Armés jusqu’aux dents, la petite milice déguisée en clown roulait à travers les rues de Gotham dans de vieilles voitures américaines. Trois voitures, contenant chacune d’elle trois personnes armées filait sans faire de grabuge. Seuls leurs masques ridicules, entre dalmatiens et sorcières pouvaient intriguer ceux qu’ils croisaient. Ils se dirigeaient en convoi vers les docks. Sous la pluie battante, Johnny, référent de ce groupuscule plissait les yeux pour voir sa route. Les phares du véhicule peinaient à lui montrer le chemin et, plus ils avançaient, plus ce dernier se montrait difficilement praticable. Néanmoins, tout le monde était calme dans le véhicule et semblait serein. Johnny grogna lorsque son jeune coéquipier lancé à vive allure dans un autre véhicule le doubla sans aucune précaution faisant vibrer le vieux pick-up rouge.

« Karl putain ! T’as pas compris quoi dans on évite de se faire remarquer ? On en a déjà parlé avant de partir avec la chef, on fait pas les cons et on reste sur ses gardes parce que... » « Blablabla Johnny ! Amuse-toi un peu ! Ahaha. Duela nous a dit que c’était une mission facile, qu’on allait y arriver les doigts dans le cul et... » « Ouais enfin elle a surtout dit que fallait qu’on fasse super gaffe parce que justement, c’était TROP facile. On est pas à l’abri que les flics soient là et surtout que le gang pour qui sont ses mitrailleuses soit pas déjà au courant que leur colis est arrivé en avance. »

Les yeux plissés sur le tableau de bord, Johnny fixe son bout de papier pour indiquer où allait se trouver la cargaison que lui et ses camarades allaient voler. Le plan était simple, un gang coréen de Gotham, les White Dragons devaient se faire livrer une cargaison d’armes dans le but d’aller braquer quelques banques et fracasser les civils des quartiers qu’ils gèrent afin de prendre de l’ampleur. Ce gang, même s’il était plutôt petit était relativement puissant et pourrait menacer d’ici quelques mois les affaires de celui pour qui Duela Dent travaillait : Benny Smiles, mafieux comme en fait plus depuis les sixties. La fille du Joker avait alors envoyé une ristourne au revendeur en se faisant passer par un haut placé des White Dragons pour que la cargaison arrive un jour avant la date initiale. Ainsi, le groupe de Duela allait chopper les armes avant les Dragons et leur faire un gros doigt d’honneur dans la face en les privant de leurs joujoux. Avec toutes ces petites surprises, le gang de la fille du Joker allait largement pouvoir attaquer de plus gros bonnets comme les Falcone ou envisager de casser un peu de glaçons sur le dos du Pingouin.

Le seul hic, c’est que ça avait un peu trop bien fonctionné. Alors tout le monde avait été préparé pour pouvoir répliqué en cas d’attaque ou de descente de flics. Johnny, ancien haut placé d’une mafia maintenant disparu avait invité à la patronne de ne pas se pointer. Les choses devaient être supervisé dans un endroit sûr : le QG. Puis, si tout se passait bien, la mission n’allait durer que trente minutes. La jeune femme était donc restée avec le reste du groupe dans la vieille bâtisse qui leur servait de cachette tout au Nord de Gotham.

Biensûr, elle l’avait un peu en travers de devoir rester là, mais c’était pour le bien de la mission. En tant que patronne de cette bande de cinglés, elle allait devoir se responsabiliser et gérer leurs conneries. Ainsi soit la vie.

Allongée sur un grand canapé, Duela Dent grignotait des céréales multicolores en pyjama. Elle arborait un très joli chemisier rose motif 101 Dalmatiens, un short du même motif mais n’avait toujours pas retirer ses énormes chaussures semblables à des rangers. Son bol de céréales trônait sur le ventre d’un de ses sbires, étalé sur le sol en train de dormir avec un AK-47 dans les bras tandis qu’un autre servait de repose-jambe pour la jeune femme, assis à côté d’elle visiblement passionné par le reportage sur les aliens qui passait à la télévision. Duela avait dans ses poches son téléphone, qu’elle dégaina pendant la pause pub pour rapidement saisir le numéro de Johnny, son bras droit :

« Alors alors mon amour, vous en êtes où ? » S’exclama t-elle avec tendresse. « Eh bien écoute, on se gare, enfin dans le ‘on’ je n’inclue pas ce connard de Karl que j’ai envie de caillasser. » Répond le biker aux longues moustaches. Duela éclate de rire et ajoute : « Aha, faites attentions mes chéris. Qu’un Batman ou un Robin ne vous tombe pas dessus ! Et si papa déboule, oh, passez le moi avant qu’il ne vous prenne pour des gens du voyage. » Johnny soupire. Il détestait le Joker, que sa patronne se soit alliée avec Smiles fût pour lui une libération, il l’avait beaucoup plus dans son estime que cet abruti de Joker qui, aux yeux du biker, salissait la réputation des criminels.
Car oui, un criminel ça a des principes et, surtout Johnny.

Une fois les voitures garée, le groupe descend et se faufile jusqu’aux caisses. Celle-ci sont entreposées dans un petit hangar qui prennent un peu l’eau. Karl, aventurier n’hésite pas à foncer tête baisser jusqu’au lieu de stockage et brailler lorsqu’il trouve la cargaison. Karl avait de grandes similitudes physiques avec le Joker et Chaplin. Grand, très mince, euphorique, les cheveux bouclés rasés sur les côté. Il était toujours habillé comme un dandy des temps modernes et portait une petite moustache. C’était un garçon adorable si on retirait le fait qu’il était totalement insensible à la douleur et qu’il fût donc utilisé par ses parents tyranniques comme jouet pour des chiens de combats. Bref, Karl était un peu épuisé dans sa tête. Jusqu’à ce qu’il rencontra Duela pour laquelle il tomba violemment amoureux. Depuis, il espérait tout faire pour la conquérir au plus grand désarroi de Johnny qui le voyait comme un sombre idiot.

« Hé hé hay ! Johnny appelle ma princesse pour lui dire qu’on a ses bimboom panpan ! » Karl explose de rire. Le biker déboule et fait signe aux autres de vérifier les parages avant de murmurer à Karl ce qu’il fallait pour l’énerver : « Oh, c’est Monsieur Smiles qui va être content mon petit Karl. »
Ah. Les rumeurs de cochoneries entre Duela et son patron. Ça avait fait le tour du groupe. Karl en avait été fou de rage et Johnny mort de rire. Depuis, il se servait de ça pour taquiner son camarade et Duela avait été tout démenti à Karl pour pas qu’il se foute en l’air. Le duo se lançait des pics, quand soudain, l’une des sbires siffla. Signe que quelque chose cloche. Johnny retint Karl de sortir et jeta un coup d’œil sur l’arme qu’il avait à sa ceinture.

« On sort dans trois, deux….un ! »

Plongés dans le noir, les éclats de lumières de la télévision offre un visuel sur les personnes présentent dans cette pièce. Sur le grand canapé en velours familial, Duela Dent, une criminelle des plus active de Gotham actuellement est étalée sur maintenant deux de ses sbires. Ici, tout le monde vit comme dans un grand dortoir d’enfants, sauf qu’ils sont tous adultes. Lieu du vice, lieu de crime. Chaque personne présente dans cette maison est un déchet de l’humanité. Tous ont eu des enfances affreuses et ont aujourd’hui épousé les profondeurs des enfers pour devenir des démons avec à leur tête, la fille du Joker, de Double-Face, du Pingouin et n’importe quel autre criminel de la ville.
Le gang de la jeune femme n’était pas en majorité composé de vrais tueurs, mais bien de gens perdus qui avaient vécus de sales histoires, comme elle. Il y avait des rescapés du suicide, des fous, des dépressifs, des perdus qui avaient trouvé une nouvelle vision de la vie en s’unissant avec celle qui voulait être l’antéchrist des Robin de Batman.

La télévision arrivait à la fin de la diffusion des programmes tout public, offrant ses plus ridicules images interdites aux moins de seize ans. Duela roula des yeux et fixa sa montre, il était minuit passé, normalement, si tout se passait bien, Karl aurait dût l’appeler pour le confirmer il y a déjà cinq minutes. Il savait à quel point elle était à cheval sur les horaires et rien que sa mine déconfite en témoignait. La jeune femme se redressa, réveillant le jeune adolescent qui se trouvait sous ses jambes. Elle tapota sur son téléphone et le porta à son oreille.

Karl fixait Johnny, puis la jeune femme brune qui avait lancé le signal.
« Je suis sûre d’avoir entendu des pas. » Murmure t-elle. « Il y a quelqu’un qui nous observe. »
« Carmen, dois-je te rappeler que tu es une putain de schizophrène ? Donc oui, tu entends des voix ! Mais là, clairement, y a personne ! » S’exclama Karl en explosant de rire. « Tu as fait flipper le vieux Johnny, Duela nous a dit de prendre soin de lui, pas de le faire claquer d’une crise cardiaque. » Carmen, les yeux plissés, ne soulève pas les remarques de son collègue. Elle fixe Johnny et ce dernier soupire.
« Karl, revient par là. » Le biker attrape le jeune homme par le bras qui tire une mine agacée, au même moment, le téléphone de ce dernier vibre. Avant qu’il ne puisse le porter à son oreille, Carmen le saisit.
« Hmmm. Pas de grandes tirades ? Ce n’est donc pas Karl au téléphone. » Constate Duela, à l’autre bout du fil. « Non c’est moi, je, je pense que quelque chose cloche. » Chuchote la jeune rousse avant de reprendre. « Je suis certaine d’avoir entendu des pas. Karl pense que... » « Tu délires ? Eh bah si tu délires, tu seras juste privée de dessert mon chou ! Ahaha. Mais je préfère ça plutôt qu’on se fasse gauler par les flics. » Duela essaie de mettre tout ses neurones en action, après réflexion elle reprend la parole avec un grand sourire.
« Vous allez faire comme si vous n’avez rien vu, rien entendu. Les autres et moi, on va vous attendre, bien planqués et, s’il faut, on va cueillir les petites fleurs qui vous enquiquine, ok ? Arrêtez-vous avant le QG, la vieille grange trois kilomètres avant la baraque. Je prends le club de golf avec moi. »
Le club de golf ? Une boutade pour parler des meilleurs tireurs présents dans le gang de Duela. L’un d’eux était un ancien militaire devenu complètement dingue après l’Afghanistan. Certes il était fragile, mais il était encore un très bon tireur.
Les trois brigands s’activèrent et firent mine de rien, ils chargèrent rapidement les véhicules et même si Johnny remarqua un type du port inconscient. Il fallait faire comme si de rien était, du moment que les mouches qui tombent n’étaient pas de leur côté. A vrai dire, ça les arrangeaient de ne pas avoir de témoins, cependant, cela confirmait les doutes de Carmen : quelqu’un était là pour les chopper et ça ressemblait à du Batman. Johnny, après s’être positionné au volant du véhicule envoi un message à sa patronne : « Ca sent Batman. » Puis démarre avant de disparaître sur les routes avec ses camarades. Duela rappelle quelques minutes après :

« Tu es vraiment sûr ? » « Ouais, y avait un mec éclaté par terre, mais pas mort. Il avait l’air de respirer. » « Hm. Eh bien, on va faire ce que papa n’a jamais réussi jusque là. » Johnny soupire, mais continue sa route. « On est prêts de notre côté, impossible qu’on nous voit. » Il acquiesce puis raccroche. Le convoi roule jusqu’à la fameuse grange où ils s’arrêtent, Duela, avec cinq autres personnes est perchée dans les hauteurs. Toit, arbres, tout était un bon moyen de la jouer furtif. Elle éclanche son arme et suit du regard chaque personne présente.

Si Batman se présentait, tout le monde avait ordre de tirer, mais ne surtout pas le tuer. Elle souhaitait au moins avoir le temps de se présenter.

Marlon Jäger. Vingt-huit ans, une tonne de petites médailles Made In China accrochées à son t-shirt blanc tâché. Tâche de bière, tâche de ketchup, rien ne va sur cette tenue. Ce type, c’était le visage d’une Amérique fragile et tyrannique. Ce jeune homme avait très tôt rejoint l’armée comme son père et son grand-père avant lui, bref, au Texas il faut être un dur. Les hommes ne pleurent pas, ils trompent leurs femmes et ont des enfants très tôt. Mais surtout, ils apprennent que leur seul ami ici sur Terre c’est ce gros fusil qu’il a entre les mains. Marlon a fait l’Afghanistan un peu plus jeune, il n’a jamais été un grand afficionados de la violence. Il voulait juste que son père le respecte et l’apprécie. Alors il était entré à l’armée et était devenu un fin tireur. As du sniper, Marlon a fait un carnage dans ce lointain pays dont il ne connaissait pas l’existence avant d’y avoir été envoyé. Il a collé des balles dans les crânes d’hommes, de femmes et d’enfants. Pour des raisons qui lui échappe, mais il fallait suivre les ordres, être un bon toutou du pays.
Sauf que le jeune Marlon, quand il est revenu, il a pété un câble. Le père, les frères, tous. Massacrés car il avait des visions ou ces gens l’attaquaient. Il avait fui sa ville pendant des années et a vécu de petits larcins pour survivre. Puis il a rencontré Duela, qui est vite devenue une amie très proche. Elle aussi avait eu une sale histoire avec ses parents et Marlon était le seul du groupe à la connaître. En cas de pétage de câble, elle était la seule qui pourrait survivre même si les autres du groupe étaient sympa avec le jeune homme. A cet instant, Marlon était planqué à plusieurs dizaines de mètres de la grange, il était la sécurité. Duela elle, fixait ses hommes tomber comme des mouches et un batarang fila contre sa joue, lui laissant une entaille assez importante. Elle ne fit aucun bruit et, suivi du regard le jeune homme qui semblait être la proie de ce guet-apens. D’après le costume, c’était un Robin. Lequel ? Aucune idée, Duela n’était pas une professionnelle en termes de héros. Point positif pour la jeune femme, elle connaissait cette grange comme sa poche et savait clairement où se dirigeait le jeune garçon. Dans son talkie-walkie, elle chuchota à Marlon les ordres à suivre :
« Fenêtre arrière dans ta direction, tu devrais voir un type. Tire-lui dessus mais ne le tue pas. » Marlon tremblait comme une feuille mais acquiesça. La fille du Joker, elle, glissa sans un bruit vers le sol. Elle retira ses chaussures pour ne pas faire de bruit et se glissa dans la pénombre. Elle eu un visu très clair sur le jeune homme qui, passa une petite porte. A peine il se glissa dans la seconde pièce qu’un tir lointain résonna. Le corps chavira et Duela attaque directement en plantant un calmant pour cheval dans la jugulaire du jeune Robin. La dernière chose qu’il allait voir, ce serait cette silhouette en pyjama, des cheveux verts et un sourire rouge de quoi lui rappeler de mauvais souvenirs…

Ils avaient deux heures. Deux heures durant lesquelles le calmant ferait effet. Le dosage pouvait le tuer, sauf si on le stimule. Alors la jeune femme fit en sorte de faire remonter son pouls régulièrement. La plaie ouverte qu’il avait à l’épaule n’était pas critique, mais il ne fallait pas qu’il fasse le fou non plus. Il pouvait rapidement perdre beaucoup de sang. Duela avait des idées malsaines et mesquines, juste pour jouer avec le mental de sa jeune victime. Sérieusement, quel âge il avait celui-là ? Seize à tout péter ? Bof, du moment que personne ne savait vraiment l’âge de la jeune femme, jamais on n’irait crier au loup si elle abusait de lui. Mais elle n’était pas comme ça, elle se respectait beaucoup trop pour violer des petits héros en carton-pâte. C’était beaucoup plus drôle de lui faire peur.

Alors elle s’était pressée à mettre en place son scénario avec brio. Quand le jeune Robin allait se réveiller, il allait pouvoir découvrir la chambre miteuse dans laquelle il était. Duela s’était infiltrée avec une poignée de ses hommes et le Robin dans les vapes dans un vieil hôtel des Narrows avec vue sur les docks. Bref, la classe à son état pur. La moquette bordeaux rappelait les années 80 et les meubles criaient les 70’s. Cependant, le type de l’accueil n’avait rien capté quand une fausse blonde et son conjoint en fauteuil roulant, se bavant dessus et leurs gardes du corps s’étaient présentés à minuit passé pour prendre une chambre. D’autant plus quand il y avait un petit billet supplémentaire dans l’addition. Ils avaient déposé le jeune homme sur le lit et avait pris soin de le déshabiller pour lui laisser le minimum syndical. Duela avait défait le lit, éparpiller ses vêtements et les siens, défait ses cheveux et enfilé sa plus jolie nuisette blanche. Des traces de rouge à lèvres tâchaient la peau du jeune homme. Sur les joues, le cou et le torse. Duela aurait pu faire du cinéma car la mise en scène était parfaite. Elle avait collé un pansement sur son épaule mais la plaie n’était pas soignée et pourrait s’infecter aisément.

La lumière posée sur le guéridon clignotait de temps en temps, illuminait un faux couple, une jeune femme aux cheveux verts dont la frange trop longue l’empêchait d’allumer sa cigarette avec brio. Etalée sur le lit, lovée contre le Robin, Duela observa le jeune homme se réveiller et reprendre peu à peu conscience. Elle afficha un large sourire et se posa à califourchon sur lui. Il était attaché au lit des poignets aux chevilles.
« Oh, regardez un petit oiseau qui sort du nid. » Chuchota-t-elle avec un grand sourire. « Nos pères seraient tellement contents de voir qu’on a réussi à réconcilier les deux côtés, j’espère qu’ils arriveront à se serrer la main quand on les invitera au diner du dimanche. » Elle gloussa et s’étira longuement avant de se lever.
« Tu veux un petit déjeuner, chéri ? On a tellement de choses à se dire toi et moi, un petit remontant te ferait du bien. Tu ne penses pas ? »
Elle, elle se délectera simplement des inquiétudes et de l’effroi du petit Robin.

Spoiler:

Duela mord ses lèvres avec une certaine sensualité. Son corps mi-enfant, mi-femme ne contraste pas tellement avec l’âge du jeune Robin, personne ne pourrait l’attaquer pour détournement de mineur et pourtant, c’était bien le cas si ça s’était passé. A quoi bon abuser d’une personne ? Pour elle, le sexe était juste un moyen d’obtenir la confiance des hommes trop facilement. Elle savait pertinemment que le jeune homme ici présent ne se ferait pas avoir aussi facilement. Lui, il pouvait lui casser les pieds. Mais là, il s’était offert à elle comme sur un plateau d’argent et, il allait passer l’une de ses pires soirées. Si Duela avait encore un semblant de lucidité, il servait uniquement au pire. Ce soir-là, la fille du Joker avait envie d’horreur, de dégueulasse, de traumatisme. Allons, que croyait ce petit oiseau ? Il pense vraiment récupérer cette ville de sa chute dans les ombres ? Ahaha. Duela allait lui montrer qu’ici, dans les tréfonds de Gotham, il n’y a rien d’autre que le désespoir et la mort. Peut-être qu’il allait ouvrir les yeux, retirer ce filtre arc-en-ciel et voir le vrai visage des gens ici. Une tarte au petit goût d’apocalypse, un remake de la rencontre de leurs deux pères, une petite vision de ce à quoi ressemble un psychopathe.

Les remarques du Robin n’atteignent pas Duela, elle n’est pas assez stupide pour s’énerver pour si peu, elle se contente de sourire.

« Oh, moi je vais m’en rappeler. Papa sera tellement fier de moi quand je vais lui dire que j’ai partagé le lit avec un poussin à Batman. » Elle rigole de façon sinistre. « Ne t’inquiète pas, les premières fois marquent plus souvent les femmes que les hommes, tu penseras à mon doux visage quand tu feras des galipettes avec ta petite copine. »
Le jeune homme fini par rediriger l’attention de la criminelle sur son histoire de petit-déjeuner. Ah, grossière erreur pour le joueur gothamite, car Duela était une reine dans la mise en scène et les scénarios, ce n’était pas de la camelote qu’elle lui avait prévu.
« Oh, mais mon poussin ne t’inquiète pas ! Je t’ai concocté un bon petit déjeuner. Je suis une excellente cuisinière et, je peux très bien te donner la béquetée ! »
La jeune femme file, toque à la porte deux fois et directement l’un de ses sbires en tenue d’hôtelier lui ouvre. A ses pieds, une marre de sang tâche la vieille moquette. Son costume à lui, laisse voir de multiples coups de couteau qui ne lui ont pas été affligés à lui, mais bien à l’ancien propriétaire de la tenue.
Duela prend le plateau et le pose sur les genoux du jeune homme avec un grand sourire.

« Ta-da ! » S’exclame-t-elle. Elle touille le contenu d’un bol dont le liquide, certainement du lait froid, semble s’être teinté de rouge. Elle caresse les cheveux du jeune Robin tout en approchant une cuillère de ses lèvres. « Une bouchée pour maman… » Plus la cuillère s’approchait, plus le jeune homme pourrait remarquer que celle-ci est faite de morceaux de viande crues, brièvement coupés. « C’est de la viande locale, bio, élevée aux cordons-bleus et petit-pois ! » Murmure Duela en gloussant. Dans ce bol, il y avait des entrailles humaines. Fraîchement découpées sur le maître d’hôtel que la jeune femme avait saigné en arrivant ici, il avait reconnu la jeune femme et se pressait pour appeler la police. Malheureusement pour lui, il fallait que Duela le remarque et, comme on ne gâche pas de la bonne viande, il avait fini en bouillon cru.

« Tu me crois assez stupide pour que je te libère ? Allons mon amour, ne me prend pas pour Harley Quinn. » La jeune femme coupe un bout de pain et le trempe dans le liquide rougeâtre. « Oh non, je ne compte pas te laisser filer aussi facilement. Je sais que tu es intelligent, tu as besoin de challenge ! Les journées doivent être longues à courir après des demeurés. » Elle caresse son visage et prend une mine enfantine tout en tirant la joue du jeune homme. « Dans tous les cas, sache que je suis plutôt fière que tu saches qui je suis. Du premier coup. Ça prouve que foutre le bordel à Gotham depuis plusieurs mois porte ses fruits ! J’espère que le prochain qui voudra venir me casser les rotules sera Batman lui-même… Bien que, ça fait longtemps qu’on n’a pas entendu parler de lui. Il va bien ? » Rencontrer Batman serait une bénédiction pour Duela, rencontre l’homme avec le plus d’espoir sur Terre, lui parler, elle trouvait ça presque plus intéressant que papoter avec le Joker.
« J’espère que tu me le présenteras, quand tu devras lui annoncer que tu as fait des cochonneries avec la gosse du Joker ! » La criminelle explose de rire et repropose la cuillère de restes humains au Robin, la lui dépose au bord des lèvres.