Le Bowery - Iceberg Lounge.

Les évènements ne se sont pas passés comme prévu, et malgré l'attaque du Romain sur la propriété de Cobblepot, on pouvait encore s'estimer heureux d'être encore en vie. Mais Oswald était dans un état lamentable. Une compresse sur le sommet du crâne, le bras bandé, il avait fière allure, notre palmipède local, et tandis qu'il se reposait, assis dans son fauteuil, il profitait d'un peu de calme, avant de revenir sur le devant de la scène. Intérieurement, le Pingouin planifiait déjà son retour, et il planifiait avec une certaine rigueur, comment il allait remettre de l'ordre. Falcone avait bien entendu, percé là où ça faisait mal, mais le Pingouin n'était pas quelqu'un à rester sans rien faire. Et la vengeance allait être froide, glacial, comme sur la banquise. Il maudissait intérieurement ses os, qui lui faisaient atrocement mal, et bien entendu, il maudissait la perte de son merveilleux hélicoptère de combat. Perdu bêtement, sans avoir remarqué qu'il était tombé dans un piège grossier, mais ça, il s'en souviendra, oh que oui, il s'en souviendra ... Avec un gargarisme et une paille directement dans la bouche, Oswald comptait ne plus bouger pendant quelques heures, il avait besoin de repos, de beaucoup de repos. Au dehors, sa gestion du Bowery ne changeait en rien : ses hommes avaient martelé que le Pingouin était toujours vivant, mais déjà, les dissensions se faisaient entendre. Comment gérer alors qu'on venait de se faire avoir bêtement ? Le Romain était en position de force, et Cobblepot savait que des jours difficiles l'attendraient. Bossworth assurait la protection du musée et du Lounge. Pour le moment, il fallait faire profil bas, et ne pas ramener sa gueule, même si le Pingouin savait bien qu'il fallait faire semblant d'être décédé pour revenir en force. Mais un jour, ils tenteraient de prendre de force son territoire, et il devait être prêt. Un bruit incongru ennuya Cobblepot, le bruit de sa propre porte de bureau. Quelqu'un entrait.

Niels : "Heu, boss ?"

"Quoi ?"

Oswald rouvrit les yeux, et fixa l'homme de main qui était entré dans le bureau sans s'annoncer. Oswald était trop mal en point, et trop fatigué pour se saisir de son parapluie-mitrailleur pour lui apprendre la leçon. Il réfléchissait à ce qu'il lui ferait subir plus tard, mais l'homme semblait avoir quelque chose à dire. Quelque chose de passablement urgent, sinon, il n'aurait sûrement pas pris la peine de déranger son patron pour rien.

Niels: "Deathstroke est à votre porte. Il souhaite vous rencontrer."

Les yeux injectés de sang du Pingouin se rouvrirent, il écarta la mâchoire et se saisit alors de son parapluie, de son "bon parapluie" avant de se lever difficilement. L'homme de main vint aider le Pingouin à se lever, et Oswald s'appuyait sur lui. Il souffla du nez, bruyamment, avant de remettre sa redingote et son chapeau. Les apparences, toujours les apparences. Il fallait toujours jouer dessus, et ne montrer aucune faiblesse, pas même envers un mercenaire. Oswald se dirigea vers son bureau, lentement, il allait faire bon impression, tout en laissant son homme de main gérer le mercenaire, le temps qu'il se prépare à la va-vite. Oswald serrait les dents de douleur, il avait mal, et la dose de calmants ne le soulageait pas. Mais cette douleur le motivait à prendre sa revanche, cela le tenait en vie, et au moins, il n'était pas dans un cercueil. Mais la vengeance allait être salée ...

"Dis-lui d'attendre quelques minutes, j'arrive."

Niels : "Ok boss."

Le Pingouin retira la compresse de sur sa tête, il avait mal et le coup de l'accident ne l'avait pas aidé, mais il avait survécut, et tant qu'il y'avait de la vie, il y'avait de l'espoir. De l'espoir pour reprendre SA ville. Car ce n'était pas celle de Batman, ni celle des Falcone, non. Elle appartenait au Pingouin, et à lui seul. Hors de question de laisser des crétins en costume s'en prendre à sa possession. Il passa un peu de blanc sur sa peau, pour cacher l'état fiévreux qu'il avait eu, tout en rehaussant le col de sa veste, une cravate et en avant. Oswald poussa la porte de son bureau, de sorte à se retrouver enfin, en face à face avec le mercenaire le plus dangereux que toute cette ville avait connu. Pourquoi était-il venu au fait ? Oswald se posait bon nombre de questions mais aucune ne trouvait de solution plausible. Et à moins que Wilson ait envie d'abréger sa propre vie, y'avait quelque chose de gonflé dans tout ce merdier. La porte s'ouvrit donc, et la voix du Pingouin rugit. Sur son 31, il était prêt à faire rouler des mécaniques, car c'était lui qui était le plus fort dans la pègre de cette foutue ville. Et il comptait bien garder le pouvoir.

"Slade Wilson. T'es sacrément gonflé de te pointer ici après le bordel que tu as fait ici, y'a plus d'un an."
Le Pingouin sortit alors un cigare, un cubain, le genre qu'on apprécie quand on est avec des gens de qualité, mais Oswald était un fumeur compulsif. Cigare-même qu'un de ses gardes alluma avec un briquet. Cobblepot s'appuyait sur son parapluie pour rester debout, mais l'illusion était parfaite. Il devait conserver les apparences. Un maigre sourire sur ses lèvres, révélant ses dents pointues et jaunes, le Pingouin souriait brièvement, avant de reprendre d'une voix calme et parfaitement compréhensible.

"Même après tout ce temps, tu sais faire tes entrées. Et sans mauvais jeu de mots, je dois te dire que je m'attendais à ta venue. Je garde toujours ... Un œil sur toi. Wak wak wak."

Il éructa d'un rire grave, tout en gardant son calme, ne pas s'énerver, et surtout, ne pas se laisser bouffer par l'envie de le truffer de plomb. La dernière fois, il avait pourri son musée en compagnie d'Harley Quinn et d'une bande de cassos dérangés. Le Pingouin avait dû fuir dans les égouts, tout en essayant de ne pas sombrer dans la pire des folies. Ce qui lui avait coûté sa propre intégrité dans le monde du crime.

Oswald invita donc le mercenaire à pénétrer dans son bureau, marchant difficilement, il essayait de ne pas trop se brusquer. On dira que c'est le grand âge qui veut ça, et qu'il est loin, le temps où le maitre de l'Iceberg Lounge avait une démarche chaloupée et fière. Le Pingouin renifla, tout en écoutant longuement le mercenaire parler. Même pour une brute surentrainée, Slade avait le mérite d'avoir une érudition, et un franc-parler qui lui correspondait bien. Et le Pingouin aimait ça. C'était un de ces hommes pour qui le Pingouin avait un réel respect, le genre de gaillards qui tient souvent ses paroles, et qui a encore, l'esprit d'un code d'honneur. C'était rare, mais c'était beau à en pleurer, une vraie midinette. Mais Slade avait beau avoir une vue de moitié, il avait bien compris que le Pingouin n'était pas au summum de sa splendeur, même un gamin de six ans le verrait, fallait pas être trop con, mais la plupart des demeurés qui bossaient pour le palmipède n'avaient rien remarqué. Et pourtant, les affaires ne sont pas au beau fixe, loin, très loin de là. Se dirigeant vers son petit bar personnel, Oswald se saisit tant bien que de mal d'une bouteille de scotch qu'il affectionnait. Un de ces rares crus qu'il se gardait pour lui, et ses plus proches alliés.

"Je te serre quelque chose, ou tu as arrêté ?"

Dit-il tout en sortant deux verres, péniblement, puis en ouvrant la bouteille. Dans cette pièce, le véritable danger, ce n'était pas Slade, c'était l'alcoolisme, un mal bien plus dévastateur en soi. Et le proprio du lounge eut un sourire, amusé par sa propre pensée, tout en se sachant avec l'un des pires criminels que le pays ait engendré. Un super-soldat gonflé aux stéroïdes, qui a fait les pires coups, et qui pouvait aider dans la lutte interne de la pègre, en voilant une bonne rigolade. Un léger arôme divin s'en dégagea, tandis qu'il versa deux rasades biens costaudes dans deux verres gravés aux initiales du propriétaire de la baraque en question. Cobblepot serrait les dents, de colère hein. Pas de joie. Les dernières joies qu'il s'était accordé, c'était de griller un des gars du Joker qui avait tenté de lui voler une de ses plus belles pièces. Ce qu'il en reste pourrit actuellement dans la cuve de Tiny, le requin préféré d'Oswald. Deathstroke parla ensuite de traditions, de ceux qui sont toujours là, alors que la ville évoluait, sans cesse, et Oswald eut un reniflement amusé. "L'âme de Gotham", c'est comme ça que Clayface disait les choses. Oswald se rappelait des paroles du géant boueux, qui regrettait jadis, la perte de l'âme de Gotham City, mais cette âme était toujours là, et Hagen était une lavette, de toutes manières. Sur cette pensée, Cobblepot eut un léger geste en incorporant des glaçons dans les verres. Deathstroke terminait de parler tandis que le Pingouin préparait ses breuvages, puis il reprit.

"Tu as raison sur un point. J'ai eu des emmerdes. Des emmerdes qui ne tarderont pas à me revenir comme un boomerang dans la gueule. L'affaire est que je me suis fait avoir par Falcone. Ils ont attaqué mon manoir, mais c'était un foutu leurre, et ils m'ont eu au bazooka. J'ai réussi à m'en sortir en plongeant dans la baie et en sautant avant l'explosion de l'appareil. Je veux ma vengeance, Slade, et je l'aurais. Sois en certain."

L'ambiance n'était pas à la fête, et le Pingouin avait pratiquement sonné le tocsin. Beaucoup trop de problèmes surgissaient, et les vautours se rapprochaient dangereusement. Trop d'emmerdeurs potentiels, et il fallait trancher dans le vif, songea-t'il. Cobblepot tendit le verre, libre au mercenaire d'accepter ou non, mais venant du Pingouin, c'était un geste d'une extrême rareté, qu'on ne revoyait pas souvent. Oswald se dirigea vers la fenêtre de son bureau, observant avec un certain dégoût, ce qui se tramait dans ses rues, c'était sa ville, et pas celle du Romain, et encore moins celle des jaunes. L'heure n'était plus à la politesse, mais à l'élaboration d'un plan de guerre, et cette fois, la vengeance serait sienne. Il s'avançait, difficilement, pour revenir vers son bureau.

"De c'que je sais, Falcone a fait une alliance avec les jaunes à Chinatown pour me prendre à revers. Toshiro Yamashita pour les japs, Tian Hong pour un trou à merde d'Asie, Anh Xian pour un autre, et j'en passe. J'veux leurs têtes, et après, ce sera Falcone. J'me suis renseigné sur eux, et ils tenteront tout pour me faire chuter. C'est moi, ou eux. Et je tiens pas spécialement à revoir le bouffeur de spaghettis de retour dans mes affaires. Le retour des Falcone à Gotham, tu y crois toi ? C'est à croire que personne ne se rappelle du passé ..."

Dit-il, amer, tout en gardant son verre dans la main. Le pire, ce serait que Falcone arrive à prendre son musée, qu'il trouve le moyen de ramener une armée pour venir prendre d'assaut le lounge du Pingouin. C'était vraiment le cauchemar qui hantait le Pingouin. Le cauchemar qui le bouffait intérieurement, aussi fin que le cancer de la prostate, et sans hurlements pour régler ça. Le Pingouin s'asseyait donc dans son fauteuil, tout en dévisageant le mercenaire qui était toujours debout. Oswald en avait vu de dures, il en avait vu des pénibles, et cette fois, il sentait vraiment le danger qui le saisissait à la gorge. Cobblepot grinçait des dents, de stress, de fatigue, et de douleur. Il soupira, tout en roulant des yeux vers cette boule à neige, celle qu'il avait offerte, un jour à sa mère décédée qu'il aimait tant. Cobblepot n'oubliait jamais d'où il venait, il n'oubliait jamais les injures, le parjure et encore moins, tous ceux qui l'ont attaqué un jour. Le temps de la vengeance va sonner, et Chinatown sera la première à payer son dû. Oswald y veillerait.

"Pas de pessimisme, c'est pas le genre de la maison. Si tu es là, ça peut me porter chance. Et j'imagine que si tu es venu de ton plein gré, c'est que tu as déjà une idée derrière la tête."

"L'âme de Gotham hein ?"

La fameuse âme de cette ville, remplie de cinglés et de gens prêts à tout pour se faire un peu de fric, se faire un nom facile et devenir une espèce de crétin dans la panoplie d'ennemis du Batman. Tout tournait autour du chevalier de Gotham City, mais c'était bien ce qui rendait la ville atypique, sinon, on s'emmerderait salement. Le Pingouin émit un petit rire aigre quant à la remarque du mercenaire. Il retrouvait bien là, le terrible mercenaire sans peur, sans reproches, et surtout, sans entraves qu'il connaissait bien. Le genre de gaillard prêt à sauter sur une position pour faire un foutu carnage dans tout ce bordel. La situation n'était pas rose, mais pour Oswald, se retrouver avec un allié de poids comme Deathstroke dans ses rangs, c'était tout, sauf indésirable. La pensée de l'envoyer en mission suicide dans les repaires des jaunes le tentait, vraiment, en guise de représailles. Il avala une gorgée de son précieux breuvage, avant de se rendre compte que les choses auraient été plus faciles pour Oswald, sans les pinces sans rire de Chinatown. Oswald fulminait, oui, il avait perdu gros, et en terme de respect, il sentait que les choses commençaient à filer entre ses doigts. Trop de mauvaises choses allaient arriver. Il reprit, calmement.

"T'as bien entendu, des faces de citron avec Falcone. Apparemment, ils essaient de me reprendre le marché des armes, de la drogue, et de l'information. Ils essaient de me la faire à l'envers et sans capote, j'supporterais pas de laisser un marché américain à des bouffeurs de chien qui n'aiment même pas notre beau et glorieux pays. J'suis dans le patriote monsieur, j'ai même vendu quelques nuisances à Iron Heights, je suis un bon citoyen qui respecte les lois. Wak wak wak."

Ricana-t'il, tout en expliquant ce qui s'étalait pour le futur. Rien de très réjouissant, et cette alliance était spécialement conçue pour faire tomber le Pingouin, et après ? L'alliance éclatera-t'elle ? Il faut la briser très vite. C'était surprenant, mais bon, on est à Gotham City, y'a tout qui est possible, même les trucs impossibles. On peut pas dire que c'était l'alliance du siècle, mais elle avait le mérite de surprendre salement. Le Pingouin en avait fait les frais, et le pire dans tout ça, c'était potentiellement qu'ils avaient des assassins à leur solde. D'où ce qui allait suivre. Et ce qui allait suivre n'allait pas faire beaucoup rire Oswald. Beaucoup de merdes qui allaient arriver, et les principaux partenaires du Pingouin commençaient à succomber à l'influence de Falcone. Foutus italiens, ils avaient fait fort, et il n'avait rien vu venir. Ce genre d'aveuglement, plus jamais Oswald ne se laissera avoir, plus jamais, et il y veillerait. Savourant l'arôme de son breuvage, Cobblepot laissa planer un léger silence, avant de reprendre.

"J'irais pas par quatre chemins. Je crois que les chinetoques sont en train de s'associer avec des assassins comme Lady Shiva, si tu vois ce que je veux dire. Et ça risque de chier sous peu pour moi. S'ils me croient mort, ils vont quand même envoyer l'aspirateur pour me dégager. Et j'tiens pas à finir dans le sac à poussières."

Il fallait du renfort, et Cobblepot, même si tout lui retombait sur le coin de la gueule en ce moment, il remontrait la pente, et il pourrait se permettre de gérer les affaires plus tard. Pour le moment, il devait passer l'insecticide. Les Falcone, les jaunes, ils allaient payer, ils allaient manger sévère, et ce sera violent. Deathstroke en avait, de part sa prestance, il en imposait, et sans violence. Même avec son attrait, sa réputation, il avait un corps de rêve, qui imposait auprès des dames, auprès de tous, bien loin du corps chétif et rabougris du Pingouin, corps qu'il enviait assez souvent, alors que les gens le dévisageaient comme s'il était une curiosité locale, digne de l'élephant-man. La voix de Cobblepot devint un peu plus dure. Fumant son cigare, il tira une bouffée avant de reprendre.

"J'veux pas attendre ici, comme un canard sur l'eau. J'veux mener la guerre, et j'ai besoin d'un putain de bon général. Si tu te joins à moi, je te promets que tu le regretteras pas. Et tu sais que je suis capable de réaliser les rêves des gens."

La dernière remarque du mercenaire prêtait à sourire, et même si Oswald préférait une option plus directe, son sourire s'élargissait à la remarque finale. Il avait eu de nombreuses idées, dégueulasses, monstrueuses, mais souvent nocives. Oswald avait des tas d'idées, mais comme un Napoléon des temps modernes, il serait magnanime, et accorderait une honte sans nom, avant de leur infliger une mort rapide et brève. Pas de larmes, le sang coulerait, ici, dans ce même bureau, et c'était ce qui comptait pour lui. La vengeance. Reprendre son titre qu'on lui a pris. Peut-être même que Cobblepot embaucherait d'autres assassins. Il en avait encore les moyens, du moins, pour le moment. Mais viendra le moment où Slade voudra négocier son tarif. Le connaissant, il avait ses prix, Oswald pouvait tenir, mais il faudra assurer les prochaines cargaisons par la suite. Sinon, ce sera un beau déficit. L'idée de faire blanchir de l'argent était tentante, mais il lui faudra possiblement le faire, avec un autre casino, et non l'Iceberg. Ce qui serait intelligent, pour éviter qu'on remonte à lui. Il sera donc bientôt temps d'investir dans Blüdhaven, histoire de pas se faire toper par Batman.

"Vivants ouais. Je veux les chefs de ces clans ici, à genoux. Je veux lire leurs regards avant de leur planter une balle dans le crâne. Je veux voir leurs yeux emplis de terreur avant de leur accorder la mort. Et ça tombe bien, j'ai développé un goût prononcé pour la taxidermie et l'exposition des trophées. Wak wak wak wak."