Just a cop in Gotham

Un seul homme ne peut pas contenir tout le mal, mais il peut quand même essayer ... Et chuter. J'ai failli à cette ville. Et à beaucoup d'autres personnes qui me faisaient confiance. La guerre pour Gotham City avait mené l'organisation nommée le gant noir, à faire main basse sur ma cité. De nombreux quartiers avaient souffert, des gens furent blessés, mutilés. Et les forces de police n'avaient pas réussit à remonter la pente. J'avais failli à mes hommes, mais je ne faillirais pas à mon devoir. J'avais avec les semaines, organisé une petite force de frappe avec ce qu'il restait de mes hommes dans les ruines d'un des commissariats de quartier de Somerset. L'idée était de reprendre la ville quartier par quartier, et de demander l'aide des civils pour protéger les territoires sous notre juridiction. Je n'avais pas eu beaucoup de chance, entre les éternelles guerres et le manque de ravitaillement, on ne peut pas dire que j'ai eu beaucoup de chance. Alors que nous travaillions à faire contact avec une bande de civils qui s'étaient retranchés dans un supermarché abandonné, j'avais eu cette lettre, qu'un jeune homme m'avait remis. Le gamin ne savait rien du destinataire, et visiblement, il ne savait pas qui lui avait demandé de rendre ce service. Mais à Gotham, tout se sait, tout se transmet. Malheureusement, le petit point d'interrogation vert étayait mes craintes sur ce qui allait se produire.

Citation :

Cher Commissaire Gordon,

L'intellect est un bien précieux, une chose que vous et moi pouvons apprécier au plus haut point. C'est pourquoi je vous invite à une rencontre qui, je l'espère, exercera votre esprit et soulèvera des questions fascinantes.

Au cœur de Gotham City, l'île centrale de Somerset se tient fièrement, témoin de son histoire, de sa culture et de sa diversité. Dans cet endroit riche en merveilles et en énigmes, je vous convie à une rencontre spéciale, où les rues tortueuses de Gotham seront le théâtre de notre interaction.

Rendez-vous au musée Flugelheim à Somerset, où nous pourrons discuter des sujets qui vous intriguent peut-être autant que moi. Vous trouverez une carte pour vous guider à l'intérieur du musée, mais méfiez-vous, car elle ne sera pas sans énigmes. Soyez prêt à mettre vos compétences à l'épreuve, Commissaire, car cette rencontre sera bien plus qu'une simple conversation.

L'heure de notre rendez-vous est 20 heures, le [16/09/19]. L'énigme commence à l'extérieur du musée, et le mystère se dévoilera à l'intérieur.

N'oubliez pas, chaque question a une réponse, et chaque énigme a une solution. J'attends avec impatience notre rencontre à Somerset.

Bien à vous,
Le Riddler

Je parcours la lettre avec la plus extrême des sévérités. Edward Nygma. Plus une gêne qu'un criminel de grande envergure. Ses énigmes furent pendant des années, des moments assez pénibles pour moi et mes gars. Et heureusement qu'on avait Batman pour nous aider à le stopper. Nygma n'était qu'un simplet qui se prenait pour un criminel, et visiblement, il semblait vouloir profiter du chaos ambiant pour amener ses problèmes. Je plissais les yeux et me frottais ceux-ci avec l'attitude d'un homme dépassé, aguerri et surtout désabusé, en voyant les nombreux efforts qu'il me faudrait pour supporter ce pénible gaillard. Il avait convenu d'un rendez-vous au musée Flugelheim, de sinistre renommée déjà. Un lieu des plus sordides à mon avis. Malgré les protestations de mes gars, je me dois d'y aller, et surtout, je dois le faire. Si ce cinglé n'obtient pas ce qu'il veut, cela risque de retomber sur les hommes qui sont sous mon commandement. Je le connais. Que trop bien. Je ne le laisserais pas attendre tout autant. J'enfile ce qu'il reste de mon imper, élimé par les mauvaises intempéries et l'usure, un magnum 44., le plus puissant revolver du monde. Il pourrait vous arracher la tête comme le vent vous enlève votre chapeau. Et pour terminer mon petit équipement du parfait détective, je me saisis de mes lunettes, au cas où, ça ne peut que me servir. Et c'est le pas lent, mais assuré, que je me dirige, parmi les gravats de ce qu'il reste de Gotham City, en direction de mon étrange rendez-vous.

Je mis le temps pour y arriver, et visiblement, tout était déjà prêt pour moi. Dès l'entrée, je remarque un socle de pierre avec une enveloppe. Et mes consignes sont claires : Retrouver un parapluie et un chapeau. Où était l'intérêt ? Visiblement, connaissant Nygma, tout cela peut être une simple fumisterie pour m'attirer ici, et faire quelque chose d'odieux à l'autre bout de la ville. Je plisse les sourcils, avant de regarder derrière moi. Suis-je surveillé ? Me regarde-t'il d'une de ces fenêtres ? Peut-être. Une lumière de la Lune, un symbole caché ? J'essaie de voir s'il n'y a pas un dessin caché quelque part. Rien pour le moment, et je me permets donc, d'entrer dans le musée, tout en espérant fortuitement que le déplacement en vaudra la peine. Vraiment. Inspirant très légèrement et essayant de calmer mon cœur pour ne pas m'emballer, j'essaie quand bien même de ne pas me boucher les oreilles quand retentit la voix de Nygma. Je l'écoute, et il me demande de me diriger dans la salle de l'Horlogerie, je garde en tête le message qu'il m'a laissé, et j'essaie quand même de trouver quelques idées, pour ne pas avoir l'air d'un débutant. Quelle tête ferait Barbara si elle voyait que son mari, commissaire de la ville, n'est pas capable de résoudre une énigme ... M'enfin. Nygma me dirige, comme un pantin, et il décide de mon itinéraire ... Pour le moment, on va jouer à ton jeu, Sphinx. Mais ne t'attends pas à triompher. Après un grognement avec ma gorge, je me dirige vers la grande pièce de l'Horlogerie, où m'attend la première énigme. Il m'épie, je le sais, il est sûrement en train de saliver pour ce qui risque d'arriver très vite. J'inspire une nouvelle fois, avant de sortir une petite flasque d'alcool que je porte à mes lèvres. J'avais besoin d'un remontant, la flasque est presque vide, mais il me fallait tenir. Être vieux, c'est insupportable, et jouer à ce jeu débile, c'était complètement con. Allez Sphinx, explique moi ce qui m'attend ... Je sors mon arme, aux aguets.

"Je sais que tu m'écoutes, Nygma. Il rime à quoi, ton jeu cette fois ?"

Just a cop in Gotham

Et merde. Je n'aurais pas dû me fier à la pénible et irrésistible envie de rentrer dans le jeu de ce crétin. Mais bon, l'arme au poing, j'écoute patiemment ce qu'il me dit. Cette salle des horloges, il y'en avait des tas. Partout, à croire que cette collection devait être le fait du roi du temps ou de quelqu'un dans le style. Quoiqu'il en soit, l'énigme du Sphinx fut posée et j'abaissais légèrement mon arme, avant de réfléchir. Je me remémorais avoir déjà entendu cette énigme, peut-être au début de ma carrière. Il y'a bien longtemps en somme. Mais une chose était certaine, je n'allais très certainement pas lui faire le plaisir de me planter là-dessus. Je me gratte la tête, pesant les pour et les contre. Les potentielles réponses que je me cherchais pour éviter de faire une bévue, et provoquer un désastre. Il était connu que Nygma ne partageait pas cette idée de "seconde chance" dans le monde du crime. Inspirant, calmant mon cœur, je reprends doucement, de sorte à ne pas me planter, à parler correctement, et à lui donner une réponse intelligible.

"La réponse est rien, Nygma."

J'étais sûr de ma réponse, et bien que Nygma avait certainement prévu autre chose pour moi, je ne pouvais pas m'empêcher de jouer au bon flic, même quand je savais que quelque chose de plus dur me tomberait inexorablement dessus. Tu parles d'une poisse. En attendant, je ne pouvais clairement pas m'empêcher qu'il y'avait quelque chose en dehors de cette petite affaire qui nous occupait tous les deux. Mon talkie dans la poche, j'étais toujours sur le canal de la police, qui me retransmettait les possibles attaques dans le secteur. Est-ce que Nygma la jouait vraiment cool ? Ou avait-il décidé de m'avoir à un moment donné ? Ô temps suspens ton vol, disait l'adage. Mais je n'étais pas dans l'idée de faciliter le jeu de Nygma. Son énigme, elle était facile. Bien trop facile. Et cela m'inquiétait pour la suite. Reprenant alors, je me permets de lui parler, car je sais qu'il m'écoute, qu'il ne peut s'empêcher de me voir hésiter, et possiblement échouer.

"Pourquoi tu ne me dis pas ce que tu veux vraiment, Nygma ? Il rime à quoi, ton jeu ?"

Cette salle avait beau être impressionnante, j'avais comme une impression de me retrouver piégé. Piégé dans cette métaphore du temps qui passe, petit à petit. Est-ce parce qu'un vieux schnock comme moi devenait de plus en plus nostalgique avec le temps ? Peut-être. Mais ce n'était pas réconfortant pour quelqu'un comme moi. Non. Il y'avait ce petit quelque chose, ce je ne sais quoi qui rendait l'atmosphère des plus ... Inquiétantes. Il avait bien choisit sa salle, ce salopard, et tandis que j'étais en train de me débattre avec un fou furieux en spandex vert qui pose des énigmes à tout le monde, le temps continue de couler, et qui sait ce qui se passait dans ma ville, alors que j'étais là, avec lui, à m'occuper de ce genre de conneries qui n'intéressent plus personne. Soyons sérieux : au départ, quand le Sphinx s'est fait connaitre, il était une gêne, un emmerdeur notoire, mais avec le temps, son numéro est devenu répétitif, et j'avouais que je ne savais pas si je devais le mettre sur un pied d'égalité avec le Joker, ou avec Condiment King. Un petit coup dans la poitrine, le cœur qui bat trop fort. Je pose un genou à terre. Avec tout ce qui s'est passé ces dernières semaines. Les mauvaises nuits, le manque de médicaments, le repos perturbé, les paniques ... Je dois avouer que je suis pas au plus top de ma forme. Je sors de mon veston, un flacon dans lequel il reste quelques comprimés, que je me garde pour un cas comme ça. Une occasion, pas de quoi sortir le champagne pour les avaler. Enfin, généralement, c'était avec un doigt de bourbon que je mes les envoyais avant que tout ce merdier nous tombe dessus. Maintenant, ce petit plaisir est devenu assez rare, je l'accorde. Je me calme, je souffle, je respire. Une petite brise, ça fait du bien.

"Allez ... Relève-toi, vieux machin."

Je me parle souvent à moi-même, ce n'est pas évident d'être un peu fou, mais ça aide pour me motiver. Les pilules, c'est pas trop bon, me disait le toubib, mais quand on peut pas faire mieux, on prend ce qu'il y'a. Et j'ai pas eu la chance de partir pour Métropolis pour me faire opérer du palpitant. Faut que je commence à prendre soin de moi. Machinalement, je range le flacon de médicaments presque vide, et je passe en revue ma poche droite pour y trouver des cigarettes. C'est vrai qu'on en a plus, et que j'ai arrêté de fumer. Faut que je me calme là-dessus. Vraiment. Entre la boisson et ça, je comprends mieux pourquoi j'ai le cœur qui flanchait. Mais je suis une vieille carne, et on me la fait pas. Je tiendrais tant qu'il le faudra. Nygma, je te promets une chose. Si tu te rends calmement, je te promets que je serais sympa avec toi. Mais dans l'autre cas, je tirerais ton postérieur à travers tout Gotham pour te ramener à Arkham, et avec deux trois doigts cassés en prime. Allez ... Faut que je me calme, que je me contienne. Allez, vieux débris, on y va. Et on continue.

Just a cop in Gotham

Dommage. Je me suis foiré, faut croire que mon esprit n'est plus aussi affûté qu'il ne l'était au départ. J'essaie de garder confiance en moi, alors que je sais que le prochain faux pas pourrait m'être désagréable. Respire. Respire. Garde ton calme. La main sur le flingue, je me prépare à un nouvel essai. Je l'écoute, et j'observe la pièce. Visiblement, il fallait être plus vigilant. Comment ça se fait que je me suis laissé emporté par ma première réponse ? J'avais foiré, et pour le moment, rien de grave. Du moins, pas encore, mais avec Nygma, il fallait être plus retors que lui. Je regrette de ne pas avoir le Batman à mes côtés, mais je peux y arriver, même sans lui. Batman était d'une grande aide, mais je ne peux clairement pas lui demander d'être tout le temps présent parmi nous pour nous aider. On avait besoin de se savoir soutenu parfois, et même si Batman n'était pas quelqu'un que je connaissais énormément, je le considérais comme un de mes meilleurs amis au plus profond de moi. Je me mets alors à observer la pièce. Elle brille, elle étincelle, et d'une légère pensée me vint alors ce coup d'éclat, sans mauvais jeu de mots.

"L'argent ?"

Visiblement, c'était la bonne réponse. La nouvelle pièce me tendait les bras, et je n'allais pas me laisser prier pour y entrer. Je me demande ce qu'il a vraiment en réserve. En tant que véritable commissaire de Gotham City, je me devais d'offrir à cette ville une sécurité non pas illusoire mais véridique et audacieuse et ce soir, si je pouvais coffrer Nygma, ce pourrait être un très beau coup, et ça relancerait peut-être nos forces de police qui sont hélas, bien démotivées. Cette pensée me fit mal. Le GCPD que j'avais rebâti ne semblait plus tenir que de bric et de broc, et ils avaient besoin d'un peu d'espoir. Un petit peu ... La nouvelle pièce n'était pas extravagante, et elle collait aux désirs esthétiques du Sphinx. Si je devais donner mon avis, je penserais même que cette pièce pourrait être la façon dont il voit son propre cerveau. Un lieu de savoir omnipotent. Cette pensée me traversa l'esprit, alors que je regardais la pièce. Ne refais pas la même erreur, vieux machin. J'écrase à nouveau la clope, et je m'en sors une, instinctivement. J'avais terminé le paquet, il me restait ma réserve personnelle en cas de panne, on en a toujours besoin et les clopes ça disparaissait trop vite pour être honnête. Mais dans le paquet, je remarque un petit mot, un mot de mes collègues : "Désolé commissaire, votre réserve a été trouvé." C'était le jeu de mes hommes, retrouver mes cigarettes pour m'empêcher de fumer. Dans un sens, ils ne voulaient pas que j'ai le crabe et que je meurs d'un cancer. Je me ronge l'ongle férocement avant de jeter le paquet dans ma poche. Rageant contre ce petit coup de mutinerie de mes hommes. Ils avaient raison, oui, mais je n'étais pas d'accord pour qu'on me prenne mes clopes comme ça et qu'on me fasse une fausse joie. M'enfin, bref ... Revenons à nos moutons, et ne nous laissons plus distraire.

"Te connaissant, j'aurais sûrement dit la vérité. Mais je crois que ce que tu cherches comme réponse, c'est le savoir."

Bien observer la pièce. Savoir comprendre comment l'ennemi pensait. Ce n'était pas insurmontable, mais la vanité de Nygma l'emporterait. Et si je me trompais ? Non ... Il pourrait tricher. Après tout, Nygma était pathologiquement un tricheur qui se croyait meilleur que les autres. Ce qu'il n'était pas. Inspirant, j'étais sûr de ma réponse, mais pendant ce temps-là, j'ignore ce que ce type pouvait vraiment manigancer. Je n'avais pas peur, j'avais eu un gros coup de mou, un gros coup de dépression. Cela arrive à n'importe quel bon flic. Bullock avait sombré dans la boisson, moi je fume comme un pompier pour oublier ça. Mais quelque chose me disait que nous étions encore loin d'imaginer les terribles évènements qui nous guettent. Nygma n'était qu'une petite gêne mineure, rien de bien méchant. Mais au fond, quelque chose clochait. La pluie qui tombait fort sur les carreaux, les eaux qui risquaient de déborder dans les quartiers, les avis de tempêtes en mer, tout ça, c'était le signe de quelque chose qui allait nous tomber dessus. Vous me trouverez un peu superstitieux, mais on est à Gotham après tout ... Avant d'attendre sa réponse, je ne peux m'empêcher de tenter de le raisonner.

"Edward, à quoi rime ce jeu ? Je te croyais plus intelligent que ça que de remettre le couvert avec tes énigmes.

Essayer de le déstabiliser. C'est un émotif, celui-là. Et il pourrait très bien se remettre en question. Il est vrai que les points d'interrogation et les énigmes étaient parfois, à désirer. Mais le Batman se montrait toujours meilleur que lui. Mais à ce niveau, je me demande ce qu'il peut bien me réserver, à moi. Je n'aimais pas l'idée de le faire avoir, surtout par quelqu'un d'aussi ennuyeux qu'Edward Nashton.

Just a cop in Gotham

En temps normal, je n'aimais pas jouer au hasard avec des monstres d'Arkham. Mais je n'avais pas le choix que d'embrasser cette cause qui me destinait à avoir Nygma droit en face de moi. Et si tout cela n'était qu'un piège ? Un piège sordide pour que je serve d'appât à Batman ou à qui que ce soit ? Et si tout ça n'était qu'un simple piège éhonté, et j'avais foncé tête baissée dedans, comme un grand ? Cette pensée me fit froid dans le dos, vraiment. Mais tout ça n'était qu'un stratagème de divertissement ... C'était un jeu. Un simple jeu pour un vieux briscard dans mon genre. On ne s'étonne jamais de la folie ambiante de Gotham. Je reprends mon souffle, ma main, fébrile, sur mon arme de service, m'attendant à un petit comité d'accueil digne du Sphinx, mais rien. Toujours rien. Au contraire, il semblait content que je résolve son énigme. Je souffle. Faudra que je consulte mon cardiologue une fois que je termine ce dossier. Fumer, c'est vraiment pas bon pour la santé. Je garde mon calme, j'avance, et même si j'avais une envie désagréable de mettre la main sur Edward, je n'en oublie pas qu'il y'a possiblement quelque chose de plus violent derrière tout ça. On imagine très mal ce qu'un de ces cinglés est capable d'accomplir, et qu'au final, tout ça ne puisse être qu'une simple diversion pour quelque chose de plus grand. Dieu que j'ai envie de fumer, j'ai du mal à calmer cette peur que je tente de dissimuler au fond de mon être. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec chacun d'eux. Le Joker, Double-Face, Edward Nygma, ils avaient tous quelque chose que je détestais en eux. Ils me rappelaient sans cesse que je pouvais moi aussi, un jour, péter les plombs et devenir comme eux. Mais quelqu'un comme moi se doit de respecter les règles, de montrer que ça fonctionne. Que ce badge que je porte sur mon uniforme, me rappelle sans cesse que je suis dans les clous de la société. Oui, j'avais peur, et c'était normal, après tout ? Quand on côtoie les monstres au fur et à mesure des années, on apprend jamais à les accepter. On subit, on se mord les lèvres et on encaisse. Faisons comme ça, Edward, jouons à ton jeu, mais tel que je te connais, tu te merdras à un moment donné.

"Me voila donc face à deux portes."

L'évidence est d'un flagrant navrant. Nygma voulait que je choisisse. Bien évidemment, le choix le plus simple était de choisir le savoir. Mais c'était bien trop évident, bien trop éloquent. Nygma savait qu'il se flattait lui-même. Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'il offrait là un choix qui ne pouvait qu'être biaisé. Cela se voyait sur le nez de la figure. J'abaisse de quelques degrés mon arme, et je regarde le choix que l'on m'offrait. Enfin, l'illusion du choix ... C'est assez simple : vous proposez deux possibilités qui ne laissent finalement pas le choix et la liberté de pensée à la personne. En effet, ces deux propositions excluant toutes les autres. Techniquement, je pourrais arrêter ce jeu qui n'engage rien, mais si je ne fais rien, le Sphinx fera quelque chose d'abominable pour me tenir par la couenne. Un faux dilemme, si on préfère. Le principe ? Très simple : donner l'impression à son interlocuteur qu'il n’existe que deux solutions possibles à un problème donné. Il n'y avait qu'une solution et je devais choisir. Observant les deux portes, je m'attendais à ce qu'un crocodile géant, ou un tigre, ne se cache derrière l'une des deux portes, ou bien derrière les deux portes. Après tout, c'était le genre de jeux stupides que Nygma avait déjà fait concourir à une époque. Je n'aimais pas ce genre de choix imposé.

"Te connaissant, tu t'attends à ce que je choisisse le choix évident qui s'offre. Le savoir. Tu penses que c'est ce choix en particulier qui fera que je suivrais ton petit jeu. Mais sans surprise, je vais prendre la porte de l'argent. Le savoir, Edward, entre tes mains, ne peut amener que perversion et cruauté. L'argent est déjà dans ce système, et je saurais à quoi m'attendre au moins."

C'était le vieux de la veille qui parlait. Un homme qui avait vu les affres infects de l'argent sur des citoyens. Les promesses de richesses, d'or, de confort, tout ça n'étaient que le fruit d'un système qui voulait sans cesse offrir monts et merveilles à tous les plus précaires, afin d'encore plus les briser. Nous nous fourvoyons dans un monde qui tourne autour du luxe, de l'argent, et c'est malheureusement le système dans lequel nous vivons. Je ne peux hélas pas continuer à tergiverser avec Nygma, et m'engager avec lui dans un dialecte philosophique risquerait de m'envoyer directement à Arkham. J'inspire, je suis calme, et tandis que je priais les dieux du hasard en ce qui concernait mon choix, j'espérais que je ne faisais pas fausse route. Quand on accepte les choses comme elles arrivent et qu'on se soumet au destin, l'idée de hasard alors disparaît. Autrement dit, pour abolir le hasard, l'homme doit accepter ce qui lui advient. J'accepte cette condition, en tant qu'être humain, et j'en remets mon destin aux mains du Sphinx. En espérant que mon intellect ne puisse pas me mettre dans une mauvaise situation. Quelle idée ... Remettre son destin dans les mains d'Edward Nygma. J'étais tombé aussi bas que ça ? Bien décidé, je me dirige vers la porte de l'argent, avant de poser ma main sur la poignée. On ne sait pas dans quel merdier ça risque de me faire tomber, mais j'étais prêt, et mon âme l'était aussi. Je calme la petite voix intérieure qui me souffle le vent de la panique, je calme mon vieux palpitant qui essaie de bondir en dehors de ma poitrine, et je calme le feu qui me dévore la langue, j'avais besoin d'une clope, mais je devrais faire avec, malheureusement. Il fallait que je me calme, pendant un instant, je ferme et les yeux, et puis soudain ...