The Dark Knight

La nuit, calme, limpide, douce. Malgré les incendies, les feux, et les ténèbres qui enveloppent Gotham, je n'arrive pas à me mettre dans l'esprit que ce calme peut être bénéfique. Non. L'ambiance est n'est pas à la fête, et malgré ce calme relatif, la guerre continue de couver. Et malgré les nombreux évènements de ces derniers jours, Batman était plutôt sur la brèche, et malgré la menace consistante qu'était le Gant Noir, j'étais débordé par l'amas de criminalité qui venait d'exploser. Outre le Gant Noir, malheureusement, je dois aussi gérer les autres problèmes. Ce soir, il y'avait du remous à Chinatown. Entre les quelques frappes qui essaient de jouer aux plus forts, et les autres qui essayaient de constituer des clans, avec d'honnêtes citoyens en guise d'esclaves, il me fallait remettre un peu d'ordre. Même si tout cela me paraissait vain, au vu de la pénible et affreuse masse de travail qu'il me restait à accomplir. Chinatown n'était pas mon rayon. Généralement, je laissais à Cassandra le soin de gérer cette situation, mais elle ne répondait pas à mes appels. Et pour tout dire, je ne pouvais pas laisser ne serait-ce qu'un quartier aux mains du Gant Noir. Mon regard était juché sur une situation des plus tendues, qui venait de poindre. Apparemment, un homme était poursuivi par d'autres.

"Penny One ?"

Alfred : "Monsieur ?"

"Je veux tout ce que vous avez sur les dernières activités à Chinatown."

Alfred : "Je vous transmet tout cela immédiatement."

Je patiente légèrement, histoire de voir comment cela va se passer. Une bande de lâches qui s'en prend à une seule personne. Voila qui reflète bien ce que je côtoyais en permanence, dans les rues de cette ville. Dans quelques secondes, je passerais à l'acte. Dans quelques heures, leurs tronches seraient sûrement en train de dormir contre le sol, inanimés aussi. Je patiente, accroupis, sur une gargouille. Mais Alfred, lui, reprit le contact avec moi. Alfred était toujours professionnel dans ses états de service. Meilleur chirurgien, grand acteur, et excelle même dans le domaine de la récupération d'information. Le jour où Alfred disparaitra, ce sera sans doute une de mes pires périodes de cette vie à être le Batman. Sans Alfred, je serai vraiment seul, seul avec mes ténèbres. Dick ne restera pas toujours dans mon giron, Barbara évoluera, Tim s'en ira, et les autres, c'est pareil. Un à un, la vie me reprendra les bienfaits qu'elle m'a donné. C'est inéluctable. J'arriverai à un point de ma vie où tout ce que l'on m'a donné, on me le reprendra, petit à petit. Mais nous n'y sommes pas encore. La voix de mon fidèle majordome reprend, égal à lui-même, il avait toujours fait du bon travail.

Alfred : "Pas de nouvelles de Black Bat. Néanmoins, ce quartier a été un des plus éprouvés lors de la grande nuit."

"Vraiment ?"

Alfred : "Beaucoup de destructions, et bon nombre de chefs mafieux et triades ont été exterminés par le Gant Noir."

"Ce qui laisse le menu fretin qui fait régner sa loi."

Alfred : "Et à quoi songer vous, monsieur ?"

"Qu'il est temps de couper net aux rêves de certains petits voyous."

Maintenant, je coupe la liaison. Le tabassage et l'intimidation reprenaient du poil de la bête, mais quelque chose tirailla mon attention. Une porte qui grinça. Du bruit, quelqu'un qui approche, quelqu'un qui venait par l'arrière. Je reconnais la démarche légèrement encore imprudente, il n'était pas encore totalement paré aux toits de Gotham City. Je me camouflerais dans les ténèbres, à l'affût comme toujours, prêt à bondir sur le crime au moment opportun. Une technique d'approche furtive. Qui ? La ligue des ombres ? Non. Trop grossier pour un expert dans mon genre. Peut-être la ligue des assassins. Pendant un instant, j'avais bien cru voir une ombre passer, et effectivement, c'était un guerrier masqué qui apparut aux voyous. Pendant un instant, j'ai cru voir Morgan Ducard, et sa terrible façon d'apparaitre aux criminels. Un lointain souvenir enfoncé dans ma mémoire. Aaah Paris, là où j'ai étudié avec Henry Ducard sur les techniques de camouflage et de furtivité, avant qu'il ne me berne et qu'il me force à tuer une cible. Ayant désobéi aux ordres, il m'avait envoyé son fils, Morgan, pour me tuer. Morgan l'avait très chèrement payé pour son père. Alors que je regarde toujours le toit d'en face, je me décide d'agir et d'intervenir. J'atterris sur le sol de ce toit, avant de lancer un regard courroucé à l'ensemble de l'assistance.

"Je peux me joindre à la danse ?"

Dis-je d'une voix grave et sombre, tout en regardant les différents protagonistes de la soirée. Le pauvre Sin Mu n'en croirait pas ses yeux, pas plus que les autres brigands qui allaient très certainement perdre le contrôle de leurs vessies. Mais ce guerrier masqué, celui-là, il me semblait fait d'une autre trempe. Celle d'un homme qui avait choisit la vengeance pour combattre le mal. Je suis un peu remonté oui, j'ai la haine ancrée dans mon esprit, et je suis prêt à faire pleuvoir les poings. Le temps parait comme suspendu, chacun des protagonistes se regarde, attendant de voir qui fera une erreur ou non. Mais en y pensant bien, la mauvaise nouvelle serait de voir Chinatown sous la coupe d'un nouveau vigilant ne me paraissait pas être d'une bonne augure pour ma ville. Surtout que je ne le connaissais pas, et que pour une entrée en matière dans ma ville, il ne semblait pas être du genre à accorder la pitié, et à laisser la vie sauve. Mais peut-être que je me trompe. Je vais attendre le premier coup, de n'importe qui, et ainsi les coups voleront, les dents seront extraites des mâchoires, et des nez allaient être brisés. Ce soir encore, le cri des poings va rugir.

The Dark Knight

Il est des justiciers dans cette ville, que je ne connais pas, ou très peu. Mais par qui, leurs actions, ont permit à des citoyens de Gotham d'échapper à la mort et aux abominations qui se baladaient dans ma ville. Oui, il y'avait d'autres héros qui voulaient m'assister, et même si c'était le genre de choses que je ne cautionnais pas, l'attaque de la Cour des Hiboux m'a montré que je ne pouvais être seul, pas à Gotham City. Mais certains se refusent à suivre ma loi. Ma ville, mes règles. Mais cette pluralité de criminels, de justiciers qui arrivait dans ma ville. Est-ce une malédiction que je me devais d'endurer ? C'était ironique parfois, je me surprenais à penser que ma naissance et mes actions intensifiaient le désespoir dans Gotham City. C'était après tout, en quelque sorte, ma propre faute si le Joker existait, ainsi que de nombreux autres criminels. Gotham City serait-elle mieux si je n'avais jamais été Batman ? Parfois, je repensais à ce qu'Alfred disait souvent, qu'il espérait ne jamais me revoir au Manoir Wayne, qu'il aurait souhaité que je refasse ma vie ailleurs, dans une autre ville, dans un autre lieu. Mais ce soir, alors que je m'apprête à rendre la justice, l'individu a l'accent asiatique me parle, et m'intime l'ordre de me retirer de cette affaire. Je serre le poing. Décidé à ne pas me laisser intimider par le premier enturbanné venu.

"Gotham City est mon terrain de chasse. Tu es sur mon territoire."

Dis-je d'une voix froide, calme, et surtout tout en pesant bien mes mots. Ce genre d'individus ne connait que le rapport de force, et il se croit investi d'une mission. Celle de purger son territoire. Mais il ne sait pas que Gotham City était à moi. Et que je ne suis pas un policier du GCPD. Je ne reconnais aucun rapport de force, aucun dealer local, et surtout, je ne m'interdisais rien du tout. La lassitude m'envahissait alors que je voyais encore des gens tenter de faire ce que je n'avais pas réussit à régler en quelques années. Rien n'avait marché, et les voila qui se reproduisaient. J'avais peur, très peur de rater, de détruire, ou d'emmener un nombre considérable de cadavres dans mon sillon. J'avais peur de tout rater, j'avais peur de ne jamais arriver à sauver cette ville, mais pourtant, je devais continuer, sans cesse. Alors que tout semblait si calme ce soir, une dernière pensée me vint à l'esprit. Froide comme la lame, ma voix se répercute. Alors qu'entre nous deux, se tiennent les protagonistes de cette soirée, la tension reste palpable. Je plonge mon regard droit dans celui de ce vengeur de la nuit.

"Si tu les tues, je te briserais."

Pas une simple menace en l'air. Une promesse. Et s'il venait à trancher dans le vif, il s'exposerait à une vie de tourment, et de malheur. Un environnement noir, l'endroit est plongé dans la pénombre, sauf pour les lampes qui continuaient d'éclairer, mais je pourrais utiliser les ténèbres pour agir, et pour régler son compte. Manque de chance pour lui, moi j'ai adopté les ténèbres, je les ai embrassé. Je vouais ma vie aux ténèbres, je me devais de revêtir cette enveloppe pour agir dans un lieu aussi ténébreux que dangereux. Gotham City avait besoin d'un ange des ténèbres, et je l'étais. L'ambiance était toujours aussi lourde, aussi pénible. Nous étions comme des chiens de faïences, prêts à nous sauter dessus dans un combat qui s'annonce violent.

你是 Ra's Al Ghul 的仆人吗 ?

La question me brûlait aussi les lèvres pour tout dire. Le Démon pouvait très bien organiser une nouvelle lutte intestine dans ma ville, ce que je ne permettrais pas. Il pourrait très bien être un test de Ra's Al Ghul. Un simple test pour me juger en ces temps pénibles. Gotham City avait déjà énormément de problèmes en ce moment, et ce n'était pas le moment, vraiment pas, de rajouter une couche de criminalité en plus. Bon Dieu, quel problème pour tout dire, rien que de penser à cela, la mort de Talia, cela me touchait pour tout dire. Elle était un peu plus qu'une amante pour tout dire, et elle était un peu une grande partie de ma vie, mais hélas, tout nous oppose comme je le disais, et malheureusement, son rêve de voir Batman s'en aller n'est pas prêt de se réaliser. La ligue des ombres, encore ... Et si je me trompais ? Et si tout ça n'était qu'une simple broutille de mafias ? Non. Ils ont tous forcément un lien avec le Démon. Ce-dernier avait pas mal investi dans ce quartier il y'a encore quelques années.

The Dark Knight

Je n'étais pas du genre à travailler avec les autres. Généralement, c'étaient eux qui avaient besoin de mon assistance et qui m'imploraient de les aider. Quand Clark se retrouvait face à une situation dans laquelle où il lui manquait un facteur d'humanité pour comprendre les aspects, il me demandait à moi. Ce n'était pourtant pas la même chose ce soir. En face de moi, j'avais un parfait inconnu, un homme que je ne connaissais pas et qui, dès la première impression, me donnait plus l'idée que c'était un criminel de Blackgate qu'autre chose. Méfiance. Ce genre d'hommes, il fallait s'en méfier, aux premiers abords bien sur, mais la méfiance ne devait jamais se relâcher, même les plus proches amis peuvent devenir des traitres en puissance, et cela devait être contenu dans le pire des cas ... Un seul indice qui me permettait de mieux le cerner, son langage. Il semblait être un étranger propre à Gotham City, et pourtant, il avait réussit à traquer ces gens ici, connaissait-il les lieux ? Non, mon idée première, c'est qu'il est un agent de Ra's Al Ghul, mais cela fut reconduit dans son affirmation. Ma deuxième idée rentre en action. Un agent de Chinatown, à la façon d'Omerta pour les siciliens, ou Zeiss pour les Maroni. Un simple tueur, mais qui avait déjà ses préjugés sur pas mal de choses.

"Les tuer ne te protègera pas de moi. Si tu leur fais le moindre mal, je te traquerai en premier, et je m'occuperais de tes employeurs jusqu'à ce qu'ils soient tous en prison. Tu as déjà vu le résultat avec les Falcone. Teste-moi, et tu le regretteras."

La limite, la voila. Moi je ne la dépasserais jamais. Je ne pouvais pas contrôler, ni maitriser les pulsions des autres, mais si quelqu'un tuait un homme, il serait trainé devant la justice des hommes. Et tous les moyens seraient bons pour que justice soit faite, même à Gotham City, la ville de tous les péchés. L'ambiance se faisait plus lourde, dehors, on entendait hurler quelques voitures qui klaxonnaient dans le gris de la nuit. Cette nouvelle rencontre, ce nouveau protagoniste annonçait des nouveautés dans ma ville. Cela ne me faisait pas peur. J'avais déjà un pied dans le monde de la folie, et maintenant, j'étais rôdé, surtout après tout ce que j'ai vu ces dernières semaines ... L'homme que j'avais en face de moi, n'était qu'un simple exécutant. Aujourd'hui, il reprenait le flambeau, et s'inscrivait dans une logique établie. Il était semblable à la vermine que Gotham City avait en son ventre fécond. Ce n'était pas une âme perdue non, il avait choisit, et ce soir, j'allais lui montrer que mes valeurs valaient largement mieux que les siennes. Il voulait faire dans la mort et la violence ? J'allais lui montrer que je peux aussi me joindre à sa danse, tout en respectant mon code de l'honneur.

"Cobblepot. Ogilvy. Black Mask. Double-Face. Thorne. Akira. Mendoza. Ces noms, tu dois les connaitre, et tu sais ce qui leur est arrivé quand ils ont voulu jouer à ce petit jeu. J'ai détruit leurs empires, leurs rêves de gloire. Et c'est ce qui arrivera à ton patron, si tu franchis cette limite que je trace. Est-ce que ça en vaut la peine, dis-moi ?"

Je lui pose la question, calmement, pour le moment. C'étaient les noms des plus grands mafieux que cette ville ait porté. Et chacun avaient eu la malchance de tomber sur moi. Certains avaient disparu, d'autres me maudissaient encore. Pour le Pingouin, c'était un peu plus différent, mais nous nous en tenions à certains compromis. Issu d'une famille riche qui a connu la pauvreté, Cobblepot se comportait souvent comme un nouveau riche, comme un parvenu, et c'était ce qu'il est. Comme toute sa famille. Toujours à vouloir plus, et à commettre les pires horreurs pour y arriver. Oui, il fallait se méfier des Cobblepot. Toujours. Vicieux dans l'âme, je savais que le Pingouin retomberait sur ses pattes, mais dans un sens, je savais aussi qu'il était un mal nécessaire pour me permettre d'en savoir long sur les différents trafics dans la ville. Si le Pingouin était impliqué, cela lui couterait cher. S'il me renseignait et me disait tout ce que je voulais savoir. Mais ce soir, à cette heure, le Pingouin n'avait plus de grand monopole à divulguer. L'ambiance, toujours lourde, donnait cette idée que le temps était comme figé, comme tendu, et les secondes deviennent des heures, pénibles, pour les protagonistes qui assistaient à tout ça. Je regarde toujours le vengeur, qui était prêt à cette idée de faire couler le sang. Il me fallait entretenir ce contact avec lui. Au moment même où il ne sera plus intéressé à parler, ce sera le moment le plus critique de la soirée, et je ne devais pas le laisser prendre l'ascendant. Inspirant une nouvelle fois, tout en épiant ses mouvements, je reprends.

"Qui es-tu ?"

Garde le contact, surveille ses mouvements, et au moindre geste, je me ruerais sur lui comme la foudre. Je le maitriserais, et je ferais en sorte qu'il parle. Il sait que je ne plaisante pas. Dans son esprit, il doit être en train de peser les pour et les contre de ses futures actions. S'il fait ce pourquoi il était là ce soir, il connaitrait un monde de violence dont je suis le seul bourreau. Il sentirait la brise froide et mordante de la légende du Batman, avant de se réveiller dans le plus proche commissariat.

The Dark Knight

"Tirez-vous."

Dis-je à l'adresse des protagonistes présents dans cette place d'une voix calme et désintéressée, sans les observer. Il y'avait un peu trop de monde, et même si ces criminels étaient une menace, il y'en avait une plus grande à défier. Et je ne pouvais pas laisser un vengeur jouer du couteau pour se faire justice soi-même. Entre les mauviettes et les lâches, il n'y a pas grand monde qui ose se frotter à moi. Qu'importe. Mon père, Thomas Wayne, disait que les problèmes devaient être traités au cas par cas. Il faut d'abord éliminer le plus dangereux, puis la suite vient petit à petit, et on résoud le problème. Mais dans ce cas-là, j'essaie de ne pas paraitre trop facile à impressionner. Tout d'abord, je dois m'occuper de ces gens. D'abord leurs vies, après, ce sera lui. Sans lâcher mon regard, et toujours sévère dans mon attitude, je l'écoute lancer son autre tirade et finit par agiter ma tête de droite à gauche à sa question. Non, je n'avais pas la capacité d'omniprésence dans toute cette cité. Je n'étais pas un dieu, et je ne pouvais que sauver ce que je pouvais, au moment le plus noir où notre ville s'enfonçait dans les ténèbres. Comment pouvais-je prédire qui aurait la potentialité de faire un crime ou non dans l'heure ? C'était tout bonnement impossible, et je ne pouvais pas sauver tout le monde. Je n'étais pas Clark. Bien entendu, il ne répondit pas, se contentant de rester muet. Batman n'était pas réputé pour être un grand loquace, à l'inverse de son alter ego, toujours prêt à tailler la bavette. Mais le silence me dessert, et ne peut que conforter l'énergumène devant moi dans son délire de croisade de Chinatown. Alors que le calme est revenu entre nous deux, ma voix se fait entendre à nouveau.

"Je n'ai pas la prétention d'être partout à la fois. Mais à chaque criminel sous les barreaux, c'est une menace en moins dans les rues de notre ville. Je crois au code de l'honneur et je crois en la justice. La mort n'est pas une solution, et elle ne fait que nous asservir au même niveau que nos ennemis."

J'étais ... Las. Je devais porter le poids de cette responsabilité. Oui, ces choix avaient malheureusement leur revers de la médaille. Combien de monstres étaient sortis de prison pour recommencer ? Combien de fois ? Combien de monstrueuses fois j'avais dû lancer la chasse aux criminels pour éviter que des drames ne recommencent ? Cela ferait plaisir au Joker, assurément, de me voir supporter ça, de me voir craquer, de me voir céder sous la pression, et de tuer un criminel par accident, aux vues de toute la population de Gotham City, reniant mes propres principes. James Gordon serait surement fier de voir que je reste fidèle à nos principes, aux principes que nous avions en commun. Le coffrer dans les règles de l'art, malgré ses abominations. Nous devions lui montrer que nous agissions dans les règles, dans les lois, que nous étions supérieurs et que nous ne tomberions jamais à son niveau. Lassé, fatigué, j'étais dans un état de fatigue morale. Toujours à essayer de retenir le flot continue des monstres qui sévissent à Gotham ... Mes choix n'engagent que moi, et même si je m'avoue être parfois las de tout ça, je sais que c'est la bonne voie. Que c'est la seule voie.

"Je sais que ce choix implique des récidives. Qu'ils sont toujours prêts à recommencer leurs horreurs. Et même si parfois, je doute de mes actes pendant la longue nuit noire, je sais qu'au matin, j'ai fais le bon choix."

Et à nouveau, encore, le silence, entre les deux titans qui se guettent, qui se surveillent ... Je n'avais pas à me justifier, mais si cet individu pouvait raisonner et discuter, peut-être que cela pourrait être utile de lui offrir ma vision des choses. Et peut-être même que je pourrais le tourner dans ma direction. Peut-être, mais je me devais de faire attention. Alors que Gotham City est privée de sa source d'électricité, les gens se rendent dans la rue pour essayer de faire ce que leur instinct leur dit de faire : Survivre. Alors que des gangs se forment, tandis que des hommes créent leurs propres milices, tandis que des criminels forment leurs alliances, moi, j'essaie de faire ce que je peux pour sauver ce qu'il y'a à sauver. Cet homme connaissait sûrement les rites de Chinatown, et avait sûrement plus de facilités à entrer dans certaines zones que moi. Aussi, je ne peux pas cracher sur un potentiel soutien, en attendant de trouver plus d'informations sur lui. Aussi, je suis prêt à faire une alliance de fortune, avec cet être qui semblait prêt à tous les bains de sang pour protéger son quartier. Et de l'autre côté, pourquoi ne pas essayer de gagner ma confiance et de me planter une dague dans le dos au moment opportun ? Ne baisse pas ta garde, Bruce. Fait très attention. Je n'étais pas du genre à travailler avec les autres. Généralement, c'étaient eux qui avaient besoin de mon assistance et qui m'imploraient de les aider. Quand Clark se retrouvait face à une situation dans laquelle où il lui manquait un facteur d'humanité pour comprendre les aspects, il me demandait à moi. Ce n'était pourtant pas la même chose ce soir. En face de moi, j'avais un parfait inconnu, un homme que je ne connaissais pas et qui, dès la première impression, me donnait plus l'idée que c'était un criminel d'Arkham qu'autre chose. Méfiance. Ce genre d'hommes, il fallait s'en méfier, aux premiers abords bien sur, mais la méfiance ne devait jamais se relâcher, même les plus proches amis peuvent devenir des traitres en puissance, et cela devait être contenu dans le pire des cas ...

"Si tu souhaites surveiller Chinatown et la protéger, je n'y vois aucun soucis. Mais ce sera en travaillant pour moi et en suivant mes règles. En échange, je n'interviendrais plus dans ce quartier de Gotham City."

Dis-je d'une voix glacée et dure. Je me méfiais de tout ce qui pouvait se rapporter à l'image à Gotham City. Parfois, une simple image en disait long sur la teneur du personnage costumé qui se trouvait en face de moi. Je posais les bases d'une collaboration, selon mes propres termes. Un peu hâtif oui, mais nécessaire. Je n'avais pas le temps de tout surveiller, comme il l'avait si bien dit. Et il y'avait encore d'autres criminels qui erraient dans Gotham. Des gens encore pires que quelques loubards ... Gotham City avait besoin d'un sauveur, de mon équipe, du Réseau pour pouvoir reprendre en main les choses qui venaient de se dérouler. Et pendant ce temps-là, les aliénés se répandent dans ma ville, chaque seconde perdue était un mort probable.

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Les dés étaient jetés, maintenant, je pouvais compter sur un allié "temporaire" de plus à Gotham City, maintenir l'ordre et préparer une nouvelle ère pour assurer la tranquillité de Gotham. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais une chose était certaine, nous venions de franchir un premier pas dans la reconquête de la cité perdue. Alors que tout s'écroulait autour de nous, un maigre espoir nous tenait encore en haleine. Nous étions prêts, nous étions décidés à faire de notre mieux pour redonner à Gotham sa liberté. Chauve-souris, fous, et autres monstres tapis dans les rues, nous serions là, à nous battre sans cesse, à mener la croisade contre l'ennemi interne. Toujours plus motivés que jamais, et si nous venions à disparaitre, le flambeau était néanmoins assuré. Maintenant, Chinatown m'apparaissait comme un lieu calme, presque normal. Cet être que je toisais semblait vouloir faire ses preuves, et montrer ce qu'il vaut. Il m'annonce quand même qu'il reprendra sa place, quand tout ira mieux, mais je peux lui offrir une autre alternative, sur le long terme, et je ferais en sorte d'avoir un regard sur ce qu'il trame dans ce quartier. Soutenant son visage découvert, je reprends.

"Je sais que tu te sens mû par un honneur auquel tu es attaché. Mais le véritable honneur ne se mesure pas au nombre de cadavres et aux orphelins que tu sèmes derrière toi. Si tu veux te battre pour Chinatown, montre-leur que tu peux être plus qu'un simple tueur. Montre à tes patrons, que tu es capable d'agir par toi-même, et d'être le propre artisan de la paix à Chinatown."

J'essaie quand même de le persuader, de jeter le doute dans un esprit déjà ravagé par tout ce qui avait été inculqué. Néanmoins, l'assassin venait de confier quelque chose de grave, quelque chose que même Batman avait enfoui au plus profond de lui : La compréhension des gens. Autant Bruce Wayne passait pour quelqu'un de sociable, d'introverti, de mondain, autant la vraie personnalité, Batman, n'aimait pas être aux vues de tous. Bruce Wayne avait apprit à côtoyer, à séduire grâce aux talents d'Alfred, mais de l'autre côté, je n'étais qu'un petit garçon qui se cachait derrière un masque et une cape pour contenir la colère de la mort de mes parents. Une bien triste réalité. Ce que me disait cet homme ... Oui, nous nous ferions face à face une nouvelle fois, s'il venait à outrepasser la ligne que je lui indique. Il était évident que les Triades avaient fait de cet homme un tueur né, mais à quel prix ? Une enfance volée, des amis qu'il ne connaitrait jamais, des émotions normales jamais éprouvées ? Cela était compréhensible. Beaucoup d'assassins sont enlevés à leurs familles, pour en faire de meilleures armes, sans empathie, sans sentiments. Au travers de tout son enseignement, l'homme n'avait sûrement jamais découvert le sens caché des relations, et comment la société pouvait réagir à son contact, comment pouvait-il s'intégrer dans une société dont il avait été séparé depuis l'enfance ? Des questions se bousculaient encore une fois dans ma tête, mais je n'allais pas le laisser seul dans ce genre de problèmes. Du moins, je ne le laisserais pas seul dans Chinatown, c'était certain.

"En attendant de nous revoir, veille sur Chinatown. Et n'oublie pas que je saurais, si tu tues. Prie pour que la prochaine fois ne soit pas la dernière."

Je n'étais pas du tout un vrai professeur de sociabilité. Je ferais ce que je peux avec les moyens que j'ai, mais je comptais surtout sur Alfred, le grand maitre de l'art qu'il fut jadis et l'acteur de théâtre qu'il avait été jadis, pour offrir à cet homme les bases d'une conversation culturelle et intéressante. Pour le moment, ce qu'il y'avait à faire, beaucoup de criminels avaient quitté Arkham, et certains d'entre eux s'étaient réfugiés dans les environs de Chinatown. Ce soir, je traque un des pires animaux que l'asile a relâché : Victor Zsasz. Il n'en faudrait pas long pour que je le ramène dans sa cellule. Mais il faudra aussi que je m'occupe du Gant Noir. Mais il y'avait aussi ce problème avec le Joker, enfin, les trois Joker. De tous mes ennemis, le Joker était le seul que je n'arrivais jamais à cerner. Imprévisible, dangereux, monstrueux et horriblement doué dans les blagues douteuses, il fallait le faire taire dès qu'il en était possible. La dernière fois qu'on s'était vu, c'était à l'asile d'Arkham. Il voulait s'en prendre à mes alliés, je ne dirais rien à ce propos, juste que mes proches se devaient de rester prudents. Le Joker pouvait être n'importe où et tant qu'il ne sera pas enfermé à Arkham, je n'aurai pas une vraie bonne nuit de repos. Ma main s'accroche à une gargouille, je me rapproche doucement du bord du toit.

"Ceci t'aidera à me contacter si tu as besoin d'aide. En attendant de nous revoir, à nouveau."

Je ne ferme pas la porte à mon assistance. Au contraire, je lui donne un petit émetteur qui lui permettra de me contacter s'il y'a un gros soucis dans le quartier. Au cas où ... S'il avait besoin, il pourrait trouver la possibilité de me parler. Impossible pour lui de me tracer avec, mais moi je pourrais le tracer dans la mesure où il parlerait dedans. Il aurait besoin d'aide. Chinatown ne sera sûrement pas épargnée par les monstres de Gotham City. Quittant le toit aussi furtivement que j'y suis venu, je retrouve le plancher des vaches avant de me diriger vers la Bat-moto. Je remet mon casque sur le crâne. Et je regarde une dernière fois en direction du toit que j'avais quitté quelques instants plus tôt. Le moteur rugit. Maintenant, notre "contrat" si l'on pouvait dire, prenait effet. Nul doute que l'assassin ferait de son mieux et utiliserait ses talents au maximum. Quant à moi, j'honorerais ma parole une fois que tous ces évènements seraient passés. Pour le moment, il fallait agir, vite, et avec force. Alors que je faisais un virage pour repartir dans le sens inverse, vers la ville, je me demandais encore dans mon esprit, combien de légendes Gotham City me réservait-elle encore ? Je n'aurais jamais pensé que les Triades enverraient un assassin à la manière d'un Omerta, ou d'un Zeiss pour régler leurs problèmes. La lassitude m'envahissait. J'avais peur, très peur de rater, de détruire, ou d'emmener un nombre considérable de cadavres dans mon sillon. J'avais peur de tout rater, j'avais peur de ne jamais arriver à sauver cette ville, mais pourtant, je devais continuer, sans cesse. Alors que tout semblait si calme ce soir, une dernière pensée me vint à l'esprit. Et si je venais de sceller le destin de Chinatown ? Et si je venais de précipiter une ultime descente dans la folie pour ce quartier qui avait déjà beaucoup souffert ? La pensée m'étreignit, mais je me devais de continuer, et de continuer à me battre pour Gotham. Le combat ne s'arrête jamais. Alors que je quittais le quartier de Chinatown, j'envoyais un message personnel à Black Bat. Elle devrait quitter Hong Kong pour revenir à Gotham City. Elle devrait m'aider.