De vulgaires petits criminels !

- Je déteste les petits criminels ! Ils sont si méchants !

C'était ce que le Joker avait dit quand son associé, le nain Marcassin luli avait dit que le joli immeuble qu'il convoitait dans les Narrows avait été investi par un petit gang de cas sociaux particulièrement dérangeants.

- Moi qui voulait un petit pied-à-terre en ville pour m'épargner de longs trajets jusqu'à mon travail, mon plan tombe à l'eau.

- Pourquoi pas une péniche sur la Gotham River, alors ?

- HA HA HA HA HA ! s'esclaffa le Joker, fixant le nain Marcassin avec un regard mû d'une infinie passion. Celui-ci, craignant quelque peu sur sa vie ponctua sa petite blague d'une petite danse de petit nain Marcassin, qui fit reprendre le rire du clown démoniaque. Celui-ci s'arrêta net et déclara, de façon cérémonielle :

- Nous allons rendre visite aux locataires pour qu'ils nous lèguent le contrat de bail ! Préparez mon attirail !

Aussitôt dit, aussitôt fait. La petite voiture de clown, peinte de marguerits avec une jonquille à son sommet arriva alors, quelques heures plus tard dans les Narrows, au fond d'une ruelle, située au fond d'une rue, située au fond d'un quartier, les trois étant de merde. Un videur à l'entrée de l'immeuble observa le fabuleux manège de cette voiture miniature, avançant seule, à vitesse de pas, jusqu'à s'arrêter devant. Le Joker en sortit, du siège passager. Vêtu d'un costume violet, ses mains gantées de blanc, il remit son noeud papillon correctement avant, d'une démarche particulièrement enjouée s'avancer grandiloquant, devant le garde, hilare.

- Oh ! Je connais ce coup-là ! C'est celui de la petite voiture et y a genre plein de clowns qui sortent d'un coup ! Excellent !

Le Joker le toisa froidement, son horrible sourire déchiré contre le bas. Le garde sa calma en réalisant qui il avait devant lui. Puis, un sourire, et très fermement, il déclara :

- Presque ! En fait, c'est un meurtre ! Surprise !

Ce à quoi répondit le videur d'un sourire, figé, et qui le sera pour l'éternité. De la petite voiture sortirent alors le nain Marcassin et huit gangsters armés jusqu'au dent, un par un, de la petite voiture, qui vinrent se mettre autour du Joker, qui n'avait plus l'air tant amusé que ça.

- Dites, les gars, vous croyez pas qu'on passe un petit peu pour des clowns ?

Ils haussèrent les épaules. Le Joker leur fit comprendre qu'ils devaient prendre les armes aussi, alors le nain courut fouiller dans le coffre pour en tirer de quoi équiper tout un régiment de l'US Marine. Suivi de ses acolytes, ils pénétrèrent dans l'immeuble.

Un peu plus tard, on entendit un craquement. Le Joker décida de lui-même d'aller voir. La porte s'ouvrit et un bien étrange personnage se tenait derrière. Il avait un bien joli chapeau. Le Joker lui sourit.

- Vous avez un bien joli chapeau !

Il se poussa et l'invita à entrer. L'endroit était sens dessus dessous et les hommes baraqués au maquillage de clown, solidement armés encerclaient les gangsters assis au centre de la pièce. Ils avaient autour du cou de jolis colliers explosifs sur lesquels étaient dessinés des jolis sourires. Le Joker applaudit pour attirer l'attention et, triomphalement, énonça :

- On a un nouvel invité, les gars ! Il arrive à temps pour le concours de blagues ! Et parce que nous sommes polis : il va inaugurer les festivités avec une blague de choix !

Avant de chuchoter à son nouvel ami :

- Le but du jeu c'est de pas rire, s'ils rient, ils explosent. En tout cas c'est ce que je leur ai dit.

- Vous connaissez l'histoire du petit déj' ?

Le Joker eut un très grand sourire. Il la connaissait. C'était une blague particulièrement caféinée.

- Non ? C'est pas de bol !

C'était un homme plutôt gentil, de faire une blague pas spécialement drôle, donc ils ne rirent pas. Puis il reprit sur une blague  qui montrait une certaine maîtrise de l'auto-dérision. Le Joker le regarda d'un air affligé, puis finalement sourit de nouveau, de façon inattendue :

- Ah ! Ah ! Ah ! Ah !

Un rire tranché, et il applaudit à chaque Ah !

- Il va falloir travailler encore un peu. Mais je vais te montrer une carte que chaque humoriste se doit d'avoir dans sa manche.

Le clown fit un geste de main à ses hommes et ils s'activèrent tous. Simeon ne comprit pas tout de suit mais un homme derrière lui le prit par derrière et lui mit un masque à gaz. En se tournant vers le Joker, on vit qu'il en avait un aussi. Les hommes à terre se mirent à hurler pendant qu'un des hommes fit rouler une bonbonne dans leur direction d'où s'échappait un gaz verdâtre Les rires commencèrent à prendre alors que le Joker lâcha un grand "TADAAAA !" étouffé et très vite des projections sanguines partirent de leur cou, sous le bruit de quelques intonations. Dans un élan de délire le nain Marcassin fit sa petite danse de nain Marcassin entre les suppliciés qui se tordaient de rire sur le sol jusqu'à se vider de leur sang, à s'en taper sur les cuisses. Ils ouvrirent ensuite les fenêtres et dans le calme de la mort, attendirent. Le nain Marcassin fut le premier à enlever son masque et s'était complètement essoufflé, allant même jusqu'à vomir sur un des corps souriant au sol. Le Joker fut le dernier à enlever le masque, l'air sévère.

- Bien. Cet endroit est à moi maintenant ! Préparez un mot d'excuses pour cet humoriste en herbe.

Ils s'affairèrent rapidement à débarrasser les corps et décapiter un des corps. L'homme du Joker qui s'en occupait utilisait un couteau un peu trop petit pour un tel ouvrage, et le nain Marcassin se tenait accroupi derrière prêt à réceptionner la tête. La tête tomba, il l'attrapa et se mit à courir comme un nain en direction de Nikolai sous les rires du Joker. Le nain trébucha, la tête roula jusqu'aux pieds de Simeon. Quiqette Thé son employeur il comprendrait.

- Des pigeons à nourrir, tu dis ? J'aurais besoin des pigeons, d'une armée de pigeon.

Sourire.

- C'est pour faire une blague à un ami. Si tu t'y connais en pigeons, alors toi et moi pourrions faire de grandes choses. T'en dis quoi ? Ca se refuse pas, non ? Ha, ha !

L'étrange huruberlu se mit à poétiser avant de rendre la tête, sous le regard amusé du clown dément. Sacré personnage, qui ne s'effrayait pas de sa présence. Il y avait deux types de personnes pour le Comédien. Les autres acteurs qui faisaient partie de sa folie collective, et ceux qui le faisaient malgré eux. Celui-ci était du bon côté. Toujours avec ce même sourire sournois, le Joker contentait de le fixer. Le Nain Marcassin observait les deux, se demandant quand son patron allait péter un câble et peut-être tous les tuer, mais finalement, il ne le fit pas.

- De quel ami je parle ? Mais de quel ami je pourrais parler ?

Il se tourna vers les, autres, qui par... volonté de ne pas le brusquer haussèrent des épaules. Le Joker rit.

- De Batman. J'ai essayé d'avoir son attention à nouvel an avec ma petite pluie de sang devant la mairie. Je pensais qu'il était un chevalier de la nuit, qu'il combattait le crime. Que cette femme pouvait hurler au fonda de cette ruelle sombre et que je verrais sa cape danser au gré du vent. Mais non. La pauvre a hurlé toute la nuit. Enfin. Une vingtaine de minutes.

Il haussa les épaules.

- J'avais pas que ça à faire, oui, et je commençais à voir mal au bras, mais merde. Y a plus personne pour faire la justice dans ce foutu pays. Tout fout le camp. Et me dites pas que c'est parce que j'ai un besoin d'attention constant. Je fais le crime, et il faut une réponse, sinon... c'est pas drôle. A moins que ce soit un plan pour que je me lasse de commettre des crimes ?

Puis, un rire. Il se releva et s'approcha de son nouvel ami.

- J'aurai besoin de tes talents. Un jour, je reviendrai vers toi, et nous déclencherons un apocalypse sur cette ville. Il y aura des pigeons. Et des pigeons. Une armée de pigeons obèses et pourtant bien volants. Voici ma carte. Reste pas dans le coin, mes amis vont venir nettoyer et en général ils nettoient pas à moitié.

Le Joker lui tendit une fameuse carte Joker avant de faire signe à ses camarades de décaniller, guilleret. Dans une marche presque cérémonielle, le groupe disparut dans la nuit.