L’adaptation est la clé de la survie, c’est ce que sa vie lui avait appris au fil des années. D’abord orphelin renégat, il portait un nom maudit qui allait le hanter pour le reste de son existence. Puis, vendu et réduit à moins qu’un être humain, il devint un simple rat de laboratoire. Cassidy avait traversé les enfers, perdu la plupart de ses proches et de ses amis, se retrouvant seul contre tous. Qui aurait pu penser qu’après une enfance marquée par la violence, la mairie de Gotham City deviendrait sa deuxième maison ? Les apparences sont souvent trompeuses. Derrière ce costume trois pièces taillé sur mesure se cachait un adolescent piégé, obligé de jouer les enfants modèles. Après des mois de travail, Hugo Strange avait réussi à transformer son investissement en un adolescent docile qui répondait, du moins en partie, à ses ambitions.

Cassidy ressemblait à un jeune héritier fortuné derrière son accoutrement. Sa chemise était aussi blanche que le premier jour, impeccablement repassé et sans la moindre tâche. Sa veste couleur vert sapin lui dessinait une silhouette plus imposante et fière, avec des épaules larges et une coupe ajustée qui accentuait sa stature. Le tissu épais et luxueux ajoutait une touche de sophistication, renforçant l'image d'un jeune héritier au-dessus de tout soupçon. Son bras s’étendait le long du dossier du canapé sur lequel il était confortablement installé, les jambes croisés. Il observait silencieusement la personne en face de lui, un élu qui ne portait pas son père adoptif dans son cœur. Le maire était attendu, mais les minutes défilaient et il n’avait plus que Cassidy comme seul compagnie. Une timide conversation désagréable s’était lancée pour tuer le temps, l’orphelin pouvait jouer sur les apparences mais il ne pouvait cacher son incapacité à parler avec les grands de ce monde. Son anglais était approximatif et il n’avait pas réellement de patience envers quelqu’un qui le méprisait du regard.

« Ce rendez-vous n'a pas lieu d'être, il ne viendrait pas. » Il se redressa du canapé en face de Cassidy, repositionna sa veste pour montrer son mécontentement. Le jeune russe leva les yeux. « Il s'est juste moqué de moi en vous envoyant. Au lieu de me faire perdre mon temps, votre père devrait plutôt s'attarder sur votre éducation qui laisse à désirer, et je ne parle même pas de votre incompétence pour vous adapter dans ce pays en apprenant sa langue. Nous ne sommes pas chez les sauvages »

Face à son invité de marque, le télépathe n’était pas bien grand. Pourtant, son regard radioactif ne montrait aucun signe d’intimidation, bien au contraire. Il esquissa un léger sourire sur le coin de ses lèvres, une lueur sarcastique dans les yeux.

« Vous savoir, c'est fascinant de voir à quel point certains peuvent être aveuglés par leur propre importance. Mon père avoir des priorités bien plus élevées que de se soucier des caprices d'un élu vexé. Quant à mon éducation, elle me sembler tout à fait adaptée pour comprendre une chose : il y avoir des vérités bien plus intéressantes que votre petite tirade sur mon intégration… »

L’homme s’était déjà avancé vers la seule porte du bureau. Cassidy lui avait emboité le pas pour prendre les devants et l’inviter poliment et silencieusement à quitter la pièce, il en avait fini avec lui. Tout comme l’apparence confiante du télépathe, ce rendez-vous raté n’était qu’une illusion dont le seul but était de lire dans l’esprit de son opposant. Face à un homme détendu qui se sentait supérieur face au fils du maire, ce dernier avait plus de facilité à rentrer dans son esprit et y trouver ses secrets les plus sombres.

« Je suis ravi que mon intégration vous pré…préoccuper beaucoup. Mais vous devoir vous préoccuper de vous-même. Vous savez, dans mon pays, nous avons une manière très efficace de traiter avec nos opposants et de les remettre sur le droit chemin. » Il laissa échapper un léger rire pour palier à ce silence gênant qui s’était installé dans le bureau. « Bonne fin de journée, monsieur. »

Lorsqu’il fut certain que son invité avait pris congé, l’adolescent relâcha ses épaules en poussant un long soupir de fatigue, adoptant une posture plus décontractée. Sur le seuil du couloir, il observa la silhouette s'éloigner, analysant chaque signe de confusion chez l'homme. Cassidy était tellement absorbé par sa victime qu'il en avait presque oublié le lien télépathique qu'il avait établi entre leurs esprits. Le filet de sang qui s’échappait de sa narine le ramena brusquement à la réalité. Il se contenta d'essuyer le sang d'un revers de main, puis regagna discrètement le bureau du maire.

Il n'avait pas été assez rapide ; une goutte d'hémoglobine avait tâché sa veste. Il laissa échapper un grognement d'irritation avant de se pencher sur le bureau. Il sortit de l’un des tiroirs, un carnet et un crayon pour y laisser quelques notes. Cassidy avait fouillé dans les souvenirs, l’esprit et la conscience de ce pauvre homme et en connaissait tous les secrets. Toutes les informations de ses victimes étaient notées dans ce calepin à la couverture de cuir. L’écriture du télépathe était encore approximative mais lisible. Ces dons étaient une véritable mine d’or pour son père adoptif qui pouvait avoir un voir plusieurs coups d’avance sur ses opposants.

Derrière ce puissant don se cachait également un adolescent épuisé. Son pouvoir instable exigeait énormément de ressources. Les nombreuses expériences qu’il avait subies pour en arriver là avaient endommagé son organisme. Sa vie ne tenait plus qu’à un fil, et à une boîte de comprimés que Strange lui fournissait pour le maintenir en bonne santé. Alors qu’il pensait en être à son dernier rendez-vous, l’adolescent avala plusieurs comprimés sous sa langue, un curieux mélange d’antidouleur, d’anticonvulsivant et de neuroleptique pour calmer les voix dans sa tête. La secrétaire frappa timidement à la porte, interrompant l’adolescent dans son moment de calme.

« Monsieur Strange ? » Ce nom lui donnait des frissons, il le détestait, mais c’était celui qui avait pris la place de son nom de naissance dans ses papiers officiels. Elle semblait gênée, presque effrayée par Cassidy, comme si elle savait ce dont il était réellement capable. « Quelqu’un demande à vous voir. »

« Je suis fatigué. Peut-être plus tard… »

Cassidy poussa un soupir de soulagement lorsque la secretaire accepta les limites de l’adolescent. Certains jours, son père adoptif cherchait à repousser ces mêmes limites, il en voulait toujours plus. Lorsqu’il utilisait ses pouvoirs, le jeune russe avait la sensation de marcher sur un fil suspendu à plusieurs mètres au-dessus du vide. La moindre erreur pouvait être fatale, aussi bien pour lui que pour sa victime. L’adolescent avait besoin de beaucoup de concentration et d’énergie pour arriver à ses fins. La porte se referma juste derrière lui, il s’abandonna sur le canapé et s’affala sur ce dernier, abandonnant son rôle d’enfant parfait. Il secoua légèrement ses cheveux qui avaient été discipliné, plaqué en arrière par une fine couche de gel. Avec son costume taillée sur mesure et sa coiffure, il avait l’apparence parfaite d’un adolescent riche et arrogant. Son regard vide d’émotion rajoutait une couche de dédain dans son attitude méprisante.

Après une journée intense et énergivore, l’adolescent s’est permit quelques minutes de répit. La limousine n’allait pas tarder à arriver pour le ramener dans sa prison dorée où une pile de livre éducatif et des exercices pour la soirée. Cassidy profitait de ce moment de tranquillité pour fermer ses paupières et se reposer. Il pourrait profiter d’être seul dans la pièce pour tenter une nouvelle fois de fuir sa condition mais il semblait avoir renoncé à cette liberté. Quelque chose semblait le lier à son père adoptif, le poussant à courber l’échine et devenir un outil pour sa campagne et sa réputation. Au moindre faux pas, Cassidy risquait une destinée pire que celle qu’il subissait aujourd’hui. Il profitait donc de ces quelques moments de vérité pour s’échapper psychiquement, fermé les yeux, penser à autre chose. C’était sa seule façon d’espérer une vie plus paisible, la vie d’un adolescent normale.

Une porte s’ouvrit, le tirant de son sommeil superficiel. Son instinct de survie s’était réveillé et ses paupières se sont redressés rapidement. Il leva les yeux en direction de cette voix féminine inconnue qui s’était introduit dans le bureau du maire. Cassidy redressa vivement sa colonne vertébrale, l’une de ses mains tâtait le matelas du canapé à la recherche d’une arme à proximité pour se défendre contre l’intrus. Sa voix avait beau être douce et inoffensive, l’adolescent n’est jamais à l’abris d’un danger. Il fronça les sourcils en se demandant si elle ne l’avait pas confondu avec son père adoptif. Il fallait être aveugle pour ne pas cerner la différence physique, est-ce que cette pauvre femme était aveugle ? Cassidy l’observa, paralysé par la surprise pendant quelques secondes avant de tenter une approche pour essayer de comprendre ce que cette femme cherchait

« Je suis désolé, je com… » commença l’adolescent avant d’être prit de cours par un évènement très perturbant.

Il entendait les pensées de cette femme, ses yeux s’écarquillèrent de stupeur, ce n’est pas comme d’habitude. Pour entendre les pensées d’une personne, il avait besoin de se concentrer, de jongler avec la puissance de son don et garder un contrôle constant pour ne pas briser la psyché de sa victime. Il arrivait parfois que sa télépathie se déclenche sans accord de son porteur mais c’était un véritable chaos dans son esprit, des voix intrusives mélangées entres elles qui ne donnaient aucun sens. Ici, c’était plus clair, fluide, sans le moindre effort. La jeune femme s’adressait à lui en affirmant avoir senti son don de télépathie. C’est impossible, personne ne pouvait deviner ça aussi facilement. Cassidy était tétanisé par la surprise et la peur, il se leva d’un bond et manqua de faire tomber la tasse de café qui se trouvait sur la table basse. Il reculait, en espérant que la distance romprait le lien télépathique que Megan avait créer entre eux.

« Кто ты ? Qui es-tu ? »

Dans la tête de l’adolescent, tout ce que la martienne pouvait sentir c’est un véritable chaos émotionnelle et psychique. L’esprit de Cassidy était complètement brisé par des traumatismes liés à des violences physiques, psychologiques et des abus. Son pouvoir télépathique n’avait rien de naturelle génétiquement et biologiquement parlant. Il avait été rajouté manuellement après de nombreuses expériences neurologiques. Megan était submergée par un chaos difficile à identifier, ce n'était pas aussi naturelle qu’avec les autres. Le jeune russe gardait une distance de sécurité avec elle, dans une position défensive les mains devant son corps. Son visage était déformé par la peur et son esprit commençait à être envahi par mille questions. Jusqu’à aujourd’hui, il n’avait jamais croisé de télépathe. De tous les cobayes qui avaient subi des expériences similaires en Russie, il était le seul à avoir développé ce pouvoir. Pendant un instant, il s’est demandé si elle n’avait pas fait victime des mêmes expériences que lui. Il baissa les yeux vers ces bras en espérant apercevoir la tatouage que tous les cobayes avaient sur l’avant-bras, mais rien. Celui de Cassidy était caché sous une importante couche de fond de teint pour dissimuler ce passé honteux des regards trop curieux.

« Вы из Сибири? Вы тоже подвергались экспериментам? Возможно, в другом месте? Русский? Украинец? Белорусский? »

Cassidy n’était pas vraiment sûr de la théorie qu’il avait en tête mais c’était celle qui le rassurait le plus. Malheureusement, plus il sentait l’esprit intrusif de cette femme dans sa tête et plus la peur se transformait en colère. Il savait très bien ce qu’elle pouvait faire avec ces dons une fois rentrée dans sa tête, il était trop faible pour résister. Avec un effort en plus, elle pouvait accéder aux souvenirs les plus sombre de l’adolescent, des actes et des traumatismes que l’adolescent refusait de revivre, encore moins de partager. Au bout de quelques secondes, il avait commencé à perdre patience et se montrait progressivement agressif, pour se protéger. Comme lorsque son pouvoir devenait instable, le jeune russe commença à se frapper l’une de ses tempes en espérant que la violence envers lui-même romprait ce lien qu’il ne parvenait pas à briser.

« Maintenant sort. SORT DE LA. SORT DE MA TETE. »  

Cette visite était improbable, et l’instinct de l’adolescent s'était immédiatement mis en alerte. Les années passées enfermé dans un hôpital psychiatrique, à la merci des employés, lui avaient instillé une profonde aversion pour l’imprévu. En tant que télépathe, M’gann avait déjà senti la tornade d’émotion qui submergeait l’esprit détruit et chaotique du fils du maire. La peur s’était mêlée à la colère et la confusion commençait doucement à faire son nid. Cassidy essayait tant bien que mal de gérer cette crise intérieure pour ne pas montrer sa vulnérabilité mais il est difficile pour lui de cacher sa confusion. L’adolescent avala un bon bol d’air et leva les yeux vers la jeune femme qui ne semblait montré aucune signe d’agressivité, bien au contraire. Elle recommença à se présenter, un prénom assez bizarre et sa façon de s’adresser à lui était encore plus énigmatique. Cette femme avait tout d’un humain alors pourquoi ne s’incluait-elle pas dans le groupe ? Cassidy avait une tonne de questions, sans avoir les mots pour les poser.

Le fils du maire était toujours installé sur le canapé, la colonne vertébrale enfoncée dans le matelas du dossier. Il avait senti la présence de cette étrangère dans son esprit, comme un parasite à l’intérieur de son crâne qui essayait de lui bouffer le peu de neurones qui n’avaient pas été détérioré par les injections. Cassidy s’est laissé emporté par la nervosité et commençait à se frapper le crâne, un toc qu’il avait développé lors de son internement. Lorsque le cobaye commençait à s’automutiler, à se frapper le crâne jusqu’au sang ou l’inconscience, les scientifiques intervenaient. Pour faire cesser ses pouvoirs instables, il lui injectait des sédatifs, de quoi l’enfoncer dans un profond sommeil durant quelques heures. C’était la seule façon de calmer son don lorsqu’il ne parvenait plus à prendre le dessus. Lorsque l’aiguille entrait dans sa peau, il ressentait un mélange de fatigue et de soulagement et se laissait porter par les bras de Morphée.

Malheureusement, il a beau se frapper le crâne, il ne ressentait pas ce sentiment de soulagement qu’il aimait tant éprouver après une épisode difficile. Il senti cependant l’esprit de Megan quitter le sien après les hurlements du garçon. Un silence glacial s’était installé entre les deux protagonistes. Cassidy reposa ses coudes sur ses rotules, la tête baissée et les mains joint à l’arrière de son crâne. Son regard radioactif s’était redressé pour fusiller l’inconnue du regard et garder un œil sur elle. Son instinct lui murmurait sans cesse qu’il n’était pas à l’abris d’une attaque surprise. Megan certifiait qu’elle n’avait rien à voir avec les mésaventures de Cassidy, qu’elle n’avait jamais participé ni été victime d’expérimentation, elle ne savait même pas de quoi il parlait. L’orphelin russe avait du mal à le croire et laissa ses pulsions prendre le dessus sur la raison. Il agrippa assez violemment le bras de la martienne pour retrousser sa manche et observer la peau de son bras dépourvu de tatouage. Il relâcha doucement son bras, le regard perdu, légèrement déboussolé.

« Je comprends pas ce que tu es… ce que tu veux… attends de moi. * » marmonna Cassidy sans la regarder dans les yeux, il avait l’air de penser à voix haute dans sa langue maternelle.

Il savait que les télépathes existaient vraiment, que certains étaient né avec ce pouvoir et arrivait à le manier avec une facilité quasi isolante. Il avait déjà entendu parler de ces personnes disposaient de gêne qui leur offrait des pouvoirs surnaturelles qu’ils arrivaient à manier au bout de plusieurs mois d’entrainement. Strange s’était acharné sur l’adolescent, chaque jour, mais les progrès étaient lents et les effets secondaires encore présent. Cassidy fatiguait vite et n’était jamais à l’abris de perdre ses moyens et de provoquer un cataclysme psychique. Le jeune russe ne pouvait s’empêcher de ressentir une sorte de jalousie à l’égard de ces individus. Megan semblait faire partit de ce groupe et elle se faisait du soucis pour ce qu’elle pensait être l’un des siens. Elle se prétendait martienne, un terme que Cassidy avait un peu de mal à comprendre. Il fronça légèrement les sourcils. Il avait entendu parler de ce Superman qui venait d’une autre planète mais il ne l’avait jamais vu en personne. Le discours lui semblait bizarre, difficile à avaler.

Une autre théorie avait illuminé l’esprit fatigué de Cassidy. Il repensait à ces années passés à l’hôpital, certains des cobayes avaient développé un début de pouvoirs télépathiques mais avec les entraînements et le temps, ce pouvoir s’était transformé en maladie mentales. Il se souvenait de cet enfant, beaucoup plus jeune que lui, qui était prit d’hallucination auditives et visuelles, à en devenir fou. Pendant un instant, Cassidy s’était demandé s’il n’était pas en train de perdre, à son tour, la raison. Il n’y avait pas de raison pour qu’il échappe à la règle. Un silence glacial s’était installé entre lui et cette femme qui pourrait très bien n’être que le fruit de son subconscient délirant. Doucement, il se leva de son canapé et marcha quelques pas dans une direction aléatoire, ou presque. Le télépathe russe était en pleine réflexion.

« Ok ok…Tu n’es pas réel, c’est ça ? T’es genre… une hallucination de mon inconscient qui est en train de perdre la boule. Tu essayes de me faire la morale là ? T’es quoi une personnification de mon pouvoir ? Ma conscience ? Un genre d'ange gardien foireux ? * » continua de marmonner Cassidy avant de s’approcher du bureau du Maire.

Cassidy repensa à ce qu’il venait de faire quelques minutes plus tôt avant l’arrivée de Megan, les comprimés qu’il avait avalés sans se poser de question. D’habitude, l’adolescent essayait toujours de comprendre ce que Strange lui faisait prendre comme traitement. Le télépathe craignait d’être drogué à son insu. C’était une des techniques du scientifique et de ses collègues pour manipuler psychologiquement l’adolescent. Cassidy n’avait jamais la boite originale des médicaments sous la main, juste une boite en plastique vierge. Il l’attrapa et observa cette dernière. Avec la fatigue, il avait baissé sa garde, il se laissait marché dessus par son père adoptif qui avait désormais le plein contrôle sur lui. Son traitement était-il en train de lui faire perdre la raison ?

Un filet de sang s’échappa de nouveau de sa narine, Cassidy était fatigué et ses pensées réveillait ses pires émotions. Il repensait aux dernières paroles de Megan, elle qui voulait simplement s’assurer qu’il allait bien avait déjà une petite idée du chaos de sa psyché et de ses émotions difficilement gérable. La fureur prit le dessus et l’orphelin russe jeta violemment sa boite en plastique sur le sol en répandant les derniers comprimés sur le sol.

« Si je vais bien ? Bon sang… Est-ce qu… est-ce que j’ai UNE TETE A ALLE BIEN ? TOUT VA BIEN. TOUT VA PUTAIN DE BIEN ALORS POURQUOI TU M’EMMERDES ? * » un cri de colère, mais aussi de détresse.

Un torrent de pensées s'était progressivement installé dans l’esprit épuisé du télépathe. Cassidy avait tenté tant bien que mal de garder le contrôle de sa psyché embrumée par des mois de restrictions et d’isolement. Face à l’inconnu, un changement brutal incarné par la présence de Megan dans le bureau de Strange, l’adolescent semblait perdre tous ses moyens psychiques et émotionnels. Les nombreuses théories, les réflexions, les pensées, et les souvenirs douloureux avaient progressivement réveillé les émotions que Cassidy gardait cachées au fond de lui. Il sentait son cœur battre à un rythme effréné, comme s'il cherchait à s'échapper de sa poitrine. Sa respiration devenait irrégulière, chaque inspiration un effort conscient pour ne pas céder à la panique. Une chaleur intense montait en lui, teintée de colère, une colère qu'il avait longtemps enfouie pour survivre sous l'autorité de son père.

Entre les mains d’Hugo Strange, Cassidy avait appris à refouler ses émotions, à ne rien laisser paraître. Il avait noyé une partie de sa colère, de sa haine, de sa confusion au fond de sa gorge pour éviter que Strange ne se serve de ses émotions contre lui. Cette suppression émotionnelle constante avait laissé des traces profondes. Il se sentait souvent comme une coquille vide, un automate agissant par réflexe plutôt que par véritable volonté. Chaque tentative pour exprimer ce qu'il ressentait semblait déclencher une alarme interne, un rappel des leçons cruelles de Strange, montrer ses émotions, c'était montrer sa faiblesse. Megan ne devait pas voir les faiblesses de l’adolescent.

Dans le bureau de Strange, face à Megan, ces émotions refoulées menaçaient de déborder. Il se sentait comme un volcan sur le point d'entrer en éruption, chaque seconde passée à essayer de maintenir le contrôle augmentant la pression intérieure. C'était un combat constant, une lutte acharnée pour éviter de sombrer dans le chaos émotionnel qu'il avait si longtemps redouté. Malheureusement, la résistance de l’adolescent avait commencé à se fissurer. Dans un accès de frustration, il avait lancé sa boîte de médicaments à travers la pièce et crié sur la pauvre femme. Malgré son attitude désespérée, elle n'avait pas bronché, restant imperturbable face à sa détresse, en apparence.

Malgré le chaos intérieur dans lequel son esprit nageait, Cassidy parvenait encore à entendre et comprendre les paroles de Megan, qui tentait de calmer la situation sans jeter de l’huile sur le feu. Sa voix douce, semblable à du miel, résonnait de manière presque envoûtante à ses oreilles. Elle affirmait ne vouloir que son bien et assurait qu'elle pouvait apaiser ses tourments. Les réactions et les pensées de cette femme réfutaient la théorie de la simple hallucination. Elle était bien là, en face de lui, spectatrice de l’autodestruction psychique de ce pauvre garçon qui continuaient de se poser trop de questions sur sa présence.

« Si… Si t’es réelle alors pourquoi tu te soucis de moi ? Je ne te connais pas, j’ai aucune raison de t’accorder ma confiance et de te laisser, encore une fois rentré dans ma tête. * » La voix de Cassidy tremblait, légèrement hésitante, submerger par trop d’émotion. « Tu sais rien de mon pouvoir, tu sais rien de moi… tu es.... C’est Strange qui t’envoie ? C’est lui qui veut que tu m’entraines ? Non… pas de sens, ça fait pas de sens. * »

Cassidy était emporté par la tempête psychique. Son instinct stratège le poussait à repérer les pions de Strange, à comprendre leur position et leur raison d'être là. Un simple manque de logique, un vide dans son environnement pouvait déclencher cette psychose qui devenait trop évidente. Son regard était vide, détaché des actions de la jeune femme alors qu'il se perdait dans ses pensées. Sa nuque et son crâne tremblaient nerveusement, sa main maintenue à la hauteur de ses yeux. Les muscles de ses doigts étaient crispés, adoptant une étrange forme qui tremblait en harmonie avec sa tête.

« Shhh…shhhh… Shhh, arête de parler, j’essaye de réfléchir ! C’est pas possible, non, non non… Je comprends pas ! Je comprends p… * »

L’attitude de Megan semblait semer le doute dans l'esprit du télépathe russe. Il avait encore du mal à concevoir que quelqu'un puisse agir sans arrière-pensée, simplement dans le but de lui venir en aide. Cependant, alors qu'il observait la sincérité dans ses yeux et ressentait la douceur de sa voix apaisante, une lueur de certitude commençait à percer ses réserves. Les tremblements de sa nuque et de son crâne s'atténuaient peu à peu, ses doigts crispés se relâchaient lentement. Bien que persiste un voile de méfiance, il sentait aussi une pointe de soulagement s'installer dans son cœur tourmenté. Megan ne représentait pas une menace, mais peut-être une alliée inattendue dans sa lutte intérieure. Il baissa la main qui était restée en alerte devant ses yeux, marquant ainsi sa volonté de baisser sa garde. Une partie de lui demeurait sur ses gardes, mais une autre, plus fragile et vulnérable, commençait à envisager la possibilité d'être secourue plutôt que contrôlée.

« Tu... tu es sérieuse, n'est-ce pas ? * » murmura-t-il enfin, les mots presque un aveu de sa propre vulnérabilité.

« Cassidy ? Est-ce que tout va bien ? » La secrétaire frappa timidement à la porte. « J’ai entendu crier. Dois-je appeler votre père, vous avez une crise ? »

Le télépathe redressa la tête vers la porte du bureau, elle avait été effrayée par ses cris. Cassidy s’était laissé emporté par ses émotions et il devait réparer ses méfaits avant qu’elle ne remarque la présence de l’étrangère. Il jeta un rapide coup d’œil en direction de cette dernière pour lui ordonner silencieusement de se faire discret le temps de quelques secondes. Il se rapprocha doucement de la porte et l’ouvrit légèrement pour laisser l’employé observer par elle-même que le fils du maire était encore en vie et tenait encore debout.

« Oui, ça va. J’ai fait crise mais c’est fini. J’ai pris médicament, ça va mieux. J’ai… seul besoin de rester dans calme quelques minutes. S’il vous plait laissez-moi tranquille. »

« Heuum… ok, ok ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez où m’appelez. »

Le danger avait été évité. Cassidy referma doucement la porte, laissant échapper un soupir de soulagement. Cette courte parenthèse lui avait permis de reprendre partiellement ses esprits. Bien qu'il sentît toujours cette boule d'émotion coincée au fond de sa gorge, la colère l'avait quitté. Son visage avait retrouvé son habituelle impassibilité, dénué d'émotions. Un silence s’était installé, le temps nécessaire pour Cassidy de remettre de l’ordre dans son esprit et de prendre conscience du danger dans lequel se trouvait cette femme.

« Tu… tu peux pas rester ici. Si on apprend… Si quelqu’un apprend que tu as ce pouvoir, il te fera du mal. Ils te feront du mal. Il faut que tu partes. * »

Malgré son apparence calme, son anxiété était toujours palpable, impossible à dissimuler. Il ne pouvait cacher son inquiétude à l'égard de cette femme qui avait pris tous les risques pour venir le voir, lui. Cette bienveillance avait réveillé un souvenir enfoui dans son esprit : un souvenir de l’hôpital en Sibérie. Sans le vouloir vraiment, son inconscient avait exhumé ce souvenir, et une légère migraine lui frappa soudainement le crâne. Megan, elle aussi touchée par la migraine, ressentit l'impact de cette soudaine douleur.

Elle pouvait apercevoir une pièce blanc immaculé dans lequel était installé un bureau et un canapé de la même couleur. Des yeux sombres observèrent le miroir juste derrière le poste de travail. Le reflet était un enfant au regard perdu, les cheveux brun ébouriffés, la peau pâle, un visage étrangement familier. Il était accompagné d’un certain Alexander Petrov, un psychologue qui suivait l’enfant avec un grand intérêt. Ce dernier n’avait pas dit un mot depuis qu’il était dans cette pièce, il avait seulement recroquevillé ses jambes contre son torse en entendant le cliquetis de l’horloge juste derrière lui.

Il s’approcha doucement du jeune homme qui reculait qui s’était enfoncé au fond du canapé pour espérer que personne ne rentre dans son espace privé. Conscient de ce malaise, le docteur s’arrêta et plia ses genoux pour se trouver à la hauteur de cet enfant tourmenté.

« Je suis là pour toi. Je veux t’aider au mieux que je le peux, mais si tu ne le dis pas ce qu’il se passe, je ne pourrais pas te prendre ce qui te perturbe. * » De longues minutes de silence, le visage d’Alexander se rapprocha de l’adolescent, un visage ressemblant curieusement à celui de Cassidy. Il suivait son regard qui s’était arrêté vers le dos d’un homme, surveillant l’extérieur du bureau. Il était observable à travers une petite fenêtre. « Ce sont eux qui te font peur ? * » Il hocha timidement la tête. « Ils te frappent quand tu es avec Sokolov ? * » Il secoua négativement la tête, le psychologue retenait son souffle, sa gorge se noua, il ne pouvait pas réfuter l’impensable. « Ils viennent dans ta chambre ? * »

Les souvenirs défilaient dans sa tête, insaisissables. Le visage de Cassidy se tordait de douleur sous l'effet dévastateur que son pouvoir pouvait provoquer. Cette partie de sa mémoire ravivait des émotions nocives : anxiété, terreur, et une profonde détresse. Alors que le psychiatre posait sa dernière question, Megan remarqua un léger mouvement de tête de l'enfant. Cassidy laissa échapper un grognement de frustration, se frappant les tempes tandis qu'il tentait de maîtriser ses émotions. Il désirait que cela s'arrête, il ne voulait plus que Megan voie la suite.

« Arrête ça, arrête. Je t’en supplie… Fait que ça s’arrête… Je ne veux pas, je ne veux plus ! *  »

* traduit du russe.

Cassidy était submergé par des souvenirs qui remontaient à la surface malgré lui. Non seulement il devait revivre ces épreuves d'enfance, mais Megan, à cause de son don de télépathie, était malgré elle devenue spectatrice de cette scène. Chaque image, chaque sensation de douleur et de peur qu’il avait endurée, était maintenant partagée avec elle. Megan pouvait ressentir l’ampleur de son traumatisme, comme si elle vivait elle-même ces moments sombres. Elle voyait à travers ses yeux l’ambiance glaçante d’un hôpital qui ne cherchait pas réellement à soigner ses patients. Elle pouvait sentir la peur constante du jeune enfant, présent dans une pièce vide de chaleur humaine. Dans cet établissement, Alexander, psychiatre pour enfants, avait surveillé l’adolescent pendant tout son séjour. Aux yeux du télépathe russe, Alexander était un peu le mouton blanc parmi le personnel hospitalier. Megan pouvait ressentir un semblant de sécurité lorsque Cassidy croisait son regard. Il savait que rien ne pouvait lui arriver tant qu’il se trouvait près de lui. Toutefois, malgré cette lueur de sécurité, les souvenirs de l'hôpital restaient profondément traumatisants.

La simple vision de ces souvenirs semblait le mettre dans tous ses états et provoquait un comportement presque hystérique. Par réflexe, Cassidy se frappait le visage en espérant que la douleur stoppe son pouvoir lorsqu’il ne parvenait pas à le contrôler. Megan sentait son désespoir et son impuissance, les coups qu’il s’infligeait résonnaient comme un écho douloureux. L’adolescent ne l’avait même pas sentie s’approcher. Il sursauta lorsqu’elle attrapa fermement ses mains pour l’empêcher de se faire encore plus de mal et tenta de se débattre pour se libérer de son emprise. C’était un réflexe défensif plus qu’une volonté réelle de la repousser.

« Lâche moi lâche moi ! * » grogna Cassidy.

Malgré ses supplications, l’adolescent n’obtint rien de concluant. Il tenta de se servir de sa force pour se libérer de son emprise. Cette lutte ne dura que quelques secondes, juste avant que la martienne décide d’utiliser ses pouvoirs pour calmer l’esprit tourmenté de Cassidy. Un silence s’installa, rompu seulement par la respiration nerveusement saccadée du jeune slave. La présence apaisante de Megan, amplifiée par ses capacités télépathiques, enveloppa le télépathe d’un calme inattendu. Lentement, il cessa de se débattre, ses muscles se relâchant sous l’influence de l’énergie bienveillante de la martienne. Son souffle irrégulier commença à se stabiliser, bien que les traces de son angoisse restaient visibles dans ses yeux rougis. L’adolescent, toujours tremblant, sentit une vague de réconfort l’envahir. Les souvenirs douloureux reculaient peu à peu, remplacés par une sensation de sécurité qu’il n’avait pas connue depuis longtemps.

Son subconscient avait jeté un rapide coup d’œil autour de lui pour observer la grandeur et le calme des plaines environnantes. Il pouvait sentir dans le creux de sa main les brins d’herbe, assez hauts pour venir chatouiller ses doigts, bercés par le vent. L’immensité du paysage contrastait fortement avec les souvenirs sombres qu’il venait de revivre. La sérénité de cet endroit était apaisante. Le murmure du vent dans les herbes et le doux parfum de la nature lui apportaient une tranquillité inattendue. Pour la première fois depuis longtemps, Cassidy ressentait un léger soulagement, une pause dans le tourment constant de son esprit. Lui-même étonné par cette sensation de paix, il laissa son regard errer sur l’horizon, absorbant chaque détail. L’herbe ondoyait doucement sous la brise, et le ciel, d’un bleu profond, semblait s’étendre à l’infini. Cette vision d’un monde paisible lui faisait réaliser à quel point il avait été privé de tels moments de calme et de liberté.

« Tu n’étais pas censé voir ça. * » répondit froidement l’adolescent en rompant la vision de Megan.

Lorsqu’il reprit ses esprits, il recula de quelques pas pour garder une distance entre lui et l’étrangère en face de lui. Ses yeux, encore humides et rougis par l’émotion, la fixaient avec une méfiance renouvelée. L’épisode de partage involontaire de ses souvenirs avait ravivé sa peur et sa méfiance, le rendant encore plus vigilant. Pour autant, Cassidy ne lui jetait pas la pierre. Elle n’avait jamais demandé à voir ce cauchemar et semblait compatir des blessures de l’adolescent, blessures qui avaient fait de lui un jeune homme détruit et perturbé.

Pendant que l’adolescent se remettait doucement de ses émotions, Megan entreprit de briser le silence en posant des questions, commençant par son père adoptif. Le silence, auparavant pesant, se transforma en une attente chargée de tension. Cassidy, toujours sur la défensive, sentit la gravité de la situation se modifier, se concentrant sur les questions plutôt que sur ses propres tourments. L’adolescent, bien que réticent, comprit que ces questions étaient essentielles pour comprendre l’étendue de son vécu et peut-être pour commencer à trouver une voie vers la guérison. Ses pensées vacillèrent entre la méfiance et le besoin de se libérer de ce poids intérieur.

« Strange ? C’est mon père adoptif et le maire de cette ville de merde. Il ne me fait pas de mal… à proprement parlé. Disons… qu’il sert ses propres intérêts et que je dois… suivre sans poser de question. * »

Cassidy restait évasif dans ses propos, surtout lorsqu'il s'agissait de parler de Strange. Malgré les intentions sincères de Megan, il peinait à lui accorder une confiance totale. Le jeune Russe était profondément conscient des horreurs que le psychiatre lui infligeait, des sévices moraux et psychologiques qui avaient laissé des cicatrices indélébiles sur son âme. L’ancien orphelin savait qu’il devait maintenir une façade solide pour ne pas révéler l’ampleur de ses blessures psychologiques. Sa capacité à rester stoïque face à la douleur était devenue une seconde nature, une défense nécessaire pour survivre dans un monde où chaque faiblesse pouvait être exploitée. En dépit de ses propres souffrances, Cassidy continuait à protéger le maire de Gotham, comme si cela était presque une question de survie pour lui. Sa loyauté envers l’autorité qui le contrôlait était une manière de conserver une semblante sécurité dans un environnement de terreur constante. Il détourna très rapidement son attention sur une autre question, celle de ses pouvoirs et de son passé.

« Oui, dans un hôpital en Russie. Il y avait plein d’autres enfants, mais je suis le seul à avoir donner des résultats concluants. C’est… une sorte de télépathie. Je peux lire les pensées, les influencer et… peut-être bien plus quand ça veut bien fonctionner. Toi aussi tu sais faire ça ? C'est ce que tu viens de faire tout à l'heure ? * » Il redressa légèrement la tête pour lever les yeux au ciel. « Ce que je ressens ? Des voix, des milliers de voix qui rentrent dans ma tête et qui ne veulent pas partir. Je vois des choses… que je ne suis pas censé voir. * »

Cassidy se retourna pour observer la boîte en plastique qu’il avait jetée sur le sol quelques minutes plus tôt. Les cachets s’étaient répandus, éparpillés çà et là, menaçant d'être écrasés sous ses pieds. En reculant prudemment, il manqua de justesse d’en écraser un sous la semelle de sa chaussure. Avec une minutie réfléchie, il se baissa pour ramasser chacun des comprimés éparpillés, les prenant délicatement entre ses doigts protégés par une fine couche de cuir. La précision avec laquelle il les manipulait trahissait une habitude acquise. Son costume sur mesure, toujours impeccablement ajusté, complétait le tableau de sa présentation soignée. À l'instar de son père adoptif, Cassidy ne se séparait jamais de ses gants élégants, qui couvraient entièrement ses doigts et ses phalanges tout en laissant le dos de ses mains découvert. Derrière le raffinement apparent de cette tenue se cachait une nécessité essentielle. Les gants offraient à Cassidy une protection cruciale en raison de sa santé fragile, tout en ajoutant une touche de sophistication à son apparence soignée.

« C’est… un mélange de médicaments. Les produits qu’ils m’ont injectés m’ont détruit. Je suis devenu… épileptique. Tu sais ce que c’est ? C’est quand ton cerveau surcharge et pète complètement les plombs, c’est parfois douloureux parce que tes muscles se contractent et… tu peux te blesser de manière complètement stupide. C’est mon père qui me donne mon traitement. Il y a parfois… des neurostimulant, parfois des sédatifs, ça arrête les voix. Il peut y avoir des anxiolytiques, des fortifiants. Je.. * »

Il scruta le contenu de la boîte en plastique, tentant de se souvenir du rôle précis de chaque comprimé. Les instructions de Strange sur ces médicaments étaient vagues, laissant Cassidy dans l'incertitude quant à leur fonction exacte. L'adolescent devait se contenter de les prendre, espérant qu'ils l'aideraient à maintenir une apparence de bonne santé tout au long de la journée. En somme, ces pilules étaient devenues un outil crucial pour Strange, lui permettant de façonner le jeune Russe en un fils prodige docile, celui qui fait bonne figure en public tout en restant sous contrôle.

Un sentiment de tristesse traversa soudainement le visage de l’adolescent, ses yeux se baissant vers la boîte de médicaments. En la fixant, Cassidy prit pleinement conscience de son rôle devenu celui du pantin idéal pour Strange : obéissant, docile, et sans réelle liberté de choix. Il était devenu celui qui acceptait silencieusement sa condition, espérant simplement vivre la vie d'un adolescent presque normal. Les pilules, qu’il avalait sans broncher, avaient le pouvoir de l’endormir pendant plusieurs heures si son père adoptif le décidait ainsi. Chaque comprimé était un rappel de la manière dont Strange contrôlait chaque aspect de sa vie, le réduisant à un simple instrument de ses désirs et ambitions.

« …je ne sais plus. * » avoua Cassidy.

* traduit du russe.