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 Endless lullaby : a requiem for a black and a white swan.

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AnonymousInvité
MessageSujet: Endless lullaby : a requiem for a black and a white swan.   Endless lullaby :  a requiem for a black and a white swan. EmptyDim 25 Nov 2018 - 1:03





Endless lullaby : a requiem for a black and a white swan.


Aujourd’hui, c’était l’anniversaire de feue ta meilleure amie, sœur d’âme et colocataire. Tu avais passé une partie de la journée sous le grand arbre où tu avais étalé ses cendres, autrefois. Mais, le soir, dans un de ces instants où tu n’avais plus grande chose à faire et que tu regardais avec lassitude une toile blanche, tu eus le malheur de fermer les yeux et de te souvenir… Te souvenir de cette angoisse que tu avais éprouvée, jadis… Coincée dans ton corps… Dans le silence et l’obscurité la plus totale… Dans un lieu où infini et restreint, à la fois, sans ombres et sans lumières... Le Néant. Ce fut il y a longtemps, mais le souvenir était encore angoissant et vivide - tout comme ce qui eu lieu par la suite : ton changement, l'approfondissement du lien avec Glenda au point que vous ne saviez plus où vous en étiez, l'acceptation progressive de ta condition et tout ce qu'elle entraînait, les morsures et les meurtres, les doutes et les sensations que tes nouveaux sens et actions t'apportaient... Tout.

N'y penses pas davantage, mon enfant.
Du moins, c'est ce que tu tentais de faire...
Mais tu peinais à éloigner ces morbides souvenirs...

* * * Flashback * * *
Mon cher rossignol, tu seras voué à chanter pour l’éternité.
Toi qui ne voulais entonner qu'un seul requiem, ton ultime aria, tu fus surprise par une arcane que le Destin t'avait expressément réservée. Le temps ne pourra point t'emporter, le soleil n'aura jamais raison de beauté et de ta jeunesse tant que tu sauras t'en tenir loin. Regarde-toi... Est-ce aussi mal, d'être toujours parmi les vivants ? Tu es guérie, tu vis, tu respires... Tu n'as pas de pouls et tu te dois de te nourrir d'autrui, mais... ton existence est-elle un péché ? Tu as le droit d'être, tu as le droit de vivre.

Silencieuse, comme à ton habitude, tu as quitté la morgue : tu n'en revenais pas encore. La gorge nouée, une boule au ventre et un bourdonnement aux oreilles, tu as courtoisement refusé d'être raccompagnée. Tu voulais être seule quelques instants, tu avais besoin de réfléchir à ce qui s'était passé.

La ville te semblait trop bruyante et tu n'avais pas envie d'être vue, pour l'instant. C'est pourquoi, tu es rentrée directement chez toi. Tu as constaté qu'on avait pris soin de tes animaux et de tes plantes, tout était comme tu l'avais laissé. Nerveuse, tu ne savais pas comment ta colocataire prendrait ton retour, comment les citoyens te considéreraient... Est-ce qu'on avait divulgué ton identité après t'avoir retrouvée morte ? Par chance, non. On stipula seulement que le corps d'une femme fut retrouvé près du port, là où tu avais été enfermée et que ledit Tueur d'infirmières s'était rendu à la police après avoir avoué ses crimes : l'assassinat d'un officier de police et prit des responsabilités concernant ton décès.

Les mains tremblantes, tu as déniché ton encrier et ta plume avant d'ouvrir ton journal. Cela faisait tellement longtemps que tu n'avais rien écrit. Inerte, tu fixas la page blanche sur laquelle tu songeais à inscrire quelques phrases, pensive… Distraite… Tu ignorais ce que tu devais ou pas écrire, ce par quoi tu devais ou pas commencer. Néanmoins, et finalement, tu as griffonné les premiers mots qui te vinrent à l'esprit :

« 22 Mars 1978

Cher journal,
Quam étrange peut être ce monde... Pour la première fois, depuis des lustres, écrire ne m'est plus une tâche pénible. Je ne saurais exprimer les doutes, ni même, mes certitudes : je ne suis plus sûre de rien… Je me dis que je pense donc je suis. Mais, pourquoi moi ? Est-ce une bénédiction ou une malédiction ? Je ne saurais que dire... Hélas, je n'ai plus besoin de toi, mon fidèle compagnon. Ma mémoire ne me joue plus de tours et je n’éprouve plus le besoin de laisser une trace physique dans ce monde que j’ai déjà quitté, une fois – ne serait-ce que partiellement. De ce fait, ce sera la dernière fois que j'encrerais tes pages, que je les sillonnerais et souillerais d'une calligraphie que je pensais avoir oublié.

Merci de m'avoir soutenue.
La renaissance était à ma porte :  je suis en vie.
»

Ensuite, tu as fermé ton journal et tu l'as rangé au fond d'un tiroir, où tu savais qu'on ne risquait pas de le trouver. Il fallait que tu acceptes ta condition et que tu t'y adaptes, au plus vite. Pensive, tu t'es allongée sur le canapé, poussant un long soupir : la vie reprenait son cours. Tu allais pouvoir continuer de t'occuper de la boutique et de flatter tes compagnons poilus, écailleux et plumeux, hu ? Ne pas sortir la journée ne te changeait point, d'habitude.

Nonobstant, un important détail restait à régler : la nourriture. Si tu devais dépendre du sang d'autrui pour vivre, tu préférerais y goûter le moins possible. Tu pourrais demander des poches de sang au Dr. Prescott – ton cousin -, certes, mais tu ne pourrais pas toujours faire ainsi. Tu ne pourrais pas dépendre de lui, éternellement. Plaçant ton avant-bras sur tes yeux, tu as pincé tes lèvres, laissant maintes questions tournoyer dans ton esprit. Si tu te retiens autant, tôt ou tard, tu finirais par t'en prendre à quelqu'un, ma chère...

Alors que tu étais allongée là, comme une loque, tu te sentis soudainement vide : quelque chose manquait en toi. Pour la première fois dans ta vie, tu avais su ce qu'était le froid. Tu l'avais éprouvé lorsque les dernières gouttes de ton sang quittèrent ton corps, il y a... Combien de jours, déjà ? Tu l'ignorais, tu avais sommeillé la plupart du temps.

Une douce odeur chatouilla tes narines, une odeur que tu appréciais énormément : celle des orchidées, se mêlant à celle des lys. Quelqu'un devait être en train de les déplacer, on était sûrement en train de fermer la boutique. Des pas ne tardèrent point à résonner : ceux de ta colocataire. Une odeur acide, mais fruitée s'y mêla : celle du vin avec lequel elle avait rempli une coupe. Lorsqu'elle ouvrit la porte, tu t'es redressée et tu as regardé ta cadette. À cet instant même, elle fit tomber son verre, qui se brisa contre le sol faisant sursauter tes félins. Même si tu avais confiance en ton amie, tu ne pouvais pas t'en empêcher de craindre la suite des événements...

Glenda était tellement surprise, les yeux écaillés comme ceux de ta chevêche.
Elle tarda quelques secondes avant de réaliser que tu étais vraiment là, se précipitant vers toi afin de te serrer dans ses bras. Pas un seul mot ne daigna de frayer tes lèvres, tu étais nerveuse, mais, aussi, tellement soulagée. Si tu avais pu pleurer, tu l'aurais fait à chaudes larmes. Tu as enfoui ton visage contre le creux de son cou, la serrant fortement, comme si ta vie en dépendait. Il était inutile de lui cacher ce qui s'était passé, de lui cacher ce que tu étais : elle se doutait déjà de quelque chose... Ainsi, après cette tendre accolade, tu lui as demandé de t'accorder quelques instants, lui expliquant ce qu'il en retournait réellement. Tu ne voulais faire du mal à personne et, tant que tu ne serais capable de te nourrir toute seule, tu risquais d'être un danger pour elle et pour les citoyens de Gotham.

Je t'avais promis de revenir, Glenda... Nonobstant, je suis navrée de le faire dans cet état. commençais-tu, marquant une courte pause avant de poursuivre : Peux-tu m'accorder quelques instants ? J'aimerais t'expliquer ce qui s'est passé, la raison pour laquelle j'ai été contrainte à m'absenter... continuas-tu, prenant doucement la petite persane noire, lui prodiguant quelques caresses. Tu as dû le remarquer, je suis sans vraiment être pour le commun des mortels. Il y a quelques jours de cela, on a annoncé que ledit tueur d'infirmières s'était rendu, avouant son dernier meurtre, mais, à ce qu'il semblerait, la police n'a pas dévoilé aux médias l'identité de la victime. N'est-ce pas ? Puisqu'ils ne savent pas que tu es là et qu'ils pensaient que j'habitais seule, ils n'ont appelé que mes anciens tuteurs et les médecins qui avais prit en charge mon dossier... ajoutais-tu rapidement, regardant la petite chatonne qui ronronnait bruyamment : elle, tout comme les autres animaux, étaient heureux de te revoir. D'une façon aussi subtile qu'explicite, tu lui avouais que tu étais ladite victime. Cet homme ne me voulait pas du mal, en principe, mais, son obsession et sa passion lui ont échappé des mains. Avant de sombrer complètement, je l'ai entendu s'excuser mille et une fois : il regrettait ce qu'il avait fait, ce qui l'a poussé à se rendre, dévoilant aux forces de l'ordre où est-ce qu'on pourrait me trouver. Ainsi, j'ai passé un temps dans un endroit auquel je ne souhaite plus jamais retourner... Je n'avais jamais éprouvé le froid de la sorte ni l'angoisse de ce silence de mort... Lorsque je me suis réveillée, mon cœur ne battait plus et je ne respirais plus. Toutefois, je suffoquais, je n'arrivais pas à rester calme, enfermée dans quelque tiroir et je me suis débattue jusqu'à ce que le Dr. Prescott est arrivé. expliquais-tu, replongeant ton regard dans celui de ton amie. Tes iris s'assombrirent, témoignant de la confusion et la tristesse qui régnaient en toi. Je n'ai jamais été entièrement humaine puisque j'ai appris que mon vrai père était ce que je suis à présent... C'est de lui dont j'ai hérité ces gènes déconcertants... Je... je ne veux faire du mal à personne, mais je ne saurais dépendre éternellement des pochettes de sang que le Dr. Prescott me donnera... je... je vais finir par m'attaquer à quelqu'un et abréger ses jours... Cette soif est féroce, j'en perds les moyens. terminais-tu, parlant d'une voix étouffée.

Tu mesurais tes mots, mais tu ne savais pas vraiment comment les tourner afin de ne pas paraître un monstre. Tu n'avais que faire de l'avis d'autrui, mais tu voulais vivre tranquille, à ton rythme et que ton amitié avec cette jeune femme ne change pas. Tu craignais plus de la blesser, elle, que de tuer des simples citoyens. Tu devais survivre, mais ce serait en échange de ton humanité - selon le point de vue de tes contemporains : était-ce un crime, de tuer par besoin ?

La gorge aussi nouée que la tienne, Glenda ne sut t'interrompre, t'écoutant attentivement. Les émotions et les impressions se succédèrent dans son esprit, allant de la colère à la tristesse, passant par l'impuissance et la compassion. Elle n'avait pas pitié de toi, elle te comprenait. Elle savait que tu n'aimais pas prendre des vies. Même tuer des insectes te donnait des remords, quand tu le faisais par mégarde ou par sécurité - ce qui était rare, au final : tu n'avais pas trop de soucis avec les animaux, quels qu'ils soient.

Le pouls régulier et constant de ton amie s'était accéléré.
Glenda semblait pensive, toujours choquée par ton discours, désorientée...

Bien qu'évident, ton message était étrange et peu réaliste, digne d'un pensionnaire d'Arkham Asylum, mais c'était la vérité : tu n'étais plus du commun des mortels. Lorsque ton amie réalisa enfin ce qu'il en retournait, une étrange sensation t'assaillit : elle pensait à toi, c'était clair, mais... à quoi pensait-elle ? Qu'est-ce qui avait traversé son esprit pour que tu t'en sois sentie concernée ? La brunette prit tes mains dans les siennes, plongeant son regard dans le tien. Cet infime contact te soulageait, te rassurait : elle comprenait ta peur et ta tristesse...

Je suis là, je n'ai pas pu te protéger et j'en suis désolée... mais il y a une chose que je pourrais faire. rétorqua-t-elle avant de dégager son cou, penchant un peu la tête vers le côté. T'offrir mon sang.

Elle marqua une pause, restant calme et sincère.
Tu entendais son cœur battre et tes yeux ne pouvaient s’empêcher de se poser sur ces infimes parcelles de peau qui étaient soulevées par la pression sanguine sur la carotide et la jugulaire. Sa peau était tellement fine, tellement douce... Même si tu refusais de l'admettre, l'envie d'y poser tes lèvres était bel et bien présente. Tu avais la gorge sèche, elle te gênait comme si tu avais avalé du sable : tu avais faim et tu luttais contre celle-ci, même si on te le proposait en toute bonne foi. Discrètement, tu t'es raclé la gorge, cherchant à faire passer cette désagréable sensation.

Mon sang est encore pur, donc le sang d'une vierge, il n'y a rien de mieux pour un vampire n'est-ce pas ? continua-t-elle sans perdre son calme apparent, tout en faisant preuve d'un semblant d'humour - très noir, il faut l'avouer. Cela ne me dérange en aucun cas, perdre du sang, ça, j'ai l'habitude. ajouta-t-elle, d'un ton enjoué ; même si pour toi, cela sonnait un brin auto-dérisoire, elle voulait uniquement te rassurer, tout en blaguant d'une façon bien plus douteuse que tantôt. Elle ne tarda pas à baisser le ton et préciser : Puis, pour toi, je serais même prête pour un sacrifice... grâce à toi, ma vie est devenue plus... importante à mes yeux.

Les légendes veulent que le sang des enfants et des personnes chastes soit meilleur, mais tu n'en savais rien. Celui des enfants était plus nutritif parce qu'il était en plein développement, mais... et celui des vierges ? Pourquoi devrait-il aussi sucré qu'on le dit ? Tu ne pouvais pas douter de la parole de ton amie, c'était elle l'experte en vampires, mais, même si elle te le proposait, tu pensais la trahir en te nourrissant à son insu.

Et si tu lui fais mal ?
Et si tu lui prenais trop de sang ?
Et si tu n'arrivais pas à t'arrêter ?

Maintes questions assaillirent ton esprit, te turlupinant, se faisant repousser par une voix confiante qui te disait de saisir la situation, de ne pas gaspiller cette chance. Tu te forçais de garder la bouche fermée, mais, tu avais envie de la mordre... Tes canines s'allongèrent progressivement, fendant l'intérieur de ta lèvre – qui se régénéra aussitôt, hors du regard de ton amie.

D'un geste aussi doux que mesuré, tu as posé tes mains sur les bras de ta cadette, remontant en une caresse presque ambiguë jusqu'à ses épaules - elle était sure de son choix et ne changera pas d'idée... Lentement, tu as approché tes lèvres de son cou, lui murmurant quelques mots d'une voix étouffée : « J'en suis navrée... ». Tu étais incapable de la remercier, à cet instant même, puisque tu t'en voulais. Prenant le soin de lui faire le moins de mal que possible, tes crocs ont pénétré sa peau jusqu'à avoir percé son artère. Doucement, mais sûrement, tu as bu son sang, le savourant - malgré toi : un léger soupir d'aise t'échappa. Tu as tenté de prendre le moins possible, tout en étant suffisant pour calmer ta soif. Tu t'es fait violence afin de ne pas en abuser et, tant que tu pouvais te maîtriser, tu as retiré tes canines avant de lécher les gouttes qui perlaient son cou. Tu avais honte de toi... Tellement honte que tu n'as pas osé regarder ton amie dans les yeux lorsque tu as daigné de lever la tête : tes pupilles étaient devenues des fines fentes tandis que tes iris arboraient une glaciale teinte bleutée proche du gris, symbole de la tristesse et de l’inquiétude, au vu des tâches plus sombres qui les parsemaient.

Bien que tu pensais avoir prit le moins possible, tu avais affaibli ton amie. Tu le ressentais tout comme tu ressentais qu'elle tentait de ne pas t’inquiéter à ce sujet : elle était fatiguée et ses jambes se dérobèrent sous son poids. Dès qu'il lui fut possible, ta cadette se redressa, esquissant un sourire, te commentant qu'elle pourrait te nourrir, mais pas tous les jours -logiquement- puisque cela supposait un grand effort pour son corps, ajoutant que les humains ont environ quatre litres de sang. Après tout, tu savais que tu ne pouvais que prendre un litre, au plus, afin de ne pas mettre la vie des gens en danger. Le cœur produisait environ un demi-litre de sang par jour en cas d’hémorragie massive, mais, heureusement pour toi, tu n'avais besoin de manger tous les jours qu'au début, jusqu'à ce que ton corps sera habitué. Un seul repas te donnerait de l’énergie pour la semaine -si tu ne bougeais pas trop.

D'un geste rapide, tu as essuyé le coin de tes lèvres, lâchant les bras de ton amie tout en baissant le regard. Mon pauvre rossignol, il faudra que tu t'y adaptes, que tu t'y habitues aussi vite que possible... N'aies crainte, ne t'en veux point... Ta souffrance risque de te rendre folle... Ne te perds point : reste toi-même, jusqu'à la fin des temps.

Lorsqu'elle vit la couleur de tes iris, ton amie t'enlaça chaleureusement, mais fortement tout en caressant ta tête - aussi tendrement que d'habitude. Elle te murmura quelques mots, te réconfortant. Tu étais perdue dans tes pensées, te demandant jusqu'où tu pourrais tenir, lesquelles étaient tes nouvelles limites et tu craignais davantage ce qui il y avait au-delà de celles-ci. Glenda finit par défaire son étreinte, songeant à enfiler quelque chose - puisqu'elle était pratiquement nue, tout comme toi. Elle s'éloigna de toi, se dirigeant à sa chambre avant de décider de changer de sujet :

Amy, va prendre ta douche. J'ai lavé et plié correctement tes affaires... Enfin, j'ai fait ce que je pouvais, je ne suis pas aussi douée que toi, pour les tâches ménagères. te dit-elle, franchissant le pas de sa porte - qu'elle laissa ouverte afin que tu puisses l'entendre. Doucement, tu t'es levée du canapé, flattant tes chats et le chien que tu avais adopté peu avant de mourir. Tu as vérifié que Marcy aille bien : il se reposait dans son terrarium. La brune commença à s'habiller, tout en te parlant : J'ai nourri tes petites bébêtes et aussi n'étoiphmm-- saleté de short ! Je disais, donc : j'ai nettoyé la boutique de A à Z, passant dans tous les coins et... euh je sais plus, ah oui ! Les fleurs et autres machins trucs. termina-t-elle, quittant sa chambre, habillée, se coiffant rapidement avant de nettoyer le vin qu'elle avait renversé et les éclats de verre.

Je t'en remercie, infiniment, Glenda... murmuras-tu, passant près d'elle afin de te rendre à ta chambre, récupérant une petite robe blanche et des sous-vêtements.

* * * * * * *Tu es allée à la salle de bain.
Tu ne ressentais plus du tout le froid, il n'avait plus aucune emprise sur toi, mais tu tenais quand même à prendre un bain d'eau chaude afin de pouvoir te détendre et t'évader. Tu as ouvert le robinet et tu as attendu un peu à ce qu'elle soit chaude pour te glisser dans la baignoire, la voyant progressivement se remplir. Tu te sentais sale... tu étais sale. Un long soupir se fraya chemin entre tes lèvres : malgré tout, tu n'avais pas l'impression d'avoir changé. Ton amie était la même, tes animaux aussi et ils t'avaient bien accueillie. La vie suivait son cours - d'une façon ou d'une autre.

Comme d'habitude, tu avais laissé la porte de la salle de bain ouverte. Quand tu devais prendre une douche ou un bain, si ton amie avait besoin d'entrer elle le pouvait et ça ne te dérangeait point. Une fois que la baignoire fut suffisamment pleine, tu t'es laissée glisser jusqu'à avoir l'eau sous le nez, t'allongeant pratiquement. Tous les sons environnants te parvenaient comme un écho duquel tu ne te souciais pas vraiment ; toutefois, tu entendais ton amie bouger et faire du bruit, jusqu'à ce qu'il y eut un coup sourd suivi d'un glissement poussiéreux contre le papier. Tu as légèrement levé la tête, humant l'air : était-ce de la farine qui venait de s'étaler partout ? Et oui. Tu en fus convaincue lorsque tu vis ton amie débarquer, enfarinée de la tête aux pieds. Elle avait voulu préparer quelque chose de sucré pour te lever le moral et se nourrir, maintenant que son appétit lui revenait et... lamentablement, elle s'était tout renversé dessus.

La farine m'a attaquée... te dit-elle avec une petite voix enfantine ; elle baissa un peu le regard, marquant une pause avant de lever la tête et te fixer : Ze peux venir ?

Ta réponse ne se fit pas trop attendre et tu lui fis signe d'entrer, tout en gloussant. Ton amie se déshabilla et s'approcha de la machine à laver - que vous aviez acheté peu après qu'elle soit venue vivre avec toi. Adroitement, elle sépara les vêtements en couleur du reste avant de les mettre dans la machine. Ensuite, elle vint te rejoindre. Tu t'es redressée, afin de lui laisser de la place ; ensuite, elle se glissa dans eau, effleurant tes jambes des siennes. Ta froideur sembla la surprendre encore et toujours, malgré la haute température de l'eau. Bien entendu, tu éprouvais la chaleur, mais tu n'arrivais pas à te réchauffer. Tu aimais ressentir la chaleur corporelle d'autrui et ce, depuis toujours ; tu avais besoin d'affection, beaucoup d'affection, afin de rattraper ce considérable manque qui durait depuis ton enfance. Tu avais été comme quelque oiseau exotique dont on enfouit la cage afin qu'on ne le voit jamais puisque, étant oisillons, ils sont méprisés ; une fois adultes, ils rayonnent naturellement, tout le monde les convoite et ils sont exposés fièrement au yeux de la société. Cependant, on n'y touche jamais, on ne lui parle que le juste suffisant, on le nourrit et on le dresse. Rien de plus.

Les yeux de ta cadette te parcoururent silencieusement, te détaillant comme si elle cherchait à trouver une quelconque différence physique avec le toi d'il y a quelques jours. Son regard s'arrêta sur ton opulente poitrine. Pourquoi donc ? Vous faisiez le même bonnet, pourtant. Tu lui empruntais des sous-vêtements, parfois. N'avait-elle jamais prêté attention à ce détail ? Ce n'était point la première fois que vous vous baigniez ensemble ou que vous étiez nues, l'une face à l'autre. Les lèvres entrouvertes, ton amie finit par exprimer une pensée à voix haute :

Je n'ai jamais remarqué qu'elle avait une aussi grosse poitr--... commenta-t-elle, pensant à voix haute, avant de mettre une main sur sa bouche.

Cette remarque et son geste te firent rire, demeurant tout de mêmes plus discrète qu'elle – qui riait aux éclats. Tu étais un peu nerveuse, mais ce commentaire t'avait soulagé, quelque part, te rendant le sourire. Tu savais que Glenda était curieuse, qu'elle avait maintes questions en tête, mais elle n'en disait rien. C'est pourquoi tu aurais aimé savoir ce à quoi elle pensait ; ben, en voilà, une de ses pensées ! Doucement, tu as pris le pommeau de douche et tu t'es agenouillée avant de te pencher vers ton amie, retirant soigneusement la farine de ses cheveux.

Aux premiers abords, tu ne trouveras rien qui ait changé, physiquement, Glen'. Je n'ai trouvé que mes canines, mes oreilles et mes yeux, comme différence. lui soufflais-tu, esquissant un doux sourire. C'est un secret, mais, le jeune homme aux cheveux noirs, bouclés, le Dr. Prescott, est mon cousin ; ma mère était sa tante, à ce qu'il paraît. C'est lui qui s'est informé au sujet de mes parents biologiques en passant par les archives de nos familles respectives. poursuivis-tu avant de fermer le robinet, posant le pommeau à sa place.

Ton amie devait savoir que tu n'étais pas du genre à parler de toi, et encore moins si cela concernait ton passé, mais elle était tout, pour toi. Tu avais foi en elle et inversement ; ton passé faisait partie de toi, alors, si elle n'en savait pas un peu plus, tu demeureras toujours une inconnue, mine de rien. Ainsi, tu as marqué une pause, baissant le regard légèrement, passant ta main sur la surface de l'eau.

Puis-je te relater quelque histoire ? terminais-tu, relevant aussitôt les yeux, plongeant ton regard dans celui de ton amie.

Tes iris se décolorèrent davantage, devenant gris glacés, signe de nostalgie et de tristesse. Elle connaissait pratiquement tout ton code de couleurs, et savait déchiffrer tes émotions par le seul biais de tes iris. Pour magnifiques et limpides qu'elles soient, certaines teintes, ton amie n'aimait pas les apercevoir - notamment, lorsqu'elles s'obstinaient à s'y ancrer. En ce qui concernait le gris glacé, tout comme le noir et les autres nuances de gris, rendaient ton amie mal à l'aise, voulant à tout prix les chasser de ton regard. Ainsi, elle te prit par les épaules, te serrant légèrement avant de sourire, te rassurant sur le fait qu'elle était ta meilleure amie et qu'elle voulait absolument écouter ce que tu avais à lui dire. Surtout, parce qu'elle voyait que quelque chose te tracassait.

Votre relation était étrange, dès le début, mais tu n'avais pas envisagé le fait que ce que vous faisiez soit... mal. Vous étiez tactiles et être touchée par elle ne te gênait pas. Ce n'était pas rare qu'elle te taquine, mais c'était la première fois qu'elle osait toucher ta poitrine - tu n'as pas eu le courage de la repousser, pas directement, du moins. Elle s'approcha avant de t'embrasser du bout des lèvres, caressant suavement tes épaules. Tu avais l'habitude d'être prise dans ce genre de scènes, mais tu n'étais pas habituée à ce qu'on te tripote de la sorte. Tu as pincé tes lèvres, rougissant légèrement avant de croiser tes bras sur ta poitrine - la protégeant des taquineries de ton amie. Pudique ? Jamais. Sensible ? Oui, très, même. Perverse ? Euhm... tu n'avais jamais été innocente, non plus, loin de là. Tu avais uniquement du savoir vivre et un considérable orgueil. Tu as fait un peu la moue, posant ton front contre celui de ta cadette.

Ne t'en fais pas, Glen' ; je vais bien, hm... Je n'ai uniquement pas l'habitude de parler de cela. murmurais-tu, d'une voix doucereuse. Tu sais ? Il y a relativement longtemps, dans quelque contrée lointaine, au-delà de l'océan, un oisillon grandit dans les ténèbres. Né et élevé au sein de la noblesse, l'enfant ne sembla jamais manquer de rien sauf d'amour et d'une mère qui le bercerait tous les soirs. L'homme qui prétendait être son père était un aristocrate déchu et endetté, vivant de sa musique. Bien qu'il avait commit l'irréparable afin d'obtenir l’œuf mystique duquel naquit l'étrange oisillon dépourvu de toute teinte, il n'en réclama jamais les droits, il ne s'en soucia point puisqu'il était incapable de chanter, incapable d'étendre ses ailes ; on n'avait pas même besoin de l'enfermer dans une cage puisqu'il était faible et ne pouvait point en sortir. commenças-tu, esquissant un faible sourire. Lentement, tu as fermé les yeux, marquant une pause avant de reprendre ton discours : L'oisillon était malade, il le savait, mais ne connaissait pas l'ampleur du mal qui le rongeait. L'esprit d'un magnifique cygne venait à son chevet, de temps à autres, cherchant à le rassurer, à lui transmettre son calme ; il chantait des berceuses au petit oisillon, venant à lui relater une partie de ses origines : l'homme qui le faisait souffrir n'était pas son père, mais l'assassin du cygne et de son amoureux. Un jour, un oiseau bleu, blessé, vint se mourir sur ses coussins. L'oisillon tenta désespérément de l'aider, de le guérir, mais il suffoquait, se laissant mourir : quelque vicieux félin l'eut attaqué, mais cela ne l’empêcha point de chanter. Le son que cette créature au clair plumage émit était pur, tellement pur et harmonieux que l'oisillon s'en sentit attiré. Il en fut envoûté, il se sentait proche de cette pauvre chose, délaissée et refoulée. Touché par ce sublime requiem, le sort qui retenait la voix de l'oisillon se brisa, le faisant chanter de plus en plus fort. Par crainte, son chant cessa lorsque ses gardiens le découvrirent - alors qu'il n'avait rien fait de mal. lui dis-tu, prenant un ton plus neutre, cachant malgré le fait que tu ne pouvais t’empêcher de transmettre l'écho des sentiments que tu ressentis à l'époque. Son père l'obligea à chanter, il le menaçait mais il n'osait jamais lever la main sur lui. L'oisillon se transforma rapidement en un rossignol capable d’éclipser le chant de ses aînés, des alouettes et des rouge-gorges ensemble. Il fut éduqué dans le milieu musical, se revalorisant comme un joyau fraîchement poli et travaillé ; néanmoins, puisqu'il avait monté dans l'estime de son mentor, ce fut au prix de son semblant de liberté : il fut mis en cage, ayant tenté de fuir. On l'exposait comme un trésor, comme quelque bête de cirque où il serait voué à chanter, pour toujours. La noblesse, le peuple et les autres artistes venaient du monde entier pour l'entendre ; le rossignol dora le blason de sa famille, apportant richesse et renommée à son mentor – qui n'était point inconnu, à l'époque. Il devint acteur et soprano, chantant à l’opéra, un peu partout. L’Europe centrale se mourrait pour l'entendre, allant jusqu'à briser l'interdit pour le voir. Les caméras et les appareils d'enregistrement étaient prohibés ; la lumière blessait sa peau et on était défendus de partager ce qu'on apercevait lors des spectacles, pièces et soirées. Ainsi, on se voyait obligé à rendre visite au rossignol, si on voulait en savoir davantage. Un aigle la convoitait tandis qu'une colombe devint son amie ; le rossignol l'aimait, mais son aîné était marié et avait une famille... L'oiseau nocturne refusait de briser son bonheur et étouffa son amour, l'enfouissant au plus profond de son être.

Avec la même lenteur que tu les avais fermés, tes yeux se sont ouverts de nouveau et tes bras ont glissé le long de leurs flancs, libérant ta poitrine avant de plonger dans l'eau. Tu parlais beaucoup et tu n'étais pas à l'aise dans cette narration, mais l'information comprise dans ton histoire était véridique et n'avait pas vraiment été retouchée ou détournée : tu n'aimais pas mentir, tu n'en voyais pas l’intérêt.

Le temps passa, le rossignol s'habitua à sa condition ; il se lia d'une profonde amitié avec la colombe étrangère qui prolongea son séjour afin de rester à ses côtés. Le jour de son dix-septième anniversaire, son manoir fut incendié et le rossignol y fut piégé. La colombe lui sauva la vie, l'aidant à emporter le peu qu'ils purent sauver cette nuit. L'oiseau était incapable de le guérir, mais il savait de quelqu'un qui pouvait lui procurer un bon traitement, il pourrait lui offrir une nouvelle famille, un toit ainsi qu'un endroit où il pourrait goûter -de nouveau- à la liberté. Ainsi, ils traversèrent l'océan ensemble, se rendant à la sombre ville où son aîné habitait avec sa famille. Il fut chérit et traité comme un égal ; on ne le craignait plus, on ne le voyait pas comme un monstre blanc, mais... malgré tout, le rossignol ne se sentait pas à l'aise : il tachait le tableau familial et se savait méprisé par les plus jeunes colombes. La femme de la colombe, même, se sentait menacée par le rossignol, alors que son époux l'aimait à en mourir. L'oiseau au plumage achrome transforma son affection en respect et, lorsqu'il fut en mesure de quitter le nid, alla s'installer ailleurs afin de ne plus être un fardeau pour les colombes. ajoutais-tu, gloussant légèrement. Une vieille grue la prit sous son aile, lui offrant gîte et nourriture en échange de son dur labeur et de sa compagnie : le rossignol devint comme son propre enfant et, à sa mort, l'oiseau hérita de tout ce que la grue avait, y compris le nid... On n'oublia point le rossignol philomèle, mais on le crut trépassé. Son image et sa voix hantèrent son mentor qui en devint fou : il fut interné dans quelque asile où, à ce qu'il semblerait, il criait pour revoir son cher oiseau de nuit. La police ne le chercha pas longtemps, l'affaire fut classée et tout le monde tint le rossignol pour responsable de l'incendie qui lui rendit sa liberté.

Ces mots marquèrent la fin de ton histoire, te faisant retrouver un brin de tranquillité. Même ainsi, tu ne lui avais pas tout dit ! Tes iris redevinrent écarlates, symbolisant ton calme intérieur. Les émotions d'autrefois se mêlaient et tournoyaient dans ton esprit, mais elles n'avaient plus le pouvoir d'influer sur ton regard. À présent, il ne restait plus qu'à attendre de voir comment ton amie allait réagir à ton discours. Et elle eut du mal à digérer toutes ces informations, mais elle comprit les figures de style que tu employais pour parler de toi et de ton entourage, de ce que tu avais supporté jusqu'à présent. Le silence s'installa dans la salle de bain et elle n'osa que t'enlacer et enfouir ton visage contre son cou - caressant ta tête, pour te réconforter et pour cacher son propre visage : elle ne pleurait pas souvent et, quand elle le faisait, tu savais qu'elle n'aimait pas être vue - tout comme toi. Au vu de ta façon d'être, elle n'aurait jamais cru que tu avais tant souffert. Elle vint même à haïr ton mentor, sans même le connaitre et à plaindre tes semblants d'amours - elle aussi avait eu des relations foireuses et malsaines, mais toi... il y avait de l'innocence dans ce malheur, car tu n'avais pas l'égoïsme pour les accepter. Glenda savait à peine que tu étais malade et n'avait appris quel genre de maladie te rongeait qu'à la fin de tout... quand tu dus séjourner à l'hôpital, avant ton trépas.

Nous devrions sortir du bain, ma peau commence à devenir toute fripée. commenta-t-elle, versant du shampoing sur le haut de ton crâne avant de frotter ta longue chevelure, te faisant baisser la tête pour que tu ne puisses pas voir ses yeux rougis et ses joues humides de larmes - pourtant, tu sentais leur subtile odeur salée, passant outre celles des produits d'hygiène.

Tu te laissas entièrement faire, comme un enfant, jusqu'à ce que ton aînée te laissa une ouverture pour accrocher de nouveau son regard. Afin de l'aider à changer de sujet et ne pas se prendre trop la tête avec ses propres souvenirs et ses mauvais ressentis, tu saisis l'occasion pour la taquiner un peu. À ton tour, tu versas un peu de shampoing dans tes mains afin de t'occuper des cheveux de ton amie. Esquissant un petit sourire en coin, dévoilant tes canines, tu pris le pommeau de douche et l'éclaboussas avant de rincer ses cheveux :

Le bain n'y est pour rien, ni même la durée de celui-ci, voyons ma chère... Vieillir ne devrait point t'embarrasser. commentais-tu avant d’émettre un petit rire – ressemblant plutôt à un ricanement.

Tu insinues que je suis vieille ? Méchante ! Pas besoin de me montrer que la vieillesse me rattrape, madame qui ne vieillira jamais. lança la trentenaire, après avoir pris un faux air outré.

Lorsque tu eus fini de rincer sa courte tignasse noire ébène, tu lui as passé le tuyau de douche, esquissant un doux sourire, comme d'habitude. Elle avait essayé de retenir son rire, mais, après avoir soupiré, te regardant, elle s'esclaffa, le visage plein dégoulinant d'eau et de mousse. Tu as regardé ta jeune colocataire pendant quelques secondes avant d'élargir ton sourire, arborant un petit air nostalgique - mais heureux, malgré tout : tu te sentais tellement à l'aise avec elle. Glenda était devenue plus qu'une amie ; pour toi, elle était de la famille, une confidente ainsi qu'un des piliers les plus importants de ton humble existence. Elle était toujours là pour t'aider, te soutenir et te booster... et ce, quoi qu'il en eût été. Tu ne pouvais que faire de même, bien que tu aurais aimé faire plus et lui montrer à quel point tu lui étais reconnaissante d'être auprès d'elle.

Plus sérieusement, oui, nous devrions quitter la baignoire. ajoutais-tu,gardant silence pendant quelques secondes, marquant ainsi une nouvelle pause avant de lui susurrer trois mots dont le fond n'échapperaient point à ton amie : Merci pour tout.

Ta voix était bien trop sérieuse avec ces remerciements et, si elle ne vit pas ton regard s'assombrir, ce fut uniquement parce que tu l'embrassas sur le nez et lui pokas le ventre avant de t'extirper du bain - lui tournant le dos. Ta peau était bien plus sensible depuis que tu étais devenue ainsi ; les gouttes qui parsemaient ton corps, glissant le long de ton anatomie, te faisaient frémir et, pourtant, tu étais incapable de ressentir une quelconque différence de température entre le bain et le reste de la pièce ou de la maison et, même, de l'extérieur. Soigneusement, tu as essoré ta longue chevelure dépourvue de toute teinte avant de la brosser, sous le regard de la brune – qui souriait bêtement en t'observant.

Après avoir pris une serviette pour retirer un peu d'humidité à ta tignasse, tu as adressé un petit sourire à ton amie, la laissant vaquer à ses occupations : elle avait faim et, dès qu'elle quitta la pièce, elle se rendit à la salle principale por nettoyer la farine et se préparer à manger. Elle était nue, préférant ne pas tenter le Diable une nouvelle fois et salir d'autres vêtements. Diverses odeurs chatouillaient tes narines pendant que tu t'occupais de tes cheveux, te permettant de deviner ce qu'elle cuisinait et comment, grâce aux sons qui te parvenaient : pommes de terre sautées avec du poulet poêlé au curry et au citron - tu savais qu'elle adorait ça et, d'ailleurs, c'est elle qui cuisinait pour toi, avant : tu faisais les douceurs et elle s'occupait de te faire avaler les médocs sans avoir le ventre vide. La jeune criminelle s'installa à la table, regardant longuement son assiette. Elle commença à manger, très lentement et tout aussi embarrassée. Tu ignores pourquoi, mais elle se crispa et rougit aussi violemment, avant de frapper Toutefois, elle se levant brusquement quand elle vit que tu étais sortie de la salle de bain. Percevant sa gêne, tu ne fis pas de commentaires : elle prit sa tête entre ses mains, confuse, avant d'aller fumer sur le balcon - cherchant à se cacher un peu de toi.

Ce jour-là, ce fut la première fois que tu crus percevoir en elle autre chose que de l'amitié... Ça ne faisait que commencer et, si bien que tu n'avais pas ignoré ces ressentis, mais tu ne les lui avais pas fait remarquer. Tu n'étais pas sûre de pouvoir y correspondre, pas pour l'instant, du moins...

* * * Fin du flashback * * *
Feue ton amie avait mis sa vie entre tes mains en te proposant sa solution, mais quel en était le prix ? Te nourrir d’elle, la mordre lorsque tu en éprouverais le besoin. Bien que temporaire et réticente au début, tu étais prête à l’accepter, si tel était son désir… D’ailleurs, tu te souviens encore d’avoir eu recours à elle des nombreuses fois. Plissant les lèvres, attristée et nostalgique, tu posas ton front contre la toile : sans même te rendre compte, tu avais dessiné l’esquisse du portrait de Glenda… le jour-même où tu l’avais rencontrée.

Elle te manquait terriblement, tout comme Kyle.
Et tu savais, plus que quiconque, que rien ni personne ne pourra te les rendre : ils n’étaient plus de ce monde et, même s’ils pouvaient revenir par Dieu sait quel moyen, ils ne seraient plus eux-mêmes. Le Mystère des âmes, de l'incarnation et la réincarnation était quelque chose de subtile, de complexe... Tu savais ce qui pouvait et risquait de se passer... Tu préférais laisser tes morts à leur place afin qu'ils suivent eux-mêmes leur propre chemin d'outre-tombe. Souiller leur mémoire et la tienne ne serait d'aucun bien pour vous... Vous aviez vécu tant de bonnes et de mauvaises expériences ensemble.

Soupirant, tu posas ton fusain sur la table basse et quittas le salon : tu n'avais plus envie de peindre ou autres. Il fallait que tu fasses quelque chose pour t'éloigner des sombres marais qui constituaient ces parties de ta mémoire. C'étaient des faits passés, des souvenirs qui ont contribué à faire de toi qui tu étais, est et seras : ils font partie de toi et tu les acceptes tant bien que mal, comme tu leur avais fait savoir.

Si un jour, il leur était permis de renaître...
Tu espérais, qu'à nouveau, vous puisiez vous rencontrer.

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Endless lullaby : a requiem for a black and a white swan.

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