Mademoiselle Ashton, je sais que vous avez signé une décharge mais n’oubliez pas que vous n’êtes pas encore pleinement remise. Mademoiselle Ashton, pensez à prendre vos médicaments et, rappelez-vous que vous ne devez pas boire d’alcool pendant encore deux semaines. Mademoiselle Ashton… Les rappel du chirurgien qui l’avait recousue avaient de quoi la fatiguer.
Une cigarette et un verre de bourbon pour faire passer les anti-inflammatoires. Les anti-douleurs eux resteraient rangés bien précieusement. Une ressource bien trop rare quand il était question d’agir en autonomie complète et sans soutien. Alors soit, elle aurait encore mal pendant un petit moment mais… La douleur était moins dérangeante que les démangeaisons de la cicatrisation. Puis après tout, un régime alimentaire strict dans la vie personnelle lui permettait d’avoir ce genre d’excès. Et franchement, le mélange d’alcool et de médicament n’avait jamais fait de mal à personne non?
Quatre balles. Elle était encore furieuse contre elle-même d’avoir sous-estimé les malfrats qui l’avaient attaqué chez elle. Au moins cela jouait en sa faveur et, si une enquête interne avait été lancée personne n’était encore venu l’emmerder. A la fois, elle avait fait ce qui était nécessaire pour qu’il soit quasiment impossible de se douter qu’elle les avait tous abattu de sang froid. Tant que ce foutu Batman ne se penchait pas sur son cas. Il n’allait pas s’en mêler hein? Pas de tir à bout portant, pas de tir directement dans le dos. Vraiment, sans cette histoire de couverture les choses auraient été tellement plus simples. Mais elle devait la jouer fine pour éviter d’attirer l’attention plus que nécessaire. Elle avait déjà été forcée d’abandonner l’idée de ne pas attirer l’attention tout court.
Dents brossées, visage lavé, rouge à lèvre et léger maquillage. Chemise blanche impeccable, cravate pourpre et jean relativement moulant. Aller, retour au boulot. Deux semaines sans activité c’est déjà trop. Elle enfila son éternelle veste en cuir, suffisamment usé pour en être patinée. Dans son dos trônait fièrement l’emblème de son unité militaire d’il y a déjà quelques années. Vraiment c’est pas le moment de se ramollir, cette ville m’en laissera pas l’occasion. Le travail était tout ce qui comptait et pour une fois, elle avait l’occasion de faire ce dont elle rêvait pendant l’adolescence, être flic. Alors mieux ne valait pas se louper cette fois.
Le trajet en moto jusqu’au commissariat n’eut rien d’extraordinaire. Son esprit pouvant vagabonder, s’interrogeant sur le discours qu’elle servirait pour un retour au travail si rapide. A vrai dire, pas besoin de raconter des salades, c’était simple. Elle avait vu pire pendant son service à l’armée et ne supportait pas l’inactivité. Alors puisqu’il lui était interdit dans son état de partir chasser en pleine nature pendant deux semaines, autant revenir travailler. Elle avait beaucoup de dossiers à consulter, elle serait sage, ne s'amuserait pas à aller sur le terrain plus que de raison.
Un regard à sa montre, vingt-cinq minutes avant le début du service. Descendre de la moto lui arracha une grimace de douleur. Tout est supportable, garde les anti douleurs acquis légalement pour une situation vraiment grave. Une dernière cigarette avant de rentrer dans le commissariat, le temps de composer le masque sympathique d'analyse comportementale. Inspiration profonde, la fumée de tabac pénètre dans ses poumons, la nicotine faisant son effet.
Quinze minutes avant le début du travail. Dernière bouffée de poison, l’ex militaire écrase sa cigarette avant de la jeter dans une poubelle. Le temps d’accomplir ce geste ses traits se détendent, un léger sourire se dessine. Comme si elle n’était pas blessée, comme si elle n’était pas une tueuse expérimentée. Elle était Diane Ashton, fille du Montana qui avait fait l’armée avant d’entamer une reconversion professionnelle graduelle. Elle n’était certainement pas l’agent d’une organisation gouvernementale destinée à lutter contre les méta-humains et autres individus affiliés. A l’instant ou elle poussait les portes du quartier général du GCPD elle n’était plus totalement elle-même. Elle était une ancienne shérif pleine d’idéaux de justice mais qui s’éloignait de la rigidité administrative. Et surtout elle était une acharnée du travail incapable de se reposer plus que nécessaire.
Elle allait enfin pouvoir commencer à travailler sérieusement au sein du GCPD.
"Salut tout le monde! Et encore désolée d'avoir trainé au lit pendant deux semaines!"
Faire comme si de rien n'était et que tout était normal.