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 Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]

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MessageSujet: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyLun 15 Avr 2024 - 15:08




  • Type de RP : normal
  • Date du RP : Mars 2020
  • Participants: Le Joker et Arold Maligait
  • Trigger warning: Possibles traumatismes.
  • Résumé: Quoi de mieux qu'un petit tour au restaurant avec la vermine du GCPD local ?




Le Comédien


Déjà le soleil commençait à se coucher et l'ombre commençait à envelopper la ville de Gotham City. Calme début de soirée, après des jours difficiles à tenter d'échapper à la police, surtout avec une gueule dans le genre du client qui se baladait dans les bas-fonds de la ville, portant un imperméable violet et un chapeau sur le crâne, pourtant un sourire comme le sien, ça ne passe pas inaperçu. Les derniers flics qui avaient tenté de le retrouver avaient fini dans une explosion, un dernier piège de son petit artisanat personnel. Oh bien entendu, le Joker n'était pas du genre à laisser de traces énormes, mais là, même le Batman aurait put le coffrer facilement. Surtout après les pistes de cadavres qui s'enchainaient derrière lui. Un léger sourire parcours son visage quand, après plusieurs heures de marche, il arriva à une destination des plus symboliques. L'usine Ace Chemicals. Le lieu même de sa renaissance, un lieu non vide de sens à ses yeux, mais qui semblait si lointain déjà, dans son esprit. Si loin déjà et pourtant toujours présent. Comme une cicatrice qui brûlait son corps en permanence. La douleur, le sang, tout était toujours au même niveau. Il ricana intérieurement tandis qu'il ouvrit la grille et pénétra dans le lieu abandonné. Retirant son imperméable, le Joker avait besoin de se refaire une santé. Et pour tout dire, rien de tel que pour fêter une évasion réussie, que d'aller boire un verre chez une personnalité locale de Gotham. Black Mask ? Vaut mieux pas. Oswald ? Encore moins. Le Joker était tenté par tout un florilège de petits commerçants disposant de tripots pourris qui étaient disséminés dans Gotham la noire, Gotham la belle, Gotham la sinistre. C'est dans une vieille publicité que le Joker avait remarqué un restaurant de New Gotham, le Rose Rouge. Un restaurant à la française qu'il ne connaissait pas et qui méritait de recevoir, le grand, le seul et l'unique, Joker. Mais avant toute chose, il fallait quand même terminer certaines petites choses, à savoir, se constituer quelques poisons. Ace Chemicals avait ce qu'il faut, et le Joker allait en profiter. Entre quelques rires dérangés sans aucune raison, et quelques ricanements, le Joker s'amusa pendant environ une petite heure à composer de nombreux mélanges dangereux et fatals. Mais il était temps pour le Joker d'aller se balader. Il ne serait pas dur d'être assez mondain ce soir, pour montrer que le Prince des Clowns de Gotham City peut lui aussi profiter d'une bonne soirée. Quittant Ace Chemicals après s'être débarrassé de quelques preuves notables, dont un garde qui a eu le malheur de croiser le chemin du Joker, le clown se dirigea dans les bas-fonds de Gotham City. Direction tout d'abord, l'East End, histoire de louer quelques jeunes filles pour entrer dans une boite, après tout, quand on ramène du monde, généralement, y'a aucun problème. Alors qu'il paie deux filles, une blonde et une rousse pour l'accompagner au bar, le Joker ricana alors qu'il conduisait sa voiture en direction de l'endroit qu'il voulait visiter. Les filles n'étaient pas pour la consommation personnelle du Joker, ça non. Il en avait besoin, parce qu'il en avait besoin. Rien de plus, et pour tout dire, elles avaient un rôle à jouer.


Si Harley me voyait, elle me tuerait.


Ricana-t'il en sortant de la voiture, après le petit trajet, les deux nanas aux bras du Joker. Visiblement, les deux nanas ne semblaient pas avoir peur du Joker. Du moins, pas pour le moment, mais elles connaissaient la réputation du Clown. Rien de plus, rien de moins, et elles s'en méfiaient quand même. C'est alors que les molosses du bar refusent l'entrée au Joker. Le Joker eut un sourire tout en reniflant sa fleur factice contenant de l'acide, mais un des hommes alla quérir l'avis du patron du bar. Le Joker attendait avec impatience le verdict, afin de savoir s'il allait forcé ou non l'entrée, avec drame ou rire. Il en ricanait d'avance. Mais visiblement, on le laisse entrer. C'était une très bonne chose. Leva la main au ciel, le Joker annonça son entrée.


Peuple de Gotham City, je vous salue ! Et voici le Joker qui vient à vous ce soir !


Son rire retentit. Bien entendu, on était toujours impressionné quand on voyait le Joker, mais là, son costume flamboyant, son visage naturel, avait cédé la place à autre chose, à autre chose de plus ... Macabre. Comme si le clown jovial avait disparu pour laisser une espèce d'imposteur. Un imposteur ? Non ... Pas vraiment, juste une évolution. S'approchant lentement dans la grande salle, le Joker saluait les divers invités qui étaient là eux aussi, pour le plus grand plaisir de passer une bonne soirée. Une surprise générale qui ne plaisait pas forcément à tous. Les clients eurent les gros yeux, surpris de voir que le pire criminel de Gotham City soit ici, avec deux pouliches aux bras, ayant prévu de passer une très bonne soirée. Le Joker en riait d'avance pour tout dire. Le Joker est une espèce de VIP, du moment qu'on le laisse plutôt tranquille, et qu'on évite la confrontation, tout peut très bien se passer. Cela dépendant entièrement de son humeur. Si ce restaurant l'avait amené ici, c'était pour un projet en rapport avec Batman, et qui dit Batman, dit énorme rigolade, ou bien parfois, les choses virent à la rigolade SANS Batman, et ce soir, cette soirée improvisée était là pour rappeler au monde entier, que le Joker n'était qu'un rigolard de plus dans un monde cynique et désabusé. S'asseyant à table, le Joker eut un sourire quand il commanda le cocktail maison.


Veuillez m'apporter votre meilleur cocktail maison, servie dans trois assiettes creuses et avec trois cuillères, je vous prie.


Dit-il le plus aimablement du monde. Il sourit, tout en observant, de ses grands yeux et de son sourire dérangeant, les convives qui avoisinaient sa table. Cette soirée allait être magnifiquement drôle, c'était certain !
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyLun 15 Avr 2024 - 18:16

Il paraît que les roses et le rouge sont synonymes de tout un tas de choses, et un mois plus tôt le sémillant Eavy Grazinsky avait passé là une Saint-Valentin inoubliable, en tête-à-tête avec une collègue par-dessus une tablée de chandelles. Tout ce que pensait Arold quand ils en parlaient, c'est que ça devait piquer les yeux.

N'empêche que ce soir, il fallait absolument qu'il découvre la cuisine de cet établissement ; il s'était laissé traîner par son ami parce qu'il était bonne pâte, et il était le premier à le reconnaître, une soirée hors de son domicile à se faire chouchouter ne lui ferait pas de mal. Son père était en balade dans l'arrière-pays sur un chantier de fouilles et Arold devait bien l'admettre, se débrouiller tout seul pendant plus d'une semaine n'était pas dans ses habitudes. Quand il arrivait à rater une casserole de nouilles, il n'était pas fier de son coup.

En le voyant commander des tagliatelles toutes simples, Eavy leva les yeux au ciel. La modestie de ce Pierrot lunaire finirait par le rendre fou. Il était invité, il aurait pu prendre n'importe quel plat extravagant, des alcools importés des meilleures caves d'Europe...

Alors qu'il s'apprêtait à le moquer après avoir lui-même passé commande, Eavy s'immobilisa soudain, les yeux fixés sur la porte. Arold ne comprenait pas ; il faisait face au mur et il n'y avait pas là l'inévitable miroir qui lui aurait permis de voir approcher la menace. Le temps s'était-il arrêté ? Il saisit sa fourchette, non : pour lui, le temps se déroulait toujours à rapidité normal de saisissement de fourchette, apparemment. Pas extraordinairement vif, mais pas lent non plus. (Saisissage de fourchette ?) Il entendit soudain résonner une voix que tout le monde connaissait, et qui expliquait tout.

Non, ce n'était pas possible. Pour une fois qu'il sortait au restaurant ! Arold allait se désespérer sur son sort et dire sa prière mentalement, quand il entendit ce que la voix disait. Dans le silence général, un petit gloussement se fit entendre. Il ne pouvait pas s'empêcher de rire. Son cerveau lui jouait un tour. Il s'était bien dit qu'accepter un apéritif était une très mauvaise idée, mais sur le moment il n'aurait pas pu réaliser à quel point.

"Arold, un peu de sérieux, enfin." Nerveux, son ami tendit le bras par-dessus la table pour lui donner une petite tape sur le bras, sans autre résultat que de le faire glousser aux larmes. Essayer de maîtriser un fou rire était sans doute la pire méthode pour le faire redoubler.

"Mais c'est... pas ma faute... j'ai entendu de travers !"

"Très bien, dis-le à voix haute, ça te calmera." Eavy murmurait rarement, et ses dents serrées témoignaient de sa crainte, lui aussi, de finir sa vie ce soir dans un autre éclat de rire qui n'aurait rien de cordial.

"J'ai entendu... servi dans trois crevettes !"

Atterré, le psychiatre se leva de table. Il était temps que quelqu'un fasse preuve d'une attitude mature dans cette salle.

"Ok. Ce monsieur est mon patient, son attitude n'a pas visée à insulter qui que ce soit," précisa-t-il en balayant la salle du regard. "Bon appétit à vous tous, et une excellente soirée." Mais évidemment, tout le monde savait à qui il s'adressait.

Une main scandalisée exerça immédiatement une traction sur sa manche. Qu'est-ce que c'était que cette attitude doucereuse et conciliante ? D'accord, ils n'allaient pas procéder à une arrestation improvisée, ils n'étaient pas des cowboys, mais de là à lécher les bottes du clown sans en avoir reçu expressément l'ordre, ça allait peut-être un peu loin !

"Eavy ! C'est un gangster, voyons ! Et je ne suis plus ton patient !" Arold ne rigolait plus du tout ; en fait, il s'était retransformé en cet homme incroyablement pas drôle qui prenait les notes dans un coin de la salle, pendant que des procès décidaient du destin d'inconnus. Quitte à risquer la mort de façon aussi aléatoire qu'à la roulette russe, autant ne pas s'ajouter un vilain mensonge sur la conscience juste avant ! C'était ainsi qu'il considérait sa vie à Gotham de manière générale, il n'allait pas changer ce soir.
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyLun 15 Avr 2024 - 21:18


Le Comédien


Alors que le Joker et ses pouliches prenaient place à table. Le Joker éblouissait de sa prestance les jeunes femmes auprès de lui. Il avait un certain charme animal, une certaine prestance, une certaine aura qui amenait à la séduction. Il s'amusait énormément pour tout dire. Les femmes sont subjuguées, elles n'ont d'yeux que pour le Joker. C'est alors que la maitresse des lieux pointa son joli museau auprès du Joker. Le Clown en profita pour faire quelques gestes assez élancés, en saupoudrant subtilement une petite poudre dans les assiettes des jeunes femmes, sans qu'elles ne s'en aperçoivent. Boire un cocktail avec une cuillère et une assiette creuse, drôle de façon hein ? Mais vous connaissez le truc : GHB, le Joker a pas que ça à foutre de draguer ! Sitôt la commande établie, le Joker accueillit donc avec grandiloquence la dame des lieux, la fameuse patronne. Elle était émerveillée de voir le Prince des Clowns de Gotham City, dans son lieu, dans son repaire. Le Joker comptait les étoiles, il avait une envie folle de s'amuser, de s'éclater ce soir et surtout d'en profiter à fond ! Il venait de se rappeler qu'en venant ici, sans le vouloir, il ne s'était pas aperçu qu'il avait écraser Fifi, un gentil caniche qui traversait la rue avec mamie. Malheureusement pour Fifi, adieu croquettes ! Vous la connaissez l'histoire de Paf le chien ? Bah là c'était "Crountch le chien", il ne restait plus qu'une crêpe de chien sur la route, un truc tout plat avec des poils partout, une fine trace de merde sortant du rectum. C'est logique, quand on meurt, on perd du caca, c'est narmol ! Elle avait de la politesse la patronne, pour une nénette de ce genre, le Joker pouvait exactement en trouver plusieurs, de basse qualité, mais pour tout dire, le Joker n'était pas quelqu'un qui s'intéressait aux femmes. Alors que les jeunes femmes commençaient à boire leur liquide empoisonné par les soins du Joker, ce-dernier reprit alors la parole, amusé.


Je m'étais dis qu'une petite soirée tranquille me permettrait de retrouver le sourire. Votre accueil est agréablement courtois, cependant ... Je crains que le service risque d'être ... Mauvais.


Il était parfaitement sérieux quand il parla du service. Il pensait que cela se détériorerait très vite. Et il en était parfaitement persuadé. C'est alors que son visage devint souriant. Un léger hoquet d'une des filles tira son attention vers elle. La jeune femme s'excusa. Elle avait bu trop vite. C'est alors que les jeunes femmes commencèrent à rire. Elles rirent de bon cœur voir à la limite de l'hystérie collective, un truc qu'elles avaient entendu ? Un truc que le Joker avait dit ? Peut-être ... En tout cas elles riaient bien pendant quelques secondes, avant que la minute suivante ne soit la plus fatale pour ces dévergondées, avant que leurs lèvres ne s'étirent, leurs yeux s'ouvrent en grand, et qu'elles tombent tête première dans la soupe qu'elles venaient de boire. Le Joker releva la tête d'une des filles mortes, d'un air presque courroucé.


Garçon ? Garçon ! Il y'a une fille morte dans ma soupe. Même plusieurs !


Il relâcha la tête de la jeune femme qui retomba nez dans la soupe une nouvelle fois. Et le Joker hurla d'un grand rire avant de reprendre. Il se calma. Cette blague le tuait toujours de rire. Les classiques, c'est ce qui marche toujours. Pour tout dire, le coup de la soupe empoisonnée était un classique que le Joker avait lancé dès le début de sa carrière, quand il empoisonnait les gens avec des poissons Joker dans la baie de Gotham City. Mais le Joker n'était pas un simple empoisonneur non, il voulait que tout ça ait un sens, un sens de l'amusement. Une bonne blague, une vraie bonne blague qui marche bien. Quelque chose de festif, de terriblement drôle aussi. Le Prince des Clowns avait repris son ancien petit jeu, celui de torturer ses victimes de la pire des façons, en jouant sur les nerfs. Quand on y pense ... Avait-il jamais été le Red Hood ? Certains disent que oui, d'autres le réfutent, lui-même ne se souvenait plus parfaitement des circonstances de sa tombée dans l'acide. Tout ce dont il se rappelait, c'était une ombre avec des pointes sur le crâne et des griffes qui le poussait délibérément dans la cuve d'acide. Un vrai monstre, une ordure patentée qui avait mis un terme à la vie éloquente d'un petit criminel en pleine expansion financière. Ou bien était-ce un ancien porte-flingues de la mafia ? Ou bien, y'avait bien cette histoire du mec pauvre qui devait entretenir une femme enceinte et qui n'avait pas d'argent et pas de talents pour réussir une carrière d'humoriste. Toutes ces histoires, jamais de points fixes, cette liberté totale pour empêcher le moindre point de repère temporel d'un être qui n'a pratiquement jamais existé. C'est comme si le Joker était un esprit malin, qui se nourrissait de la croyance du Chevalier Noir pour le crime, comme si le combat et l'ardeur du Batman nourrissait cet être qui revenait en permanence ... Mais ses pensées se dissipèrent, et il revint alors à la jeune femme en face de lui. Un léger blanc comme on appelle ça.


Tu peux m'appeler Trésor, poupée d'albâtre. Je suis un homme, fait de chair et d'os. Et je suis à nouveau sur le marché des célibataires. Je lance une tournée générale pour fêter ça ! GRENADINE POUR TOUS !


L'émotion se ressentait dans sa voix du Némésis de Batman. Un mélange de fierté et de joie se ressentait aussi. Est-il réellement sincère dans sa démarche ? Pensait-il vraiment ce qu'il venait de dire ? Aucune idée. L'ensemble des idées du Joker, dans son esprit, n'était qu'un enchevêtrement de méli-mélo absurdes et dérangés qui conduisaient fatalement à la folie et au meurtre gratuit et barbare. Peut-être que la mentalité du Joker était dans une bonne passe ? Peut-être que ce soir, il serait plus enclin à laisser des pauvres gens vivants ? Peut-être, peut-être non. Impossible de prévoir ce que le Joker pensait, pas même ses plus proches collaborateurs. Peut-être qu'il ne finira pas la soirée dans un délire de carnage dans tout l'établissement. Nan, il peut rester calme pendant un court instant, ce sera déjà pas mal, on va dire. Le Joker soutint alors le regard de la jeune femme en face de lui, serait-t'il plus fou qu'on l'espère ce soir ? Il l'espérait. Mais quelque part ... Il sentait quelque chose lui brouiller le cerveau. Quelque chose qui le rendait amorphe, qui faisait disparaitre son sourire sanglant. Une mauvaise sensation. Il se rapprocha un peu plus de la jeune femme qui se tenait devant lui. Mais il ne quitta pas du regard, un certain jeune homme qui semblait être en train de s'exciter tout seul. Ce qui amusa le Joker, il venait peut-être de trouver une nouvelle lubie. Son copain d'à côté, c'était son psychiatre, et cela fit sourire le Joker.


Tu sais que ... Je pourrais tuer tout le monde ici, et toi aussi. Par pur amusement, mais tu sais quoi ? Je ne le ferai pas ! J'aime le charme de ce lieu et ce serait dommage que l'on ferme un pareil endroit. Par contre là, le petit gars qui semble s'exciter tout seul. Toi là ! Viens me voir ! Il ne me semble pas t'avoir croisé aux garden party de l'asile d'Arkham, je me trompe ?


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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyMar 16 Avr 2024 - 7:54


Eavy avait bien des qualités, notamment celle d'être chevaleresque. S'il pouvait s'exposer aux intérêts douteux d'un persécuteur de cour de récré, et s'interposer ainsi entre lui et la demoiselle qui risquait sinon d'en faire les frais, il n'hésitait pas une seconde. C'était ainsi qu'il avait séduit sa fiancée et ça ne l'empêcherait certainement pas de recommencer : ce n'était pas une B.A. à accomplir une fois dans sa vie pour obtenir une sorte de diplôme.

Il avait aussi les défauts de ses qualités. Et en ce moment, Arold lui en voulait beaucoup pour ce qu'il faisait en se levant de table : prendre la responsabilité de ses actes. Arold était un adulte responsable, pas un pauvre fou que l'on promène en ville et dont on excuse les bourdes. C'était en fait presque insultant, et s'ils s'en sortaient vivants tous les deux, ils auraient des mots à ce sujet.

"Monsieur est inscrit aux essais cliniques sur le pôle recherche en neurologie de pointe."

Nia nia nia. Quel jargon de politicien... Arold, tendu, sa fourchette serrée dans sa main comme s'il avait la moindre chance d'en faire quelque chose d'intéressant, suivait des yeux le psychiatre qui s'était levé de table et s'avançait vers le Joker, en conservant une totale maîtrise de soi et une courtoisie à toute épreuve. Il avait déjà vu des gens mourir au cours de sa formation d'internat ; et autrement plus violemment. Il avait fréquenté des assassins depuis qu'il officiait à son poste actuel. Et quant au Joker, eh bien, on savait qui il était... A croire qu'on le poussait à se surpasser, tant il était devenu difficile d'être surpris par ses frasques. Mais la peur de la mort était toujours présente. Cela, il était impossible de s'en dégager, une litanie ancestrale qui enroulait ses lianes autour du cerveau de toute créature vivante depuis le début des temps. Pas moi, pas comme ça, pas ce soir. Ce qui avait fait battre le coeur des Romains aux Jeux du Cirque, et qui faisait maintenant légèrement trembler le bout des doigts d'Eavy Grazinsky, imperceptiblement, à l'extrémité de ses gestes contrôlés.

Arold avait envie d'élever la voix à son tour mais il sentait son cerveau confus, plongé comme la face de ces demoiselles dans cette soupe où il peinait à choisir ses mots et à interpréter correctement ceux des autres. Une sorte de bégaiement intérieur. La panique avait sur lui un effet paralysant, quand elle poussait d'autres à la fuite ou à l'action. Ou, comme dans le cas de cette pauvre jeune dame, à s'efforcer de jouer de ses charmes pour prolonger la vie menacée autant que possible.

Quelqu'un apparut silencieusement pour poser devant lui son assiette de tagliatelles, mais il perçut à peine sa présence.

"Eavy... C'est à moi que ce monsieur s'adresse," articula-t-il après avoir cherché ses mots. A son tour, il se leva. Il avait le sentiment très distinct de faire la bêtise de sa vie, mais il ne pouvait pas simplement ne rien faire. Peut-être, avec un peu de chance, que ce soir le monstre en goguette n'avait envie que d'un peu de distraction. "La question de mon suivi médical est strictement personnelle et je ne souhaite pas qu'elle soit discutée en public."

Son éloquence s'arrêtait là. Il se sentait vidé, comme s'il avait couru un marathon. Les rouages dans sa tête commençaient à se gripper. Il savait où étaient ses limites, depuis le temps, et quand il était temps de faire une petite pause pour s'éviter des dommages. Il se contenta donc de marcher à son tour auprès de la table et de toiser son ami d'un regard qui voulait dire : retourne t'asseoir.
Le regard d'Eavy répondit : jamais de la vie.
Ah oui, il avait un autre défaut, il était affreusement obstiné. Une carrière à expliquer aux autres ce qui ne tournait pas rond chez eux et comment améliorer ça l'avait laissé assez sûr de ses propres décisions. Et les quelques erreurs commises auprès de patients trop complexes, qui avaient eu parfois des conséquences dramatiques, n'avaient pas suffi à entacher cette assurance aussi flamboyante que sa chevelure de surfeur californien. Il menait sa barque tel un général qui mène ses troupes ; en ce moment, la stratégie consistait à parler posément de sujets calmes et scientifiques, en bannissant toute référence au massacre qui venait d'avoir lieu, ou celui qui pouvait s'ensuivre.

Arold, lui, ne s'était jamais habitué à voir des morts et à regarder des meurtriers dans les yeux. La nappe avait toute son attention. Mais il savait que le moindre mot entendu de travers suffirait à le faire rire à nouveau, ne serait-ce que par une faiblesse de ses nerfs un peu trop sollicités ; et il croisait les doigts pour que ça n'arrive pas trop vite.

En arrière-plans, quelques témoins de l'échange s'étaient également levés de table discrètement, décidant tout à coup qu'ils n'avaient plus faim et que le film de ce soir les intéressait davantage. S'ils pouvaient quitter la salle pendant qu'on ne faisait pas attention à eux, ou peut-être trouver refuge en cuisine ou dans la réserve... ils n'étaient pas difficiles, ils voulaient juste échapper à ce regard perçant qui scannait l'espace et risquait, d'une seconde à l'autre, de se faire laser destructeur.

Un autre, plus résigné, s'était réfugié sous sa table les mains sur les oreilles, en position de sécurité, comme s'il attendait un tremblement de terre ; et un couple de personnes âgées, peut-être sourds et à moitié aveugles, peut-être décidés à profiter de cette nuit comme si c'était la dernière, en mode violonistes du Titanic, continuait son repas paisiblement à quelques mètres seulement de la tablée décimée. Tout ça était surréaliste.

Arold eut un tic nerveux et se mordit la lèvre. Surréaliste - mais - il fallait qu'il reste conscient que c'était réel. Ce n'était pas le moment, pas du tout le moment.
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyMar 16 Avr 2024 - 20:47


Le Comédien

Pan. La détonation fut rapide et brève, et le pauvre docteur s'effondra, d'une balle bien placée dans le crâne. Le Joker s'amusa de la sorte, puis, il prit un air plus sombre. Plus dégouté qu'autre chose. Il observa le cadavre, comme si cela n'était qu'une simple merde de chien. Et c'est parti pour la magie de la soirée, le Joker regarda avec un vif amusement l'assemblée qui commençait à prendre la confiance, qui commençait à faire un peu de social avec le plus grand handicapé social au monde en terme de relations humaines ! Du grand art ! Rien de tel pour se mettre en appétit pour la soirée ! Magnifique !


Beurk, j'ai du Eavy sur mon joli costume. La prochaine fois que je parle à quelqu'un, je n'ai pas besoin d'un interprète. Compris ? La prochaine fois tu feras ... Ah oui ... Oups.


Il ricana de plus belle, ses yeux se fermant légèrement alors qu'il caressa du bout des doigts le canon de son arme. Le Joker se calma, discret, silencieux, il observait avec un vif intérêt ce qui se passait autour de cette table. Gotham, Gotham, Gotham ... Quelle ville si bruyante, si polluée, si monstrueuse et pourtant si joviale par les temps qui courent ! On pourrait croire que les gens aiment habiter cette ville mais c'est faux. Les gens subissent cette ville, ils éprouvent la ville, ils sont les jouets de forces qui les poussent à l'aveuglement et à la couardise. La plus grande lâcheté de ce siècle, c'est le refus de briser les pires tabous non ? C'était d'une banalité à pleurer. Aujourd'hui, les gens se contentent bêtement d'accepter les situations les plus injustes et les plus cruelles, alors qu'il suffirait juste de se lâcher et de céder aux pires virulences de ce monde. Votre banquier veut saisir votre ferme ? Passez le dans la moissonneuse batteuse ! Votre femme vous quitte et embarque vos enfants ? Tirez-leur dessus, faites un beau remake de Bowling for Columbine et terminez par un suicide théâtrale comme ça personne n'en profitera. Vous voulez faire rentrer l’honnêteté à la Maison Blanche ? Hahaha elle est bien bonne mais on peut toujours rêver ! Non, ce qui manque à ce siècle hideux et infect, c'est une bonne vieille paire de couilles. On peut toujours rêver, peu de gens réussissent à ce sortir de ce train-train que tout le monde doit subir. Vous travaillez à l'école ? Et après, le travail. Et après ? Le mariage et après ? La mort. Tout le monde se calque sur cette crétinerie, et bien sur, vous suivez les lois idiotes avec, sans se rebeller contre l'ordre établi. Heureusement, il existe des cas uniques. Comme le Joker. Ce-dernier s'amusait, puis, il se leva et alla occuper la place du défunt Eavy, histoire de discuter avec l'attardé qui l'accompagnait. Le Joker joua d'une main avec sa canne-épée, enfin, il gardait toujours une espèce de classe folle à ses petites lubies, notamment à son apparence personnelle. Le violet lui va si bien quand on y pense.


J'ai laissé un vide, j'espère que monsieur Eavy ne m'en voudra pas. J'aiiiiii une merveilleuse idée ! Et si on faisait copain-copain ? Dis-moi tout sur toi et je te promets que personne ne te mettra de doigts dans les douches à Arkham. Tu as ma parole.


Le sourire du Joker disparut. Son grand sourire étincelant et si sur disparu, et un autre sourire vint poindre sur les lèvres du clown, un sourire mauvais, un sourire légèrement cruel. Presque rare et pourtant ... Dans le milieu criminel, enfin parmi ceux qui étaient en dehors de Gotham, des petits comme Trickster, Captain Cold ou Maitre des Miroirs se racontaient des histoires d'horreur, et toutes concernaient le Joker. La plupart des faits d'armes du clown se repose essentiellement sur la peur et sur les horreurs dont il est capable. Même Lex Luthor se refusait à toute association avec le Joker, c'est pour dire le degrés d'intelligence du type. Le cerveau criminel parfait se refuse à toute association avec le Prince du Rire de Gotham City, c'est qu'il en avait sous la caboche le chauve ! Mais tout ça pour dire que le Joker était toujours le premier à vouloir repousser les limites de l'horreur, tant qu'elle se voulait artistique et sérieusement drôle. Pas un seul de ses méfaits n'était inconnu du grand public, et ce soir-là, le Joker voulait assurer sa place de monstre criminel auprès d'un autre monstre plus raffiné dans Gotham City.


J'aime les cinglés. Dis-moi de quoi tu souffres et je suis sûr qu'on pourrait soigner ta petite maladie. Je ne te promets pas de guérison totale, mais la balade en vaut le coup. Taillons le bout de gras, je suis sûr qu'à l'heure où nous parlons, le vilain Batman ne tardera pas à venir me coller une danse. Une jolie gigue, avec le Diable au clair de Lune.


Pour toute expression faciale, le Joker eut un grand sourire, un sourire qu'on lui connaissait si bien, si empreint de folie et de monstruosité. Il était le clown prince du crime après tout, et son sourire était bien connu de toute la ville. On aurait dit un amant, un homme ayant trouvé son âme sœur, son reflet dans le miroir. Oui, le Joker était cet être de l'autre côté du miroir, le visage inversé du Chevalier Noir, son antithèse, et malgré tout cela, les deux ne pouvaient pas s'entendre, ni même se comprendre. Pourquoi faire ? La vie n'était qu'un jeu après tout, une sinistre blague qui finirait très mal. Comment cela se terminera t'il ? Batman portera-t'il le cadavre du Joker comme un fardeau qu'il vient de perdre ? Ou bien était-ce le Joker qui tuerait Batman dans un parc d'attractions sur le thème de l'amour ? Tant de possibilités mais hélas, rien de bien probant. Tout cela finirait mal et pourtant, cette pensée hantait le Joker avec une telle force, une telle envie de la réaliser. Une vie qui tournait autour de Batman, son créateur en quelque sorte, avec une fin digne du commun des mortels, mais en apothéose. Et après tout ça ? Plus rien. Il lâcha son arme, qu'il replaça à l'intérieur de sa veste, posa sa canne-épée contre la table et prit le couteau du défunt docteur.


Tu préfères la lobotomie ? Je suis encore novice, mais j'aime ouvrir des crânes !


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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyMar 16 Avr 2024 - 22:07

Non, ce n'était pas réel. Virage à 90 degrés pour Arold, quelque chose s'était déchiré dans sa tête, un rideau incapable de résister à ce coup de feu juste sous ses yeux. Le tremblement qui cherchait à le secouer disparut. La peur s'était éteinte. Il n'était pas vraiment là, n'est-ce pas ? Et rien n'avait d'importance.
Le son même de l'impact peinait encore à se laisser appréhender par son système nerveux en déroute.

Secouant la tête, il sentit le bref mouvement d'air frais lui signaler quelques points, ça et là sur la peau de son visage, où des gouttes de sang frais l'émaillaient d'un henné évolutif. Il essaya de ressentir quelque chose à ce propos. Rien. Il était vide. Il tâtonnait dans les ténèbres et ne rencontrait aucun mur pour se guider hors de ce labyrinthe et, sur le sol, le corps recroquevillé dans une posture absurde ne ressemblait plus à personne de connu.

Arold savait qu'il connaissait ce monsieur près de lui, qui lui parlait avec une curiosité affectée. - C'était le Joker, bien sûr. Tout le monde connaissait le Joker. - Qui était-ce ? Le Joker venait d'abattre un homme à bout portant, ça ne pouvait pas être la même personne. Tout ça n'avait aucun sens. Il faudrait noter ça dans son carnet - surtout ne pas penser à son carnet ; s'il en parlait par erreur, si le clown le lisait - et raconter ça à Eavy demain, ça le ferait rire -
N'était-il pas censé ne plus rêver, pourtant ?

"Navré de vous décevoir, je suis juste épileptique. On m'a déjà ouvert le crâne, c'est ce qui a causé..." De quoi parlait-il ? Personne ne lui avait ouvert le crâne. D'où sortait ce souvenir ? "...J'ai un traitement mais... Tenez, voilà de quoi j'ai l'air sous l'effet d'un violent... chocolat... choc émotionnel," se força-t-il à articuler avec patience.

Mis à part ce passage trébuchant, et la raideur grandissante qui figeait la moitié de son visage, le ton de sa voix était celui de la conversation. Il était influencé par la fausse amabilité de son nouveau convive. Ses neurones luttaient pour faire le point, déceler l'image précise de ce que sa soirée était devenue. Il était venu dîner ici avec un ami, parler des progrès de la médecine probablement ; quand ils étaient en tête à tête, c'était toujours Eavy qui parlait.
Même le carnet, c'était son idée. Il avait tellement de mal à finir ses phrases. Il n'était pas compréhensible, c'était si dommage.

"Tout est expliqué dans..."

Un sursaut de conscience lui rappela, dans un éclair d'angoisse, qu'il ne fallait pas du tout montrer son carnet à cet homme si souriant. Pourquoi ? Il lui parlait aimablement. Et Eavy avait déjà suggéré... pas une lobotomie mais... à ses yeux, c'était la même chose.
Définitif.
Plus jamais de rêves, plus jamais la possibilité de changer d'avis.
Il avait dit non.

"Je ne veux pas qu'on me guérisse."


Son regard s'était perdu dans les limbes. Il s'affala sur sa chaise et son coude prit appui lourdement contre le rebord de la table. Il entendait des sons absurdes, la salle qui réagissait aux crimes survenus sous leurs yeux et à l'escalade de la violence, des sanglots, une nausée, une prière, un évanouissement. Il entendait distinctement des dents claquer. Tous ces squelettes vêtus de chair et d'organes et de tenues plus ou moins tapageuses-

"Tous ces squelettes, ce n'est pas réel, n'est-ce pas ? C'est vous qui les avez importés ? Comme les chauves-souris ? Vous êtes le roi de Halloween, vous."
Apportés ?
Empoté.
Bref. Aucune importance vraiment, de moins en moins, au fur et à mesure que s'écoulaient les secondes et les gouttes fraîches au long de son visage. Elles faisaient approcher une chauve-souris. Un peu magique mais, franchement, surtout très indifférent. En Afrique, là il avait vu de vraies grandes belles chauves-souris comme on n'en trouvait clairement pas ici et il en aurait mis sa main au feu. Et l'Alchimiste donc... l'Alchimiste lui donnait envie de parler de soi à la troisième personne et ça-ne-se-faisait-pas. La voix d'Eavy serait toujours dans sa tête alors il ne pouvait pas être mort. Un peu de logique, que diable.
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyMer 17 Avr 2024 - 17:09


Le Comédien


Quelque chose me dit que tu n'es pas le pingouin qui glisse le plus loin sur la banquise, hein ?


Gotham City avait besoin d'un lavement, d'une purge, et d'embrasser une forme de rire plus théâtral, et plus cynique. D'ordinaire, le Joker aurait passé ses nerfs sur le jeune imprudent qui venait de le rembarrer, mais en toute modestie, le Joker avait la classe, la classe américaine non ? Premier arrivé, premier servi, et même si l'envie était forte de massacrer tout le public de ce restaurant. D'un sourire de requin, il observait attentivement le petit jeu, en silence, immobile, comme s'il guettait sa proie. Oh bien entendu, le Joker aimait les jeux sadiques, les jeux horribles et les pièges clownesques, mais il aimait bien voir comment les autres costumés s'en sortaient dans leurs délires personnels. En parlant des costumés, c'était dingue le nombre de débiles légers qui s'étaient pointés depuis que le Batman s'était fait connaitre à Gotham City. Ils se ramenaient tous à Gotham, convaincus que chacun pourrait vaincre et tuer Batman, les idiots ... Comment pouvaient-ils décemment croire qu'ils avaient la moindre chance face à lui ? Reprenant sa canne enfoncée dans le plancher, le Joker se mit à tourner autour du jeune fou pour mieux le juger et le jauger du regard. Quelque chose qui les unissait tous les deux pouvait être un bon moment de se rapprocher : Le spectacle. Le Joker ne pouvait s'empêcher de rire devant la scène qui était franchement risible.


Qui te parle de lobotomie ? Tu as déjà les bases pour devenir un parfait petit cinglé de l'asile. Mais en mélangeant un peu de tout, on obtiendra du rien, ce qui est logique. Et je suis sûr qu'à partir de ce rien, tu pourrais devenir quelque chose.


Un pari germait dans la tête du clown. C'était pour ça qu'il aimait se mettre en valeur dans les lieux de l'Art. L'Art était un des fondements du comique et le Joker aimait tout particulièrement les reproductions et les scénarios. Bref, ce soir-là, cela aurait dut être son soir ! Oh et puis zut ! Une idée sublime venait dans la tête du Joker et l'idée d'entrer dans la blague le séduisait énormément. Lui aussi aimait l'art, la beauté et tout ce qui pouvait être dingue. C'était un acte de complète folie, sans réflexions sur les conséquences, rien ! De l'imprévisibilité totale et chaotique, folle, dangereuse et qui pouvait être terrible pour le Joker si cela s'avérait nocif. Cette moustache, cette pure moustache ! Ce mec avait certainement des origines irlandaises pour avoir une moustache comme ça. Une moustache au poil bien brossé, bien luisante, c'était presque un monument, une ode à la fresque capillaire faciale. Si le Joker pouvait avoir cinq minutes, il lui raserait cette pure concentration de poils et lui ferait bouffer. C'était presque insupportable de voir ce truc frétiller pendant qu'il parlait. Hypnotique, pénible. Ennuyeux. Il leva son doigt, le laissant taire cette folie qui semblait se délier, petit à petit. Le corps encore chaud d'Eavy ne semblait plus avoir aucun intérêt désormais, mais quelque chose dans les yeux du Clown, l'amusait.


Ne dis plus rien, laisse le charme opérer. Tu es fascinant et tu commences à m'intéresser. Après tout ... On a tous besoin d'un ami, pas vrai ? Et je peux être ton nouvel ami.


Dit-il calmement en observant le plafond. Ce manque, cette drogue dont il dépendait. Le Batman n'était pas là, il n'était pas là pour lui. Et cela manquait au Clown. Il avait besoin de l'avoir en public, il avait besoin de lui ... C'était capital pour le Prince des Clowns et des assassins de Gotham City. Le manque commençait à opérer ... Dangereusement. Le Joker attendait toujours, comme rivé vers les cieux, dans l'espoir que SON Batman vienne à lui. C'était un duo, comme Laurel et Hardy, comme Cul et Chemise, ils étaient indissociables. Vous savez ce qui est drôle avec les poissons ? C'est leur mémoire, ils avaient trois secondes de mémoire et hop ! Amnésie, on recommence, on recommence, on recommence. Sans arrêt, sans s'arrêter, toujours et encore, une vraie routine, hors, grâce aux petits aménagements du Joker, les poissons pouvaient pouvaient librement être heureux, être comblés par un sourire des plus agréables, sentir leur brève mémoire s'échapper, et sourire, toujours et encore, c'était ça qui fascinait le Joker. Ces poissons étaient des créatures parfaites, avec eux, adieu la farandole de souvenirs indélicats et si tristes, adieux les turpitudes de l'âme et ses odieux et sales petits secrets. Adieu toutes ces horribles idées noires qui vous pourrissent le crâne. La seule chose à savoir, c'était qu'il n'y avait rien d'autre que le sourire. Quoi qu'il arrive dans cet univers, tout revient à la même chose. Tout n'était qu'une blague, une monstrueuse blague jouée sur le même terrain que l'improbabilité. Tout ça se jouait simplement avec un peu de chaos et de hasard. La belle blague ! Posant ses deux mains sur les épaules du jeune homme, il serra fortement avant de poser sa joue contre celle du jeune homme. Vous ne pouvez pas comprendre ce génie du crime, il est bien trop concentré dans ses délires, bien trop dans ses propres projets personnels qu'il n'y avait que le Joker pour en tirer le moindre sens, et malgré le fait que tout ceci ne rimait à rien, cette soirée ne rimait à rien. Et cette mort n'avait servit à rien. Rien du tout.


Et si nous dansions, jeune homme ? Je suis sûr que nous pourrions nous trouver à notre goût l'un l'autre. Qu'en dites-vous ?


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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyJeu 18 Avr 2024 - 20:45

L'eau était claire : on distinguait les visages des autres baigneurs. L'Alchimiste se maintenait de justesse à la surface. Un requin de belle taille tournait autour de lui. Le naufragé n'avait pas d'armes. Nager était déjà assez fatigant, dans cette houle qui se levait, et il faudrait peut-être tenir toute la nuit pour être repéré par un navire demain. Les autres nageurs s'éloignaient graduellement avec le passage des secondes, il aurait presque pu mesurer le temps au rythme des têtes qui disparaissaient sous les vagues.

Le requin parlait. Mais pendant un temps, il ne perçut pas son langage. Il ne voyait que ses yeux étincelants, et ses dents, ses dents brillantes qui semblaient mordre à travers l'espace pour l'aveugler de leur éclat. Le soleil rasant s'apprêtait à disparaître à son tour derrière l'horizon, un noyé de plus. Sa voix à lui ne portait pas sur l'eau mais ses derniers rayons traversaient l'eau par-dessous la surface et traçaient des lignes d'un bleu vert, lumineux, à travers les profondeurs. L'océan était transpercé par ces lasers venus de l'espace. L'extrémité de leurs lueurs inquiétantes dessinait des motifs illisibles au long de la peau du requin, presque un visage.

Un contact fit sursauter légèrement Arold. Tout à coup, son interlocuteur s'était beaucoup trop rapproché. Il voulut porter la main à son épaule secouée dans une serre de rapace.
Le sommet d'une montagne. L'Alchimiste en mission de recherche archéologique occulte sur le toit du monde. Le rapace qui cherchait à le faire basculer dans l'abîme. Ou à l'emporter ? Est-ce que ça faisait vraiment une différence ? Le paysage était magnifique. Jeté hors de sa transe, il perçut quelques mots, rétrospectivement. Ses yeux clignèrent, il n'était pas évanoui, il était conscient, il fallait qu'il réponde.

"Il fallait me tuer et garder Eavy, alors, c'est un médecin et il sait danser, moi je suis juste un pantin... je n'ai même pas de canne. Vous étiez venu ici en quête de quelqu'un d'autre. Et je n'aurais pas dû être là."

Un des avantages de son traitement était la préservation de sa diction. Il pouvait communiquer ce qui n'allait pas, tant que son cerveau ne se refermait pas complètement sur lui-même. Mais ce dernier cherchait en vain à se reconnecter avec la scène en cours. Où étaient les cavalières qui accompagnaient le danseur à son arrivée ? Où était le rendez-vous qu'il était venu rencontrer ici ? Ne devait-il pas être déjà là ? La porte n'était pas très loin, dans l'angle mort de sa vision, mais il était bloqué, incapable de tourner la tête. Et on lui réclamait une danse ! L'insouciance aurait dû être un péché.
Aussi, il y avait quelques cadavres sur le sol. L'un d'eux y était arrivé en raison de ce titre que la voix lui proposait d'endosser à son tour. Il fallait peut-être l'avertir.

"Et soyez prudent. J'ai eu un ami et le Joker l'a tué."

Quelques rires stridents, nerveux, échappèrent à ceux de l'assistance qui commençaient à craquer. La femme qui sanglotait avait failli s'étouffer dans ses larmes et toussait maintenant, d'une toux caverneuse. Son voisin de table, dans un geste absurdement normal, lui tendit son verre d'eau.

Des amis auraient dû échanger leurs prénoms. Le greffier hésita. Le sien lui échappait totalement. C'était ennuyeux si on le conduisait à l'hôpital mais il ne pensait pas en avoir besoin ce soir, et ils pouvaient toujours checker ses papiers d'identité. Lui-même aurait pu le faire, s'il avait pensé pouvoir le faire discrètement mais ce regard de requin le transperçait toujours. Quelle idée : il n'était pas intéressant, et non, il ne deviendrait jamais rien de plus que le pas grand-chose qu'il était ce soir.

Des amis auraient dû échanger leurs informations. S'emporter au sujet de leurs obsessions du moment, positives ou négatives, et en partager le rush. Il pouvait se rappeler de choses qui le passionnaient. Qu'est-ce qui pouvait passionner cet homme en face de lui ? Il ne ressemblait pas à Eavy. Mais le style, peut-être.
Oui, le style, sûrement.
Les plantes vertes l'ennuieraient sans doute. Elles ennuyaient la plupart des gens, il fallait être si patient pour les apprécier.

"Je vous connais déjà." Il fallait peut-être se présenter clairement. Non, pas l'Alchimiste. Personne ici ne le connaissait - eh bien, Eavy sur le sol lui avait parlé parfois lors de séances d'hypnose, mais Eavy, bien sûr, ne faisait plus partie de l'équation - l'Alchimiste était mort sur le sol, était-ce vraiment possible ? Pouvait-on mourir sans être jamais né ? "On m'appelle The Quill, et toi ?"

Il fallait bien parler de leurs intérêts mais cette procédure mécanique ne semblerait guère spontanée, il se tut donc. Il avait passé l'âge de demander simplement : qu'est-ce que tu voudrais pour ton anniversaire ?
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyVen 19 Avr 2024 - 17:58


Le Comédien

Dans le fond, le Joker n'était pas un monstre, il n'était qu'un artiste au service de la beauté et du rire. Comment dire de lui que c'était un psychopathe sans regard intéressé pour la vie humaine ? Le Joker aimait la vie humaine par dessus tout, il l'exposait, la taillait, enlevait des morceaux pour condenser tout cela dans un travail d'artiste dédié au rire ! En témoigne les lèvres accrochées sur la plupart des bouquins qui traitaient de ses attaques chimiques dans tout Gotham City. Des lèvres étirées en un sourire macabre, voir des sourires inspirait le Joker, après tout, il était toujours en quête d'un public et savoir que quelqu'un l'attendait à la maison, ça lui faisait chaud au cœur. Et en parlant de sourire, il sortit quelques petites bombes rondes qu'il lança dans les jambes des convives. Du gaz, du gaz vert qui s'en échappa et aussitôt, le rire. Les rires s'accentuèrent. Des gens commençaient à mourir de rire. Le Joker en profita pour sortir un masque à gaz pour le coller sur le nez du type, qui commençait à raconter tout et n'importe quoi.


Et après, on dit que c'est moi le roi des cinglés. Décidément, cette pauvre ville ne sait plus reconnaitre un vrai fou d'un autre fou.


Du talent pour les fous, pour la mort, pour la folie. Il allait avoir le rire et l'humour. C'était indispensable pour être auprès du Joker. Malheureusement, elle devrait apprendre qu'au fur et à mesure, le Joker pouvait se lasser et pouvais s'en prendre indubitablement à ses plus proches alliés. Peut-être que le Joker la tuerait ? Surement si ça pouvait l'amuser. Y'avait tellement de choses à faire avant de tuer quelqu'un. Le priver de ses jambes par exemple, voir la douce ironie de la vie s'en prendre à vos membres, en plein hasard, et vous détruire petit à petit. Pire encore, on pouvait perdre sa santé mentale et finir dans un asile de dingues, ça c'était vraiment la pire des horreurs, mais au fond, c'était plus une libération qu'autre chose. La liberté de faire ce que l'on veut, sans rendre de comptes à quoi que ce soit, du moment que le monde brûle, riez et le monde rira avec vous. Tel était le principe même et propre au Joker.


The Quill hein ? Enchanté, moi c'est le roi des clowns de Gotham, l'empereur du crime ! Le Joker. Mais une simple question me vient en tête. Est-ce que tu en portes d'autres, des petits noms comme ça, dans les soirées privées et sadomasochistes des bourges de Gotham ? Danse avec moi, petit pantin, et je te promets que je ne couperais pas tous tes fils. Du moins ... Pas encore.


Toujours dans l'idée de déstabiliser, de semer le rire, tandis que le gaz se dissipait, on pouvait voir les visages souriants figés dans la mort. Magnifique spectacle, et le Joker était, avec ce jeune homme, les seuls survivants de cette horreur. Dans les temps anciens, et le Joker le savait, après tout, c'était du domaine du spectacle dont il connaissait les ficelles. Les pantins étaient sujets de légendes, comme quoi la personne qui les manipulent aurait un doigté exemplaire, déjà, mais en plus, une part de leur âme se divise pour laisser libre à toutes les pulsions les plus horribles et les plus inimaginables. De croyance populaire, les pantins n'ont pas du tout bonne presse et finissaient généralement par tomber dans l'oubli. La ventriloquie était dépréciée car jugée trop choquante pour les enfants. Dans l'esprit du Joker, toute tentative de séduction, de charme, ou de sentiments n'existaient pas. Tout cela avait été balayé par la marche impériale du temps, sans prévenir, il rongeait les cœurs et les âmes de toute émotion. Oh bien sur, le Joker avait quelques sentiments, en fonction des gags qu'il prévoyait, après tout, c'était un comédien, un farceur et un incroyable maitre de l'illusion. Réfléchissant, son air se fit plus sombre, sa bouche grande ouverte écoutant parfaitement le jeu de ce gamin, qui se perdait dans un monde de folie. Le prenant par les mains, le Joker le regarda droit dans les yeux, avant de reprendre.


Quand on perd ses repères, on s'attend à avoir une main compatissante qui nous tend la main, pas vrai ? Malheureusement, ça n'arrive jamais et tu sais pourquoi ?


Il laissa trainer la fin de sa phrase avant de se perdre dans ses souvenirs. Des souvenirs lointains, oubliés, et faux aussi. L'enfer est-il pavé de bonnes intentions ? Pas vraiment, enfin, on pourrait le croire comme le dit le proverbe, mais ... non. La preuve : Arkham était un enfer, un enfer rempli de cris, de hurlements, de rires et de pleurs, un hymne à la folie, un monde des plus abjects où pourriture, corruption et ténèbres suintaient en permanence, tel un glaviot sortant de Gotham. Mais l'asile d'Arkham, c'était aussi un lieu où l'on vous procurait des soins, des soins oui oui, c'est à dire que l'on soignait les gens, même si le taux de réussite ne dépassait pas les deux pour cent. Non ... Tout ça n'était qu'une farce, et les docteurs en psychologie, les médecins aussi, tout ça n'était qu'une monstrueuse blague. Qui s'intéresse vraiment à la vie des autres ? D'un geste, il jeta le jeune homme à terre, avant de sortir son arme, et en pointant le jeune homme, un sourire sur le visage. Il fit peser un long silence, avant de tirer sur la gâchette. Un drapeau "Bang" en sortit, et le Joker ricana de plus belle, avant de charger son arme avec une balle, cette fois.


Le monde est un endroit froid et cruel. Ne t'attend pas à ce que les gens te comprennent ou t'aident. Tu es seul, de ta naissance à la tombe, et c'est ainsi. Tout ce que tu peux faire, croire, rêver, espérer, tout ça n'est qu'une lamentable blague. Rien ne vaut dans ce monde, alors maintenant dis-moi ... Qu'est-ce qui m'empêche de te tuer ? De mettre fin à ta vie d'assisté à vie ?


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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyVen 19 Avr 2024 - 21:13


Entraîné par son marionnettiste du moment, l'Alchimiste l'écoutait délirer. Mais il se gardait bien de se dire ce qu'il en pensait : que cet homme ressemblait énormément à Eavy. C'était la même joie communicative derrière laquelle se dessinait une stratégie, imprévisible pour vous, implacable pour lui ; le même charisme envahissant d'une agitation perpétuelle pour un introverti paralysé par son haut mal. Ce type se moquait de lui, bien sûr, mais ce n'était pas hautement désagréable, il avait l'habitude d'abandonner le volant à ce brave psychiatre et de profiter du spectacle. C'était éphémère, toute cette poudre aux yeux ; ça passait irrémédiablement comme un rail de coke ou un flocon de neige et ça ne laissait que la petite mort de la solitude, et il n'était pas pressé d'y être enchaîné à nouveau. La vie d'Arold Maligait était une non-vie. Et dire que depuis des années, elle se déroulait non-stop, sans voyages dans d'autres mondes, rythmée uniquement de nuits sans sommeil.

Tandis qu'en ce moment - Des tirades, des éclats de rire, des mimiques, des tourbillons, des masques tordus, des suffocations, partout des émotions fortes et de l'adrénaline ! Un instant, il eut presque l'impression que cet étrange bonhomme se perdait dans les mêmes souvenirs que lui : un casse qui avait tourné au délire total, dans un casino que tenait sur une île au large de Monaco un fou millionnaire adepte des labyrinthes et des vengeances, qui se prenait pour le Comte de Monte-Cristo. Une grande aventure, et sans Ghillie à ses côtés il serait mort cent fois. Il songea vaguement que dans ce monde gris, Ghillie était un bourreau de travail qui ne se déridait jamais, et Eavy venait de lui faire sa demande en mariage ; puis cette pensée s'éteignit, il n'arrivait pas à se concentrer sur ces sornettes. Est-ce que... C'était Le Joker, son nom ? Impossible, Le Joker était une face immobile imprimée en noir et blanc dans le journal. Rien à voir avec-

La chute le prit de court. A l'arrière de son crâne, la boucle de son masque toucha le sol. Il aurait un bleu mais, songea-t-il, avec ses cheveux on ne le verrait pas. Est-ce qu'un arbre qui tombe loin de toute oreille pour l'entendre est tombé en silence ?

"Oh... beaucoup de raisons. Nous sommes amis, d'abord. Je suis ton public et ta distraction sur cette île déserte. Merci de m'avoir délivré, à propos," dit-il simplement, sans élaborer ce qu'il entendait par là ni au nom de qui il s'exprimait. Il ne chercha même pas à se redresser ; il n'était pas si mal installé par terre, à part cette boucle de plastique qui lui faisait mal à la tête. Il valait mieux retirer ce masque absurde, retirer tous les masques. "Même si ce n'était que pour quelques minutes. J'aimerais écrire tout ça dans mon carnet, tu crois que j'ai le temps ?"

Après tout, impossible de savoir combien de temps mettrait le poison à l'entraîner dans la même spirale infernale que tous les autres. Mais y avait-il meilleure façon d'accéder à la vie éternelle ? Il allait montrer un peu à ce morose greffier si terne et discret ce que c'était de rire un bon coup. Il ressentait presque une forme de rage envers Arold, mais dans cette rage il y avait de l'amour, celui qui désespère quand il ne se passe rien, et qui pousse aux grands crimes de passion. Alors qu'il cherchait difficilement à contrôler les mouvements de sa main, il se figea tout à coup, son regard fixé sur un point derrière le Joker. Ses yeux s'écarquillèrent dans une soudaine compréhension. Une silhouette chancelante, défigurée, une bouillie sanglante et aveugle et sourde à laquelle n'échappait plus même le gargouillement sifflant de l'agonie, et qui titubait en battant l'air de ses ongles. Eavy-sur-le-sol s'était relevé. Quel choc avait jeté son système dans ce simulacre de résurrection ? Un effet imprévu de cette substance chimique qui imprégnait l'air, ou était-ce simplement le dernier sursaut inconscient de l'instinct de vie qui cherchait à annihiler la menace ?

Dans tous les cas, ce n'était pas encore mort, pas tout à fait, mais ce n'était plus vivant, ce n'était plus humain, et ce n'était pas supportable du tout. L'Alchimiste en avait vu d'autres mais il ressentait un rejet absolu, celui qui pousse un arachnophobe à écrabouiller jusqu'à la réduire en poussière la petite créature inoffensive qui n'a eu que le tort de croiser son regard. Il n'avait guère de force physique mais son comparse du moment en avait à revendre. Et c'était sa responsabilité, c'était à lui de mettre un point final à cette horreur, c'était son idée au départ, non ?

"Le psychiatre !" articula-t-il en se recroquevillant, bras croisés devant son visage. Il ne savait pas quel impact il craignait mais la crainte n'avait jamais été aussi réelle. Ce n'était pas un rêve. "Je ne veux pas qu'on me soigne ! Je ne veux pas disparaître !"

La silhouette au crâne ouvert s'abattit de tout son poids sur le Joker en s'y accrochant avec une hargne vampirique. Tombé en catatonie, le puits le plus profond que ses crises devaient traverser avant de le laisser remonter lentement vers la raison, Arold se perdit dans une vision des actes qu'il aurait pu accomplir, entraîné dans une réalité parallèle où il était libre de ses mouvements. Il s'emparait d'une chandelle tombée de la table voisine, embrasait une table imprégnée du vin renversé, nouait cette cagoule de flammes autour du crâne immonde qu'il ne supportait plus d'avoir dans son champ de vision, et serrait, serrait à la gorge, en injuriant ce maudit psychiatre qui l'avait tué pendant toutes ces années. Eh bien, ils ressuscitaient tous les deux ce soir, et il serait le seul à sortir de cette salle sur ses deux pieds. Il était ébahi : jamais il n'aurait cru contenir une telle animalité, une telle haine, lui si civilisé et conciliant. La conscience de ce qui l'entourait lui revint peu à peu. Il se répétait la litanie apprise pour s'accrocher à la réalité : prénom, nom, quel était son âge déjà ? sa date de naissance exacte, l'hôpital où il était venu au monde, son groupe sanguin... toutes ces considérations administratives qui n'intéressaient personne, mais qui faisaient de lui qui il était, cet individu en particulier, et aucun autre.

Un goût de larmes au fond de sa gorge le surprit, il respirait trop vite, il avait l'impression de sortir d'un marathon. Son corps et son traitement luttaient avec fureur au milieu d'un bain d'hormones contrariées, rush provoqué par la violence du choc nerveux. Avait-il vraiment combattu ? Non, les deux mondes ne pouvaient pas se mélanger. Ce serait une très mauvaise chose. N'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyDim 21 Avr 2024 - 16:44


Le Comédien


Hahahaha ! Rien que ça ? Juste écrire dans ton carnet ? Tu viens de gagner quelques années de sursis, mon ami.


L'idée de tuer, ça peut être marrant, mais il fallait quand même penser à un possible survivant, histoire de relater les nouvelles. Partons du principe qu'il faut bien un messager pour apporter la nouvelle. Mais quand on y pense, tuer ça pouvait aussi être un message. Mais au fond, pourquoi faire après tout ? Après tout, c'était plus intéressant de le laisser vivant et de semer le chaos dans la tête de tous les potentiels adversaires du Clown. Le Joker suivait attentivement la règle du "Occupez-vous de mes amis, je me rapproche de mes ennemis." Le Joker entama alors quelques pas de danse tandis que le type continuait à débiter des paroles sans queue, ni tête. Bref, une histoire d'eunuque décapité quoi. Il ricana alors qu'il voyait enfin ce petit homme, se montrer sous un spectacle des plus amusants. Plus la folie était exacerbée, plus le Joker se vautrait dedans, il en jouissait littéralement, agréablement, superbement. Dans son esprit, une musique douce, entrainante, accélérant, freinante à certains moments, on ajouta alors des lumières, des projecteurs qui illuminaient la pièce en entier. Comme un grand spectacle des années 60, à l'époque d'Hollywood et de son faste. C'était un spectacle, un grand spectacle que le Joker avait préparé à l'improviste. Bien entendu, il y'avait toujours le fait que Gotham s'amusait à espérer un sauveur, à espérer que tout aille pour le mieux dans un monde de plus en plus névropathe et cinglé. Rien de tel ne se devait d'arriver. Pourquoi tant espérer que la vie doit être plus agréable ? Gotham City n'était qu'une salope, une ville qui avait les moyens de tirer vers le bas les plus démunis et c'était ce qui était arrivé un jour au Joker ... Avant ... Quand tout allait pour le mieux, ou presque ? Non ... C'était quoi la bonne version déjà ? Bref ... Ce soir, pas question de sauveur. Pas question de Batman. Juste un nouvel épisode de folie, dans un monde qui allait si mal ... Tellement mal.

Je ne suis pas fou, juste normal. Mais différent. Enfin, entres autistes, on se comprend hein ? Tu peux me comprendre ? Tu sais ce que je peux comprendre de toi et ...


Le Joker n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il fut plaqué au sol. Par le cadavre ? Tiens, ça c'était intéressant. Mais le poids du cadavre était quand même assez lourd, et le Joker avait un peu de mal à s'en débarrasser. Ce gamin était fou, mais il avait quelque chose, quelque chose qui intéressait le Joker. Se relevant, il entendait la voix du jeune garçon qui essayait de se contenir, comme chez les cinglés quand tout va mal. On répète des phrases idiotes, sans intérêt pour garder pied dans un monde idiot. D'un geste calculé, il se redressa, rangea son arme, et se dirigea vers l'homme qui semblait être dans un état catatonique. Le sourire du Joker s'effaçait d'un coup, comme si l'homme qui était à l'intérieur tentait de parler, de s'exprimer, ce serait bref, surement, mais tellement possible qu'une des nombreuses personnalités du Joker puisse faire revenir un ancien démon brisé par la folie. L'Homme s'appelait jadis Jack, il avait eu une femme, un enfant à naitre, et puis soudain ... Tout lui retombait sur le coin de la gueule. Sa femme avait eu un accident avec le chauffe-biberon hahaha, c'est dingue hein ? Avec un appareil aussi ridicule ! Puis, il est tombé dans la cuve d'acide et il était devenu ... Non ... Tout cela avait changé du tout au tout, comme si l'on ne pouvait pas être le véritable acteur de son destin, comme si tout cela était écrit à l'avance. Comme si ... Comme si le destin vous faisait une vilaine blague. Horrible, dégueulasse et monstrueuse. Il s'agenouilla, prenant l'homme par les épaules.

Je ne te ferais pas de mal, mon petit. Jamais je ne te ferais de mal, tu sais ? Tu es ... Mon ami, maintenant. Tu es mon ami. Mon meilleur ami, et en tant que meilleur ami, je veillerais sur toi, et sur tous ceux qui t'entourent. Tu as ma parole, parce que tu sais ... Je suis ton ami. Je veux même que notre amitié soit spéciale, qu'elle soit tout. Nous allons avoir énormément de fun ces prochaines années, mon p'tit. Tu n'imagines même pas !


Pour ce qui est de la suite des évènements, le Joker avait une idée, une idée folle. Une idée qui pourrait surement briser de nombreuses barrières. Son regard était peut-être un peu plus doux, peut-être. Dans sa tête trottait cependant quelques idées assez intéressantes. Le Joker avait de nombreuses lubies, mais il était, et le savait lui-même, un grand romantique, passionné et terriblement fou de ses pulsions. Il n'aimait que lui, et que lui-même. Pourtant ... Parfois ... Certaines émotions pouvaient jaillir de son cœur, même si parfois c'était bref. Très bref. Au fond de lui-même, le Joker se voyait comme un incessant narcissique, mais il lui arrivait de pouvoir se sentir humain. Se sentir humain ... D'éprouver quelque chose qui ressemblerait peut-être à de l'amitié ? Peut-être ? Vraiment ? Il regarda le jeune homme, une dernière fois, avant de se relever. D'un air amusé, il chercha le porte-feuilles de ce gamin, avant de saisir la carte d'identité et la garda dans sa veste. Un grand sourire sur le visage.

Est-ce tu veux un câlin ? Tu te sentirais mieux après ça ? Je n'ai plus trop le temps de rester ici, j'ai des rendez-vous, des gens à tuer et une chauve-souris à abattre. Mais pour toi, mon grand, je peux te faire un p'tit câlin tout mignon, histoire que tu te sentes mieux.


Et alors il éclata d'un rire. La scène était cocasse. Il espérait néanmoins que la scène ferait rire le jeune homme. C'était ça le plus drôle non ? Savoir rire de soi-même en toute occasions, c'était ça la classe. La seule, l'unique. Et le Prince du Crime savait que cela ne pouvait qu'être l'occasion de bâtir quelque chose de fou avec ce jeune homme, quelque chose de potentiellement nuisible, de dévastateur. Sincèrement, il espérait l'entendre rire, au moins une fois. Une putain de fois dans sa vie de clown criminel. Rien n'est plus beau qu'un rire franc et doux, un rire si tendre qu'il vous emporte vous aussi sur le chemin de la franche rigolade et des blagues.
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyDim 21 Avr 2024 - 17:46

"Je suis réel. Laisse-moi. Si tu me touches et tu passes à travers moi, tu vas te rendre compte- et après, je vais disparaître pour de bon."

Arold claquait des dents, sa diction était hachée mais il ne mélangeait plus ses mots. Son cerveau était passé du stade de bouillie à celui de bloc de glace. De là à considérer qu'il y avait du progrès... Cet homme habillé comme pour une soirée à l'opéra s'adressait toujours à lui. Le Docker ? Il fallait absolument qu'il note ce qui se passait, sinon, rien ne deviendrait jamais réel. Mais avec son portefeuille, le carnet était tombé de sa poche, terminant sa course au fond de sa veste, à demi stabilisé par sa boucle de ceinture. Quand Arold chercha à le saisir, l'objet tomba. Eavy ne le surnommait pas The Quill pour rien : ce carnet, c'était devenu une part intégrante de sa personnalité, la ligne directrice qu'il avait réussi à tendre comme une ligne de vie au long de son existence, qu'il jugeait si incohérente.

Il tendit le bras. Le petit carré de faux cuir, fermé d'un simple élastique noir, semblait si loin. Heureusement, il n'avait fait que rêver l'incendie. La perspective de voir ses propres phrases plonger dans le feu était presque plus terrifiante que l'idée d'être envoyé en Enfer.

"Si tu veux m'aider, donne-moi mon carnet." Son regard suppliant s'accrocha au regard vacillant. Juste une ligne de vie, une ligne de stabilité, c'était tout ce qu'il réclamait ; c'était sa ligne de coke, cette traînée d'encre aux boucles inégales qui dessinait son existence au fil des pages blanches, qui remplissait le vide tout en sachant qu'il y aurait toujours plus de vide, qu'il en rachèterait des pages et des pages où il s'enfermerait, tant qu'il serait vivant.

Sur la dernière page ouverte, griffonné à la va-vite ce matin même sur le trajet de métro entre le petit déjeuner et le travail, s'inscrivait le récit du rêve de la nuit précédente. Une date et un lieu en tête, le lieu ne servait à rien, c'était toujours la même station et il ne s'était jamais perdu. Ses pieds connaissaient le chemin mieux que sa tête ; des années de vie répétitive avaient cet effet. Comme il était étrange de toujours aboutir au tribunal, comme tous les chemins mènent à Rome, sans jamais y être jugé ! Ce carnet-là n'était pas encore très rempli, il l'avait commencé récemment, relatant ses petites aventures quotidiennes, un chat errant qui lui avait fait la fête au coin d'une ruelle, une conversation au sujet de sa thèse... une nouvelle plante exotique qui lui causait des difficultés, un joli pull en cachemire porté par la secrétaire de l'accueil... et naturellement, le déroulement des procès auxquels il avait assisté. Il ne pouvait pas coder en remplaçant les noms par des initiales, il n'aurait jamais retrouvé la clé de son code.  
Citation :

"Cette nuit, j'ai rêvé d'un village en pleine forêt dont les habitants craignaient d'être dévorés par les loups. Pourtant ils ne partaient pas. Ils restaient là, ils vivaient là, jusqu'à leur mort, ils s'y mariaient, ils y faisaient des enfants... et dès que quelqu'un allait chasser, ramasser du bois, chercher de l'eau, on ignorait s'il reviendrait. Les différents habitants avaient différentes stratégies pour tolérer cette peur constante. Ignorer, nier. Tenter de se battre. La superstition, les amulettes. Les prières, une vie irréprochable, une morale agressive. La science : je me lançais dans une étude des comportements animaux, pour tenter de prévoir les attaques. On sait que les lions sont plus dangereux après une nuit de pleine lune, pour la simple raison qu'ils ont été forcés au jeûne par cette lumière comme par un phare de mirador.

Nos désaccords sur le sujet avaient fait nommer notre localité la Vallée de la Querelle. Mais j'avais bon espoir que mon étude mette fin au massacre une fois pour toutes, et nous réconcilie en conséquence. Je me suis aperçu qu'un type de loups seulement s'en prenait aux humains. Les autres nous fuyaient, échaudés par nos chasseurs, ou suivaient parfois les convois en bordure de champs, les voyageurs ou les troupeaux, mais ils ne s'en prenaient qu'à nos bêtes domestiques. Je suis arrivé à la conclusion qu'ils avaient, entre eux, des querelles de religions. Comme nous, ils formaient divers groupes qui ne suivaient pas les mêmes préceptes. Les uns ne chassaient jamais à nos abords, les autres ne mangeaient que nos chiens et notre bétail, d'autres enfin s'en prenaient à nous sans hésiter, voire privilégiaient notre viande.

Impressionné, je parvins à établir une forme de dialogue avec l'un d'entre eux, plus étrange que les autres, plus éveillé peut-être. Il m'apprit, pour ma plus grande horreur, que nous étions pour ces loups l'équivalent d'animaux domestiques : ils nous élevaient à notre insu, nous maintenaient sur place, rabattaient la nourriture dans notre direction, influençaient le cours de la rivière et la santé de nos forêts, par la sélection qu'ils effectuaient sur la vermine. Certains nous voyaient comme l'hindouisme voit ses vaches ; ils prélevaient sur nous de quoi agrémenter leur vie, nos bêtes par exemple, notre travail ; mais ils ne nous auraient pas dévorés. D'autres nous voyaient comme le cowboy moyen voit ses vaches, avec les conséquences que l'on sait. La Vallée de la Querelle, c'était leur vallée.

Jamais ils n'écouteraient ce que nous avions à dire. Ecoutez-vous ce que disent les vaches ? Puis je compris que ce loup lui-même n'était pas maître de ses décisions, qu'il était influencé par les corbeaux et n'en avait qu'à peine conscience - et je me réveillai en sursaut."

Un couple de clients en retard se présenta à l'entrée, jeta un coup d'oeil à la scène d'horreur, recula d'un bond comme un seul homme en reconnaissant le Joker, et hurla en direction de la rue. Arold avait l'impression d'entendre des coups de feu. Mais ça n'avait aucune importance. C'était Gotham, les hurlements et les coups de feu en arrière-plan d'une conversation mondaine étaient monnaie courante. Sa déconcentration incessante laissait la place à une concentration absolue, nécessaire pour ne pas sombrer ou fondre en larmes, ce qui n'aurait clairement servi à rien. Le... Stalker ? Non. C'était le Joker. Il le savait. Il l'avait toujours su. Le Joker avait dit qu'il comprenait sa situation. C'était une blague évidemment, la nature du criminel l'exigeait, mais ça pouvait en même temps être vrai.

Eavy était mort.
Eavy était mort.
Il fallait absolument écrire ça.

"Ou... écris pour moi," implora le greffier en ouvrant et refermant sa main, montrant quel effort cela lui réclamait. C'était le Joker mais c'était tout de même quelqu'un qui lui parlait et lui parlait gentiment, pour des raisons connues de lui seul (ou même pas), et c'était surtout la seule personne aux alentours, à qui il pouvait faire cette demande. Eh oui, une île déserte. Est-ce que l'amitié n'était pas toujours une sorte d'île déserte, d'une façon ou d'une autre... "Ecris qu'Eavy est mort. Sinon, j'ai peur de l'oublier." Et devoir l'apprendre à nouveau, quand on lui expliquerait la nouvelle après une bourde naïve, et devoir souffrir à nouveau.
Seigneur, entre tes mains, je remets mon esprit.
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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyMar 23 Avr 2024 - 13:35


Le Comédien

Que lui ferait-il ? La détruirait-il de manière directe et spontanée ? Non. Le Joker était plus fourbe que ça, plus mesquin. La torture psychologique était plus amusante. Pour tout dire, le Joker ne s'était pas amusé comme ça depuis que Booster Gold, ce zéro pointé, avait tenté d'empêcher une petite sauterie en l'honneur de James Gordon, dans le carnaval qu'il avait conçu pour une soirée mortelle. Le Joker avait conservé quelques fabuleux clichés de cette soirée, notamment quand Booster Gold avait tenté de s'en prendre au Joker. On se marre, on rigole, et on continue. Quelle blague ! Le Joker était quelqu'un qui était pragmatique, et pour tout dire, il savait que les gens, retranchés dans leurs derniers recours, pouvaient succomber à la folie la plus noire. Il s'amusait pour tout dire, il s'éclatait pas mal. Il adorait ce genre de jeux, le genre de jeux qui finissait toujours mal. Pas aussi passionnant que ceux avec le Batman, mais rien de tel pour entretenir la forme. Soit-dit en passant, le Joker ne tenait pas non plus à ce qu'il soit bêtement dénoncé au plus proche commissariat de flics du coin. Vous imaginez le délire ? Il serait vite repéré et surtout après les évènements à Gotham, il ne se sentait clairement pas prêt pour affronter Batman, pas encore du moins.

La folie, c'est de recommencer, recommencer, recommencer encore et toujours la même erreur, en espérant que le résultat change. Pourquoi te priverais-je de ton enfer personnel ? Non, ce sera plus drôle si tu souffres en permanence. Après tout, je suis ton ami, et je sais très bien ce qui est bon pour toi, mon petit Arold. Je suis ton ... Ami. Ne l'oublie pas. Tu comptes énormément pour moi. Beaucoup, beaucoup comme ça !


Il s'amusait. Il s'amusait tellement du malheur de ce petit être tourmenté par les horreurs. Un carnet ? Pfft ! Il a cru quoi ? Que le Joker n'était qu'un petit bibliothécaire ridicule ? On pouvait toujours rêver. Mais pourquoi pas ? Jouer les abrutis c'était la spécialité du Joker, toujours faire ce que l'on attend jamais, c'était un des mots d'ordre du Joker. Même quand on est une hallucination désordonnée. Après tout, dans l'esprit d'un malade, on n'est qu'une hallucination, et entre deux trois lapins, on pouvait bien avoir un clown. Et bien sûr, en totale adéquation avec son mode de pensée. Mais combien en avait-il au final ? Car le Joker avait ses habitudes, ses petits changements de personnalité qui pouvaient se passer en quelques heures, et parfois même en quelques secondes. Fixant droit dans les yeux le jeune homme qui se tenait devant lui. Il reprit alors, avant de lui mettre une petite tape dans le dos.

Tout le monde a une mauvaise journée. Rien de tel qu'une bonne vieille mauvaise journée pour rendre quelqu'un de complètement frappadingue. T'en penses quoi ? Diiiiiiis-moi tout. Pourquoi es-tu comme ça ? Qu'est-ce qui t'as amené à être comme tu es ? Je suis sûr que c'est à en mourir de rire. Mais la vraie question est de savoir pourquoi tu n'es pas devenue fou ? Peut-être qu'il te faudrait quelques électrochocs ... Ou une petite trépanation ? Allez, allez, ne t'en fais pas. Je suis sûr que tu surmonteras ça, tu le sais, je serais là quand tu ne t'y attendras pas. Après tout, maintenant, j'ai ton numéro de téléphone hein ?


Ses paroles continuaient de résonner, toujours amusé par le jeu qui s'intensifiait. L'adrénaline de la chasse, l'adrénaline pour survivre au clown, y'avait rien de tel pour espérer une bonne chasse au gibier. Véritable illusion du cauchemar, de la folie qui commençait à pénétrer dans l'esprit du gamin. Il allait commencer à s'immiscer dans l'esprit du jeune homme, le pourrir, le dévorer de son esprit. Il commencerait par se poser énormément de questions, il douterait, il commencerait à haïr ce qu'il est. Ce n'était pas qu'un jeu, c'était une mise en bouche pour la grande répétition du jeu qu'il se préparait pour Batman et rien d'autre. Le jeu ne faisait que commencer et le clown savait très bien que les choses allaient mal se passer pour toute la ville en elle-même. Il avait un plan, un grand plan. Oui, on s'était bien amusé, et il fallait tirer le rideau maintenant. Déterminer ce qui se passait dans le cerveau du Joker, c'était un peu comme plonger sa main dans une boite de chocolats, on savait jamais sur quoi on pouvait tomber hein ? Parfois, y'avait des amandes, parfois du liquide rouge dedans et peut-être même des morceaux de chair humaine dans les chocolats. Le Joker était comme les autres, il aimait le chocolat, surtout lors de la St Valentin. Ce qui lui rappelait cette bonne vieille blague du jeune amant qui oublie d'acheter des chocolats et qui finit pendu le soir même avec une lettre émouvante dans sa main. Un sourire sur le visage du Joker, un grand sourire. Le Joker s'éclatait, vraiment. Le bruit de sa canne-épée sur le sol faisait des tacs aléatoires, rajoutant un moment de pesanteur assez pénible. On pouvait croire qu'il pouvait ressentir la présence de la personne autour de lui, mais non, c'était plus pernicieux que ça, il semblait humer la présence du jeune homme, comme s'il avait un sixième sens, mais il n'en avait pas non. Il avait juste une certaine habitude de ce genre de petits jeux. Après tout, il se considérait bien souvent comme un monstre, comme un salaud prêt à tout pour contrecarrer Batman. Il reprit de sa voix trainante.

C'est marrant hein ? Tu es le premier qui me voit comme son ami. Je suis sûr qu'on aura de quoi faire de notre relation privilégiée. Mes amitiés à Eavy, si tu le revois. Hahahahaha !


Il ricana de rire tout en imitant un certain autre clown, plus sinistre. Le Joker prenait plaisir à se faire passer pour une entité monstrueuse et démoniaque, un vrai plaisir quand on y pense. Y'avait de quoi en rire non ? Ricanant encore tandis qu'il sortait du restaurant, remettant son chapeau sur le crâne et en jetant en arrière, le carnet qu'il n'avait pas rempli. Pourquoi satisfaire sa culpabilité ? Le gamin allait vivre avec cette chose en lui, il allait vivre avec sa propre folie, et c'était tout ce qui était nécessaire. Gotham City n'a pas besoin de héros, et encore moins d'espoir. Le Joker imaginait la tête des flics, et l'ensemble des citoyens qui verraient le carnage au petit matin dans les éditions de la presse. Nul doute, il ne devrait pas rester ici longtemps, cela allait empester la chauve-pourrie dans pas longtemps, et le Joker ne tenait pas spécialement à être la cible des autres justiciers de cette foutue ville. Mais la blague se préparait, elle commençait à faire subtilement son chemin vers un ordre établi que le Joker dictait. Cela serait si drôle, surtout les enterrements prochains. Ses cheveux volaient au vent, tandis qu'il respirait la délicieuse odeur de la liberté et des poubelles en décomposition dans les ruelles de la ville. Le Joker s'était parfaitement amusé ce soir. Son rire résonna une dernière fois avant de disparaitre dans les ombres du quartier.

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MessageSujet: Re: Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]   Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait] EmptyMar 23 Avr 2024 - 15:24

"C'est marrant," répéta le greffier avec un hochement de tête mécanique. L'urgence qu'il ressentait, ainsi prise à la légère, jetée aux quatre vents, c'était marrant d'un certain point de vue et il ne voyait pas d'inconvénient à s'y rallier. Se moquer de lui-même avait toujours été un talent naturel.
Il manquait quelque chose d'important mais quoi ? Un crayon. Il devait y avoir un crayon quelque part dans la veste. Un stylo. Arold était au point mort. Les phrases tournaient en boucle, surgies de nulle part.
Il y a un stylo dans une des poches.
Eavy est mort.
Pourquoi était-il devenu comme ça ?
(Il y avait quelque chose à répondre à cette question, tout ce qui se présentait à son esprit était un vide silencieux, mais ce vide avait la forme d'une réponse qui existait, quelque part. Loin d'ici. Et il y avait dans les bouffonneries de son interlocuteur le même vide, doté de sa propre forme, et à bien y regarder il aurait pu en distinguer quelques contours.)
Mais Eavy était mort. Comment ? On lui poserait cette question bien plus tôt.
Un stylo... dans sa poche de poitrine, avec les clés et la monnaie.
Le Joker... avait tué Eavy.
Le Joker... était un ami et ne ferait de mal à personne et il ne fallait pas l'oublier.
Un stylo... noir ou bleu ?

Ces deux perspectives flottaient face à face, comme deux poissons ennemis que l'on a placés par hasard dans le même aquarium, réfléchissant à qui allait dévorer qui avant la fin de cette minute.

La pièce était vide. Plein de mobilier, de nourriture, de morts, mais il était seul et sa pensée avait ralenti, une vieille voiture qu'il poussait dans une pente montante, le supplice de Sisyphe, enfin il saisit le stylo dans sa poche. Il lui fallut un temps de réflexion pour se souvenir de ce qu'il voulait faire, exactement, avec un stylo. Retrouver le carnet... Il l'aperçut, au sol, et une nausée glacée lui remonta dans la gorge. Il écrivit sur sa main :
TON AMI NE
L'OUBLIE PAS
Et puis, l'espace autour de lui s'anima de petites flammes. Les bougies, sur les tables qui n'avaient pas été renversées dans un mouvement de panique, continuaient à brûler. Tantôt romantiques, elles débutaient à présent une veillée de deuil.

Il était occupé à brûler son carnet lorsque le service d'ordre de l'hôtel voisin, attendant la police qui arrivait d'une minute à l'autre, poussa la porte en position ouverte et appela : y avait-il des survivants ? Il ne savait pas s'il devait répondre. Il n'était même pas sûr de vouloir se tourner dans leur direction pour exposer son visage. S'il faisait le moindre mouvement, n'allait-on pas lui tirer une balle dans la tête, à lui aussi. Il avait marché dans le sang. Ses traces étendaient la présence d'Eavy un peu plus loin dans l'espace.

"Parce que je ne rêve plus. Ce n'est pas ça, un rêve. Réflexions du réveil plaquées d'images symboliques de l'inconscient. Aucune valeur," marmonna-t-il indistinctement.
Le faux cuir du carnet répandait une odeur de plastique brûlé.
Ah oui ! les prévenir pour le gaz toxique.
"Ouvrez tout, il y a du poison dans l'air."

La flamme lui brûlait les doigts. Il ouvrit sa main. Il était horrifié tout à coup, la lucidité revenue à vive allure pour le heurter avec la brutalité d'un boomerang. Il avait remis son carnet à cet homme malveillant qui aurait pu en faire n'importe quoi... le lire, le revendre, aller fouiner dans son logement pour y trouver les autres volumes. Y écrire n'importe quoi. Ce qu'il aurait écrit serait devenu réel. Un pareil pouvoir ne devait jamais être remis entre les mains d'un fou, entre les mains de qui que ce soit.

"Qu'est-ce qui s'est passé ici ?" gueula une voix beaucoup trop proche de son oreille. Il n'avait même pas mangé, tiens. Cette nausée n'avait pas de sens. Il n'avait rien à vomir. Il n'était qu'une coquille vide et c'était très bien comme ça. "Ho ! Je te parle ! On revient sur Terre, merci !"

"Arold Maligait, greffier au tribunal de Gotham, domicilié à Coventry, né à..."

Il reçut une grande claque et resta chancelant, clignant des yeux, réveillé. Dehors, des silhouettes couraient en tous sens. Deux sirènes se battaient pour occuper l'espace sonore, une voiture de police et une ambulance. Le visage en face de lui semblait franchement désolé, mais impatient surtout, sur le pied de guerre. Impossible de déterminer s'ils se connaissaient ou non. L'homme voulait savoir pourquoi tout le monde ici était mort, pourquoi Arold était vivant. C'était une excellente question à vrai dire, il se la posait lui-même, et il se la poserait probablement tout le reste de sa vie ; façon de dire qu'il n'avait pas la réponse.

"Il voulait juste s'amuser un peu, on n'a pas dansé parce que... je ne danse pas. J'étais venu dîner avec..." Signe vague en direction du cadavre disloqué sur le sol, dans la flaque de sang, au milieu des traces de pas erratiques. "Quand Dieu ferme une porte, il ouvre une fenêtre, c'est ça non ? Y a plus qu'à sauter..."

On le fit asseoir. On s'affaira en tous sens. Il perçut deux phrases le concernant, ou deux bribes de phrases. Son discours était incohérent, et il connaissait le défunt. Et puis, quelqu'un d'autre s'assit en face de lui, avec une mine fatiguée et un carnet pour prendre des notes. Arold, tout sourire, lui tendit son crayon.
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Nous n'irons plus au restaurant, farewell gâteau [Arold Maligait]

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