Will you catch me if i fall? | ft. Jaybird

Type de RP : Normal
Date du RP : Mars 2020
Participants: Dick R. Grayson & Jason Todd
Trigger warning: Décès, lourde culpabilité, autodépréciation
Résumé: Nightwing échoue à sauver toutes les victimes d'un incendie. Il ressort amoché physiquement et mentalement de l'opération. Red Hood vient à sa rencontre, appelé par Barbara après que son mari ai refusé de l'écouter quand elle lui avait interdit de retourner dans l'incendie.

Will you catch me if I fall? FT. Jason Todd Pas le temps d’attendre, pas le temps de réfléchir. Nightwing récupère son recycleur d’air qu’il avait placé sur le visage du plus jeune enfant qu’il avait sorti des flammes, le laissant s’éloigner avec sa famille vers les ambulances qui commencent à affluer sur le lieu de l’incendie. Cela fait maintenant une dizaine de minutes que les pompiers sont arrivé sur le site, alors que le justicier avait déjà commencé à évacuer seul les premiers étages touchés accessibles.

Il leur avait lancé le minimum vital d’informations avant de retourner dans la fournaise, tirant son grappin pour remonter plus rapidement dans les étages les plus hauts, avant de continuer à extraire des civils des flammes. Il sait bien qu’il devra mettre les voiles une fois qu’il sera sûr que plus personne n’est en danger, ne pouvant pas se permettre de se faire mettre la main dessus. Mais, en attendant, il va se concentrer sur le fait de sauver des vies. Personne à Gotham n’est assez fou que pour refuser une main tendue, après tout. Enfin, dans une Gotham utopiste, peut-être.

Il entend la voix de Barbara dans sa radio, lui intimant de rester au sol, de ne pas y retourner. La structure du bâtiment commence à se fragiliser. Il va devoir se faire pardonner pour ça et il le sait mais il a juste le temps d’ajuster son recycleur d’air sur son visage avant de lancer à nouveau son grappin vers l’un des balcons les plus en hauteur. La tension habituelle dans son bras s’installe alors qu’il avale les étages. Il y a encore des civils à l’intérieur. Il est hors de question de les abandonner.

Il rentre dans le bâtiment par une fenêtre explosée. Avant longtemps, il sent la chaleur des flammes sur son costume. Concentré sur sa mission, il tend l’oreille, identifiant des pleurs d’enfants. Il bouge avant même d’y penser, bravant les flammes, se félicitant que son uniforme le protège des plus grosses brûlures.

Quand il trouve l’enfant, il est en train de pleurer dans un coin de ce qui avait dû être un salon. Les flammes sont encore relativement loin de lui et Nightwing va immédiatement le chercher. Il pose un genou au sol, se donnant quelques précieuses secondes pour essayer de rassurer le garçon avant de le charger sur son dos, non sans lui mettre son recycleur d’air sur le visage.

L’air chaud semble bruler ses poumons et le justicier lâche une quinte de toux alors qu’il fait un dernier tour rapide de l’étage pour s’assurer qu’il n’a oublié personne. Il y trouve une adolescente et deux hommes qu’il invite à le suivre, laissant pour le moment le recycleur d’air à l’enfant.

Le petit groupe prend la direction des escaliers. Et c’est là que les choses dérapent. Il apprendra bien plus tard qu’un des habitants stockait de nombreuses bombonnes de gaz chez lui, ce qui a créé l’explosion dans un premier temps. Les survivants et le justicier se voient soufflés par la déflagration, jetés au sol comme de vulgaires poupées de chiffon.

Si Dick a sa combinaison pour se protéger, ce n’est malheureusement pas le cas des civils. Respiration sifflante et lourde toux aux lèvres, Nightwing rampe pour vérifier le pouls des civils. Rien. Ils sont tous morts. Avant même de se rendre compte de ce qu’il fait, il retire le recycleur d’air du visage de l’enfant et tente un massage cardiaque. Mais rien ne se passe et il perd de nombreuses minutes à essayer de réanimer l’enfant.

Dans ses oreilles, il entend vaguement la voix de Barbara qui lui hurle de sortir de là, tout de suite. Il a juste le temps de relever la tête qu’un grondement sinistre secoue le petit immeuble. Après l’explosion, les étages supérieurs n’avaient plus ce qu’il fallait pour se maintenir en place. Le plafond lui tombe dessus et Nightwing réagit encore une fois à l’instinct, protégeant le corps de l’enfant qu’il a échoué à sauver.

Ensuite, tout est noir.

Quelques secondes plus tard, le corps du justicier s’agite d’un spasme, puis un second. Finalement, il roule sur le côté, toussant comme un perdu alors que son cœur reprend un rythme bien trop rapide, relancé de justesse par le défibrillateur de son uniforme.

Il a été protégé du plus gros des débris. Il lui faut quelques instants pour se reprendre avant de tirer les corps des civils à des endroits où ils seront facilement retrouvés. Ses mains tremblent quand il s’autorise enfin à approcher une fenêtre, lançant son grappin vers l’un des toits les plus proches, se laissant trainer par sa ligne.

Au lieu de l’une de ses roulades élégantes habituelles, Nightwing s’échoue sur le sol du toit. Couvert de poussière et de cendre, il se laisse aller sur le dos, bras en éventails alors qu’il essaye de calmer son souffle chaotique. Ses cheveux sont écrasés sur son crâne de ce mélange de sang, de sueur et de résidu de l'incendie. Cette fois ci, ce n’est pas passé loin… mais, malgré tout, il ne peut chasser de son esprit les visages des civils qu’il a échoué à extraire du bâtiment, tout particulièrement celui du petit garçon.

Après quelques minutes dans cette position, le justicier amène deux doigts à sa gorge, venant calculer son pouls. Après tout, il a fait un arrêt cardiaque ce soir. Il va falloir qu’il s’arrange pour que Barbara ne l’apprenne pas. Déjà que, dans l’état, il va avoir de sérieuses excuses à faire une fois rentré à la maison…

Mais il connait sa femme, et il sait qu’à l’instant où il est retourné à l’intérieur alors qu’elle le lui avait déconseillé, elle a dû appelé le membre de la famille le plus proche pour lui demander de venir trainer son cul hors de cet incendie. Et quand Nightwing entend le bruit d’un corps atterrissant sur le toit, il aurait presque pu se fendre d’un sourire mi-amusé et mi-résigné… si seulement il ne sentait pas si lourdement le poids de son échec sur sa poitrine.

Will you catch me if i fall? FT. Nightwing Jason était en patrouille dans le quartier de l'East Side pour malmener de nombreux criminels. C'est alors que son téléphone se met à sonner, sur l'écran s'affiche le nom de Barbara. Le jeune homme se demande bien ce qu'elle lui voulait à une heure si tardive.

Il décroche et ne s'attendait pas à avoir au bout du fil, Barbara à la voix paniqué qui lui demande de se rendre immédiatement dans le quartier de Somerset suite à un incendie d'immeuble.
Nightwing avait apparemment refusé d'écouter Barbara et elle s'inquiète pour sa vie. Jay ne demande pas plus d'explication et raccroche avant de prendre rapidement le chemin de Somerset.
Jason n'avait jamais été aussi vite pour rejoindre un membre de la famille, mais si Grayson n'était pas en très bon terme avec Jay, ce dernier ne pouvait pas le laisser se tuer bêtement.

Il voit son frère allongé sur le toit d'un des immeubles en fasse de celui en flamme. Les pompiers et le GCPD sont déjà sur place.
Jay atterri lourdement sur le sol, son frère est en piteux état. Mais le Red Hood était en proie à un sentiment de soulagement et de colère. Il s'avance vers son frère en silence et l'attrape par son costume pour le relever. Il l'empoigne de ses deux mains pour fixer son regard.

« T'es complétement débile ou quoi ? Qu' est-ce qui t'as pris d'y retourner ? Ta femme m'a appelé paniqué. Tu... »

Jay s'arrête de parler quand il voit le regard bouleversé de son frère. Il comprend que la situation à mal tourné. Jay ne veut pas lui poser plus de questions, il se contente de lâcher l'emprise sur son frère. Et sans savoir pourquoi il le prend dans ses bras, celui qui malgré le comportement agaçant qu'il pouvait avoir par moment reste son frère, non de sang, mais de cœur.

« Ce n'est pas de ta faute..... »
Jay reste là sur ce toit, son frère dans les bras, la colère qu'il ressentait il y a quelques instants disparaît.

Will you catch me if I fall? FT. Jason Todd Dick a respiré tellement de fumée en essayant d’extraire un maximum de monde des flammes. Le monde semble tourner autour de lui alors, ignorant la présence à côté de lui sur le toit, il ferme les yeux. Une décision qu’il regrette bien vite. C’est pire ainsi. Deux mains l’empoignent et le forcent sur ses pieds. Les lentilles blanches de l’oiseau bleu se posent sur le visage de son frère.

Il mérite de se faire remettre à sa place. Le bout de certains de ses cheveux sont brulés, son uniforme l’est même par endroit. Il faut croire que la résistance aux flammes c’est bien pratique pour protéger d’une explosion mais qu’une exposition trop longue ou trop directe peut avoir raison de ses protections. Il faudrait qu’il en parle à Lucius. Il y a surement place à de l’amélioration.

Il a tout risqué pour au final échouer si lamentablement. Alors il laisse Red Hood le porter comme le poids mort qu’il a la sensation d’être en ce moment. Ne pas pouvoir sauver tout le monde, ça fait partie du job. C’est quelque chose avec lequel il a dû apprendre à composer jeune, trop jeune. Mais c’est une chose à laquelle on ne se fait jamais réellement. Et l’enfant était sur son dos quand c’est arrivé. Il lui avait promis que tout irait bien, qu’il l’amènerait à ses parents.

« T'es complétement débile ou quoi ? Qu’est-ce qui t'as pris d'y retourner ? Ta femme m'a appelé paniqué. Tu... »

Dick baisse le regard. D’habitude, quand ça arrive, il s’isole et il boit pour tenter d’oublier les visages des personnes qu’il a échoué à sauver. Dans cette ligne de métier, avoir un trop gros cœur est bien plus souvent un désavantage qu’on ne pourrait l’imaginer.

Quand les mots de son frère meurent sur ses lèvres, il est tenté un moment de s’en un inquiéter. Il aurait dû couper ses communications et aller se trouver un coin tranquille où il pourrait remettre le masque de Dick Grayson en place, enfermer toutes ces émotions négatives dans une boite et espérer qu’elles vont disparaitre d’elles-mêmes.

Quand les bras puissants de son petit frère l’encerclent et qu’il se trouve le visage tout contre le kevlar de l’armure de Red Hood.

Fracture dans sa barrière mentale.

Il ne réagit pas tout de suite. Égaré entre les visages des personnes qui ont placé leur confiance en lui et cette démonstration d’affection soudaine et imprévue. Il se laisse plus porter qu’autre chose par le puiné des Wayne.

« Ce n'est pas de ta faute..... »

Les bras de Dick semblent enfin se mettre en mouvement, venant attraper le cuir de la veste de Red Hood. Les doigts gantés semblant chercher après une ancre aussi bien physique que psychologique. Il repose son sur l’endroit où se situe la clavicule sous l’armure. Sa mâchoire se serre.

Ouverture dans sa barrière mentale.

« Je leur ai dit que j’allais les sortir de là… » souffle-t-il d’une voix rendue rauque par la fumée et sa gorge serrée « Il y avait un enfant sur mon dos, Jay… »

Il prend une grande inspiration un peu trop rapidement. Sa gorge proteste et son corps est secoué d’une nouvelle quinte de toux contre celui de son frère. Il ne le lâche pas pour autant, se nourrissant de ce geste de réconfort aussi inattendu qu’il en a besoin.

« J’ai essayé de le ramener. » confie-t-il d’une voix blanche, respirant lourdement, presque de manière hasardeuse « Mais c’était trop tard. Ils me faisaient confiance et… » sa voix s’étrangle à nouveau et sa prise se fait plus forte sur le cuir qui recouvre le dos de Red Hood.

Il est rare que Dick laisse quelqu’un le voir ainsi. Et s’il a tendance à se montrer plus ouvert avec Barbara – et il sait qu’elle les écoute en ce moment – accepter de se montrer vulnérable face à ses frères, c’est totalement autre chose.

« Il ne devait pas avoir plus de 6 ans, Jay… »

La barrière mentale s’effondre.

Sous le masque, ses yeux s’embrument malgré lui. Dans l’étreinte prudente de son frère, son corps s’agite des larmes du chagrin des âmes perdues, de la culpabilité déchirante du poids de l’échec, de la honte de ne pas avoir pu faire plus, de ne pas être suffisant.

Will you catch me if i fall? FT. Nightwing Jay sent que son frère lâche prise quand il sert la veste de Jason et brise le silence.
Il écoute parler son frère sans prononcer aucun mot, il comprend parfaitement ce sentiment d'impuissance qu'il ressent. Jason est aussi passé par là, avec ses parents...

« Je sais Richard... Mais ce n'est pas ta faute... »

Jason enlève son étreinte de son frère pour ouvrir en deux son casque et laisser apparaître son visage. Il passe une main gantée sur l'arrière de la tête de son frère pour qu'il le regarde dans les yeux. Il a beau jouer le grand frère sûr de lui, il n'en reste pas moins un homme avec des faiblesses et Jason ne le sait que trop bien, puisque lui aussi à ses moments de vulnérabilité qu'il le veuille ou non.

« Nous ne sommes pas des Supermens, nous ne sommes que des humains, malheureusement, nous ne pouvons pas sauver tout le monde. Je n'ai pas pu sauver mes parents... »

Son regard se perd dans celui de son frère qui ne peut pas cacher sa tristesse, une larme perle sur sa joue.

« Ne remets jamais ta vie en jeu, nous avons tous besoin de toi. »
Jay pose son front sur celui de son frère et reste quelques minutes sans parler et reprend la parole.

« Je ne te force à rien, mais tu te sens capable d'aider les pompiers ou tu veux que je te ramène chez toi ? Bon, tu m'as fait louper un super rendez vous avec une superbe brune. Mais bon la famille avant tout. »

Un sourire se dessine sur le visage de Jay, il n'avait pas pour habitude de se montrer aussi conciliant et humoristique avec son frère. Mais cette situation le mettait mal à l'aise et faire preuve d'humour le rassure intérieurement.
Jason se détache de son frère pour remettre sa visière et s'approche du bord pour regarder en contre bas. Le feu est quasiment éteint et les derniers corps sont emportés dans les ambulances.

Will you catch me if I fall? FT. Jason Todd « Je sais Richard... Mais ce n'est pas ta faute... »

Les larmes que le justicier verse pour les âmes qu’il a échoué à sauver coulent de ses yeux, rendant le port de son masque inconfortable. Derrière ses lentilles, son regard fixe un point imaginaire sur le torse de son frère. Quand ils avaient été bien plus jeune, c’était lui qui avait tenu Jason dans ses bras, le réconfortant après des soirées un peu plus violentes que d’habitude.

Ces mots, il les a déjà entendus. Il les connait par cœur. Il se les répète comme une litanie, il les a eus pour tant de jeunes sur la scène héroïque. La première fois que Jon n’a pas pu sauver quelqu’un, il avait été là pour lui. Ils avaient passé la soirée ensemble à boire thé et chocolat chaud, discutant du poids de cette culpabilité, de l’impossibilité de ne pas la vivre, de s’y adapter, de s’y immuniser.

On ne devient pas un superhéros si on n’a pas un minimum de cœur. Et, plus souvent que jamais, ils sont nombreux à se voir hantés par le fantôme de leurs échecs. Combien de fois ne s’est-il pas réveillé en pleine nuit, en sueur, après un cauchemar le ramenant à toutes ces personnes qu’il n’a pas pu aider ? Bien trop souvent. Beaucoup trop souvent.

En temps normal, il aurait relevé l’exceptionnelle présence tactile de Jason. En temps normal, il aurait relevé le fait d’avoir été appelé par son prénom et non pas par son nom de famille. Mais Dick est perdu. Son corps affaiblit par l’effort auquel il vient de se soumettre, rompu par l’effort, la fumée et son arrêt cardiaque n’aident en rien son esprit à ne pas spiraler dans ces pensées auto-dépréciatrices qu’il semble manier aussi bien que ses bâtons Escrima.

La présence rassurante du puiné des Wayne se détache de lui. Il le laisse faire, bien qu’il lui faut un moment pour parvenir à décrisper ses mains qui serrent toujours avec force le cuir brun de son gilet. Lâcher prise lui donne le vertige. Ou bien est-ce le manque d’oxygène dans son corps ? Sans rien de plus auquel s’accrocher, Nightwing vacille légèrement, éprouvant une sensation de chute alors même que ses pieds sont toujours sur le sol.

Une main ganté passe sur sa nuque, sur la base de sa tête. Il se force à relever le regard, à fixer autre chose que le vide. Quand les lentilles de son masque rentrent en contact avec les yeux de Jason, il doit faire un effort colossal pour ne pas juste baisser la tête à nouveau.

« Nous ne sommes pas des Supermens, nous ne sommes que des humains, malheureusement, nous ne pouvons pas sauver tout le monde. Je n'ai pas pu sauver mes parents...
- J’aurais dû… » commence-t-il avant de se faire interrompre directement.
« Ne remets jamais ta vie en jeu, nous avons tous besoin de toi. »

Une inspiration courte plus tard, son front souillé de suie est contre celui de Jason, l’ancrant à nouveau dans ce monde qui semble, l’espace d’un instant, bien vouloir arrêter de tourner. Nightwing referme les yeux. Avoir grandi aux côtés de Bruce, d’avoir toujours dû remplir des attentes colossales. En devenant Robin, il a été poussé toujours plus haut, toujours plus loin.

Personne n’aurait pu l’empêcher de devenir Robin. Il l’aurait fait avec ou sans l’aide de son tuteur. Mais l’homme était strict et n’acceptait pas moins que l’excellence, surtout quand cela voulait dire aller risquer sa vie dans les rues de Gotham. L’échec a été assimilé à la déception parentale. Une déception qui le pousse encore aujourd’hui à refuser qu’il ne peut pas sauver tout le monde, qu’il ne peut pas ne pas être parfait en tout temps Une déception qui le pousse toujours plus loin dans ses retranchements juste par la crainte de la voir briller dans les yeux de son père.

Dick laisse le silence s’installer entre eux. Yeux fermés, mieux ancré sur ses pieds, il s’autorise enfin quelques exercices de respiration qui échouent malheureusement à le calmer correctement. Un souffle frustré finit par lui échapper alors qu’il parvient tout juste à éviter une crise d’angoisse, mais pas réellement à étouffer cette culpabilité qui semble compresser sa poitrine.

« Je ne te force à rien, mais tu te sens capable d'aider les pompiers ou tu veux que je te ramène chez toi ? Bon, tu m'as fait louper un super rendez-vous avec une superbe brune. Mais bon la famille avant tout. »

Le sourire de Jay n’est pas un sourire naturel. Il sent le forcé. Quand il s’efface, laissant Dick sans cette ancre qui lui faisait tant de bien, l’ainé se campe sur ses genoux, les pliant légèrement alors que la balance de son corps se penche en avant.

Il a le temps de passer une main sur les bords de son masque, coupant la ligne avec Oracle, la rendant sourde et aveugle à cet échange. Il a juste envie de s’asseoir, de s’allonger à nouveau sur le béton qui est sous ses pieds et de se donner plusieurs heures avant de bouger. Son corps entier lui semble raide et douloureux. Ce n’est pas la première fois que son défibrillateur le ramène à la vie, il a appris à reconnaitre cette sensation.

Mais si Dick Grayson était connu pour prendre soin de lui, ça se saurait. Alors il se redresse, quittant l’appuis de ses genoux pour rejoindre le bord de l’immeuble. Il s’est déjà battu dans des conditions pires que celles-ci. Ses mains tremblent encore légèrement alors qu’il attrape l’un de ses bâtons Escrima. Sa mâchoire se verrouille alors qu’il pousse au-delà de sa limite. Il y a peut-être des gens qui ont encore besoin d’aide, pour qui il peut encore faire une différence.

« Je ne rentre pas tout de suite. » répond-il d’une voix blanche.

Le défibrillateur du costume est sur une batterie autonome qui se recharge d’elle-même avec le temps. Et si son uniforme a dû le choquer au moins une fois, sa femme risque de se rendre compte de ce qu’il s’est passé si elle fouine dans son matériel à son retour… Non, quand elle va fouiner dans son matériel. Il ne doute pas un seul instant qu’après un coup pareil, elle va chercher à refaire elle-même le chemin de ce qu’il s’est passé ce soir.

Penché au-dessus du vide, évaluant la situation en bas, Nightwing est pris d’un vertige. Il recule d’un pas et pose un genou au sol, sifflant d’agacement. Une main se pose sur sa tempe, allant se perdre dans ses cheveux qui lui collent au crâne. Ses doigts lui reviennent noir et poisseux. Il fronce les sourcils, frottant le liquide contre ses doigts. Du sang. Génial. Avec sa chance, il a surement une légère commotion en plus du reste. Il se force à se relever. Sa prise sur son bâton Escrima se resserre et malgré la faiblesse qu’il sent dans ses bras, il est bien décidé à descendre pour aller aider autant que possible.

« J’y vais. Il y a peut-être des gens qui ont encore besoin d’aide. » sa voix semble mourir sur elle-même alors qu’il doit prendre appuis sur l’épaule de son frère alors qu’un violent vertige le secoue « Putain… »

Dick n’est pas du genre à jurer facilement. Il est même plutôt de ceux à réprimander ses frères et sœurs quand ils se laissent aller aux insultes.

« Mon recycleur d’air était sur… » il palis un peu, incapable de finir sa phrase « Je l’ai perdu dans l’incendie. J’ai juste besoin d’oxygène, je vais bien. »

Il ne sait pas si ces mots sont destinés à son frère ou à lui-même, comme une litanie qu’il pourrait finir par croire à force de la répéter encore et encore. Que Jason essaye seulement de lui reprocher d’avoir laissé son recycleur d’air aux civiles les plus fragiles, Dick sait parfaitement que son frère aurait fait la même chose que lui.

Will you catch me if i fall? FT. Nightwing Grayson rejoint Jason sur le bord du toit, ce dernier le regarde en silence, il n'a vraiment pas l'air en forme et d'attaque pour aider les pompiers. Jay remarque que son frère saigne au niveau de la tête, il ne sait pas ce qui sait passer dans cet immeuble, mais c'est plus grave que Todd le pensait. Il reste à l'affût pour éviter que ce dernier ne tombe à la renverse dans le vide, sa femme ne lui pardonnerait pas.
Alors que Grayson pose sa main sur l'épaule de son frère, Jason le retient et le fait reculer du bord.

« Tu n'iras nulle part vu ton état, tu vas juste arriver à te tuer si tu y vas. »

Il force son frère à s'asseoir sur le sol et prend son poignet pour prend son pou.

« Ton pou est très faible, calme toi et rassure ta femme avant qu'elle me harcèle d'appels. Je vais aller chercher ton recycleur, tu ne bouges pas ici, je n'en ai pas pour longtemps... »

Sur ses mots, Jason descend du toit pour arriver à la hauteur des secours qui ont pratiquement terminé leur intervention. Le bâtiment dégage encore de la fumé et des braises. Les corps des victimes sont emmenés dans les ambulances arriver en nombre. Cette vision d'horreur ne laisse pas Jay sans sentiments, lui qui a l'habitude de traîner des corps de criminels derrière son dos, voir des innocents mourir est toujours difficile.
Il est sorti de ce spectacle macabre par l'un des secouristes qui interpelle Jason.

« Hey c'est à vous ça ? En-tout-cas ça a maintenu l'oxygène du gamin assez longtemps pour irriguer son cerveau et faire repartir son cœur. Il vous doit la vie, tenez... »

Derrière le masque Jason ne peut pas s'empêcher de sourire, ce bougre de Grayson à sauver une vie malgré tout. Avec un signe de tête, il prend le recycleur et demande s'ils avaient besoin d'aide. Le secouriste répond que non.
Todd retrouve son frère sur le toit quelques minutes plus tard, il s'abaisse à son niveau et lui tend son recycleur d'air.

« Le gamin a survécu..ton recycleur l'a sauver Richard...Tu ne vois rien n'est perdu. Tu as pu joindre Barbara ? On devrait d'ailleurs soigner ta blessure qui me semble grave... »

Will you catch me if I fall? FT. Jason Todd « Tu n'iras nulle part vu ton état, tu vas juste arriver à te tuer si tu y vas. »

Un regard agacé affine les lentilles de son masque alors qu’il envoie l’un des fameux Batglare

à Jason. Il sait que cela n’aura aucun effet sur lui. Là où la majorité des membres de la scène superhéroïque frémis sous ce regard, les chauve-souris de Gotham y sont tous immunisés à force d’exposition.

Il n’empêche que cela lui permet de faire comprendre à son frère qu’il n’est pas heureux d’être mit sur le banc de touche. Même en pleine forme, il ne peut pas faire front face à Jason quand il s’agit de force brute. Essayer de se soustraire à sa poigne pour aller aider les pompiers ne sera pas possible.

Il laisse donc son petit frère l’assoir sur le béton agréablement frais du toit de l’immeuble. Son dos trouve repos contre une unité de ventilation et Dick serre la mâchoire quand le monde semble tourner un peu trop autour de lui alors que sa tête change d’altitude.

Quand les doigts de Jason viennent cherche son pouls, il sait qu’il va lui devoir des explications qu’il n’a pas envie de lui donner. Un sifflement agacé lui échappe. Il va bien. Vraiment. Il va s’en remettre. Ce n’est rien qu’il n’ait pas déjà vécu.

« Ton pouls est très faible, calme toi et rassure ta femme avant qu'elle me harcèle d'appels. Je vais aller chercher ton recycleur, tu ne bouges pas ici, je n'en ai pas pour longtemps... »

Et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Jason est parti. Dick soupire lourdement. Sa tête tombe en avant, venant se recouvrir de ses mains. Le poids de l’échec l’étouffe, l’étrangle petit à petit. Ses doigts tentent de discipliner un peu ses cheveux qui collent par paquets. Il reste comme ça un moment, cherchant à s’ancrer à nouveau dans le présent avant qu’il n’allume à nouveau sa ligne de communication.

Avant longtemps, Barbara lui crie dessus. Les yeux du justicier se ferment. Il sait que cela ne vient que de l’inquiétude qu’il lui a fait vivre. Il deviendrait probablement fou si elle venait à lui faire un coup pareil alors qu’il est coincé derrière un ordinateur, loin de l’action.

« Je suis désolé, O. C’était stupide, je sais. Hood est avec moi, il va me ramener à la maison. Il est retourné voir si les pompiers n’ont plus besoin d’aide. Je vais bien. Juste une blessure à la tête. Probablement une petite commotion et une légère intoxication au CO2. Rien de bien grave. »

Il omet volontairement certaines informations. La dernière chose qu’il veut, c’est l’inquiéter plus que nécessaire. Son cœur est reparti, il n’y a rien de grave, passez votre chemin. Il soupire une nouvelle fois lourdement.

« Il y a eu… des pertes… » il grimace face à son propre choix de mots « Je vais probablement rester encore un peu dehors avant de rentrer. J’ai besoin de… digérer la chose. A tout à l’heure. »

Et sans attendre de réponse, il coupe ses communications à nouveau. Il sait qu’il va en entendre parler, de sa manière de couper la conversation ainsi quand il rentrera. Mais ça, c’est le problème du Dick du futur. Pour l’heure, il faut qu’il stabilise son rythme cardiaque et qu’il laisse le temps nécessaire à la batterie de son costume pour se recharger.

Deux doigts se portent à sa gorge où il prend son pouls à son tour. Il commence quelques exercices de respirations qui sont interrompus par une légère toux, sa gorge étant définitivement irrité par toute la fumée qu’il a respirée ce soir. De sa main libre, il épluche son masque, venant se masser les yeux de deux doigts.

Il ne relève pas les yeux quand il entend les semelles de son frère s’approcher à nouveau de lui. Ses doigts toujours sur sa gorge, il calcule, essayant de se redonner le coup de boost nécessaire. Ce n’est que lorsque l’homme s’agenouille face à lui qu’il relève le regard. Il récupère son matériel qui lui est tendu, déglutissant alors qu’il repense à la dernière personne qui l’a porté. Peut-être auraient-ils du le laissé au milieu des flammes.

« Le gamin a survécu..ton recycleur l'a sauver Richard...Tu ne vois rien n'est perdu. Tu as pu joindre Barbara ? On devrait d'ailleurs soigner ta blessure qui me semble grave... »

Ses yeux s’écarquillent sous la nouvelle. Sans même qu’il ne s’en rende compte, il est maintenant penché en avant, ses mains le suspendant pratiquement au col de la veste de son petit frère. Il y a quelque chose de désespéré et de vaguement pitoyable à la manière dont il s’accroche à cette information, à cette lueur d’espoir. Sous ses gants, ses phalanges blanchissent tant il serre le cuir sous ses dextres.

« Comment va-t-il ? Il va s’en remettre ? Ses parents sont au courant ? » ses mots se chevauchent presque dans un mélange confus et maladroit, pressé par le besoin d’avoir pu faire la différence pour une personne « J’ai essayé de lui faire un massage cardiaque… j’ai cru que c’était finit… si j’étais resté… »

Il secoue légèrement la tête. L’action a le mérite de lui donner vaguement envie de rendre le contenu de son estomac et de chasser la vague auto dépréciatrice qui avait menacé de l’emporter à nouveau. Lentement, presque douloureusement, il relâche un doigt après l’autre, libérant la veste de Red Hood.

Il laisse son dos se poser à nouveau sur l’unité de ventilation, sa tête suivant de prêt. Il ferme les yeux un instant. Il les rouvre bien vite, prenant conscience que son corps épuisé pourrait bien décider que c’est définitivement le meilleur endroit pour faire une sieste.

« J’ai parlé à Babs. Je ne rentre pas tout de suite. J’ai besoin d’un peu de temps avant de faire le trajet de retour. Et il est hors de question que je te laisse me porter, merci bien. »

Il tente une pointe d’humour, comme si cela pouvait éloigner les soupçons sur son état de santé. Mais force est de constaté que ça ne fonctionne pas. Alors il soupire lourdement une nouvelle fois.

« J’ai probablement juste une petite commotion. On sait tous les deux que les blessures à la tête sont souvent plus impressionnantes qu’elles ne sont graves. Ce n’est pas ça le vrai souci. »

Il se mordille la lèvre détournant le regard avant de le reporter vers son cadet.

« Je te jure que je te rendrais la vie impossible si tu en parles à Babs. J’ai fait un arrêt cardiaque après avoir été chopé par l’explosion. Mon costume m’a ramené, je vais bien maintenant. Il n’y a aucune raison d’inquiéter Babs plus que nécessaire avec ça. Quand mon pouls sera plus stable et la batterie de mon défibrillateur chargée à nouveau, je rentrerais. » confie-t-il à demi-voix.

Will you catch me if i fall? FT. Nightwing La nouvelle que venait d'apporter Jason à Dick était un choc et un soulagement pour ce dernier. Todd pose ses mains sur celles de son frère qui agrippe fermement sa veste.

« Il va s'en sortir... Pour ses parents, je ne sais pas, le pompier ne m'a rien dit. Tu prendras de ses nouvelles si tu veux, mais quand tu ira mieux. Et justement ton massage la aidé et non si tu serais resté, tu serais probablement mort à l'heure qui l'est. »

Les mots de Jason étaient peut-être durs, mais il fallait que Grayson comprenne l'importance de ne pas se laisser abattre par ce genre de tragédie. Jay se relève, mais garde toujours un œil sur son frère. Il l'avait quand même écouté et avait contacté Barbara pour le tenir au courant de la situation. Voilà une chose pour laquelle Jason n'aura pas à s'inquiéter la colère de Barbara.

« Oui, évidemment, j'avais l'attention de te laisser rentrer seul dans ton état... Crétin, le mariage ne t'a pas changé, on dirait bien. »

Jay se rassoit finalement sur le sol au côté de son frère et reprend de plus belle la conversation.

« De toute façon, je ne vais pas te forcer à aller te faire soigner, car tu es aussi têtu qu'une mule. Si ma compagnie ne te dérange pas, je vais attendre ici avec toi...Pourquoi je demande la permission, je m'en moque. »

Jay sourit au travers son casque qu'il enlève par la même occasion. C'était la discussion la plus longue qu'il avait eu avec son frère aîné depuis son retour à Gotham. Mais cette discussion est plutôt inattendue et apprécier par Jason. Avec ce moment émouvant et tragique à la fois, Jason faisait un pas immense vers ce frère qu'il a tant dénigrer et hais, car il reflétait ce que Jason n'aimait pas.

Will you catch me if I fall? FT. Jason Todd Il s’était presque attendu à se faire crier dessus par son petit frère. Jason avait ce genre de comportement explosifs qui amène à la colère pour camoufler l’inquiétude. Et alors que l’ainé referme ses yeux, savourant le calme de Red Hood, il ne sait trop s’il est heureux ou pas d’éviter les insultes et les cris. D’un certain côté, cela lui aurait prouvé que, quelque part, Jason tient encore à lui. D’un autre, il n’est pas sûr qu’il aurait pu encaisser de se faire secouer par son petit frère dans l’immédiat.

« Oui, évidemment, j'avais l'intention de te laisser rentrer seul dans ton état... Crétin, le mariage ne t'a pas changé, on dirait bien. »

Un léger rire secoue le torse de Dick à ces mots. Un rire qui s’étouffe dans une nouvelle quinte de toux. Son recycleur à moitié fondu dans les mains, il rouvre les yeux juste à temps pour voir Jason s’asseoir à son côté.

A une époque, il avait été si petit, si chétif. Maintenant il ressemble parfois plus à un frigo qu’à un homme. Une vraie armoire à glace. La superposition du Robin qu’il a été avec le Red Hood qu’il est aujourd’hui arrache un sourire tendre à l’oiseau bleu de Gotham. Après un bref regard vers son cadet, il de laisse couler contre sa silhouette solide, sa tête venant trouver repos sur son deltoïde. Le cuir de la veste est frais sur sa joue, lui arrachant un soupire de confort au contact rafraichissant.

« De toute façon, je ne vais pas te forcer à aller te faire soigner, car tu es aussi têtu qu'une mule. Si ma compagnie ne te dérange pas, je vais attendre ici avec toi...Pourquoi je demande la permission, je m'en moque. »

Le sourire de Dick s’agrandit un peu. Ses jambes, jusqu’alors portées à son torse, glissent sur le béton du toit où ils sont perchés. Ses yeux se referment et Nightwing trouve un certain réconfort dans la présence solide et clairement vivante tout contre lui. Peut-être que, finalement, Jason tient encore à lui, finalement.

« Être une tête de mule, c’est de famille, Little Wing. » souffle-t-il comme un secret partagé, confession avouée au détour d’un couloir, un murmure offert à la brise qui agite leurs cheveux.

Il ne rajoute pas un mot de plus. Il n’a pas envie de s’antagoniser son frère. Pas ce soir, pas dans ces circonstances. S’il s’autorise le surnom, c’est parce qu’il a l’impression que Jay serait assez calme que pour lui accorder cette porte ouverte vers une nostalgie pour des temps plus simples.

Les yeux fermés ainsi, il ne sait pas trop quand il perd conscience. Il ne sait pas trop si l’épuisement a eu finit de le cueillir ou si son corps a tout simplement décidé que trop c’était trop. Sommeil ou inconscience, ce qui le réveille c’est la tête à l’envers, chargé sur l’épaule de son petit frère. Il vient de poser le pied sur le toit de l’immeuble ou lui et Barbara vivent et c’est une rouquine inquiète et mécontente qui salue Jason.

Dick hésite un moment mais décide de feindre l’inconscience pour s’éviter la colère de Babs. Il préfère la rassurer dans le confort de leur intimité plutôt que devant son petit frère, merci bien.

La nuit va définitivement encore être longue…

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