En me dirigeant vers l'East-End... Flashback:

" - Alors c'est ça? Ce mausolée mortifère et repoussant sera mon lieu de travail? Je ne crois pas, non. Je pense que je vais au moins en prendre une partie en main, et si ça ne convient pas à quelqu'un je lui proposerai de prendre ma place... Il semblerait qu'une partie de cet endroit soit plus ou moins abandonnée. Bien, je fais un tour de repérage et je vais dire bonjour à l'Oncle Sharp, il me doit bien ça ce fumier qui a fait pression pour que je bosse pour son asile et que je n'aie pas mon propre cabinet. Bref allons faire un petit tour, au moins Munin peut se mettre à l'abri parmi ces gargouilles grimaçantes!"

Quelques pas plus loin je croise une personne qui semble être un patient.
Bien.
Sans accompagnant.
Bien.
Le fonctionnement de cet établissement semble original.
Heureusement, il ne me voit pas et je n'ai vraiment pas le temps de m'occuper de ça.
Et puis c'est pas mon job! Moi je fais des consult', je ne suis pas geôlière merci bien.


Bref, je me dirige vers le côté inutilisé de l'immense bâtiment sinistre et je force discrètement la porte qui donne sur l’extérieur
Il faudra aussi que je renforce la sécurité... Je suis une inconnue, arrivée dans un établissement de soins, je rentre comme je veux, où je veux et sans que personne ne remarque même ma présence.

" - Munin, surveille!"

Au moins si quelqu'un arrive, Moi, je le saurais.
Inutilisé, oui, abandonné, peut être pas. On voit des traces d'un ménage bâclé et succinct mais au moins, quelqu'un prends la peine de faire un coup de ménage dans des lieux qui ne servent plus à personne. Admirable, je n'en attendais pas tant! Me dis je ironiquement.

Je commence à fouiner, j'ouvre les armoires, je fouille dans les cartons, je regarde un peu ce que mon prédécesseur a fait et qui il était. Bah, au moins c'est pas compliqué, un imbécile.
Son analyse des symptômes est vraiment archaïque et aucun historique des patients n'est associé à aucun des dossiers.
Inadmissible!
Et celui là?
Je veux dire, il y a un gros tampon rouge qui indique que cet homme était dangereux et qu'il a été réhabilité.
Ce médecin, réhabiliter un malade dangereux? Risible!
Voyons voir :



Tweety Ritero : Réhabilité
Diagnostic : Schizophrénie - Tendance à la pédophilie
Soins : Antidépresseurs, hypnotiques, neuroleptiques et un  entretien hebdomadaire avec le psychiatre.
A noter : présente la particularité d’avoir fait pratiqué une opération expérimentale de greffe mécanique pour récupérer l'utilisation de ses mains.




C'est tout.
Je tourne stupidement la fiche pour voir si pas hasard rien ne serait écrit au dos, mais évidemment que non.
" - Sérieux!" m'exclamais je à haute voix
Non mais c'est pas vrai, je veux dire psychotropes, et à peine une séance de psychothérapie par semaine !
Folle de rage devant le comportement irresponsable et périlleux du corps médical, je récupère la fiche et me dirige vers le centre médical de l'établissement.
Arrivée devant la porte je frappe avec impatience et entre sans attendre de réponse. Un homme se trouve là, je suppose qu'il fera l'affaire.
Avec une lenteur impassible, pas du tout impressionné par mon impulsivité et ma colère, il se présente comme étant Thomas Eliot, chirurgien en chef des lieux.
Pause
Bon ok.
C'est pas le genre de type à menacer ou à influencer sans effort. Et pour une fois je pense pouvoir obtenir ma réponse sans trop de difficulté, justement. Après tout c'est aussi pour ça que je suis payée!

D'un ton nettement moins agressif et d'une démarche plus légère, je le prie de m'excuser de mon inconvenance et l'informe du fait que je suis la nouvelle psychiatre de l'établissement et avec un léger sous entendu sarcastique, je précise que je suis enchantée de rencontrer enfin un de mes futurs collègues.
Soudainement moins intimidant, il me sourit et s'excuse mais m'explique que seuls ces lieux font partie de son domaine et qu'il ne s'occupe pas du reste. Puis aimablement, il me demande ce que je souhaite au centre médical.
" - En fait, je viens de faire un tour dans mon futur cabinet de consultation et je suis tombée sur un dossier patient qui m'a fortement fait douter. Savez vous si il y a un suivi post-réhabilitation et une surveillance des rechutes des patients traités ici?
- Non. puis un instant plus tard ça ne risque pas. Vous avez pas l'air de réaliser où vous venez de débarquer ma p'tite Madame, ici, la moitié de ceux qui sortent c'est parce qu’une Mafia ou un gang a payé pour. Vot' cas, là, en attendant, c'est moi qui me suis occupé de lui pour valider sa sortie. Et si il avait pas vraiment l'air de tourner très rond, il avait pas l'air méchant non plus. Un type sensible comme ça? Bah il doit pas pouvoir faire grand mal!
- Sans doute pas et je vous remercie de prendre le temps de considérer mon problème, Dr. Eliot, mais j'ai ce cas qui me préoccupe, j'ai le sentiment qu'il faut que je juge par moi même. Cela ne vous dérange pas j'espère?
- Oh bah non, hein, c'est vot' job. Si vous croyez qu'il y a un risque, c'est pas moi qui vais laisser un dangereux psychopathe dans la nature! dit il avec un brin de dérision, comme si je m'en faisait pour rien
- Et par le plus grand des hasard, sauriez vous où je pourrais le trouver? Demandais je sans relever.
- Il paraîtrait qu'il traîne dans East-End. Allez voir là bas, y a bien quelqu'un qui vous dira. De toute façon c'est pas bien difficile de le reconnaître, il a du métal à la place des mains et maintenant in porte un masque. Demandez le Dr. Ritero, c'est comme ça qu'y se fait appeler.
Je vous remercie de votre amabilité, et je suis heureuse de vous avoir rencontré, vous semblez être une personne serviable, puis-je faire appel à vous en cas de besoin?
- Bien sûr ma p'tite dame, moi aussi j'suis bien content de vous connaître, ça fait plaisir de rencontrer du sang neuf et qu'a pas l'air trop chtarbé, par ici c'est pas fréquent! Ha! Hum."

Pensive, je ressors de la pièce avec un nouveau grain à moudre : c'est homme semble légèrement rustre, mais j'ai la sensation que c'est un camouflage...
En attendant, je n'ai pas senti la moindre malveillance de sa part. C'est rare, je devrais me l'attacher, il pourrait être sécurisant d'avoir un collègue bien intentionné à portée de main.


Bien, au boulot, direction l'East-End.
" - Munin! Viens mon beau, on va rencontrer un docteur aux mains de fer..."

East-End, appartement de Tweety Ritero - 20h.

Quelqu’un sonne. Réveille-toi Tweety.

Tu étais assis sur ton vieux fauteuil de cuir. Tu somnolais, prisonnier d’un sommeil sans repos. Tes yeux, sous leurs paupières, s’agitaient frénétiquement.

Tu avais retrouvé ton poste, il y a de cela 6 ans maintenant. Aujourd’hui, tu travaillais à deux établissements. L’Hôpital Mémorial Elliot à Coventry, où tu avais récupéré ton ancien poste de prothésiste/orthésiste. Là-bas, tu tentais d’améliorer ton doigté dans la construction et la pose de tes créations. Bien sûr, aucune « augmentation » n’était faite sur ces prothèses. Ou dû moins, aucune trop visible. Tu voulais produire des membres de plus en plus réalistes. Voilà à quoi te servaient les laboratoires de l’Hôpital. Tu pouvais faire payer tes créations à un prix très élevé, te permettant de vivre confortablement et de subvenir à tes besoins, ceux de Cael, ton.a protégé.e et aux besoins de vos activités de… nettoyages.

Mais il y avait aussi la Clinique Médicale Thompkins d’East-End. C’était là où tu te rendais le plus souvent. Là-bas, tu étais chirurgien. Tu aidais les nécessiteux à se faire soigner efficacement. Tenter de soigner cette ville en proie aux fous et aux gangs, habitants par habitants, avait le don de te calmer l’âme. Tu espérais également trouvé le lien entre le docteur Thompkins et les justiciers autoproclamés de la ville mais cela est une autre histoire.

Tes opérations étaient interdites au public et au personnel médical ne possédant pas le pedigree suffisant. Et tu étais le seul à définir ce pedigree. L’allure de film de science-fiction de ton travail pouvait en déranger certains et tu ne voulais ABSOLUMENT PAS être déranger durant ton travail. Mais tous tes associés, que tu choisissais avec le plus grand soin, étaient tous tenus au secret médical concernant ta méthode d’intervention. Tu étais le seul à avoir le droit de parler de tes mains… Tes mains…

L’accident… Ton visage ? Envolé. Tes doigts ? Sur le banc ! Un mille-pattes ? DANS TA TÊTE !!!

Tu te réveillas en sursaut par le bruit de la sonnette. Te revoilà dans ton appartement. C’était un endroit spacieux mais au style un peu vieillot. Cela te convenait parfaitement. Il y avait peu d’objets qui traînaient ou de décorations. Tu étais assez minimaliste après tout.

Devant toi se tenait la fenêtre. Il pleuvait dehors. A gauche  de la fenêtre, un canapé de cuir noir et une table basse sur laquelle était posé ton ordinateur portable. A droite, ton miroir en pied. Rayé. Puis en continuant, une porte. Elle menait vers ta chambre. Continuons encore, une télévision et une commode. Puis une autre porte, menant vers ton bureau-atelier. En continuant encore un peu sur la droite, tu regardais dans le dos de ton fauteuil. A droite de ton regard, tu avais une cuisine à comptoir. Et juste en face, la porte d’entrée, avec un porte-manteau à droite.

Avec fatigue, tu remis ton masque d’acier et te dirigeas vers la porte. Tes mains reprirent une forme humaine. Ces coquines avaient l’habitude de s’ouvrir en grand quand tu dormais. Rien de dangereux mais cela pouvait être problématique si tu ne faisais pas attention. Tu regardas par le judas et vis une femme brune que tu ne reconnut point. Son manteau était encore mouillé de la pluie. Tes divagations n’ont pas étaient si longues. Tu réajusta légèrement ta chemise blanche et plaqua tes cheveux gris sur ton crâne, pour une fois découvert.

Tu ouvris les deux lourds verrous situés en haut et en bas de la porte. Puis tu ouvris la porte, elle-même fermée à clé. D’une voix encore migraineuse, tu parlas le premier.

- Bonsoir, milady… En quoi puis-je vous être utile ?

La femme semblait plus jeune que toi. Entre 25-30 ans. Avec de belles formes cachées par son manteau. Tes yeux bioniques pouvaient voir cela. Tu te demandais bien ce que cette étrangère te voulait.