▲ Goth-Passeport ▲ Alliés: Ennemis: ♦ Domicile à Gotham : Non-défini ♥ Love interest: ► Armes & gadgets: Costume balistiqueTian Hong
Sujet: Le Protecteur Mer 13 Sep 2023 - 23:35
Type de RP : Solo
Date du RP : 09/09/19
Participants: Tian Hong
Trigger warning:
Résumé: L'Administrateur des Triades se voit amené à rencontrer un homme sans visage qui va lui remettre un message étonnant, étonnant pour quiconque… sauf le principal intéressé.
Enfoncé dans un confortable siège de cuir, Bo en était à profiter, à cette heure avancée de la nuit, d'un luxueux thé noir que même l'embargo instauré par le Gant Noir n'était pas parvenu à empêcher d'entrer. Siroter le breuvage rougeâtre lui donnait un certain style mais rare étaient ceux dont la présence était tolérée durant ces instants de paix.
Excentré par rapport au supermarché servant de camp aux différentes mafias asiatiques exilées, le duplex reconverti en bureau et appartement de fonction offrait un immense confort à son locataire. Symbole de l'estime du puissant Tian Hong pour son invisible bras droit, la discrétion avait pourtant été de mise, si bien que la sécurité demeurait restreinte à une poignée d'homme triés sur le volet. Au plus l'Administrateur avait-il eu la basique idée de choisir un bâtiment jouxtant la majorité des patrouilles de leurs milices, ce qui dissuadait généralement les vagabonds et les curieux de se balader là, pour le plus grand bonheur des riverains.
C'est en ces lieux qu'il assurait la continuité de leurs approvisionnements, la cohésion pour le moins difficile entre des gangsters issues de pas moins de sept nationalités différentes, avec leurs propres alliances et inimitiés. Tout ce petit monde devait être quotidiennement coordonné avec une extrême minutie pour empêcher le Chaudron de bouillir et d'exploser sans la moindre intervention du Gant. Et malgré une transition difficile durant laquelle beaucoup d'hommes de valeurs avaient été perdus, sur le front ou en exemple de la société disciplinée qu'ils imposaient à ce district, l'Administrateur s'en était tiré à merveille.
Mais hier soir, ou plutôt, il y a seulement quelques heures, tout s'était écroulé. Le Gùn avait reçu des ordres, des ordres de tout en haut, relayé par une personne d'exception. Dès lors qu'il avait entendu ce nom, il avait su que leur aventure touchait à sa fin. Il n'était pas d'homme connu pour avoir refusé une telle main tendue, et être encore là pour en parler. Trois jours, c'était peu, trop peu, ils ne s'en tireraient pas.
Sans surprise, l'armoire à glace taïwanaise se stoppa dans l'aspiration du liquide brulant et leva les yeux vers le plafond. L'invitation déguisée était grossière, en deçà de ce à quoi il s'était attendu. Il n'avait donc pas daigné venir lui même, il ne lui faisait pas confiance, pas assez pour prendre le moindre risque. Bo comprenait cette décision mais méprisa d'un intermédiaire. Ainsi donc, la raison pour laquelle il avait quitté Taipei était toujours d'actualité.
Avec un calme olympique, son regard se rabaissa, et il continua son thé, sans déroger au rythme méthodique d'absorption qu'il s'était imposé. Au dessus, plus aucun bruit, mais la présence était là, et elle faisait de son mieux pour qu'il la sente, mais elle ne le pressa pas, c'aurait été indigne d'elle, elle et sa coquetterie.
Sa tasse en porcelaine enfin vidée, ne laissant qu'un petit fond où marinait quelques déchets de feuilles passés à travers les filtres, l'Administrateur recula son siège et se leva. Ce n'est que par acquis de conscience qu'il ouvrit un tiroir de son bureau pour en extirper un glock qu'il rangea dans son holster, totalement visible en l'absence de veste.
Ainsi attifé, il contourna le meuble, sorti de son bureau et rejoignit l'un des trois escaliers menant à l'étage supérieur. Là, guidé par la luminosité réduite au minimum, le courant d'air perceptible depuis la salle de bain (il avait déjà noté la faiblesse que représentait cette salle bien précise) et le souvenir parfaitement immaculé de la spatialisation des pas sur le sol, il pénétra dans sa chambre à coucher, sans même avoir dégainé.
Leizu, pensa t-il. Bo, lui répondit sa propre voix, travestie, à l'intérieur de son crâne. D'une manière imperceptible dans la pénombre, le grand chinois fronça les sourcils. Celle qui lui fit face n'eut, elle, aucune réaction visible, pour peu que son masque à la texture indéfinissable puisse en laisser transparaitre.
Ils demeurèrent là, pendant trois longues minutes. Le bras droit de la Triade eut quelques réactions, soupir, regard au ciel, soufflement de nez, gestes parasites, mais leurs bouches demeurèrent closes. Finalement, c'est la silhouette féminine qui fit doucement claquer ses talons sur le sol pour s'approcher de celui qu'elle était venue voir, et lui tendre un téléphone satellite.
D'abord hésitant, le taïwanais leva la main pour s'en saisir, se ravisa, puis le prit avec douceur, tardant même l'espace de quelque secondes, le temps d'un contact physique avec la main gantée qui ne se desserra qu'une fois l'objet fermement tenu.
Avec la même lenteur, Bo tourna l'appareil, en pris l'antenne entre deux doigts et, après avoir soupiré un bon coup, la tourna avant de lever l'appareil vers son visage :
Fils.
Père.
Rentre, c'est fini.
Ce sera fini quand je l'aurais décidé.
C'est fini. Yao Yao ordonne, alors fait ce que je te dis et ne jette pas l'opprobre sur notre nom.
...
Bo !
Cette conversation est inutile.
Bo, ne fais pas ça.
Tu essayes d'en faire appel au symbolisme et à l'attachement que j'aurais à notre "famille", tu sais pourtant que c'est inutile, mais tu le fais. Sans doute agis-tu sous la menace.
Pas du t-
Peu importe. Le motif n'est pas clair. Le Gùn est l'étendard, je suis le gestionnaire, j'ai rédigé les rapports envoyés à Taipei. Nous allons gagner cette guerre et nous assurerons notre leaderhsip à Gotham City.
Tu es trop borné pour regarder la vérité en face, quelques poignées contre Dieu sait ce qu'a encore cette ville en réserve pour vous transformer en monstres costumés, cesse de te croire aux commandes du monde.
Juste celles de la division. Ce qui équivaut à cent fois plus que ce qu'un des chiens de Yao Yao me confiera après m'avoir publiquement humilié. Je déciderais quand ce sera fini, pas quand les politiciens qui gravitent autour du Maître en auront envie.
Ne suis-je que cela à tes yeux ? Un politicien ?
Inutile de tenter de m'émouvoir, ça ne fonctionne plus depuis une trentaine d'années.
Ces temps étaient bénis.
On ne pouvait pas en dire autant pour le reste du pays. Je te laisse à ta nostalgie, prends soin de toi.
Je ne manquerais de rien si tu reviens à mes côtés.
Au revoir père. Je t'aime.
D'un geste vif, net, sans colère, sa main ramena l'antenne à sa place et coupa la communication. Geste inutile, théâtral. Mais qu'en sait-tu, des faux semblants ? Plus. Plus que quoi ? Plus que qui ? Plus. Avec une certaine exaspération, l'Administrateur poussa un grognement guttural et releva le téléphone pour le transmettre à la silhouette. Cependant, lorsque celle-ci fit glisser sa main autour, il l'empêcha de tirer l'objet vers elle.
Le regard fixé sur la gravure de l'homme borgne dans le masque, l'homme retrouva un visage plus indifférent, et en même temps plus agréable et zen. A bientôt alors. Non. Je te garanti que tout cela n'est pas fini. Surtout pas moi. Vraiment ? Vous êtes bien trop condescendants envers moi. Vous vous imaginez pouvoir m'enlever, juste à trois ? Bo esquissa alors un large sourire et contracta tous les muscles de son puissant torse.
Lei et Nang se levèrent d'un bond de leurs chaises et enfoncèrent plus qu'ils n'ouvrirent la porte d'accès vers l'étage supérieur du duplex. Lumières éteintes, seule la lueur tamisée du couloir leur permis de distinguer trois silhouettes élancées tentant en vain de maîtriser une quatrième, massive. Leurs sangs ne faisant qu'un tour, ils se lancèrent dans la bruyante mêlée à grands cris.
Sans pouvoir réellement comprendre quoi que ce soit de l'action, les deux vétérans portèrent de nombreux coups aux étrangers mais furent malgré tout défait en un instant lorsque leur présence fut pleinement captée par le trio. A terre mais pas inconscient, le raffut causé par la bagarre fit émerger deux autres combattants par l'escalier menant au rez-de-chaussée.
Cette fois-ci, n'y tenant plus, sachant leur effet de surprise définitivement perdu et leurs chances de mettre Bo à terre proche de zéro, les trois silhouettes masquées fuirent par où ils étaient venus, la salle de bain, et se retrouvèrent bien assez tôt dans la noirceur la plus totale des ruelles du Chaudron, impossible à poursuivre, ni même à signaler. L'Administrateur, comme les deux hommes à terre, s'avérèrent indemnes à l'exception de quelques brûlures causées par des coups intempestifs de shocker électrique.
Surpris, tous se retournèrent vers l'imposant téléphone qui avait été perdu dans le grand salon et révélait maintenant sa présence malgré le manque de lumière. Se faisant aider par ses hommes, Bo se releva sur ses jambes et, le visage légèrement tuméfié mais exprimant encore clairement une puissante amertume, il leva le pied et écrasa l'appareil, le réduisant immédiatement en mille morceaux tout en ramenant enfin le silence.