Elle se trouvait dans une pièce noire à peine éclairée par les diodes électroluminescentes d'un ordinateur. Lorsque son téléphone vibra, elle se leva du canapé sur lequel elle se reposait et quitta la pièce, subissant une soudaine migraine solaire en voyant le jour frapper sur elle. À l'autre bout du fil, une voix de jeune fille. Il y eut un petit silence au début, puis elle s'exprima poliment, avec un léger accent italien mais Prim était incertaine seulement à l'ouïe, elle avait l'habitude de voir les mains bouger en même temps.

La jeune fille à l'autre bout du fil expliqua timidement être à la recherche d'un daddy. Qu'est-ce qu'un daddy? Prim savait qu'il s'agissait d'un slang et anglicisme signifiant père, mais surtout un père non-biologique. Cette jeune génération était brisée et manquait des besoins les plus banals, mais elle non plus son daron ne s'était pas montré des plus responsables. Certains leur daron ne se montre même pas, point. Sa potentielle cliente demandait ses services en tant que ce fameux daddy tant convoité.

Il s'agissait d'une étrange requête. On lui avait offert de l'argent pour être soumise auparavant, quelques fois pour se revêtir de cuir et d'incarner une succube pour punir un très vilain fiston, offres qu'elle a toujours refusé dans le passé. Mais cette fois la proposition était courtoise, polie. Un besoin de confort, combler le manque de figure paternelle. Bref rien de sexuel. Dans le pire des cas ce sera érotique mais seulement pour la cliente, et si jamais elle insiste et se montre lascive, la définition du consentement et du contrat lui seront rappelés comme unique avertissement. Ensuite elle trouvera un second père qui l'aura oublié.

Prim raccrocha et commença immédiatement à se préparer, ayant donner rendez-vous le soir même. C'était quoi un daddy en fait? Comment exprimerait-elle une aura masculine, paternelle...? Elle s'observa dans le miroir. Après un long moment, elle prit une grande inspiration. C'était bien plus que les hormones, bien plus que de grosses cogliones. Elle lança quelques coups de fil à des clients habitués avec qui elle offre des prix en bundle. Ils requéraient Possum Girl assez souvent qu'ils bénéficiaient d'un généreux rabais et tout deux sauvaient du temps au lieu de passer à travers les longues cérémonies du contrat et des règles. On lui donnait simplement un nom, ou un lieu avec une heure et elle s'exécutait. En échange, on lui offrait soit un rabais ou encore du crédit à un établissements appartenant au client, plus souvent le deuxième. Son premier appel fut simplement un taxi par contre.

~ Chez le tailleur ~

«Ah c'est vous, j'avais hâte que vous arriviez, on m'a parlé de vous. Bienvenue chez César.»

L'homme chauve avait beaucoup de chic mais était surclassé par tout les habits qui l'entouraient. Il la mena vers l'arrière du magasin où se trouvaient de très grandes tables et d'innombrables rouleaux de tissus minutieusement placés dans des étagères allant jusqu'au plafond.

Il commença à s'exécuter en prenant les mesures de la mercenaire pendant que son assistant déroulait et découpait le tissu. Beaucoup d'aiguilles furent placées et encore plus de petits traits de crayon furent dessinés Elle aimait bien le son du ruban à mesurer et la tendresse des mains de César lorsqu'il les appuyait dans son dos.

-Madame Possum, s'agit-il d'un évènement officiel ou d'une affaire sociale?
-Sociale
-Et ce sera le jour, ou le soir?
-En soirée
-Dans quel style?
-Paternel
-Combien de boutons?
-Deux
-Votre pantalon?
-Fuselé
-La doublure?
-Tactique

César continua son fin art. Elle lui demanda si cela pourrait être prêt avant que le soleil ne se couche, auquel il lui répondit en jetant un coup d'oeil à sa montre de poche, suivit d'un sourire en coin.

~ Chez l'armurier ~

Prim suivit l'homme dans une prestigieuse cave à vin et il ouvrit une porte menant à une large collection d'armes. Ce n'était pas sa première fois ici, le règlement était simple. Elle pouvait emprunter n'importe quoi dans le côté gauche mais si elle tirait la moindre balle, elle devait payer le plein prix. Elle n'avait aucune cible autre que les sentiments d'une jeune femme, et le seul lieu à protéger serait son petit kokoro, mais on se trouvait bien à Gotham City, une ville pleine de mécréants avec très peu d'ordre, si ce n'était qu'un gang de vigilantes avec des petites cornes stupides de chauve-souris qui faisait le boulot de la police à leur place.

-Je peux vous aider à trouver quelque chose en particulier?
-Une arme de poing, pas besoin de silencieux
-Vous chassez quelque chose?
-Pas cette fois
-J'ai un allemand ici qui fera très bien l'affaire, vous l'avez déjà adopté auparavant?
-P30L oui
-Il a une visée modifiée, chargeur classique de quinze munitions parabellum et il a une poignée texturée au cas où vos mains se retrouveraient humides

Une fois l'arme chargée et le cran de sûreté activé, elle le glissa dans un étui à sa cuisse. Elle contourna la table de travail où se trouvait un pistolet en pièces détachées pour un nettoyage, et elle alla se servir un dessert parmi la coutellerie.

~ Le garagiste ~

Dès son arrivée en taxi, une femme en combinaison bleue très tachée d'huile lui lança un seul coup d'oeil et sifla. Prim fit une seule pas dans le garage et un homme bien assis au fond de son fauteuil lui balança des clés. Ne s'y attendant pas, Prim regarda les clés tomber par terre et glisser sur une trentaine de centimètres. L'homme se leva soudain et posa un doigt sur la clavicule de la mercenaire.

-Mes clés sont éraflées par ta mégarde. Des clés je m'en bat les couilles. Mais si tu fais la même chose à ma mustang... ça va te coûter

Il fit un petit signe avec ses doigts comme si il faisait semblant d'être italien.

-Depuis quand tu ne prends pas le taxi?
-Depuis que j'ai besoin de m'occuper d'une gamine
-Tu veux l'impressionner? Vroom. Vroom!
-Non mais ça casse l'ambiance quand le chauffeur est SDF
-Est-ce que t'as du parfum lo?
-C'est assez viril tu crois?
-Viril?
-Je vais être daddy
-Ah... ah ouais... et c'est quoi à ta poitrine?
-Un bandage de trans
-Ah... chouette chouette, chouette... j'aurais aimé un daron comme toi, sauf si toi aussi tu martyrises tes gosses
-Les miens? Jamais

~ La cliente ~

Appuyée contre sa voiture de courtoisie, Prim laissait le vent passer à travers ses cheveux. Elle s'était coiffée elle même en gardant sa frange, avec les côtés balayés à la hauteur de son menton. Elle avait aussi une queue de cheval attachée haute et courte, lui donnant une coupe assez garçonne. Avec sa couleur sombre, on aurait dit qu'elle avait les cheveux courts, sauf si on la voyait de côté. Son costume était noir, sa chemise noire, veston noir, sa cravate noire, chaussures noires, chaussettes noires, les sous-vêtements aussi mais ça on en parle pas. La silhouette d'une femme et la posture d'un homme.

Elle réfléchissait à un faux nom. Prim Brown c'était masculin ou pas? Avait-elle besoin de s'inventer un nom? Parce qu'elle allait peut-être seulement l'appeler papa toute la soirée. Primeveire c'était distingué ou un simple Prim? Moins c'est plus? Allons-y avec Prim.

Elle avait donné rendez-vous près d'un parc, et l'heure approchait.

Time to slay.

EPSILON

Azzurra avait trouvé cette note dans les toilettes de Starbucks à propos d'une sorte de garde du corps ou quelque chose du genre qui ne voulait pas de services sexuels. C'était exactement ce dont elle avait besoin. Si elle arrivait à trouver quelqu'un pour s'occuper de Mindy pour qu'elle puisse concentrer plus de temps à sa formation auprès de Bruce Wayne, ce serait parfait. Mais il fallait quelqu'un de fiable.

Ce garde du corps devait pouvoir protéger Mindy, notamment lorsqu'elle rentrait tard le soir après avoir servi dans le bar où Azzurra avait croisé Hugo Strange. Celui-ci savait qu'Azzurra y avait servi, et s'il était aussi cinglé qu'il en avait l'air, il reviendrait et tomberait sur Mindy, et n'hésiterait pas à l'embarquer. C'est pourquoi, quelqu'un qui pourrait garder l'œil sur elle lui permettrait de dormir sur ses deux oreilles. Azzurra se sentait responsable pour Mindy. Il fallait dire qu'après l'avoir sauvée, elle n'était pas prêt à recommencer, encore moins après avoir vu la machine à lobotomiser de Strange. Cette petite était un peu dissipée, mais elle était pleine de vie. Cela faisait plaisir à voir. Son boulot de serveuse l'aidait à s'épanouir et visiblement, elle agressait un peu moins les clients et le patron l'appréciait. Elle avait juste besoin de protection.

Azzurra revint s'asseoir auprès de Mindy. La Rouquine avait commandé un Mocha Cookie Crumble Frappuccino. Elle osait appeler ça du café ? Elle prenait des photos pour son Instagram toute contente en jubilant et en faisant des petits cris parce que son Azzu était là. Azzurra avait quant à elle demandé un espresso noir et sans sucre, et il était pas très bon. Plutôt cher pour ce que c'était.

- Tu as fait long dans les toilettes, tu as fait caca où tu t'es masturbée ? fit Mindy sans pudeur, ce qui fit retourner deux trois clients vers Azzurra qui ouvrit grand ses yeux. Mindy rit et ajouta :

- J'rigole !

- J'ai trouvé une annonce. Je vais te trouver un garde du corps.

- Pourquoi faire ? Encore cette histoire avec Strange ?

- Oui. Je tiens à ce que tu sois protégée.

- Je suis toujours protégée auprès de toi mon bibou. Quand tu t'assieds sur mon visage je me sens comme dans l'utérus de ma mère !

- Je... j'ai jamais fait ça.

Cette Mindy était insortable. Et ça la faisait rire, en plus. Azzurra soupirait longuement, observant avec presque un certain dégout la petite manger son dessert.

---

Azzurra avait fait rendez-vous dans un parc, situé dans un quartier assez tranquille avec le garde du corps potentiel de Mindy. Elle lui avait dit qu'elle avait besoin d'un daddy pour plaisanter mais se demandait pas après avoir raccroché si ça avait été pris un peu trop au sérieux. Elle portait un costume avec un tailleur un peu confortable qui la rendait assez élégante, tout en étant un peu casual pour une balade au parc. Azzurra avait l'intention de passer la soirée avec une garde du corps professionnelle, alors elle voulait paraître pas trop mal. Elle allait la tester ce soir-là, voir si elle était fiable.

Ce serait dommage de sortir Mindy de la gueule du loup pour la mettre dans la gueule d'un loup encore méchant. Azzurra profitait du coucher de soleil, il faisait un peu chaud encore, c'était agréable. Il n'y avait pas beaucoup de monde et sa tenue, tout comme celle d'une inconnue plutôt jolie qui venait d'arriver, détonnaient avec l'ambiance générale. On aurait dit deux mafieuses venus s'échanger des plans de fabrication d'une centrale nucléaire. Ce n'était pas le cas heureusement, Azzurra ayant laissé les plans dans le coffre à jouets de Mindy.

Azzu la reconnut et l'invita à s'asseoir à un banc avec elle. Puis, elle se tourna vers elle et lui dit, un peu timide.

- Enchantée. Vous êtes la personne que j'ai appelé ? Mon nom c'est Azzurra.

La personne confirmant, elle bâilla un moment.

- Si je vous appelle, c'est que j'ai besoin de votre aide. En fait, j'ai une amie qui est serveuse dans un bar et il y a Hugo Strange qui en veut à elle. Je ne peux pas la surveiller, et elle est un peu... dissipée. J'ai besoin de quelqu'un pour faire le garde du corps.

Azzurra montra sur son téléphone l'instagram de Mindy pour qu'elle puisse voir à quoi elle ressemblait et le genre de personnes que c'était.

- Il faut la patience avec elle parce que elle est très idiote. Je ne peux pas m'occuper beaucoup d'elle. Je demande pas vous la surveillez non stop, mais je dirais le soir quand elle rentre, et passer de temps en temps une journée avec elle. On a de quoi vous payer.

L'argent de poche que son père versait à Azzurra était assez conséquent. L'argent ne devrait pas être un problème.

- Elle a beaucoup d'énergie. On peut passer la journée ensemble pour que j'évalue si vous avez le mental pour la supporter parce qu'elle est très énergique. Il faut que vous la protégiez et que vous l'occupez sinon elle fera des bêtises. Ca fait un peu babysitting dit comme ceci mais vous serez bien payée. Ca vous dit jusque là ? J'ai pas trop prévu ce que on va faire, mais ça fait partie de votre boulot.

L'Italienne était un peu gênée (ça se voyait à ses petits gestes avec ses mains dus à la nervosité) face à cette femme aussi classe et taciturne. Elle espérait qu'elle ne se moque pas d'elle et reste professionnelle.

EPSILON

Quand on pense au monde de la criminalité et l'underground, on s'imagine plus souvent des lieux malfamés (surtout à Gotham quoi) mais beaucoup de criminels aiment les endroits normaux où la vermine ne traîne pas. Les restaurants à portée de tous comme Starbucks et McDondals abritaient vraiment tout les publics. Le propriétaire faisait sans doute partie de la pègre et se cachait en pleine vue, droit sous le nez de la police. Prim ne s'en doutait pas elle même. C'est quand le proprio en question lui a donné rendez-vous en plein jour dans un de ses Starbucks qu'elle avait eu l'idée de poster son curriculum vitae là-bas, augmentant ainsi son réseau.

Et hormis les criminels qui veulent juste du café, il y a aussi les jeunes qui se laissent tenter par des offres alléchantes, parfois un simple coup de fil et quelques clics histoire de faire un transfert bancaire suffisaient pour terrifier un ex ou un parent homophobe. Prim préférait quand même les paiements en liquide ou en crédit car la GCPD avait déjà fermé son compte pour "activités suspectes" mais rien ne l'avait empêché d'en ouvrir un autre, sans question de la banque. Gotham c'était vraiment un paradis pour activités illégales pour qui osait accepter les risques. Audentes fortuna iuvat.

Une jeune femme correspondant à la tranche d'âge de la voix (voyez qui parle...) se présenta à Prim alors qu'elle profitait d'un des quelques moments de la journée où on pouvait regarder le soleil sans se brûler les yeux. Elle avait une tenue inférieure à ce que César lui avait préparé mais elle était tout de même classe. L'habit ne fait pas l'homme, ou la femme dans ce cas-ci, n'importe qui avec assez d'argent pouvait se payer des vêtements de luxe, bien paraître dedans c'est tout autre chose. Le charisme ne s'achète pas, c'est un talent qui s'acquis et se développe, et les deux femmes en étaient des adeptes.

Possum Girl s'asseya avec une enième cliente dans le parc jsute à côté. Le nombre de fois qu'elle avait fait ça, c'était devenu une habitude, une première pour le contrat actuel cependant. Une première fois aussi qu'elle allait donner son nom à un client, parce que c'est juste un enfant qui se sent seule et parce que même elle sait qu'un daddy nommé Possum Girl n'avait aucune crédibilité, même aussi audacieux soit-il.

«Appelle moi Prim» dit-elle.

Elle pensa à ajouter "tu m'excuseras, c'est pas mon vrai nom" mais ça aurait été encore moins crédible que l'idée précédente. Elle ignorait si c'était vrai ou non, ce n'était pas de ses oignons de découvrir ni de juger, mais bon cette Azzurra était timide au téléphone, timide en personne, sort l'histoire que c'est pas pour elle en fait, c'est pour la fameuse amie. Par contre elle lui montra ensuite des photos et il s'agissait clairement de quelqu'un d'autre, sauf si Azzurra était tellement gênée qu'elle avait créé cet alter ego de toute pièce et lui avait fait un réseau social avec des images photoshoppées d'elle même. Par réflexe elle avait regardé les mains pour confirmer l'ouvrage d'une intelligence artificielle, mais les doigts ne mentaient pas. Elle regarda Mindy puis Azzurra, puis Mindy puis Azzurra de nouveau, et vint à la conclusion que Mindy était une vraie personne. Pas que cela importait à sa mission, simplement pour satisfaire sa curiosité.

La jeune donna lui expliqua en détails qui était cette Mindy et à quel point c'était mentalement encore une enfant et qu'elle risquait d'être assez récaciltrante. Prim acceptait les défis et jouera la baby-sitter si il faut. Prim l'observa avec une expression mystérieuse mais réconfortante, du moins c'était l'effet recherché, l'inconnue qui inspire confiance.

«Oui je vois. Je n'ai pas de tarif pour faire ça, normalement on me paie 500 balles pour que je reste debout comme un épouvantail de minuit à 6h juste au cas que quelque chose arriverait. Mais je veux me montrer de bonne foi, tu ne sais pas ce que je vaut encore, et même si ça reste du business, je ne fais pas ça pour abuser de vos lacunes parentales ou pour rafler votre fric. Pour ce soir d'essai, ce sera 200. Je couvre toutes les dépenses. Mais je veux que tu oublies les questions d'argent pour maintenant, on en rediscutera dépendant de ton évaluation, et de la mienne. Pour l'instant je demanderais que tu te détendes, je suis là pour ça, tu es toute timide.»

Ses yeux s'ouvrirent légèrement plus grands alors qu'elle injecta un regard pesant dans celui d'Azzurra. En même temps elle sortit un téléphone de la poche intérieure de son habit et entra un numéro préinscrit dans ses contacts.

«J'ai besoin de réserver un dîner pour deux» lança-t-elle avec une voix étrangement trop pratiquée. On aurait pas dit qu'elle essayait d'imiter un homme qui parle, c'était plutôt un ton grave, presque guttural, intensément doux.

Prim se leva du banc et invita Azzurra à la suivre en lui tendant la main pour l'aider à la relever. Elle se dirigea à la mustang et indiqua que la porte est déverrouillée. Elle pouvait bien l'ouvrir par elle même, elle est adulte, c'est pas une gonzesse tête vide qui s'attendait à ce qu'on fasse tout à sa place, et elle-même n'était pas un simp avec un fétiche de domination financière qui vendait sa dignité contre l'espoir qu'on accepte de lui laisser tremper son biscuit. Ses enfants seraient assez débrouillards pour ouvrir une portière tout seuls. À l'intérieur, elle inséra un mixtape appartenant au propriétaire de la voiture qu'elle trouva dans un compartiment entre les deux sièges et l'inséra dans la fente appropriée, permettant enfin à Danny Elfman de pouvoir prendre une pause super méritax pour la durée du trajet. C'était Take me out de Franz Ferdinand, on a encore le droit de l'écrire je pense, tant qu'il y a pas de son, l'opossum ne sera pas démonétiser.

«Il n'y a aucune hâte à notre soirée mais si on ne se dépêche pas, toutes les banquettes seront prises et les chaises sont chiantes. Parle moi un peu de toi, ou de ce que tu veux en fait. Je t'écoute mais je risque pas de parler, je me concentre sur la route. Cette ville est peuplée de chauffards et je ne voudrais pas que tu sois en danger.»

Le trajet fut le traditionnel gothamite, avec Prim qui faisait de son mieux pour garder son calme. Malgré la puissance du moteur, elle avait une conduite mielleuse comme un avion qui planait doucement à travers les nuages. Si la voiture était insonorisée on aurait pu tomber endormi à l'intérieur.

~ Le restaurant ~

«Nous y voila, il y a un petit style rétro années 90, c'est assez décontracté.»

Une fois stationnée, avant de sortir de la voiture, Prim traça un cercle dans le vide avec son index.

«Ça c'est un cercle.»

Puis elle traça un carré de la même manière.

«Durant cette date nous ne ferons aucun coin rond.»

Elle sortit et attendit qu'Azzurra fasse pareil, avant de se diriger vers les portes du grand diner où on pouvait lire le nom de l'établissement, le Nick Bunny Slime. Sans regarder, Prim utilisa la manette pour verrouiller la voiture à distance, puis prit doucement la main de son enfant dans la sienne et suivit son rythme et sa vitesse pour pas qu'elle trébuche.

EPSILON

La jeune femme s'appelait Prim. Elle avait l'air tant professionnelle que la pauvre petite Azzurra se sentait très gênée. Ou peut-être était-ce le baby instinct qui était triggered par le daddy instinct de Prim ? Celle-ci était très professionnelle, à n'en pas douter lorsqu'elle voulut prouver à tout prix qui elle était avant de parler prix. Azzurra en prendrait de la graine. Elle en alla même à rougir lorsque cette dernière lui indiquât qu'elle était toute timide.

- Désolée. Je...

Elle ne s'en voulait pas pour cela. Elle savait ce que c'était de rencontrer quelqu'un pour faire quelque chose de bizarre, et elle avait vu des hommes riches et puissants ne pas se sentir à l'aise en sa présence. Enfin, ce n'était peut-être pas parce qu'ils avaient peur de consommer une prostituée de luxe, ils devraient être habitués, mais peut-être que parce que le mal-être existentiel de cette femme transparaissait et se transmettait aisément. Quoique cette idée lui déplaisait. Non. Les gens passaient du bon temps avec elle. Azzurra cogitait alors en quantité astronomique pour s'ajouter de l'anxiété inutile en toute bonne anxieuse qu'elle était et lorsque ce fut fait, elle suivit la Daddy jusqu'à la mustang. Azzurra entra sur le siège passager et ne dit rien.

Prim lui parla des chaises avant de lui demander de parler de sa vie, de la façon la moins naturelle possible. "Je me concentre sur la route, mais je peux acquérir des informations sans me mettre en danger".

On aurait dit un entretien d'embauche. Azzurra eut un petit rire.

- Euh. Je m'appelle Azzurra. Je vais te raconter mon histoire. Je peux te tutoyer ? Je suis née à Rome en Italie, je crois que je suis née vers 17h30 ? Par là autour ? A l'Ospedale Pediatrico Bambino Gesù. C'était en hiver, il faisait froid. Le 5 janvier 1991. J'ai 28 ans... enfin je vais pas dire tous les détails pour pas aller trop vite. J'ai pas eu beaucoup de la chance dans la vie, je suis arrivée à Gotham City il y a pas très longtemps. Je faisais escorte. C'est les femmes qui portent compagnie à des hommes et parfois d'autres femmes contre très cher. C'est comme vous un peu, sauf que vous avez des méthodes différentes. Sinon j'étais aussi serveuse à la Taqueìra del Tìa Lalo à Gotham City. Ils m'ont recueillie et protégée. Mais je ne fais plus ça maintenant, ça fait un mois ou deux je travaille pour Wayne Tech, je suis ambassadrice. Je ne suis pas très bonne pour mon travail mais ils ont de la patience avec moi. J'ai rencontré cette fille appelée Mindy Jensen, elle est riche et a des problèmes de... d'éducation un peu mais aussi d'affection. Le Dr. Strange veut se venger d'elle, c'est pour ça que j'ai peur pour elle. C'est pas vraiment mon amie mais j'ai la responsabilité de la protéger, mais je n'y arrive pas beaucoup, c'est pour ça que je demande votre aide. Voilà pour mon histoire.

Elle préférait être honnête. Le restaurant avait l'air sympa, un restaurant des années 90 comme celui dans Pulp Fiction. Pour rigoler, Azzurra déclara :

- Je vais prendre un Royale with Cheese.

Prim lui montra une métaphore avec un rond. Azzurra ne comprit pas. Elle n'était pas très familière avec les expressions américaines, et cette histoire de coin rond... pour ne pas paraître idiote, elle ne demanda pas ce qu'elle voulait dire, se contentant de hocher la tête. Sans trop comprendre pourquoi, Prim lui tenait la main alors qu'elles entraient dans le restaurant. C'était étrange, mais un peu de réconfort ne lui faisait pas trop de mal.

- Pourquoi vous me tenez la main ? Je ne vais pas me perdre vous savez. plaisanta-t-elle.

Elle fouilla pour voir si des banquettes restaient, à ce qu'il paraît les chaises étaient nulles. N'en voyant aucune de libre, elle grogna.

- Mince, ça c'est dommage. Aucune banquette n'a l'air libre. Oh, si, attendez.

Elle lâcha la main de son Daddy et s'approcha d'une banquette qui était semblable à une belle voiture, où deux jeunes d'environ 17 ans étaient assis. Ils avaient visiblement fini de manger depuis longtemps, donc n'avaient plus rien à faire là, surtout à une période d'affluence. Et hors de question d'aller sur les chaises nulles quand elles pouvaient avoir la voiture. Les mains derrière le dos, Azzurra demanda gentiment :

- Bonsoir messieurs. Vous avez terminé de manger ?
- Euh, ouais.
- Vous pouvez partir alors ?

Ils n'avaient pas l'air d'avoir envie ces enculés. Azzurra se dit alors "que dirait Mindy ?". Mindy était un peu son exemple dans le genre "j'ai tout ce que je veux quand je le veux tu vas faire quoi".

- Je suis enceinte il faut que je m'assied sur quelque chose de confortable.
- Mais vous avez pas de gros ventre.

Hé. Ca se faisait pas de dire ça. Et ça les faisait marrer, ces cons. Elle fit une grimace avant d'ajouter :

- C'est parce que je fais beaucoup de sport. Vous êtes rigolos. Sérieux, vous voulez pas ?

Ils étaient morts de rire, avant de se lever. Elle rit aussi.

- Non on rigole ! Bonne soirée madame !

Ca avait marché. Ils partaient et Azzurra fit un signe à Prim avant de s'asseoir dans la voiture. Le serveur vint débarrasser et nettoyer la table avant de leur donner la liste des plats. Azzurra vit "Royale with Cheese", et choisit cela car ça la faisait rire. En plus c'était un des plats les moins chers, ce qui serait parfait puisque c'était pas elle qui payait et qu'elle ne voulait pas profiter de la bonté de la tueuse à gage. C'est pourquoi elle ne commanda pas de milkshake à 5$, parce que 5$ pour un milkshake c'était assez cher. En fait, elle prendrait la boisson que la dame prendrait.

- C'est étrange de sortir au restaurant avec comme une amie. J'ai pas d'amis maintenant que je m'en rends compte. Quand je sors avec Mindy c'est comme sortir avec une enfant. En fait si, j'ai un ami. Mais c'est pas pareil. Avoir une copine c'est ça qu'il me faudrait.

EPSILON

Lecteurs avertis: ce post contiendra des passages comportant un humour immature et vulgaire.

Malheureusement il n'y avait plus de banquettes disponibles lorsqu'elle avait voulu réserver. Elle aurait appelé plus tôt mais avec toutes les préparations faites la journée même, elle ne savait pas à quel restaurant elle irait jusqu'à très récemment, c'était la copine du garagiste qui lui avait recommandé, sinon elle aurait réservé le matin pour s'assurer d'avoir les banquettes. Sinon parfois certains restaurants ont un côté banquette et un côté chaises, ce qui est vraiment chaotique parce que là vous jouez à la chaise musicale sans musique pour savoir qui a la banquette et qui ne l'a pas, ce qui peut endommager des amitiés dans certains cas. Elle se disait qu'elle improvisera ou alors ils allaient se contenter de chaises, et elle comblerait le vide laissez par les banquettes chez Azzurra.

Prim réfléchit à ce que Azzurra lui avait dit pendant le trajet. Elle connait le nom de son hôpital et la pas juste sa date de naissance mais son heure aussi, même la température... C'est bien plus qu'elle ne savait sur elle même. Malgré les recherches avec son amant, elle avait seulement réussi à trouver la rue qu'elle habitait et la date. Puis elle essaya de se souvenir de Hugo Strange. C'était qui ça déjà? Elle ne devait pas l'avoir rencontré avant. Ça devait être le nom étrange que personne n'aurait dans la vraie vie, comme Victor Fries, River Knight, William Tockman, Harleen Quinzel. Hugo Strange. Vraiment des noms inventés quoi. Oui, cela devait être pourquoi le nom lui évoquait un sentiment étrange.

La mercenaire ne voyait pas sa cliente comme une cible mais elle l'analysait beaucoup, par simple curiosité. Peu importe qui elle était et ce qu'elle faisait de sa vie, c'était une jeune femme terre à terre qui pensait aux autres. Elle avait une certaine expérience avec la vie, ce n'était pas une innocente jeune fille insouciante et négligeante. Elle considerait que c'était des aptitudes qu'on développait en vivant dans les grandes villes, mais en fait c'est assez surprenant la quantité de gothamites qui dédient leur existence à devenir du gibier dans une partie joueurs contre joueurs sans même le savoir. En fait c'était plutôt des mobs que des joueurs, ils étaient là pour être farmé. Mais Azzurra? Pas elle. Son amie Mindy cependant... enfin, sans l'avoir rencontré elle avait cette impression.

Azzurra se laissa prendre par la main mais lui demanda tout de même pourquoi elle faisait ça. Prim trouvait rien d'anormal à tenir la main de sa progéniture pour ne pas qu'elle s'égare, qu'elle aie 2 ans ou 20.

«Nous ne sommes pas obligées mais une fois j'étais au Walmart avec quelqu'un et je l'ai perdu. Ça n'a pas été facile le retrouver. Je ne souhaite pas que ça se reproduise, vois-tu.»

Elle omit complètement le fait que le "quelqu'un" était une cible à intimider et qu'elle l'avait seulement perdu car le mec s'était enfermer dans une cabine d'essayage, qu'elle avait du faire semblant de magasiner des vêtements pour femmes le temps que l'employée parte en pause, puis qu'elle avait du crocheter la serrure avec un cintre en se disant que ça ne devait pas être si difficile que ça, se rendre compte que oui ce l'est si tu ne sais pas ce que tu fais, pour finalement juste se projeter sous les trente centimètres d'espace libre sous la porte. Il y a beaucoup de morales à retenir de cette aventure mais la plus importante c'était que la violence conjugale était un crime grave que la GCPD ne prenait pas assez au sérieux. Mais aussi qu'on ne fait pas juste avouer ses crimes à quelqu'un comme ça et que ça tuait le mood en mettant sa date mal à l'aise.

Dans le Jack Bunny Slime, l'enfant de Prim alla déranger des clients pour avoir une table avec une banquette. Prim était d'accord, tu peux rester une fois fini de manger mais pas si ça opportunait autrui. Mais là elle tentait de roleplay comment réagir. Est-ce qu'elle devait jouer l'adulte responsable et l'empêcher, si ce n'était que pour ne pas attirer l'attention ou se faire expulser des lieux? Elle se résolut à observer la scène et venir en support au besoin. En attendant, le restaurant comportait plusieurs écrans qui diffusaient des bande-annonces de jeux vidéos sortis il y a vingt trente ans environ, et vu que ça jouait en fond, Prim n'y portait pas trop attention, jusqu'à ce qu'une d'entre elle avait une musique super forte qui jouait quelques secondes avant de recommencer. Elle ne comprenait pas. Il venait juste de dire "bite" là non?

«Pourquoi tu jutes?» annonça ensuite la publicité avant que la musique forte reprenne de nouveau.

Non mais... attends quoi?

«Bonne jutée!» reprit la voix, avant que la musique ne refasse son apparition.

Elle n'avait aucun incomfort vis-à-vis la sexualité et sa fille était adulte aussi mais genre... ils annoncent un jeu de cul comme ça, en public? Le contraste que l'annonce avait avec toutes les autres pubs était fou. Complètement stupide, et le jeu sortirait juste dans un an. Qui achèterait un jeu qui prendrait encore un an à sortir? Pas très rétro tout ça. L'annonce continua en demandant ce qui faisait de quelqu'un un criminel.

Prim ne se laissa plus distraire et remarqua que la situation s'était règlée et que les clients étaient partis. Toutes deux prirent donc place dans une Mazda Savanna RX-7 FC3S blanche modifiée en table pour quatre personnnes. Comfo quand on est que deux en plus. Azzurra commanda le royale with cheese qu'elle avait mentionnée plus tôt, étonnamment c'était un vrai truc, ça existait pour de vrai. Elle ne savait pas encore ce qu'elle prendrait, ou plutôt, elle ne savait pas ce qu'un daddy prendrait. Elle prenait ça vraiment au sérieux.

«Choper d'la bite» raconta la pub en fond.

Elle choisit les crêpes. En soirée. Elle avait vu ça en lisant le menu avec des yeux de fauve, c'était tellement au hasard, imprédictible. Personnellement elle aurait aussi prit un burger mais elle se lançait à fond dans son personnage; il déjeunait rarement et ne se contentait que d'un café la plupart du temps, donc il prenait l'opportunité d'une soirée tranquille pour se rattraper. Qu'est-ce qu'il boit? Encore du café? Non. Du thé? Mais Azzu avait dit qu'elle prendrait la même chose donc il la forcerait à prendre ça aussi. Thé glacé? C'est agréablement froid. Ou sinon de la bière mais elle n'y en avait pas sur le menu. Bon bah...

«Vous n'avez rien d'alcoolisé? Hm-hmm. Je vais prendre un thé glacé alors» dit-elle calmement, toujours avec une voix grave mais douce.

«À Nightcity tu peux devenir du sper-» continua la pub avant d'être interrompu par une annonce faite au micro. La voix masculine expliqua que chaque semaine avait lieu une danse au Jack Bunny Slime mais qu'à chaque 3 mois, il s'agissait d'un concours et non d'une simple danse. Tant qu'il y avait de l'ambiance.

Son enfant lui fit de nouvelles confidences, cette fois à propos de sa solitude. Prim devait garder cette relation parentale, la réconforter mais ne pas être son ami. Même si elle disait chercher un ami, ce n'est pas de toi qu'elle parle.

«Je comprends. Moi à ton âge j'étais toujours à l'hôpital et je n'avais pas d'amis non plus. Je me sentais comme si je ne pouvais pas parler à personne.»

Ce qui était tout à fait honnête et véridique. Prim posa un coude sur la table et se pencha vers Azzurra, autant que la table lui permettait.

«Tu connais des gens mais personne comme qui te connaît vraiment, des collègues de travail quoi. Je vois le genre. Et excepté cette Mindy Jensen, tu ne traînes jamais avec personne?»

Le serveur arriva assez rapidement avec les commandes. Prim versa généreusement le sirop sur ses crêpes, laissant un simple fond dans le contenant.

«Il faut que j'en garde pour toi» lança-t-elle avec un ton figé, ne regardant même pas Azzurra en disant cela.

Prim tenait habilement ses ustentiles, un peu trop habilement même, et découpait tout doucement ses crêpes comme n'importe qui le ferait pourtant. Elle enfonça délicatement la première fourchettée dans sa bouche quand au  même moment, quelque chose attira son attention et elle tourna la tête vers la zone suspectée. Les deux mecs de tout à l'heure étaient encore là et essayait d'être subtil, flânant tout en épiant leur rendez-vous.

Au début elle se demandait si ils étaient pas juste bandés de voir des lesbiennes, mais les télés avaient été éteintes en préparation pour le concours et le seul bruit de fond était un mec de quarante piges qui faisait des sound test. Elle entendit un mélange de "on va gagner et mettre sur notre instaounce et toktok pour les views" et de "celle avec la couette je lui claquerais bien les nibards" et d'autres trucs nécessaires à une conversation forcément intelligente et pertinente. Prim ignorait normalement les idiots mais si elle pouvait entendre, Azzurra le pouvait aussi.

«Un instant, chérie» s'excusa-t-elle.

Une fois debout, elle flatta la tête d'Azzurra une demi-seconde juste pour lui montrer sa présence, comme un chien qui te lèche la cheville quand il est 2h du matin et que tu te lèves du lit car tu as entendu un bruit inquiétant dans ta maison. Elle se dirigea vers les deux jeunes influenceurs qui se "cachaient" à côté d'une borne d'arcade Strict Fighter II pour leur dire de foutre le camp mais ils ouvrirent la marche en premier.

«Elle est moche ta copine? Ha ha!» lança l'un d'eux.

«Tu me veux, la gougnotte? Je te donne envie? Ouaiiis...» dit l'autre avec un sourire confiant.

Des gogoles comme eux elle en bouffe dix au déjeuner mais le Prim daddy avait différentes méthodes. C'était des pancakes qu'il mangeait. Et Azzurra en blague pour qu'elle se sente désirable et aimée.

«Si je voulais ton corps je le baiserais» répliqua Possum Girl sans perdre son sang froid.

Elle se retourna et s'en alla à la même vitesse qu'elle s'était approchée, comme si elle n'avait fait que demander un sachet de ketchup au serveur. Demander un sachet de ketchup était plus trépidant que de traiter avec deux voyous comme eux. Elle alla se rasseoir auprès d'Azzurra et continua de manger ses crêpes et boire du thé glacé. Elle fit une déclaration à sa cliente.

«Ce soir nous allons danser. Ils vivent pour leur popularité virtuelle. Nous allons détruire leur égo. On va gagner. Le meilleur qu'ils pourront accomplir c'est être un numéro deux. Je veux qu'ils pleurent pour toi. Ils n'ont pas le droit de dire des choses comme ça sur mon chaton.»

EPSILON

Azzurra obéissait calmement à la Daddy, comme une enfant. C'était agréable d'être un peu une enfant de temps en temps. Cette dernière lui dit alors qu'à son âge, elle était assez surprise. Cette femme paraissait jeune, peut-être même un peu plus jeune qu'elle quand elle avait mal dormi, et elle lui disait genre "à ton âge". Il ne fallait pas demander son âge à une femme alors Azzurra se tairait, puis, elle se souvint que elle s'en fichait elle était une femme aussi donc elle aurait le droit. Elle pourrait avoir peut-être 30 ans, 35 si bien conservée. Azzurra n'imaginait pas beaucoup plus. Mais à 35 ans, tu dis pas à une Azzurra de 28 ans "à ton âge".

- J'ai un ami mais on ne se voit pas beaucoup, nos chemins sont un peu séparés. Oui, je suis un peu seule.

Azzurra en avait un peu la voix brisée à prononcer ces mots. Cette femme lu réserva un peu de sirop, et Azzurra commença à manger son cheesburger. Qui était très bon. Prim finit par se lever pour aller voir deux gars qui les regardaient en riant.

- Nous ne pouvons jamais manger tranquillement.

Visiblement, un des deux l'insultaient. Elle avait entendu moche. Mh. Azzurra se sentait un peu vulnérable en ce moment, et ça la blessa un peu. Il y a des moments où on a une confiance en soi absolue, des moments créés par une suite d'événements qui te renforcent sur tes appuis... et n'importe quelle insulte vous passe au-dessus. Mais là, spécifiquement, Azzurra n'était pas au meilleur de sa forme.

Azzurra sourit à Prim qui revint et lui dit alors, pour rester très franche :

- Je... je me sens un peu vulnérable. Je suis un peu émotive en ce moment. Tu parles d'un concours de danse ? Je sais danser ! J'ai appris. Après c'étaient des danses un peu sensuelles mais j'ai le sens du rythme. Si vous savez danser et me guider, on leur mettra plein les yeux. En plus je dois admettre que au fond de moi, j'ai les poings qui me démangent, alors ce serait pas plus mal que je me dépense un peu.

Elle allait leur montrer qui était moche. Sur la scène, elle était une bombe. Ca, elle le savait. Et elle allait le prouver. La jeune femme continuait de manger calmement, mais en oubliant l'idée de manger toutes les frites pour ne pas être trop lourde.

- Après j'aurai le droit de les cogner s'ils continuent de chercher la merde ? plaisanta-t-elle.

Au cas où que sa Daddy ne soit pas contre, elle allait se défouler. Oui, elle l'avait très mal pris. Azzurra attrapa la main de Prim et la serra doucement contre elle tout en la tenant comme une enfant tient la main de son parent.

- Tu sais danser ? Tu disais... "moi à ton âge". Tu as quel âge au juste ? Si je peux demander, sinon tu peux me dire que tu ne veux pas répondre ou me mentir, choisis la réponse que tu préfères sans te soucier de ce que c'est moi que je pense. Parce que tu as pas l'air de faire plus vieille que moi. Tu me donnes combien toi ? Tu peux m'offenser si tu veux. Puisque je suis si moche.
Déjà, le présentateur indiquait que le concours de danse allait bientôt commencer. Azzurra eut les yeux qui brillaient en écoutant.

- Je suis caliente. Là. Je veux me venger.

EPSILON

Il n'y avait aucun moyen pour elle de déterminer si Azzurra était une fille avec des problèmes mentaux ou si elle ne faisait que jouer un jeu totalement assumé où elle faisait semblant, comme si elle était dans un lit et qu'elle prenait une position sordide mais ultra confortable, genre "me juge pas, je ne fais que me mettre à l'aise". C'était seulement pertinent au cas où elle piquerait une crise et se mettrait à chialer et devenir imprédictible. Elle semblait se tenir plutôt bien cependant. C'est cette ville qui fait des choses aux gens, elle essaie de rendre tout le monde dingue.

Sa cliente commença à s'ouvrir et raconter des choses assez personnelles, sauf s'il s'agissait d'un subterfuge où elle jouait la victime pour se faire dorloter. Elle  se disait vulnérable et tout. Ça semblait vrai aussi. La dernière fois que Prim avait atteint ce niveau d'intimité avec quelqu'un, Azzurra n'était probablement même pas au monde, elle hésitait à comment réagir mais en tant que daddy elle pouvait se contenter de garder le contact visuel et ça passait grosso modo.

Cette foutue ville essayait de la briser et la convertir en dingo bonne pour Arkham. Ce n'était pour Prim qu'un simple contrat mais une flamme s'éveillait en elle, insouciante de si elle venait de son coeur ou si elle prenait le roleplay de daddy trop au sérieux, et cette flamme c'était la justice contre Gotham. En ce moment c'était son devoir de s'assurer qu'Azzurra ne finisse pas dans un asile à se faire shooter de médicaments et devenir une antagoniste comme ça lui est arrivé. Elle devait sauver aussi cette Mindy Jensen du même fléau. Enfin, seulement si elle payait. Il fallait qu'elle se rappelle que ceci n'était qu'un contrat et non une quête personnelle.

Azzurra semblait bien motivée par sa proposition de faire pleurer les deux connards. Elle demanda même de pouvoir leur casser la gueule. Voila qui était fort intéressant. Habituellement les autres filles sont répugnées par la violence, elles disent que c'est un truc barbare de mecs et ça semblait être un gros turn-off. En tant que papa, Prim se souciait de ce détail. C'était quand même le premier plan qui s'était formé dans sa tête mais normalement c'est à éviter parce que ça effraie la compagnie et même faire venir les flics, genre la corruption règne et ils ont le temps de venir te voir pour te dire de pas dé-rotuler un lambda. Mais bon pour l'instant on allait se contenter de frapper là où ça fait vraiment mal: la réputation et la crédibilité sur les réseaux sociaux.

«Si il advient à ce que notre date se finisse en baston, bene Azzurra, je te l'accorderai. Une fille qui aime la violence c'est une bonne fille.»

La cliente lui avait demandé plus tôt pourquoi elle avait pris sa main, comme si c'était bizarre de tenir son enfant par la main, et à présent c'était la cliente qui avait l'initiative de prendre sa main. Intéressant. Prim devait lui faire beaucoup d'effet.

«Des petites merdes dans leur genre je mange leurs pères pour déjeuner. Tu n'as rien à craindre avec moi. J'ai même déjà affronté Batman. Il m'a battu mais j'ai fait de mon mieux. Comme tu vois je suis indemne.»

Possum Girl n'avait pas changé de son ton mielleux et réconfortant parlé avec la gorge. Elle pourrait faire du ASMR avec cette voix. Elle était très confiante mais elle sentait que c'était thérapeutique pour sa fille de pouvoir écouter les anecdotes de la vie de son père, comme si elles n'étaient pas vraiment dans un restaurant, mais bien à la table à la maison avec leurs assiettes vides, pendant que maman s'apprêtait à faire la vaisselle et que les autres enfants regardaient un film à la télé.

«Tu n'es pas moche. Tu as le droit de te sentir comme tu veux, mais tu ne dois pas te laisser intimider par des paroles vides et sans âme. On a le droit de se sentir faible mais il ne faut pas céder à la peur. J'ai déjà été pris par la paralysie du sommeil une fois. J'ai eu peur, je ne comprenais pas ce qui se passait, je demandais à mon corps de bouger, j'ouvrais les yeux mais je continuais de dormir. Je me sentais presque violée. Je ne me suis pas laissé noyer dans cette mer qu'est la peur. J'ai repris le contrôle du cauchemar. J'ai saisit le couteau que je garde dans ma chaussette et je lui ai planté dans sa chair. Je pense que c'était un démon parce que j'ai bondit pour ouvrir la lumière et il n'y avait personne. Aucune trace d'effraction chez moi et aucune trace laissée derrière sauf celles sur mon corps. Même pas une goutte de sang. Si ma théorie s'avère juste, c'est beaucoup plus effrayant qu'un débile en collant qui se prend pour une chauve-souris.»

Les préparations pour le concours étaient achevées et les inscriptions étaient officiellement ouvertes, une petite file se forma et on avait seulement que dix minutes pour participer. Prim devait finir son assiette car elle n'aime pas gaspiller et parce qu'elle connait ses portions, elle sait qu'elle va bien aller pour danser.

«Désolé si je t'ai fait peur avec cette histoire de démon. Si il y en a un qui veut s'en prendre à toi, je l'affronterais, il n'a pas le droit de faire du mal à un beau bébé comme toi. Si c'est comme dans Nightmare on Hell Street 6, on doit pouvoir le ramener en dehors du cauchemar pour lui faire mal. Il devient vulnérable une fois physique, je le tue. Après il revient dans Vendredi Baise Partie IX mais c'est seulement pour faire un caméo. Rappelle toi, il ne faut pas céder à la peur. C'est comme ça qu'on coule et qu'elle nous avale. Tu es forte Azzurra.»

Elle piqua son avant-dernière bouchée avec sa fourchette et la présenta à ses lèvres, puis s'arrêta un instant pour regarder si les deux sales petits cons étaient encore là, et mangea ses crêpes. Elle se leva en tenant Azzurra par la main et elles se dirigèrent pour les inscriptions. La dernière bouchée attendra qu'elles s'inscrivent et retournent attendre leur tour à la table. Bien sûr les influenceurs avaient dépassé en ligne pour être les premiers, même si c'est genre, une file? Vous n'avez pas besoin d'être en premier aussi littéralement? Plus l'égo était grand plus la chute fera mal.

«Nous venons nous inscrire. Prim et Azzurre. Si possible, utiliser des pronoms masculins avec moi, c'est pour lui faire plaisir. Mais c'est pas grave si vous oubliez, c'est juste gentil. Grazie.»

Elle avait inventé à l'instant même un surnom pour sa cliente où elle disait son nom mais omettait le "a" à la fin. Elle ne savait pas si Azzurra aimerait, mais elle avait quand même prononcé les deux "z" et les deux "r". Qu'elle aime ou non était un simple risque dans sa vie pleine de périples. Audentes Fortuna Iuvat.

Prim se tourna vers elle. Dans une étrange suite de logique, elle pouvait dire à n'importe qui dans la rue qu'elle avait 93 ans et cela lui semblait complètement naturel mais lorsqu'on lui demandait directement, un neurone s'activait dans sa tête pour l'empêcher de dévoiler son vrai âge. Ça devait être trop direct. Azzurre tenait sa main candidement alors elle la ramena à son visage pour y déposer un baiser, sans laisser de marque de rouge à lèvres car elle n'en avait pas, la seule trace n'était qu'un maigre dépôt de la salive qui humidifiait ses lèvres. Elles retournèrent s'asseoir et Prim lui expliqua ses compétences en danse.

«J'ai beaucoup d'énergie, je danse assez sensuellement mais je danse pour de vrai, je prends pas une pause chaque cinq secondes pour faire semblant que je vais t'embrasser, c'est les blaireaux qui font ça. Il faudra qu'on se suive sinon on aura l'air de Tron Javolta et Thuma Urman qui font leur truc chacun de leur côté et ça ressemble à rien. Tu peux ouvrir la danse, papa fera comme toi et quand tu n'auras plus d'idées quoi faire, papa prendra la relève et ce sera ton tour de me suivre. C'est le mieux à faire car on ne s'est jamais vu danser.»

EPSILON

Azzurra éclata de rire alors que Daddy Prim lui dit qu'une femme qui aime la baston est une bonne fille. Là, on parlait.

- J'aime me battre. Beaucoup. Je sais cogner fort et on m'a déjà payée pour que je cogne.

Ca, elle pouvait s'en vanter. Prim déclara avoir combattu Batman, et avoir perdu. Oh. Donc Bruce Wayne, son mentor et Daddy avait cognée sa Daddy du soir. Evidemment, elle ne dit rien quant au fait qu'elle connaissait Batmant et qu'elle était Robin, mais elle s'inquiétait.

- Pourquoi Batman vous as cognée ? Tu es une criminelle ?

C'était bon à savoir, à tous les coups elle était chef d'un gang de mafieux et Azzura s'était mise dans un pétrin pas possible. Prim lui demanderait de faire un pacte de sang pour devenir immortelle, quelque chose du genre. Quand elle était petite, la mère d'Azzurra lui avait dit de se méfier des gangs. Elle n'avait pas réussi, et elle n'était pas devenue plus sage en grandissant, ça non. Prim lui dit alors qu'elle n'était pas moche, et lui parla avec une telle douceur et une telle maturité que les yeux d'Azzurra se mirent immédiatement à briller. Prim lui raconta alors ensuite comment elle avait vécu le démon du sommeil, qui causait les paralysies du sommeil. Captivée, elle répondit :

- Tu as dû lui flanquer une sacrée peur, parce que je n'ai plus eu de paralysie de sommeil depuis. Désolée si j'ai les larmes dans les yeux, c'est pas que je suis émotive, mais je crois que un ninja coupe des oignons.

Se sentant repéré, le ninja sortit de sous la table et s'enfuit avec sa planche pour retourner en cuisine, laissant une trainée d'oignon derrière lui. Azzurra fut triste, parce que vu qu'il lui avait enlevé ses chaussures, elle aurait pensé qu'il allait lui masser les pieds et que c'était compris dans la prestation, mais visiblement pas, il a juste coupé des oignons sous la table. Elle remit alors ses chaussures.

- Je me sens en sécurité avec toi ! Mais je peux me défendre tout seule le temps que tu arrives à ma rescousse, comme Batman ! ricana-t-elle.

Quoiqu'il en était, elles étaient levées pour s'inscrire au concours de danse. Azzurra avait le feu en elle, comme toujours en présence d'hommes plus âgés et il y en avait tout plein. Prim prenait le lead, elle, n'avait qu'à suivre. Mais pour commencer, elle allait diriger.

- Normalement, en danse c'est l'homme qui dirige, donc il va falloir que tu me diriges. Mais si tu veux, je peux commencer afin que tu sois fière de moi.

C'était tolérable de s'appeler Azzurre, pourquoi pas Azzurro ? Ce serait marrant. La jeune femme n'était pas contre se faire passer pour un homme, c'était un jeu amusant. Quoique là ça devenait un peu bizarre. C'était donc parfait. Le plan de Prim paraissait correct. Alfred lui avait appris à danser, elle avait beaucoup dansé pendant son enfance, son adolescence, et évidemment on lui avait appris à bouger son corps pour travailler en tant qu'hôtesse. Même si le contexte était un peu étrange.

Mais, elle avait le rythme dans le sang et savait jouer son corps. Les deux guignols qui les avaient trollé passaient juste avant eux. Ils étaient... bons. Ils venaient à chaque fois pour ce concours, mais Azzurra voyait qu'ils n'avaient pas tant le sens du rythme.

- Visiblement, ils n'ont pas le sens du rythme. Tous leurs pas sont faux. Ils ont juste assez de charisme pour faire aller la foule. On a toutes nos chances, si tu sais danser. C'est toi qui fait les V sur les yeux, d'accord ?

Lorsq'elles furent sur scène, et que la musique se lançait, Azzurra commença à dodeliner de la tête, des épaules, les yeux mi-clos, sont bassin HUMONGOUS serpentant au rythme de la musique. Et ensuite, elle s'élança en rythme, dans une sorte de mélange entre une danse latine et quelques pas énergisants de swing, tournant autour de Prim qui se mettait dans l'ambiance elle aussi. Sous les lumières tamisées de la salle, l'Italienne se tenait au centre de la piste. Son tailleur captait la lueur dorée des projecteurs. Ses talons résonnaient dans la pièce, créant un rythme hypnotique qui faisait vibrer l'air.

Elle commença par adopter une posture fière et majestueuse, ses épaules légèrement rejetées en arrière, la tête haute. Ses bras s'élevaient gracieusement au-dessus de sa tête, comme pour saluer un public invisible qui pour le coup était visible. Puis, avec une fluidité presque surnaturelle, elle entra dans le monde envoûtant d'une danse latine rappelant les profondeurs inexplorées d'un favela chaleureux dont les profondeurs étaient insondées

Les premiers pas étaient lents et solennels, accentués par les battements sourds de ses talons. Ses courbes serpentaient et tournoyaient, semblaient raconter une histoire ancienne. Chaque mouvement de ses mains était chargé d'émotion, exprimant la passion et la douleur de sa danse.

Soudain, comme un éclair de joie, elle changea de ton au rythme de la musique. Ses pieds commencèrent à glisser sur le sol avec une légèreté aérienne, créant un contraste saisissant avec la gravité de la danse latine Sa silhouette se détendit, et un sourire éclatant illumina son visage.

Elle dansait avec une énergie effervescente, ses mouvements devenant de plus en plus contagieux. Les notes d'électro-jazz tourbillonnaient autour d'elle, et elle improvisa avec une agilité déconcertante.

Le public était captivé, suspendu à chaque geste de cette danseuse extraordinaire. Azzurra attrapa la main de Prim pour lui laisser le lead maintenant qu'ils avaient l'attention. Tellement ébahourdis qu'il ne serait plus possible de les décevoir ensuite.

- Guidami, papà.

Au fond de la salle, un homme avec une kippa courut vers un téléphone accroché au mur près de la réception et téléphona à Chuck Berry :

- Shalom mon frère ! J'i trouvé une danseuse trop mavrik, il faut que je l'invite pour le bris de mon fils ! Ji t'envoie la vidio sur Whatsapp !

Chuck Berry ne répondit pas car il était mort 2 ans auparavant.

EPSILON

Il regardait les deux gamins (du moins de son point de vue ils avaient clairement peak à l'école secondaire) et ils avaient un talent limité, dès que ça commençait à ressembler à quelque chose, ils s'arrêtaient pour faire autre chose. Ils dansaient comme ils regardaient des youtube shorts sur les chiottes, c'est chaotique, c'est saccadé, ça essaie de captiver en 5 secondes et ça swipe tout le monde (en espérant qu'ils se wipe avant de se relever du bol, peu importe dans quelle direction ils allaient, c'est-à-dire vers l'intérieur ou vers l'extérieur, Prim ne connaissant personne qui wipe par les côtés. Le public aimait mais ils devaient pas savoir danser ou alors ils dansaient similairement.

Prim en avait assez vu et elle ignora la performance pour discrètement se faufiler à l'insu d'Azzurre avec des pas de velours pour aller voir le DJ et lui demander de mettre ce qu'il voulait pour quand ils iront sur scène (ils car le masculin l'emporte dans la langue française et que Prim a demandé des pronoms masculins), mais que quand ils allaient switch de lead, de mettre un truc sensuel et épicé. Le DJ lui répliqua en faisant deux pouces par en haut:

«Ouais m'sieur, je vais vous trouver un truc rad, merci de donner un sens à mon travail parce qu'en fait j'ai fait shuffle sur une playlist top 50 sur Spofity et j'ai presque pas touché mon clavier de la soirée.»

Prim retourna auprès de sa cliente et posa sa main sur son épaule et la glissa tendrement vers sa nuque pour ensuite rejoindre son autre épaule, puis s'approcha d'un pas et colla la première épaule contre sa poitrine (assez ferme avec le binder. Faisant cela, c'était clair qu'il était partie momentanément si Azzurre n'avait pas déjà remarqué, mais c'était un retour qui disait "tu vois, tu n'avais pas à t'inquiéter, ça a même pas paru que j'étais parti, j'étais juste aller chercher une bière dans le frigo, ou peut-être parti essayer de couvrir la surface de l'eau des toilettes de bulles avant que le réservoir soit complètement vide". Il lança un regard rassurant à Azzurre qui fonctionnait comme le sort Bénédiction d'un clerc parce qu'il cru qu'elle avait besoin de soutien émotionnel.

Lorsque vint leur tour, il laissa Azzu prendre le lead comme discuté, et bon sang, elle avait pas seulement un dumptruck pour avoir un dumptruck, elle savait qu'elle en avait un et elle savait aussi s'en servir. Elle fit les V dans les yeux pour faire plaisir à sa fille même si c'était pas son genre, bougeait ses hanches sur les côtés pour synergiser avec sa partenaire et finissait son style avec le regard hautain du Comte Dooku, un autre mâle alpha bien connu. Il complémentait le spectacle offert par Azzurre, comme un beat pour un rappeur.

Azzurre dansait clairement mieux que Prim, à sa surprise, et connaissait plusieurs styles même, alors que lui se débrouillait avec du charisme pur et sinon l'expérience acquise avec l'essai-erreur. Les experts le verraient comme un débutant, mais aux yeux d'un néophyte, Prim trouait le cul. En fait c'est comme si ils remettaient un travail d'équipe à l'école et que Prim avait 50% et Azzu 150%, donc pour une moyenne de 100%. Le public ne voyait que du feu. Tant que Prim bougeait et suivait le rythme et l'intensité, sur un malentendu ça passait.

Puis la chanson se termina en diminuant graduellement de volume et Azzurre lui dit "guidami" et il savait ce que voulait dire guidami parce qu'il avait étudié les mots les plus communs en italien avec Audible (cliquer ici pour un essai gratuit)pendant son trajet jusqu'au lieu de leur rendez-vous. Une musique différente prit la relève en augmentant petit à petit de volume à l'inverse de la chanson précédente. Celle ci avait un vieux beat jazz années 80 accompagné de la douceur d'une voix féminine, qui se met éventuellement à chanter en japonais. Pendant ce build-up, Prim retira ses chaussures sans ses mains et leur donna une poussée du pied pour les faire glisser quelques mètres pour les enlever de la piste de danse, une technique qu'il avait pratiqué à l'avance dans sa cuisine, même si la texture et l'adhérence de son parquet auraient pu être différent du plancher actuel. Audentes Fortuna Iuvat.

Il regarda le public de droit à gauche, puis de gauche à droite, alternant son regard pour enlacer son public, presque pour leur dire que c'est pour eux qu'il offre cette danse, en partenariat avec celle qui avait un cul suspect. Il y avait un postérieur parmi nous alors Prim lâcha un «AMONGOUS» avec une voix tellement masculine et profonde qu'on aurait dit que c'était vraiment un homme qui l'avait dit. Le public sembla surpris, ou peut-être était-ce lui qui se l'imaginait. Il continua à se déshabiller en retirant le haut de son costume, le tenant ensuite au bout de ses doigts avec le bras bien étiré devant lui, avec un petit mouvement de poignet qui suivait le beat, puis après quelques secondes ainsi passées, il laissa choir sur le col. Prim se tourna vers Azzurre et retira délicatement sa cravate, la laissa pendre et tomber de la même manière que le vêtement précédent.

«Miroite moi du mieux que tu peux, on commence dos à dos.»

Suivant ces murmures mielleux, Prim offrit son dos et prit l'initiative de se coller quand Azzu se positionna mais sembla trop timide pour littéralement coller leurs dos ensembles. Il ne savait pas comment c'était possible d'avoir un fessier Pixar dans la vraie vie parce que ouais la génétique c'est une chose, mais il devait quand même y avoir des limites. Lui même était né béni de bonnes fesses bien rondes, mais le sport et l'athlétisme mange le gras sur notre corps, laissant que les muscles pour définir les formes. Le cul de Prim était beau, mais que dire à côté de celui d'Azzurra..?

Le corps de Prim se muait aussi sensuellement que la chanson s'intensifiait, s'appuyant contre sa partenaire comme si elle s'agissait d'un mur, se laissant glisser légèrement vers le bas avec les jambes bien allongées en belle diagonale, fesses contre fesses. Les siennes étaient plus petites mais très fougueuses. Ses mains pendant ce temps étaient en train de se caresser les cuisses, mouvant vers l'intérieur à l'occasion, avant de remonter vers son bassin. La danse progressa en se soutenant sur une seule jambe, l'autre se repliant pour alterner entre se caresser le mollet avec le pied et faire semblant de nager dans le vide. Ce mouvement changea subitement pour que le genou remonte vers le haut, descende et remonte comment si elle était vraiment dans l'eau. Au même moment que sa jambe changea de position, ses mains remontèrent le long de son ventre et de son abdomen pour aller enlacer sa poitrine. Son corps se tortillait langoureusement alors qu'elle s'exécutait.

«On va se retourner bientôt.»

Quelques secondes après lui avoir chuchoter cet avertissement, Prim fit un petit bond sur place, se propulsant principalement avec l'appui que ses fesses avaient contre Azzurre, puis elle fit volte-face et se pencha vers l'arrière, relevant une jambe bien droite bien en longueur pour former un X avec celle de sa partenaire qui techniquement était prévu de faire pareil, peut-être avec un décalage mais ce n'était qu'un maigre inconvénient. Pendant qu'ils étaient placés pour faire ce X, Prim remua de la cheville en suivant le beat.

«De dos.»

Prim rabaissa sa jambe fluidement sans avoir l'air de perdre l'équilibre, s'exécutant aussi bien qu'il respire, puis se retourna pour se recoller à Azzu mais uniquement du postérieur cette fois, même si il avait dit de dos. Il se pencha ensuite vers l'avant tandis qu'elle s'accroupissait, ses mains descendant à nouveau pour se caresser les hanches, les cuisses, puis les cuisses d'Azzurra qui étaient juste à côté. Sa partenaire miroitant sa danse, cela signifiait qu'elle touchait les cuisses de Prim, formant un nouveau X avec leurs membres. Après quelques secondes, ses mains retournèrement vers ses cuisses à lui, caressant les mains d'Azzu un bref moment au passage. Il recolla de nouveau son dos à celui de sa partenaire pour se relever et s'accroupir sensuellement.

Ses mains remontèrent le long de son corps, massant sa poitrine avec ses paumes, continuèrent de monter pour masser son cou avec ses doigts, finissant à passer ces derniers à travers ses cheveux. C'était un peu bizarre avec les cheveux attachés, mais pas trop. Il releva la partie arrière de ses cheveux vers le haut et les laissa retomber. Prim rouvrit les yeux et se détacha d'Azzu, s'étirant de tout son long tel un chat, prenant de grandes, mais lentes inspirations. Il avait vu cette chorégraphie sur une vieille cassette VHS et espérait que passe si il la reproduisait.

La musique s'était tut, le public aussi, incluant les petits cons (même le porteur de kipa avait raccroché, quoique c'était probablement car il avait fini son appel et que cela coïncidait avec le tour des protagonistes du rp et pas parce qu'il était en train de regarde le spectacle). Il regarda Azzurra et se lécha la lèvre supérieure en sentant une goutte de sueur en train d'y couler.

EPSILON

Azzurra commençait à s'amuser comme une folle. Cette Daddy Prim savait totalement danser. Des danses étranges, peu académiques, pas ce qu'on apprenait à l'école des putes pour peu que ça existât. Azzurra avait terminé de se laisser guider et guida ensuite, l'accompagnant dans ses pas de danse, appréciant le contact avec elle. Elle se sentait en sécurité. En fait ça faisait du bien d'être deux à s'amuser devant les projecteurs plutôt que elle tout seule, surtout que son Daddy se débrouillait particulièrement bien pour inventer des pas de danse ou diriger. Il avait le sens du rythme ! Elle pronoça même "AMONGOUS" ce qui signifiait rien pour Azzurra mais ce qui la fit rire. Tout on plongeant son regard azzurré (mais brun) dans les yeux de Prim, lorsqu'elle fut face à elle, presque collée, Azzurra lui susurrait à l'oreille pour la motiver :

- Les patacul de maman !

La chorégraphie s'accentua et se poursuivit, jusqu'à arriver à son terme sous les applaudissement généraux et la fin de la musique. Azzurra suait et la dopamine avait kické en elle comme quand elle kickait les couilles de ses clients quand ils lui demandaient. Elle attrapa la tête de son amie Daddy et la serra contre son cou, son visage contre sa tête, posant ses lèvres sur son cou. Elle aurait soudainement envie de l'embrasser, mais elle se souvint que sur l'annonce il y avait écrit : " Pas sexuel ".

Le public se mit alors à applaudit et les jury aussi se mirent à applaudir. Il y avait quatre jury :

1) Un homme déguisé en cow-boy, il avait la cinquantaine et un lasso, il faisait HI YA HI YA en tirant en l'air avec un pistolet en plastique.
2) Une femme avec un béret qui se prenait très au sérieux et qui n'avait pas l'air d'être juive.
3) Un homme très très grand qui sortit subrepticement la main de son calbute en voyant Azzurra le toiser.
4) Un vieux.

Le cow-boy se leva alors que Azzurra redescendait à sa table en tenant son Daddy par la main et il dit :

- Mes amis, le concours touche à sa fin. Le jury va délibérer à présent pour savoir qui sera le coupl de la soirée.

Encore toute excitée et émoustillée, Azzurra dont les yeux pétillaient d'excitation ne lâchaient pas la main de Daddy Prim. Le jury semblait observer les deux comparses en faisant des regards vers les deux femmes les plus élégantes de la soirée. Le vieillard lui porte les stigmates du temps et des expériences de toute une vie, marquée par son implication dans la guerre du Vietnam. Son visage était un paysage vallonné, sculpté par les années et les épreuves. Les rides profondes racontaient l'histoire de ses joies et de ses peines, mais aussi les traumatismes qu'il a vécus au cours de son service militaire. Son regard était perdu dans le lointain, capturé par des souvenirs difficiles à évoquer. Il portait sur ses épaules le poids des amis perdus au combat, des nuits sans sommeil hantées par les souvenirs de l'horreur de la guerre. Les cicatrices émotionnelles aussi profondes que celles visibles à la surface de sa peau. Tout en fixant Azzurra, il déclarait aux autres jury :

- J'ai une affection toute particulière pour ce couple de lesbiennes. Cette femme-là...

- Celle avec le gros cul ?

- Non, l'autre... elle me fait penser à mon camarade le Private Sanders que j'ai renconrté au Vietnam... je me souviens il avait le même genre de cul, mes couilles ont jamais été aussi vides qu'au Vietnam. Elles doivent gagner, en hommage en mes couilles vides vietnamiennes.

- Voilà là des paroles sages d'un homme sage. Si personne ne déclare opposition, notre choix est fait ?

EPSILON