| | Les lumières de l'ombre. (a. B.Voss & J.Gordon ) | |
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Messages : 114 Date d'Inscription : 26/09/2023
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : ♥ Love interest: Armes & gadgets: Elmo Sonelli | | | | Messages : 114 Date d'Inscription : 26/09/2023
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : ♥ Love interest: Armes & gadgets: Elmo Sonelli | Sujet: Re: Les lumières de l'ombre. (a. B.Voss & J.Gordon ) Mer 22 Mai 2024 - 9:31 | |
| En cette fin d’après-midi, entre la lumière citrine du jour tombant et l’ombre des débuts de la nuit, Sonelli eut l’honnêteté de reconnaître qu’il attendait avec impatience la rencontre nouvelle de la soirée. Une pointe persistante de curiosité. D’abord sceptique devant l’idée du commissaire qui leur faisait perdre en somme une journée d’un temps qu’il savait compté, il avait fini par en reconnaître l’utilité. Il n’était pas loisir de frapper au hasard. Une hésitation, une approximation au moment de l’action entraînerait des conséquences terribles. Dramatiques.
L’amorce de l’obscurité, la sensation d’inachevé de la journée passée à scruter dans les planques et les recoupement d’informations tout ce qui permettrait de remonter la piste, l’attente, le chargèrent d’une longueur d’angoisse. Mélancholie du brouillard, inquiétude concrète. Il se préoccupait du sort de la jeune disparue. Espérait qu’ils remonteraient sa trace assez loin, assez vite pour la trouver en vie. Fol espoir, encore une possibilité de le voir se réaliser ? Seul le temps saurait le dire.
L’inspecteur suivit Gordon dans l’échafaudage de leur errance. Progressivement les buildings métalliques et modernes aux allures de fusées du futur que Sonelli trouvait hideux avaient laissé la place à des barres de béton aux allures d’usines désaffectées, moitié décrépies moitié éventrées. Des immeubles entiers n’étaient plus que ruines et la plupart des devantures de boutiques étaient clôturées de planches, elle-même arrachées par les sdf et les junkies en quête d’abri. Pas la moindre trace de nature ou de vert, la ville avait tout recouvert. Ces ghettos déshérités payaient le poids de l’urbanité sans bénéficier du mirage relatif de son éclat et de sa modernité. De cette ville schizophrène qu’était Gotham, loin des panoramas usé par les flashs des touristes s’étendait une jungle que les habitants des gratte-ciel étincelants de voulaient pas voir. Qui était pourtant leur miroir.
Les journaux lorsqu’ils couvraient leurs descentes dans de tels endroits parlaient parfois "d’assainissement du quartier". Sonelli pour sa part n’avait pas l’impression d’assainir quoique ce soit. La jungle de la violence, des vices et du meurtre s’étendait plus qu’elle ne grandissait. Quant à ceux qui vivaient dans ces quartiers, pauvres ils étaient et miséreux ils restaient. Les nouveaux gangs remplaçaient les anciens. La situation restait sans débouché. Il se sentait comme un curé de campagne qui devant la famine ou l’épidémie a perdu la foi, mais est obligé de chaque jour mener la messe et tenir le confessionnal. Impossible d’abandonner ceux qui ont encore besoin de croire en cette espérance-là. Incapable de raccrocher la soutane, ne sachant faire que cela.
Gordon tourna l’angle d’une dernière ruelle et Sonelli qui depuis plusieurs dizaines de minutes regardait pourtant déjà la décrépitude et le marasme s’accumuler constata qu’ils venaient d’atterrir au cœur du désespoir. L’impasse était une rue pavée bordés de gros bâtiments laids à mi-hauteur. La perspective d’un terrain vague se dessinait à travers les fissures de cette absence d’horizon. Les fenêtres qui n’étaient pas condamnées étaient obstruées par des grillages ou des barreaux et des bâches faisaient office de stores aux ouvertures les plus délabrées comme s’il s’était s’agit d’un campement de réfugiés. Des sacs poubelle noirs éventrés semblaient se languir depuis des semaines le long de la chaussée. Plastique couleur goudron empalé sur les rebords des grillages, s’effilochant, ouvrant la voie à l’appétit des rats. Les poubelles semblaient avoir été vidées depuis le toit. Une borne à incendie désossait inondait la chaussée et les ordures qui jonchaient le caniveau et les trottoirs. Parmi celles-ci l’inspecteur était certain que l’on y aurait trouvé des seringues à y regarder bien. Le moindre espace de mur des quartiers précédents qu’ils avaient traversé étaient jusqu’au dernier recoins couvert de tags et de graffitis. Or le désœuvré qui avait dessiné un phallus sur la devanture fracassée de ce qui en d’autres temps avait été une boulangerie, même les peinturlureurs de rues semblaient avoir pensé que leur art de méritait pas de figurer dans un endroit aussi déprimant que celui-là.
La gargote dont le commissaire poussa la porte était sans contexte sous l’œil aiguisé du policier le genre de bar à voyou qu’il savait reconnaître et devait plus souvent qu’à son tour dans son métier fréquenter. Entre tous pourtant celui là se distinguait par la stagnante impression d’usure et de déchéance qui y supplantait la délinquance et la violence. Moins que parmi les brutes et les malfrats prêt à vendre ou en découdre qu’il croisait d’ordinaire en ce genre d’endroit, il avait l’impression de rencontrer les rebuts du monde de la pègre et de la pauvreté. Ceux qui ne s’y étaient pas là non plus acclimatés après avoir déjà été refusé par le monde ordinaire de la société civilisée. Ceux qui en avaient été jetés. La clientèle des marchés aux puces tenus par des chiffonniers. Qui encore d’autre… Ils n’étaient pas entrés là où l’on les regarderait en soupesant la valeur et le danger de les égorger pour les délester de leur bourse ou un paquet de cigarette mais là où l’on ne regardait plus que son verre se vider dans son sourire édenté. Dramatique. Tristesse et cafard noir. Il n’était pas certain de ce qu’il devait préférer.
Une télévision hurlait dans le fond des mots débraillés, crachait en boucle son son éraillé, rythmait la journée des clients qui se noyaient dans leur verre sans l’écouter. C’était laid, étrange et irréel. C’était le journal télévisé.
L’air à demi endormi sur son comptoir, le barman, un homme adipeux et court sur pattes. Un visage sans âge, maigre et émacié surmonté de lourdes paupières boursoufflées. La respiration rauque, il avait l’air de ronfler et évoquait un hibou sur une branche en pleine journée. Son demi-sommeil de semblait pourtant pas l’empêcher de surveiller. Sitôt que le commissaire lui adressa la parole, il souleva les plis de ses yeux dans une version lénifiante et ralentie d’un tic nerveux et indiqua la porte de l’arrière-salle d’un geste habitué. Il connaissait manifestement le commissaire. Eut un regard d’étonnement en revanche pour la présence de Sonelli mais qui retomba comme un soufflé trop cuit. Ici, l’on avait trop à faire de sa propre déchéance pour se préoccuper des ennuis d’autrui.
Meublée de trois chaises, une table branlante, un tabouret cassé, la pièce aux murs vides à l’exception de l’étrange décors d’une photographie découpée dans un journal et au couleurs passées de ce qui semblait avoir représenté une caserne de pompiers. Curieusement propre en comparaison du reste de l’établissement en même temps que de cette sobriété qui confinait au dénuement. Au centre de la pièce attendait une jeune femme aux cours cheveux noirs et à l’allure fuyante et sauvage de chat de gouttière. Fumant crânement une cigarette, elle les regarda faire leur entrée par-dessus son panache de fumée. Surpris par la cicatrice qui lui barrait le visage il ne pu s’empêcher pendant quelques instants de la fixer, mais détourna aussitôt le regard en homme bien élevé. Faute de chapeau à ôter, il se contenta d’incliner la tête avant de saluer.
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| | | Messages : 185 Date d'Inscription : 18/07/2023
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : ♥ Love interest: Armes & gadgets: James Gordon | Sujet: Re: Les lumières de l'ombre. (a. B.Voss & J.Gordon ) Mer 22 Mai 2024 - 14:31 | |
| GCPD : Law & Order Just a cop in Gotham Le temps n'est pas au beau fixe. Les affaires sont ce qu'elles sont, mais jamais, elles ne sont annonciatrices de bonne nouvelle. Il y'a toujours une foutue ombre noire au tableau, et bien que les choses puissent parfois être positives, on a toujours cette ombre qui fout le merdier. Vous sauvez un gamin d'un réseau de trafiquants, malheureusement, il vivra avec des traumas le reste de la vie, mais ... Il est vivant hein ? Et ça continue, et ça continue. Pas une seule putain d'ombre positive au tableau, et c'était désespérant. Le vieux flic que j'étais en avais vu beaucoup. Beaucoup trop, et toujours dans la démesure à chaque fois. Les pensées noires étaient en moi, difficile de ne pas penser au pire, à chaque fois que cette ville vous montre de quoi elle est capable. Clope au bec, j'avais demandé à Sonelli de me suivre en cette fin d'après-midi. Je lui avais demandé de porter des affaires amples, même si lui passe pour une carrure assez imposante, et pour moi, le commissaire de la ville dont le visage est connu en ville. Un bon vieil imper et un chapeau, tandis que nous nous dirigions vers un de ces bars pourris qui trainent dans les bas-fonds. Par respect pour mon contact, je ne voulais pas mettre sa couverture, ni son intégrité en danger. Un seul homme ne peut pas contenir tout le mal, mais il peut quand même essayer ... Et chuter. J'ai failli à cette ville. Et à beaucoup d'autres personnes qui me faisaient confiance. La guerre pour Gotham City avait mené l'organisation nommée le gant noir, à faire main basse sur ma cité. De nombreux quartiers avaient souffert, des gens furent blessés, mutilés. Et les forces de police n'avaient pas réussit à remonter la pente. J'avais failli à mes hommes, mais je ne faillirais pas à mon devoir. On imagine très mal ce qu'un de ces cinglés est capable d'accomplir, et qu'au final, tout ça ne puisse être qu'une simple diversion pour quelque chose de plus grand. Dieu que j'ai envie de fumer, j'ai du mal à calmer cette peur que je tente de dissimuler au fond de mon être. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec chacun d'eux. Le Joker, Double-Face, Edward Nygma, ils avaient tous quelque chose que je détestais en eux. Ils me rappelaient sans cesse que je pouvais moi aussi, un jour, péter les plombs et devenir comme eux. Mais quelqu'un comme moi se doit de respecter les règles, de montrer que ça fonctionne. Que ce badge que je porte sur mon uniforme, me rappelle sans cesse que je suis dans les clous de la société. Quand on côtoie les monstres au fur et à mesure des années, on apprend jamais à les accepter. On subit, on se mord les lèvres et on encaisse.
Un simple détour, dans les ruelles, un petit coup de virage dans un angle, et voila qu'on se retrouve sûrement dans le bar le plus paumé de toute la ville. L'ambiance, c'était pas trop ça à l'intérieur, mais le barman, un certain Vic, était un bon copain et il avait travaillé pour nous à une lointaine époque en tant qu'indic lui aussi. Il connaissait les besoins de notre cause, et il n'avait jamais fermé la porte pour aider de vieux amis. Alors que nous entrons, Sonelli et moi, je lui adresse un simple regard, de courtoisie, avant de me diriger vers la pièce du fond. Je laisse quand même un billet de vingt dollars, sur le comptoir. Pas pour la consommation, pas pour le fait qu'il joue les entremetteurs, mais on se serre les coudes comme on peut au GCPD, et surtout avec les anciens camarades de lutte. Nous entrons dans la pièce du fond, un regard vers Sonelli et ce silence, lourd entre nous deux, qui nous permet de mieux saisir comment les choses vont se passer. Rien n'est simple à Gotham City. Mais si on y met le prix, on peut tout avoir. Et ce soir, j'avais besoin de renseignements.
"Salut V. Je te présente mon collègue, Sonelli. C'est quelqu'un de confiance."
Présentations faites, il fallait quand même mettre un peu de confiance et surtout, ne pas lui faire peur. Je reste discret sur son nom. Je préfère faire les choses discrètement, et surtout, pour éviter de la mettre dans la merde, quand les choses ne vont pas au beau fixe. Voss était quelqu'un d'accomplie, qui avait une parfaite connaissance du milieu, et surtout, qui savait écouter. Toujours ce silence, alors que nous n'étions que trois dans la pièce, confortable, mais froide. L'air est lourd, et pourtant, cela n'avait qu'à peine commencé. Pour commencer, je m'assois à table, avant de sortir une photo que je pose sur la table, l'air concerné. Une photo de la gamine disparue. Cheveux noirs, petite mèche blanche. L'air jovial et adorable. Bref, une gamine de la ville, une gamine normale quoi. Je renifle, faisant bouger ma moustache. Un reniflement presque mécanique, en fait. Une habitude.
"Cette gosse a disparu. On a enquêté chez elle. Rien. Aucun indice. Sauf ceci."
Je sors un petit sac plastique pour les indices, une carte 10/6, une de celles que le Chapelier Fou adore utiliser pour commettre ses crimes. Le genre évident de l'évidence hein. Trop beau pour être vrai, et même moi, j'avais un peu de mal à voir une telle solution alors que tout pourrait être différent. Nan, y'avait quelque chose de pas net avec cette affaire, et c'est pour ça que j'avais contacté Voss. On a parfois besoin d'une aide extérieure, et Batman n'était pas là pour m'aider sur cette affaire, non. Cette fois, on travaillait à l'ancienne, comme à nos bonnes vieilles habitudes. Ambiance pesante, sur fond de possibilité qu'elle ait l'envie de nous aider, et surtout, à quel prix. Combien de fois il avait fallut avancer un peu de fric pour la faire cracher le morceau. Je peux comprendre : La vie à Gotham City n'est pas évidente pour personne, et les risques encourus ne valent pas la gratuité de l'acte. Rien ne se fait gratuitement à Gotham. Jamais.
"C'est une possibilité. Mais y'en a d'autres. Tu vois mon camarade à côté de moi ? Lui, il a pensé aux mouvements anarchistes qui sévissent en ville. Tu en penses quoi, toi ?"
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| | | Messages : 53 Date d'Inscription : 30/03/2024
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : East End ♥ Love interest: Coeur à prendre à vos risques et périls Armes & gadgets: Couteaux, armes blanchesBonnie Voss | Sujet: Re: Les lumières de l'ombre. (a. B.Voss & J.Gordon ) Mer 26 Juin 2024 - 9:39 | |
| en charmante compagnie avec le commissaire et l'inspecteur sonelli. le bar miteux n'a rien d'un endroit envieux, mais il permet à la chatte sauvage de sortir des gouttières durant un bref instant.
@James Gordon @Elmo Sonelli Après midi à l'Escampette. Comme un corbillard qui menait son cadavre à sa dernière demeure, dans une procession lente et sinistre, une ombre collée aux façades des immeubles se déplaçait. Elle longeait les murs crasseux pour la plupart enduits de la pisse du bas peuple ou de morve du clochard. Les mains fourrées dans les poches, malmenant un briquet en fin de vie. Son pas mesuré laissait deviner que cette ombre savait pertinemment sa destination bientôt atteinte tandis que la capuche de son pull-over couvrant une partie de son visage balafré, trahissait un secret se voulant bien gardé. C'était Bonnie Voss qui se rendait à l'Escampette, le bar où le poids de ses mots valaient généralement son pesant d'or. Elle était une furtive habituée qui saluait le comité d'un bref mouvement de la tête, les pupilles fuyant tout contact. Jamais le barman n'avait été indiscret quant à sa présence mais quelque chose disait à Bonnie que ce n'était pas par élan de galanterie. Non, lui aussi cachait quelque chose, entre fouines galeuses on se reniflait l'odeur putride à des kilomètres.
Son passé l'avait rendue plus forte, son présent était assiégé par la dangerosité omniprésente de la violence et la découverte de sa double vie, son futur était donc incertain. Mais cela lui allait. On aurait pu dire qu'elle était celle qui naviguait entre deux mondes avec une aisance déconcertante, entre l'ordre et le chaos, entre la loi et l'ombre, mais la vérité était que plus le temps passait, plus Bonnie craignait pour sa vie. Un simple regard dans sa direction lui faisait penser qu'elle était démasquée. Une phrase anodine devenait soudainement pleine de sous-entendu. Les bruits, la nuit, la réveillait et elle ne dormait maintenant que d'un oeil. Les tristes témoins de son quotidien étaient ces deux poches sombres sous ces yeux qui pétillaient néanmoins.
A chaque fois que ses lourdes bottes martelaient le bitume, sa longue veste en cuir noir flottait autour d'elle. En gagnant les marches de l'établissement dont l'allure extérieure était un clin d'œil évident à l'ambiance intérieure, Bonnie poussa les portes closes, munies de ses mitaines. Celles-ci étaient noires et ne laissaient dépasser que ses doigts fins aux ongles écaillés d'un verni rouge sang en voie de disparition. Entretenir sa féminité était un luxe dont elle ne pouvait se passer mais où certains jours, était négligé par le manque de temps ou plus simplement, de façon ironique, la fatalité de se dire que c'était peut-être aujourd'hui qu'elle crèverait la gueule béante dans un cul-de-sac où personne n'allait jamais et que son corps refroidi ne serait trouver que par le plus grand des hasards pour un joggeur du dimanche et son chien...
Bonnie inspira, nul besoin de laisser la peur et l'anxiété diriger sa vie. Du moins pas maintenant. Elle avançait, sûre d'elle, ses semelles frappant le sol irrégulier avec une régularité presque hypnotique. L'air était lourd à l'Escampette, chargé d'odeurs de tabac froid et de café bon marché. Les néons fatigués projetaient une lumière vacillante sur les murs. Sans même balayer la salle du regard, Bonnie se dirigeait vers la table habituelle, à l'arrière. Une fois assise, elle se cala contre le dossier de la banquette, son visage à moitié dissimulé par la pénombre ambiante. Le cendrier au milieu de la table lui fit de l'oeil et elle opina dans un silence religieux, une nouvelle clope au bec. Bonnie savait que le commissaire et son inspecteur ne tarderaient pas. Elle croisa les jambes, ses yeux perçants balayant les environs avec une vigilance de prédateur.
Lorsque le commissaire demandait audience dans les bas fond de Gotham, c'était toujours pour une bonne raison. James Gordon lui avait tendu la main il y a deux ans quand son monde s'écroulait, lui et une minuscule poignée d'autres flics, d'ailleurs. Il n'y avait pas de "registre d'indic de la GCPD", peu de gens savaient pour son identité et son travail, et c'était tant mieux. Avec tous ces pourris qui portaient l'insigne à la police, elle n'aurait pas fait long feu. Pour quelques billets, l'un d'eux aurait mouchardé auprès de la pègre contre laquelle elle s'était rivée.
Deux silhouettes entrèrent dans le bar, Bonnie leva un regard furtif dans leur direction. En remarquant la moustache touffue du commissaire, elle se redressa sur son siège. L'autre type avec lui, elle ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Mais les amis de Gordon serait ses amis, du moins jusqu'à ce qu'il y ait preuve du contraire. Il lui adressa une salutation silencieuse qu'elle ne lui renvoya pas, l'avisant d'abord de tout son long. Salut V. Je te présente mon collègue, Sonelli. C'est quelqu'un de confiance. Celle qu'on appela V hocha à peine de la tête tandis que ses lèvres tiraient sur la cigarette à moitié consumée. Il pouvait bien dire ce qu'il voulait, le commissaire, car elle s'en ferait une idée d'elle même de cet inspecteur Sonelli. A peine installé, James Gordon une photo qui finit exhibée sur la surface de la table. Bonnie se pencha un instant pour épier cette gamine avant de reprendre sa place initiale, dos à la banquette. Elle n'affichait aucun air sur son visage, ni surpris, ni attristé, ni intéressé. Non pas qu'elle ne soit rien de tout cela et ce n'était pas bien important, mais Bonnie avait appris à se fermer aux impacts négatifs d'être une indic, d'être membre d'un gang qui proliférait comme la peste. Le but n'était pas d'avoir un coeur de pierre, mais de le protéger, pour sa santé mentale. Cette gosse a disparu. On a enquêté chez elle. Rien. Aucun indice. Sauf ceci. L'indice présenté pointait du doigt ce taré de Chapelier, c'était évident. Bonnie avait déjà squatté la boite de nuit clandestine de ce fou à lier "Le terrier du Lapin", peut-être qu'un petit tour là-bas serait-il propice à des réponses ? C'est une possibilité. Mais y'en a d'autres. Tu vois mon camarade à côté de moi ? Lui, il a pensé aux mouvements anarchistes qui sévissent en ville. Ainsi donc l'inspecteur Sonelli avait un peu de jugeotte, cherchant plus loin que le bout de son nez. C'était bon à savoir. Tu en penses quoi, toi ?
Enfin, il lui laissa la parole. Bonnie Voss tira une dernière bouffée avant de jeter son mégot encore fumant dans le cendrier. A leur début elle demandait à être payée avant toutes informations divulguées. N'ayant jamais eu de bévue avec ce vieux flic, aujourd'hui l'indic avait laissé s'installer cette confiance fragile qui régnait entre eux. Les adeptes du Chapelier sont partout, commissaire. Même parmi les anar. C'est le seul lien plausible entre ce taré et l'hypothèse de votre inspecteur, dit-elle en insistant sur le dernier mot, les yeux posés sur l'homme silencieux. Puis reportant son attention sur Gordon, elle reprit. Il contrôle ses marionnettes qui auront fait le sale boulot pour lui, je pencherai pour des taupes chez les anarchistes. J'y ai des contacts sûrs, tous n'ont pas perdu la boule. Mais ceux à la botte du Chapelier se terre sûrement dans le terrier du lapin. Parler, ça donnait soif, et le barman fit bien sa besogne. Il arriva avec trois verres et la note serait, comme d'habitude, pour le commissaire. Ca fait combien de temps qu'elle a disparu ? Histoire de voir si vous brassez de l'air ou pas. Une nouvelle clope enfouie au bord de ses lèvres maintenait à présent le nuage de fumée. Bonnie tourna son visage vers l'inspecteur Sonelli, qui respirait le flic à plein nez rien qu'à le regarder, même de loin. Tout en lui trahissait sa profession, jusqu'aux rides qui marquaient sa chair, jusqu'à ce regard qui en avaient vu des horreurs. Pourquoi avoir pensé aux mouvements anar, qu'est-ce qui vous a mis sur cette voie ?
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| | | Messages : 114 Date d'Inscription : 26/09/2023
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : ♥ Love interest: Armes & gadgets: Elmo Sonelli | Sujet: Re: Les lumières de l'ombre. (a. B.Voss & J.Gordon ) Jeu 25 Juil 2024 - 0:34 | |
| La voix était jeune, davantage qu’il ne l’aurait imaginé, malgré les émanations de fumée. Du coin de l’œil en réfléchissant aux paroles, il en jaugea l’allure et le ton, se demandant si la mystérieuse entité qui leur livrait les plans de l’obscur dédale de la pègre gothamite avait quelque lien avec celle recherchée par Herbert Stencil. La Tierce des Paumés eut certes au moins aussi bien que L'Escampette convenu à cet endroit. Pourtant sans vouloir présager négativement des curiosités littéraires de son ami le commissaire ni des indics de la police de Gotham, il se permit d’en douter un chouïa.
Le profil atypique de leur informateur intrigua moins l’inspecteur que par son attitude faite de flegme imperturbable. Ses traits n’exprimèrent pas un sentiment en regardant le portrait de la disparue. Il la détailla, se demandant quelle était la part de dureté et quelle part de façade dans son indifférence. Quelle part de fierté et quelle part de théâtre et dans ce regard direct d‘une assurance presque crâneuse. Il avait appris à jouer la comédie, lui aussi. Pas le choix dans son métier, sinon l’on se noie ou l’on noie l’enquête. Lui avait appris en regardant Manfredi, Cervi et Ventura, et le mises en scène toute en finesse de Giorgio Strehler. Il n’avait jamais été cabotin, mais il savait se fondre dans le décor. Passer inaperçu comme ces insectes qui savent prendre la forme de leur environnement pour s’y rendre invisible. Il était le premier à trouver cela étrange. Homme blanc dans la cinquantaine, un début de rides dans les traits, de cheveux de couleur indéterminée amorçant leur blanchissement et qui ne portait jamais l’uniforme de son métier. Un physique quelconque en somme. Mais son métier s’était au fil des ans gravé à l’encre indélébile dans les traits de sa physionomie. Policier. C’était écrit sur son visage désormais. Et pourtant il lui suffisait de le vouloir et plus personne ne faisait davantage attention à lui qu’à un lampadaire ou à l’éventaire d’un marchand ambulant.
Sonelli attribuait cette étrange aptitude à son intuition, celle qui lui permettait de retracer la peinture des lieux, retisser la toile des atmosphères, redessiner les trames et les nuances des êtres et des endroits. Ne lui restait plus alors qu’à trouver l’endroit où il ne détonnerait pas dans la symphonie des espaces et s’y fondre. Se glisser au bon emplacement du décor, là où il saurait ne pas y contraste. Une trille dissimulée dans le rythme d’un concerto. Une note supplémentaire glissée dans un arpège, sans jurer dans les temps de la mesure ni l’intonation de la tonalité. Un instinct poli par l’habitude depuis de longues années.
Le même instinct qui l’avait poussé à détailler davantage le barman que ce que les boissons venait d’apporter. Petit, corps adipeux et visage émacié, chevelure dégarnie qui avait dû être blonde, regard mou. Discret et sachant se taire. Assurément. Sans quoi jamais sa gargote n’eut accueilli les rencontres entre les membres du GCPD et leur source d’informations. Loyal et fiable ? Il l’espérait pour elle, mais Gordon devait avoir ses raisons pour l’avoir choisi et il avait confiance en son jugement. Ces deux-là étaient de vieilles connaissances subodorait-il. Un autre informateur de la police, sans doute, ou au moins quelqu’un d’une manière ou d’une autre redevable au commissaire.
Subrepticement son regard passa de l’un à l’autre des deux indics. Subreptice, son regard passa de l’un à l’autre des deux présumés indics. Lui effacé, taiseux, pour les deux policiers d’une politesse appuyée, presque obséquieuse. Sitôt arrivé sitôt reparti à ses affaires, à sa salle principale, à les laisser parler en paix. S’il était bien plus semblable à ce qu’il s’était attendu à rencontrer, il ne savait se départir de l’impression désagréable qu’il lui évoquait. Il ne parviendrait que rétrospectivement à identifier a crainte confuse et indéterminée de lui ressembler. La jeune femme qui au contraire, toujours assise, fumait négligemment, le regard plus railleur, plus direct lui évoquait une boxeuse dans un gymnase. Prête à en découdre mais surtout à montrer de quoi elle était capable. Elle lui parût plus insolente, d’où plus sympathique.
Sympathiques étaient moins les informations qu’elle lui indiquait même si elle n’y pouvait rien. Ce n’était que lui. Son dégoût, son dépit devant l’alliage absurde et monstrueux qu’il se voyait décrire. L’idée que des militants qui auraient dû se revendiquer de la liberté, admirateurs ou adeptes d’un fou dangereux qui manipulait les esprits par télépathie pour violer et tuer. Il n’aurait pas dû être surpris. Des aberrations qui finissait dans le sang, il en voyait chaque jour. Cela n’en était pas moins désagréable d’assister à l’effritement de ce qui avait été un idéal. Dans le fond, ces jeunes étaient vides. La passion politique les animait sans doute un peu mais c’était là une passion froide. Pire, superficielle. Des gens désœuvrés et sans avenir qui cherchaient surtout à remplir leur vide intérieur. Ce constat-là était peut-être le pire. Une ineffable tristesse. Tout simplement du gâchis. Il se contraignit à en faire abstraction et simplement répondre :
"Personne n’en a eu de nouvelles depuis six jours. Je pense qu’elle avait au moins de la curiosité pour les mouvements anarchistes. Peut-être même une certaine implication… "
Il employait des hésitations, des termes vagues. Ce n’était pas parce qu’il doutait, ni par politesse. Il n’avait pas besoin par ailleurs qu’on lui apprenne que celle qui lui faisait face avait au quotidien pire à craindre que d’entendre parler d’anarchistes. Minimiser la certitude de cette information n’avait pour but que de protéger la jeune femme disparue et son avenir si jamais elle survivait.
" Chez elle, on a trouvé ça. "
Il sorti de sa poche un exemplaire des papiers incendiaires qui à coup de grosses lettres noires et rouges dénonçaient l’expropriation des prolétaires par les manœuvres obscures des industries immobilières pour remplacer les quartiers pauvres détruits par le Gant par le faste de demeures coûteuses qu’artisans laborieux et ouvriers d’usine ne pourraient jamais se payer. L’inspecteur en défroissa les plis et la laissa lire. Evita simplement de mentionner en combien d’exemplaires la diatribe parmi les preuves avait été trouvé. Nul besoin d’entrer dans tels détail. Un simple regard partagé avec Gordon suffit. A force de travailler ensemble c’était presque comme si les deux policiers avaient développé une forme de télépathie. " Penser aux mouvements anarchistes ne signifie pas que je les affirme coupables. Seulement la politique à Gotham est, je ne vous apprends sans doute rien, un milieu glissant. Ceux qui se passionnent d’un peu trop près pour celle-ci peuvent vite s’y faire des ennemis. Ceux des anarchistes ne sont pas toujours des anges. Ceci dit l’histoire a déjà bien montré que rouges et noirs n’étaient pas toujours tendres entre eux. En fin de compte c’est ce document qui m’a intéressé tout particulièrement. "
Il se sentait obligé de détailler. Dérangé, presque mal à l’aise par la manière dont son collège avait dépeint son idée. Il ne pouvait donner tort à Gordon. C’était bien lui qui avait pensé aux mouvements anarchistes. Qui avait voulu aller au-delà de l’évidente preuve de culpabilité du Chapelier que le commissaire avait apportée. Mais en dépit de tout il ne s’était pas reconnu dans le portrait de chasseurs de gauchistes qu’il s’était vu proposé. Une sorte d’obsessionnel des anarchistes qui voulait leur attribuer tous les méfaits qu’il ne parvenait pas à élucider. Il en avait connu, de ce genre-là. Trop souvent croisé. C’était sans importance, mais la gêne qui à celle des révélations s’était accumulée l’avait poussée dans un besoin irrépressible de clarifier. Se mettre en règle en quelque sorte. Peut-être avant tout avec lui-même.
" Des opérations comme celles qui sont dénoncées ici pourraient bien cacher quelques affaires peu reluisantes qui n’aimeraient guère se retrouver sous les projecteurs. " suggéra l’inspecteur sans prononcer le terme de mafia explicitement. C’était à cela qu’il pensait pourtant. " Le papier ne me semble pas assez précis pour déranger assez pour que d’aucun souhaitent éliminer les curieux. Mais il pourrait y avoir eut, que sais-je, une investigation plus aboutie, une tentative de chantage, ou juste la volonté d’étouffer tout risque dans l’œuf. "
Le cadavre à demi consumé de sa première cigarette gisait déjà dans le cendrier. A travers cette enquête Sonelli traînait une terrible angoisse que le tabac ne parvenait pas à apaiser. Peut-être se perdait il à chercher trop loin, trop tordu, trop compliqué. Mais entre les tracts dissimulés, la mort mystérieuse du père, les obscures manipulations immobilières et l’inquiétante découverte du commissaire, il ne parvenait pas à remettre en ordre quoi que ce soit de sensé. Il fixa celle dont il s’était laissé dire qu’elle connaissait bien les mafias. Attendait le regard de l’expert. Il se sentait vieux, perdu dans cette ville qui changeait plus vite que sa capacité à comprendre. Qu’il ne reconnaissait plus.
Occupé par ces pensées, il laissa passer un instant de silence avant de réaliser qu’à sa réponse il manquait encore quelque chose. Gordon n’avait poussé vers l’inconnue aux cheveux courts ni argent ni quelque autre moyen de paiement. L’esprit pouvait envisager que la transaction se fasse plus tard ou en dehors de sa présence. L’intuition livrait une autre vérité. Ce qui s’échangeait, c’était de l’information et non pas de la monnaie. Il eut une brève pensée pour le secret de l’instruction, mais il en avait déjà dit beaucoup. Les quelques mots qu’il ajouterait n’en dirait pas sur la gamine bien d’avantage. Sur lui-même un peu plus, peut-être. C’est-à-dire rien de véritablement déterminant.
" « Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues.» C’était écrit parmi les extraits de chansonnettes sur l’un des posters de sa chambre, au-dessus du nom d’un guitariste qui n’a que très peu à voir avec celui qui l’a vraiment écrit. "
Un regard vers Gordon. Un regard vers V. Pour faire bonne mesure dans le local enfumé, il fit rougeoyer à son tour le bout de sa cigarette avant d’avaler un peu de fumer. Fit planer un instant le suspense. Leur donna le temps de fouiller dans leurs souvenirs, laissa couler les siens. Les écrits qu’il n’avait pas autant suivis qu’espéré, mais qui l’avaient marqué bien plus qu’il n’avait pu le penser. Sur les planches il n’aurait pas fait un très bon acteur, mais il retenait bien les textes.
" Gramsci. “Je hais le nouvel an”. Article publié en 1916 dans l’Avanti! Un de ces textes les plus beaux, même si pas aussi connu que ses Cahiers de prison. Ceux là, il les a écrit au pénitencier de Turi, lorsqu’il était prisonniers des fascistes. Je suis presque sûr que c’est de là que provient l’autre citation, celle sur le droit à l’opacité. " Un bref silence pensif, le temps de d’expirer une courte bouffée de fumée. " L’un des plus grand penseurs marxistes. Pas vraiment les lectures de l’adolescent moyen de Gotham. Avant que je trouve le tract, c’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille. "
Incertain de si le prix qu’il venait d’y mettre avait quelque proximité avec le coût qui était demandé, il se contenta d’attendre et de rediriger la discussion d’un regard appuyé sur le manifeste de papier. La méthode suggérée par Gordon était tout sauf inhabituelle au GCPD mais Sonelli n’en était guère coutumier. D’ordinaire c’était en solitaire qu’il avait l’habitude d’enquêter. Paradoxalement la sensation de solitude à laquelle le condamnait cette enquête s’en trouva renforcée. Cela ne l’empêcha pas d’interroger la jeune indic de son ton très courtois. Quoiqu’il pouvait ressentir et penser l’enquête devait continuer.
" Qu’est-ce que vous en pensez, mademoiselle ? " |
| | | Messages : 185 Date d'Inscription : 18/07/2023
▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : ♥ Love interest: Armes & gadgets: James Gordon | Sujet: Re: Les lumières de l'ombre. (a. B.Voss & J.Gordon ) Jeu 1 Aoû 2024 - 13:30 | |
| GCPD : Law & Order Just a cop in Gotham Les pieds direct dans le plat. Voss connaissait ses relations, et elle semblait être assez assurée de ce qu'elle intonnait. Malheureusement, le temps nous fait défaut, et je n'aimais pas avoir de faux semblants et autres discussions évasives. Il y'avait la vie d'une gamine en jeu, bon Dieu. Je m'allume une clope, on en est tous là, à fumer des clopes les uns les autres et à ressasser comme des vieilles commères. J'aimais plus l'action qu'à évoquer de simples racontards. Voss coïncidait le Chapelier avec les mouvements anarchistes. Elle a raison. Des gens isolés, malmenés et facilement manipulables pour les folies extravagantes de ce taré de Jervis Tetch. J'aimerais pouvoir annoncer de bonnes nouvelles à la famille, à mes gars, et leur dire que notre travail ne sert pas à rien. J'eus un léger sourire, pas un sourire agréable, mais un sourire plutôt neutre, plutôt triste quand elle me rappelait ces tristes années de renoncement, de choix difficiles, et quelque part, je la condamnais à un sort terrible. C'était dur parfois, c'était dur de garder les rênes, mais comme le capitaine sur le Titanic, je me devais d'être présent, pour mes hommes, et pour la ville. Si une vie peut-être sauvée, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour arriver à cette fin. Même au détriment de ma vie. Servir et Protéger, ne l'oublions pas. La vie est parfois ironique vous savez ? La vie peut-être acerbe, immonde, et parfois, elle vous lançait une nouvelle brique dans la gueule au moment où l'on s'y attend le moins. Le moment où l'on croit que tout ne peut pas être plus pire que ça.
"Le Chapelier, donc."
Je relève les yeux, droits vers Sonnelli. Je n'aimais pas cette idée de le confronter. Il était bien trop fou, trop dangereux, trop ... Imprévisible. Pas autant que le Joker, mais sa folie était toxique. Je suis franc, elle a quelques talents et elle sait bien tourner les phrases. Même si je la connais peu, sa capacité à réfléchir et à vouloir faire un jugement de ses propres décisions en fait quelqu'un de capable et de mûr pour de nombreuses tâches. Je soupire, j'essaie de rester debout, tant le choc ne me fasse pas tomber. Pour tout dire, je tombe des nues, et je ne sais plus quoi croire. Quoi faire. Que penser ? Il me fallait du temps ? Certainement. C'était quelque chose qui vous prenait au cœur, qui vous prenait aux tripes et qui venait de vous gifler la réalité directement en plein visage. Je suis trop vieux pour ça ... Et malheureusement, je me devais de gérer cette nouvelle avec panache et complète motivation. Mais ce ne sera pas facile. Vraiment pas. Je pose ma main sur mon crâne, et j'essaie de comprendre, j'essaie d'avoir un peu d'espoir dans tout ça. Je fume ma cigarette, essayant de ne pas trop montrer que cela me perturbe. Ma flasque dans la poche, j'essaie de ne pas me remettre à boire, je lutte pour m'empêcher de faire ça. Boire, c'est pour ceux qui ont vraiment fait un truc horrible, et c'était vraiment une mauvaise nouvelle pour moi. Sonnelli avait quand même eu raison de chercher du côté des anarchistes. Une idée assez intéressante, et pour tout dire, il avait visé juste quand même, ses propos, ses facultés de recherches n'étaient pas mauvaises, et je pourrais même vraiment compter sur ses facultés d'analyses. Mais si tout cela devait être une réalité, j'espérais qu'il soit prêt à affronter le pire de la ville.
"Elle est toujours vivante. Il faut y croire. Elle est toujours vivante."
Me murmurais-je pour moi-même, à peine audible, mais le visage contrit par la tristesse et par la déception d'une pareille nouvelle. Le déni est l'attitude de refus de prendre en compte une partie de la réalité, vécue comme inacceptable par l'individu. En psychanalyse, c'est un mécanisme de défense, par lequel le sujet refuse de reconnaître la réalité d'une perception ressentie comme menaçante ou traumatisante. J'étais dans le déni oui, je me refusais d'accepter l'amère réalité des choses. Choses qui n'allaient vraiment pas s'arranger pour autant. Je suis un père, et je sais que c'est quelque chose de difficile, d'horrible. J'avais déjà vu des gens anéantis suite à la mort de leurs enfants. Il y avait de quoi devenir fou avec cette histoire ... Que devions-nous faire au final ? Laissez les policiers faire leur boulot, enfin du moins ceux qui le pouvaient. J'appréciais ce que que Batman faisait, ça donnait un minimum d’espoir aux maigres citoyens qui l'acceptaient un minimum. Mais les flics n’étaient pas là pour décorer non plus, oui, il y avait des flics qu’on ne pouvait pas faire confiance, même moi je ne faisais absolument pas confiance en certains d’entre eux, mais tout de même, je faisais partie des forces de l'ordre et c'était à moi de faire en sorte de baisser la criminalité et aussi de virer les flics véreux, mais ça c'était une toute autre histoire. Je grognais de frustration en fixant de mes pupilles bleues la jeune femme. Ce soir, ce n'était pas qu'une révélation qui me tombait sur le coin de la gueule, c'était la brique amère de la réalité.
"V. J'ai horreur de te le demander, mais j'aimerais que tu infiltres le Terrier du Lapin et que tu essaies de voir ce que tu peux faire. Sonnelli et moi, je pense que nous allons nous y rendre, mais j'aimerais que tu sois là au cas où tout irait mal. Histoire d'avoir un atout dans notre manche si on se fait pincer. Ce qui pourrait arriver et c'est même le plus probable. Tetch ne s'attendrait pas à une autre personne. C'est un plan pourri, mais sur un malentendu, ça pourrait marcher."
Dieu que cette journée était vraiment pourrie ... Je revois encore la pile de dossiers sur mon bureau, ne finissant jamais de se remplir, petit à petit, et cela m'irritais, en plus de nombreux problèmes personnels. Je triais, analysais et examinais tout. Un officier m'avait posé une pile de dossiers que je devais examiner, de la part de Spencer bien entendu. Sûrement une punition pour me faire comprendre mes erreurs en ratant le sauvetage du témoin de l'affaire du procès du siècle bien évidemment. Il m'en voulait, j'en étais certaine. Le soleil était mon pire ennemi en début d'après-midi, cette chaleur de mois de juin me fatiguait vraiment, mais lorsque le soleil tombe, légèrement, au fil des heures et vers l'arrivée de la soirée, ce fût, ensuite, de nouveau une envie de tout foutre en l'air et de m'abreuver dans le plus proche bar que je puisse trouver, pour oublier les horreurs, pour oublier les problèmes, pour oublier les mensonges de que cette ville me donne à manger.
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