Famine

Sujet: Famine Sam 4 Mar 2023 - 17:44

Type de RP : Mission (Solo)
Date du RP : 20/02/19
Participants: Tian Hong
Trigger warning: /
Résumé: Tian se retrouve face à un dilemme entre trois représentants de quartiers voisins de Cauldron qui demandent une aide alimentaire.

Eloigné de l'ambiance lourde et maussade de la distribution de vivres, le Gùn se massait lentement les tempes dans son "bureau". A la réquisition du supermarché, tous s'étaient dit qu'ils auraient été tellement mieux à s'accaparer l'un des gigantesques hyper de la ville, mais tous sauf une poignée réfléchissaient vraiment leurs désirs en adéquation avec leurs moyens. La Triade était trop diminuée pour tenir une petite ville à elle seule, et il lui faudrait encore du temps pour assurer ses appuis et sa nouvelle stabilité ici.

Les réserves du bâtiment avaient été immédiatement rationnées, tous les commerces avoisinants réquisitionnés par la force et, au plus vite, les autres grandes surfaces prise d'assauts les jours suivants tant par les gangs que les pillards, voir de simples quidams paniqués. Ces opérations avaient coûtées quelques vies et le leader de la Division Gùn n'était déjà alors plus en état d'assumer son rôle. Ainsi l'Administrateur avait-il encaissé ces coûts, avec pragmatisme, et laissé la grande figure des Triades disparaître dans la cité. Ca plutôt que le laisser se casser l'autre poignet en tentant de le frapper.

Sous l'égide de Bo Cheng, une discipline toute martiale avait commencé à animer une partie du Chaudron. Les survivants de Chinatown avaient peu à peu ralliés les rangs, mis de côté leurs considérations pécuniaires ou territoriales, et acceptés d'agir pour le bien commun, et pas seulement de Chinatown. Ainsi le bras droit de Tian disposa t-il de suffisamment de bonne volonté, de bras, et d'absence de conflits politiques pour organiser la ligne de front avec le gargouilles, tout autant que la sécurité de leur nouveau domaine peuplé de gens livrés à eux-mêmes.

Au retour du grand patron, celui-ci fut alors à même de prendre de nouvelles décisions cruciales et su mettre à profit leur influence bénéfique en recrutant les locaux pour monter plusieurs milices de quartier, mais également mettre en place un ravitaillement depuis Burnside, ce afin de retarder au mieux la raréfaction des produits de première nécessité.

Hélas, quand bien même la Gotham River leur permettait de faire entrer en douce de bonnes quantités de vivres marchandées à des prix raisonnables à Burnside, raisonnables pour des temps de crise en tout cas, King Kraken tenait les eaux sans répits et il n'était pas rare de voir porté disparus de valeureux volontaires. Ceux-ci ne pouvant compter que sur la nuit et l'immensité de la zone à patrouiller, être repéré par un zodiac peuplé de gargouilles armées signifiaient généralement la mort. Tian n'avait pas le temps de s'appesantir sur ces pertes. Pour empêcher la cocotte de simplement exploser, il lui fallait trouver de nouveaux volontaires et les mettre en danger, ou laisser tout ce petit monde céder à la panique et s'adonner au pire de ce que l'humanité était capable.

Et aujourd'hui, il y a un quart d'heure seulement, on lui avait annoncé une rixe sur le parking du bâtiment. Simultanément, trois nouveaux venus avaient imaginés avoir affaire à une antenne de la Croix Rouge et réclamés leur part. Bien sûr, l'Administrateur avait paré à cette éventualité, essayé d'assurer un sur-stock en prévision de l'agrandissement de la zone de distribution, et donc de territoire revendiqué par la mafia. Mais ces trois-là n'étaient pas les premiers de la longue liste de pâtés de maisons et quartiers cherchant les bienfaits de la Triade.

Chacun des trois avaient donc été briefé, et puisque c'était son rôle, le Gùn devrait donc les recevoir, en personne, et décider quelles zones de Old Gotham Ouest il allait falloir s'aliéner pour obtenir quelques maigres mais meilleure contribution d'une autre.

Ainsi allait le quotidien de l'ex-Seigneur de Chinatown, peinant à avoir un sommeil correct, à tenir sur le rationnement de sa propre consommation de narcotique, à ne pas penser à la distance le séparant de certaines personnes. Une misérable existence de décideur qui ne pouvait faire aucun heureux, juste des enragés et des déçus.

Cessant finalement de se masser les tempes, incapable d'éloigner la migraine qui lui cognait le front à chaque battement de cœur, il pris le talkie sur le bureau de métal et pressa le bouton latéral avant de demander d'une voix fatiguée mais autoritaire :

« Faites entrer le représentant du District Central. »

Relâchant le bouton, il n'obtint aucune réponse. Cependant, sans avoir eu le temps d'allumer la cigarette qu'il avait pris dans le paquet de Lucky Strike sur son bureau, son regard se releva pour se poser sur la porte à présent ouverte.

Sujet: Re: Famine Sam 1 Avr 2023 - 15:39

Le son des talons claqua jusqu'à l'intérieur du bureau, suivi du cliquetis de la porte repoussée jusqu'à fermeture. Projetant un panache de fumée devant lui, Tian plissa les yeux et fit claquer le capuchon de son briquet avant de le renvoyer sur son bureau.

« La situation nous pousse à certaines extrémités mais je ne pensais pas vous voir employée par des pauvres. En fait je vous pensais en villégiature à Metropolis avec monsieur… qui déjà ?

Les lèvres pincées, la posture droite et fière, la paire d'yeux bleu-gris toisèrent le Gùn derrière les lunettes. La jeune avocate médita sa réponse suffisamment longtemps pour que son interlocuteur prenne une véritable bouffée de nicotine et la souffle dans l'air, mais lorsqu'elle parla, elle ne montra aucune hésitation :

- Peu importe, monsieur Liang, les choses changent, des gens disparaissent et certains d'entre nous devront attendre le retour de la civilisation pour empocher le dû d'un contrat de mariage savamment négocié. »

Le regard du chef de Triade se balada pour suivre les mouvements de bras et de main de son interlocutrice. Son ultime assertion valida ce qui était incertain, elle ne portait plus son alliance, ce qui lui fit lâcher un petit rire fatigué. Continuant de fumer paisiblement, il fit signe à la quêteuse de poursuivre, ce qu'elle fit.

« Comme vous le savez à présent, je suis la porte-parole du District Central de Old Gotham Ouest. Nous avons attentivement observé votre manière de procéder et, grâce à notre positionnement et la "force de caractère" de vos hommes, nous avons repoussé les gangs vers l'Ouest. Malgré tout, nous n'avons pas la chance de disposer de vos moyens d'approvisionnement et nos réserves demeurent d'autant plus limitées que nous n'avons pas accès aux côtes, ni à Financial District.

- D'autant que l'île fourmille de tueurs de flics et de légionnaires, fort risquée à piller n'est ce pas ? Coupa net le gangster.

- En effet monsieur Liang, confirma la bonne femme en tailleur, nous comptons bien quelques gens compétents ou prévoyants mais ils nous sont déjà indispensable pour maintenir le bon ordre là où vos milices ne circulent pas. Cela dit, nous ne manquons pas de volontaires, des gens robuste et de bonne volonté. Je ne suis pas sans ignorer que le recrutement deviens difficile dans votre zone.

En réponse au fin sourire goguenard de l'avocate qui n'avait pas été nommée, Tian fronça les sourcils et tapa sa cigarette au dessus du lourd cendrier posé sur son bureau. Son regard se fit perçant, laissant entrevoir un mépris tenace qui déborda dans sa réplique.

- Et donc, vos bras sont-ils plus suicidaires que ceux qu'il nous reste ? Demanda t-il, acerbe.

La jeune femme eut un petit rire, pas le genre mignon, ni agréable, encore moins vrai. Les yeux fermés, la main devant la bouche, elle se repris, relevant un regard carnassier sur le Gùn.

- Moins intelligents, moins informés, moins confiants des rumeurs provenant des autres districts. Laissez nous de quoi maintenir nos stocks et promettez moi un sauf conduit le moment venu, je vous livrerais autant de chair à canon qu'il faudra. Vous n'avez rien contre le travail des enfants si mes souvenirs sont bons. »

Pleine d'ironie, l'avocate accompagna son regard d'un sourire tout aussi triomphalement mauvais. Si elle faisait preuve d'une force de caractère indéniablement supérieure à la moyenne, son sens moral l'avait faite placer depuis un moment sur la liste de Tian, et le pire, c'est qu'elle le savait. Elle se tenait là, droite, souriante, bras croisés, elle se permettait même de tapoter le sol avec son escarpin, comme si c'était elle qui dominait cette négociation.

« Ce sera suffisant Rosencall, déguerpissez. Tian fit tomber sa cigarette allumée dans son cendrier et pris son talkie, y lançant un mot sec en mandarin qui fit ouvrir la porte dans les trois secondes.

Obéissante, la jeune femme retrouva pleine contenance et neutralité, réalisant une petite courbette afin de murmurer à l'adresse du taïwanais :

- Frémont. Le temps d'un certificat de décès. Et je vaux mieux qu'une Sinclair. »

Tian aurait bien été tenté de lui lancer son cendrier au visage, d'autant plus que le rationnement de morphine avait tendance à le rendre plus exaspéré et volatile que d'habitude, mais il se contenta de claquer des doigts et désigner la porte ouverte. De celle-ci émergeait déjà les deux truands qui, sur le point d'attraper l'inconvenante, virent celle-ci se retourner et sortir d'elle-même, faisant claquer ses talons et tortiller son postérieur dans un style des plus provocateur.

Gardant néanmoins contenance, l'un des deux soldats se retourna vers le grand patron qui repris sa cigarette allumée et marmonna, l'air à nouveau calme et assuré :

« Les deux flics des quartiers Sud maintenant. »

Sujet: Re: Famine Lun 15 Mai 2023 - 18:34

Un instant plus tard, deux afro-américains pénétrèrent dans le bureau. Le premier, plus trapus, parut anxieux en posant les yeux sur le taïwanais fatigué alors que le suivant, un grand échalas sec et nerveux, affichait une assurance si ostentatoire qu'elle était soit fausse, soit motivée par l'inconscience. Tian, loin de faire un cas de la présence de deux agents du GCPD dans son nouveau et piètre saint des saints, écrasa sa cigarette aux deux tiers consumée puis s'affala dans son siège de patron en ouvrant les bras.

« Messieurs. Vous avez des revendications, je les écoutes. Confia paisiblement le chef de Triade.

- Rosencall doit perdre la main si sa langue de pute t'as pas percé les tympans. Grommela le grand black en croisant les bras.

Et alors que son coéquipier semblait pâlir, les deux hommes se toisèrent, confrontant indifférence contre sourde colère sans que rien ne semble vouloir ressortir. Jusqu'à ce que le Gùn cligne rapidement des yeux et daigne montrer une expression interrogative.

- Ce sera tout ? Ça me faciliterait beaucoup les choses mais j'avais cru comprendre que des gens dépendaient de vous, et par la même, de mon bon vouloir.

Pichenette verbale toquée vers le duo, celle-ci sembla susciter un désir d'argumentation de la part du stressé du duo mais, hélas, il fut coupé dans son élan par son impétueux partenaire qui avait visiblement été piqué au vif.

- Et si on commençait à menotter ta racaille pour s'en servir de chair à canon. C'est ça qu'on est nous, les gargouilles de Tricorner dans notre derche, la Muerte d'El Sombrero dans les côtes, c'est facile de cau-

Coupé par le choc du coude dans sa ceinture abdominale, il n'y eut pourtant ni exclamation ni mouvement de recul. Le vindicatif s'était tut par ce qu'il l'avait bien voulu, et vu l'enchaînement de son coéquipier, le gangster se demanda légitimement si ils n'étaient pas en train de jouer des rôles. Le coup du gentil et du méchant flic, en diplomate, c'était pour le moins audacieux.

- Haha ! Nous avons en effet de sacrés chats à fouetter de notre côté. Impossible de barrer les accès de Tricorner, nous faisons de notre mieux pour ne pas être une passoire mais les forces en présence sont un peu démesurées pour nos maigres moyens. »

Haussant les épaules, le trapu paru se décoincer à mesure que les mots sortaient de sa bouche, et puisque son coéquipier le laissait faire, conservant juste son air renfrogné et une évidente envie de casser des gueules, il poursuivit sur sa lancée.

« Nous ne sommes pas en restes pour autant. En partie déserté, Financial District est un excellent terrain de guérilla. De nombreuses tours sont à l'abandon et fournissent d'excellents points d'observations. Mais si nous sommes à même de guetter l'ennemi, intercepter ses convois serait suicidaire. Nous avons besoin de plus que votre aide alimentaire. Il nous faut faire front commun.

- QUOI ?! S'exclama le grand afro-américain.

- Pardon ? Rajouta le jaune homme qui s'était redressé dans son fauteuil.

- Soyons sérieux, lâcha le flic avec conviction, il vous manque des forces, et la connaissance de cette zone.

- Ho ! On étaient venus pour pouvoir nourrir la brigade ! Qu'est ce que tu fous là ?! S'exclama le partenaire du négociateur.

Ce dernier se tourna, présentant son profil à ses deux interlocuteurs, et alors que toute trace d'anxiété l'avait désormais quitté, il répliqua :

- Et tu crois quoi ?! Que la mafia va nourrir des familles de flics par amour ? Non, je me trompe ? Envoya t-il à Tian sans attendre de réponse. Nous sommes dans le même bateau, pour le moment, et contrairement à ce que tu crois, je ne suis pas venu mendier. »

Un échange de regard entre les deux types, un accord signé de la tête, et les revoilà tous deux tournés vers Tian, faisant front pour délivrer leur proposition :

« En échange d'approvisionnement, je m'engage, moi, Lieutenant Lowrett, à renseigner toute notable information concernant les mouvements de marchandise et de troupe transitant dans notre zone. Entre autre, nos quartiers étant en relatif bon état et faiblement peuplés, nous serions très heureux d'accueillir vos sans-abri, contre compensation bien entendu.»

Le silence retomba avec lourdeur. De nouveau accoudé à son bureau, le taïwanais observa les deux hommes avec intérêt. Machinalement, l'un de ses pouces rebondissait sur ses mains jointes, signe involontaire d'une intense réflexion. Ce n'est que lorsqu'il s'arrêta que l'indéfinissable accent de l'asiatique demanda :

« Qu'en pense votre anonyme partenaire ?

- Que de mauvaises choses, répondit l'intéressé en relevant le menton pour toiser l'asiatique, inspecteur Burney, division anti-gang, assez ancien pour ne pas te faire confiance, "Liang". »

Peu surpris par cette annonce, les yeux du prétendu Wong Liang se plissèrent tout en laissant apparaitre un léger sourire en coin. Il n'avait que très rarement croisé les forces de l'ordre à Gotham mais il y avait une certaine satisfaction à entendre ce genre d'assertion. Evidemment que tout les gradés et spécialistes du GCPD connaissait son rôle dans la pègre, il aurait en revanche été bien étonnant que sa véritable identité ait fuitée jusqu'à leurs oreilles.

Pas le moins offusqué du monde, il se réajusta dans son siège puis leva respectueusement la main du bureau pour désigner la porte resté ouverte derrière les deux flics.

« Entendu messieurs. Je réfléchirais à votre proposition. »

Sans un mot de plus, les deux afro-américains croisèrent leurs regards, puis jetèrent un coup d'œil circonspect à Tian avant de tourner les talons et sortir calmement. Ne restait maintenant plus que la pire rencontre de la soirée, le fameux seigneur de guerre qui avait barricadé l'ensemble de docks au nord de Craig Bridge, ou plutôt son connard de messager.

« Envoyez le dernier, qu'on en finisse rapidement. »

Sujet: Re: Famine Sam 27 Mai 2023 - 16:06

Les mains cachées dans son dos, le latino pénétra dans le bureau cramponné par son escorte. Sur ses côtés, les deux malabars asiatiques avaient enroulé un bras autour du sien et se tenaient prêt à lui faire une double clé de bras pour le plaquer au sol. Malgré cette position inconfortable qui le contraignait à se déplacer légèrement courbé, l'homme conservait toute sa prestance, ce qui n'étonna ni n'impressionna le chef de Triade.

« Une étonnante visite que vous nous faites. On ne rigole pas tous les jours ici. J'aimerais partager l'hilarité de mes hommes, qu'est ce que les rats des docks viennent faire si loin sur notre territoire, volontairement désarmés, dans un camion que nous ferions aussi bien de saisir ?

La pression physique se renforça sur le malfrat en audience. Bon gré mal gré, il se courba un peu plus, comme une salutation forcée. C'est en se redressant à sa hauteur initiale qu'il répondit, non sans aplomb :

- San Loco vous salue, Seigneur du Chaudron. Il m'a envoyé établir un contact cordial. San Loco désire négocier l'accès à ses terres et la Gotham River, contre un légitime tribut.

Haussement de sourcil de la part du Gùn. Celui-ci s'avance sur son bureau pour mieux observer l'homme dans une bien fâcheuse posture.

- J'entends. Et où est-il San Loco ? As t-il développé des pouvoirs télépathiques depuis qu'on vous a massacré ? A moins qu'il soit invisible. Dit-il avec cynisme et arrogance, se permettant même de tâtonner dans les airs pour tourner son interlocuteur en ridicule.

Celui-ci réprima plusieurs choses qui demeurèrent un unique serrage de mâchoire. Le regard tremblant, les narines dilatées, il surmonta une sourde colère et retorqua d'un ton sifflant :

- Il se sait en danger. Il-

- Il n'est pas là, il ne sait rien et m'envoi un de ses larbins pour discuter une armistice ! Je ne crois pas être dans le faux là, non ? Le coupa Tian avec sècheresse.

- Je ne suis pas venu parler au nom de mon patron. J'ai son message, et un moyen de communication.

Réprimant à grande peine la colère qui continue de lui tordre le visage, il tourna légèrement la tête sur sa gauche, puis sur sa droite, attendit qu'un des deux lascars se décide à sortir l'imposant talkie militaire qu'ils lui avaient saisi lors de sa fouille à corps.

L'objet brandit, le prétendu Wong Liang l'observa avec circonspection, puis reporta son attention sur le latino.

- Je ne crois pas non. Le visage du négociateur se décomposa en partie en entendant ces mots. Tout ce que tu as, c'est plusieurs heures perdues, et un camion. Ce sera ça mon message à "San Loco". »

Tian se leva alors de son siège, s'appuyant sur son bureau, les poings serrés. Dégageant à présent sa propre colère, il sembla se mettre au diapason du messager qui ne luttait pourtant plus pour se tenir droit et semblait avoir renoncé alors que le taïwanais lui crachait verbalement dessus.

« Tu lui diras que les hommes de Chinatown lui feront bouffer ses petites couilles de mariachi, très bientôt. Qu'il profite de son maigre répit et crève bien la dalle avec ses chacals galleux. Tu veux un conseil hombre ? Tranche lui la gorge, prend Craig Bridge et reviens me voir, d'égal à égal, et pas comme un chien des cartels. »

Balayant l'air de la main, les deux gros bras commencèrent à tirer le latino-américain. Celui-ci perdit rapidement pied et les talons de ses santiags râpèrent le sol, jusqu'à ce qu'il marmonne, ou tout du moins, fasse passer pour un marmonnement :

« Tian Hong.

Sur le point d'évacuer cette entrevue de son esprit, le Gùn redressa la tête et cogna son bureau du poing, stoppant net ses hommes.

- Comment m'as tu appelé ?! Fulmina t-il, bien trop échauffé par l'outrecuidance du salopard.

Celui-ci releva la tête. Soulevé par ses bras musclés, sans appui sur ses jambes, la douleur devait irradier dans son dos, ses épaules, mais il souriait, un sourire qui n'avait rien de naturel.

- Le Gant Noir te connais. Il sait tout, brûle jusqu'aux fondations de ton pathétique empire. Il a demandé à ce que tu sois déséquilibré... un sourire, de fou... San Loco est venu honorer son souhait. »

Lisant l'incompréhension sur le visage du taïwanais, le chef de gang contracta tous ses muscles et repris ses appuis pour se relever, à la surprise des deux malfrats. Le premier, à sa gauche, fut étourdi d'un coup de boule, l'autre, tordu en deux d'un coup de genou. Tian aurait voulu dégainer plus vite, mais alors que son sig-sauer quittait son holster, le Saint Fou, comme il se nommait, avait repassé ses mains liées devant lui avec une étonnante agilité puis avait repris le talkie des mains du gros bras asiatique.

« Plastic ! »

Ce simple mot avait suffit à gagner une seconde, celle nécessaire au latino pour passer ses bras autour du cou d'un des hommes de mains. Le maintenant en position pour l'étrangler, il n'en faisait cependant rien et gardait juste le talkie bien en évidence, allumé, et canal ouvert, pouce appuyé sur le bouton latéral.

« Tu ne pouvais simplement pas mourir, hein ? Arrêter d'être de ta vieille putain d'école en ruine. Fais pas ça ! C'est piégé, si je relâche la pression, on retrouvera tes bouts jusqu'à Burnside.

Prêt à risquer la vie d'un simple homme mais pas la sienne, Tian ne baissa pourtant pas le canon de son arme. Il n'allait quand même pas simplement rester là, les bras ballants, alors qu'on le menaçait avec un piège dans lequel il n'était pas tombé.

- Voilà à quoi en sont rendus les cartels. Baiser les pieds qui s'essuient sur leurs gueules. Grogna Tian avec un dégoût aussi prononcé que la colère qui ne l'avait pas quitté, au contraire.

S'accrochant un peu plus serré à son otage, le "propriétaire" des docks de Old Gotham Ouest révéla un peu mieux son visage, souriant, amusé, cinglé.

- T'es une belle langue de pute dis moi. Elle va profonds dans le cul de tes chefs bridés ? Plus pour longtemps. Tu vas voir.

- Et tu vas faire quoi le mariole ? Monter dans la soute d'un avion et agiter ta machette sur le tarmac de Shanghaï ? Lui répondit le taïwanais d'un air menaçant et cynique.

- Les maîtres de Gotham n'auront pas besoin de moi pour ça. Moi, je venais juste régler les choses à l'amiable. Tant pis, il y aura des morts, beaucoup de morts. T'es vraiment certain Tian ? Pas envie de faciliter la transition ? Si tu te mets une dragée, là maintenant, ça enverrait un bon signal, un signe de repentance qui- »

Un silence de quelques secondes suivi le coup de feu. Fumant, le canon de l'arme se tenait prêt à cracher à nouveau, et cette fois, il était réellement pointé sur une cible. Contre toute attente, c'est le chef de guerre latino qui repris la parole après avoir jeté un œil dans le mur troué, parlant d'un ton ironiquement gêné :

« Corde sensible hein ? Fais moi savoir si tu changes d'avis. En attendant, j'emmène ton mec là, dit-il en étranglant légèrement son otage, je ne peux pas faire confiance à un bridé qui maîtrise aussi mal ses nerfs hein ? Allez, on s'appelle, on s'fait un tacos.

Retrouvant le sourire, San Loco fit un clin d'œil à son homologue asiatique puis, lentement, commença à reculer pour se diriger vers la sortie, en emmenant avec lui le gros bras qui n'en menait vraiment plus large. Sans ciller, Tian avait suivi leur sortie avec son arme levé mais, dès qu'ils s'étaient enfin éclipsés dans le couloir, ses hurlements s'étaient fait entendre dans tous les talkies de la zone :

« Que personne ne fasse obstacle au chicano et son otage ! Sous aucun prétexte ! Mais ne le perdez pas de vue. Si il tente de s'enfuir du territoire sans relâcher notre homme, criblez le de balles ! »

Sujet: Re: Famine Lun 29 Mai 2023 - 14:56

Son plan tombé à l'eau, San Loco s'est calmement rendu à son camion où l'attendait deux de ses hommes. Braqué de toute part sous les yeux horrifiés des démunis venus quémander leur ration du jour, ils ont repris la route sans heurt en emmenant leur otage.

Sur ordre du Gùn, une vingtaine de portes-flingues les ont "escortés" jusqu'au checkpoint Ouest avec ordre de pulvériser le véhicule si l'otage était tué. Il n'en fut cependant rien mais, fou mais pas con, le seigneur de guerre fit masser ses troupes en zone disputées et offrit à tous les présents un bien étrange spectacle et un discours que nul ne tenta d'interrompre.

Promesse fut faite de perpétrer à l'égard de la Triade et ses protégés les pires tortures et punitions, harcèlement constant et sans pitié, bref, les dires d'un chef de gang plein de ferveur. Ne recueillant finalement que l'indifférence des troupes du Gùn, il désactive et confie son dispositif explosif à son otage avant de le relâcher. Lui et ses troupes battent ensuite en retraite sans qu'un seul coup de feu ait été tiré, sans qu'aucun mort ne soit à déplorer.

L'analyse subséquente du talkie-walkie révèlera qu'une grande partie de la batterie avait été remplacée par du plastic artisanal dans une quantité théoriquement suffisante pour souffler tout le pan d'étage où se trouvait le bureau du chef de la Triade. Celui-ci devait armer le dispositif en allumant le talkie puis déclencher le détonateur en relâchant le bouton latéral. Il est supposé mais non-confirmé que San Loco a laissé l'objet pour prouver qu'il ne bluffait pas.

L'inspecteur Terrence Burney ressort passablement dégoûté de son échange avec Tian Hong. Bien qu'il n'en ait soufflé mot, il salue néanmoins la prise de risque destinée à épargner un maximum de vie et a dû être retenu par son supérieur pour ne pas prendre leur pickup et poursuivre San Loco l'arme au poing.

N'étant que le second en charge, il se contentera ensuite d'aider les bras bénévoles à bahuter non les rations préparées par la mafia mais des caisses entières de produits non-transformés. Par ce biais, il trouvera l'occasion de s'informer sur le quotidien des citoyens de Cauldron qui n'ont pas été réquisitionnés mais se sont réellement portés volontaire pour cette fonction exténuante. Il apprendra notamment l'existence de dortoirs réservés dans l'immense bâtiment. Et même si les pauvres gens triment et ne se voient accordés aucune réelle confiance, supervisés à tout instant par des hommes en armes et contraints de se soumettre aux perpétuels contrôles des accès, ceux-ci se félicitent de leur sort, bien plus enviable que celui des passeurs de marchandise sur la Gotham River.

Le Lieutenant Miles Lowrett n'a pas caché une certaine frustration d'avoir formulé une proposition aussi avantageuse à l'adresse de la Triade en découvrant que le jeu était en fait joué d'avance. Il n'en demeure pas moins prêt à honorer ses engagements et, pour ce faire, a rencontré l'Administrateur afin de deviser des informations en possession de sa brigade, en particulier d'importants mouvements et étranges comportements des troupes de Caligula qui semble s'approprier le Gotham Stadium.

Pragmatique et sans à priori, Bo a su se montrer intéressé et honnête avec cet incongru allié de circonstance. Lui et Lowrett ont donc passés un certain temps à discuter logistique et organisation du territoire ainsi que sécurisation des accès, échangeant leurs visions de tacticiens sur la situation, leurs opportunités et surtout la synergie qu'ils pourraient obtenir sans qu'un camp se retrouve en dépendance ou exposé.

Au terme de l'entretien, plusieurs immeubles de bureaux sont déjà visés pour vérification afin de servir d'abri couvert et isolés aux nombreux SDF et habitants de logements insalubres dans Cauldron. Bien que le checkpoint Sud doive disparaître du fait de l'adjonction du District Central au territoire du Gùn, il reparaîtra néanmoins pour convenablement délimiter la frontière avec Financial District, et l'autorité policière officiellement considérée comme inexistante passé celui-ci.

A la suite de l'attentat avorté de San Loco, Clarisse ~~Rosencall~~ Frémont s'est félicitée de vive voix de la manière dont la crise a été gérée et renouvelle son incommensurable désir de faire front commun avec la Triade pour assurer la survie et le confort du plus grand nombre.

Elle est bien sûr repartie avec une quantité de vivres âprement négociés avec l'Administrateur, accompagné pour l'occasion du Malfrat qui a su remettre l'avocate à sa place et l'empêcher de voler des ressources critiques à la seule force de ses indéniables talents oratoires, notamment en la contraignant à l'usage du mandarin qu'elle ne maîtrise nullement.

Ainsi, bien que vexée de ne pas avoir pu abuser de ses interlocuteurs, la femme se console sans mal en retournant dans le District Central avec des vivres plein sa camionnette (conduite par autrui, évidemment) et la promesse de voir son secteur convenablement barricadé et filtré par un unique checkpoint la séparant des flicaillons. Ceux-ci n'ont d'ailleurs pas manqués d'exprimer leur mépris à son endroit, ce quelle a su leur rendre avec sa langue de vipère et son sourire de requin.

Elle n'ignore cependant pas que, dans les prochains jours, plusieurs gangsters viendront s'installer avec leurs bandes pour régir certains aspects de l'endroit en sus de faire miroiter à hommes, femmes et enfants la possibilité d'améliorer son confort de vie en échange de trois fois rien, juste risquer sa vie dans un zodiac sur la Gotham River, ou à pied sur le territoire d'un malade du cartel.

Sujet: Re: Famine