Les bruits de pas résonnent dans tout l’appartement jusqu’à atteindre l’ouïe fine de Cassidy qui avait élu domicile dans l’une des chambres. Elio lui avait céder sa chambre, prétextant qu’il n’en n’avait pas nécessairement besoin pour lui donner un peu d’intimité. Malgré les jours passés en leur compagnie, l’adolescent gardait parfois un peu de distance, comme s’il n’avait confiance en personne. La glace s’était doucement brisée avec l’ancien policier qui donnait tout son possible pour mettre le petit russe en confiance. Avec Constantine, c’était différent. Il comprenait très rarement leur langue maternelle, mais Cassidy pouvait ressentir la tension que le britannique ressentait à son égard. John était certain que sa présence pouvait leur attirer beaucoup d’ennuis. Il avait déjà essayé plus d’une fois de le confier à d’autres personnes, notamment à Lisbeth. Malheureusement, l’adolescent finissait toujours par faire une crise pour rentrer à la maison. Une crise, un caprice, c’est ce que percevais les yeux de Constantine. Cassidy laissait simplement sa peur prendre le dessus et ne voulait accorder sa confiance qu’à son sauveur.
Lorsqu’Elio décidait de quitter l’appartement pour quelques heures, Cassidy se réfugiait mécaniquement dans sa chambre en attendant que le temps passe. Il trouvait toujours de quoi s’occuper l’esprit. Cette fois, ce sont les cent pas de Constantine qui avait attiré son attention. L’adolescent glissa la porte vers lui et leva les yeux vers un occultiste perdu dans ses pensées. Il l’observa silencieusement, comme s’il cherchait à comprendre ce qui pouvait bien le préoccuper. John se senti rapidement observer par deux pupilles radioactives et se retourna vers lui. Un silence glaçant s’installa entre les deux. John avait quelques notions de russe mais il ne prit même pas la peine d’engager une discussion. L’adolescent ne lâcha pas le regard, ses yeux étaient deux canons de revolvers pointés sur lui. Son visage, vide d’émotion lui collait l’étiquette de l’enfant psychopathe qui attendait que sa victime tourne le dos pour le poignarder directement. Constantine semblait se remettre intérieurement en question avec la présence du télépathe. Ce dernier ne pouvait pas rentrer dans sa tête grâce aux nombreux tatouages dessinés sur son corps, mais il pouvait déceler des sentiments suspect. Après quelques secondes, John soupira, secoua légèrement sa tête et agrippa son trench coat. Il ne peut pas faire machine arrière, il doit assumer ces choix.
« Je vais en ville pour faire deux ou trois courses. * » lança John en enfilant son manteau.
« … Et j’ai plus de clopes. »« Et Ileeo ? * » demanda Cassidy en sortant de la chambre. L’idée de se retrouver seul semblait le déranger. Il avait comme un mauvais présentiment. Était-ce son instinct ou de la simple de la paranoïa ?
« Il va revenir. Tu n’as qu’à te prendre un truc au frigo et regarder la télé. * » John se précipita vers la porte de sortie jusqu’à ce qu’une boule de poil manque de le faire trébucher en se mettant sur son chemin.
« Putain et ne met pas ce putain de chat dans mes pattes !! »L’animal qui venait d’attenter à la vie de Constantine était un simple chat d’égout au pelage roux. L’occultiste l’avait recueilli en espérant effectuer quelques rituels de magie noire avec son corps sans vie. Cassidy s’était interposé avec Elio et il l’avait pris sous son aile. Il n’était pas bien beau avec son œil en moins et sa tête grincheuse mais le jeune russe avait l’air de lui avoir trouver un charme. Le chat avait été baptisé Kot, un nom peu original. Cassidy s’était machinalement attaché à l’animal qui l’avait à son tour adopté. Il était distant avec Elio et John mais se laissait caresser par le plus jeune. Pour John, les deux faisaient bien la paire mais il se serait passé d’une bouche en plus à nourrir. L’adolescent s’est dirigé vers Kot pour le prendre dans ses bras.
« … Il a plus de croquettes. * » rétorqua Cassidy un peu trop tard, John avait déjà quitter l’appartement.
Après avoir pousser quelques miaulements, l’adolescent reposa l’animal sur le sol. Il observa les alentours avec un sentiment de solitude. Elio avait l’habitude de ne pas le laisser seul trop longtemps. Ces derniers jours, l’adolescent se sentait un peu faible. Le traitement que lui avait donné Katheleen l’aidait à stabiliser son état, on lui avait également fourni des antiépileptiques. Le changement d’environnement était très déstabilisant pour un adolescent qui n’avait vécu qu’entre quatre murs blancs, entouré d’hommes en blouse blanche.
Pour cette fois et malgré son inconfort, Cassidy devait prendre son mal en patience. La présence de Kot l’aider à supporter l’attente. Le jeune télépathe avait besoin de stimuler son esprit. Il avait commencé à fouiller les placards de la cuisine pour sortir une boite de céréales. Il vida le contenu dans un bol et attrapa une cuillère. Il donna un bol d’eau à Kot avant de continuer ses recherches. Il finit par trouver ce qu’il cherchait, le tiroir des couverts. Pour se sentir en sécurité, il ne pouvait s’empêcher de voler les couteaux de la cuisine pour les cacher à des endroits stratégique. Il en avait un sous l’oreiller de sa chambre, un dans la salle de bain. Il s’empara d’un autre couteau et le glissa dans l’un des coussins du canapé.
Comme l’avait conseillé John, Cassidy alluma la télé et s’installa sur le canapé. Kot le suivit quelques secondes plus tard pour réclamer quelques gratouilles. Pour apprendre l’anglais, l’adolescent privilégiait les dessins animés. Son préféré avait un style graphique simpliste, baptisé « South Park », l’une des recommandations de Constantine. Bizarrement, il n’avait pas le droit de le regarder quand Elio était dans les parages. Il profita de cette occasion pour continuer son épisode en silence. Soudain, il entendit Kot feulé en direction de la porte d’entrer. Son comportement attira mécaniquement l’attention de Cassidy qui se redressa sur le canapé. Son instinct sonnait l’alarme et sa main glissa en direction du couteau qu’il avait gardé prêt de lui.
« Ileeo ? » marmonna-t-il.
« C’est toi ? » il avait quelques notions d’anglais pour des phrases simples.
* traduit du russe