Le vespa de la jeune magicienne avait été vaguement posé contre le mur, et les mains dans les poches de son jeans slim noir, la jeune femme regardait d’un air songeur et légèrement désabusé le petit pub caché entre deux ruelles sur lequel elle venait de tomber comme par hasard. Le hasard… ?  Ces temps-ci, elle se le demandait vraiment, elle avait le sentiment désagréable qu’une force supérieure et un peu moqueuse manipulait le moindre pan de ses actions… Elle épousseta doucement sa chemise de soie blanche, resserra son Boléro d’un violet sombre lui rappelant avec nostalgie les épais rideaux des salles de spectacle, et soupira. Plus de spectacle, sa prestidigitation n’en était plus, et le pire de tout, toujours aucune trace de son père depuis un an maintenant. Elle essayait de ne pas perdre la face, encore moins le sourire, mais c’était loin d’être facile tout les jours.
Et elle était là, devant ce pub un peu minable nommé « Le drunken Leprechaun »… Il ne payait vraiment pas de mine, et Zatanna se demandait pourquoi elle ressentait l’irrémédiable nécessité d’y entrer alors que ce n’était pas, mais alors pas du tout, le genre d’établissement qu’elle aurait pensé fréquenter un jour… Elle finit par se faire une raison, et poussa la porte du bar. Une petite clochette retentit, et le barman, un petit homme roux dégarnit en habit irlandais vers lui jeta un rapide coup d’œil avant de retourner servir ses clients. La jeune femme observa les client, peu nombreux et un peu étranges, haussa les épaules avec un petit rictus résignée, et alla s’asseoir au bar en attendant que le barman vienne la voir.

J’étais au bar, pour une fois je ne buvais pas pour l’ivresse, je buvais pour passer un goût amer dans ma bouche, il y a un mois pour la première fois, j’avais tué un être humain. Pas comme avec Astra, par erreur, mais volontairement. Oh bien sûr je n’avais pas eu le choix, j’avais fait ça pour le plus grand bien, mais quand même. Un enculé de prêtre sataniste avait invoqué en lui un démon majeur. Il m’avait contraint à le buter si je ne voulais pas voir la moitié de Bristol être réduite en poussière. J’avais dû lui balancer une boule de feu en travers de la tronche avant que sa transformation soit complète. Je ne savais pas si j’en voulais plus à ce connard ou à moi même mais au fond de moi j’avais immédiatement senti quelque chose se briser, comme si mon âme était faite de cristal et s’était morcelée, provoquant d’immenses douleurs internes.
Soudain je pris une tempête énergétique lumineuse en pleine gueule, comme si les portes du Paradis s’étaient ouverte dans le bar. Je me tournais vers la source de cette énergie, pour voir une magnifique jeune femme pénétrer dans le pub. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait mais je sentais une irrépressible envie de créer un contact physique avec elle, comme si le destin me poussait vers elle. Je me levais pour me diriger vers le comptoir bien décidé à lui payer un verre. Je regardais dans mon portefeuille pour constater qu’il me restait environ cent livres de mon dernier exorcisme, amplement suffisant pour passer une bonne soirée. Je m’approchais d’elle pour lui dire la première phrase d’accroche qui me passait par la tête.

«Dis-moi ma belle, où t’as foutu ton arc-en-ciel et ton putain de chaudron ?»

Je passais ma main dans sa superbe chevelure noire et descendais le long de son bras pour prendre sa main et déposer un baiser dessus. Aussitôt je sentis comme une décharge électrique dans ma poitrine, comme si il y avait un vide quelque part en elle que je devais combler. J’avais le besoin irrésistible de tout faire pour qu’elle aille mieux, quitte à me détruire moi même dans l’opération.

«Je m’appelle Constantine, John Constantine, je peux te payer un verre ?»

Sans attendre sa réponse je m’adressais au barman.

«Tom, tout ce que cette jeune femme commande sera pour moi.»

C’était un beau parleur, mais il se donnait un genre je-m’en-foutiste dont Zatanna se méfiait. Elle ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur la psyché de Constantine, c’était étrange, elle ne s’intéressait pas au gens d’habitude, alors pourquoi ce dandy anglais mal-rasé l’intriguait autant… ? Encore un truc qu’il disait qu’elle ne comprenait pas. Dans le doute, elle préféra ne pas passer pour une idiote. Elle leva un sourcil d’un air moqueur et lui répondit :

-Pas de soucis John, mais si on est pas là pour de l’amitié, pourquoi ces verres et cette discussion… ?

Elle se demandait si Constantine comptait répondre franchement ou non, même si elle avait toujours sa petite idée sur la réponse. Elle garda affichée fièrement son rictus triomphant, ayant l’impression de l’avoir poussé dans un certain retranchement avec cette question, à voir maintenant sa réaction. Un leprechaun… ? Ce n’était pas les petits lutins roux en Irlande ? C’était sûrement une blague pas très drôle… Enfin, cela-dit, cela fit sourire la jeune fille. Alors qu’elle allait lui répondre, il lui proposa un petit jeu. Elle se laissa faire, frissonnant légèrement, de plaisir peut-être, en sentant sa main dans celles de Constantine. Définitivement, un truc étrange se passait entre elle et lui, mais quoi… ? Elle n’en savait rien, mais elle le ressentait bel et bien. Était-il vraiment en train de lui jouer la carte du faux-voyant mentaliste ? Il ne pouvait pas deviner qu’elle même faisait partie du monde du spectacle, elle les connaissait les petits tours de passe-passes des mentalistes, un mentaliste français plus jeune qu’elle lui avait fait un topo sur comment ils s’en sortaient pour deviner leur trucs. Tout un art, et Zatanna les admirait énormément, mais elle, marchait plus au cœur pour jauger les gens. Le whisky arriva, et de sa main libre, elle se saisit de son verre pour en boire une petite gorgée, peu habituée aux alcools plus forts que la bière américaine. Elle afficha un sourire tranquille et lui répondit doucement, laissant sa main là ou elle était.

-C’est pas mal, mais je doute que tu puisses m’aider. Comment ça la vraie Zat ? Tu ne connais même pas la fausse ! Laisse moi jouer mon jeu de la petite prude perdue encore quelques minutes  au moins ! Je suis magicienne, baroudeuse depuis toujours. Y’a pas grand-chose à dire d’autre… Et toi John, parles moi de toi un peu.

Attend elle avait vraiment pas compris où je voulais en venir là ? Il me semblait pourtant avoir été assez explicite. Non elle jouait avec moi, elle prenait du plaisir à feindre l’innocence. Belle comme elle était je pense qu’elle devait souvent se faire aborder dans les bars, elle ne pouvait pas ne pas comprendre, enfin elle semblait vouloir de la franchise et si on pouvait me reprocher beaucoup de choses ce n’était pas mon hypocrisie.

«On pourrait passer du bon temps ensemble mon cœur, j’ai toute la nuit devant moi et bien plus encore, on pourrait picoler, baiser et parcourir le monde, se laisser porter juste par nos envies le temps que l’on voudra en se moquant du monde qui nous entoure»

Elle disait douter que je puisse l’aider, mais quand même. OK je n’avais pas la puissance magique d’un Jason Blood mais je me démerdais pas mal quand même. Sa magie était puissante mais de toute évidence pas suffisante puisqu’elle piétinait depuis un mois.

«Ecoute, tu n’avances pas seule, ça coûte rien de me laisser essayer, tu risques quoi ? Je te demande rien en échange, même si tu venais à m’éconduire ce soir mon offre tiendrait toujours, tu dégages quelque chose que j’aimerais comprendre, tu serais un peu un sujet d’étude en quelque sorte, et de mon côté je te promets de tout faire pour t’aider, si tu tombes sur un démon ou une créature infernale je suis ton homme, je suis le meilleur d’Angleterre dans ce domaine.»

Elle continuait à jouer avec moi, je ne savais pas vraiment si j’étais frustré ou si j’appréciais, elle éludait un peu ma question pour la connaître j’allais devoir insister un peu.

«La vraie, la fausse, peu m’importe, je veux tout savoir de toi, tout ce que je n’ai pas déjà lu. J’ai senti de la magie en toi, très puissante, impressionnante même mais tu ne la contrôles pas vraiment. Je suis exorciste, démonologiste, spécialiste des arts occultes. Concrètement ça veut surtout dire rouler des connards pour prendre un peu de pognon, mais parfois on tombe sur un vrai truc et c’est intéressant. J’ai… j’ai tué un prêtre sataniste il y a un mois, il essayait de faire passer un démon à travers son corps et ça aurait détruit Bristol et ses environs, je le regrette mais je n’ai pas eu le choix.»

Je ne savais pas pourquoi je lui avais parlé de ça, pourtant je n’étais pas encore saoul, j’avais l’étrange impression que je ne devais rien lui cacher.

En une soirée, en quelques échanges avec John, elle avait oublié tous ses soucis, tous ses doutes, toutes ses craintes. Et cela lui faisait énormément de bien, comme ci cela faisait une bonne année quelle avait eu besoin de cela, elle qui avait été si seule depuis le départ de son père. Constantine semblait vraiment y croire à la magie, la vraie… Il était un peu bizarre, mais les anglais étaient bien plus superstitieux que les américains. Alors que le barman remplissait le verre de la jeune prestidigitatrice, elle roula des épaules et répondit avec amusement :

-Quel vrai gentleman ce John Constantine !

Elle était seule depuis un an, et son seul contact journalier, c’était Bruce, qui n’avait jamais été le meilleur pour les relations sociales, et qui n’avait pas énormément de temps à lui accorder. Il l’aidait pour ses recherches, c’était déjà énorme, elle ne peut pas lui en demander plus… Il n’empêche qu’elle était sacrément esseulée… Elle regardait avec un air impressionné le tour de magie de Constantine, wow, en plus d’être démonologiste et je ne sais plus quoi, il était doué dans la pyrotechnie. Visiblement, John Constantine avait de nombreuses cartes dans ses manches ! Elle souriait doucement à la remarque de John à son sujet, elle ne se considérait pas comme quelqu’un de mauvais, mais de la à dire qu’elle n’était qu’amour et innocence… ? Peut-être pas non plus, il ne fallait pas exagérer…

-Eh bien écoutes, je ne vois absolument pas de quoi tu parles, cependant, je suis assez curieuse pour accepter l’offre. Très bien John, partons là dessus !

Elle remit en place une mèche de ses cheveux et sourit en ayant une idée un peu stupide, bien trop tentée à l’idée de pouvoir faire une démonstration de ses pouvoir à Constantine. Elle prit sa cigarette de ses lèvres et la fit disparaître dans sa main pour faire apparaître à la place une rose qu’elle accrocha doucement sur le trench coat de l’homme.
Avec une certaine malice et fierté, elle but son verre de whisky d’une traite et se leva tranquillement pour sortir du bar. Avant de pousser la porte de l’établissement, elle jeta un coup d’œil malicieux et  peut-être un peu charmeur, avant de pousser la porte du bar pour prendre l’air et attendre que l’anglais la suivent. Elle fit sortit de sa manche la cigarette encore allumée, et la fuma tranquillement, l’air de rien, un peu enivrée par l’alcool, en se disait que ça allait être une bonne fin de soirée…

Je la sentais apaisée, moins triste, je ne savais pas vraiment si c’était de mon fait ou de celui des deux whiskies mais dans les deux cas ça me réjouissait.

« Je présume que j’ai quelques traits bien anglais, la galanterie doit en faire partie. »

La tristesse était un peu partie, mais je sentais malgré tout une grande solitude en elle, comme si elle portait un costume trop grand pour elle, comme si elle devait porter le monde sur ses épaules mais qu’elle ne se sentait pas capable d’en supporter la charge. Ce vide en elle m’aspirait et je ne savais pas comment le combler, mais pour une fois dans ma vie j’avais confiance en mes capacités de réussite.

«Je parle de toi, tu es vraiment merveilleuse, au sens strict du terme, et je suis persuadé que nous y gagnerons tous les deux si on pouvait passer du temps ensemble. Sans même considérer le plaisir que ce serait d’être en ta putain de compagnie.»

Mais elle foutait quoi là ? Elle me pique ma cigarette ! Mais elle l’écrase là putain ! La clope se change instantanément en rose qu’elle met à ma boutonnière, la métaphore est assez claire, mais elle est américaine et je ne sais pas vraiment si elle saisit le sens de son geste. Mais son tour était étrange, je n’ai ressenti aucune magie. C’est quand elle sorti ma cigarette encore fumante de sa manche que je compris qu’il ne s’agissait que d’une simple passe de main de prestidigitateur. Elle s’était éloignée du bar pour en sortir, non sans se retourner pour me jeter un regard qui en disait long. Les femmes font souvent ça quand elles veulent vérifier que vous leur portez de l’intérêt, elles se retournent pour voir si vous les regardez s’éloigner, et mes yeux n’avaient pas quitté son corps un seul instant. Je me levais aussitôt pour la rejoindre et je posais une main au creux de ses reins et une autre contre sa nuque et je la dévorais des yeux, elle en fit de même ce que je pris pour un nouveau signe.

«Pourquoi ce regard en arrière je te manquais déjà ?»

Sans attendre de réponse de sa part, je lui reprenais ma cigarette, j’en tirais une bouffée et cette fois je lui soufflais doucement ma fumée au visage. Je crevais d’envie de l’embrasser, je me lançais pour poser sur les lèvres un baiser ardent, j’aurais sans doute du attendre un signal plus clair, mais je me sentais comme attiré par ses lèvres rubis, attiré par son visage, attiré par son sourire à faire tomber n’importe qui. Je sentais une chaleur intense monter en moi, comme si nos cœur battaient à l’unisson, elle maintenait le baiser je n’avais plus vraiment la notion du temps, il aurait pu se passer des heures sans que je m’en rende compte. Quand je rompis le contact je la regardais toujours dans les yeux.

«Je suis désolé amour, mais j’en mourrais d’envie.»

L’air de cette fraîche nuit anglaise lui fit du bien, il l’ancra un peu plus dans le moment présent, qu’elle appréciait de plus en plus. Lorsque Constantine la rejoignait enfin à l’extérieur, elle lui sourit doucement, toujours fière de son tour de magie qui avait réussit. Elle aurait eu l’air maligne si la manche de chemise avait prit feu à cause de la cigarette. Elle afficha un air agréablement surprit en voyant Constantine se rapprocher sans crier gare pour venir doucement saisir l’arrière du cou et le bas du dos de la jeune fille, que ce contact électrisant ne déplut pas à Zatanna, loin de là, elle frissonna légèrement, peut-être de plaisir, mais elle préféra mettre cela sur le dos de la surprise. Zatanna avait l’impression qu’il se faisait un bonheur de la déshabiller de ses yeux bleus comme l’eau claire. Et sans trop y réfléchir, elle s’amusa à faire de même, pour s’attarder sur chaque traits de son visage taillé dans le marbre. Même avec sa barbe de trois jours, et ses cheveux en pétard blond d’or… Elle rit à sa remarque et répondit innocemment :

-Non, je m’assurait juste que tu allais bien me suivre…

Il reprit sa cigarette, ce qu’elle ne notifia pas, elle n’était de toute façon pas du tout une grande fumeuse. Elle fronça légèrement de son nez en sentant la fumée de tabac lui attaquer les sens, mais préféra ne pas relever l’impolitesse du geste, se demandant pourquoi ce geste de la part de l’anglais… Qu’il était bizarre… Alors qu’elle était toujours plongé dans sa réflexion, elle s’immobilisa avec stupéfaction en voyant John s’approcher d’elle dans un geste que l’on ne pouvait  confondre avec un autre. Elle pesa le pour et le contre de la chose, une gifle aurait été facilement plaçable avant que leurs lèvres ne se joignent, mais elle se décida finalement, laissant John l’embrasser. C’était peut-être un peu rapide au vue de depuis combien de temps ils se connaissait, mais c’était inutile de se mentir à elle même, elle le désirait, assez ardemment même. Alors, elle se laissa porter par cette proximité érotico-romantique. Une étrange euphorie et une transcendante satisfaction envahie l’italienne, qui prolongea le baiser, avec une appréhension certaine du moment ou celui ci s’arrêterait. Après une durée indéterminée, Constantine mit fin au baiser, pour une certaine mélancolie de la part de Zat, qui sourit tranquillement au magicien et lui répondit :

-Je suis sûre que je ne suis pas la première fille à te le dire, mais ce n’ai vraiment pas dans mon habitude de me laisser embrasser par un homme que je viens de rencontrer…

Elle le saisit doucement par les pans de son trench coat pour lever la tête et le fixer d’un air assez serein. Elle hésita longuement à de nouveau l’embrasser, mais préféra ne lui pas offrir ce plaisir tout de suite. Alors, elle sourit tranquillement et répondit :

-Tu comptes m’embrasser tout la nuit dans cette ruelle ou on va aller chez toi un jour John ?

Attends elle avait vraiment dit ce que j’avais cru entendre là ? Je savais que je plaisais aux femmes, et aux hommes aussi d’ailleurs, enfin sexuellement parlant, en dehors de ça ils pouvaient pas m’encadrer, et moi non plus d’ailleurs. Mais rarement j’avais fait mouche si vite, je l’avais embrassé sans lui demander son avis et non seulement elle m’avait pas rejeté mais en plus elle voulait venir chez moi. Et bien mon vieux Johnny on dirait bien que la vie te sourit un petit peu plus aujourd’hui finalement.

“Tous vos désirs sont des ordres mademoiselle, et crois-moi un fois à la maison je m’y attellerai autant qu’il sera humainement possible, plus encore peut-être. Et je ne dis pas ça pour te charmer, c’est encore de la divination”

Je lui adressais un clin d’œil pour qu’elle saisisse que la dernière partie était une blague et je m’apprêtais à ouvrir un portail magique vers mon manoir quand je sentis dans mon dos une énergie magique maléfique me glacer le sang.

“John Constantine voilà un mois que je te cherche partout, depuis que tu as tué le grand prêtre, mais cette fois je ne suis pas venu seul”

Je me retournais pour constater qu’un des connards qui accompagnait l’autre abruti de Bristol était présent, et il avait invoqué un putain de démon soldat. En soi le démon n’était pas un danger pour moi, mais je ne voulais pas qu’il blesse… comment elle s’appelle déjà ? Ah oui Zatanna. En tous cas je ne comprenais pas, mais s’il lui faisait du mal cela me serait insupportable.

“Ecoute, je veux pas te faire de mal, ton patron allait détruire la moitié de la ville avec ses conneries, laisse cette jeune femme en dehors de ça, et fille d’ici vite avant qu’il ne t’arrive la même chose qu’à cet espèce d’enfoiré. Si je l’ai eu à lui tu penses vraiment que tu vas pouvoir faire quelque chose toi ?”

À la stupeur et à la frayeur de Zatanna, l’homme qui s’était adressé à Constantine venait de sortir de sa manche un couteau sacrificiel pour se jeter sur lui. Et à présent, Zatanna découvrait avec horreur une forme se mouvoir pour sortir de l’obscurité et se jeter sur elle. Depuis quand cette chose était là ? Qu’était cette chose ?! Les yeux écarquillés, elle fit un bond pour finir contre le mur alors que Constantine se jetait sur la chose pour l'éloigner de la pauvre petite proie que représentait Zatanna en l’instant. Merde merde merde! 

La créature, qui ressemblait énormément à un cadavre retrouvé dans une tourbière, dont il manquait la partie supérieure du crâne. Une abomination, comment cette chose squelettique pouvait-elle tenir sur ses pattes, comme par magie…?! Paniquée, elle regardait Constantine batailler avec cet engeance de l’apocalypse, se sentant complètement inutile et sans défense. Et sans attaque d’ailleurs… Sentant l'adrénaline et le stress monter en elle, elle n’avait aucune autre idée en tête que celle de fuir, et même si elle refusait l’idée d’abandonner le pauvre anglais à son sort, le petit néon rouge “fuite” continuer à clignoter dans le fond de sa psyché. Alors qu’elle se tenait toujours aussi crispée et immobile, incapable de bouger ne serait-ce qu’un seul muscle, comme si son corps refusait d’obéir à son esprit, la chose poussa violemment le blondinet et donna un ample coup de griffes, qui se lacérèrent la pantalon de la jeune femme, mais également sa chair et ses muscles… La douleur embrasa sa jambe mais elle resta immobile, sentant un liquide chaud et épais imbiber son jeans noir déchiré, l’air glacial sur ses plaies ouvertes, et la douleur qui finit enfin par la réveiller. Elle se crispa en serrant les dents portant ses mains à ses blessures pour limiter les dégâts provoquées par celles-ci. Quelques larmes de douleurs vinrent perler le long de ses joues et elle se mit à courir loin du combat sans se retourner...



Le prêtre était toujours à terre mais le démon venait de se relever et de lacérer la cuisse de Zatanna. Alors là c’était la goutte d’eau, en temps normal je m’en foutait des dommages collatéraux, enfin je réfléchissais au plus grand nombre, si je devais laisser crever quelques gars pour sauver un quartier ça valait le coup. Mais là c’était étrange, je devais la protéger, je le sentais au fond de moi, comme un besoin profond et ancré à jamais, comme si c’était ma destinée. Mais le destin c’est des conneries, même Xanadu le dit l’avenir est trop changeant pour parler de route toute tracée. Et puis si la Présence descendait de son putain de trône pour se préoccuper de nos vies de pauvres mortels ça ce saurait. Dieu n’est qu’un enfant capricieux qui joue avec l’humanité dans son ensemble sans se soucier de l’individu.
En tous cas ce connard de démon allait pas s’en tirer comme ça, je rentrais dans une rage folle. J’avais appris il y a peu un rituel d’exorcisme d’une très grande puissance, je comptais le réserver à ce fils de pute de Nergal, mais là j’avais la haine contre ce connard et il allait ramasser sévère pour avoir osé blesser cette femme qui m’attirait sans commune mesure. Je sortis une croix de la poche intérieure de mon trench coat et je commençais à réciter les paroles d’Evangile.

“Ecce Crucem Domini, fugite partes adversæ. Vicit leo de tribu Juda, radix David. Fiat misericordia tua, Domine, super nos. Quemadmodum speravimus in te.Domine, exaudi orationem meam. Et clamor meus ad te veniat. Dominus vobiscum. Et cum spiritu tuo.”

Aussitôt les premières paroles prononcées la croix prit feu et le démon commença à se tordre de douleur, le rituel était vraiment puissant, je sentais la chaleur émaner de mon corps et la croix trembler entre mes mains. Le démon convulsait au sol alors que je disais les dernières paroles, je me jetais sur lui pour mettre un grand direct du droit dans sa sale face de démon répugnant.

“Fallait pas faire chier John Constantine fils de pute”

Le démon disparut dans un halo de feu infernal et je me relevais pour chercher du regard Zatanna, avec un peu de chance je pourrais la retrouver, pour la soigner déjà et éventuellement la ramener à la maison, après tout on allait devoir avoir La discussion, et peut être même faire un peu plus que discuter. Mais elle avait disparu, c’était sans doute mieux pour elle, qu’est ce qu’un gars comme moi pouvait bien lui apporter ?

J’étais en pleine réflexion quand l’autre enfoiré de prêtre se rua sur moi et me planta sa lame dans l’épaule. Je le repoussais aussi loin de moi que possible et je chargeais à nouveau ma magie. Lui aussi allait me le payer cher.

Dans les bras de cet inconnu d’un soir, elle reprenait tranquillement mais maladroitement sa respiration… Dans cette bulle de confort sentant la clope et le whisky, elle se sentait soudainement protégé et hors de tout danger… Mais comment tout cela avait pu se passer…? Et aussi vite…? Des pensées s’entrechoquaient dans sa tête, sans qu’elle soit capable d’en saisir une seule au passage. Elle était dans le flou et l’incohérence la plus totale. Elle écouta Constantine, le regard dans le vide, et se dit que de toute façon, cette soirée ne pouvait que difficilement empirer. Alors, elle hocha doucement la tête à sa proposition. Elle suivit du regard l’anglais lorsqu’il se détacha d’elle, à son grand désespoir, pour s’assurer de la présence des signes vitaux de leur assaillant. Immense soulagement pour la jeune italienne, il était toujours en vie!

Elle fit un nouveau signe de tête affirmatif pour exprimer sa compréhension lorsque Constantine l’informa qu’il venait d’envoyer l’homme, PAR MAGIE, dans un endroit où il serait retrouvé et secouru. Causer du tort, faire du mal, blesser, c’était bien aux antipodes de la nature de Zatanna Zatara… Elle qui pleurait lorsqu’elle voyait un pigeon mort écrasé sur la route… Elle profitait de l’air froid de la ruelle pour reprendre ses esprits, mais toujours nerveuse, elle sortit de sa poche le paquet de cigarette qu’elle avait, presque par réflexe, subtilisé à Constantine pendant leur étreinte, et s’en alluma une, se réprimandant tout de même, une clope, pas deux. Elle en tira une bouffée, se retint de tousser un peu ridiculement, et se passa une main dans les cheveux en inspirant profondément. (Allez Zat, reprends toi, c’est terminé!). La blessure à sa cuisse pulsait encore d’une douleur bien présente, mais ne saignait plus, alors Zatana se contentait de tout faire pour l’ignorer...

Elle fixa durant quelques secondes le portail qui venait d'apparaître devant John, lança un regard déterminé à la manifestation magique, tendit sa clope à John sans lui jeter un regard, et traversa le portail d’un pas assuré.



Elle était aussi belle qu’elle était courageuse, n’importe qui aurait pris la fuite en vivant ce qu’elle venait de vivre, a fortiori avec la blessure qu’elle avait subi. Mais pas Zatanna, elle avait agit avec une intrépidité ma foi surprenante. Elle avait même été jusqu’à me suivre à la Maison des Mystères. Je la regardais là, debout dans le salon, l’air complètement paumée et je tirais une bouffée sur la cigarette qu’elle m’avait rendue.

“Bienvenue chez moi mon ange, fais comme chez toi, je pense que tu vas adorer la maison. Tu peux garder le paquet de clopes si tu veux. Je suis désolé de demander ça comme ça, mais tu vas devoir enlever ton pantalon. Je vais juste te soigner ne t’inquiète de rien, je comprendrais qu’après tout ça tu ne veuilles pas aller plus loin.”

Elle déchira alors un peu plus son pantalon pour enlever la jambe endomagée, tant pis pour moi je ne pourrais pas contempler son corps de rêve, mais je pourrais la soigner c’était ce qui comptait le plus au final. Je la prenais par la main pour l’allonger sur le canapé un instant, je connaissais quelques sorts de soin mais c’était pas vraiment ma spécialité. Juste de quoi me rafistoler quand j’avais trop pris sur la gueule.

“Ne bouge pas trésor, je vais faire ça vite et bien.”

J’imposais mes mains sur sa cuisse et je concentrais la magie, magie d’un parlement élémentaire que je ne maîtrisais pas vraiment, cela prit quelques dizaines de secondes avant que je sente mes mains chauffer contre son corps.

"גבריאל ומיכאל מגנים על גופי"

Aussitôt ses plaies se refermèrent et je sentais une vague de chaleur bienfaitrice passer de mon corps vers le sien. Je posais mes mains sous ma chemise sous mon épaule endommagée et la douleur s’évanouit.

“Tu penses que tu pourrais me recoudre le dos ? J’ai pas accès à la zone et tu ne sais pas encore utiliser ta magie.”

Sans attendre sa réponse je me mettais torse nu, de toutes manières si elle refusait je devrais faire ça seul avec un miroir. J’espérais vraiment ne pas en arriver là. J’ouvrais un tiroir pour y attraper un nécessaire de premiers soins que la maison m’apportait par magie et je le lui tendais.

“Putain cet enfoiré m’a bousillé mon trench !”

Son thé glacée en main auquel elle n’avait toujours pas touché, la jeune italienne ferma les yeux en profitant de la sensation agréable qu’était celle des doigts de Constantine dans sa chevelure. Elle poussa un long soupir, entre la fatigue et le plaisir, avant d’enfin oser plonger son regard dans celui de l’anglais:

-C’est… C’est beaucoup à assimiler d’un coup. Mais d’accord. Dieu, les démons, la magie, les… Les leprechauns… Tout ça existe…

Un peu abasourdie, elle avala une gorgée de thé, l’air absente, avant de se reconcentrer sur l’instant présent. Elle tenta de se détendre:

-Ca ne t’a pas perturbé toi, la première fois que tu as découvert l’existence de la magie ?

Elle essayait d'aborder le sujet de la magie dans conversation, mais sans pour autant parler de ce qu’il venait de se passer, alors elle préférait que l’on parle de John, elle était chez lui, c’était l’occasion de le connaître un peu plus non ? Tout en découvrant un peu le monde magique et en visitant cette étrange maison à l’aura si fascinante… Elle fixa son verre, le thé était délicieux, mais…

-Euh John…? Je peux avoir de l’alcool dans mon thé finalement…?



Elle était perturbée de toute évidence, et pas que par moi. Elle me posait tout un tas de questions en vrac.

“Je sais amour, tout ça existe oui, j’ai passé ma soirée à te l’expliquer et tu m’as pris pour un charlatan”

Et là elle posait la question à laquelle je ne voulais pas répondre, mais sans que je sache pour quelle raison j’avais la sensation que jamais je ne pourrais rien cacher à cette femme. Et pourtant j’avais plus l’habitude de mentir, de trahir et de garder mes secrets.

“C’est pas une histoire très drôle tu sais, mais puisque tu veux l’entendre soit. Mon pote Chas et moi on a entendu parler d’une secte sataniste qui avait enlevé une gamine. On a décidé d’y aller et on a constaté qu’ils utilisaient la gosse pour faire passer un démon dans notre dimension. J’avais beaucoup lu à ce sujet, mais c’était plus pour me forger un personnage de rebelle qu’autre chose. Enfin j’ai invoqué un démon, maintenant que je savais que ça existait vraiment c’était plus simple. Mais je savais pas ce que je foutais et j’ai appelé un roi infernal, il a tué la gamine et a emporté son âme avec lui en Enfer. Elle s’appelait Astra. J’ai cru que j’étais fou, je me suis même fait interner, c’était plus facile de penser ça que de gérer la douleur de la merde que j’avais foutu.”

Je m’allumais une clope et je vidais mon whisky, j’allais dans un placard et je récupérais une bouteille de limoncello pour agrémenter un peu son thé froid au citron.

Elle eut un sourire tendre à la remarque de Constantine, à croire qu’il lui fait déjà pleinement confiance, alors qu’il s’était rencontré seulement ce soir… Puis, elle se fit la réflexion que cela était en vérité plutôt réciproque, puisqu’elle était chez lui, et lui avait laissé poser ses mains sur des zones qui étaient normalement réservées qu’à un seul homme… 

Il lui parlait d’un lien entre eux, une connexion étrange, comme si l’un et l’autre ne pouvait à présent plus rester loin de l’autre sans se sentir vide, manquant, incomplet… Le ressentait-elle aussi ? Hum… Non… Enfin… Pas vraiment… Si ? Un peu…? Elle n’en savait rien, Zatanna était nulle en sentiments et en émotions. Enfin, en amitié, elle était super douée, la plus douée peut-être dans sa catégorie. Mais l’amour ? Enfin l’amour, les relations amoureuses, ce qui allait au-delà du flirt, elle le ruinait toujours… Et puis, il y avait Bruce… C’était tellement compliqué… Ce n’était peut-être pas le moment de penser à ça. Non, ce n’était définitivement pas le moment de penser à ça.

Elle leva les yeux aux ciels et croisa les bras en entendant la remarque de John sur le fait qu’elle rougissait de lui tenir la main. Elle lui lança un regard légèrement courroucé, heureusement pour lui, il s’excusa. 

-Oui, c’était avant que je me fasse agresser par un démon et que j’ai à écraser un prêtre satanique avec mon scooter…

Il lui reprit la main, en lui expliquant le programme de la soirée. Elle reprit une gorgée de son cocktail très citronné, puis lui fit un signe de tête, elle ne voyait pas trop d’autres choses qu’ils auraient pu faire dans le contexte… Elle se leva donc, toujours sa main dans celle de Constantine, et lui dit doucement, avec un grand sourire:

-Très bien John, fais-moi visiter ton adorable demeure!


J’avais été un peu abrupt, c’était de l’humour mais j’avais mal dosé. J’allais me rattraper, je ne savais pas pourquoi c’était la première personne que je ne voulais surtout pas froisser. Quand j’y réfléchissais ça me faisait un peu peur, des années que je rejetais toute forme d’attachement en me comportant comme un connard. Et là en un regard je me sentais lié à elle comme à personne avant elle. Merde, ressaisis-toi Johnny, c’est qu’une gonzesse, t’as juste envie de baiser. Mais j’avais beau essayer de me convaincre je savais bien au fond de moi que je me mentais à moi-même.

“Je te l’ai déjà dit mais bienvenue à la Maison des Mystères, nous sommes actuellement dans une autre dimension propre à la maison, un endroit où personne ne peut venir sans mon autorisation. C’est de la magie très ancienne, mais en gros, nombre de pièces et taille des pièces illimitées selon ma convenance. Elle peut me fournir tout ce que je souhaite tant que c’est pas dénombrable, les billets elle peut pas à cause des numéros de série unique sur chacun d’entre eux, mais les pièces…”

Joignant le geste à la parole j’ouvrais un tiroir vide, je le refermais et je pensais à des pièces de monnaie avant de le rouvrir rempli d’argent.

“C’est pas un tour de passe-passe, mais maintenant tu commences à me croire. La maison a vraiment créé de la monnaie, ça marche pour un paquet de trucs comme ça. Je vais te laisser essayer si tu veux mais je doute que ça marche du premier coup, j’ai mis au moins un mois avant de comprendre le principe. Il suffit de penser fort et de façon très précise à ce que tu veux, puis d’ouvrir une porte de placard, un tiroir, n’importe. Et si tu as assez bien formulé ta pensée bah tu auras ce que tu veux à l’intérieur. Et ne t’en fais pas pour la bouffe genre, le tiroir est systématiquement nettoyé quand tu le refermes”

Elle ne voyait pas trop en quoi la chose avait été difficile… Il lui avait suffit de penser à la chose avec précision… Peut-être que c’était juste qu’elle avait l’avantage d’avoir une imagination fertile et débordante…? 
Était-ce de la jalousie que la jeune prestidigitatrice se surprit à reconnaître dans le fond des yeux bleu marine de l’anglais? Elle ne put s’empêcher de sourire avec un peu de malice, elle était persuadée qu’il arriverait bien vite au même résultat qu’elle avait un peu d'entraînement, rien de bien insurmontable. Elle se laissa tranquillement tirer par la main, et alors qu’ils montaient les escaliers en colimaçon, elle cala le canard dans son bustier avant de lui caresser la tête avec un petit sourire innocent. Elle avait hâte de pouvoir exposer fièrement sa création sur le guidon de sa vespa… 
Elle ne réagit pas à la remarque un peu piquante de Constantine, et lorsqu’il lui présenta la porte de la chambre, elle demanda:

-Donc.... Je suis censée imaginer quelque chose et ouvrir la porte…?

Lorsqu’elle eut son accord, elle posa la main sur la poignée de la porte en fermant les yeux, se concentrant très activement sur l’idée précise et nette de ce qu’elle voulait. Lorsqu’elle ouvrit la porte, derrière celle-ci, une salle entière remplie de centaines de canards en plastique John Constantine. Elle éclata de rire et referma la porte en le rassurant immédiatement:

-Je plaisante, je plaisante, ne prends pas la mouche!

Elle prit une grande inspiration, imagina quelque chose de plus sérieux, sa chambre idéale.

Lorsqu’elle ouvrit la porte, une grande chambre apparut derrière celle-ci. Dans le fond, un grand lit à baldaquin en chêne noir gravé, avec de la literie de satin d’un violet profond. De belles et grandes commodes style XVIIIème siècle, une cheminée en marbre noir, un paravent italien en bois vernis, et près de la cheminée, un canapée en velour et une table basse. Le sol était en plancher, et une tapisserie rouge recouvrait les murs. Elle examina les mieux et dit d'un ton air d’experte en décoration intérieur:

-Mmmmh… Moui, ça me parait pas mal… Qu’en penses-tu?

_____

Nous montions à l’étage, je ruminais un peu de sa superbe réussite mais bon, après tout elle était clairement plus ancrée dans la magie que je ne l’étais moi même. Xanadu m’avait parlé des Homo Magi, une race humaine magique bien plus puissante que de vulgaires Homo Sapiens comme moi, peut être était elle de ceux-ci. Ça expliquerait aussi sa beauté, parce que putain elle était la plus belle chose sur laquelle j’ai jamais posé les yeux.
Elle fourra le canard en plastique à mon effigie entre ses seins, attends, c’était un message ? Elle avait l’air clairement motivée avant l’attaque, peut être qu’elle voulait toujours qu’on s’éclate. Du calme John, tu t’es engagé à être sage, tu dois tenir tes engagements. Arrête un peu de tout prendre pour un signal de baise. Elle avait les mains prises voilà tout.

Nous arrivions devant la porte, et elle me demandait le fonctionnement, mais puisque c’était effectivement la même chose qu’avec les placards j’opinais simplement du chef. Elle allait ouvrir la porte et je m’attendais à quelque chose de grandiose…

“Encore ces putains de canards, tu fais une fixation ma parole. Je sais pas si c’est moi ou les canards qui t’obsèdent mais au moins dans un des deux cas tu as un souci”

Mais elle me rassura en disant qu’elle déconnait, ça ne changeait rien au fait qu’elle avait des kinks étranges. Finalement elle apprêta la chambre avec plus de sérieux, et j’étais encore plus frustré. Elle avait réussi du premier coup à se faire une chambre d’une classe que je n’avais jamais atteinte. En même temps je me contentais d’un clic-clac et d’un pack de bières, les grands jours j'accompagnais mon sommeil d’un sandwich BLT triangulaire. Mais cette fille, c’était une princesse, elle en avait bavé ça se sentait, mais elle avait été choyée et elle le méritait. Clairement chaque fibre de mon corps avait envie de la dorloter et de prendre soin d’elle. Et quand on voit ce qu’elle avait fait de la chambre c’est qu’elle en avait envie elle aussi.

“C’est splendide amour, j’aurais pas réussi à faire mieux honnêtement. Ça m’emmerde un peu pour dire vrai. Bon comme promis on va discuter.”

Je la prenais encore par la main pour la faire asseoir sur le canapé qu’elle venait de créer. Il était confortable, bien plus que mon propre lit, ce qui rajoutait à ma rancœur. Mais impossible de lui en vouloir, elle n’y était pour rien.

“Bien, ma beauté, raconte-moi tout, et cette fois n’omet rien, si tu veux que je t’aide je dois savoir par où commencer.”

Je passais ma main contre son visage pour plonger mes yeux dans les siens, le regard est le miroir de l’âme après tout, et c’était ce que j’avais de mieux à offrir.

A sa grande surprise, John l'enlaça tendrement. Ce n’était pas désagréable, mais elle ne l’avait pas vraiment vu venir. Beaucoup avait changé dans son comportement depuis ses premières phrases de drague… C’était… Déconcertant… Elle le serra un peu plus contre elle, trouvant son geste et sa présence agréablement rassurante. Puisqu’ils étaient bien partis pour discuter là un moment, d’un geste innatentif, la jeune femme retira ses bottines à talons noir pour pouvoir se poser plus confortablement sur le canapé, la tête confortablement calé dans sa main… Elle prit un air surpris à la réponse de John et lui répondit avec un immense étonnement:

-Un magicien, tu veux dire… Un vrai magicien? Comme toi…? Euh… Oh. Ça… Ça va énormément compliquer mes recherches… 

Un peu désespérée par cette annonce, elle souffla longuement et ferma les yeux pour essayer de se détendre. Ce n’était pas si grave, John lui avait assuré qu’il l’aiderait dans ses recherches, tout n’était pas si noir…

Il n’avait pas l’air très dérangé à l’idée de raconter son histoire, mais lui avait assuré qu’elle n’était pas particulièrement belle à entendre. La jeune femme lui fit un petit signe de tête affirmatif pour lui montrer qu’elle savait dans quoi elle s’engager. Elle voulait devenir ami avec cet homme. Enfin… Peut-être même plus, mais au moins ami, et pour ça, elle devait comprendre comment il en était arrivé, là, comment leurs chemins avaient été amenés à se croiser.

Malgré la tristesse de l’histoire, Zatanna ne put s’empêcher d’afficher un petit sourire amusé en entendant l’horrible nom du groupe de musique de John. Mais effectivement, à côté du passif de John, celui de Zatanna ressemblait à un roman à l’eau de rose pour adolescente… Elle lança un regard compatissant à John, elle ne doutait aucunement de sa bonne foi, elle voyait dans ses yeux que c’était un homme bien. Elle sourit doucement et lui demanda, un peu curieuse, histoire d’alléger un peu le ton de la conversation:

-Et donc, tu as apprit la magie en autodidacte? 

______________


Elle avait été surprise que son père soit vraiment magicien, maintenant que le moment révélations intimes était un peu passé je pouvais me montrer plus détaillé.

“Tu sais amour, tu es toi aussi une vraie magicienne, parce que ton père en était un en effet. Je déconnais pas quand je disais que t’avais un sacré potentiel magique. J’ai commencé seul, avec des bouquins, puis j’ai merdé et j’ai rencontré des mages plus puissants et meilleurs que moi qui m’ont montré deux trois trucs. Je comprends pas vraiment pourquoi mais ils considèrent tous que je suis un peu spécial, je peux faire de la magie mais sans sang magique. Mais revenons à ta magie, attends bouge pas.”

Je passais ma main dans son dos sous son chemisier, et sous son soutien-gorge. Je faisais ça tendrement et doucement, pour lui laisser le temps de réagir si le contact la gênait.

“Ça marche mieux peau contre peau, et puisque c’est ta première fois autant faire ça bien non ?”

Je commençais à doucement passer ma magie en elle, progressivement pour ne pas la brusquer, une vague de douce chaleur envahissait ma main et pénétrait progressivement dans son corps. Le contraste avec la fraicheur de sa peau me troublait un peu, surtout qu’elle était d’une douceur inégalée, j’appréciais ce contact, pourtant anodin à première vue, je la désirais ardemment peut-être était-ce pour ça. Reprends-toi John, tu as lui promis de ne plus rien tenter aujourd’hui et tu vas t’y tenir. Je ne savais pas pourquoi ça m’angoissait tant que ça, d’ordinaire je n’avais aucun problème à rompre mes promesses, j’étais assez connu pour ça dans le milieu d’ailleurs. Enfin retournons à celle qui emplit mes pensées.

“Tu sens, ça ? C’est ça la magie, concentre-toi dessus et tente de faire bouger un objet. Tu dois le formuler, comme tu veux, le sens des mots importe peu, moi je le fais en latin ou en hébreux parce que j’ai l’habitude avec les exorcismes, mais toi tu fais comme tu veux.”

Donc, elle n’était pas comme les autres… La pilule avait un peu de mal à passer pour le coup… C’était… C’était vraiment difficile de se dire que toute sa vie était plus ou moins un gros mensonge… Zatanna resta là, pensive, à se demander pourquoi son père avait-il bien pu lui cacher quelque chose d’aussi énorme... ? Pour la protéger peut-être… Ce n’était pas totalement impossible… Et sa disparition…? Enfin, peut-être que ça aussi, c’était pour la protéger…? Si c’était le cas, c’était raté. Sans John, elle aurait fini embrochée sur les griffes d’un démon. Cela dit, sans John, elle n’aurait probablement pas croisé le démon… Oui mais quand même, ça n’enlevait rien au fait que John lui avait sauvé la vie… Elle avait beau sur-penser énormément, il restait toujours une part de l’esprit de Zat qui ne se concentrait que sur une seule chose, cette main brûlante dans son dos… elle n’avait pas envie qu’il la retire maintenant qu’elle avait réussit son tour de magie. Elle aurait peut-être dû rater la chose sciemment pour s’assurer du maintien de ce contact, mais Zatanna n’aimait pas agir avec des arrière-pensées… Heureusement, il ne la retira pas, probablement qu’il voulait continuer à l'entraîner à la magie… Mais Zatanna, dans l’instant, pensait à beaucoup de choses qu’elle pourrait faire avec John, à tout, sauf à de la magie...  Elle sourit doucement à la remarque de l’Anglais et lui répondit tranquillement:

-Il n’y avait pas beaucoup de petits objets disponibles, excuse-moi… 

Elle sortit de sa manche une guirlande de foulards multicolores qu’elle utilisait pour ses tour, et se rapprocha un peu plus de John pour nettoyer un peu le whisky qu’elle avait renversé. Et même lorsqu’il n’y avait plus rien à nettoyer, elle continua, trop concentrée sur les muscles saillants de John pour s’en rendre compte. Lorsqu’enfin, elle accepta l’attirance qui l’obnubilait dans l’instant, elle leva les yeux lentement jusqu’à croiser ceux de John. elle resta la quelques instant, avant de se jeter sur lui pour l’embrasser avec fougue.

Elle s’excusait, mais ce n’était pas tant un reproche qu’un invitation que je venais de lui faire, mais j’avais promis de ne rien tenter, pourtant j’en mourais d’envie, elle était là si belle, j’avais l’impression qu’elle me dévorait des yeux, et pourtant je ne voulais pas trahir une promesse faite à elle. C’était une première, depuis quand est-ce que je me souciais de mes engagements ? Reprends-toi John, reste pro, elle mérite mieux que toi.

Ce fut immédiatement bien plus dur de résister quand elle sortit de sa manche une ribambelle de foulards pour venir éponger le whisky qu’elle avait renversé sur moi. Ce nouveau contact sur mon corps m’enchantait, à un point que je saurais décrire. Ses doigts fins se promenaient sur ma poitrine bien plus longtemps que ce n’était nécessaire, le whisky avait disparu depuis un bon moment maintenant. À quoi tu joues gamine ? Tu me testes ? Tu ferais mieux d’arrêter, je vais avoir du mal à tenir mes engagements là. Je ne rêvais que de son corps contre le mien à ce moment précis, et je devais faire appel à toute ma concentration pour ne pas me ruer sur elle pour l’embrasser.

Mais pour mon plus grand bonheur ce fut elle qui fit le premier pas, elle plongea son regard azur dans le mien et je pus y lire un intense désir avant qu’elle se jette sur mes lèvres de tout le feu de son envie. Je plaçais ma deuxième main au creux de ses reins et je prolongeais le baiser. Ce contact charnel était à la fois doux et passionné, j’avais l’impression d’embrasser pour la première fois, et pourtant c’était très loin d’être le cas. Tous mes sens étaient en émoi, son odeur, la douceur de ses lèvres, jusqu’au goût sucré de son gloss, tout chez elle aspirait à être découvert. Quand nous rompîmes ce baiser après quelques minutes je ne pus m’empêcher de faire une note d’humour.

“Tu devrais renverser du whisky sur moi plus souvent, tu es toute pardonnée.”