Une mission de routine

Une mission de routine. Voilà ce que ça devait être, à la base.

Boris Martin. Un petit dealer avait été repéré par la brigade des narcotiques. De lourds soupçons pesaient sur lui, et on avait sans doute bon espoir de pouvoir le suivre, l'étudier, le ficher. Peut être en faire un indic ou un infiltré ? En tout cas il était peut être la clef pour atteindre quelque chose de plus grand ?

Mia ignorait bien évidemment les tenants et aboutissants. Ca n'était pas son enquête. Elle savait juste qu'on devait l'appréhender et l'arrêter dans l'urgence, le ramener au central, et le remettre bien au chaud aux narcos. Si l'occasion se présentait, il fallait récupérer la marchandise du gamin. C'était pour ça qu'elle avait décidé de prendre son propre chien, un labrador, Paria. Elle avait entièrement confiance en ses capacités et elle l'avait formé elle même.
On les avait mis avec une autre officier, une agent que Mia avait rencontré à l'école et au côtoyé au central, mais qu'elle avait vite perdu de vu depuis quelques mois. C'était un peu le bon côté de cette mission, ça serait l'occasion pour elles de retravailler en binôme.

Pour cette opération, elles répondaient aux ordres du lieutenant Flass. Un gars qu'elle avait seulement croisé quelques fois au central, lors de ses distributions de café. Il lui semblait droit dans ses pompes, et il avait de la bouteille. Elle espérait qu'il pourrait leur filer quelques conseils.


Enfin, le contexte était posé. Les deux jeunes femmes, et le chien, s'étaient rapidement rendus dans les Narrows en voiture. Une zone de non droit où il y avait presque deux fois plus de prostitués que de policiers. Et il valait mieux oublier les chiffres de la délinquances, c'était parmi les plus haut du pays. Elle s'était équipée en conséquence, conservant une tenue civile pratique, pour ne pas trop attirer l'attention, et lui avait même adjoint kevlar discret en dessous. Cooper vivait ici depuis quelques temps, elle connaissait une partie des petites frappes, ce qui pourrait être un avantage si elles avaient besoins d'informations.

Ce fameux Martin avait un appartement sur la trente troisième. Mia était à l'arrière, jouant avec Paria, laissant le volant à l'officier Volgin. "Prête Camarade ?" lui lançait t-elle avec douceur, levant les yeux vers elle avec un sourire.
Elles approchaient de l'adresse du suspect, et Mia lui désignait une ruelle. "On devrait se garer la pour pas attirer l'attention."

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Une mission de routine

Une fois à pied, le trajet se faisait méthodiquement et en silence. Il ne fallait pas trainer. Les petits drogués ne faisaient pas peur à Mia, mais deux fliquettes égarées pouvait attirer des poissons plus gros et bien moins tendres.

"Je préfère les esc-" commençait Mia en réponse à Volgin mais cette dernière était déjà partie, à une allure si vive qu'elle devait déjà être au premier. La rouquine riait légèrement puis montait dans la cage d'ascenseur avec Paria.
La petite Volgin était dix fois plus qualifiée qu'elle sur le terrain, et semblait oser prendre des décisions, songeait la Sergente, et pourtant c'était à elle de commander. Elle avait encore du mal à se faire à son nouveau grade.

Alors qu'elle sortait sur un "ding", elle pouvait déjà voir Volgin plus loin dans le couloir. Un couloir sombre, qui avait l'air insalubre. Le bâtiment avait l'air squatté, mais d'un autre côté c'était les Narrows. Si l'on se mettait dans les critères du coin cela devenait tout de suite moins choquant. Mia emboitait le pas à l'officier, tenant Paria par le collier pour lui signifier de rester silencieux.

"On entre pas, on frappe. C'est le protocole. Si vraiment on a le moindre soupçons que ça déconne, vous entrez et je -" chuchotait-elle avant de s'interrompre. Elle tournait son attention vers les escaliers : quelqu'un montait derrière eux. Elles avaient été suivies ? Déjà ?
La Sergente prenait son arme de service et patientait en faisant signe à sa camarade de ne pas entrer.
Mais aucun criminel ni camé ne faisait son entrée, mais bien un type à l'apparence négligée, lui aussi armé.
Il ne semblait cependant pas menaçant, alors Mia ne levait pas son arme et le laissait gagner leur hauteur.
"Sergente Cooper. Officier Volgin." présentait-elle brièvement, baissant le ton et affichant un sourire chaleureux. Elle ne voulait pas parler plus, ça n'était pas le moment.
"S'il n'ouvre pas. L'officier Volgin va passer devant, puis moi. Restez à l'arrière." disait-elle en étudiant la tenue de Flass, constatant l'absence de gilet par balle.

Mia retournait sur ses pas pour regagner la porte, en sortant le mandat d'arrêt qu'on lui avait remis, et frappait doucement à celle-ci. Puis un peu plus fortement devant le silence.
"Police. Monsieur Martin. Ouvrez." annonçait t-elle, avant de coller son oreille à la porte, attentive au moindre bruit de panique à l'intérieur. Mais rien, toujours rien.

Elle pesait rapidement ses options. Crocheter la porte n'était plus vraiment possible avec un supérieur sur place, la défoncer encore moins. Mais prise d'un doute, elle posait soudainement la main sur la poignée pour la tourner. La porte s'ouvrait, signe que quelque chose clochait.
Mia fronçait le nez et perdait son sourire, elle faisait signe à Volgin d'avançer alors qu'elle lui ouvrait la porte. Elle suivrait avec Paria, de près.

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Une mission de routine

Mia suivait Volgin, Paria tout proche d'elle. Elle était elle aussi frappée par la claque olfactive qui imprégnait les lieux. Peut être même plus avec son nez sensible. Elle poussait une soupire et prenait une grande inspiration. On avait pas le temps de faire les fines bouches, la zone n'était pas sécurisée L'endroit était infâme, un véritable squatte abandonné à la pire négligence. Cooper n'était pas maniaque, vivant avec des chiens, mais la elle même avait une certaine difficulté à pouvoir réaliser la misère que cela devait être de vivre ici. Et ça ne datait pas de deux trois jours.
Néanmoins, même si l'odeur était intenable, Mia la supportait. Non pas qu'elle l'aimait, mais elle lui faisait comprendre à quel point elle était vivante. Elle en tout cas.

Elena s'en sortait bien, mais la puanteur nauséabonde finissait par avoir raison d'elle. Mia se repliait aussi dans la pièce principale, puis approchait de Volgin pour lui tapoter l'épaule alors qu'elle s'adressait au Lieutenant. Elle lui souriait en lui tendant un chiffon, dans laquelle elle avait déposé un peu d'ammoniaque : "Mettez ça sur votre nez. L'odeur n'est pas agréable, mais elle couvrira l'autre..."
Puis elle attrapait sa radio pendant que le lieutenant opérait une rapide autopsie de terrain. La radio ne semblait pas marcher du premier coup, crachant à plusieurs reprises de la neige ou bipant de façon anormale.
"Putain de-" commençait la Sergente avant d'être coupée par un "Central. Déclinez votre transmission"."Ici la voiture 34. Sergent Cooper. On a un cadavre. Le lieutenant Flass demande des renforts pour bouclier la zone" disait-elle en s'éloignant vers la porte, le temps de donner l'adresse complète et un bref rapport de situation.

Elle revenait quelques minutes plus tard, le chien avec elle. Elle prenait le temps de lancer à Flass : "Vous voulez lui faire renifler quoi pour qu'il suivre la piste ? Parce que la... sans rien de précis, ça va être difficile de lui faire comprendre de suivre autre chose que l'odeur du corps. Ca embaume.". Elle terminait sa phrase sur un haut le coeur. Bon d'accord, même elle avait ses limites. En attendant les directives, elle commençait à fouiller les pièces avec plus d'attentions. Si l'overdose était provoquée, elle devait pouvoir trouver des aiguilles, ou quelque chose. Et peut être avaient ils laissés de la drogue aussi.
Elle faisait les cachettes habituelles, tapotant certains endroits pour que Paria vienne renifler alors qu'elle restait attentive à ses réactions.
Rien dans la cuvette des toilettes, rien aux aérations. La cuisine tirait un aboiement au labrador, mais Mia virait au vert rien qu'à l'idée de rester dans cette antre de la moisissure et des champignons.
"Va falloir se doucher à l'alcool en rentrant, c'pas possible..."

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