Le Commanditaire

Sujet: Le Commanditaire Mer 13 Sep 2023 - 20:04

Type de RP : Solo
Date du RP : 09/09/19
Participants: Tian Hong
Trigger warning: /
Résumé: L'Assassin reçoit un mystérieux appel qui va, semble t-il, enclencher une série d'évènement à l'issue mortifère.

Le courant revenait et repartait de manière erratique ces derniers jours. Même si le Donjon avait grandement bénéficié de cette opportunité d'économiser ses maigres ressources énergétiques, l'Assassin avait tenu à maintenir la routine qu'il avait décidé avec son acolyte. Ainsi, en personne ou représentée par la petite Rannilaine, il s'était habitué à travailler sans solitude depuis plusieurs mois de sorte d'avoir son apprentie sous les yeux, et sous la main, si l'envie le prenait de l'instruire ou l'informer de quoi que ce soit.

Lui-même n'avait jamais travaillé en tandem avant cette expérience. Qu'il avait été horripilant de s'habituer à ses sautes de personnalité, de la voir passer de la charmante bourgeoise apeurée à la cannibale en manque avant de transiter à l'artiste sans empathie. De ce point de vue, la petite poupée fantasque faisait preuve de plus de constance et avait donc plus aisément gagnée son droit à la quiétude et la monotonie. A l'opposée, Porcelaine avait régulièrement été l'objet d'interruptions, voir de conversations intrusives de la part du taïwanais.

De ce fait, il ne parut pas étrange qu'ils soient tous trois rassemblés dans une salle commune. Elles avaient eu le droit à leur propre atelier dans leur chambre, mais les règles avaient changées avec le temps. Officiellement pour assurer sa supervision sur ses créations, officieusement pour l'empêcher de comploter et créer quelque poupée capable de le piéger, Lee s'était assuré que Clémence ne travaille qu'en sa présence, dans le Donjon tout du moins.

Car aucune poupée qui sortait, à l'exception de Rannilaine, n'avait plus eu droit de retourner dans son antre. Parquées dans diverses caches extérieure plutôt que former une armée dormante à la cave pour venir le submerger dans son bref sommeil. Ainsi l'asiatique avait laissé grande autonomie à la française. Mais ce jour-là, ils étaient bien là, lui, Clémence, ou Athénaïs, ou encore une autre, et la poupée barbie la plus dérangeante du monde. Présents lorsqu'un écho lointain sembla parcourir toute l'imposante maison, différentes sonneries se répondant, jusqu'au vieux téléphone des années 50 qui poussa son horripilant chant, au milieu de la table que Lee et Rannilaine occupaient.

L'air pas le moins du monde dérangé ou surpris, et pourtant, jamais les téléphones n'avaient sonnés depuis l'arrivée de la jeune femme, le tueur leva le regard du barillet qu'il bichonnait à une main, puis rabaissa les yeux dessus. Tout le petit manoir résonnait d'une troisième volée de sonneries lorsque, enfin, il prit l'organe de son pistolet hypodermique à deux doigts et le glissa entre les bras de la petite poupée, lui intimant d'un simple regard d'aller le reposer à l'emplacement vide entre toutes les autres parties qui attendaient chacune leur nettoyage.

Quatrième volée de sonnerie, ou cinquième ? Le rythme désynchronisé des différents modèles de téléphone avait commencé à faire se mélanger les sons. Le tout semblait à deux doigts de devenir une parfaite cacophonie, et pourtant, nul son n'était perceptible à l'extérieur, Lee n'avait pas choisi pour rien un lieu qui se voulait posséder une parfaite insonorisation. Fort heureusement pour une Porcelaine peut-être en passe de devenir folle (un peu plus ?), son mentor se leva finalement et décrocha le combiné.

…

Tian Hong.

Audacieux.

Soixante-douze heures.

Téméraire.

Cent cinquante. Trois cents cinquante.

…

Deux cents cinquante. Quatre cents.

Le passeport de ma femme a expiré.

Une femme au volant ?

Surprise. Lune de miel excentrique.

Un baptême de l'air dans le Triangle des Bermudes ?

Entendu.

A peine son dernier mot sorti de sa bouche, l'Assassin perçut la coupure simple et nette de la ligne, pourtant, le plafonnier demeura allumé. Sans plus se questionner sur le contrôle qu'avaient les grandes pontes de la Triade sur les évènements se déroulant à Gotham City, l'androgyne écarta le combiné de son oreille et tapota ses lèvres avec. Après quelques secondes, son mouvement se stoppa, il eut alors un regard pour la Rannilaine interrogative sur la table, mais se tourna franchement vers la française pour lui adresser les mots suivants :

« Lève toi, Porcelaine. »

Un sourire naquit au coin des lèvres de l'homme, son regard se fixa sur la poupée de chair, se plongea dans ses beaux yeux. Le côté gauche de son visage s'étira et, comme une maladie, envahit ensuite le côté droit. Il exhiba peu à peu ses dents droites et blanches, sourire carnassier surmonté d'un regard étincelant. Le moignon de son poignet gauche, immonde repli de chair soigné à la dure et parcouru d'un incalculable nombre de cicatrices, vint lui frotter sous son cou et faire entendre la fine couche de poil ras pourtant invisible à l'œil nu.

« Nous avons une Triade à brûler. »