La voix d'Amanda Waller retentissait à nouveau sur les ondes. Faut dire que depuis la panne de courant, les communications sont des plus difficiles, mais avec les bons génies, on trouve toujours comment régler les situations. Même les scénarios les plus catastrophiques pour Waller n'en étaient pas. Elle avait vu pire. Bien pire. Mais la situation à Gotham City était monstrueusement critique. D'un côté, le gouvernement ne voulait rien faire, laissant la ville à ses propres démons, mais de l'autre, en sous-main, fallait quand même en reprendre le contrôle. Waller avait ses ordres, et Luthor, toujours président, avait de la suite dans les idées. Bien qu'une allocution du président fut une bonne idée pour rassurer le peuple américain, sur le terrain, l'histoire en était toute autre. On avait dressé des blocus, pour empêcher les gens d'entrer, et de sortir. On avait posté des chars, des soldats, des hommes fidèles au président. Des Black OPS, pas les beubeus de l'armée régulière, ça non. C'étaient les gars qui étaient là pour nettoyer, pour dégager les témoins indésirables, le genre qui fait dans le sournois, dans le peu sonore, mais dans le dégueulasse. Fort heureusement, Waller avait prévu le coup, et au lieu de laisser l'intendance à ces fonctionnaires de bureaux, elle avait décidé de retarder le jeu de ces généraux avides de sang, et du silence. Et c'est dans son QG à Métropolis, que Waller tentait de contacter ce qu'il restait de la Suicide Squad.



Hurlait Waller, qui n'aimait pas qu'on se foute de sa gueule. Elle était prête à les faire sauter. Mais dans le doute, elle se laisserait quarante-huit heures pour avoir une réponse. Et même si certains membres ne répondaient pas, elle avait besoin d'avoir au moins une seule voix pour les rappeler à elle. Le grésillement sur les ondes ne la rassurait pas. Le Gant Noir avait fait un travail de sape considérable, et ils avaient parfaitement organisé leur opération. Un travail de professionnel, et pas des moindres quand on y songeait. El Sombrero, le Bossu, Pierrot Lunaire. Tous avaient de quoi rebattre les oreilles, et beaucoup d'entre eux avaient des talents qui pourraient être utiles.



Waller espérait que son équipe répondrait à l'appel. L'attaque de la forteresse du Pingouin n'était pas une simple affaire. Il faudrait des explosifs pour forcer les portes de l'entrée, et surtout, de la finesse, de la tactique, et de l'intelligence. Ce que l'équipe actuelle n'avait pas. Mais ils avaient un talent : Ils étaient imprévisibles, et bien que certains éléments soient d'un ridicule abstrait, il fallait reconnaitre le génie de certains des membres présents. Comme Zalachenko, ou bien Grifter. Eux étaient les porteurs de l'équipe. Quant aux autres ... Disons qu'ils avaient un charme bien propre à chacun. Waller plissa les yeux, soupirant d'inquiétude. Si rien n'était fait, alors ce serait une Bérézina demain dans les rues de Gotham City, et ce serait bien pire pour l'image du gouvernement américain. En attendant, Waller allait devoir s'entretenir avec Luthor, pour gagner du temps. Elle ferma les yeux, un instant, avant de reprendre, après un petit silence sur les ondes, en espérant qu'elle soit bien entendu par tous ceux qui étaient encore vivants, présents, ou non prisonniers. Bientôt minuit, elle allait devoir discuter avec Luthor par ordinateur, et après, elle devrait donner ses ordres aux généraux qui s'apprêtaient à faire de Gotham, un nouveau No Man's Land pour la libérer. Mais Waller ne voulait pas d'une reconquête à l'américaine, non. Elle voulait reprendre la ville en étant plus tactique, en coupant les racines avant d'abattre l'arbre. Pas d'attaquer l'arbre pour qu'il repousse après. Elle était intelligente, et elle surpassait la moyenne de ces crétins qui avait fait l'école militaire. Elle soupira, en regardant les statistiques des membres de l'équipe qui étaient passées en "inconnu".



Le Bossu ne serait pas à prendre à la légère, et il n'était clairement pas le genre de criminel que l'on pouvait ne pas passer sous silence. Il gérait les gargouilles de la ville, ceux qui avaient causé un massacre monstre dans les différents quartiers de la ville. Il était temps de mettre un terme à ce règne, histoire d'en faire un feu de paille, sans mauvais jeux de mots.