Ce n’est pas la première fois que John Constantine se retrouve entre les mains des autorités, mais c’est la première fois qu’il se fait remarquer depuis son arrivé à Gotham City. Jusqu’ici, il était parvenu à rentrer dans les clous, à ne pas se faire remarquer, ou presque par les premiers mystiques qui peuplent ce trou à rats. La discrétion n’était pas dans ce registre mais il se félicitait intérieurement d’avoir tenu si longtemps. Mais le naturel est rapidement revenu au galop et John s’est laissé emporté par la soif de connaissance et sa volonté d’agrandir sa collection était devenu bien trop grande. John se savait épier, surveiller par des êtres plus flippants que celle qui se glisse sous vos draps durant votre apnée du sommeil.

Les démons sont partout, ces êtres mystiques surhumaines ne connaissent pas les frontières et erre autour et proche de vous jusqu’à ce qu’ils décident de sortir de l’ombre pour attaquer une proie faible et vulnérable. John connaît leur fonctionnement, leur manière de penser, leur méthode pour trouver leurs victimes. Plus elles sont impuissantes et plus ils trouvent cela distrayant. Constantine prenait un malin plaisir à gâcher les plans de ces créatures qui avaient un égo surdimensionné. Avec les bonnes connaissances, n’importe quel mortel pouvait les soumettre et le britannique en était le parfait exemple. Il n’était pas un élu de prophétie comme de nombreux mystiques. Il n’avait pas eu le don de faire apparaître des flammes sur demande, de lancer des éclairs dans le creux de ces mains pour combattre ces ennemis. Il est juste John Constantine, un homme qui débarque de nulle part pour venir te mettre des bâtons dans les roues ou pourrir ton existence le jour où tu décides de te tenir au mauvais endroit, au mauvais moment.

Avec ce comportement, le britannique avait de nombreux ennemis et changer de continent n’empêchaient pas ses ennemis de le hanter, même dans ces pires cauchemars. John avait besoin de plus de défense et Gotham regorgeait d’artefacts mystiques qui ne manquait plus qu’à être cueillit. Certains habitants de cette ville n’avaient même pas conscience de la puissance qu’il tenait sur le bout de leurs doigts. Ce sont souvent de bon bourgeois qui ont les artefacts les plus intéressants, d’autres sont exposés dans des musées, des cabinets de curiosités qui ne reçoivent que quelques visiteurs par jour. Ils ne savent pas utiliser leur plein potentiel, alors pourquoi devrait-il avoir des remords ?

Le cabinet fermait dans quelques minutes, la sécurité était désastreuse, John n’avait qu’à tendre son bras pour obtenir ce qu’il était venu chercher. Il s’agissait d’une espèce de créature momifié qui devait avoir quelques milliers d’années, un hybride improbable, une espèce inconnue presque féérique. Elle avait le droit à son petit coffret modeste qui faisait office de sarcophage. Elle était exposée dans une vitrine accompagnée de nombreux autres artefacts. Le britannique avait pensé qu’il lui suffisait de crocheter la serrure pour pouvoir s’emparer de la petite momie sans se faire repérer. Il avait probablement sous-estimé le collectionneur et sa paranoïa. Il avait un gardien qui entre deux poignées de chips avait finalement découvert la disparition du sarcophage et de son cadavre momifié.

La suite était évidente, les flics ont été appelé et Constantine s’est retrouvé prit en flagrant délit. Il aurait pu tenter de prendre ses jambes à son cou et prendre la fuite mais il n’a pas voulu essayer. Les menottes aux poignets, il a été ramené au commissariat où il attendait patiemment, dans la salle d’interrogatoire qu’on vienne le cueillir. Il a poireauté une heure ou deux, le temps que les flics tentent désespérément de refourguer leur travail à un autre de ses collègues pour terminer sa journée.

L’heureux élu est un sergent qui n’avait aucune envie de s’occuper des petits délits. John peut rapidement constater une certaine désinvolte dans ces gestes mais il a quelque chose d’autre qui attire son regard. Cet homme ressemble curieusement aux victimes de possession, des personnes faibles mentalement, des proies faciles dont raffoles certaines démons mineurs. Le britannique reste muet quelques instants après que les premières questions soient posées. Il fait taire ce silence un peu lourd avec le cliquetis de ces menottes aux poignets avant de déclarer solennellement

« Je suis Sebastian Jones, chauffeur, livreur et taxidermiste à mes heures perdues. »

John invente des mensonges à la seconde. Il a tellement l’habitude du baratinage qu’il avait déjà une pile de fausse identité gravés dans une coin de sa mémoire. Protéger son identité lui permettait de gagner du temps et de s’éviter un énième dossier criminel sur le cul aux Etats-Unis. Il n’y avait pas échappé en Angleterre où le John adolescent avait passé son temps à voler, fumer toutes les drogues possibles et inimaginable. John préférait se faire le plus discret possible dans sa nouvelle vie, c’était mal barré.

« J’aurais pu dire que c’est un malentendu, mais ça ne ferait que te faire perdre du temps. J’ai volé un type pour enrichir ma collection. Tes collègues ont préféré me sauter à la tronche pour une vieille babiole parce qu’ils n’avaient pas les couilles de s’occuper de l’agresseur de vieille dame qui lui faisait les poches quelques mètres plus loin ou le meurtrier qui est en train de découper les membres de sa nouvelle victimes. Non, eux ils sont sagement rentrés chez eux et moi, je me retrouve là, avec toi. C’est ça Gotham City. »

Une soirée dans une cellule ? John s’était déjà préparé psychologiquement à cette soirée en devenir et il ne mettait clairement pas du sien pour ressortir libre. C’est comme si, au fond de lui, il avait accepté cette fatalité et ne cherchait même pas à jouer avec le destin. Non, il avait une bien meilleure idée en tête. L’idée n’est pas de gagner du temps ou de sortir d’ici, l’idée est de faire en sorte d’être une telle plaie aux yeux du GCPD qu’il n’oserait même plus s’occuper des petits crimes de John Constantine. Il pouvait également compter sur sa chance pour que son casier judiciaire disparaisse très rapidement des archives de cette cité maudite.

Le britannique a commencé par sortir son baratin habituel. C’était tellement naturel pour lui qu’il n’avait même pas besoin de ces quelques secondes de réflexion pour trouver des scénarios cohérent. De toute façon à Gotham City, même le scénario le plus farfelu serait cohérent. Après tout, on a bien des clowns qui deviennent Prince du crime, des chauve-souris qui pensent pouvoir protéger une ville corrompu jusqu’à la moëlle et des policiers dépressifs qui ne bossent pas aux trente-cinq heures. John peut le sentir, ça sent la détresse et le désespoir à plein nez, quelque chose qui est facilement malléable, presque divertissant.

Le sergent Philips a eu le droit à la fausse identité numéro vingt trois et à un scénario improvisée émanent du pseudo génie de Constantine. Certains pouvaient tomber dans le panneau très facilement et le sergent ne faisait pas partie de ces personnes naïves. Non, il fait partie d’une catégorie de personne bien différente, celle qui attire mécaniquement l’attention de John. Pourtant, ce dernier n’a pas répondu à la blague médiocre du policier, il n’a même pas esquissé un sourire forcé pour couvrir la gêne. Il ne fait rien, il le laisse juste s’enfoncer dans un monologue. Le magicien du dimanche se permet même de l’accompagner avec le cliquetis désagréable de la paire de menotte. John prend un malin plaisir à faire gesticuler ses mains, les balancer de gauche à droite pour provoquer inévitablement ce bruit désagréable qui font grésiller tes tympans, jusqu’à te rendre malade. Il pourrait s’en débarrasser avec une facilité déconcertante, mais John n’en fait rien.

Pendant qu’il s’amuse à faire tourner le sergent en bourrique avec son solo de menotte, son ouïe reste attentive à ses paroles. Il essaye de convaincre John d’être un peu plus honnête et il montre un intérêt étrange pour l’artefact que l’ancien punk avait essayé de voler. Il arqua légèrement un sourcil et arrêta, pendant une fraction de seconde, de se montrer désagréable en jouant avec la ferraille de ses bracelets. Le britannique ne sait pas réellement quoi penser de l’attitude du flic. C’est bien la première fois qu’il assistait à ça, les policiers américains étaient tous aussi étrange et fascinant à la fois ?

John se montre toujours méfiant. Il connaissait la technique du bon flic et du méchant flic et ses dérivés. Il ne suffisait pas de montrer un peu d’intérêt pour laisser la carapace du britannique s’ouvrir, bien au contraire. Cet homme devait l’oublier, le relâcher sagement et reprendre le cours de sa vie, juste le Sergent, son chat et sa boite de nouille instantanés à réchauffer au micro-onde. Pour espérer éteindre la curiosité de ce policier, John décida de creuser dans le mensonge et l’absurdité, encore et encore jusqu’à le faire céder.

« Quelle perspicacité, sergent, je suis impressionné » rétorque John avec un léger sarcasme sur le ton de sa voix. « Vous m’avez percé à jour. Mon nom est Ethan Williamson, antiquaire, taxidermiste et archéologue à mes heures perdues. Je collectionne les artefacts antique et mystique pour ma collection personnelle »

Et il faut voir la gueule de la collection personnel, des cartons empilés les un sur les autres dans un coin de son armoire, sous son lit avec la fine couche de poussière qui l’accompagne. Il y avait aussi ces cadavres de bières qui se retrouvent accidentellement dans ces mêmes cartons, avec les capsules qui ont probablement manqué la poubelle.

« Cet homme ne méritait pas d’avoir des objets aussi précieux. Vous pensiez que cette histoire était palpitante sergent ? Non, c’est une simple querelle d’antiquaire. Désolé de briser tout espoir de rendre votre métier captivant, mais je ne suis pas la personne que vous cherchez. » Il haussa les épaules. « Si ça peut vous consolez, votre rapport ne sera pas long à écrire. En attendant, vous avez pas une clope ? »

John avait une grande histoire d’amour avec le mensonge, il plonge les deux pieds dedans lorsqu’il en a l’occasion. C’est comme s’il essayait de faire fuir les rares personnes qui commençait à graviter autour de lui. Lassé par cet interrogatoire, le britannique a commencé à s’avachir sur sa chaise. Les menottes l’empêchaient de se mouvoir comme bon lui semblait. Il tirait sur la petite chainette pour pouvoir coller l’intégralité de sa colonne vertébrale contre le dossier de sa chaise qui grinçait bruyamment. Ce flic n’agissait pas comme les autres, il posait des questions qui n’avaient aucun rapport avec le crime, il s’intéressait à ce que Constantine avait essayé de voler. Était-ce un de ces petits malins qui s’intéressait un peu trop près aux arts occultes ? Pas étonnant qu’il est une tronche de dépressif, pensa John. Il a probablement déjà dû fouiller les mauvais livres et certaines armes corrompues avaient déjà commencé à aspirer son énergie vitale.

Les théories du magicien sont farfelues. Il n’a aucune preuve de ce qu’il avance, son esprit ne faisait que se balader de gauche à droite en espérant que le temps passerait plus rapidement. Il n’y a rien de bien fun à rester coincé dans une pièce avec un flic qui ne mord pas à l’hameçon lorsque John essaye de le tourner en bourrique avec mille et un mensonges plus incohérent les uns que les autres. Pourtant, le britannique est curieux du comportement du sergent, il n’agissait pas comme ses collègues. Son attirance envers le mystique était plutôt problématique. D’habitude, les policiers se fiaient aux contes de fée et aux histoires de super-héros.

Le regard de John rapidement attiré par la cigarette que le sergent Philips déposa sur la table, à proximité de son champ de vision mais hors de portée du prisonnier. Il espérait peut-être que cette carotte pourrait inciter le suspect à dire un peu plus que de simples mensonges. C’était malin, mais il en fallait plus pour distraire John Constantine. Il laisse échapper un soufflement de nez, un soupir, se redresser légèrement de sa chaise pour déclarer :

« Tu veux un conseil ? » Il avait cessé de le vouvoyer au moment où ce dernier s’était montré un peu trop curieux vis-à-vis de l’occulte et des objets mystiques. « Contente toi de faire des parties de solitaire, tu sembles être un peu plus doué dans ce domaine. »

John est lassé de jouer les prisonniers. Il redresse ces mains, quelques tours de poignets et en un tour de passe-passe, le voilà débarrasser de sa paire de menotte sans avoir besoin de la moindre clé. Il lève un sourcil avant de prendre la cigarette entre deux doigts, sans aucune gêne. Il installe un silence de longues secondes, histoire de rendre cette situation un peu plus pesante.

« La magie et compagnie, c’est bon pour faire rêver les gosses. Contente-toi de celle de Disneyland, elle est beaucoup moins cruelle. »

Le filtre passe entre ces lèvres, il claque des doigts et une flamme jaillit du bout de ses ongles pour venir danser sur le bout de sa cigarette. Elle s’éteint sans brûler le moindre morceau de chair. C’est encore un des nombreux tour de passe-passe de Constantine. Il ne pourra pas entraîner cet homme dans ces nombreuses péripéties mortelles mais il pourra au moins lui offrir cette étincelle dans son regard pendant quelques minutes.

« Les artefacts ne sont pas des jouets. Certaines peuvent te protéger contre des choses qui te dépassent mais il ne suffit de pas grand-chose pour que certaine objet se retourne contre leur propriétaire. » Il avale une bonne grosse quantité de fumée avant de recracher aussitôt le contenu. « Est-ce que cette histoire grotesque t’a plu mon pote ? Parce que j’en ai plein en réserve. »

Constantine ne cache pas ce sourire sur le coin de ses lèvres lorsqu’il fait comprendre au policier qu’il n’est pas le maître dans cette pièce. Les menottes se détachent avec une facilité déconcertante, comme s’ils n’avaient jamais été réellement verrouillé jusqu’à maintenant. John n’avait même pas eu besoin de crocheter la serrure pour s’en défaire, comme si ce n’était qu’un vulgaire jouet en plastique. Maintenant libre, il se sentait comme à la maison, laissant le bout de sa cigarette brûler entre ses lèvres. Son corps s’était avachi sur la chaise inconfortable et le talon de ses chaussures se retrouvent à hauteur d’Elio sur le rebord de la table d’interrogation. John est sans gêne, difficile de savoir si c’est juste son comportement ou une façon volontaire d’énerver son interlocuteur en lui prouvant son cruel manque d’autorité.

Le magicien du dimanche a laissé le policier s’exprimer une dernière fois. John faisait tout éloigné cette âme innocente du monde mystique. Les créatures qui peuplaient ce monde n’avaient pas besoin d’une âme supplémentaire, aussi pourri soit-elle. La curiosité a emporté beaucoup de vie derrière elle, à commencer par ceux qui s’était un peu trop approcher de John Constantine. Il en est pleinement conscience et c’est avec dédain et mépris qu’il essayait de dissuader cet homme. Il estimait qu’il n’avait pas besoin de plus pour le dissuader. Cependant, au fur et à mesure qu’Elio s’exprimait sur ses expériences paranormales, la curiosité de John a été titillé.

« Tu as vu l’autre côté ? T’es sûr que t’étais pas tout simplement torché mon gars ? Non parce que le nombre de camé qui m’ont sorti ces histoires sont nombreuses. »

Il a essayé une nouvelle fois, une ultime fois mais Elio n’en démordait pas. Il s’accrochait à John et ses histoires mystiques comme une merde de chien se colle à la semelle de ta chaussure. John grogne intérieurement, il aurait préféré que cette ultime insulte écœure Elio. Le britannique n’aurait pas eu les réponses à ces questions mais une vie aurait été épargné. Le policier insiste, bien, le destin a décidé de son sort.

« Vraiment ? Et cet au-delà ? Il est ici, avec nous, dans cette pièce ? Tu vois les âmes errantes de Gotham ? » John se marre quelques instants, il écrase le mégot de sa cigarette sur un coin de la table. « Ça va, j’te fais marcher, ne soit pas susceptible. »

Elio raconte des histoires. Il ne rentre pas dans les détails mais il y a quelque chose qui titillait l’esprit du magicien du dimanche. Constantine pouvait difficilement croire que cet homme, qu’il estimait presque fragile d’esprit en apparence, puisse être retourner du monde des morts sans séquelles. Il y avait quelques choses, un élément que John ignore mais qu’il aimerait bien connaître pour comprendre a qui il avait réellement à faire.

« Je te crois. » souffle John, comme si c’était très difficile pour lui de l’admettre. « Je crois ton histoire, enfin en partie. Nul n’échappe de ce monde sans séquelle. Alors explique-moi, raconte-moi ton enfance. »

Elio veut en savoir plus sur l’homme qui se trouve en face de lui. Qui est donc Sebastian Jones et à quoi ressemble ces folles aventures ? Même si la curiosité de John lui avait fait défaut, il était hors de question pour lui de raconter son histoire au premier flic qu’il croise. Il se contente de souffler du nez avant d’hausser les épaules.

« Non. Non, tu ne veux clairement pas savoir, mon pote. »

Si on lui avait dit un jour qu’il passerait de suspect interrogé à thérapeute pour flic, il n’en aurait pas cru un mot. John est loin d’avoir la patience de ces gens mais il donnait au moins l’illusion d’en avoir et de se soucier de son existence. Bientôt, il ne restait plus que le bout de sa cigarette. La fumée était en train de consumer le filtre. John aurait préféré que cette clope dure un peu plus longtemps, il ne se sentait pas capable de supporter l’homme en face de lui sans un peu d’assistance. Dans sa tête, John attendait patiemment le moment où Elio se mettrait à fondre en larmes lorsqu’il lui raconterait à quel point il avait souffert, les attouchements de son père, le suicide de sa mère qui l’avait poussé à devenir un justicier de Gotham et… rien. Une vie banale ? John est presque déçu d’entendre tout ça. Il aurait eu au moins une histoire croustillante à se mettre sous la dent avant sa libération.

Car il n’y avait pas que sa curiosité qui le poussait à écouter la vie de ce policier. John avait toujours pour objectif de quitter le commissariat les mains dans les poches sans craindre d’avoir un casier judiciaire sous un faux nom. John n’avait pas peur, sa chance lui permettait de ne pas appréhender les autorités compétentes. Toutefois, le karma arrivait parfois à retourner ces dons contre lui et il n’était pas à l’abris d’une mauvaise surprise. John esquisse un sourire lorsque Elio lui confirma qu’il était bel et bien torché au moment des faits. Après avoir vu une partie du royaume des morts, il était certains que Gotham était un univers chaotiquement identique ou presque. Quelle naïveté.

« Si tu penses ça, c’est probablement parce que tu n’as vu qu’une partie du royaume des morts. C’est un univers vaste, un endroit plus grand que ton imagination. Tu n’as probablement vu que la surface immergé de l’iceberg. »

John connait trop bien ce monde, mais il connaît surtout les créatures qui les peuplaient. Ils étaient nombreux, tous sadique et chaotique à échelles variables. La plupart de leurs histoires, le fonctionnement de ce monde surnaturel était répertorié dans des livres anciens dispersé dans les quatre coins du monde. Le britannique en avait lu une bonne partie, c’est ce qui le rendait si dangereux. Elio avait joué avec le feu pour revoir un être perdu, le coup classique mais il est difficile pour un novice de tomber dans le royaume des morts sans être accompagné par quelqu’un qui connaissait déjà les vices pour y accéder.

« T’as pas la tête du mec qui décide de se rendre seul au royaume des morts. Qui t’a accompagné et qu’as-tu promis à cette personne pour qu’elle cède à tes caprices ? »

Les rôles sont inversés. Le mage du dimanche prenait la casquette d’enquêteur et se permettait d’interroger son suspect. John sait qu’il n’est pas le seul mystique à Gotham City et il est préférable pour lui de connaître un peu le niveau de concurrence avant que ces derniers prennent conscience de son existence. Très vite, Elio finit par dériver dans la conversation. Si John le laissait parler plus longtemps, celle-ci allait finir par être gênante.

« Effectivement, Philips. Tu es un type hilarant. » confirma John en écrasant le reste de sa cigarette sur le bord de la table avant d’abandonner le cadavre au même endroit. « Toi, ta naïveté, tu penses être sorti du monde des morts sans conséquences. Tu dis voir des êtres défunts, mais penses-tu que nous sommes seul dans cette pièce, Inspecteur Philips ? »

Difficile de savoir si Constantine était en train de blague ou non. Peut-être qu’il cherchait juste à effrayer le flic, à lui faire croire qu’il était maudit, qu’une créature mystique épiait ses moindres faits et gestes, gravitait autour de lui jusqu’à trouver la faille parfaite pour faire de sa vie un véritable enfer. John lève ses yeux vers lui, son regard perçant azur croisa le sien, presque agacé par l’inconscience d’un homme qui voulait simplement passer son deuil.

Les rôles sont inversés et Constantine se retrouve à prendre la casquette de sergent et à poser les questions. Une partie de lui aurait peut-être aimer jouer les ramasses-merde dans une ville aussi corrompu de Gotham, histoire d’avoir un aperçu de jusqu’où pouvait descendre la misère humaine. Pour vivre dans les quartiers malfamés de cet enfer à ciel ouvert, John avait déjà sa petite idée sur la question, un autre angle de vue aurait été intéressant. Il était fasciné par cette facilité avec laquelle il était parvenu à renverser la situation et à quel point Elio courbait l’échine lorsque son prisonnier lui posait des questions d’ordres privés. Cet homme devait être soit triste, soit désespéré par son travail pour se laisser entraîner par les questions du britannique. Peu importe, John s’amuse de la situation tellement cela lui semble facile d’en apprendre davantage.

Il n’est pas au bout de ses surprises lorsque lorsque le sergent Philips tente de justifier ses actions, il mentionne un nom familier qui réveilla son sourcil droit. L’occultiste ne savait pas réellement s’il devait interpréter cette information comme une bonne ou une mauvaise nouvelle. Cet homme peut aussi bien être un allié comme la pire des merdes sous ta semelle. Il fallait seulement employer les bonnes paroles lorsqu’on avait le culot de se pointer dans son repaire, les deux pieds devant. John sait y faire avec les mots, mais Midnite commence avait commencer à comprendre les supercheries de John. Le mage noir s’attaquait maintenant à de pauvre âme en peine ?

Elio est soudainement perturbé dans son monologue. Ces souvenirs sont vagues et John ne parvient pas à trouver un scénario crédible à ce qu’il pouvait lui baragouiner. Il est bientôt trois heures du matin, le mage avait le cerveau en compote et il ne dirait pas non à une deuxième cigarette pour digérer toutes les informations qu’il a emmagasiné jusque-là. Malgré de nombreuses questions qui resteront sans réponse pour ce soir, John avait commencé à dessiner un portrait au sujet de ce pauvre Elio. C’est comme si le destin l’avait guidé jusqu’à cet homme en détresse. John n’a clairement pas la gueule d’un chevalier blanc mais il avait quelque chose derrière la tête.

« T’es complètement à côté de la plaque mon pauvre gars. » en conclu-t-il après le discours vague du policier.

John avait détaché son regard du pauvre homme pour concentrer son dévolu sur le cadavre de cigarette qu’il avait écrasé quelques minutes plus tôt sur l’un des rares meubles de cette salle lugubre. Cet homme n’avait pas toute sa tête et ce n’est clairement pas volontaire de sa part. L’occulte du dimanche soupçonnait son collègue de s’être servi de cette âme en peine pour arriver à ses fins. Ce dernier n’est même pas certain de ces propres souvenirs. Constantine était même en train de se demander si Midnite n’avait pas jouer avec la mort en ressuscitant cet homme, ce qui expliquerait pas mal de chose mais John n’est sûr de rien. Un homme mort, même revenu d’entres les morts dégagent une odeur particulière, celle de la mort. Quoi qu’il advienne, cette odeur lui colle à la peau et rare sont les personnes qui ont l’odorat assez fin pour remarquer cette puanteur. Les odeurs putrides de ce commissariat se mélangent et empêchait l’occultisme d’avoir une véritable réponse, pas sans interroger son suspect.

« …Tu n’es même pas sûr de ce que tu as vu, de ce que tu me racontes. Alors reprends ton souffle et concentres toi un peu. Qu’est ce que tu foutais dans ce club. Etais-ce à cause d’une dette ? Qui est l’abruti ? Est-ce que tu es certains de ce que tu penses avoir vu ? De ce que tu me racontes comme connerie ? T'es aller au royaume des morts parce que tu es toi-même mort ? Les cadavres de flics, ça manque pas les rues. Ou alors tu es juste en train de me raconter de la merde pour me faire gagner du temps. Si c'est le cas alors mon mignon, tu es le roi dans ce domaine en plus d’avoir un humour exécrable qui pousserait au suicide n'importe quel dernier être sain dans cette foutue ville de merde. »

John  continue de tourner en rond pour gagner du temps. Ces talents de manipulateur lui permettaient de retourner la situation ; Avec les esprits un peu plus naïf, il arrivait parfois à récupérer de précieuses informations. Le sergent Philips ne figure dans aucune des deux catégories et c’est bien ce qui avait capté l’attention de l’occultiste. Il serait parti depuis longtemps si cet homme n’avait pas suscité un minimum son attention. Il avait déjà un pied dans le monde occulte mais il était très naïf dans le domaine. Il a probablement été entraîné par un mage malveillant qui espérait quelque chose en emmenant une âme innocente dans les tréfonds des enfers. John a envie d’en savoir plus, mais il doit gagner sa confiance avant d’espérer qu’il ne lui en dise plus.

« Non, tu n’aimerais pas savoir, mon pote. »

John laisse un sourire se dessiner sur son visage lorsque le sergent lui reproche de cacher son identité. Si le britannique se donnait autant de mal pour cacher son identité, c’est aussi bien pour se protéger des autres, mais avant tout pour protéger les autres de son influence et de sa malédiction. John avait vu trop d’horreur infligé à ses personnes qui ont le malheur de gravité autour de lui. Il préférait réduire ses liens sociaux pour le bien de tous. A force de se prendre les moqueries du britannique, le policier a commencé à perdre patience et s’est finalement décidé à relâcher son prisonnier et enterrer cette histoire de vol. John avait eu ce qu’il voulait. Il s’était volontairement rendu insupportable pour arriver à cette fatalité. Il aurait dû être satisfait d’avoir obtenu ce qu’il voulait, mais une autre idée lui avait traversé l’esprit.

Au moment où le sergent estimait qu’il avait perdu assez de temps. Il s’est levé pour se détacher de John et s’éloigner pour guider le britannique vers la porte de sortie. Ce dernier attrape le poignet du sergent sans craindre des conséquences de ses actions. Sa poigne est ferme, on ne s’attend pas à ce que ce gringalet est autant de puissance dans les mains. Le détenu retient le sergent, il pivote son poignet pour avoir un œil sur ses veines.

« Ignem immergunt. Princeps potestatem suam. »

Le sergent Philips peut ressentir une brûlure vive lui parcourir tout le corps, à commencer par le poignet que tenait fermement Constantine. Sur la chair commençait un symbole commence à se tracer en brûlant la chair. La douleur est indescriptible, mais John reste impassible et refuse de lâcher le policier. Son regard se lève en direction des yeux de son interlocuteur, cherchant une réaction, quelque chose qui pourrait répondre à son instinct et lui faire comprendre qu’il faisait le bon choix en misant sur cet homme.

« Tu es maudit. Tu ne le sens pas, tu n’y vois que de la malchance, mais il y a plus que ça. Tu es entré dans des terres que tu n’étais pas censé foulé et tu as été puni pour ça. »

John force sa poigne davantage pour prononcer la brûlure qui parcourait tout le bras de ce pauvre policier. Même si ce dernier souhaitait se débattre, il ne pourrait pas faire grand-chose. L’occultiste le tenait fermement, comme s’il voulait qu’il retienne une bonne leçon.

« … Tu as accordé ta confiance à la mauvaise personne. Elle t’a fait courir un risque quais mortelle. Tout ça pour quoi ? Pas grand-chose à ce que je vois. Je peux t’aider à t’éviter ce mal. T’as clairement pas envie de finir comme les âmes perdues que tu as dû croiser là-bas ? »

Après quelques secondes, il finit par lâcher prise. La brûlure à commencer à s’estomper, mais le sergent Philips sentira la douleur encore quelques longues minutes avant qu’elle ne se dissipe doucement. John glisse sa main à l’intérieur de la poche de son trench pour en sortir une carte sur laquelle était écrit son numéro de téléphone.

« John. » marmonna-t-il. « Je m’appelle John. »