Sujet: In dubiis, abstine [Pv Angela] Dim 2 Déc 2018 - 21:57
In dubiis, abstine
Avant le couvre-feu, tu eus le temps d’acheter de quoi grignoter. En compagnie de ton frère, vous êtes entrés dans une petite supérette pour faire vos achats et, d’une certaine façon, vous avez surpris puis effrayé le propriétaire. Ce dernier vous avait pris pour des cambrioleurs et il avait tardé à réaliser que ce n’était pas le cas. Pour les gens, il était invraisemblable que des allégories masquées daignent faire des achats comme n’importe quel citoyen normal le ferait. Ce n’était pas comme avoir un Batman ou un Green Arrow en face, mais pour ceux qui te connaissaient, ça revenait au même. Tu avais payé en cash et sans un mot, vous avez quitté les lieux, ne laissant pour seule trace qu’une centaine de dollars dans la caisse et quelques douceurs en moins sur les étagères.
Ewydhien trouvait amusant que tu puisses faire des courses comme une humaine normale. Il en avait déjà fait, lui aussi, mais pas de la même façon : auparavant, il avait acheté des voitures de luxe et des habits de marque lui-même, de quoi picoler et autres. À vrai dire, il n’avait jamais acheté de la nourriture pour lui, le personnel de la maison s’en occupait, donc il n’avait pas eu ces responsabilités. Tout comme toi, il avait connu les joies et les affres d’être dans une famille fortunée. À la seule exception que ça lui plaisait et qu’il était un enfant gâté. Ses parrains étaient des bonnes personnes et, même s’ils avaient des enfants biologiques, ils n’ont jamais délaissé ton frère – bien au contraire : c’était comme s’ils l’avaient conçu, eux-mêmes. Ils aimaient vos parents et votre père les avait choisis parce qu’ils seraient en mesure de le protéger jusqu’à ce qu’il soit adulte. Ils auraient aimé te connaître, également, mais ils n’avaient pas eu ce luxe – ils étaient morts, désormais.
Laissant vagabonder ton esprit dans les sombres marais de ton passé, tu t’es installée sur une vieille baie publicitaire de Coventry. Tu ne pouvais pas t’empêcher de repenser à ton semblant de famille et à toutes les personnes que tu avais eu le malheur d’aimer. Ceux qui ont souffert le plus, ce furent Glenda et Kyle. Sans l’ombre d’un doute, si tu ne t’étais pas attachée romantiquement et intimement à eux, ils ne seraient pas morts. Notamment, feu ton fiancé. Avoir parlé avec Zatanna quelques heures auparavant ne fit que renforcer tes craintes et tes doutes à ce sujet, mais tu ne pouvais pas effacer ce que tu éprouvais. Tu pouvais enfouir ce que tu ressentais pour telle ou telle autre personne, tu pouvais garder tes distances et tout ce que tu voulais, mais ce n’était pas une solution. Peut-être qu’il fallait que tu acceptes que ton patrimoine génétique et ta nature ne te permettront jamais d’avoir une vie amoureuse stable et durable. Ce n’était pas une priorité, pour toi, mais tu t’en voulais d’attrister et de repousser ceux qui partageaient tes ressentis. Tu appréciais la solitude, dans une certaine mesure, mais tu avais besoin d’être aimée. Tu avais besoin de ressentir la chaleur de ceux que tu aimais, contre toi. Tes animaux et tes plantes aidaient à combler ce monstrueux manque d’affection, mais ça ne t’empêchait pas de ressentir un vide au fond de toi.
Distraitement, tu croquas un twinkie. Sentant que tu broyais du noir, ton frère te rejoignit sur ton nouveau perchoir. Il s’assit contre toi, flanc contre flanc, sans briser votre silence, et posa sa tête contre la tienne – tu le laissas faire, puisqu’il n’avait pas d’arrière-pensées. Au loin, vous pouviez entendre les sirènes de police et les voitures qui se pressaient en direction du quartier. Les humains pourraient trouver que la ville était plus calme depuis que la loi martiale avait été instaurée, mais, pour vous, elle demeurait tout aussi bruyante – à la seule exception, qu’il n’y avait plus autant de passants, dans la rue. Les rares personnes à les fouler étaient des criminels, des justiciers, des vengeurs ou des membres des forces de l’ordre – autant du GCPD comme des TYGERs. Également, il y avait quelques citoyens perdus, des étrangers ignorants, des retardataires et des sans-abris. Mais, plus rarement, c’étaient des prédateurs comme vous et des idiots qui pensaient faire les braves ou les intéressants en arpentant la métropole noire à la tombée de la nuit.
En parlant de ces pauvres idiots, vous pouviez voir un SDF qui courait comme un dératé pour fuir Dieu sait quoi. Il n’y avait pas de la culpabilité ni de la satisfaction en lui, mais un mélange de peur et dégoût – sans compter qu’il s’était uriné dessus. Pourquoi ? Parce qu’il avait vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir – il courait pour sauver sa peau. Ce ne fut qu’une question de temps avant qu’une ruelle, non loin, soit cernée par la police et le vent ne tarda point à vous apporter l’odeur du sang frais. Cette dernière te frappa de plein fouet, te faisant froncer le nez, tout en titillant ton appétit – ta gorge te gênait, mais il ne fallait pas que tu t’y attardes. Tu avais faim, certes, mais il fallait que tu restes calme.
Ewydhien n’éprouvait aucune curiosité envers le crime qui venait d’être commis, mais, toi si – que ce soit bon ou mauvais, tu aimais être informée et la personne qui avait commis cette atrocité pouvait être une future proie. Tu te faisais violence de ne pas t’en approcher et, si tu n’avais pas vu une femme inconnue en compagnie d’un de tes informateurs, tu n’aurais pas quitté le calme de ton perchoir pour t’approcher de la scène du crime. Ton frère resta dans les hauteurs, te surveillant de loin : il supportait mal les esprits et il se foutait royalement de ce qui se passait là-bas. Pourquoi des esprits ? Ai-je omis le détail qu’autant la femme comme ton informateur, étaient des âmes errantes ? Ce dernier était un enfant de dix ans, mort il y a quelques années, dans ce même quartier et il refusait de quitter ce monde jusqu’à ce que quelqu’un de sa famille ne meure, puisqu’il avait peur de traverser de l’autre côté tout seul ; tu avais essayé de le rassurer, mais il y tenait, et ce n’était pas rare que tu le voies tourner autour d’eux, au quotidien. Quoi qu’il en soit, ton jeune informateur s’appelait Ronnie, il t’aidait à recueillir des informations et guidait certains esprits vers toi, afin que tu puisses les aider. Quand il t’aperçut, il fit des grands gestes de main avant de se pencher sur le bord du bâtiment pour regarder les lieux du crime.
Tu fis de même. Et tu le vis…
Le corps mutilé, éventré et partiellement démembré de la femme qui se trouvait près de toi. La police s’affairait autour du corps incomplet de cette inconnue qui devait être à peine plus âgée que tu ne l’étais quand tu es décédée. Elle n’avait pas peur, mais elle peinait à réaliser que c’était elle, en bas. Elle ne se souvenait pas de ce qui lui était arrivé et ce n’était pas plus mal, au vu de l’état dans lequel on l’avait laissée. Pourtant, malgré tout ce que vous pouviez voir… la scène semblait être faussée : c’était comme si on avait placé le corps là et qu’on avait mis un peu de sang çà et là. Il n’y avait pas autant de sang qu’il aurait dû y avoir et les murs étaient propres – pas une seule tâche vermeille, il n’y en avait que sur le pavé. Ce massacre cachait quelque chose, mais tu fus rapidement déconcentrée par une présence anormale dans le périmètre. Elle était diffuse et difficilement identifiable, mais tu pouvais parfaitement la discerner parmi le reste – et ça te rendait un peu mal à l’aise. Tu ne saurais pas dire si c’était vraiment humain ou pas, hostile ou autres, mais c’était… étrange. Tu n’avais jamais senti quelque chose de la sorte.
Perturbée et intéressée par cet Être, ton regard balaya les individus présents. Tu engloutis la dernière bouchée de ton twinkie et, à cet instant-là, tes yeux se posèrent sur une femme rousse et à la peau embrassée par le soleil : c’était elle, la source de cette présence inusuelle et d’une odeur plus métallique et poussiéreuse que celle de la rue où gisait le macchabée. Si on ignorait les désagréables odeurs de bronze et d’acier ainsi que les touches de chocolat, cette femme – si peut-on la qualifier ainsi, puisqu’elle n’avait même pas une odeur ou une présence purement féminine –, elle te rappelait les brises brûlantes du Sahara. Le sable, la chaleur et la mort. Pas la pourriture, non. La mort sèche. C’était quelque chose de poussiéreux et d’âcre.
Tu avais déjà senti cette odeur, auparavant, mais elle n’était pas suffisamment forte pour que tu y prêtes attention. Il t’était arrivé d’aider le GCPD, comme au bon vieux temps, quand tu es rentrée à Gotham, mais… était-ce le seul endroit où tu l’avais perçue ? Tu n’en savais rien. Puis, en ce qui concernait sa présence… tu étais certaine de ne pas l’avoir déjà sentie. Et, si tu l’avais ne serait-ce qu’aperçue, tu t’en souviendrais. Cette ville ne cessera jamais de te surprendre, faut-il croire.
L’esprit retourna près du corps et tentant d’attirer l’attention des policiers, sans succès. Sans compter l’autre esprit, personne d’autre que toi – et ton frère, éventuellement – ne semblait la voir et la situation commençait à angoisser l’inconnue. Elle était passée de l’ignorance à l’incrédulité puis au déni et à la colère en très peu de temps : pourquoi elle, pourquoi est-elle morte ? Pourquoi ne se souvenait-elle de rien ? Elle leva la tête et te regarda, impassible. Elle te criait dessus pour que tu fasses quelque chose, que tu leur dises quelque chose, mais que pourrait-elle leur transmettre dans son état ? Rien. Finalement, elle se recroquevilla sur elle-même, près de son propre cadavre : elle n’était pas prête de retourner en haut, avec vous. Vous alliez devoir descendre, mais, pour cela, tu allais devoir attendre que la plupart des policiers partent… Tu ne tenais pas à t’accrocher avec eux sans avoir mangé. Pourtant, tu aimerais pouvoir aider la défunte et le GCPD.
Que faire ? Attendre.
Tenue d'Amy:
Celle-ci ! La trousse est cachée sous sa jupe, attachée à l'une de ses cuisses. Ses bottes ont 7-8cm de talons, du coup, elle fait plus ou moins 1m70 avec. Ses cheveux sont détachés, mais elle porte un ruban, derrière la tête - et si elle ne portait pas les bottes, sa tignasse traînerait par terre. Pour ce qui est du masque, il ne couvre pas entièrement son visage : il laisse la partie inférieure de visible - la bouche, mâchoire, etc. On ne voit pas ses yeux à travers les carreaux du masque, sauf si on est très près d'elle.
Le frère porte un masque pareil et il a bien voulu s'habiller en noir, avec un manteau long, rappelant la tenue d'Amy.
Dernière édition par Amerlyllian Die Rosenberg le Dim 3 Fév 2019 - 19:48, édité 1 fois
Elle croqua son mikado. L'odeur de la ville venait dans ses narines alors qu'elle sortait de son véhicule de service. La nuit était tombée et la lune était accompagnée de l'éclairage publique. Pour donner un faux sentiment de sécurité. Elle traversa avec sérénité la marre humaine qu'était ses collègues, ces derniers laissant une variété d'expression sculpter leurs visage. Peur, horreur, dégoût, faux calme, lassitude... Certains allaient même dans un coin tranquille afin de vomir, comme si ce qu'elle allait voit était la pire chose jamais faite dans cette ville en cette terre. C'est Gotham, l'Eden de toutes les horreurs ancien innocent.
Elle fut abordée par le médecin légiste, l'assaillant déjà de termes techniques et du jargon du métier. Parce que ça rendait tout ça détaché de la réalité crue. Elle allait traduire tout ce blabla médical pour arriver à l'essence de la réalité. Et juste en regardant le corps. Un buste féminin, sa tête partiellement arrachée comme si la hâte avait habité le responsable. Comme un boucher qui perdait patience avec son cochon. Les bras tordus, dont un trônant sur le bord de la benne à ordure. Le ventre était ouvert, les tripes auréolant les jambes à moitié arrachée telle une guirlande de Noël. En somme... Une soirée normale.
"Bouclez le périmètre. On va avoir besoin de témoignages. Et arrêtez de salir la scène de crimes avec vos repas de midi. C'est indécent."
Elle croqua une nouvelle fois son mikado, cet air serein ne quittant jamais son visage. Sa voix était comme du miel, son ton celui d'un serpent. Elle entendait les murmures des bleues, se demandant si elle avait un peu de cœur pour la victime. Quelle question idiote. Elle s'agenouilla à côté du corps, observant avec attention le spectacle. Il y avait une sensation de faux. Elle regarda les murs. Pas assez de sang. Elle dirigea son regard vers la tête. Ce qui semblait à première vu de la hargne était trop précis. Elle mit ses gants, saisissant le visage pour le tourner. Elle nota la facilité qu'elle avait à faire ce mouvement. Une lame de forme concave. Elle bougea la tête avec douceur afin de ne pas ruiner les preuves.
"Sa nuque est brisée."
Elle se redressa, croquant à nouveau dans son biscuit. Jolie mise en scène. Ses collègues murmuraient encore une fois. Manger sur une scène de crime était indécent. Elle cacha son sourire. Si facile. Elle observa avec attention la ruelle, sentant un vent froid menant à cette direction. Le genre de vent qui vous transperçait les os. Elle pencha la tête avant de s'y diriger d'un pas calme. Elle avait appris dans la bizarrerie de sa vie à se fier aux vents froids qui lui traversait l'ossature. Comme ceux autour de son père adoptif. Ses collègues ne l'accompagnèrent pas. Il fallait croire qu'il y avait beaucoup de bleus ce soir.
Elle s'enfonça dans la ruelle, observant avec attention le sol et les murs. Il y avait une odeur de pisse persistante et des petites gouttes sur le sol. Elle entendait ses collègues dire qu'ils embarquaient le corps et allaient commencer les fouilles des alentours. Elle fit un geste de la main pour signifier qu'elle avait entendu. Elle s'agenouilla et sortit un flacon stérilisé ainsi qu'un mouchoir propre. Elle prit l'échantillon, le vent froid lui tournant autour. Énervant. A un moment il passa par son visage, le bout de son nez devenant froid. Puis le flash.
Pendant un très bref instant elle était lui. De toute sa taille, sa peau de bronze reflétant la lumière et saisissant une femme spectrale par la gorge. Son visage figé par la peur ressemblait à celui de la victime. Lui, ou elle, mais plutôt lui n'était pas d'humeur à discuter avec calme. Il serrait toujours plus fort cette gorge, ses ailes s'épanouissant en même temps. Ses yeux brillaient d'une lueur sinistre, son sourire inhumainement large se faisant crisper. Le vent n'était plus froid, il était chaud comme celui du désert.
"Retouches-moi encore une fois et j'escorterais personnellement ton âme dans les limbes... Je me suis fais comprendre ?"
La femme hocha la tête avec une vivacité surprenante pour une morte.
"Montres ce que tu veux montrer, et vite."
Elle pointa les hauteurs. Et elle n'était plus lui. Elle était elle, confuse pendant un bref un instant, son mikado à moitié entamé sur le sol. Elle en ressortit un autre, comme pour chasser la confusion alors qu'elle se retournait. Ses collègues n'avaient rien remarqué. Et que devaient-ils remarquer alors qu'ils partaient ? Elle ne savait plus. Elle savait juste qu'elle devait regarder en haut. Elle leva donc les yeux au ciel et vit une chevelure blanche.
Le vent agitait ta longue chevelure nivéenne, trahissant ta présence pour tous ceux qui auraient l’audace de lever le regard au ciel. Tu passas une main dans ta crinière, empêchant quelques mèches de cacher les carreaux de ton masque pendant que tu observais l’étrange spectacle qui avait lieu sous tes pieds : même si la police et ton informateur demeuraient dans ton champ de vision, tu ne fus pas capable de détourner les yeux de cette femme et, surtout, de l’entité qui s’était abruptement manifestée. Tu ne sentais pas deux âmes différentes, dans ce corps, non… il n’y en avait qu’une seule, mais c’était très différent de tout ce que tu avais pu voir, jusqu’à présent. Ainsi, fascinée, tu détaillé l’être imposant qui s’était brièvement montré : on pourrait le qualifier d’être monstrueux, voire même effrayant, mais tu le trouvais magnifique. Il était unique… Avec sa peau en fusion et craquelée, non pas comme de la lave, mais comme du métal ; sa chevelure argente et embrasée, ses yeux dorés qui brillaient comme deux soleils et ses majestueuses, mais intimidantes ailes presque… difformes, ou liquéfiées, tu ne saurais dire… Si tu avais eu du papier et un fusain, tu aurais osé le dessiner, mais ce moment ne restera que gravé dans ton esprit, pour l’instant.
Ce n’était pas un être sorti tout droit d’un cauchemar, non… Était-ce un dieu, un ange ou un démon ? Un peu de tout, en même temps, ou rien de tout cela ?
Rapidement, tu fus sortie de tes contemplations par la voix de l’entité et le geste de l’esprit qu’il avait pris par la gorge. Cette morte avait trouvé le moyen de te faire griller, mais la policière ne sembla pas être vraiment perturbée par ta présence quand elle t’aperçut et que son alter ego s’éclipsa. Silencieusement, tu t’assis sur le bord du toit, les jambes suspendues dans le vide. Tu semblais être calme, les lèvres entrouvertes… Pourtant, ton visage aurait eu une toute autre expression si la partie supérieure n’était pas cachée par un masque aux carreaux aussi noirs qu’on se demandait comment pouvais-tu voir au travers : grands ouverts, tes yeux avaient pris une teinte ambrée et brillante, témoignant de l’intérêt et la curiosité que cette rencontre fortuite t’avaient inspiré – et, quelque part, tu étais admirative. Ce n’était pas seulement la créature qui s’était manifestée qui suscitait ton intérêt, mais cette femme aussi – cette rouquine dans la vingtaine. Qui était-elle ?
Pendant quelques secondes, tu as accroché son regard, demeurant muette. Finalement, tu lui as adressé un petit sourire avant de regarder l’esprit qui s’était recroquevillée sur elle-même, dans un coin : elle ne voulait plus contrarier l’entité non-identifiée, mais elle tenait à rester dans cette ruelle où elle avait trouvé vulgairement jetée. Tu ne pouvais pas faire grande chose pour l’âme de cette femme avec tout ce monde, là. Alors, que faire ? Essayer d’aider la police pour t’en débarrasser vite ou attendre ? S’ils emportaient le cadavre, ce serait plus compliqué d’élucider ce meurtre. Mais, il y avait également des chances qu’ils entravent ton chemin, puisque tu étais dehors après le couvre-feu et que tu étais… assez étrange.
— Vous allez avoir du mal à trouver des témoins pour ce meurtre. Il n’y en a que trois, sans compter l’auteur des actes, deux d’entre eux ne sont plus du commun des mortels et le principal témoin est amnésique. lanças-tu, sur un ton neutre, mais ça ne rendait pas ta voix moins douce pour autant.
Lentement, tu t’accoudas sur tes cuisses, avant d’appuyer ton visage au creux d’une de tes mains. Tu parlais, bien entendu, de ton informateur et de la victime, mais tu n’allais certainement pas donner des détails – tu voulais voir comment allait réagir ton interlocutrice. Si quelque chose se passait mal, dans le pire des cas, tu pouvais prendre la fuite. En attendant, afin d’occuper ton esprit, tu pris un autre twinkie et le croquas, tournant la tête vers le rassemblement de policiers et le cadavre démembré.
— Si cela peut vous aider, quiconque ait assemblé cette grotesque mise en scène, est humain. Je doute que vous trouviez beaucoup de preuves matérielles, il a été interrompu, mais il savait très bien ce qu’il faisait. soufflas-tu, marquant une courte pause avant d’élargir ton sourire. Tu pouvais sentir toutes les odeurs qui se mélangeaient dans l’air, mais tu ignorais laquelle était à l’éventuel meurtrier, puisque les ordures la masquaient. Encore est-il, si tu pouvais t’en approcher, tu pourrais peut-être toucher le corps et voir ce qui s’était passé. À mon avis, il ne doit pas être bien loin. Mais, je vous en prie : faites comme si je n’étais point ici. Je m'en voudrais d'interférer dans votre labeur.
Tu n’avais pas entendu aucun bruit qui puisse trahir le fait qu’il soit descendu aux égouts et, au vu des rues que les patrouilles avaient empruntées pour se rendre sur les lieux du crime, ses voies de retraite étaient très réduites. Si la police ne l’attrapait pas vite, c’est toi qui allais t’en changer. Il vaudrait mieux qu’il se fasse coffrer, parce que, sinon, il allait y passer.
De la vérité. Voilà qui était bien rare en ce monde rongé par le vice et sa propre fin. Une fin que les hommes ne sauront jamais stopper. Elle regarda ses collègues qui semblaient ne pas avoir remarqué la présence éthérée de la femme dont la tenue était discutable. Fort peu à cacher ainsi. Mais avait-elle vu ? Qu'était-elle sensé voir ? Elle laissa le chocolat dans sa bouche fondre. C'était une sensation qu'elle appréciait grandement. Elle attendait simplement que se collègues s'en aille, prenant le corps avec eux.
Des témoins était tout ce dont elle avait besoin. Qui que soit cet individu, il ne pouvait pas être loin. Mais pourquoi avait-elle la sensation qu'il y avait plus ? Elle ne sentait plus le vent froid après l'avoir vu, et maintenant la température avait augmenté dans une chaleur qu'elle ne pouvait trouver qu'agréable. Elle se demanda si l'échantillon qu'elle avait en poche pouvait être une piste vers le témoin. Ou le meurtrier. Elle avait bien trop de questions ce soir mais ça lui tenait chaud.
"Inspecteur, vous venez au poste ?"
Pourquoi quand quelque chose d'étrange les autres faisaient comme si de rien n'était ? Parce qu'ils veulent rester aveugle. Elle fit un geste de la main, tournant son regard vers la benne à ordure. Elle devait être vu ainsi par ses pairs pour finir ici. Pourquoi une benne ? Si voyant, si symbolique, et en même temps peu de choses. Elle rongea légèrement son mikado, cherchant des choses qu'elle n'avait pas sous les yeux. Elle croqua finalement dedans, sa voix toujours aussi enchanteresse.
"Pas tout de suite, mais commencez à y aller. Je veux juste regarder encore un peu les alentours."
Elle n'eut que des haussements d'épaules pour toute réponse. Ils ne voulaient pas en voir trop, encore. Parce qu'ils n'aimaient pas ce qu'ils allaient voir. Elle releva la tête, les cheveux couleurs de la brume encore présents. Ils ne voulaient pas voir la propriétaire des cheveux ou autre chose ? Dans sa bouche, le goût du chocolat devenait de plus en plus diffus alors que les autres voitures partaient. Elle souffla finalement par le nez, non pas contrarié mais lasse de toutes ces bizarreries.
"Descendez donc, damoiselle. Je pense que vous avez des informations pour mon enquête. Et je dois avouer qu'il est rare de voir l'un des votre aussi loquace sans se gausser."
Sa voix, toujours elle, était le miel du thé matinal et le venin du serpent. Son souffle les vents chauds du désert lors d'une journée fraîche avant la sécheresse. Ses yeux ceux du prince venant courtiser pour mieux comploter. Je sais ce que tu es, Amerlyllian Alice Deliverance Die Rosenberg. Tu m'as vu, créature errante dans les limbes. Tu as droit à ton audience, que je sois dans cette enveloppe mortelle ne change rien au prestige de cet honneur. Je ne suis pas connu pour frayer avec le monde surnaturel depuis ma retraite. N'oublies pas tes manières en ma présence, peu importe mon esprit.
Vois pour ce bref instant mon apparence, ressens le poids de tes fautes face à mes cicatrices et accepte la finalité inéluctable de ce monde dont je ne serais la cause. Viens mon enfant. Tu n'as plus rien à craindre de moi. Vous serez la cause de vos pertes.
Je ne te mordrais pas comme le serpent que je suis.
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Ven 7 Déc 2018 - 23:21
In dubiis, abstine
Immuable, cette femme ne douta point de toi – ce qui était fort plaisant. Même si tu ne te souciais pas vraiment de l’avis d’autrui, tu n’aimais pas qu’on mette en question tes propos, puisque tu ne mentais jamais et devoir te justifier ou défendre ta position comme une vulgaire menteuse le ferait t’agaçait. Les humains vivaient dans un monde qui avait perdu son authenticité, ils étaient enrobés dans d’épaisses couches de mensonge et hypocrisie ; pourtant, ton interlocutrice et toi sembliez avoir le don de voir à travers les mirages de la fausseté. Après, tu devais bien l’admettre, tu pouvais être hypocrite envers toi-même, cacher tes ressentis et sourire même quand ça n’allait pas – mais c’était surtout pour te protéger et pour éviter des questions dont tu pouvais parfaitement te passer : tu n’aimais pas montrer tes faiblesses et c’est principalement pour cela que tu avais instauré un masque sur ton faciès. Ponctuellement, tu le faisais pour que tes proches et tes amitiés ne s’inquiètent pas inutilement – mais ce n’est qu’un détail.
À contrecœur, tu laissas que la police emporte le cadavre démembré de l’inconnue. Tu te disais que, si cette dernière n’était pas directement attachée au lieu où elle se trouvait, puisqu’elle n’était pas morte dans la ruelle, c’était parce qu’il y avait quelque chose à elle ou que le meurtrier, même, était dans la zone. Peut-être que le sang qui était resté sur place était suffisant pour la retenir dans cette sinistre et étroite voie où la lumière des lampadaires et la lune peinaient à percer. Lorsqu’on aborda la rousse, t’informant indirectement du rang occupé par cette dernière, tu demeuras silencieuse – tu n’avais rien dire à ce policier et, s’il t’avait ne serait-ce qu’aperçue, il n’avait rien dit, non plus. Ceux qui te connaissaient et qui n’avaient rien à se reprocher ne te craignaient point : on t’admirait ou, au pire, on cherchait à te comprendre. Tu prenais des vies, certes, mais jamais plus que nécessaire et tu ne touchais pas aux innocents ni aux petites frappes. Tu t’en prenais à des criminels qui échappaient aux forces de l’ordre et à la Loi pour diverses raisons, en plus de remplir certains critères qu’on ne parvenait pas à lister. Il arrivait, aussi, que tu abrèges les souffrances de ceux qui étaient à l’agonie ou qui allaient bientôt mourir et qui souhaitaient partir en paix. La grande majorité le faisaient avec un sourire et/ou affichant une expression détendue et on ne peut plus sereine : tu étais douce avec ce genre de proies, ils ne sentaient rien avant de cesser d’être. Et, puisque tu les aidais à accomplir leurs dernières volontés, ils restaient rarement parmi les vivants – ils partaient directement.
Quoi qu’il en soit, tu sentais que l’inspectrice avait pas mal de questions en tête, mais elle ne les posa pas directement. Elle répondit au policier par un simple signe de main et attendit à ce que ses subalternes s’en aillent avant de t’adresser la parole – non sans croquer son mikado, qu’elle avait laissé fondre dans sa bouche. Comme s’il était vivant et tu pouvais le toucher, tu mimas des caresses sur la tête du petit garçon qui se trouvait à tes côtés, te penchant pour lui murmurer qu’il pouvait partir, s’il le souhaitait – que tu allais t’occuper du reste. Il te regarda un instant avant de s’éclipser, allant rejoindre sa famille, sans doute. De loin, ton frère t’observait toujours et que tu tardes à ce point lui déplaisait. Il avait vaguement senti l’odeur et la présence de ton interlocutrice – ou interlocuteur ? Les deux, dirais-tu –, et ce qu’il percevait ne le mettait pas en confiance.
Pourquoi parlais-tu à un poulet, alors que ses congénères t’avaient salement laissé crever – trente-six ans auparavant ? Il ne comprenait pas le fait que ta rancune envers le GCPD soit aussi sélective : lui, il les détestait tous, à ta place. Il l’était l’hôte d’une haine incommensurable, ce qui te faisait souvent sentir mal à l’aise. C’était une émotion déplaisante, mais puissante. Aimait-il autant qu’il haïssait, ou était-ce la haine qui pesait davantage ? Tournant la tête vers ton frère, tu fredonnas quelques notes afin de lui transmettre ton calme et de chasser toute son animosité – tu pouvais véhiculer des émotions dans ce dernier et avoir une majeur portée empathique : aussi loin que le son était transporté, tu pouvais transmettre tes ressentis ou percevoir ceux des êtres qui les produisaient. Plongeant ton regard dans celui de ton aîné, tu lui demandas silencieusement de ne pas se mêler, de rester à sa place, pendant que tu faisais ce que tu avais à faire – il avait suffisamment perturbé ta soirée, déjà.
Lorsque tes yeux croisèrent ceux de la rousse, ces derniers n’étaient plus les siens, mais ceux de l’Entité qui avait fait son apparition quelque temps auparavant. Il n’avait pas eu besoin de parler pour te faire comprendre ce qu’il avait traversé son esprit : tu sentis qu’il voyait à travers ton déguisement, qu’il savait qui et qu’est-ce que tu étais. Néanmoins, la créature biblique n’avait pas de mauvaises intentions à ton égard et, d’une certaine façon, t’invitait à t’approcher autant que son alter ego l’avait fait. Puisque tu avais la conscience tranquille, tu ne te sentis ni jugée ni intimidée, cette fois-ci. Tu ne pensais plus faire quelque chose de mal en tuant pour te nourrir : c’était nécessaire, tout comme les Hommes le faisaient. Pourquoi pécherais-tu, si tu ne le faisais que pour survivre ? Si tu pouvais éviter de le faire, c’était mieux, mais pour avoir des réserves à portée de main, il fallait saigner à blanc quelques cibles. Quand tu prenais la dose qui t’était nécessaire, tes victimes pouvaient en mourir… Alors, les tuer était beaucoup plus clément et rapide que les laisser agoniser jusqu’à ce que la Mort veuille bien les emporter.
Ainsi, lorsque les policiers eurent perdu de vue la ruelle dans leurs rétroviseurs, tu quittas ton perchoir. Simplement, tu sautas dans le vide et te laissas tomber jusqu’à être arrivée presque en bas, où tu utilisas tes pouvoirs psychiques pour ralentir ta chute. Finalement, sans un bruit et avec la légèreté d’une plume, tu posas les pieds sur le pavé. Ta longue chevelure retomba paisiblement sur ton dos, comme un manteau de brume, mariant les formes de ton corps jusqu’à hauteur de tes talons, où elle manquait d’effleurer le sol – si tu ne portais pas des bottes aussi hautes, elle traînerait, indéniablement.
— Je ne vois pas l’intérêt de me gausser de qui que ce soit, pas même de quelqu’un que je puisse mépriser. De ce fait, il est rare que je le fasse – la plupart du temps, c’est l’autodérision, en réalité. soufflas-tu, en toute sincérité, semblant de moquer de toi-même.
Rare non, très rare. Sur ce point là, tu étais modeste et tu n’allais pas t’en étaler plus : cette femme n’avait pas besoin de savoir sous quels prétextes pouvais-tu faire quelque chose qui n’entrait pas dans tes principes et ton code comportemental. Te moquer d’autrui était comme insulter ouvertement quelqu’un : tu ne le faisais pas, en temps normal. Ça t’écorchait la bouche et les pires insultes que tu pouvais employer n’étaient rien de plus que des faits véridiques – tout le monde n’aimait pas connaître la vérité et, de ce fait, ta franchisse n’était pas toujours la bienvenue. Ainsi, lorsque tu estimais que le moment n’était pas propice, tu préférais te taire. Utilisant l’un de tes vectors pour te recoiffer un peu, replaçant quelques mèches derrière tes oreilles, tu te tournas et t’approchas de la vingtenaire – gardant, toutefois, une certaine distance avec elle, par respect. À moins d’être explicitement invitée ou avoir un lien relativement étroit avec la personne concernée, tu n’aimais pas envahir l’espace personnel d’autrui – surtout, parce que ça impliquait qu’il y ait quelqu’un dans le tien.
Esquissant un petit sourire, tu regardas ton interlocutrice de plus près – tout en gardant un œil sur l’esprit qui se balançait comme un aliéné, genoux contre la poitrine, dans un coin de la ruelle. Et cette victime-là, elle vivait très mal – sans vouloir faire un mauvais jeu de mots. Une seule chose à la fois ! Ici, c’est l’inspectrice qui devait être momentanément le centre de ton attention. Globalement parlant, tu étais très respectueuse et tes manières étaient plutôt désuètes, car anciennes et plutôt… aristocratiques. Tu étais gantelée, certes, mais on pouvait voir que tu étais naturellement noble. Tu ne jouais pas un rôle, c’était l’éducation que tu avais reçue – ce qui te rendait encore plus extravagante. De plus, tu étais fière et sûre de toi – sans pour autant être excessivement confiante : tu restais toujours aux aguets et ne sous-estimais rien ni personne. Pourtant, tu n’étais pas pompeuse ou, du moins, tu ne pensais pas l’être ; certains prenaient mal le fait que tu sois aussi polie, car ils n’étaient pas habitués à avoir quelqu’un d’aussi respectueux que toi, en face. Tu traitais tout le monde de la même façon, car tu estimais qu’on le méritait jusqu’à preuve du contraire.
— En ce qui concerne ladite loquacité, je ne puis rien vous garantir. Je doute avoir grande chose à partager, du moins, oralement, que vous n’ayez pas déjà déduit d’une façon ou d’une autre. continuas-tu, marquant une courte pause. Tu sous-entendais que tu pouvais le faire autrement, mais tu ne précisais rien. Tu pouvais découvrir et faire découvrir à cette personne ce qui s’était passé, grâce à tes dons de voyance – ne serait-ce qu’en partie. Encore est-il, au vu de l’état des lieux, je pense pouvoir vous montrer ce qui s’est passé. Notamment, si nous retrouvons ce qui rattache l’esprit de la victime à cette ruelle. Sans vouloir vous offenser, quelque chose à dû échapper à vos collègues et je n’ai pas encore eu l’occasion d’inspecter les lieux. continuas-tu, désignant l’endroit où se trouvait l’esprit d’un léger signe de tête. Quoi qu’il en soit, je répondrais à vos questions dans la mesure du possible.
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Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Mar 11 Déc 2018 - 11:37
Maniérée, pleine de grâce, surnaturelle. Attirant la syphilis avec elle, le regard obscène de l'Envie, le cadavre grouillant des maux les plus banales de ce monde. Ainsi elle était médium ? Une voyante qui disait voir les morts, et qui pensait pouvoir lui montrer ce qu'il s'était passé ici ? Juste une horreur du jour le jour. Que ses collègues auraient oublier d'apercevoir quelque chose qui pourrait être vitale pour l'enquête ? Comme si l'aveuglement des mortels était surprenant. Elle poussa un léger soupire, son sourire serein ne quittant pas ses lèvres.
"Inspecteur Archbishop, c'est également un plaisir de connaître votre nom."
Je n'apprécie guère ce genre de comportement, créatures des limbes. Il était toujours plaisant pour elle de rencontrer des personnes qui lui donnait tout sauf son nom. Elle croqua dans son mikado. Ce n'était que de la nuisance, rien de plus. Résumons. Une voyante, semblant cacher quelques autre capacités et qui avait l'air de ne pas être seule. Qu'il approche, s'il ose. Elle observa avec attention la scène de crime, lançant avec négligence son éprouvette remplie de son échantillon d'urine.
"Commencez déjà par examiner ça. Si vous le pouvez bien sûr. Je vais chercher un peu."
Elle avait une petite idée d'où pouvait se trouver l'élément manquant. Ce n'était pas garanti, mais ce serait un début. Le début d'une fin. Mais peut-être devrait-elle en profiter pour être sûre de ne pas avoir d'interruption. Elle n'aimerait pas que ce qui observait l'étrange femme finisse par faire irruption et potentiellement l'empêche de continuer son enquête. Elle avait besoin d'arriver au bout, besoin d'une enquête bouclée, d'un coupable à prendre par la gorge. Une victime a déconstruire.
"Ah, et dites à votre camarade de ne pas s'en mêler. J'aimerais être rentrée chez moi avant une heure du matin."
Elle se dirigea vers la benne à ordure. Ça allait être du sport. Se saisissant du côté et posant sa jambe contre le mur, elle commença à tirer. Prenant appuie sur sa jambe pour faciliter le mouvement, le bruit horrible que faisait la benne résonnait dans ses oreilles. Le genre de bruit déchirant, celui qui vrille les tympans dans ses derniers retranchements. Celui qui donnait envie que ça s'arrête. Quand elle finit de pousser, elle voyait ce qu'elle pensait chercher. Le vent froid l'avait traversé dès que le bijou fut révélé.
Un petit coeur en or couvert de sang. Elle ne put s'empêcher de sourire, croquant sa douceur.
Il était clair que ton frère n’allait pas rester longtemps tranquille sur son perchoir, mais, pour l’instant, il respectait ton souhait. Puisque tu n’étais pas dans son champ de vision, il ferma simplement les yeux pour te surveiller via écholocalisation. Tu sentais quand on t’observait de cette façon, c’était comme être regardé fixement, de partout et en même temps ; c’était un regard très perçant, mais pas comment sentir quelqu’un s’introduire dans ton esprit ou essayer d’établir un lien psychique avec toi. Il utilisait les sons de la ville pour étendre son plan visuel et, involontairement, il te transmettait ce qu’il éprouvait – en partie : il n’était pas seulement contrarié et un peu inquiet, il était encore et toujours jaloux. Tu tolérais la proximité d’une personne que tu venais à peine de rencontrer, qui pouvait être ton ennemie et qui, en plus, pourrait sûrement te faire du mal – selon lui. Ce qu’il ne sentait pas, contrairement à toi, c’était le fait que l’Être biblique n’avait pas de mauvaises intentions à ton égard. Ewydhien n’avait pas vu ce que tu avais vu, mais il avait quand même senti quelque chose d’anormal chez la votre cadette – si peut-on la qualifier de la sorte.
Entendant la première remarque de l’inspectrice, tu compris qu’autant elle comme son alter-ego n’avaient pas apprécié le fait que tu papotes sans leur dire ton nom ou ton pseudonyme – tu pouvais presque supposer que cette Entité le savait déjà et qu’on ne jugeait cette omission que comme un manque de respect ou un écart de conduite. Même si, quand tu portais ton masque, tu préférais ne donner que ton alias, on pouvait dire que tu n’étais pas réticente à l’idée de te présenter à autrui. Tu avais tendance à décliner soit ton second soit ton troisième prénom, puisqu’ils étaient beaucoup plus courants que le premier. Étant d’origine très ancien et quasi inutilisé depuis des siècles, ce serait facile de te retrouver en cas de problème. Afin de t’excuser, tu adressas une légère courbette à ta coéquipière temporaire, attrapant l’échantillon qu’on te lança avant de te redresser, tout en te présentant :
— Veuillez m’excuser, je manque à tous mes devoirs. Je m’appelle Alice et, bien que mes contemporains m’aient donné maints alias et surnoms, j’ai fini par adopter White Siren. répondis-tu, la suivant du regard, tout en rapprochant l’échantillon de ton visage pour mieux l’étudier.
Ton pseudonyme avait une bonne trentaine d’années. On t’avait appelée et t’appelait encore de plusieurs façons, mais White Siren est celui qui prédominait. Même les médias te mentionnaient comme étant une légende urbaine et une pseudo-explication à une série de meurtres, disparitions et psychoses collectives. Après quelques années sans qu’ont t’ait trop mentionnée, ta présence se réaffirmait à Gotham et dans ses environs. On t’avait remarquée dans d’autres villes durant cette dernière décennie, mais tu n’étais qu’un spectre qu’on peinait à apercevoir – surtout, quand on essayait de te trouver : plus on te cherchait, plus tu semblais te rapprocher de l’imaginaire. D’ailleurs, tu te souvenais du titre d’un article récent d’un magazine local : « White Siren : Ange ou Démon ? Réalité ou Fiction ? ». Il était clair qu’on a toujours eu du mal à te cerner, on ne savait pas si tu étais une justicière, une vengeresse ou une criminelle étrange ayant, tout simplement, disjoncté. Pourtant, tu étais très lucide et les témoignages des gens que tu avais aidés, d’une façon ou d’une autre, étaient bien plus nombreux que tes meurtres – tes chasses. Seuls ceux qui n’avaient pas la conscience tranquille et ceux qui avaient peur de mourir te craignaient vraiment – on t’assemblait à l’une des incarnations de la Faucheuse à cause de ton allure et de ton masque.
— Mon frère n’interviendra point, à moins d’estimer qu’il puisse m’aider. soufflas-tu, levant les yeux en direction du concerné. Le ton de ta voix n’avait pas changé, mais on sentait qu’il avait fait quelque chose que tu n’avais pas encore digéré.
Quoi qu’il en soit, tu inspectas minutieusement le liquide ambré avant d’ouvrir le conteneur pour pouvoir décortiquer son odeur. À l’œil nu et avec aussi peu de lumière, on ne pourrait pas vraiment le voir, à moins d’être très attentif et/ou travailler dans le milieu médical – toi, tu avais cette expérience et, en plus, tu étais nyctalope : il y avait quelques petits points bruns et une poudre semblable à du talc qui rendait le liquide un peu plus opaque que la normale : c’était du sang décomposé, des amas de cellules mortes et/ou cancéreuses, des restes d’un médicament et des résidus secs n’ayant pas été bien filtrés par les reins. Les premières odeurs qui te vinrent au nez, ce ne furent pas celles des médicaments ni celle de l’urée, non : ce furent celles qui trahirent du diabète non-traité et confirmèrent la présence de sang ainsi des cellules cancéreuses et nécrosées dans l’échantillon. La décomposition de la victime n’avait pas corrompu l’urine. De plus, la couleur était un peu plus foncée et dénotait une certaine déshydratation. Ceci ne faisait que prouver qu’elle était très malade, car tu pouvais également reconnaître lesdits médicaments, des substances mal métabolisées par le corps de cette femme… tu pouvais même établir un diagnostique post-mortem de ce dont elle souffrait.
Tu regardas à tour de rôle les deux femmes et le petit bijou en or. Oui, c’était ce qui la rattachait à ce monde, puisqu’elle ne tarda point à se rouer vers la rousse, sans la toucher. Elle avait reconnu ce petit cœur et le nom qui était gravé à l’intérieur – le sien : Rosemary. Elle aurait aimé le prendre, mais elle ne voulait pas non plus envahir l’espace personnel d’entité qui avait voulu l’étrangler quelques instants auparavant.
— La victime était diabétique et souffrait d’acidocétose, il y a une grande quantité de glucose dans son urine. De plus, elle avait un cancer généralisé, s’étant sûrement développé au niveau des reins et/ou du pancréas. Il y a du sang, des restes de tissus abîmés et cancéreux, des résidus secs d’origine minéral et une partie est purement chimique. Elle n’était pas traitée avant son trépas, mais il y a des restes de substances anesthésiantes, des opiacés et du cannabis. Ces deux derniers, je comprends, mais pas l’anesthésie. Je ne peux pas vous donner mon hypothèse sans avoir plus de preuves, mais… au vu de l’état du corps et ce qu’il y a dans l’urine, je dirais qu’elle a été assassinée après une intervention chirurgicale ou, bien, par quelqu’un qui avait à disposition du propofol et du sufentanil. commenças-tu, marquant une courte pause, observant l’esprit qui sembla être aussi pensif qu’effrayé – elle s’était sûrement rappelée de quelque chose. Ajoutant à tout ceci la possible heure du décès, l’odeur fiévreuse de l’échantillon et l’endroit où nous l’avons trouvée, je dirais qu’elle sort tout juste d’une clinique. Il n’y a pas d’hôpital dans le quartier et je n’ai vu partir aucune voiture en dehors des patrouilles.
En expliquant tout ceci, tu tentas d’être aussi brève et concise que possible, sans t’égarer dans les détails. Tu pourrais presque affirmer que le meurtrier était une personne douée en médecine, un chirurgien, sûrement ou quelqu’un qui voulait l’être. Les cliniques ne manquaient pas, dans la zone, et la plus proche se trouvait à quelques blocs de la ruelle. Cette fois-ci, tu rebouchas l’échantillon avant de fermer les yeux, recréant dans ta tête la scène que tu avais vue en arrivant. Même si tu étais concentrée, tu entendais l’esprit marmonner et confirmer tes dires : la dernière chose dont elle se rappelait, désormais, c’était d’être entrée dans la clinique pour avoir un autre avis au sujet du cancer. Effectivement, elle n’était pas traitée, ni pour le diabète, ni pour le cancer – elle fumetait pour faire passer la douleur, puisqu’elle craignait de devenir accro à la morphine. Elle avait toujours des lacunes, mais sa mémoire semblait se reconstituer.
— Le meurtrier est près de notre position et, soit il est assez fort pour porter le cadavre, soit il a avec lui de quoi le faire. Il fait partie du personnel de la clinique qui se trouve non-loin, dirais-je et… je crois comprendre pourquoi il a traité Rosemary de cette façon : elle n’est qu’une proie, pour lui. Il a sûrement prélevé ce qui lui convenait et a déchiqueté le reste pour confondre le GCPD. J’ai déjà vu un cas comme celui-ci… le modus operandi y ressemble, mais ce n’est pas exactement le même sentiment que je perçois : il y a autre chose que du dégoût, il y a de la colère et de l’orgueil dans ce meurtre. continuas-tu, sondant les lieux pour repérer toute forme de vie se trouvant dans ton périmètre. Le profil correspond à celui d’un psychopathe intelligent, mais négligeant de par son excès de confiance. J’oserais même prétendre que ce n’est pas un trophée qu’il a importé...
Pour toi, tout pointait au fait que ce type pouvait être ou faisait les courses pour un cannibale. Tu n’étais pas très sûre, mais son profil y correspondait. Vous ne serez fixés que lorsque vous aurez mis la main sur lui ou que tu auras une vision à ce sujet.
Dernière édition par Amerlyllian Die Rosenberg le Sam 22 Déc 2018 - 12:26, édité 1 fois
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Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Mer 19 Déc 2018 - 15:33
White Siren. Intéressant. Les légende urbaines le sont toujours après tout. Allait-elle le mettre dans son rapport ? Le doute l'habitait sur ce point. Les fantômes ne sont pas très appréciés dans les rapports officiels. Comme rappeler qu'il y a des points où son corps de métier restera toujours incompétent. Ego et hubris, voilà les moteurs de ce monde. Elle laissa son mikado fondre un peu plus en bouche, regardant le pendentif. Rosemary. Un autre nouveau fantôme.
Ou pas. Peut-être que ce soir elle aurait la chance de ne pas faire partie des fantômes. D'avoir la chance de ne pas être une de ces affaires classées sans suite, et d'avoir droit à sa visite de ses proches pour annoncer son décès. Les larmes, le déni, les cris, le désespoir... C'est ce qui s'annonçait. À moins que ce soit une de ces filles de la rue, sans espoirs ni avenir, sans vie et sans amis ? Non, pas avec un médaillon de ce genre. Elle fit signe à son étrange compagnie de la suivre alors qu'elle se dirigeait vers sa voiture. Elle prit sa radio en main, croquant son Mikado.
"Central ici Sema, j'ai trouvé une pièce à conviction du côté de la démembrée de ce soir. Je vais faire un peu le tour du quartier puis je rentre.
_ Bien reçu Angela.
_ Oh, et j'aimerais le nom de la personne qui était sensée ratisser la scène. Histoire de le mentionner dans mon rapport pour bâclage.
_ Tu te débrouilles Angie. Central, terminé."
Elle eu un sourire serein à la réponse, mettant le collier dans un sachet plastique. Il devait s'agir d'une nouvelle recrue, qui devait ne pas avoir supporté le passage de la théorie à la pratique. Elle se tourna vers sa partenaire de fortune, le dernier ayant déposé sa démission dans des circonstances peu claires, ayant parlé de partir dans un monastère. Grand bien lui fasse. Maintenant elle se retrouvait avec ça. Non pas que ça la dérangerait, mais quelque chose planait dans l'air.
C'était à cause de ce qu'elle disait sur ce frère. Quelque chose comme une odeur de fausseté. Quelque chose en quoi cette sirène voulait croire mais qui dans le fond, n'était qu'une illusion. Tout n'est qu'illusion dans ce monde. Elle ouvrit la portière de sa voiture, côté passager. Elle avait une folle envie de gratter le fond de cette affaire. Aussi bien celle de Rosemary que celle d'Alice. Elle croqua une nouvelle fois dans son biscuit, laissant le vent froid entrer dans sa voiture.
"Entrez dedans et enlevez votre masque. On va faire le tour des cliniques. Et pas de mais, j'aimerais être discrète sur votre implication dans cette affaire."
Elle laissa son regard se balader dans les toits. Il était toujours là, ce frère. Sa position semblait presque menaçante, comme un chat prêt a bondir. Tu es un chaton, jeune inconscient. Peut-être allait-il le faire ? Peut-être voulait-il lui faire peur, profitant de la pluie qui se mettait doucement à tomber depuis les Cieux. Comme pour donner un aspect menaçant au chaton. Elle ne lui donna pour toute réponse qu'un sourire plein de sérénité.
Je me moque bien de tes vices, cancrelat des limbes. Approches, tu ne regrettera que ta simple étroitesse d'esprit. Et les canines que je t'arracherais une à une, avant de plonger ta tête dans ces eaux que tu auras souillé de mon sang. Tu n'es qu'un petit courtisan capricieux dans la nuit noire... Et je serais ton précepteur dans cette dure réalité si tu insistes...
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Dim 23 Déc 2018 - 0:40
In dubiis, abstine
Puisque la rousse t’invita à la suivre jusqu’à sa voiture, tu le fis, gardant quelques pas de distance entre vous afin de pouvoir observer l’inspectrice et l’esprit avec un certain recul – dans tous les sens du terme. Rosemary vous suivit, restant un peu plus près du membre de la GCPD que toi – son médaillon s’attirait, elle le suivra jusqu’où il le faudra, et ce, jusqu’à ce qu’elle puisse s’en détacher. Elle sanglotait en silence, pinçant ses lèvres, tout en te jetant des petits coups d’œil dès qu’on la mentionnait. Elle avait peur et elle se tournait vers toi, maintenant qu’elle n’était plus dans le déni – du moins, en ce qui concernait sa mort : autant elle avait besoin de ton aide, autant elle ne voulait pas se souvenir de ce qui s’était passé. Elle ignorait ce qui allait se passer ensuite, si elle irait au paradis ou en enfer, ou quelque chose de pire. Elle était une fervente croyante, chrétienne, alors… elle ne pouvait pas être plus perdue qu’elle ne l’était déjà. Elle avait tellement de questions et elle ne savait pas si elle pouvait vraiment te les poser, mais une chose était claire : elle n’allait certainement pas les poser à l’entité qui l’avait intimidée, qu’il ait ou pas un lien avec ses croyances.
— E-et maintenant… ? Qu’est-ce qu’il va m’arriver ? demanda la blonde, incertaine, entortillant ses cheveux autour de ses doigts. Mon âme… est-ce que je vis aller en Enfer ? Parce que je n’ai pas été une bonne personne ?
— Si tu n’as pas la conscience tranquille, il y a des chances. Je ne te connais pas, je ne peux pas en juger. Toutefois, il y a plus que ces sphères-là. Ton âme pourrait simplement errer dans les limbes, parmi les vivants, ou rejoindre le cycle de la réincarnation. Je dois t’avouer que j’ai vu plus de gens faire ce dernier voyage plutôt que finir au Purgatoire ou… ailleurs. lui expliquas-tu, parlant à voix basse pendant que ta partenaire temporaire parlait avec ses collègues via la radio. Quoi qu’il en soit, j’ignore comment est-ce que tout ceci marche, en vrai, mais je pense qu’il n’y a aucune certitude. Je ne fais qu’aider les âmes errantes à traverser et à accomplir leurs dernières volontés, Rosemary.
La défunte ne fut pas vraiment rassurée de rester dans l’incertitude, mais elle fut un peu soulagée d’apprendre qu’il y avait toujours de l’espoir et que rien n’était fixé – du moins, à votre avis. Dieu sait ce qu’elle deviendra, une fois que tout sera fini. La blonde baissa le regard, se sentant coupable de t’avoir traité irrespectueusement au début. Tu lui souris doucement, lui montrant que tu ne lui en voulais pas avant d’écouter ce que la rousse te disait. Désormais, deux questions se posaient : monter ou ne pas monter, retirer ou ne pas retirer ton masque ? Tu étais beaucoup plus rapide à pied, mais l’accompagner te permettrait de parler avec elle et mieux partager tes informations qu’en restant à l’extérieur – le plus problématique demeurait l’histoire du masque. Un véritable dilemme… Si tu le retirais, vous risquiez gros puisque tu n’étais pas sensée être en dehors d’Arkham City et, si tu le gardais, ce n’était pas mieux, puisque c’était tout sauf discret. Si tu avais eu de quoi te changer et te déguiser, ça ne serait plus un souci. D’ailleurs, tu ne manquas point de partager cette question polémique avec elle :
— Je ne saurais pas vous dire ce qui est pire : que je dévoile mon visage et qu’on me voit dans cette partie de la ville ou le garder, effrayer autrui et ne pas passer inaperçue, entre autres. Mon identité civile et mon visage sont loin d’être inconnus, même s’il n’y a pas de photographies récentes qui tournent de par ma... condition. lanças-tu, gardant un mince sourire malgré le sérieux qu’il y avait dans ta voix. Vous pourriez finir à Arkham City si on me voyait avec vous, ou bien pire… J’ai autant d’alliés que d’ennemis, dois-je vous avouer. Rien que vos collègues se poseraient bien des questions. Ce n’est pas la première fois que je travaille avec le GCPD.
Dès qu’il entendit la proposition qui t’avait été formulée, ton frère dévisagea l’inspectrice avant de s’éclipser pour aller chercher de quoi résoudre ce souci identitaire. Il ne tarda pas à se faufiler dans un appartement dont la fenêtre était ouverte pour piquer un sac à dos avec des affaires qui traînait dans la chambre. Il l’ouvrit rapidement et vit qu’il y avait quelques habits et du maquillage, entre autres. Il se permit de voler une veste noire en faux cuir qui était sur le lit avant de revenir à la ruelle, t’interpellant.
— Eh, Amy. Attrape ! fit-il, te balançant le sac et la veste du haut du toit, s’asseyant en tailleur au bord, sans rien dire de plus.
Utilisant l’un de tes vectors, tu récupéras ce qu’il venait de t’apporter. Son geste eut l’effet escompté quand tu vis ce qu’il y avait à l’intérieur et tu ne lui demandas même pas d’où il l’avait sorti : il l’avait volé, ça portait l’odeur inconnue d’une jeune femme et des restes émotionnels – du stress, du dépit et de la frustration. C’était mieux rien et tu pouvais vite improviser un déguisement avec tout ceci.
— Je t’en remercie, Ewy. lui répondis-tu, ayant pour seul retour un sourire gêné, mais fier de la part de ton jumeau.
Il allait respecter ton choix de ne pas intervenir directement, ce soir, à moins qu’il y ait un problème et tu sois en danger – il voulait se faire remonter dans ton estime et ton attitude moins froide envers lui fit très plaisir. Fouillant l’intérieur du sac à dos, tu ouvris une portière de la voiture et te glissas à l’arrière de celle-ci.
— Très bien, nous allons faire comme vous dites, inspectrice. Je vous emprunte l’arrière de la voiture quelques instants. avanças-tu, sortant tout ce que tu allais utiliser : la robe kaki en laine et outrageusement courte qui n’allait même pas couvrir la trousse qui était attachée à ta cuisse gauche, un bonnet en laine, des gants, une écharpe et la trousse de maquillage qui s’y trouvait.
Sans hésitation, tu retiras ta robe et ton masque – restant momentanément de dos à la rousse. Tu n’étais pas pudique, au moins, et ta longue chevelure couvrait une bonne partie de ton anatomie. Tu posas ton sac de douceurs sur le siège avant, avec le maquillage, avant d’enfiler la robe tenue qu’on t’avait apporté, gardant tes bottes et rangeant soigneusement à l’intérieur ton déguisement. Rapidement, tu enroulas ta chevelure en un chignon négligé avant de mettre le bonnet sur ta tête – cachant tes cheveux, ne laissant que ta frange et quelques mèches derrière ta tête, faisant en sorte que ça ressemble à une assez coupe courte. Tu enfilas les grandes lunettes de soleil que tu trouvas et l’écharpe avant de passer devant, laissant que l’esprit s’installe derrière. Tu mis tes douceurs à tes pieds, posant la trousse à maquillage sur tes cuisses, laissant glisser tes lunettes sur ton nez, le temps de dégoter le liner et le mascara noir. Tu n’aimais pas mettre du maquillage, mais tu savais très bien en appliquer – tu te devais de le faire, pour certains déguisements, sans compter que ça pouvait cacher ton albinisme et ton teint livide. Sans même avoir besoin de créer un reflet pour te regarder dans un miroir, tu te fis des yeux de biche et appliquas le mascara, un peu de fard et du gloss. Ce n’était pas excessif, mais c’était suffisant pour camoufler un peu ton visage. Il ne restait que tes cheveux… Tu regardas les poudres et la petite laque avant de te résigner à utiliser la poudre en question pour teindre ta frange et les quelques mèches que tu avais laissées dehors du bonnet avant d’y appliquer un peu de laque, pour la fixer.
Tu ne regardas pas la policière avant d’avoir fini. Sans tes lentilles, tes yeux risquaient de trahir ta nature – autant garder les lunettes pendant que vous enquêtiez, même si elles n’étaient pas aussi foncées que les carreaux de ton masque et qu’elles étaient trop décorées, à ton goût. Trop de petits cristaux sur les côtés, etc. C’était trop voyant, pour toi, mais ce que tu portais était totalement à l’opposé de ce que tu enfilais, d’habitude : plutôt provoquant, mais passe-partout - tu aurais presque pu dire que la robe était vulgaire, mais il y avait pire... Tu n’allais pas cracher dessus, mais tu préférais quand c’était un peu plus long – question de confort et de discrétion. Après, quoi que tu portes, ça t’allait – même ce qui ne te plaisait pas. Tes formes étaient généreuses et mises en valeur avec la coupe moulante de la robe, tandis que la veste redessinait flottait au niveau de ta taille. Puisque tu avais une trop forte poitrine, tu ne pouvais pas fermer ladite veste entièrement – alors, tu ne montas la fermeture éclair que sous tes seins.
— Nous pouvons y aller. précisas-tu, en toute sincérité, rangeant ce que tu avais utilisé dans le sac à dos, le fermant à son tour, avant de prendre un paquet de réglisses à la fraise. Tu plongeas ton regard ambré dans celui de ta partenaire, levant un peu les friandises avant de terminer ton discours : Cela vous dérange si je grignote ? Je préfère en éloigner l’envie et la sensation désagréable que la faim me procure. Ce sera mieux pour tout le monde, car je deviens plus susceptible – voire irritable.
Par ces mots, on pouvait vite comprendre que tu n’avais pas encore mangé. Tu préférais éviter toute sorte de dérapage, car, si tu avais une grande maîtrise de soi, la faim te faisait agir en prédateur et tu étais beaucoup plus sensible à tout – le sang, le bruit, la lumière ; l’agitation de la ville, en somme. Les sucreries restaient peu de temps dans ton estomac et n’étaient pas pour le moins nutritives, pour toi, mais ça te changeait un peu les idées.
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Dim 23 Déc 2018 - 19:45
Ainsi donc, la fameuse White Siren hésitait à enlever son masque et son frère, semblant répondre au nom d'Ewy, venait à sa rescousse. Entré par effraction, cambriolage, sous le nez d'une policière tout en montrant des capacités inhumaine. Elle allait fermer les yeux sur ça dans son rapport, ça ne lui ferait rien. Et cette "Amy" et non pas Alice comme elle le prétend est peut-être sa clé pour Arkham City. Sa clé pour mon chevalier noir. Elle laissa l'intimité demandait par sa partenaire du moment.
Une fois fait, elle put voir le résultat. Et c'est ainsi qu'elle pouvait contempler l'une des formes de magie les plus puissantes et étranges. Enseignée aux femmes par l'ange déchu Azazel. Le maquillage. Elle se contenta de croquer son mikado, prenant place dans la voiture. Elle tourna la clé et coupa la radio vers le central. Elle préférait éviter tout incident. Si le central apprenait qu'elle agissait comme une détective privée, elle ne donnait pas cher de son badge. À la question sur les sucrerie, elle ne répondit qu'en ouvrant la boîte à gant pour sortir une boîte de mikado.
"Vous avez plusieurs prénom n'est-ce pas ?"
Vous êtes une créature inhumaine aussi ? La question ne l'effleurait même pas. Ce n'était qu'une autre bizarrerie qui se produisait dans sa vie de tout les jours. Elle se posait plus des questions sur l'étrange non-réaction de son pouvoir. C'était le plus inquiétant dans cette voiture à l'air froid. Si son pouvoir pouvait défaillir. Elle sortait de sa poche son téléphone, ouvrant une carte du quartier. La clinique la plus proche était à quinze minutes en voiture.
L'approche. Comment entamer l'approche alors qu'elle allait démarrer. Elle en première, la femme à l'arrière en deuxième ? Mais que pouvait-elle faire ? Elle était aussi spéciale que son frère, ou y avait-il quelque chose de plus ? Elle se rendait compte qu'elle ne connaissait pas l'étendue des pouvoir de sa partenaire. Elle avait besoin de plus de détail pour préparer ce plan d'action. Action par inaction.
"Quels sont vos capacités ? Que nous puissions aborder intelligemment la situation."
Quelle étrange situation. Parler concrètement de surnaturel avec quelqu'un. Parler de capacité qui dépassent l'entendement. Parler de choses que les gens craignaient d'aborder. Elle ne craignait pas pour elle. Elle avait tendance à ne pas l'aborder car on ne lui posait pas les bonnes questions. Et maintenant, elle posait les questions pour arriver sur le sujet. Déconcertant.
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Jeu 27 Déc 2018 - 20:09
In dubiis, abstine
Quand la rousse coupa la radio, tu te sentis un peu soulagée – ça pouvait vous éviter des désagréments à toutes les deux. Après, elle répondit à ta question silencieusement, ouvrant sa boîte à gants pour en sortir des mikado. Alors, tu te remis à grignoter, commençant par les bâtonnets de réglisse rouge que tu avais à la main. Tu préférais les douceurs que tu faisais toi-même et tu avais pris un certain temps à trouver des produits industriels qui aient un goût à autre chose que du sucre. Généralement, ce genre de productions massives étaient fades et nocives pour la santé, de par certains de leurs ingrédients en proportions demeurées – sucre, sel, graisses, conservant, additifs, parfois des poisons et autres substances chimiques qui n’avaient pas lieu d’être dans la nourriture. Toutefois, tu n’avais pas à t’en faire pour cela, puisque ça n’avait aucun effet sur toi. Si tu n’avais pas le temps de préparer toutes les sucreries que tu dévorais, généralement, tu préférais acheter dans des endroits plus ou moins artisanaux ou traditionnels et les moins mécanisés possibles – aujourd’hui, c’était une exception, tu étais pressée et il n’avait que ce petit magasin ouvert.
Tu n’avais pas besoin d’avoir un avis de l’inspectrice pour savoir que ton déguisement était potable, tu étais confiante et ce n’était pas le premier que tu faisais. Tu avais appris d’un véritable caméléon, d’un criminel maître du déguisement qui frappait depuis des décennies et dont on ne savait pas plus que jour où on a trouvé son premier cadavre – Absolem, ton cousin. Le surplus de vêtements cachait ton teint pâle et le maquillage te donnait l’air moins... cadavérique – il fallait bien l’avouer : tu étais une revenante, une non-morte, et ton teint de porcelaine était perturbant, même de ton vivant. On pouvait se demander ce dont tu pouvais être capable, comme déguisement, avec le matériel que tu avais à la maison. Certes, tu ne pouvais pas prendre l’apparence d’un homme, ni même celle d’un enfant trop petit, mais tu pouvais cacher tes formes et ton sexe si tu prenais l’apparence d’une personne très en surpoids. C’était encombrant, mais ça valait la peine dans les situations… délicates. Ton regard se posa sur l’esprit qui vous accompagnait, la regardant à travers le miroir du pare-soleil – elle se balançait anxieusement sur son siège, regardant par la vitre de la voiture. Ne pas avoir de reflet pour être utile, parfois : ton corps ne faisait pas obstacle, cachant ce qu’il y avait derrière toi.
— J’en ai trois, en effet – mon frère aussi. Les joies du milieu où nous sommes nés… Si vous n’avez pas un nom à rallonge, on vous prend difficilement au sérieux et on vous ne manque point de se montrer altier. soufflas-tu, à l’entente de ton interlocutrice.
Tu marquas une courte pause, mangeant, tout en réfléchissant à comment allais-tu répondre à l’autre question qui t’avait été posée. Tu voulais être le plus claire et concise que possible, tu n’avais pas envie de t’étendre là-dessus, ni de faire une tirade, mais si ça pouvait être utile à l’inspectrice, tu étais prête à faire usage de tes dons et pouvoirs – la faim te titillait, autant ne pas abuser de ta salive pour que ta gorge ne sèche pas davantage. Ton silence se brisa en même temps que tu ouvrais un paquet de snoballs fourrés à la crème vanillée.
— Je suppose que vous avez déjà entendu parler des vampires ? Et bien, j’en suis une, mais… je suis un peu différente de mes congénères : je ne suis pas plus forte qu’une humaine de ma carrure et je ne me transforme pas en animal ou brume, non plus – je ne peux que changer la taille de mes canines et de mes ongles. Encore est-il, j’ai appris à compenser mes faiblesses avec mes maîtrises psychiques et ma vitesse – je suis plus rapide qu’eux. De plus, mes sens sont surdéveloppés et je peux utiliser l’écholocalisation pour sonder ce qui m’entoure. commenças-tu, prenant une petite bouchée de ton gâteau chocolaté et couvert de noix de coco. Tu parlais aussi franchement que modestement, tu n’aimais pas frimer ni t’exhiber. Pour ce qui est desdites maîtrises psychiques… je peux faire un peu de tout, sauf lire les pensées et contrôler l’esprit d’autrui – je ne peux qu’endormir et obliger quelqu’un à dire la vérité, via hypnose. Nous pourrions dire que je suis médium et mentaliste, kinsésiste et empathe, entre autres.
Même si tu mangeais pas mal, tu prenais ton temps pour le faire et tu ne salissais pas. Tu rangeais les emballages dans ton sac en plastique, au fur et à mesure que tu engloutissais ce qu’il y avait à l’intérieur. Tu ne donnais pas beaucoup de détails, estimant que si ta partenaire avait des questions, elle te les posera. Peu de gens savaient ce qu’était, l’Empathie à l’état pur, et le terme qu’on employait pour désigner ceux qui avaient ce don – ou malédiction. Tu ne savais pas comment est-ce qu’elle prendrait le fait que tu lises en elle, ne serait-ce qu’involontairement. Peut-être qu’elle s’en foutrait, mais les gens n’aiment pas ce genre d’intrusions, la plupart du temps.
— D’ailleurs, à ce sujet… je m’excuse d’avance. Sachez que ma perception des ressentis et des intentions d’autrui est passive. Je peux manipuler les émotions et autres, transmettre les miennes, mais pas bloquer le flux dans le sens inverse. Et, si cela vous rassure, vous êtes suffisamment complexe pour que je peine à lire en vous. t’excusas-tu, triturant discrètement tes doigts – tu étais gênée. Accessoirement, ce même don me permet de savoir quand est-ce que l’on ment. Et j’ai le sentiment que vous êtes aussi en mesure de le savoir. Vous parler est plus agréable que le faire avec la plupart de vos collègues. Je trouve offensant et, parfois, agaçant qu’on doute de la véracité de mes propos. Le mensonge est un artifice auquel je ne saurais point avoir recours, comme le préjugé.
Pour dissimuler un peu cette gêne, tu ouvris une bouteille de thé au miel et aux myrtilles et bus quelques gorgées. Toutefois, lorsque tu allais reprendre la parole, tu sentis ta gorge se serrer et tu te mis tousser – couvrant ta bouche et manquant de renverser le thé. Heureusement que tu ne respirais pas, sinon, ça aurait pu être pire ! Doucement, tu essuyas tes lèvres avant de lever les lunettes et passer une main sur tes yeux, soupirant longuement, cherchant à te détendre – ce n’était pas le moment de laisser te laisser aller. Être un vampire craignait, dans ce genre de situations… Tu détestais te montrer faible ou, du moins, dévoiler tes faiblesses. Ce soir, tu ne te souciais pas trop de la couleur noire qu’avait pris ta sclérotique ni de tes pupilles qui se contractaient en feinte. Avec ton look et le maquillage, on pouvait penser que tu étais juste une punk loufoque parmi tant d’autres – et ça t’arrangeait. Les canines longues, c’était le moindre de tes soucis, tu leur rendras une taille humainement acceptable quand tu seras plus détendue.
— Veuillez m’excuser, où en étais-je ? Ah. Ignorant les capacités liées à ma nature, je suis une femme à tou faire. Pistage et recherche de personnes ou objets, cueille d’informations, infiltration, création de profils, traduction et interprétation, médiation, intimidation, livraisons et messagerie… La panoplie de la fouine au complet. ajoutas-tu, esquissant un petit sourire auto-dérisoire avant d’achever ton discours : Je ne suis pas une mercenaire, ceci dit. Je ne tue que pour me nourrir et si je peux l’éviter, je n’en suis que ravie. J’ai déjà été consultante, y compris pour le GCPD – ce n’est pas rare qu’on demande mon avis. Depuis qu’ils pensent que je suis dans la zone de quarantaine, la police ne m’a plus consultée. Si vous avez d’autres questions, je me ferai une joie d’y répondre.
Finalement, tu n’avais fourni à l’inspectrice que les capacités et connaissances qui pourraient lui être utiles, omettant d’autres, afin d’abréger tes propos. Inutile de préciser que tu étais quand même consultée par d’autres personnes. Par exemple, par des citoyens voulant faire sortir quelqu’un de la zone de quarantaine, retrouver quelqu’un d’autre ou faire passer un message en douces ainsi que l’Armée pour faire des rapports sur la situation à l’intérieur d’Arkham City, etc, etc etc. Le Général Baker gardait pour lui vos entretiens et ne révélait pas la source des informations que tu lui apportais. Remettant les lunettes de soleil, tu posas ta tempe contre la vitre, regardant la pluie tomber sur tout ce qui vous entourait – tu fermas les yeux, savourant le son et les odeurs apportés par cette dernière. C’était apaisant.
Dernière édition par Amerlyllian Die Rosenberg le Dim 3 Fév 2019 - 17:23, édité 1 fois
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Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Ven 28 Déc 2018 - 13:43
Et nous y voici, dans l'infinité de la nuit. Dans ces ténèbres que Dieu chassa en appelant à lui la lumière. Une lumière radiante, aveuglante, chassant les horreurs se cachant dans les ténèbres par leur destruction pure et simple. Dans un véhicule de service, s'engouffrant dans une cité de sable et de ténèbres, se tenait une ombre de cette antique obscurité sur le siège passager avant de la voiture. Tant de pouvoir, mais si peu d'occasion de s'en servir. La créature dans sa voiture savait faire tellement de choses. Peut-être trop. Mais ce n'était pas à elle de juger. Elle ne jugeait je pas, ce n'était pas son rôle.
Pour juger, il fallait être empathique. Il fallait être capable de ressentir quelque chose pour son prochain, de se focaliser autrement que par la destruction. Ce n'était pas problématique pour elle. Elle avait un but suffisamment simple pour ne pas se tourmenter. La seule chose qui pouvait amener une vague sensation de mal-être était ses questions. Qui elle était, d'où elle venait, pourquoi elle avait ces choses étranges autour d'elle. Parce que tu es moi. Et j'espère que tu ne voleras jamais comme je le fais. Elle ne put s'empêcher de lâcher un sourire au mot complexe pour la désigner.
"Je me suis toujours défini comme la plus simple des créatures."
Elle était simplement calme. Simplement emplie d'une sérénité qui empêchait la colère de prendre le dessus. Elle n'avait jamais ressenti une chose pareille, jamais eu la sensation que quelque chose terriblement grave pouvait briser sa quiétude d'esprit. Et pourtant la colère est ma détermination, ce qui me permet toujours d'avancer. Es-tu sûre de ne rien ressentir par rapport à ça ? Elle regarda son reflet dans le rétroviseur. Pendant un bref instant il était là. L'ange dans ses rêves. Il devenait de plus en plus présent, c'était étrange.
"Je ne vie que pour mes questions."
Pas vraiment quelque chose pour la créature sans reflet. Plus pour cette partie d'elle-même qui continuait encore et toujours de sa manifester toujours plus. Déroutant. Mais pas assez pour briser sa sérénité. Et si je te donnais mes yeux ? Continuerais-tu à vivre pour tes questions ? Étrange. D'habitude il n'y avait pas ce genre de questions. Elle se concentra sur la route. La clinique n'était plus très loin. Elle parla alors, comme une personne qu'elle ne voyait pas. Ce devait être le cas.
"Il faudra trouver ce médecin. Peut-être que quelque chose reviendra en tête."
Je te vois encore créature, et j’abhorre ta présence. Je suis toujours plus proche de la surface, alors que je devrais dormir. Je ne veux que dormir. Ton destin ne m'intéresse guère, mais si c'est ce qu'il faut pour retourner dans les limbes de mon âme, alors soit. Mais cesse de pleurer. Ta mort aurait pu être pire. Elle aurait pu être une simple balle perdue. Elle arrêta la voiture, se frottant les tempes. Quelque chose était encore plus étrange ce soir. Elle se sentait de plus en plus fatiguée. Elle s'étira avant de sortir.
"Je prend 5 minutes d'avance. Vous rentrerez après, en vous faisant passer pour une patiente. Autant ratisser large."
Elle se sentait plus légère en entrant dans la clinique. Comme éthérée. Pas vraiment en phase avec son propre corps. Étrange, encore. Elle se dirigea vers l'accueil, sortant son badge face à l'hôtesse. Ses pas étaient étrangement silencieux.
"Bonsoir, je suis l'inspecteur Archbishop. Je viens vous poser des questions sur un meurtre. Une potentielle patiente à vous. Jeune femme diabétiques, la vingtaine, blonde aux yeux verts. Elle possédait cet objet sur elle. Son nom était Rosemary et elle souffrait d'un généralisé."
La femme releva la tête, observant le badge puis le pendentif. Puis elle regarda ses yeux. Son corps sembla se figer un bref instant avant de mettre son nez dans ses registres sans dire un mot. Étrange, encore... À moins qu'elle ne soit simplement raciste.
Au cours de la conversation, tu crus brièvement apercevoir l’Être qui avait intimidé Rosemary. Ton attention fut attirée par ce semblant d’apparition, d’autant plus que les yeux de ton interlocutrice n’étaient plus verts – c’étaient ces deux orbes flamboyantes que la créature biblique possédait. Même sa voix avait changé pendant un court instant. L’esprit qui sanglotait sur la banquette arrière cessa de pleurer, non pas parce qu’elle le voulait, mais parce que l’ange – ou démon, tu ne pouvais pas faire la différence, dans ce cas – l’effrayait. Le fait qu’elle ne cesse de se lamenter semblait l’agacer et tu ne manquais pas de le percevoir.
Puisqu’on t’avait demandé d’attendre cinq minutes avant de rentrer et que Rosemary avait suivi l’inspectrice, tu restas dans la voiture, évitant le regard insistant de ton frère depuis le toit le plus proche à ton emplacement. Il attendait que tu sortes et pour savoir ce qui s’était passé dans la voiture – et pour te mater, puisque tu portais quelque chose de beaucoup plus court que d’habitude. Il avait aussi vu le changement chez l’inspectrice, mais tu n’avais pas de réponse pour ça – tu ne savais pas qui était cette entité et la jalousie maladive de ton jumeau n’avait pas lieu d’être puisque l’ange métallique n’éprouvait aucun intérêt à ton égard.
En attendant que ces quelques minutes s’écoulent, tu te mis à réfléchir et à la calculer la façon dont tu allais entrer et te faire passer pour une patiente sans mentir. Tu n’aimais pas ni ne savais pas le faire, mais tu étais douée pour jouer la comédie – n’avais-tu pas été actrice, autrefois ? Tu ne pouvais pas te blesser pour attirer l’attention du service de chirurgie et être considérée comme une patiente prioritaire, mais tu avais quelque chose qui pouvait t’aider – ou, plutôt, c’était un petit détail qui te manquait : ton cœur et tes poumons ne marchaient pas. S’ils te pensent en arrêt cardio-respiratoire pour X raisons, ils devront t’amener dans le bloc ou te faire RCP sur place. Que tu entres dans la partie réservée aux patients en tant que tel ou que tu puisses distraire les gens pour que la rousse le fasse et après te faufiler, ça t’était égal. Dans les deux cas, vous alliez avoir ce que vous vouliez.
Ce qui était dommage, c’est que tu loupes ce se passait dans la clinique. Tu n’aurais pas pu t’empêcher de rire face à l’audace d’une septuagénaire aux mains baladeuses. Cette dernière attendait, assise non loin de l’accueil, quand la rousse entra. Puisqu’elle ne voyait pas bien, cette vieille dame de petite taille la confondit avec un homme – qui était tout à fait à son goût. Elle se leva de son siège, alors, et décida de s’approcher de l’inspectrice. Les toilettes se trouvaient de l’autre côté de l’accueil, donc elle pouvait parfaitement faire comme si de rien n’était, avant de trébucher et laisser tomber sa canne par terre. Dans un pseudo-réflexe pour ne pas tomber, elle aussi, elle mit la main aux fesses de l’inspectrice – cherchant à s’accrocher à sa ceinture. Ensuite, elle la retira aussitôt, s’appuyant contre le comptoir avant de s’excuser – même si elle ne pensait pas du tout ce qu’elle disait :
— Mon dieu ! Je suis désolée, jeune homme. J’ai vraiment cru que j’allais tomber et me fracturer encore la hanche... lança-t-elle, portant une main à sa hanche avant de frotter difficilement le bas de son propre dos. Pourriez-vous m’aider à ramasser ma canne, s’il vous plaît ? Je suis trop âgée pour me baisser...
Bien sûr… Certes, mémé ne pouvait pas se baisser, mais elle avait d’autres moyens pour récupérer la canne. Elle ne mentait qu’à moitié, cachant ses véritables intentions : avoir un gros plan des fesses du rouquin qui lui plaisait et, éventuellement, s’il était sympa, elle abuserait de sa gentillesse pour lui demander de l’aider à aller aux toilettes et la raccompagner à sa place.
* * * * * * * De ton côté, tu quittas la voiture, cachant ton sac sous le siège du passager. Tu rajustas ta tenue, tirant sur le bas de ta robe pour éviter que l’on voit ta culotte – si bien devant que derrière. Tu avais presque l’impression de rien porter, tellement que c’était court. Le temps s’était écoulé et tu optas pour diriger à l’entrée de ladite clinique, d’un pas léger, mais instable. Tu tiras un peu sur ton écharpe, imitant les bruits et l’expression de quelqu’un qui avait de plus en plus de mal à respirer. C’était bien qu’il n’y ait pas d’autres places libres que celle de la grand-mère, d’un regard désespéré, tu balayas l’accueil du regard, sans trop t’attarder sur la rousse. Tu semblais presque vouloir dire quelque chose, on aurait pu croire que tu voulais demander de l’aide ou dire ce qui t’arrivait, mais tu t’effondras avant qu’on n’ait pu faire quoi que ce soit – tombant la tête la première et en avant. Tu avais eu mal, mais tu ne t’étais pas blessée – c’était déjà ça et cette petite mise en scène avait eu l’effet escompté. Tu ne bougeais pas et ton buste, non plus. La femme de l’accueil demanda au personnel de s’occuper de toi et on ne tarda point à te mettre sur une civière et puisqu’on ne parvint pas à trouver le pouls sur ta gorge, il valait mieux t’enlever vite du milieu.
Le bon point de cette histoire, c’est que vous aviez appâté LA bonne personne. L’infirmier qui allait s’occuper de toi avait été reconnu par Rosemary – c’est l’homme qui lui avait administré l’anesthésie, contre son gré, et elle en tremblait, ayant quelques fragments de souvenirs relativement violents. Il fut contrarié de voir l’inspectrice sur place, mais n’eut pas de mal à cacher son inquiétude. Il était TROP calme pour être naturel, dans cette situation, mais son pouls et ses ressentis trahirent la nature de ses pensées. Il regrettait d’être rentré après avoir jeté le cadavre… Il se disait qu’il aurait dû partir, simplement, mais il n’imaginait pas que la police pourrait lui tomber aussi rapidement dessus. Il portait toujours l’odeur de la blonde, de son sang et bien plus. C’était lui, tu n’avais pas le moindre doute.
Juste un faux pas. C’est tout ce qu’il lui fallait.
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Jeu 3 Jan 2019 - 15:04
Il y avait eu une Rosemary. Rosemary Dawson, venue suite à une crise particulièrement violente au niveau du foi. C'était il dans l'après-midi. Intéressant. Et personne ne semblait avoir remarqué sa disparition. Les mortels n'aiment guère voir la mort. L'hôtesse ne la regardait jamais dans les yeux, comme si elle cherchait à éviter quelque chose. Une forme de culpabilité ? Tu as mes yeux, elle ne peut voir que ses propres fautes. Devait-elle creuser ? Ce serait non professionnel de ne pas le faire.
"Il y a quelque chose, n'est-ce pas ?
_ Rien en rapport avec la patiente que vous demandez..."
Elle disait la vérité. Elle ne sifflait pas des oreilles. L'hôtesse se contenta juste de se lever de son siège, essuyant quelques larmes. Étrange. Mais pas autant que la suite. Des mains, vieilles et crispés, se tenant à sa ceinture. Des mots, des mensonges. Elle était toujours dos à l'ancienne. Elle la prenait pour un homme ? Comme c'était... Attendu. Elle ne se retourna pas de suite. Tu préfères les mauvaises surprises, mais j'ai ma dignité... Elle ramassa la canne avant de se retourner, la tendant à l'ancienne.
"Je pense que ceci est à vous."
Le visage décomposé de l'ancienne était un délice. Il perdait peu à peu ses couleurs, subjugué qu'elle était par ses yeux. Qu'avaient-ils de si spécial aujourd'hui ? Elle fuyait rapidement son regard, tremblant un peu avant de partir rapidement. Angela jurerait entrapercevoir quelque chose, comme l'ombre d'un enfant la suivant. Le poids de ses fautes. Elle n'y prêta pas plus attention. Elle devait attendre le retour de l'hôtesse. Elle ne reviendra pas. Le poids est trop lourd.
Tout est trop lourd. Ce n'est pas l'apanage des Hommes de s'accepter. Il y a toujours quelque chose. Tu le sais. Tu le vois à chaque vie que tu détruis. Tu arrives à vivre avec car tu ne te préoccupes pas du poids. Comment feras-tu face à un miroir déformé ? Le tueras-tu ? Non, ce n'est pas ton genre. Tu ne vois pas la mort comme une punition, mais une étape. Un simple sommeil. Comme j'aimerais me rendormir. Avant que tu n'ais plus que mes yeux.
Elle sortit de sa transe. Quelque chose ne tournait pas rond aujourd'hui. Elle sortit des mots de son ange gardien face au bruit qu'il y avait. Sa compagne d'outre-tombe avait fait un numéro impressionnant. Elle posa son regard sur un des infirmiers. Il avait l'air calme jusqu'à ce qu'ils plongent concrètement leurs yeux l'un dans l'autre. Je le sais. Il semblait voir qu'elle savait. Savoir quoi ? Elle jurerait voir des milliers de mains s'accrochant au corps de l'homme.
Il se mit à courir. Elle le poursuivit rapidement, jamais loin derrière. Elle le rattrapait dans les couloirs. Que vas-tu faire face à ton miroir déformant ? Elle réussit à le plaquer au sol. Sa condition physique n'était pas la meilleur. Il ne mange que le pourri avec un appétit gourmand. Elle lui passa les menottes.
"Permettez que je vous pose quelque questions ? Vous m'avez l'air d'avoir envie de partir bien loin."
Il grogna. Elle le traina dehors, jusqu'à la voiture. Elle jurerait voir de plus en plus de main. Elle jurerait entendre des murmures inaudibles. Que vas-tu faire avec mes oreilles ?
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Lun 21 Jan 2019 - 15:06
In dubiis, abstine
Le cannibale était confiant, tellement confiant. Il ne pensait pas avoir fait la moindre erreur et, pourtant, ce fut son excès de confiance dans un monde comme le nôtre qui l’avait conduit à sa perte : face à des humains quelconques, il n’aurait peut-être pas été aussi aisément démasqué. Néanmoins, vous n’étiez pas des vulgaires humaines. Tu étais un vampire, médium qui plus est, et l’inspectrice était loin d’être normale. Son enveloppe était mortelle, certes, mais son âme était autre chose de bien plus complexe et impitoyable. Ce type ne savait pas encore dans quoi il s’était fourré. Rosemary avait suivi de près la rousse et son meurtrier – qui se contenta de rester inexpressif et silencieux, car tout ce qu’il pourrait dire ou faire risquait d’être utilisé à son encontre. L’âme de la blonde abandonnait peu à peu la peur, la remplaçant par contre chose : de la haine et de la colère. Elle serrait les dents, maudissant à voix basse celui qui avait décidé d’abréger ses jours – sa présence s’affirma et devint, même, plus pesante. Si elle avait pu étrangler l’infirmier, elle l’aurait fait, mais elle laissait l’assassin à la créature monstrueuse qui l’avait intimidée plus tôt dans la soirée.
— Vermine. Meurtrier. Crève. Crève. CRÈVE. répétait Rosemary, comme une incantation malsaine, les mains crispées, tout en fusillant du regard la cible de ses foudres. Bien fait pour toi. Tu vas payer pour ce que tu as fait. * * * * * * * Les yeux clos, tu suivis le mouvement ambiant via écholocalisation. Tu vis comment ta coéquipière poursuivait, arrêtait et emportait le coupable. Également, comment on t’emportait dans le long couloir qui séparait la morgue de salle où on voulait t’amener. Ce ne fut que loin de la salle d’attente, avant d’arriver à destination, que tu rouvris les yeux et bondis loin de la civière, passant par-dessus les têtes du personnel qui t’accompagnait pour te faufiler dans la morgue, sans un bruit et sans être perçue – telle une ombre. Tu n’aimais pas ce genre d’endroits, tu y avais séjourné pendant toute une semaine dans un de ces horribles et étroits tiroirs. Pourtant, tu étais certaine d’avoir compris la façon de penser de cet homme, de cet infirmier : ton instinct te criait que, s’il y avait quelque chose de compromettant, tu le trouveras là-bas, puisque personne n’oserait se douter de l’origine des possibles restes humains qui y seraient entreposés. Le personnel médical qui s’occupait de ta civière fut déboussolé et s’affola en réalisant que tu avais disparu. À Gotham, les bizarreries faisaient monnaie courante, mais pas tout le monde en était directement témoin.
Rapidement, tu fouilles les lieux, respectant les corps qui reposaient sur place. Il n’y avait pas d’autres esprits, mais tu avais la sale impression que Rosemary n’était pas la seule victime de ce soir. Tu espérais te tromper, mais, dans le fond, tu avais la certitude de trouver autre chose que les restes de la blonde au pendentif en cœur.
* * * * * * * Dans la voiture, Rosemary s’installa près de son meurtrier, continuant de le fixer et marmonner inlassablement. Parfois, il lui arrivait d’esquisser un sourire en coin, lorsqu’il regardait dans sa direction – tout en sachant qu’il serait incapable de la voir. De temps à autre, malgré son calme apparent, il avait l’audace de regarder la rousse à travers le rétroviseur. Il tentait d’éviter le contact visuel, se sentant crouler sous le poids de ses actes. Il se rappelait de chacune de ses victimes et des horreurs qu’il leur avait fait subir afin de pouvoir déguster les plus fins mets que sa mère lui avait permis d’apprécier. Elle, qui l’introduit dans ce domaine, et qui n’était plus du commun des mortels. Chaque meurtre, chaque proie, était un hommage à sa génitrice. Il les choisissait soigneusement, selon les ressemblances qu’elles avaient avec elle : la voix, les cheveux, les yeux, le caractère ou les passe-temps. Tout. Parfois les unes, parfois les autres et rarement des hommes – seulement quand il n’avait rien d’intéressant à se mettre sous la dent.
— Je n’ai pas d’antécédents, vous ne pourrez pas faire grande chose. D’autant plus, s’il n’y a pas de preuves tangibles pour m’incriminer, vous devrez me lâcher d’ici 48h. lança-t-il, détournant le regard lorsqu’il craignait apercevoir la lueur dorée provenant des yeux de l’éternel.
Il était inquiet, mais il faisait de son mieux pour ne pas trop le laisser paraître – ce qui n’était pas évident, au vu de la situation dans laquelle il se trouvait et avec QUI il se trouvait. Ce pauvre imbécile orgueilleux qu’il était ! Il ne se doutait pas que tu allais l’enfoncer davantage en trouvant la planque de sa cueillette.
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Mar 22 Jan 2019 - 15:55
"Effectivement. Quarante-huit heures, et pas d'antécédents. Mais quarante-huit heures est tout ce qu'il me faut. C'est tout ce dont j'ai besoin pour pouvoir discuter. Ça ne vous gêne pas que nous discutions, pas vrai ? Après tout nous avons le temps, avec quarante-huit heures. Et puis pourquoi être si tendu ? Vous n'avez pas d'antécédents justement, alors pourquoi avoir fuit ? Vous n'êtes pas sous l’emprise de quelconques substances. Je ne sens même pas l'odeur de la weed.
J'étais simplement venue poser quelques questions sur une potentielle patiente, une patiente du nom de Rosemary. Rosemary..." Dawson... "Dawson. Jolie blonde, peau pâle mais très très malade. Un cancer qui s'est généralisé, mais elle était déjà diabétique. La pauvre fille, elle était en pièce quand on l'a retrouvé. Son visage était méconnaissable, comme dévoré. On a pu connaître son identité grâce à une seule petite chose. Laissez-moi vous la montrer, cela pourrait vous rappeler quelque chose monsieur..." Smith... "Smith.
Vous voyez, un petit collier absolument adorable. Avec son nom écrit dessus. Mon père adoptif m'avait offert le même petite, mais je ne le porte jamais. Je préfère le petit pendentif que je porte. Il y est écrit Le coeur d'Allah saigne à chaque mensonge proféré, quelque de plutôt... Intéressant au vu de mon corps de métier. La seule chose laissée par mes parents biologique. Et vous monsieur Smith, qu'elle était votre relation avec votre mère..." Margaret... "Margaret.
Je suppose que vous deviez être très proche. Ou peut-être pas autant que vous le désirez. Peut-être était-elle un coup douce, aimante et attentionnée, puis un autre elle devenait une furie sans nom. En colère de quelque chose, quelque chose que vous ne pouviez rien faire. Être un garçon ? Toute les mères rêvent d'une petite fille." Surtout elle... "Surtout elle. Elle vous habillait comme sa petite princesse, puis elle vous faisait un bon repas. C'était les seuls moments où vous étiez heureux, quand vous faisiez ce qu'elle voulait.
Elle devait être une femme blonde, d'un beau blond de blé, un teint parfait mais aux yeux glacials. Chaque soir avant de vous coucher, elle vous lançait ce regard de déception avant de vous dire bonne nuit..." Ma petite poupée... "Ma petite poupée. Vous détestiez ça, parce que ça vous rappelez chaque jour que peu importe ce que vous faisiez pour lui plaire, vous n'étiez pas ce qu'elle souhaitait. Alors vous avez fait tout comme elle, vous vouliez qu'elle vous aime et vous lui avez montré une adoration sans faille.
Vous mangez ce qu'elle voulait que vous mangez, mais il y a quelque chose qui bouillonne au fond à chacune de ces jolie blonde qui passent. Toute à ressembler à votre mère, toute à avoir ce petit quelque chose. Vous détestez l'adorer, mais vous adorez la détester. Alors en vous disant que c'est par amour, vous les dévorer en vous disant avec cette petite voix tu vois maman, je t'aime à te tuer parce que tu es à moi comme je suis à toi, accepte-le maman."
Elle se tourna enfin vers lui. Il ne voyait qu'un ange sans miséricorde, une tempête de sable cachant la précision de ses traits.
"Alors Alexandra, qu'est-ce que ça fait de ne pas aimer sa propre créatrice ?"
Invité
Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Ven 1 Fév 2019 - 19:45
In dubiis, abstine
Le cannibale était resté relativement calme au début, malgré le malaise explicite qu’il éprouvait au simple fait de croiser le regard de l’inspectrice. Néanmoins, au fur et mesure qu’elle a poursuivi son discours, le jeune homme a commencé à avoir des tics nerveux et, ce, de plus en plus présents sur son visage. Bientôt, on put voir ses mains se crisper, gardant les doigts entrelacés et posés sur ses genoux. À la simple mention des conneries qu’il avait supporté quand il était plus jeune le firent se raidir et serrer les dents. Il aurait presque pu se retenir, mais un mot décomposa son visage et brisa son masque.
Un seul mot. Alexandra.
Son prénom était quelque chose qu’il avait galéré à changer au fil du temps. Il était parvenu à demander un changement à l’administration quand il dut renouveler les papiers et faire son passeport. Il avait eu la brillante idée de faire passer cela pour une erreur administrative : il était Alexandre, depuis. Une simple lettre changeait beaucoup, selon lui. Il rougit indiscrètement. Pas de honte, de colère. Il ne tarda point à frapper le siège à côté de lui et se redresser un peu, les yeux exorbités avant de tenir sa tête entre ses mains.
— ALEXANDRE. corrigea-t-il, haussant la voix. Les veines de son cou ressortaient, il se retenait de gueuler, d’avoir une de ses crises colériques explosives – sa mère en avait, également et ce trait hystérique faisait partie de son tempérament, malgré les apparences. C’est A.LE.XAN.DRE.
Il articula, entre les dents. Intérieurement, il traitait la rousse de tous les noms. Il en tremblait : il ne voulait pas repenser à son enfance, ni à sa mère – mais l’inspectrice avait raison et, ça, ça le faisait encore plus chier. Comment savait-elle tout ça ? Il n’en avait parlé à personne. Qui était cette grognasse, l’espionnait-elle depuis longtemps – se demandait-il ? Quoi qu’il en soit, il était salement grillé. Il était foutu, mais il n’allait pas l’admettre. Aucun avocat ne pourra le sortir de ce merdier, autant pas s’enfoncer davantage – il avait déjà assez de charges sur le dos. Pourtant, il était certain de ne pouvoir être condamnée que pour un seul meurtre. Il oubliait que tu étais la partenaire de l’inspectrice, ce soir. Il ignorait qu’elle avait une complice avec un bon nez.
Dans ces brefs instants, une infirmière quitta la clinique à toute vitesse pour faire signe à la représentante de l’ordre avant de s’approcher de la voiture. Elle avait froid, elle frotta ses bras, affichant une expression très inquiète. C’était l’une des personnes qui devaient s’occuper de toi, quand tu as fait ta petite mise en scène.
— Votre coéquipière a trouvé quelque chose dans la morgue. Elle insiste pour qu’on n’y touche pas et refuse de sortir... Vous devriez appeler vos collègues ou y jeter un coup d’œil… lança la trentenaire potelée, sans oser parler à l’inspectrice de plus près.
Elle ne savait même pas comment transmettre ton message, elle avait du mal à articuler et béguait un peu. Elle blêmissait à vue d’œil, repensant à ce que tu lui avais dit quand elle voulut entrer dans la morgue : elle ne voulait pas y croire, il n’y avait pas de preuves physiques – pas d’examens, du moins – pour prouver ce que tu disais. Mais, si tu disais vrai, ses collègues et elle ne voulaient pas contaminer la scène. Hélas, les deux patientes que tu avais mentionné, Rosemary et une certaine Jenna Lee n’étaient plus dans leurs chambres respectives. La brunette n’était pas méchante, mais elle avait quelques trucs sur la conscience – la mort de son petit frère et d’un animal de compagnie qu’elle avait écrasé par mégarde.
Tu avais trouvé les plus récentes courses d’Alexandra Smith. Quelques organes et des morceaux de muscles divers. Près d’un tiroir de la morgue, avec un creux dans l’une des parois, tu attendais patiemment à ce que quelqu’un arrive et s’occupe de ça. Toi, tu n’y avais pas touché à mains nues – tu n’avais pas corrompu les preuves. Avant on viendra faire la cueillette, mieux tu te porteras.
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Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Sam 2 Fév 2019 - 23:45
Ainsi sonna le glas d'Alexandra Smith, victime des tragédies de la vie. D'une mère qui jamais ne l'aima, de son souvenir qui le hanta jusque dans ses plus noirs cauchemars. Face à lui, se trouvait la mort. Non pas la sienne, mais bien une créature rampant dans la nuit, se cachant de la lumière de Dieu au risque de brûler sous son regard. Et le guidant vers le vide que sera désormais sa vie, une créature ailée qui se contenta de le lâcher dans le noir.
Au-revoir Alexandra. Elle se saisit de sa radio, ouvrant la portière pour que l'infirmière puisse se réchauffer dans le véhicule. Elle avait une éducation pleine de manière et de politesse. Le message au central était très clair. Besoin de renfort à l'hôpital pour un cas d'homicide multiples. Elle se détendait dans son fauteuil, prenant un mikado de sa boîte à gant. Une nuit pleine d'horreur, elle supposait. Rien de bien étonnant dans cette cité de sable. Elle devait toujours gérer la morte qui lui avait montré la voie.
"Infirmière, il faudrait que vous alliez prévenir ma collègue que le central envoie ses unités les plus proches. Ce serait aimable."
Elle s'exécuta. Tout était normal maintenant, elle supposa. Elle ne sentait plus de douleur aux yeux et ses oreilles n'accueillait qu'un silence reposant. Elle regarda le rétroviseur pour voir Alexandra décomposait, comprenant le poids de la nouvelle. Était-ce vraiment ça son reflet ? Quelqu'un qui ne voyait pas le poids derrière ses propres épaules et qui semblait prêt à devenir hystérique d'un moment à l'autre. Fou.
Son reflet était la folie ? Était-ce vraiment ça qui pouvait la définir le mieux ? Alors que les sirènes retentissaient, cette simple idée lui paraissait... Effrayante. Elle se voyait comme une personne stable, qui n'a pas à craindre la pourriture de Gotham dans son esprit. Bien vite, la scène de crimes étaient étudiée. On lui somma de ramener le suspect au poste pour plus amples questions. Une nouvelle victoire sans Batman, tout ce que voulaient ses supérieurs. Sa conduite était calme, comme si un paquet fou dangereux ne menaçait pas de craquer à l'arrière.
Elle alluma son téléphone. Elle avait besoin de parler à la personne qui la connaissait le mieux. De la soirée, des choses étranges, de la sensation que peut-être elle était folle. Elle avait le temps jusqu'au central. Elle se demanda intérieurement si le numéro était encore bon depuis les années. Elle appuya sur le contact, passant une petite musique agréable en fond. La tonalité. C'était tout ce qui se faisait entendre d'abord. Puis pendant une longue minute... Elle était en haut-parleur...
"Allo ?"
Sa voix avait presque mûrie en sept ans. Elle sourit avec sérénité, croquant dans son biscuit. C'était... Nostalgique.
"Bonsoir Yui.
_ Sema ? C'est toi ?"
Sema... Elle posa son mikado sur le tableau de bord. Elle se souvenait de ce vieux détail ? De combien elle aimait être appelée par ce prénom ?
"Oui. Comment ça se passe depuis le temps ?
_ Je suis installée à Metropololis, je bosse à la Lex Corps. Et toi, tu as pu entrer au GCPD ?
_ Je suis actuellement en service, donc oui."
Elle pouvait l'entendre, le rire un peu faible. Comme avant.
"Tu as mit de la musique.
_ Oui. Tu l'entends ?
_ Yep."
Un petit silence. Encore une fois. Comme si elles ne faisaient qu’écouter la guitare acoustique.
"Dis-moi ce qui te tracasse Sema."
Petite Yui. Elle la connaissait si bien. Elle se prit à sourire de douceur alors qu'elle cherchait les mots. Elle ne voulait pas l'effrayer. Même si elle n'était plus le petit lapin effrayé de quand elles étaient jeunes.
"C'est un peu long.
_ Vas-y. J'ai toute la nuit."
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Sujet: Re: In dubiis, abstine [Pv Angela] Dim 3 Fév 2019 - 19:47
In dubiis, abstine
L’infirmière ne tarda point à te transmettre le message de l’inspectrice, suite à quoi, tu quittas la morgue et allas te glisser dans les toilettes d’une chambre vide pour te changer. Rapidement, tu retiras le maquillage et enfilas de nouveau ta tenue ainsi que ton masque. Veillant à ne laisser aucune empreinte dans ces vêtements empruntés, tu les rangeas dans le sac avant de quitter les lieux en toute discrétion. Si on t’avait vue entrer dans la clinique et quitter pacifiquement la morgue, on ne te vit pas quitter les lieux – tu le fis par une fenêtre et trop rapidement pour pouvoir être vue. Sans préavis, Rosemary quitta le monde des mortels, satisfaite d’avoir été témoin de la chute de son meurtrier. Ce n’était pas assez pour qu’il paye pour ses crimes, mais c’était un début – la Loi s’occupera du reste et, si ce n’est pas le cas, TU le feras. D’autant plus qu’il avait d’autres restes humains chez lui, dans son frigo et son congélateur, entre autres.
À contrecœur, tu rejoignis ton frère sur les toits et t’éloignas de la scène du crime : ta tâche était finie, ici. Premièrement, vous avez rebroussé chemin et avez été rendre ce que ton frère avait volé à sa propriétaire avant de retourner chasser. Tu n’avais pas encore mangé et, puisque tu ne voulais pas t’accrocher encore avec Ewy’ pour t’avoir pris une cible, tu décidas de te rabattre sur un tout autre genre de proie – les patients mourants d’une clinique se trouvant quelques quartiers plus loin. Ce n’étaient pas des repas où toi seule décidais, non : la personne concernée le faisait, également. Il choisissait de mourir, d’abréger ses souffrances - tu n'imposais rien. Ce soir, ce fut au tour d’un grand brûlé qui n’allait pas passer la nuit et qui avait des multiples coups et blessures. Il était dans la trentaine, la quasi-totalité de son corps n’était qu’un amas de chair sanguinolente, décollée des os, par endroits, et craquelée. Le jeune homme respirait difficilement et il était à peine conscient.
Il avait mal. Il voulait qu’on lui épargne les quelques heures de torture qui lui restaient. Il se plaignait difficilement, d’une voix étouffée. Doucement, tu as touché son front du bout des doigts, attirant son attention. Il n’avait pas peur de toi, il avait peur de souffrir davantage – tu soulageas sa douleur afin qu’il puisse te répondre en toute lucidité. Il avait déjà accepté la mort et, tout comme toi, il voulait choisir le moment et la façon dont il finirait ses jours. Il avait pratiquement abandonné, se pliant à la fatalité. Tu ne pouvais que compatir. Ayant été très malade, de ton vivant, tu savais que tu allais mourir jeune. Alors que la sclérose aurait dû t’emporter, ce fut une hémorragie causée par une blessure qui le fit – un coup de couteau dans la fémorale. Tu aurais pu laisser que ton agresseur te soigne, mais tu t’y étais refusée – tu as choisi de mourir d’une autre façon que celle qui t’avait été destinée.
Mais, est-ce vraiment une liberté ? À ton avis, c’était beaucoup plus complexe.
Peut-être que le destin avait mis cet homme sur ton chemin pour te donner l’illusion du choix. Quoi qu’il en soit, lorsque tu eus satisfait ta soif et que le cœur du trentenaire cessa de battre, tu quittas les lieux et retournas chez toi – avec ton frère. Demain, il faudra que tu chasses pour pouvoir remplir tes réserves. Et tu espérais que ton jumeau te laissera faire, cette fois-ci.