Notes de Dollmaker - Entrée 01

Du plus loin que je me rappelle de mon enfance, elle tourne autour de la figure du père. De cet homme, froid, mais qui m'aimait, et qui m'offrait de quoi survivre dans ce monde. Je n'ai plus beaucoup de souvenirs de cet homme qui m'engendra, mais certaines photos restaient, tandis que mon esprit essaie sans cesse de retrouver ces souvenirs enfouis. Mais seul un moment funeste de mon enfance me revenait : Ma propre mort. Comme si tout cela avait eu lieu hier ...

La musique, claire, limpide, me vrillait les oreilles, tandis que j'attendais, dans ce lieu, froid. Une simple chaise, une simple table, et pourtant, si vide. Déroutant, surtout pour un simple enfant comme moi ... Serrant de mes petites mains une simple poupée qui ne disposait que d'un seul œil, mon univers s'effondrait petit à petit, tandis que je réfléchissais aux possibilités qui m'attendaient. Plongé dans le noir, on me présentait comme une victime, une simple victime de mon propre père, abattu par le policier qui répondait au nom de James Gordon. Il avait tué mon père, sous mes yeux, et j'essayais de ne pas flancher, de ne pas me laisser dévorer par la peine qui m'envahissait. La peine était là, perceptible, monstrueuse, dévorante. Elle me dévorait, petit à petit, elle me glaçait l'âme tandis que je serrais petit à petit, la maigre poupée qui restait dans mes mains. Seuls mes souvenirs me remontaient, et certaines choses qui me revenaient, étaient des moments joyeux, des moments de partage avec mon papa. Le seul que je pouvais aimer dans ce monde si noir, si solitaire. Il avait été mon guide, mon héros. Un enfant a souvent besoin d'un modèle ...

"Oh, my Papa, to me he was so wonderful. Oh, my Papa, to me he was so good."

L'ambiance froide, calme, tout me vrillait le crâne alors que j'essayais de me concentrer sur quelque chose dans mon esprit. La musique se lançait dans mon esprit. Une musique que j'aimais écouter avec papa, quand il prenait dans ses bras. Il était mon héros ... Certains diront que ce n'est qu'un simple petit syndrome de Stockolm, mais pour moi, il était tout. Il était ce géant que j'aimais, malgré les soi-disant horreurs qu'il m'a infligé. Là où les profanes ne voient que de l'abus sur un enfant, moi, je vois une forme d'amour qui me hanterait toute ma vie. Il m'avait initié, il m'avait appris l'importance de la famille, l'importance de subvenir à ses besoins.

"Gone are the days when he would take me on his knee. And with a smile he changed my tears to laughter."

Je ressasse, je ressasse ces simples paroles alors que je ne pouvais pas rouvrir les yeux, de peur de laisser les larmes me prendre à la gorge. Une simple larme perla dans mes yeux d'enfant, alors que je lui disais adieu à tout-jamais. Les bruits des officiers de police derrière la porte, des discussions assez forte, et un nom qui revenait en permanence. Gordon. Gordon que l'on allait montrer comme un héros, que l'on allait encenser, et surtout, que l'on allait désigner comme un véritable sauveur de cette ville. La seule et unique vérité à mes yeux, c'était de le voir comme un assassin, un meurtrier qui avait brisé ce qui restait de ma famille à tout-jamais. Dans les ténèbres, mon âme ne crie qu'une seule chose : Vengeance. Assis, sur ce siège, j'entends la voix d'un homme derrière la porte. Il porte une blouse blanche, des lunettes, et une barbe mal taillée. Il a un sourire, il semble être un docteur. Bien sûr que c'est un docteur, un homme de sciences, un homme qui peut en imposer. Un homme qui ne veut que le bien des autres.

"Bonjour Barton. Comment vas-tu aujourd'hui ?"

L'homme tentait d'entamer un dialogue, il tentait de pénétrer dans mon esprit, mais je ne pouvais pas lui parler, je n'en avais pas la force, ni-même l'envie. Je ne pouvais pas lui parler. Je préférais me murer dans mon mutisme, refusant d'adresser la parole à cet homme. Je l'entendais à peine me parler, je l'entendais à peine essayer de nouer le dialogue alors que je m'enfonçais dans quelque chose d'autre, quelque chose de sombre, de noir ... Je devais faire mon deuil. Je devais abandonner mon enfance. Quelle qu'elle fusse jadis. Mon père était un monstre, mais il était mon héros. Et même quand je dévorais, avec lui, ces gens qu'il avait cuisiné, qu'il avait tué, qu'il avait préparé pour moi, je l'aimais quand même. Il était mon père, ce héros qui avait connu une mort des plus tragiques. Tel un héros de la mythologie grecque, sa mort ne sera pas vaine. Et j'apporterais un jour, la terrible épée de la vengeance envers l'homme qui m'avait privé de mon paternel : James Gordon. Alors que le médecin continuait de déblatérer ses paroles que je n'écoutais plus, mes yeux s'ouvrirent, les larmes s'étaient effacées, et un simple regard, froid, un mutisme ambiant, Barton Mathis était mort. Il était mort le jour même où son père avait été abattu par Gordon. Ce que j'étais censé devenir viendrait au fur et à mesure de mes hospitalisations et de mes déplacements dans des familles d'accueils au fur et à mesure de ma vie. Mais cette partie de ma vie ne compte pas. Elle n'existe pas à mes yeux. Elle n'est rien. La larve ne compte pas, seul compte le papillon après tout.


Notes de Dollmaker - Entrée 02

Un homme a besoin d'une famille. Il doit subvenir à cette famille. Il doit nourrir sa famille. Qu'importe le bruit et les hurlements de la proie, il doit trancher dans le vif et offrir une pitance nécessaire pour ceux qui avaient fait dans la meute. L'exemple du loup en est le plus flagrant n'est-ce pas ? L'alpha s'entoure d'une meute et veille au maintien de la meute. Il leur apporte nourriture et le réconfort d'une bande. Je me suis entouré d'enfants, enfin, mes enfants. Dollhouse, Bentley, Jackanapes et biens d'autres créatures ... Je les façonne, je les transforme en quelque chose de merveilleux, semblables à moi. Quant à mon visage, il est devenu un symbole. Prenant les maigres morceaux restants du visage de mon propre père, je les ai intégrés à ce masque que je porte, en hommage à l'homme qui m'avait ouvert la voie. Depuis quelques temps, ma famille et moi-même, nous prenons quelques risques. Quelques prostituées de l'East End, quelques clochards des Narrows, quelques morceaux pour mes enfants, qui ont grandement besoin de manger, et bien entendu, qui ont besoin de morceaux pour s'améliorer, et devenir meilleurs, plus performants. Tous ces cobayes qui servent l'intérêt de la science. De ma science. Je devrais les remercier. Ils sont ... Essentiels pour mes travaux dans le domaine de la chirurgie. Oh papa, si tu me voyais, je suis sûr que tu serais fier de moi. J'entends Bentley et Dollhouse qui rentrent, avec la prise du jour. J'espère qu'ils ont trouvé les morceaux nécessaires pour une de mes nouvelles créations. Comme tu serais fier, papa. Comme tu serais si fier de moi ...