarqué une certaine habileté dans ses prouesses, une certaine prise de risques qui me rappelait celle de Dick à ses débuts. Même si on était étranger à Gotham, on s'habituait très vite à la ville. Et pourtant, en s'habituant à l'ambiance, on pouvait très vite y prendre gout, et même baisser sa garde, or, à Gotham City, baisser sa garde était synonyme de mort. Bien que je répugnais à l'idée de prendre sous mon aile trop de gens, force était de constater qu'en cette heure, qu'en cette année difficile, Gotham City avait désespérément besoin d'aide. Elle avait besoin de toute la force nécessaire pour vaincre cet obstacle. Réfléchissant, je reprends aussitôt.



Peut-être serait-elle une formidable alliée ? Peut-être qu'elle serait un femme de poids dans cette ville qui sans cesse, se recréait et créait de nouveaux monstres. Il me fallait des hommes et des femmes de confiance. Des gens en qui l'on pouvait accepter l'aide. Le ton est donné, il fallait le reconnaitre et ne pas cracher dans la soupe quand on vous la mettait sous le nez. Par contre, il fallait un ensemble de règles pour survivre à Gotham City. Un faux pas et on condamnait un innocent au bûcher du péché de la ville. Mais encore, je devais quand même lui rappeler ce que j'avais comme devise, ce qui restait toujours dans mon credo. Elle devait se douter de cet ordre, et même un simple rappel se devait d'être fait par Batman.



Je disais ça sur un ton assez direct, assez abrupt. Elle était un soldat, une bête entrainée à obéir aux ordres de son père, et elle avait fait de nombreuses années dans les camps de survie. Elle connaissait son rôle, et je pourrais voir si on peut faire quelque chose d'elle ... Oui, on les aura tous, et quand chaque monstre de cette ville sera dans une cellule capitonnée, le travail sera accompli. Mais combien de victimes encore ? Combien d'âmes perdues pour ce simple jeu à Chinatown, qui avait été intercepté par Katana ? Gotham City en avait la réponse, elle savait que je perdais du temps, et que plus j'en perdais, des innocents étaient jetés en pâture aux monstres. Même si je redoutais de lui faire pleinement confiance, il était intéressant de la voir se complaire dans son nouveau rôle. J'étais même assez content intérieurement de voir une nouvelle alliée qui pourrait me permettre de souffler un peu. J'étais épuisé, et ce rythme que j'enchainais allait me tuer d'une manière ou d'une autre. Je sors de ma bat-ceinture un petit gadget presque minuscule. C'était un petit boitier qui, une fois activé, me transférerait un bip dans mon casque, m'indiquant que je devais revenir vers Wilson. En théorie, on peut utiliser ce boitier comme on le désire, mais pour éviter d'être sonné toutes les heures, je préférais mentir sur le boitier, et ainsi faire en sorte que la personne me contacte quand cela serait vraiment important. Wayne Technologies faisait bien les choses, et j'avais de la chance d'avoir un allié comme Lucius Fox pour m'aider dans toute l'administration des objets importés et des commandes. Lucius était un ami de longue date, et sans lui, je ne sais pas si Batman serait vraiment Batman. C'est grâce à des gens comme Alfred, Lucius, ou Harrold que je peux me permettre de réussir, et ça, je ne devais pas l'oublier.



Un petit mensonge oui, mais ça inciterait Ravager à mieux se pencher sur le sujet, et à mieux juger d'une situation passable d'une situation critique. Je ne me devais pas de perdre la moindre seconde dans Gotham livrée aux gangs.



Je disparais dans les ténèbres comme je suis apparu. Rose Wilson était maintenant seule, à sa propre disposition. Maintenant, elle devait jouer sur son terrain et montrer de quoi elle était faite. Elle avait le talent, la maitrise, mais avait-elle le cran pour survivre dans Gotham City ? Ce n'était pas Métropolis, c'était certain, et pour tout dire, elle n'avait pas idée dans quoi elle s'embarquait. Moi, je savais à quoi m'attendre, et je me préparais mentalement à endurer la perte de camarades, à éprouver leurs deuils au cas où. Voila de quoi ma vie était faite, de cercueils et d'adieux aux amis. Traversant Gotham City, j'observe et je guette le criminel lambda, ils n'échappent pas à ma vue, ils ne peuvent pas m'échapper. Ravager saurait faire la lumière sur ce qui se passe sur les docks et dans Chinatown, elle saurait leur montrer qu'on ne rigole pas avec la justice, ni avec les croyances d'autrui. Je lui faisais à demi confiance pour le moment, elle me prouverait un jour, qu'elle est entièrement digne de mon approbation.